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Blues Rock

Ally Venable : déjà grande

En quelques années, ALLY VENABLE est passée d’un statut de star montante à celui d’artiste confirmée. Sans donner dans le démonstratif, la Texane, qui ne renie pas l’influence du grand Stevie Ray Vaughan, fait preuve de beaucoup de feeling dans un esprit délicieusement Southern. Avec « Real Gone », la jeune musicienne fait des étincelles et s’affirme avec classe.

ALLY VENABLE

« Real Gone »

(Ruf Records)

A quelques jours de son 24ème anniversaire, ALLY VENABLE sort déjà son septième album, si l’on inclue le sept-titres « Wise Man » paru alors qu’elle n’avait que 14 ans ! Et cet enfant prodige du Blues Rock ne s’arrête plus depuis et peaufine son jeu au fil du temps. Rien d’étonnant pour cette dernière considération, si ce n’est que son registre devient également de plus en plus personnel.

Guitariste et chanteuse de grand talent, ALLY VENABLE est aussi une songwriter accomplie et réalise même l’ensemble de « Real Gone ». Une maturité qui ne surprend pas plus que ça d’ailleurs lorsque l’on connait la portante courte carrière de la jeune femme. Et pour ce nouvel opus, elle s’est même offerte la collaboration du producteur Tom Hambridge (Susan Tedeschi, Kingfish, …).

Outre les deux moments que constitue la participation de Joe Bonamassa (« Broken And Blue ») et du géant Buddy Guy (« Texas Louisiana »), « Real Gone » regorge de pépites et la musicienne mène l’ensemble avec une élégance rare. Punchy sur le morceau-titre, « Justifyin’ », « Kick Your Ass » et « Two Wrongs », ALLY VENABLE se montre aussi très délicate sur « Gone So Long » et « Blues Is My Best Friend ». Une désormais grande dame !

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Classic Rock Rock Rock Progressif

Songs For An Angel : still alive

C’est assez naturellement que ses amis, ou partenaires, l’ayant accompagné dans diverses aventures musicales se sont réunis et ont composé des morceaux en guise d’au revoir à Eric Bouillette, artiste aussi discret que talentueux, dont la disparition a marqué le monde du Rock Progressif et bien au-delà. Parcourant les styles comme les pays, SONGS FOR AN ANGEL se veut un hommage d’une émotion joyeuse, authentique et sincère, ainsi qu’une superbe marque d’estime.

SONGS FOR AN ANGEL

« Tribute To Eric Bouillette Vol.1 »

(FTF Music)

Il y a des albums qu’on aime recevoir tout en redoutant de les écouter. C’est très précisément le cas avec SONGS FOR AN ANGEL que j’ai glissé, non sans un certain émoi, dans la platine. Car, même si on est relativement habitué à des ‘Tributes’ de toutes sortes, lorsque cela concerne une personne que vous aimez et respectez, l’instant se révèle beaucoup plus délicat et troublant. En nous quittant en août de l’année dernière, Eric Bouillette a laissé un grand vide autour de lui, et bien sûr aussi dans sa famille musicale.

Car c’est bel et bien de l’hommage d’une famille qu’il s’agit avec ce « Tribute To Eric Bouillette Vol.1 », où se sont réunis de nombreux artistes ayant partagé avec lui des moments de scène ou de studio, à travers les multiples groupes et projets auxquels le Niçois a participé dans une vie où la musique ne l’a jamais quitté. Multi-instrumentiste avec une prédilection pour la guitare, on a pu apprécier le talent d’Eric avec Nine Skies, The Room, Solace Supplice et Imaginaerium, son dernier et incroyable album-concept.

Réunissant 12 compositions originales et un titre de Solace Supplice, duo mené avec sa femme Anne-Claire Rallo présente, comme Eric, sur d’autres chansons, SONGS FOR AN ANGEL a forcément une prédominance progressive, un style dont il était devenu une référence. De nombreux membres de ses récentes formations rendent donc un hommage spontané à ce musicien et compositeur hors-norme. Et le plus étonnant est la présence permanente de la saveur des sonorités qu’il a distillées au fil des ans. Une belle respiration.

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Blues

Nico Wayne Toussaint : comme un seul homme

Harmoniciste hors-pair, c’est pourtant à la guitare et au chant que s’illustre cette fois NICO WAYNE TOUSSAINT sur ce très bon « Burning Light », où le musicien s’autorise une belle et grande balade à travers le Blues et tout ce qu’il comporte comme diversité. Preuve que le style est encore loin de s’éteindre, et même qu’il brille de mille feux.

NICO WAYNE TOUSSAINT

« Burning Light »

(Independent/L’Autre Distribution)

Il aura fallu douze albums et une collaboration de près de 20 ans avec l’excellent label Dixiefrog à NICO WAYNE TOUSSAINT pour se lancer enfin en solo avec une guitare en main… même si ses harmonicas ne sont jamais bien loin. Originaire de Pau et grande figure du Blues français, le musicien a joué avec des pointures comme James Cotton, Luther Allison, Neal Black, Andrew Strong ou encore Guy Davis. Autant dire qu’entre la France et les Etats-Unis, il a eu tout le loisir de se faire plaisir aux côtés d’artistes prestigieux.

