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Hard Rock International

Mike Tramp : le plaisir comme guide [Interview]

Groupe iconique des années 80 et 90, WHITE LION a marqué toute une génération de fans de Hard Rock. En marge de la très productive scène américaine de l’époque, les Danois ont apporté un son nouveau et surtout européen jusque-là inédit. Après une séparation qui a aussi vu éclater le formidable duo composé avec le guitariste Vito Bratta, MIKE TRAMP a entamé une carrière solo tout d’abord avec l’excellent combo Freak Of Nature, puis sous son nom. Mais depuis l’an dernier, c’est bel et bien le répertoire de sa première formation que le chanteur revisite avec le talent qu’on lui connait et surtout cette voix chaude et tellement identifiable. Alors que sort le volume 2 de « The Songs Of White Lion », le frontman revient sur ses envies, son plaisir et sans éluder quoique ce soit. Entretien.

– L’an dernier, tu as sorti le premier volume de « The Songs Of White Lion », qui a été suivi d’une tournée. D’où t’es venue l’idée de te replonger dans le répertoire de WHITE LION ? Ce sont des morceaux que tu jouais régulièrement en solo sur scène ?

Au départ, je n’aurais jamais imaginé retourner dans le monde de WHITE LION. Mais quand je l’ai fait, j’ai senti que je pouvais en faire beaucoup plus. Les nouvelles versions m’ont fait aimer à nouveau mes anciennes chansons et m’ont donné envie de les interpréter d’une manière que je n’avais jamais faite auparavant. Elles appartiennent à un groupe de Rock au complet, et non pas à mes nombreux albums solo. C’est un monde à part.

– Ces deux volumes ont aussi la particularité de présenter les chansons dans des versions réenregistrées. Pour quelles raisons as-tu souhaité entrer à nouveau en studio ? Tu aurais tout aussi pu sortir un Best Of remasterisé, par exemple ?

L’intérêt de réenregistrer et de réarranger quelque peu les chansons, c’était pour qu’elles s’adaptent à la fois au monde d’aujourd’hui et à la vision que j’en ai en 2024. La musique évolue, comme nous tous. Les anciennes versions représentent un groupe qui avait une vingtaine d’années. Aujourd’hui, j’ai 63 ans. Je ne monte pas sur scène comme Kiss, qui pense que les temps n’ont pas changé, ou qu’eux-mêmes n’ont pas changé. D’ailleurs, YouTube nous montre le contraire. Je voulais montrer ma propre évolution personnelle et mon interprétation aujourd’hui.

– J’imagine que si tu as réenregistré tous ces morceaux des années après leur sortie, c’est que certaines choses devaient te gêner un peu. D’où cela venait-il ? Plus de la production, ou de certaines structures, même s’ils sont très fidèles aux originaux ?

Je pense que c’est sans doute le cas pour la plupart des artistes qui se penchent sur leur travail 40 ans plus tard. Refaire ces chansons, c’était aussi m’adapter à qui je suis aujourd’hui. Je ne chante plus comme en 1984-90. Je ne veux pas même essayer de le faire, car je ne peux pas. Mais je connais tellement bien ces chansons. Alors quand je les chante, je raconte une longue histoire avec elles. Et c’est seulement possible parce que j’ai vécu avec elles pendant 40 ans.

– Un petit mot au sujet des musiciens qui t’accompagnent sur ces deux albums. Comment les as-tu choisis et est-ce que ce sont des amis pour l’essentiel, qui connaissaient déjà le répertoire de WHITE LION ?

Eh bien, la personne la plus importante est le guitariste Marcus Nand, que je connais depuis 1994 avec Freak Of Nature. Son travail d’apprendre toutes les parties de guitare de Vito Bratta, puis de les réapprendre dans une toute autre tonalité qui corresponde à ma voix, était une tâche presque impossible. Mais il l’a fait et même très bien fait. Je travaille depuis plus de 20 ans avec les autres gars et j’ai toujours choisi des amis et des personnes avec qui j’aime travailler.

– La question qu’on peut aussi légitimement se poser, c’est pourquoi ne pas avoir tout simplement reformé WHITE LION, même avec quelques changements de line-up ? Y avait-il certaines contraintes juridiques, par exemple, car tu avais sorti l’album « Return Of The Pride » également en 2008 ?

Il n’a JAMAIS été question d’une véritable reformation de WHITE LION. Et cela n’arrivera jamais. Vito s’est retiré du monde de la musique il y a 30 ans, et personne ne l’a revu depuis. Un autre point est que cela ne se rapprochera jamais de ce qu’était le groupe en 1987-91, c’est un fait. « Return Of The Pride », n’aurait pas dû être publié sous le nom de WHITE LION, c’était une grosse erreur. La seule chose positive que je puisse dire à ce sujet, c’est que ce sont certaines des meilleures chansons Rock que j’ai pu écrire.

