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Heavy Rock Power Rock Rock Hard

Heavy Water : business family

Même s’il est le fils d’une légende du Heavy Metal, Seb Byford n’entend pourtant pas marcher dans les pas de son père musicalement. Cela dit, il est parvenu à l’embraquer dans l’aventure HEAVY WATER loin de l’institution Saxon. Avec « Dreams Of Yesterday », l’ambiance est plutôt Rock, même si quelques sonorités assez Old School et un brin Hard Rock émanent de ce deuxième effort rondement mené par le mythique frontman et sa progéniture.

HEAVY WATER

« Dreams Of Yesterday »

(Silver Lining Music)

Si le rapprochement artistique père/fils qui a donné lieu à « Red Brick City » il y a deux ans en pleine période de Covid, il semblerait que la Byford Family ait décidé de récidiver et d’inscrire HEAVY WATER dans le temps. Même si Biff a depuis sorti « Carpe Diem » et le navrant « More Inspirations » avec Saxon, le duo créé avec le fiston n’a pas été un one-shot, puisque les revoilà avec « Dreams Of Yesterday », un deuxième album varié et solide, dans la lignée du premier.

A la guitare et au chant, Seb paraît toujours tenir la boutique avec force et talent, Biff assurant la basse et les chœurs avec son inimitable timbre de voix. Loin de son Heavy Metal habituel et même s’il avait laissé entrevoir d’autres registres sur les deux non-essentiels opus de covers de Saxon, c’est assez surprenant de le retrouver dans certains styles abordés sur « Dreams Of Yesterday ». Mais il ne fait que tenir la basse sur HEAVY WATER… et d’ailleurs cela s’entend !

Le groupe a trouvé ses marques et même s’il se cherche encore un peu, une empreinte et une identité commencent à se dessiner. Très ancré dans les années 80 et 90, HEAVY WATER rappelle autant Led Zeppelin que Soundgarden ou Alice In Chains et penche sur des titres assez nerveux dans un Rock Hard classique, bluesy parfois, alternatif et légèrement Stoner (« Another Day », « Be My Savior », « Don’t Take It Granted », « Castaway »). Un peu éparse, mais très soudé !

Photo : Steph Byford

Retrouvez la chronique du premier album :

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Alternative Metal

Smokeheads : une saveur brute

Un mur de guitare, une batterie massive, une basse au groove hypnotique et un chant d’une ardeur conquérante : ce sont les principaux ingrédients à l’œuvre sur « All In », premier opus saisissant de force et de mélodie de SMOKEHEADS. Déterminés, les Français développent avec une totale assurance un Alternative Metal maîtrisé de bout en bout. D’ailleurs, ils s’en expliqueront très bientôt sur le site lors d’une interview. A suivre, donc…

SMOKEHEADS

« All In »

(Wormholedeath Records)

Mon coup de coeur pour SMOKEHEADS date d’il y a deux ans maintenant avec la sortie du EP « Never Prick My Pickles ! ». Les quatre morceaux m’avaient d’ailleurs laissé sur ma faim. Voici donc « All In » et je suis dorénavant rassasié… enfin pour un moment en tout cas ! Le quatuor jurassien a pris son temps pour livrer son premier album et il a bien fait les choses. A l’instar de son prédécesseur, ça tabasse dans les règles et les refrains viennent toujours aussi facilement se graver dans la tête. Directe et efficace, la magie opère très vite.

Sur une production solide et équilibrée, « All In » présente enfin SMOKEHEADS sur la longueur, près d’une heure au total. Parmi les onze titres, on retrouve avec plaisir ceux qui composaient l’EP (« In Between », « Hate And Love », « Nothing Is Random » et « One Million Ways »). Ainsi, si « Never Prick My Pickles ! » vous avait échappé, vous saurez pourquoi le combo a vite tapé dans l’œil du label italien Wormholedeath Records. L’Alternative Metal des Français est irrésistible et peut tranquillement viser l’international.