Si le talent de NICO WAYNE TOUSSAINT est incontestable, on ne l’attendait pas forcément à la guitare, et c’est là qu’il surprend autant qu’il épate. Bluesman dans l’âme, avec « Burning Light », il laisse s’exprimer son propre ressenti et son amour du genre avec une simplicité et une authenticité qui se lisent à chaque note. Les ambiances se confondent et se multiplient, passant de sonorités à la Ry Cooder à du Old-Tight plein de ressentis.  

Guitariste, il ne l’était donc pas. Pourtant, NICO WAYNE TOUSSAINT fait aussi figure de vieux briscards, quant il fait parler la slide (« I Thank You God »). Et ça lui va plutôt bien quand il rend hommage au bluesman John Campbell sur le morceau du même nom. Plus relevé sur « Wanna Try Somebody » et « Valentine », il multiplie les ambiances (« Give Me Back The Key », « How Long To Heal ») avec une classe que l’on savait déjà grande.

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Blues Rock France Southern Blues

Laura Cox : lumineuse et naturelle [Interview]

Et si ce troisième album de la chanteuse, guitariste et compositrice LAURA COX n’était finalement pas celui de la maturité ? Après un nombre incalculable de concerts, celle qui a toujours livré un Hard Blues teinté de Southern propose avec « Head Above Water » un disque authentique, à l’équilibre parfait et solide et montre une grande confiance, notamment vocalement. La Française a franchi un cap, c’est une évidence, en réalisant un disque plus posé et plus roots aussi. Entretien avec la virtuose.

Photo : Ugo

– Notre dernière interview date d’octobre 2020 lors d’un concert en Bretagne (salle Cap Caval à Penmarc’h – 29) et c’était le dernier avant l’interdiction. Et tu me disais que le Covid avait tué ton deuxième album. Depuis, tu as repris le chemin des concerts. Quel bilan tires-tu finalement de « Burning Bright » ?

Oui, on a été beaucoup freiné dans la promotion. L’album est sorti en novembre 2019 et ensuite, on a tourné jusqu’en mars seulement alors qu’on était en pleine lancée. C’est vrai que la vie du deuxième album a été un peu étrange. Mais on a beaucoup joué depuis l’année dernière et on a pu continuer à le faire vivre, mais tout a été un peu décalé. Le cycle des concerts a été très étrange aussi et c’est donc assez difficile d’en tirer un bilan. On l’a joué comme on a pu, mais je sens, comme les gens, qu’on a besoin d’un peu de fraîcheur, de nouvelles chansons… Et cet album va faire du bien à tout le monde !  

– J’ai eu le plaisir de te voir au dernier ‘Hellfest’, pour bien commencer la journée, et tu nous as servi un set époustouflant. Toi qui es vraiment une artiste de scène, quel souvenir en gardes-tu, surtout après des mois très compliqués pour tout le monde ?

En fait, le ‘Hellfest’, on a eu le temps de s’y préparer, car on avait été programmé fin 2019 et ensuite cela a été reporté, reporté… Donc, j’ai eu le temps de le voir venir ! Mais c’était comme un rêve. Cela faisait des années que j’en rêvais ! C’était aussi un peu étrange, car j’y vais en tant que festivalière depuis 2010 et j’avais un peu l’impression d’être chez moi, à la maison, mais cette fois, c’était de l’autre côté : du côté artiste. Et l’accueil a été bon et on s’est éclaté malgré la chaleur. C’est un super souvenir, même si tout est passé très vite, puisqu’on a joué une trentaine de minutes. Et j’espère que ce ne sera pas notre dernier !

– Juste pour conclure sur ta prestation à Clisson, comment est-ce qu’on prépare un set dans des conditions comme celles-ci, à savoir une grande exposition et un passage assez court finalement ?

C’est vrai que c’est un show qu’on a vraiment préparé différemment. On a sélectionné les chansons les plus pêchues, parce qu’on sait très bien que les gens ne s’attendent pas à avoir 30 minutes de ballades. D’habitude, le set n’est pas construit comme ça, mais on joue très rarement aussi peu de temps. On y a mis toute notre énergie, même si on n’a pas trop nuancé en envoyant principalement des titres très Rock. On voulait quelque chose de dynamique, qui arrive à maintenir le public en haleine. Il y avait aussi quelques titres du nouvel album qu’on avait joué en avant-première. Rapide et efficace, au final !

– Parlons maintenant de ce très bon « Head Above Water » que tu es allée enregistrer à nouveau au mythique Studio ICP de Bruxelles en Belgique avec Erwin Autrique et Ted Jensen. L’ambiance devait être explosive pour ce troisième album après une telle attente, non ? Ou est-ce qu’au contraire tu étais plus sereine et détendue ? Ou les trois !?