– D’ailleurs, pour qui ne connaitrait pas WHITE LION (il y en a peut-être !), que lui conseillerais-tu : écouter les versions originales ou plutôt ces deux volumes ?

Non, il faut écouter les volumes 1 et 2, car les chansons sont plus importantes que le groupe. C’est un triste fait, mais c’est la réalité.

– Pour tous les amoureux de Hard Rock de cette période bénie des années 80/début 90, WHITE LION est une référence incontournable. Plus de 40 ans après sa formation, quel regard portes-tu sur le groupe et surtout sur cette incroyable complicité artistique avec Vito Bratta ? Est-ce que tu penses qu’une telle aventure musicale serait encore possible aujourd’hui ?

Je pense que je vais commencer par ta dernière question. Nos compositions avec Vito étaient vraiment le cœur du groupe. Je sais aussi que nous étions musiciens dans les années 80, où tout le monde se ressemblait. Mais les chansons et le son de WHITE LION se suffisaient à eux-mêmes. Les « Vol. 1 & 2 » le prouvent aujourd’hui. Sans aucun manque de respect à qui que ce soit, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de groupes des années 80 qui pourraient réenregistrer leurs anciennes chansons et ressentir la même sensation qu’avec ces deux volumes. Par ailleurs, mes paroles ne sont pas celles de quelqu’un qui a grandi à Hollywood et qui chante sur les filles, l’alcool et les fêtes toute la nuit. Elles proviennent toutes d’un enfant des rues de Copenhague, au Danemark, qui savait qu’il y avait un monde gigantesque plein de problèmes.

– WHITE LION a sorti cinq albums de 1983 et 1991 et ces deux volumes contiennent à eux deux 22 chansons. Doit-on s’attendre à un troisième bientôt ?

Ce n’est pas prévu pour le moment, mais c’est évidemment une possibilité. J’aimerais bien le faire, car j’ai de bonnes et intéressantes idées pour terminer la trilogie.

– D’ailleurs, les deux « The Songs Of White Lion » ont-ils été réenregistrés en même temps, ou as-tu laissé un moment entre les deux, car tu as également une carrière solo ?  

En fait, quand nous avons enregistré le premier album, nous n’avions pas prévu d’en faire un deuxième. Je ne savais même pas que j’allais monter MIKE TRAMP’S WHITE LION et partir en tournée. Mais une fois que nous avons commencé à jouer en live, nous avons tout de suite su que nous voulions faire le « Vol. 2 ».

– Parlons de ta carrière solo. Après l’aventure Freak Of Nature, tu t’es lancé avec « Capricorn » en 1998 sous ton propre nom. On approche les dix albums et on te découvre aussi dans un univers plus acoustique souvent, détaché du Hard Rock pour l’essentiel et plus Rock. C’est une page que tu as tourné, en tout cas au niveau de l’écriture, même si ces deux albums de chansons de WHITE LION sont là aujourd’hui ?

Tout d’abord, merci de me donner un moment pour en parler. Quand tu as fait partie d’un groupe de Rock à succès, un groupe qui avait un son particulier et qui venait d’une époque spéciale pour ce style de musique, beaucoup de gens pensent que tu es né comme ça et que c’est ce que tu es. Dans mon cas, avec « Capricorn », comme sur tous mes albums solo, c’est le vrai et le seul Mike Tramp. C’est aussi ce que j’ai apporté à Vito avec son style unique quand on s’est rencontré. Et boum, il y a eu nos chansons. Dans Freak Of Nature, j’avais ajouté mes mélodies et mon univers vocal, en plus du son du groupe. Et une fois encore, il y a eu un mélange incroyable. Actuellement, je dispose d’un nouvel album solo déjà écrit et prêt à être enregistré. Ce sera peut-être ma prochaine sortie d’ailleurs.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot de tes deux derniers albums solo, « For Første Gang » et « Mand Af En Tid », sortis tous les deux chez Target Group. Tu chantes pour la première fois en Danois, ta langue maternelle. C’est quelque chose que tu souhaitais faire depuis longtemps ? Et dans ce registre Rock acoustique, finalement très personnel et intime ?

Oui et je ne pense pas que quiconque puisse comprendre à quel point ces deux albums sont importants pour moi à bien des égards. Pour commencer, le simple fait de les réaliser m’a curieusement fait retomber amoureux du Hard Rock et de WHITE LION, car cela m’a permis de m’éloigner de ce monde ringard du Rock’n’Roll. Il n’y a pas un seul groupe qui propose quelque chose de nouveau en ce qui concerne le Hard Rock aujourd’hui. Quel est l’intérêt d’un nouvel album de Judas Priest ou d’Ac/Dc ? Quand les concerts se résument aux chansons que nous connaissons déjà, combien de riffs de guitare identiques peut-on continuer encore à enregistrer ? De plus, je n’enregistrerai pas de nouvel album de Rock sous le nom de WHITE LION, cela n’aurait aucun sens. J’ai donc fait ces deux albums en danois, qui sont très forts au niveau des textes et qui racontent l’histoire de mon enfance, de ma mère, de ma famille, etc… à Copenhague dans les années 60 et au début des années 70. Cela m’a offert une pause bien méritée après tout ce que j’avais fait. Et au bout du compte, si ces chansons sont en moi, c’est qu’elles devaient sortir, même si elles ne sont pas destinées aux magazines de Rock. Mais je suis très surpris du nombre de fans et de la presse internationale qui aiment ces albums. Ce sont des gens qui sont capables de regarder au-delà de mon image et de mon passé musical pour n’écouter que les chansons.