Dès les premières notes du morceau-titre qui ouvre les hostilités, on est saisi par l’intensité et l’atmosphère envoûtante du jeu de SMOKEHEADS. Imposante, la voix du frontman, également guitariste, donne le ton et s’impose d’elle-même. Particulièrement bien huilée, la rythmique assomme et ne tergiverse pas (« Reveal Your Soul », « Let The Wind », « Prayer Of An Agnostic », « The Right Direction »). Véritablement addictive, cette première réalisation amorce un avenir radieux et solide.

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Hard 70's Metal Progressif

Asmodean : monumental

Ils n’ont pas froid aux yeux et c’est même un doux euphémisme. Repoussant les limites du Metal et du Hard Rock dans une sorte de Space Rock futuriste et massif, ASMODEAN risque de vite devenir incontournable, tant la richesse musicale déployée sur « By A thread » montre une élégance et une virtuosité canalisées, mais insaisissables. Progressif et acéré, le style du quatuor défie les codes pour s’imposer avec brio.

ASMODEAN

« By A Thread »

(Rob Mules Records)

Si ASMODEAN commence sa carrière avec un tel premier album, je n’ose même pas imaginer la suite ! C’est suffisamment rare et inédit pour souligner que « By A Threat » est un disque d’une folle créativité et d’une interprétation magistrale. Si on ajoute à cela une production sans fausse note, une magnifique pochette et une audace à toute épreuve, on ne prend aucun risque à affirmer que le quatuor norvégien, pourtant fondé à Liverpool en 2015, est à suivre de très, très près.

Dans un Progressive Metal aux saveurs Hard Rock, ASMODEAN vient se poser quelque part entre Mastodon et Faith No More, sous l’œil bienveillant de Black Sabbath et d’Opeth. Et si les Scandinaves ne manquent pas d’ambition, il n’y a cependant aucune prétention dans la démarche : juste l’envie de toucher l’excellence. Avec « By A Threat », l’échappée musicale est unique, captivante et brillamment mise en lumière par un son clair et puissant, qui devient très vite immersif.

La déferlante de riffs, la cascade de breaks et la finesse des arrangements montrent une maturité et une maîtrise étonnante. A la fois contemplatif, introspectif, expérimental et énergique, le jeu d’ASMODEAN est à l’image de sa fougueuse jeunesse, aussi décomplexée que sûre d’elle (« The Undoing », « Below The Line », « Defying Truth », « I Wait », « Sanguine », « Zooethics », « Best Sold Disguise », « Jack O’Shadows »). Ce premier opus est un bouillonnant chaudron vraiment spectaculaire.

Photo : Stine Knutsen
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France Metal

Darken : de l’ombre à la lumière [Interview]

Après un break de trois décennies, les Lavallois ont décidé de reprendre du service et l’idée est plutôt judicieuse. Après deux démos le siècle dernier, DARKEN réalise enfin son premier album, « Welcome To The Light », un titre en clin d’œil à une époque révolue. Révolue, car le quintet a fait sa mue pour revenir dans un Metal très moderne, toujours aussi Heavy et aussi mélodique que rentre-dedans. Très bien produite, cette nouvelle réalisation est annonciatrice d’un renouveau musical éclatant, ce que nous explique Lorenzo, guitariste et fondateur du combo mayennais.

– DARKEN a évolué entre 1987 et 1991 sur une scène française, qui a d’ailleurs beaucoup changé depuis. Quels souvenirs gardes-tu de cette époque-là ?

De très bons souvenirs, car c’était mon premier projet musical. Et puis, on a pu faire de bonnes scènes comme deux fois le festival à la Roche-sur-Yon avec Vulcain, Squealer, Loudblast, Massacra, No Return, Jumper Lace et tous les groupes qui tournaient à l’époque. Ce sont vraiment de bons moments. On avait aussi été jouer aux Pays-Bas, en Allemagne et on a fait le Gibus à Paris. Tout ça, quand tu es gamin et que c’est ton premier groupe, te donne l’envie d’aller plus loin.

– D’ailleurs, quelles ont été vos principales motivations pour reformer DARKEN ? Et avez-vous continué à faire de la musique tous les trois, même chacun de votre côté ?