J’étais assez sereine au final. L’enregistrement du premier album (« Hard Blues Shot » – NDR) avait été un peu compliqué, car je manquais de confiance en moi et l’ambiance n’était pas non plus super, car on avait eu des soucis techniques. Maintenant, plus ça va et plus tout se passe bien. On a travaillé dans la bonne humeur en étant studieux et productif, même si on s’est aussi beaucoup amusé. Je savais que j’étais bien entourée, que l’ambiance était bonne  et puis, on n’avait pas rodé les chansons sur scène comme d’habitude, non plus. Elles étaient plus fraîches, plus spontanées, moins préparées et je pense que ce n’est vraiment pas un mal pour du Rock. Parfois, on a tendance à passer trop de temps sur une chanson et on se perd. J’ai abordé tout ça très sereinement en sachant aussi que ce ne serait pas de tout repos, parce qu’on avait deux semaines bookées et il fallait enregistrer tous les instruments additionnels que j’avais mis, les différentes pistes de guitares : il y avait quand même un peu de monde sur l’enregistrement. J’avais fait un petit planning et on était bien organisé.     

– D’ailleurs pour rester sur l’enregistrement, beaucoup d’artistes de Blues rêvent d’aller enregistrer aux Etats-Unis ou même en Angleterre. Tu n’as pas été tenté par une aventure outre-Atlantique pour « Head Above Water » ? 

En fait, mon label (Verycords- NDR) m’a proposé de repartir à l’ICP et comme cela s’était très bien passé pour le deuxième album (« Burning Bright » – NDR), il y avait un côté rassurant aussi, car je connais bien l’ingé-son, je connais bien le matos et l’accueil est très bon. C’est un super studio ! Je me sentais bien de revenir, car je savais qu’ils nous attendaient et où on allait enregistrer aussi. A un moment, je voudrais sûrement chercher d’autres sonorités, d’autres expériences. En tout cas, pour celui-là, on le sentait bien de le faire là-bas.

– Le titre de l’album en dit long sur ton état d’esprit à travers ces onze nouveaux titres, et pourtant c’est peut-être ton album le moins rageur, ce qui ne veut pas dire le moins fougueux ! Comment tu l’expliques ? Son écriture pendant le Covid peut-être ?

C’est ça ! Pour cet album, je voulais quelque chose de moins Hard, j’en avais un peu marre de crier tout le temps ! (Rires) Pendant le Covid, je suis partie au Portugal où j’ai composé la majorité des chansons près de l’océan. Je pense que ça a joué sur l’ambiance. Je voulais un album Rock et assez énergique, mais un peu moins dans le côté sombre et Hard. C’est ce que j’ai essayé de faire et je pense aussi qu’il me ressemble un peu plus. Le travail de compos était assez différent puisque, géographiquement, je n’étais pas au même endroit donc on a beaucoup moins travaillé ensemble. Quand je suis revenue, on a tout réarrangé en répétition et Mathieu (Albiac- NDR) a aussi apporté beaucoup de riffs et d’instrumentaux sur les morceaux les plus Hard, mais pour le reste, j’ai beaucoup plus travaillé en solo.  

– Justement, je le trouve beaucoup plus Blues dans son ensemble et légèrement moins Rock dans l’approche. Il y a des aspects très roots avec notamment un banjo plus présent et de la slide aussi. Ca vient d’un désir d’explorer plus en profondeur toutes ces façons de faire sonner les cordes pour offrir un rendu peut-être moins massif ?

Oui, c’’est quelque chose que j’avais déjà un peu commencé à explorer avec le banjo, qui était beaucoup plus discret, sur les autres albums. J’ai eu envie de pousser ça un peu plus, car j’adore les instruments un peu Bluegrass. J’ai ajouté un peu de banjo, de la lap-steel et c’est quelque chose qui me plait vraiment de mixer toutes ses influences. C’est quelque chose que je pense garder comme ligne directrice pour les prochains disques. Je vais continuer à creuser dans cette direction.

Photo : Le Turk

– Pour avoir beaucoup écouté « Head Above Water », il a une sensation de road-trip qui règne sur l’album avec une dynamique qui ralentit un peu parfois, mais sans jamais s’arrêter. On fait un bon bout de route sous des cieux assez cléments et enjoués. C’était l’intention de départ ?

Oui, un peu à la façon d’un voyage. J’avais envie qu’on se plonge un peu là-dedans avec un trame directrice. Comme tu dis, il y a des plans un peu plus doux, mais j’avais envie de l’imaginer comme on le faisait à l’époque, qu’on l’écoute en entier et pas en choisissant les chansons à l’unité. Je l’ai pensé comme ça, effectivement. En tant qu’auditrice, c’est aussi comme ça que j’écoute la musique. J’aime bien écouter les albums dans leur intégralité, plutôt que de sélectionner des chansons.

– On est complètement d’accord ! Le streaming, je ne sais même pas ce que c’est…

(Rires) C’est pratique, mais ça a beaucoup moins de charme, c’est vrai. Je préfère acheter un album pour avoir le contenu physique entre les mains. Un disque, tu le regardes, tu le découvres… C’est aussi un voyage visuel et pas seulement musical.

– Vocalement aussi, on te sent plus apaisée et plus féminine aussi, dans le bon sens du terme. Si la guitare reste ton terrain de jeu favori, est-ce que tu as plus travaillé ta voix sur cet album pour qu’elle soit autant mise en avant et avec autant de variété ?