– Enfin, on pourrait te sentir nostalgique avec ces deux albums « Songs Of White Lion ». Or, on a plutôt une impression de fraîcheur et une belle envie. N’y a-t-il pas tout de même un désir de retrouver en musique cette belle époque d’une certaine façon ?

En fait, je n’ai jamais ressenti de nostalgie avec ces chansons, car nous les avons abordées avec un regard neuf et beaucoup de fraîcheur, comme tu le soulignes. Et en même temps, avec tout ce à quoi nous avons accès aujourd’hui avec Internet notamment, s’il y avait eu un moment pendant l’enregistrement où j’aurais eu les larmes aux yeux, ou si j’avais eu l’impression d’être au milieu de ‘Spinal Tap’, j’aurais arrêté. Mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti. J’ai entendu de superbes chansons, qui sont devenues encore meilleures. C’est ce que je ressens et c’est pour cela que je l’ai fait. Je prends simplement plaisir à jouer mes chansons à nouveau et c’est l’essentiel.

Les deux volumes de MIKE TRAMP «  Songs Of White Lion » sont disponibles chez Frontiers Music.

(Photos : Jakob Muxoll)

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Blues Blues Rock

Tab Benoit : bayou fever

Après plus de trois décennies au service d’un Blues toujours étincelant, le guitariste, chanteur, songwriter et producteur de Baton Rouge a toujours du feu dans les doigts et une créativité qui ne faiblit pas. Suite à une longue parenthèse qu’il a passé à prendre soin de sa région tout en se donnant les moyens de travailler dans les meilleures conditions, TAB BENOIT effectue un superbe retour avec « I Hear Thunder », composé avec Anders Osborne et George Porter Jr. Une réalisation pleine de vie et aussi bien écrite qu’interprétée.

TAB BENOIT

« I Hear Thunder »

(Whiskey Bayou Records)

Si TAB BENOIT est resté discographiquement muet durant 13 longues années, c’est qu’il s’est attelé à des activités qui lui tiennent à coeur. A commencer par la préservation des zones humides de sa Louisiane et l’érosion côtière de celle-ci, et le musicien a également créé son propre studio et son label. Et c’est donc lui qui a produit, mixé et masterisé « I Hear Thunder », le digne successeur de « Box Of Pictures – Voice Of The Wetlands Allstars » et « Medicine » parus la même année. Ainsi s’ouvre un nouveau chapitre.

Pour mener à bien son entreprise, c’est de son groupe de tournée qu’il s’est entouré et on retrouve avec plaisir Terence Higgins (batterie), Corey Duplechin (basse) et bien sûr le guitariste Anders Osborne. Ce dernier a d’ailleurs co-écrit la plupart des morceaux de « I Hear Thunder » avec le bassiste George Porter Jr. Une équipe de choc s’il en est qui contribue à faire de ce nouvel opus l’un des meilleurs de la carrière de TAB BENOIT, ce qui n’est pas rien lorsque l’on s’y penche un peu.

Dès le morceau-titre qui ouvre l’album, il y a de l’électricité dans l’air et le jeu stratosphérique des deux guitaristes promet une bien belle suite. Le bayou tient bien sûr le rôle principal dans les textes, le chanteur continuant ainsi en musique son combat écologique. Entraînant, parfois déchirant et techniquement exceptionnel, « I Hear Thunder » montre que le Blues Rock de TAB BENOIT est l’un des plus attractifs du moment (« The Ghost Of Gatemouth Brown », « Still Gray », « Overdue », « Bayou Man »). On en redemande !

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Blues International Southern Blues

Devon Allman : son & brother [Interview]

C’est dans la torpeur de Miami que DEVON ALLMAN est allé enregistrer ce nouvel album solo, une production qui reflète d’ailleurs bien la chaleur de la ‘Magic City’. Le chanteur, guitariste et compositeur met de côté le Southern Rock dont il est un héritier direct pour élaborer un Blues plus langoureux et délicat. Pour autant, « Miami Moon » regorge de ces solos qui ont fait sa réputation et il semble littéralement se laisser guider par ces nouveaux morceaux. L’Américain aime surprendre et ce n’est peut-être pas l’album qu’on attendait de lui, tant il paraît loin de la fougue des réalisations du Allman Betts Band notamment. L’occasion de parler avec lui de l’ambiance diffusée ici, de ses sensations sur ce nouveau disque et du lieu symbolique de son enregistrement.