De mon côté, j’ai toujours continué. Après DARKEN, j’ai monté ‘We Don’t Care’ sur Laval et ensuite, je suis allé sur Nantes pendant plusieurs années dans une autre formation, qui a sorti deux albums. Après tout ça, j’ai monté plusieurs groupes de reprises. Et comme j’avais un peu de matériel de côté, l’idée de remonter DARKEN a surgit et j’ai contacté Stéphane (le chanteur – NDR). Au départ, il n’était pas très chaud, car il n’avait pas chanté depuis 25 ans. C’est au moment du Covid, avec l’arrêt des concerts, que ça s’est débloqué. Avec Stéphane et Philos (guitariste – NDR), je me suis dit que ça pouvait repartir. On a fait quelques essais, j’ai embarqué mon fils Liam à la batterie et j’en ai parlé à HP (le bassiste – NDR) que je connais très bien. Et nous en sommes là avec la sortie de l’album !

– Est-ce que le fait que des groupes comme Titan ou ADX, par exemple, aient aussi repris du service a pu peser, même inconsciemment, dans la balance pour ce retour, d’autant qu’on assiste aujourd’hui à un nombre incalculable de sorties, qui nous font même frôler l’overdose ?

Pas du tout ! Je ne devrais peut-être pas dire ça, mais je n’ai jamais été très intéressé par la scène française, en fait. Ce ne sont pas des groupes que je suis et, pour certains, je ne savais même pas qu’ils avaient arrêté ou s’étaient reformés. Non, ça n’a eu aucune influence sur l’idée de reformer DARKEN.

– Après plus de 30 ans de silence, vous revoici avec votre premier album, « Welcome To The Light », où l’on retrouve donc trois membres fondateurs et deux petits nouveaux. Cela n’a pas été possible de reconstituer le line-up originel ? Et comment s’est effectué le recrutement de cette nouvelle rythmique ?

Non, puisque le batteur a arrêté depuis des années, je pense, car on ne se voit plus. Nous avons relancé le bassiste, Michael, mais il est reparti en Bretagne. Il était venu sur Laval, à l’époque, uniquement pour DARKEN. Il vit aujourd’hui entre Brest et Morlaix avec sa petite famille et il a aussi son groupe, plutôt axé Punk Rock. Ce n’était donc pas possible pour lui. Sinon, comme j’ai un batteur à la maison (Liam, batteur de Sujin – NDR), cela aurait été dommage de s’en priver. Et il a tout de suite été conquis à l’idée de jouer avec son père. Quant à HP (bassiste de The Discord – NDR), depuis le temps qu’on se croise, on avait vraiment envie de jouer ensemble.

– Votre dernière démo en 1991 s’intitulait « Welcome To The Dark » et cette fois-ci, vous souhaitez la bienvenue à la lumière. J’imagine que c’est en rapport avec votre retour sous les projecteurs ?

Oui, bien sûr, et « Welcome To The Dark » correspondait surtout à notre état d’esprit d’alors et ça ne l’est plus aujourd’hui. Alors, Stéphane a pensé à ce fil conducteur entre les deux époques, ce qui a donné « Welcome To The Light ».

– DARKEN distille toujours un Heavy Metal solide et, même s’il reste quelques sonorités 90’s, vous l’avez considérablement modernisé. S’il y a eu une évolution technique évidente ces dernières années (instruments, studios, …), est-ce que votre approche dans l’écriture a elle aussi changé ?

Oui, carrément ! A l’époque, on se retrouvait en répétition, on composait tous ensemble et ça allait forcément moins vite. Aujourd’hui, je compose les musiques à la maison, j’envoie tout ça à Stéphane, qui pose des lignes de chant jusqu’à ce que nous soyons satisfaits tous les deux. Ensuite, on envoie ça aux autres qui valident, ou pas, et posent leurs instrus. Je pense qu’on va beaucoup plus vite. Et puis, nous sommes dans un registre complètement différent aujourd’hui, car il était hors de question de refaire du vieux Heavy Metal. On se situe dans un style entre Modern et Alternative Metal…. En tout cas, c’est du Metal !

– Musicalement, il s’est passé beaucoup de choses en 30 ans dans le Metal avec l’émergence de nouveaux courants notamment. Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant ces trois décennies et qui vous aurait peut-être influencé parmi ces nouveaux groupes et styles ?