Justement, j’ai arrêté de me dire que je voulais chanter comme telle ou telle chanteuse et j’y suis allée naturellement en me disant comment est-ce que je sentais les choses. Je n’ai pris aucune référence sur les chansons et tout ça est sorti très naturellement. Je pense aussi que j’ai gagné en expérience et en confiance en moi. Et vocalement, tout a été plus simple que sur les précédents. Je pense aussi que c’est parce que je m’affirme de plus en plus.

– Un petit mot aussi sur cette pochette, presqu’iconique, sur laquelle tu arbores une belle Les Paul Junior. Il y a un petit côté ‘figurine’ légèrement en contraste avec l’album. Comment s’est effectué ce choix ? Car on connait l’importance d’une pochette d’album…

En fait, je ne pensais pas partir dans cette direction, j’avais d’autres idées en tête. On a fait un shooting et quand le photographe a regardé ses photos et regardé tout ce qui avait été fait, il s’est arrêté sur celle-ci. Il m’a dit qu’elle était simple, que la posture était bonne, qu’elle en imposait tout en restant sobre et il est parti là-dessus. Moi, je n’étais pas sûre. On en a parlé avec le label et tout le monde a été unanime. Et finalement, j’en suis contente, car cela reste simple et ça laisse aussi un peu de mystère, car les gens qui ne me connaissent pas ne savent pas forcément à quoi s’attendre. Il y a la guitare qui donne une indication, mais ça donne aussi envie d’écouter, car tu te demandes un peu quel style de musique tu vas avoir ! (Rires)

– Enfin, j’aimerais te poser une question au sujet de Joe Bonamassa qui vient de créer son label, KTBA Records, et qui enchaine les signatures. Déjà, est-ce que vous vous connaissez et est-ce qu’ensuite une telle aventure avec un grand monsieur du Blues comme lui te tenterait ? Ne serait-ce que pour bénéficier d’une exposition internationale…

On ne s’est jamais côtoyé, mais je sais qu’il a vu mon nom passer et qu’il m’a cité sur des forums par rapport à des vidéos que je postais. Je l’adore, c’est l’un de mes guitaristes préférés et techniquement peut-être même le meilleur. Mais je ne te cache pas que je suis chez Verycords depuis mes débuts, et earMusic pour l’international maintenant, et ça se passe vraiment bien. J’espère continuer avec eux, mais on pourrait collaborer avec Joe Bonamassa sous d’autres formes comme des premières parties, par exemple, se voir plus en live et en tournée. Et c’est vrai que cette visibilité côté américain serait très bienvenue.

Depuis, LAURA COX est annoncée sur la croisière « Keeping The Blues Alive At Sea Mediterranean III » du 17 au 22 août prochains entre la Grèce et la Croatie à bord du Norwegian Jade et sera entourée de grands noms du Blues… comme quoi ! 

« Head Above Water » est disponible chez Verycords/earMusic.

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Blues Rock

Kenny Wayne Shepherd Band : ultime retouche

Plutôt que de se contenter d’une réédition classique augmentée de versions plus ou moins pertinentes, le guitariste et chanteur KENNY WAYNE SHEPHERD a tenu à réenregistrer l’intégralité de l’album avec lequel il s’est imposé sur la scène internationale. « Trouble Is… 25 » offre un souffle nouveau à des compositions largement éprouvées sur scène depuis. Indispensable.

KENNY WAYNE SHEPHERD BAND

« Trouble Is… 25 »

(Provogue/Mascot Label Group)

Une chose se précise : il y a eu Stevie Ray Vaughan et il y a désormais KENNY WAYNE SHEPHERD. Originaire de Louisiane, le guitariste a fortement contribué à donner un second souffle à la scène Blues Rock américaine il y a près de trois décennies maintenant. Après neuf albums, le dernier en date étant « The Traveler » (2019), il est retourné en studio pour célébrer les 25 ans de son album le plus vendu à ce jour, « Trouble Is… », et la surprise est belle d’autant que le musicien s’est considérablement aguerri.

Après un premier album (« Ledbetter Heights » – 1995) sorti alors qu’il n’avait que 18 ans, c’est avec le second que KENNY WAYNE SHEPHERD a véritablement pris la lumière et son envol. Quelques millions d’exemplaires plus tard et une reconnaissance unanime, il entame le parcours qu’on lui connait. Et afin de fêter comme il se doit les 25 ans de cet opus majeur de sa carrière, l’Américain a réuni le line-up originel pour réinterpréter des morceaux devenus des classiques.

Désireux d’enregistrer ses chansons telles qu’il les joue aujourd’hui sur scène, le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND leur offre un lustre très actuel, même si « Trouble Is… » possédait déjà une incroyable touche intemporelle. Le songwriting est intact et brillant et l’expérience acquise depuis rend encore plus fort des titres comme son tube « Blue On Black », la nouvelle version de « Ballad Of A Thin Man », « Slow Ride », « (Long) Gone », « King’s Highway » et les reprises de Dylan et Hendrix. Du grand art !