– Cela fait huit ans que l’on attend ce quatrième album solo. Cela dit, tu n’es pas resté inactif puisque tu as sorti deux disques avec Allman Betts Band. A quel moment as-tu ressenti le besoin de te remettre à la composition et à l’écriture ? A moins que ce soit des morceaux que tu avais déjà de côté depuis un moment ?

Une fois que The Allman Betts Band a décidé de faire une pause, j’étais impatient de retourner en tournée et d’enregistrer en tant qu’artiste solo. Je n’avais qu’une seule chanson prête à être jouée… l’instrumental « Sahara ». C’était amusant d’être dos au mur sans aucun autre matériel. Début 2022, j’étais en tournée avec Samantha Fish et mon guitariste Jackson Stokes et j’allais à l’arrière du bus pour écrire les chansons qui sont devenues « Miami Moon ». La seule chose que je voulais vraiment, c’était des chansons qui me donnent l’impression de passer un bon moment.

– D’ailleurs, « Miami Moon » dénote clairement d’avec les albums du Allman Betts Band, qui sont clairement inscrits dans la lignée de l’héritage laissé par vos pères respectifs. Avais-tu aussi besoin d’un changement d’ambiance, de laisser un temps le Southern Rock de côté pour quelque chose de plus Blues ?

J’avais déjà huit autres albums avant même que The Allman Betts Band ne se forme. J’ai donc toujours aimé montrer différentes facettes de mes goûts musicaux. J’aime toujours changer de style… du Blues au Rock, en passant par l’Americana et le R&B. Je m’ennuie facilement ! (Rires)

– Pourtant, tu n’as pas complètement coupé les ponts, puisque « Miami Moon » a été enregistré dans les studios Criteria où ton père a réalisé « Eat A Peach » avec Allman Brothers Band et où ton oncle Duane et Eric Clapton ont enregistré le célèbre « Layla ». J’imagine qu’il y avait une atmosphère assez spéciale. Justement, est-ce que tu y as trouvé une sorte de réconfort et de familiarité, ou plutôt un peu de pression ?

Les studios Criteria m’ont offert une atmosphère agréable pour travailler. Aucune pression du tout… Juste un groupe de musiciens fantastiques, qui donnent vie à des chansons. Cela signifie beaucoup pour moi de travailler dans un espace où ma famille et mes héros ont travaillé… c’est un honneur d’avoir travaillé là-bas.

– A priori, l’ambiance était plutôt à la détente, puisqu’on te retrouve dans un registre très Soul, Funky, un peu Pop et parfois aussi latino et sur un groove assez vintage de temps en temps. Il en ressort un album très chaleureux et passionné. Est-ce que tu aurais pu l’enregistrer ailleurs qu’à Miami pour obtenir cette ambiance, et est-ce que les saveurs de la ville t’ont aussi inspiré ?

Je pense que cette ambiance est en grande partie due aux excellents musiciens, mais oui, Miami elle-même s’est retrouvée dans le groove et les sensations de l’album. Je pense toujours que le lieu peut ajouter à l’art, c’est sûr. Mais ces musiciens ont tout simplement cartonné.

– La production est elle aussi très organique et on imagine facilement que tout a été enregistré sur bandes en analogique. Pourtant, « Miami Moon » dégage beaucoup de modernité dans les morceaux comme dans le son d’ailleurs. De quelle manière as-tu trouvé cet équilibre et quel est ton rôle au niveau de la production ?

Tom Hambridge et moi avons travaillé côte à côte sur trois projets jusqu’à présent. Nous avons tout gravé pendant l’enregistrement de départ sur des bandes analogiques, comme on le faisait pour les albums classiques. Il a supervisé le découpage de la bande et j’ai pris le relais avec Chris Turnbaugh, ingénieur du son à St. Louis, pour les overdubs, afin de réaliser les percussions, les chœurs, la section de cordes, les cuivres, les guitares et tous ces autres petites douceurs pour les oreilles. Tom a ensuite travaillé avec moi sur les voix à Nashville. J’étais satisfait du mélange de tout ce travail et je suis retourné à Nashville pour le mixage… tout cela a été un très long processus.

– En dehors de tes albums solos, tu as toujours accordé beaucoup d’importance aux collaborations et aux réalisations en groupe comme avec Royal Southern Brotherhood, Honeytribe et bien sûr Allman Betts band. Depuis « Turquoise » en 2013, considères-tu ces productions sous ton propre nom comme quelque chose de plus personnel, voire intime, à savoir un environnement dans lequel tu peux t’exprimer pleinement et plus librement ?