Pour ma part, j’aime beaucoup la scène Grunge et notamment Alice In Chains. Korn a également apporté quelque chose de neuf et de différent. Ensuite, cela dépend du moment. Je peux écouter Pearl Jam aujourd’hui, et Rammstein demain. C’est très varié.

– « Welcome To The Light » comporte onze morceaux que vous êtes allés enregistrer dans le très bon studio du Dôme à Angers. Quelles étaient les conditions sine qua none lors de l’enregistrement de l’album ? Et êtes-vous pleinement satisfaits du résultat ?

La première condition était déjà d’être prêt pour entrer en studio. On y était déjà allé avec nos maquettes, qui étaient très abouties et presque trop propres. Et nous sommes hyper-satisfaits ! Cela va même au-delà de nos espérances. Quand j’écoute l’album aujourd’hui, j’étais loin de penser qu’on sortirait un tel produit. David Potvin, ingé-son du Dôme Studio, a fait un travail extraordinaire et on ne le remerciera jamais assez ! Pour relancer une machine comme DARKEN, qui est une petite machine à la base, il est parvenu à ressentir ce qu’on voulait, mettre l’ensemble dans des sonorités très actuelles, ce qu’on désirait absolument. On a vraiment insisté là-dessus, car on voulait éviter le côté Old School et vintage.

– D’ailleurs, vous n’avez pas attendu la sortie de l’album pour remonter sur scène. Pourquoi une telle impatience et avez-vous eu de bons retours ?

Il fallait absolument qu’on fasse cette date pour plusieurs raisons (concert à La Fabrique à Bonchamp-lès-Laval, le 18 mars dernier – NDR). C’est vrai qu’on était très impatient. Il y avait aussi de la demande par chez nous et nous avions besoin d’images pour la promotion du groupe. On n’avait rien en dehors de quelques photos et aujourd’hui, avoir une vidéo est devenu essentiel. Comme l’album n’était pas encore réalisé, nous n’avions pas de son, non plus. On s’est dit qu’il fallait faire un premier concert et le filmer. On a mis les moyens nécessaires et avec des gens qu’on connait. Il y avait plusieurs caméras, un drone et on a sorti quelques images de tout ça pour faire des petites vidéos de promo. Les retours ont été très bons. Les gens ont été surpris et tout s’est très bien passé que ce soit au niveau du son comme des lights. L’identité et la présence du groupe ont très bien fonctionné.

– Pour conclure, vous sortez « Welcome To The Light » en autoproduction. Vous n’avez pas voulu trouver de label, ou est-ce que vous teniez à garder les mains libres pour ce premier album, qui marque aussi et surtout votre retour ?

On y a pensé, bien sûr, et on regardé autour de nous ce qui se passait à ce niveau-là. On ne voulait surtout pas perdre de temps. Et qui aurait signé un groupe qui n’a rien à proposer et pas de dates de concerts ? On a donc décidé de partir en autoproduction pour le premier album et faire nous-mêmes nos vidéos, caler nos concerts et on verra ensuite si l’on peut signer sur un label digne de ce nom.

« Welcome To The Light » sera disponible à partir du 29 septembre sur le Bandcamp du groupe :

https://darken-official.bandcamp.com/

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Heavy metal Old School

Wings Of Steel : enfin déployées

Il y avait bien longtemps que l’underground américain n’avait pas révélé de nouvelles pépites, notamment du côté de L.A. et surtout en termes de Heavy Metal. C’est chose faite avec WINGS OF STEEL et son premier opus, « Gates Of Twilight », dont le style très Old School vient pourtant réoxygéner la scène actuelle. Produit par le Français Damien Rainaud (Dragonforce, Angra), le mix est cristallin, les titres solides et mélodiques, le chant puissant et les parties de guitares ébouriffantes. Une belle réalisation.