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Classic Hard Rock Classic Rock Hard US Melodic Metal

Mike Campese : la guitare en abondance

Si son jeu est très shred comme beaucoup de guitaristes de son rang, le New-yorkais MIKE CAMPESE n’en oublie pas de livrer de belles émotions dans divers styles majoritairement Rock et Hard, entre Heavy et Néo-Classic. Une fois encore, « Reset » présente toutes les qualités d’interprétation du musicien et ses facultés à proposer autant de feeling que de groove.

MIKE CAMPESE

« Reset »

(Independant)

Virtuose s’il en est, MIKE CAMPESE est un grand technicien de la guitare, mais pas seulement. Après un passage éclair au sein du Trans-Siberian Orchestra, le guitariste vole de ses propres ailes depuis quelques années. Très polyvalent, il a reçu les louanges des plus grandes publications spécialisées aux Etats-Unis et en Italie, où il écrit d’ailleurs pour Axe Magazine. Mais c’est de son onzième album, dont il est question ici.

Alors qu’il avait déjà entamé la composition de « Reset » avant la pandémie, c’est durant celle-ci qu’il a mis la touche finale aux douze morceaux qui le composent. Comme beaucoup de six-cordistes solistes, la tentation de l’instrumental est grande et MIKE CAMPESE ne s’en est pas privé. Pour autant, la moitié de ce nouvel opus est chanté, ce qui lui apporte beaucoup de respiration.

Soutenu par le batteur Patrick Johansson qui livre une belle prestation, l’Américain se fait plaisir, faisant étalage de son savoir-faire sans pour autant tomber dans un registre démonstratif tentant, mais ennuyeux au final. Au contraire, MIKE CAMPESE fait preuve d’audace et l’on retrouve un peu de Vinnie Moore et de Richie Kotzen dans son approche (« Fire », « Bee Eater », « Reset », « Wasted Time », « Space Dragon »). Très réussi !

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Doom International

Candlemass : roots of Doom [Interview]

Ce n’est pas exagéré de dire que « Sweet Evil Sun » est le meilleur album de CANDLEMASS depuis bien longtemps. D’une part parce qu’il légitime enfin Johan Längqvist comme frontman irremplaçable au sein du quintet suédois, mais aussi et surtout car la qualité des morceaux et l’excellente production de Marcus Jidell (d’Avatarium, groupe fondé par Leif Edling) font de ce treizième opus un modèle du genre… le Doom, dont les Scandinaves revendiquent la paternité. Mats ‘Mappe’ Björkman, guitariste et membre fondateur, fait le point sur l’actualité de CANDLEMASS et ce registre qu’il chérit tant.

– Avant de parler de l’album, j’aimerais qu’on dise un mot sur votre nomination aux Grammy Awards. C’est une belle consécration et au-delà de ça, c’est une très bonne chose que le Doom se démocratise enfin, non ?

Oui, c’est fantastique et pas seulement pour nous, même si cela nous appartient. Pour l’ensemble de notre carrière, c’est une énorme marque de respect et nous sommes vraiment ravis. Ce n’est pas quelque chose que nous avons cherché ou attendu. Ce n’était pas un objectif. C’est un sentiment très étrange et c’est aussi une très grande fierté, vraiment.

– Près de 40 ans après leur sortie « Epicus Doomicus Metallicus » et « Nightfall » sont toujours des modèles pour les nouveaux comme les plus anciens groupes de Doom. Même si Black Sabbath avait posé les bases, cela doit être assez incroyable de se dire que l’on est l’un des principaux créateurs d’un style et d’avoir un si bel héritage…

Oui, c’est génial ! Lorsque nous jouons ces morceaux, c’est incroyable de voir que le jeune public les connait presque tous par cœur, alors que ces mêmes fans n’étaient pas nés. C’est quelque chose qui nous rend très fiers. Parfois, j’ai même du mal à y croire. Dès le départ, nous l’avons fait pour eux à l’époque. C’est vrai qu’on peut nous comparer à Black Sabbath, bien sûr. Le style est aussi Metal et leurs premiers albums sont fantastiques. Mais le Doom est arrivé avec nous. Il y avait des prémisses dans les années 70 évidemment avec des tas de styles différents. Et quand nous sommes arrivés, on a commencé à appeler ça le Doom Metal, et c’était juste fantastique ! Bien sûr, Black Sabbath a beaucoup contribué à tout ça avec un jeu très lent. Et ensuite, CANDLEMASS a développé le style et à chaque fois, je suis surpris par l’impact que cela a eu.

– A la sortie de « Sweet Evil Sun », tu as dit qu’il s’agissait d’un retour aux sources pour CANDLEMASS. Or, je n’ai pas l’impression que vous vous en soyez éloignés au fil du temps. Alors qui a-t-il de si différent sur ce nouvel album, selon toi ?

Je pense qu’il représente un condensé de ce qu’est CANDLEMASS. Il n’y rien de nouveau, mais nous allons toujours dans la même voie, celle que nous suivons depuis nos débuts. C’est vrai que nous avons toujours joué le même style, mais nous avons adapté les formats et les sonorités aux époques que nous avons traversées. Peut-être que « Sweet Evil Sun » a des sonorités et des intentions qui se rapprochent plus de nos débuts. Cela dit, ce serait stupide de vouloir refaire les mêmes albums. Nous évoluons en permanence, mais dans une certaine continuité également. L’album est très Heavy avec des mélodies : il y a tout ce qu’est CANDLEMASS. C’est quelque chose dont nous sommes fiers !