Oui, j’aime collaborer avec d’autres musiciens, comme le reflète ma discographie, mais faire les choses seul permet de s’épanouir davantage. Les autres groupes ont généralement un cadre et un son dans lesquels travailler… Le faire seul me permet d’aller au-delà.

– Durant ta carrière, tu as joué un peu partout et notamment en Europe avec même une collaboration assez longue avec Javier Vargas, que j’ai aussi eu le plaisir d’interviewer. Y a-t-il un aspect ou une approche sonore et musicale du Blues ici qu’on ne retrouve pas aux Etats-Unis et qui te séduit ?

Le Blues appartient à l’Amérique… Nous sommes un jeune pays, nous n’avons pas grand-chose à revendiquer, car l’Europe a beaucoup plus d’Histoire que l’Amérique… mais le Blues et le barbecue sont à nous ! (Rires)

– Parmi tous tes projets, Allman Betts Band est probablement le plus attrayant pour le grand public, car il perpétue une sorte de mythe à travers une transmission et une continuité familiale. « Bless Your Hearts » est sorti il y a quatre ans maintenant. Est-ce que vous avez déjà avec Duane un troisième album en tête, ou vos carrières solos respectives occupent toute votre attention pour l’instant ?

…Reste connecté ! (Sourires) – (J’aurais essayé ! – NDR)

– Pour conclure, j’aimerais que tu nous parles de la magnifique tournée d’Allman Betts Family Revival en fin d’année aux Etats-Unis. Le casting est exceptionnel et j’imagine que les setlist le seront tout autant. Tout d’abord, comment se prépare une telle réunion, et enfin peut-on espérer vous voir tous ensemble (ne serait-ce que toi en solo !) un jour en France ?

C’est une tournée très agréable et le plan directeur est quelque chose que j’ai pris de l’incroyable film-concert « The Last Waltz »… Allman Betts Band est notre groupe-maison et nos invités viennent célébrer le catalogue intemporel de mon père et du Allman Brothers Band. C’est comme une grande réunion de famille et c’est toujours tellement agréable de retrouver tout le monde et de jouer ensemble. Et là, je viens de jouer à Megève et j’ai également passé mes vacances avec ma femme à Saint-Tropez… J’attends toujours avec impatience mon retour en France !

L’album de DEVON ALLMAN, « Miami Moon », est disponible chez Create Records, le propre label du musicien.

Photo : Emma Delevante (2)

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Blues Contemporary Blues

Chris Cain : un coup d’éclat

Incroyable virtuose et distillant son feeling sur chaque note, le chanteur et guitariste CHRIS CAIN réapparaît sur le légendaire label Alligator avec un deuxième disque dont on ne se lasse pas. Totalement libre et épanoui grâce à un songwriting efficace et irréprochable, le musicien de San Jose s’en donne à cœur-joie et nous emporte sur ce « Good Intentions Gone Bad » séduisant de bout en bout, laissant parler sa six-corde avec une exceptionnelle fluidité.

CHRIS CAIN

« Good Intentions Gone Bad »

(Alligator Records)

Peut-être trop discret sur la scène Blues internationale et même américaine, CHRIS CAIN n’en demeure pas moins un artiste reconnu par ses pairs et dont la carrière parle pour lui. Avec une quinzaine d’albums étalés sur trois décennies, c’est surtout depuis sa signature en 2021 chez Alligator qu’il prend sérieusement la lumière, soutenu par Joe Bonamassa et Robben Ford notamment, qui ont su voir en lui le grand bluesman qu’il est. Et avec ce nouvel opus, il vient le confirmer avec beaucoup de classe.

Toujours dans cette veine héritière du son de Memphis et de BB King surtout, CHRIS CAIN s’en rendu dans le home-studio de Kid Andersen, producteur de « Good Intentions Gone Bad », mettre en boîte ses nouveaux morceaux. On y retrouve d’ailleurs beaucoup de cuivres, l’intervention de Kid sur divers instruments et celle de sa femme au chœur. Greg Rahn (piano, orgue), June Core et Sky Garcia (batterie), Cody Wright (basse) et même Tommy Castro sur un titre constitue ce solide line-up.

Electrique et classique, le jeu de CHRIS CAIN brille au son des riffs et des solos de sa Gibson ES-335, sans pour autant tomber dans une certaine nostalgie. Au lieu de ça, le Californien est étincelant, accrocheur et dynamique (« Too Little Too Late », « Fear Is My New Roommate », « Thankful » et le délicat « Blues For My Dad »). La joie transparaît sur les 15 morceaux et il est à souhaiter qu’enfin, il se pose définitivement au panthéon des plus grands de sa génération, car il le mérite vraiment.