WINGS OF STEEL

« Gates of Twilight »

(Independant)

Certaines rencontres s’avèrent explosives et l’addition des talents fait ensuite le reste et parfois la différence. Et si on prend en compte le fait que tout cela se déroule à Los Angeles, il y a de quoi y voir un signe, tant la Cité des Anges a vu éclore il y a quelques décennies, certes, de très nombreux talents. Les astres sont donc peut-être alignés pour le chanteur suédois Leo Unnermark et le guitariste californien Parker Halud, dont le groupe WINGS OF STEEL commence à faire parler de lui au-delà de la côté ouest américaine.

Musicalement, le duo fait des étincelles, tant la complicité entre ces deux-là est évidente. Grâce à des goûts communs pour la culture Metal et un fort désir de renouer avec un style un brin vintage, l’association est plus que séduisante et tient vraiment la route. C’est vrai aussi qu’avec un tel patronyme, WINGS OF STEEL n’est pas là pour révolutionner le genre, mais la fraîcheur et la détermination affichées sur « Gates Of Twilight » suffisent à conforter et confirmer toute la créativité à l’œuvre ici.

Après un premier EP éponyme convaincant l’an dernier, le groupe, accompagné de Mike Mayhem à la batterie (Halud tenant aussi la basse), distille un Heavy Metal super efficace, très accrocheur et entraînant (« Liar In Love », « Fall In Line », « Lady Of Lost », « Leather And Lace », « Slave Of Sorrow » et le génial « Into The Sun »). Si WINGS OF STEEL laisse transpirer son affection pour Dio, Whitesnake, Queensrÿche, TNT et même Crimson Glory, on est emporté par ce très bon « Gates Of Twilight ».

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Dark Blues Soul Southern Blues

Jhett Black : une solennité très dark

Il émane beaucoup de classe du Dark Blues de JHETT BLACK. Avec « Babel », le musicien montre de nombreuses facettes de sa personnalité en se dévoilant de manière originale à travers un style passionné. Très abouti, ce premier album est l’œuvre d’un artiste confirmé et terriblement inspiré. Très profond, il en devient même vite addictif, tant son répertoire est saisissant.

JHETT BLACK

« Babel »

(Rumblestump Records)

C’est dans son Nouveau-Mexique natal que JHETT BLACK a appris la slide en autodidacte tout en parcourant les routes avec son groupe Folk Rock Gleewood. La reconnaissance est arrivée lors de l’International Blues Challenge de Memphis et la sortie de son EP « Roots » a conforté des premiers pas plus que prometteurs. Depuis, il s’est installé à Chattanooga dans le Tennessee, où il a écrit et composé « Babel », une perle d’un Blues sombre, presque gothique et élégamment épuré.

S’inspirant de la musique roots américaine, JHETT BLACK propose un style lourd et épais, qui ne manque pourtant pas de délicatesse. Il y a quelque chose de solennel chez lui, et qui n’est pas sans rappeler Johnny Cash dans la narration. A la frontière entre Rock, Soul et Blues, le songwriter s’appuie sur un registre traditionnel pour le nourrir d’une modernité très groove, brute et savoureuse. « Babel » est un voyage intense dans le sud des Etats-Unis, où le duo guitare-batterie captive.

Avec sa voix de basse/baryton, JHETT BLACK parvient à faire jaillir la lumière, grâce à des mélodies prenantes et des chansons intimes d’une incroyable puissance émotionnelle (« Wayward Son », « Gold »). Souvent teinté de désespoir tout en restant entraînant, le guitariste livre des morceaux d’une grande densité et d’une authenticité qui offre à « Babel » des instants de vérité éclatants (« Roll On », « Mama Told Me Not To », « 12 Bar Blues Again » », « Sonic Tonic » et la somptueuse cover de Freddie King « Going Down »). Dark’n Roll !

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Hard Blues Hard Rock

Legba : la danse des esprits

Avec un tel patronyme, on pourrait s’attendre à un disque influencé par des rythmes caribéens ou à une plongée au coeur du bayou. S’il flirte légèrement avec l’atmosphère du Blues marécageux américain, LEGBA livre plutôt un Hard Rock direct, efficace et dont les mélodies sont imbibées d’un Blues épais. Avec « Oscuro », le quintet français se montre dynamique et inspiré. Une véritable révélation !