– Est-ce que cela a aussi à voir avec le fait que CANDLEMASS retrouve son line-up de 1987, la grande époque du groupe ?

Oui bien sûr, cela a certainement joué, c’est vrai. Nous avons souvent changé de chanteur, mais nous avons toujours fait la même musique. Nous nous sommes dit effectivement que c’était le bon moment pour Johan (Längqvist – NDR) de nous rejoindre. Nous lui avons donc demandé de revenir.

– C’est aussi le deuxième album consécutif avec lui au chant. Finalement, c’est bel et bien le meilleur chanteur que CANDLEMASS ait eu, le plus en phase avec la musique du groupe, non ?

Je pense que dans un certain sens, les autres étaient très bons aussi. Tous ont apporté quelque chose de vraiment bénéfique à CANDLEMASS et de très belle manière. Mais c’est vrai que Johan vit vraiment ce qu’il chante, il est imprégné de Doom. Il est de retour depuis 2016 maintenant et il est le chanteur qui a eu le plus d’impact dans le groupe. C’est certain qu’il est génial pour CANDLEMASS, et il est une partie de nous. Au départ, il ne voulait pas revenir pour des raisons personnelles et il pensait que ce n’était pas non plus le bon moment. Mais maintenant, le timing est parfait pour ce que nous souhaitons faire. Oui, c’est sans conteste le meilleur chanteur de CANDLEMASS, sans aucun doute.

– D’ailleurs, l’ensemble de « Sweet Evil Sun » est très fluide, on sent une réelle unité et une grande complicité entre vous. Avez-vous pris plus de plaisir à l’enregistrement ? Et est-ce que Johan a participé plus activement à l’écriture de son côté ?

Non, pas vraiment… C’est toujours Leif (Edling, bassiste et fondateur – NDR) qui décide de tout ! (Rires) D’ailleurs, il fait presque tout, mais ce n’est pas un dictateur : nous faisons les choses ensemble ! Mais Johan était avec nous en studio, ce qui n’était pas arrivé depuis des années et il a aussi donné ses idées sur les morceaux. Et Leif l’a laissé faire. Il y avait un réel esprit d’équipe, tout le monde a travaillé ensemble sur l’album. Chacun a pu apporter sa pierre à la musique de CANDLEMASS. Nous sommes un groupe vraiment uni, comme des frères. C’est vrai que cela faisait longtemps que Johan n’était pas resté avec nous aussi longtemps et je peux l’entendre sur le disque. Nous sommes une équipe ! 

Mats ‘Mappe’ Björkman lors du Festival « Metallian Birthday Party » célébrant les 30 ans du magazine en mai dernier par Melissa Beugnies Photography.

– Je trouve que « Sweet Evil Sun » est un album sombre, mais aussi très mélodique. Est-ce que tu penses que c’est peut-être aussi l’album le plus accessible de CANDLEMASS ?

Mouais… C’est quelque chose que plusieurs amis m’ont aussi dit. C’est vrai qu’il est très bien produit, il est très Doom aussi, très roots et très ancré dans notre époque également. C’est très difficile de le comparer à d’autres. C’est vrai aussi qu’il a déclenché pas mal de choses comme cette nomination aux Grammy Awards. Et puis, les retours des médias sont très, très bons. Il nous a peut-être permis d’accéder à certaines nouvelles choses, mais cela reste incontestablement du CANDLEMASS !  

– Pour conclure, j’aimerais que tu me donnes ton impression sur la scène Doom actuelle qui s’étend du Metal au Rock en passant par le Stoner. Une fois encore, vous avez fait des émules et dans beaucoup de styles. Ca doit être aussi une grande fierté, j’imagine ?

Oui, bien sûr, et c’est génial ! Je suis très attentif à la scène Doom actuelle, qui va même jusqu’au Black Metal. J’ai beaucoup de respect pour tous ces groupes, car ce qu’ils font est unique. Et la scène Doom est en train de devenir une entité à part entière. Si l’on compare le Doom actuel avec les débuts, elle n’a plus rien à voir. Elle s’est considérablement élargie. Avec Black Sabbath et Trouble, nous sommes à l’origine du Doom Metal et une influence majeure. Les groupes d’aujourd’hui se construisent autour de ça en faisant des choses très différentes. Par exemple, beaucoup d’entre eux jouent très lentement… très, très lentement ! (Rires) Nous, nous sommes un groupe de Metal et c’est vrai que notre empreinte est partout. C’est vraiment fantastique ! 

Le nouvel album de CANDLEMASS, « Sweet Evil Sun », est disponible chez Napalm Records.

Et retrouvez la chronique de l’album :

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Blues Rock Folk/Americana France

Gaëlle Buswel : de scène en scène [Interview]

Toujours aussi souriante et pleine d’énergie, GAËLLE BUSWEL n’a pas levé le pied ces derniers mois et enchaîne concert sur concert avec son groupe. Forte d’un album très bien accueilli dès sa sortie en mars de l’année dernière, la chanteuse, guitariste et compositrice semble plus épanouie que jamais. Un an et demi après la sortie de « Your Journey », l’occasion était belle de prendre de ses nouvelles entre deux dates. Entretien.