Photo : Laura Carbone

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Americana Country Soul Southern Blues Southern Rock

Kyle Daniel : Southern flavors

Tout ici respire le sud des Etats-Unis. L’Alternative Country enrobée d’Americana, de Blues et de Rock rayonne et se diffuse avec évidence sur « Kentucky Gold », premier opus d’un KYLE DANIEL qui se pose déjà comme le futur songwriter incontournable de cette nouvelle génération Southern Rock, décidemment en pleine ébullition. Il a écumé les bars et les clubs et a appris les moindres détails qui font flamboyer l’âme de baroudeur qu’il affiche déjà. Modernes et avec une approche Old School raffinée, ces douze morceaux se savourent encore et encore.  

KYLE DANIEL

« Kentucky Gold »

(Snakefarm Records)

Comme l’indique le titre de son album, c’est bel et bien du Kentucky et plus précisément de Bowling Green qu’est originaire le talentueux KYLE DANIEL. Basé à Nashville depuis la pandémie, celui qui a été élevé en écoutant de la Country et du Southern Rock n’est donc pas dépaysé, même si son style se démarque franchement de sa nouvelle ville d’adoption. Après deux EPs en indépendant, un éponyme en 2018 et « What’s There To Say » l’année suivante, « Kentucky Gold » marque le franchissement d’une étape importante, le tout avec une maîtrise totale et un sens de la chanson captivant.  

Cela dit, KYLE DANIEL n’est pas totalement inconnu sur le circuit Blues, Country et plus largement Southern américain. Redoutable guitariste, il remporte le ‘Kentucky Blues Challenge’ à 17 ans, puis le très renommé ‘International Blues Challenge’ dans la foulée. Autant dire que le musicien sait parfaitement où il va, et en confiant la production à Jaren Johnston (The Cadillac Three), Brian Elmquist (The Lone Bellow) et au faiseur de hits canadien Mike Krompass, il s’assure une entrée en matière somptueuse pour un résultat qui l’est tout autant.

Torride, l’entame de « Kentucky Gold » s’inscrit dans la lignée classique du Rock Sudiste, musclée et fédératrice (« Can’t Hold Me Back »). KYLE DANIEL a aussi pris le soin de se rendre à Muscle Shoals, ce qui libère un côté Soul très authentique (« Me And My Old Man »). Puis, les surprises s’égrainent au fil du disque avec des duos de haut vol. On se régale de « Fire Me Up » avec Maggie Rose, de « Southern Sounds » avec Kendrell Marvel, de « Summer Down South » avec The Cadillac Three et enfin de « Everybody’s Talkin’ » avec Sarah Zimmerman. Epoustouflant !

(Photo : Jason Stolzfus)

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Blues Rock

Albert Castiglia : noblesse d’âme

C’est avec beaucoup de générosité, tant dans l’intention que dans l’interprétation, qu’ALBERT CASTIGLIA s’offre un nouvel opus en solo. Conçu et réalisé assez rapidement, il officie en véritable patron aux côtés de grands noms du Blues Rock actuel venus lui prêter main forte. Et si le nombre de covers dépasse celui des originaux, on se régale de ses talents d’autant que les artistes qui le soutiennent dans cette aventure sont exceptionnels. « Righteous Souls » va compter parmi les meilleures réalisations de cette année.

ALBERT CASTIGLIA

« Righteous Souls »

(Gulf Coast Records)

Tout juste auréolé d’un Grammy Award du meilleur album de Blues Rock à Memphis pour son duo ‘Blood Brothers’ avec son ami Mike Zito, également patron de son label et producteur de ce nouvel album, ALBERT CASTIGLIA remet le couvert et nous offre même un menu cinq étoiles. Car si on a l’habitude des duos, regrouper autant d’invités si prestigieux sur un même disque est assez incroyable. Et l’Américain ne se contente pas d’empiler les morceaux, il les lie sur une thématique forte et très personnelle.

Deux ans après « I Got Love » et quelques mois seulement après le « Live In Canada » en duo, c’est une nouvelle inspiration qui guide cette fois le guitariste et chanteur. Malgré un laps de temps trop court pour livrer à lui seul tous les titres, « Righteous Souls » compte quatre chansons inédites (« Centerline », « Mama, I Love You », « Till They Take It Away » et « No Tears Left To Cry »). Et sur ces nouveautés, ALBERT CASTIGLIA est accompagné par Popa Chubby, Christone ‘Kingfish’ Ingram, Ally Venable, Gary Hoey et sa Fille Rayne.

Sur des reprises savamment choisies parmi lesquelles on retrouve Willie Dixon, Buddy Guy, Eric Clapton, Luther Johnson et son mentor Junior Wells sur deux pistes, le New-Yorkais se montre brillant et son jeu toujours aussi affûté. Avec une saveur vintage très relevée, ALBERT CASTIGLIA accueille Alabama Mike, Danielle Nicole, Joe Bonamassa, Jimmy Carpenter, Josh Smith ou encore Monster Mike Welch. Et, cerise sur le gâteau, « Righteous Souls » garde sa patte malgré cette péliade de guests. Un travail somptueux et virtuose.