LEGBA

« Oscuro »

(Independant)

Le groupe tire son nom de Papa Legba, qui est un ‘Iwa’, c’est-à-dire un esprit du vaudou originaire de l’actuel Bénin et toujours répandu au Togo où il a la fonction de messager de dieu. On le retrouve aussi d’ailleurs dans la culture syncrétiste haïtienne. Voilà pour la petite histoire et l’aspect étymologique du nom adopté par les Basques. Pour autant, ce personnage symbolique est essentiellement présent dans les textes de LEGBA, dont le registre tend plutôt vers un Hard Rock légèrement vintage et très américain.

Fondé par l’ex-Titan Pat Têtevuide début 2020 et donc en plein confinement, le musicien avait ressenti le besoin et la nécessité de composer. C’est naturellement son parcours de vie et la musique qui le porte depuis toujours qui ont été ses principales inspirations, le tout dans un climat mystique. LEGBA prend ensuite rapidement forme et les contours musicaux sont évidents. Si l’on pense à Aerosmith ou même Lynyrd Skynyrd, on plonge surtout dans un Hard Rock 90’s fortement teinté de Blues, façon Cinderella.  

Sur « Oscuro », le son californien et une ambiance rappelant la moiteur de la Louisiane font cause commune. Si le vaudou apparait dans les paroles de morceaux traitant de la mort, de l’esclavagisme et de son abolition ou encore de la ségrégation, LEGBA ne donne pas dans une sorte de folklore exotique, mais sort plutôt des guitares très aiguisées (« Kingdom Of The Blind », « Creepy Voodoo Dolls, « Hard’n’Gone ») et s’abandonne dans un Blues chaleureux (« Devil’s Blues Part I & II », « Bird »). Un beau voyage entre Blues et Hard.

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Classic Hard Rock Hard 70's

Blackbird Angels : d’un battement d’aile

Accompagné d’amis ayant collaboré de près, de loin et même encore à son groupe LA Guns, Tracii Guns réalise enfin le disque de Rock, à forte teneur Hard Rock, qu’il semble avoir toujours souhaité. Avec un tel line-up, BLACKBIRD ANGELS se montre authentique, inspiré et très solide sur ce « Solsorte », qui fleure bon les 70’s dans sa démarche pourtant très actuelle et pêchue.

BLACKBIRD ANGELS

« Solsorte »

(Frontiers Music)

Cela fait une dizaine d’années que le guitariste Tracii Guns (LA Guns) et le chanteur et bassiste Todd Kerns (Slash, Heroes And Monsters) avaient dans un coin de la tête l’idée, et surtout l’envie, de faire un album ensemble. C’est chose faite avec la mise en orbite de BLACKBIRD ANGELS avec son très bon premier opus, « Solsorte ». Dans un Hard Rock très 70’s, les Américains se déploient dans des atmosphères légèrement vintage, où l’on retrouve aussi des ambiances Blues Rock et Rock US.

Et le duo a très bien su s’entourer avec Johnny Martin (LA Guns), Sam Bam Koltun (Dorothy, Faster Pussycat) et le multi-instrumentiste et producteur Adam Hamilton (George Lynch) à la batterie. Solidement armé, BLACKBIRD ANGELS s’est donc fait plaisir en composant un disque directement inspiré des premiers amours de ses membres à savoir Led Zeppelin, Bad Company ou Peter Frampton, le tout interprété et produit avec une touche véloce et très musclée. 

Le quintet ouvre les hostilités avec le très Rock’n’Roll « Shut Up (You Know I Love You) », qui vient tout de suite mettre les pendules à l’heure. Les riffs sont aiguisés, la rythmique puissante et le chant de Too Kerns est toujours aussi passionné. Tous aussi créatifs les uns que les autres, les membres de BLACKBIRD ANGELS font parler l’expérience et on peine même à trouver des défauts à « Solsorte », tant les Californiens déroulent (« Mine (All Mine) », « On And On, Over And Over », « Unbroken », « Worth The Wait », « Scream Bloody Murder »).