– Notre dernière interview date de mars 2021, une semaine avant la sortie la sortie de « Your Journey » et en plein confinement. Il y avait de la frustration bien sûr, mais on te sentait aussi pleine d’énergie. Comment s’est faite la reprise des concerts et quel accueil l’album a-t-il reçu sur scène ? J’imagine que cela a du être explosif…

Ah, c’était génial que ça reparte, même si c’était très étrange au début. Les gens n’osaient pas encore ressortir, mais cela nous a permis de renouer avec la scène, de faire sonner nos amplis et de revoir notre public. La sortie de « Your Journey » a été vraiment superbe, il a reçu un superbe accueil de la presse et nos fans l’ont adoré. Je pense qu’il est sorti au bon moment pour rebooster le moral des gens… et le nôtre également ! J

– Au moment de la sortie, il y avait déjà beaucoup de choses de calées. Est-ce que les dates ont pu être reportées normalement et d’autres peut-être même ajoutées ?

Tout a été chamboulé ! Toutes les dates à l’étranger ont été reportées à l’année d’après et certaines autres tombaient du jour au lendemain. Même notre concert de sortie d’album a du être différé. Ca a été une nouvelle façon de s’organiser mais nous nous sommes adaptés et puis, nous n’avions pas vraiment le choix.

– Est-ce que pendant ce repos forcé, vous en avez profité pour réarranger certains nouveaux titres et peut-être aussi répéter et retravailler des plus anciens pour les inclure aux setlists ?

Cette période n’a pas été de tout repos, car nous avions chacun des engagements familiaux à gérer comme l’école à la maison pour certains. C’était très frustrant de ne pas pouvoir faire autant de musique que d’habitude, mais cela nous a permis de sortir un double album et d’offrir plus de musique aux gens. Au départ, notre album était déjà prêt en mars 2020, mais j’avoue que pendant cette année-là, ça m’a permis vraiment de l’apprécier en le rebossant à la maison avant sa sortie. Souvent, on enregistre, l’album sort et on part en tournée. Ensuite une fois sur scène, les chansons ne nous appartiennent plus, les gens se les approprient suivant leur ressenti et leur histoire. Là, nous avions un album prêt depuis un an.

– Pour t’avoir suivi sur les réseaux sociaux durant ces mois de reprise, j’ai pu voir qu’il règne une très belle ambiance au sein du groupe. Ce début de tournée m’a paru très spécial et particulier avec beaucoup de joie et une très belle dynamique. Qu’est-ce qui a été le plus excitant : retrouver le public ou présenter enfin le nouvel album ?

J’avoue que j’adore mon équipe, c’est ma famille. Se retrouver sur scène pour ce qu’on aime faire, c’était génial, car la musique se partage en live, pas derrière un écran. Et nous avons pu retrouver cette symbiose que nous avions tous ensemble et revoir le public nous a fait le plus grand bien également. C’est pour ça qu’on aime tant ce métier, c’est pour ce que ça dégage, ce moment unique qui se suspend à chaque concert, cette énergie qui se dégage du public et ce qu’on partage tous ensemble.

– Les mois suivants, ça a été le début des festivals. Là aussi, beaucoup d’émotions, j’imagine, face à des foules plus importantes et un enthousiasme décuplé. De quelle manière as-tu abordé ces ‘grands rendez-vous’ ?

Nous étions un peu perdus, les scènes paraissaient immenses et on ne savait plus trop comment parler aux gens sans aborder ce sujet de confinement. J’étais surexcitée que ça reparte et en même temps un peu stressée. Est-ce que ma voix allait tenir après un an au calme ? Car bosser à la maison et en live ne demande pas du tout la même énergie. Est-ce que les gens seront toujours là ? Et les voir masqués crée, mine de rien, une distance. C’était très mitigé ! (Rires) Mais nous avons vite repris goût à tout ça ! J  

Et cette année est repartie sur les chapeaux de roues ! Quel bonheur de se dire dans un coin de la tête, « allez, oublions ce qui s’est passé et vivons l’instant présent pour continuer d’avancer ». Il y a eu des moments grandioses comme les retrouvailles avec tous les groupes que nous croisons sur les routes, les artistes étrangers, les fans… Ca fait vraiment du bien !

– Début septembre, il y aussi eu cette date au Kazakhstan, après la Roumanie. Comment cela s’est-il passé ? Cela doit avoir une saveur très particulière de se produire devant un public qui ne te connait pas forcément ?

Oui, c’était fabuleux. On ne savait pas du tout à quoi s’attendre, car nous sommes vraiment inconnus là-bas et c’était une belle surprise. Nous avons reçu un superbe accueil et rencontré beaucoup de gens qui apprenaient le français, et du coup l’échange était magique. C’est un sacré challenge de monter sur scène et de se dire que 100% des gens qui sont en face n’ont jamais entendu ta musique. C’est une première rencontre ! J

– Au-delà de la tournée, il y a également eu de magnifiques premières parties. Zucchero, Mavis Staples, Ana Popovic, George Thorogood, Kiefer Sutherland, Foreigner, Blue Öyster Cult… C’est une année splendide ! Ca valait bien un petit confinement finalement, non ?