Retrouvez la chronique de son dernier album et celle de BLOOD BROTHERS en duo avec Mike Zito :

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Blues Blues Rock

Joe Bonamassa : symphonic pleasures

Si depuis le début de ce nouveau millénaire, la scène Blues mondiale a vu quelques cartes rebattues avec l’émergence, dans la durée, de grandes blueswomen et bluesmen, il en est un qui surclasse tout le monde et c’est bel et bien JOE BONAMASSA. Sa créativité, en studio comme sur scène, est littéralement le souffle qui manquait à ce style si emblématique. Avec ce « Live At The Hollywood Bowl With Orchestra », il monte encore les curseurs et livre de manière sublime son lot de frissons.

JOE BONAMASSA

« Live At The Hollywood Bowl With Orchestra »

(J&R Adventures)

Alors qu’il vient tout juste de sortir le cinquième album de son supergroupe Black Country Communion, JOE BONAMASSA s’attaque déjà à nos platines et dans son style de prédilection. Et cette fois, c’est dans une configuration époustouflante qu’il interprète une partie de son répertoire. Rarement aussi bon qu’en live, il a investi le magnifique écrin qu’est le Hollywood Bowl de Los Angeles, cultissime amphithéâtre où se produisent depuis 1992 les plus grands noms de l’Histoire de la musique.

Alors que l’homme au costume a sorti presqu’autant de témoignages live que de réalisations studio, c’est de nouveau sur les planches qu’on le retrouve et entouré d’un line-up exceptionnel. Accompagné d’un orchestre de 40 musiciens dirigé par de grands chefs tels que David Campbell et Trevor Rabin, les morceaux de JOE BONAMASSA prennent une ampleur incroyable grâce à des arrangements millimétrés, inédits et audacieux. Et le résultat célèbre littéralement le talent de l’Américain.

Sublimées par l’orchestre symphonique, les compositions du guitariste et chanteur s’élèvent encore un peu plus et la qualité du songwriting original prend une nouvelle dimension. Sur une tracklist parfaitement équilibrée, alternant les titres dynamiques et d’autres purement Blues, JOE BONAMASSA dévoile l’étendu de son répertoire en se faisant virtuose, mais en laissant surtout parler les notes. Enveloppé de cordes, de cuivres, de choristes au diapason, d’une flûte et de son groupe, ce nouveau live est une petite merveille.

Photo : Jenise Jensen

Retrouvez les chroniques de ses précédents albums :

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Blues Rock

Quinn Sullivan : un album réparateur

Il faut parfois des épreuves difficiles pour se forger une identité plus forte. Malheureusement, QUINN SULLIVAN vient d’en subir une, ce qui n’a pas manqué de provoquer une sorte de déclic chez lui. Cependant avec cette nouvelle réalisation, il ne donne pas dans le larmoyant et paraît même avoir beaucoup progressé et gagné en efficacité avec ce très bon « Salvation ». Son Blues Rock est aussi fin que très aiguisé, et les notes de Soul offrent une couleur nouvelle chez lui.

QUINN SULLIVAN

« Salvation »

(Provogue/Mascot Label Group)

Considéré comme un enfant prodige du Blues, le guitariste et chanteur compte déjà cinq albums à son actif avec « Salvation », dont la sortie est pour le moins spéciale. Alors qu’il était en pleine écriture et enregistrement de ce nouvel opus, il a appris le décès de sa mère, ce qui a fortement imprégné le contenu, à commencer par son titre. Forcément très personnel et emprunt d’émotion, c’est pourtant un QUINN SULLIVAN paradoxalement inspiré qui livre des morceaux matures et émouvants. Et c’est peut-être aussi ce qui va faire de lui un musicien de premier plan.

Pour autant, « Salvation » est un disque optimiste et tout sauf résigné. Co-écrit avec John Fields et Kevin Bowe (Jonny Lang, Kenny Wayne Shepherd, Etta James), on doit d’ailleurs aussi la production à ce premier et le résultat est lumineux. QUINN SULLIVAN continue d’aller de l’avant, faisant évoluer son Blues vers un Rock classique teinté de Soul. Six-cordiste aussi technique que gorgé de feeling, le natif du Massachussetts semble avoir fait de ce récent traumatisme une force créatrice étonnante.

Avec « Salvation », QUINN SULLIVAN élève un peu plus son niveau de jeu en réalisant son album le plus varié et abouti à ce jour. Vocalement aussi, l’Américain élargit son champ d’action. Parmi les moments forts, on notera « Once Upon A Lie », « Rise Up Children », « Half My Heart », « Dark Love » et le morceau-titre. En multipliant les collaborations aussi diverses que nombreuses, le songwriter se montre aujourd’hui aguerri et également beaucoup plus identifiable. Il donne même l’impression d’un nouveau départ, avec plus de profondeur.