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Southern Blues Southern Rock

Parker Barrow : outlaw groove

Enjoué, rugueux et tendre à la fois, PARKER BARROW livre un premier opus très abouti, malgré son aspect un peu débridé. Groovy et audacieux, « Jukebox Gypsies » est un voyage dans le sud des Etats-Unis avec ses élans Rock, Blues et Soul. Au-delà d’évidentes filiations, la formation Southern affiche un visage très personnel et des chansons fougueuses pleines de feeling. Très prometteur.  

PARKER BARROW

« Jukebox Gypsies »

(Independant)

Bien sûr, PARKER BARROW tire son nom du célèbre couple de gangsters. Et il s’agit aussi ici d’une histoire de couple, composé de l’incroyable chanteuse Megan Kane et de Dylan Turner, batteur et compositeur. Uni à la scène comme à la ville, le duo présente son premier album, « Jukebox Gypsies », et le résultat est bluffant. Accompagné des guitaristes Manning Feldner et Alex Bender, ainsi que du bassiste Michael Beckhart, le groupe évolue dans un Southern Rock mâtiné de Blues et de Soul convaincant.

Malgré la relative jeunesse de la formation basée à Nashville, c’est un registre assez Old School que propose PARKER BARROW. Axé sur les quatre dernières années du couple, « Jukebox Gypsies » raconte en dix morceaux les hauts et les bas des deux artistes dans un style très roots, Rock et d’une énergie brute. Authentique et direct, le quintet alterne le chaos et des émotions pures avec toute la grâce incarnée par son explosive et sensuelle frontwoman. Très live dans l’approche, la performance est belle.

C’est assez difficile de croire qu’il s’agit d’un premier album, tant le songwriting est précis et redoutable d’efficacité. PARKER BARROW ne s’encombre pas de fioritures et va à l’essentiel, tout en gardant un souci du détail qui fait toute la différence (« Peace, Love, Rock’n’Rollin’ », « Throwin’ Stones », « Count Your Dollars », « Partner In Crime », « Good Time Gone Away », « Desire »). Influencé par la scène sudiste et avec un petit côté Janis Joplin dans la voix, les Américains séduisent d’entrée de jeu.

Photo : Caylee Robillard
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Hard 70's Stoner Rock

Masheena : sunny crossover

Intense et dévastateur, ce premier opus de MASHEENA est une réussite totale. Le savant mélange d’un Stoner solaire et d’un Hard Rock Old School donne à « West Coast Hard Rock » une couleur singulière. Dynamique et efficace, cette entrée en matière de ces quatre musiciens chevronnés se veut aussi accessible que précise et pointue. D’une grande fraîcheur, le style du combo est rassembleur et réjouissant.

MASHEENA

« West Coast Hard Rock »

(Majestic Mountain Records/Electric Talon Records)

La ville de Bergen en Norvège vient encore d’accoucher d’un groupe hors-norme, qui prend racine dans des influences en provenance directe de l’héritage laissé par Black Sabbath et Kiss sur qui on aurait greffé Clutch, Monster Magnet et Kadavar. Né dans l’esprit de membres d’Abbath, Immortal et Lost In Last et supervisé par le producteur et batteur d’Enslaved, Iver Sandøy, MASHEENA est un concentré de force et de mélodie, où le Stoner Rock télescope brillamment le Hard Rock.

L’objectif premier du quatuor était de se faire plaisir et d’écrire des morceaux célébrant le Hard Rock des 70’s avec toute la lumière possible, tout en y ajoutant une épaisseur Stoner musclée légèrement vintage. Et en sollicitant la légende Gene Freeman pour la production de « West Coast Hard Rock », MASHEENA a mis tous les atouts de son côté pour livrer un album qui fera date. Addictif dès le premier titre, « 1979 », les Scandinaves ne lèvent pas le pied et captivent jusqu’à « Where Are You Now ».

Il émane beaucoup de joie et de plaisir de « West Coast Hard Rock », comme si les musiciens proposaient une sorte de grande fête en forme de récréation, mais savamment orchestrée. Car si MASHEENA semble réellement s’amuser, les quatre Norvégiens n’en présentent pas moins un disque très abouti que leur talent respectif rend tellement fédérateur (« Under The Same Sun », « Looks Like A Man », « 5 Seconds », « Brings Me Down »). Une belle et grosse claque pleine de bonne humeur !