J’avoue que cette année été parfaite. C’était de sublimes rencontres avec ces artistes et leur public. Ca motive tellement de rencontrer certaines légendes et de partager un moment de musique avec eux.

– Sans te demander avec qui tu as eu le plus de plaisir à partager la scène… Quoique ! Quel public t’a le plus surpris et le plus ému, car les gens viennent surtout pour la tête d’affiche ?

Ah, je me souviendrai toujours de notre première partie de Jonny Lang à la Cigale et celle de ZZ Top au Zénith de Nancy, car à la fin le public nous a fait une standing-ovation. Ca nous a mis les poils !

– Enfin, je sais que les concerts continuent encore, et tant mieux !, mais est-ce que tu penses déjà au prochain album ? Tu as quelques morceaux de côté, ou quelques mélodies ou des textes dans un coin de la tête ?

Ah oui ! On pense déjà à la suite !!! C’est reparti et plus rien ne nous arrêtera ! J       

Le dernier album de GAËLLE BUSWEL, « Your Journey », est toujours disponible chez Verycords.

Et retrouvez la première interview :

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Hard 70's Hard Blues Hard Rock

Vinnie Moore : classieux

Réputé pour sa légendaire technique et un style qui a fait école depuis de longues années, VINNIE MOORE est loin d’être en reste au niveau feeling, bien au contraire. Avec ce dixième album solo, le guitariste d’UFO s’amuse à passer d’un registre à un autre avec une dextérité peu commune. Et pour une fois, il a même invité quelques chanteurs sur ce très bon « Double Exposure ».

VINNIE MOORE

« Double Exposure »

(Mind’s Eye Music)

C’est après un album avec Vicious Rumors (« Soldiers Of The Night » – 1985) que le grand VINNIE MOORE s’est lancé en solo pour mieux d’adonner à son exercice préféré : la guitare shred. Longtemps affilié au courant néoclassique à l’instar de Malmsteen,  il est surtout connu pour son jeu au sein d’UFO avec qui il s a sorti six albums studio. Parallèlement, on a aussi pu l’entendre avec Alice Cooper, Jordan Rudess et Destruction.

« Double Exposure » est le dixième album du virtuose américain et il présente une surprise de taille. En effet, pour la première fois sur ses propres productions, VINNIE MOORE a fait appel à des chanteurs, et pas des moindres, pour interpréter quelques morceaux. On retrouve sur la moitié de ce nouvel opus Ed Tery (Rage And Beyond), Keith Slack (MSG, Mother Road), Mike DiMeo (Riot) et Brian Stephenson (Old James). Inédit !

Moins démonstratif qu’à l’habitude, mais conservant cet incroyable toucher, VINNIE MOORE joue même sur une Gibson SG, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. De fait, l’album sonne plus Rock et même légèrement Blues et Funky (« Still Waters Run Deep », « River Flow », « Astro Man », Southern Highway »). « Double Exposure » est certainement le plus varié de la carrière du six-cordiste, qui se montre toujours inspiré.

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Joanne Shaw Taylor : beyond the blues

JOANNE SHAW TAYLOR possède plus d’une corde à son arc. L’Anglaise se livre à un exercice de style très réussi sur ce « Nobody’s Fool », qui réserve bien des surprises dans la tonalité des morceaux et dans les registres explorés. Sur une base bien évidemment Blues, la guitariste et chanteuse s’essaie à des morceaux assez Pop, Soul, Rock et Country-Folk. Un large éventail dans lequel la musicienne se montre épanouie et d’une grande sensibilité. 

JOANNE SHAW TAYLOR

« Nobody’s Fool »

(KTBA Records)

Après un album de reprises Blues en 2021 (« The Blues Album ») suivi de « Blues From The Heart Live » en juin dernier, JOANNE SHAW TAYLOR revient avec un disque composé de morceaux originaux qu’elle a cette fois entièrement écrit. Toujours pour KTBA Records, le label de Joe Bonamassa, la guitariste et chanteuse anglaise fait quelques petites infidélités au Blues pour s’aventurer dans d’autres contrées musicales.

La voix chargée d’émotion, la musicienne livre son opus le plus personnel à travers notamment des écrits plus intimes et un registre plus léger et peut-être aussi plus épuré. En s’offrant la paire Josh Smith et Joe Bonamassa aux guitares rythmiques (et également à la production), JOANNE SHAW TAYLOR semble même plus libre et ses interventions en lead gagnent ainsi en profondeur (« Nobody’s Fool », « Bad Blood »).

L’album présente aussi des sonorités Pop et légèrement Country sur « Won’t Be Fooled Again », « Runaway » et « Fade Away » accompagné du violon de Tina Guo. La Britannique s’autorise aussi une reprise d’Eurythmics avec Dave Stewart (« Missionary Man »). Et JOANNE SHAW TAYLOR reste brillante sur des morceaux plus Blues Rock comme « Then There’s You » et « Figure It Out » avec Carmen Vandenberg. Très convaincante !

Photo : Chris Wilson