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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folk Psych

Dorian Sorriaux : éclatant de sérénité

La musique de DORIAN SORRIAUX est le signe d’une certaine intemporalité qui, pourtant, se renouvelle grâce à l’apport de sonorités variées. D’un classicisme assumé et d’une précision toute moderne et aérienne, l’élégance de ce premier album séduit autant par la diversité des ambiances à l’œuvre, que par une interprétation remarquable. Très organique, « Children Of The Moon » a été enregistré en Bretagne, mixé en Suède et les compositions n’en sont que plus éclatantes, tant leur esthétisme dégage une rare intensité.

DORIAN SORRIAUX

« Children of the Moon »

(The Sign Records)

Le Breton est réputé pour son esprit d’indépendance et DORIAN SORRIAUX s’inscrit parfaitement dans cette lignée. Alors qu’il avait entamé une belle carrière à l’international avec Blues Pills en tant que guitariste principal du groupe suédois, qui sortira d’ailleurs son nouvel opus, « Birthday », début août, il a préféré retrouver sa liberté artistique après six ans de bons et loyaux services. Un retour au bercail qui date de 2018 et depuis lequel le Finistérien s’est forgé un univers musical plus personnel.  

Du haut de ses 28 ans, le songwriter est, on le sait, déjà aguerri grâce à de multiples tournées, ainsi que par le travail en studio avec son ancienne formation. Après un premier EP, « Hungry Ghost » il y a six ans déjà, DORIAN SORRIAUX se livre sur la longueur avec dix morceaux relativement acoustiques et assez éloignés de son registre précédent. Délicat, paisible et intimiste, « Children Of The Moon » évolue dans une Folk très 70’s sur le fond, mais très contemporaine dans la forme, malgré des références assez évidentes.

Et le compositeur n’est pas seul, puisqu’on retrouve notamment la fratrie Moundrag à ses côtés apportant une touche psychédélique à un style assez éprouvé que DORIAN SORRIAUX pare de beaucoup de fraîcheur (« Light In The Dark », « Shine So Bright », « To The Water » et le troublant « Believe That You Can Change »). Sur des arrangements très soignés, l’ensemble est d’une profonde richesse et est mené par une vision authentique et préservée de toute intention nostalgique ou revival.

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Rock US

Bon Jovi : ad vitam æternam

Garant d’un Rock US né dans les années 80 et devenu intemporel, BON JOVI est l’un des très rares groupes à avoir traversé presque toutes les époques sans trop d’encombres, jouant des coudes sereinement avec la vague Grunge, puis celle du Rock Alternatif. Et c’est probablement en restant fidèle à ce style inimitable et un songwriting efficace et rassembleur qu’il est devenu cette icone indétrônable. Avec « Forever », ce n’est pas une recette qu’il applique, mais juste un savoir-faire et sa vision du Rock américain qu’il met en œuvre. L’ensemble est plutôt entraînant et joyeux, le reflet d’un artiste accompli et libre.

BON JOVI

« Forever »

(Island Records)

Comme de coutume, les grincheux qui s’ennuient ne manqueront pas de cracher tout ce qu’il leur reste de fiel sur ce nouvel et seizième album de BON JOVI, une institution pourtant outre-Atlantique et où l’on n’oserait même pas imaginer lui manquer de respect. Mais ça, ce n’est pas chez nous, de ce que j’ai déjà pu en lire. Rappelons tout de même qu’en 40 ans de carrière, c’est plus de 130 millions de disques écoulés et tout un pan du Rock US bâti pour durer. Alors, « Forever » est peut-être très ‘mainstream’, certes, mais c’est plutôt une bonne nouvelle, car cela officialiserait le fait que les gens écoutent enfin de la vraie musique !

Bref, trêve de bistrot, on pourra aussi se lamenter sur l’absence de Richie Sambora (depuis plus de 10 ans quand même !) et quand on aura dit ça, on constatera que BON JOVI fait toujours du BON JOVI… Un comble ! Cela fait tout de même quelques décennies que le chanteur du New Jersey n’a plus rien à prouver et, malgré une intense chirurgie reconstructive des cordes vocales en 2022, il donne toujours le change et plutôt bien. On n’attend pas que « Forever » vienne renverser la table pour, tout à coup, présenter autre chose que ce qu’il fait déjà très bien. A 62 ans, le réveil serait un peu tardif.

Le sentiment qui domine ici, c’est que le frontman semble réellement rendre hommage à sa belle et longue carrière, puisque les clins d’œil ne manquent pas. Une façon aussi peut-être de retrouver des sensations passées et qui devraient ravir celles et ceux qui ont grandi avec ses premiers albums (et pas en les découvrant 20 ans après !). Et cette petite nostalgie latente n’est pas désagréable et donne même le sourire (« Legendary », «  We made It Look Easy », « Living Proof » et sa talkbox, « The People’s House », « Walls Of Jericho » et le contemplatif « Hollow Man »). Si seulement, il y avait plus de BON JOVI dans ce bas monde…