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Hard FM Hard US

Michael Catton : taille patron

Dans la lignée des grosses locomotives américaines, et même californiennes, des années 90, le Hard Rock musclé et un brin FM de MICHAEL CATTON vient donner beaucoup de fraîcheur à une scène en plein renouveau. Grâce à un line-up expérimenté et des compositions entêtantes, le chanteur présente une copie exemplaire sur laquelle sa voix fait corps avec des rythmiques solides et des solos millimétrés. « Point Of No Return » est un modèle du genre plus que vivifiant.

MICHAEL CATTON

« Point Of No Return »

(Mighty Music)

C’est au moment du split de son groupe Tainted Lady avec qui il a sorti deux albums (« How The Mighty Have Fallen » – 2017 et « Sounds Like Freedom//Feels Like War » – 2019) et qui a connu une belle reconnaissance au Danemark que MICHAEL CATTON a décidé de prendre son envol avec beaucoup de détermination et surtout une idée bien précise du style dans lequel il souhaitait dorénavant évoluer. Après quelques singles à succès, le chanteur anglo-danois sort son premier album solo et il est très réussi.

Et pour réaliser et composer « Point Of No Return », il s’est entouré d’une équipe redoutable. Rapidement approché par le guitariste, compositeur et producteur Soren Andersen, la connexion n’a pas tardé à s’établir. Avec les membres du trio de ce dernier, Guilty Pleasures, à savoir Allan Tschicaja à la batterie (Pretty Maids) et le bassiste Michael Gersdorff (Superfuzz), le quintet est complété par son frère Chris Catton (claviers). MICHAEL CATTON dispose ainsi d’un combo à la hauteur de ses espérances et cela s’entend.

Produit par Andersen dans le temple du Rock danois, les Medley Studios à Copenhague, « Point Of No Return » s’inscrit dans une veine Hard Rock mélodique 90’s avec un son actuel et puissant sur des morceaux très accrocheurs (« Faith », « Livin’ Lovin’ », « Hearts In Danger », « Ready For The Takin’ », « Gas Of The Fire »). La prestation de son six-cordiste n’a d’égale que l’incroyable performance de MICHAEL CATTON et, à eux deux, ils donnent une âme à ce premier opus, qui en appelle déjà d’autres. Du Hard Rock efficace et pêchu !

Photo : Nikola Majkic
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Hard Rock Heavy metal Metal

Sophie Lloyd : almost alone

Les temps changent et c’est via internet et les réseaux sociaux que SOPHIE LLOYD s’est faite un nom avant de commencer à se produire sur des scènes gigantesques avec d’autres. La Londonienne a eu l’occasion de se créer un joli carnet d’adresse dans le monde du Metal et, au risque de passer au second plan par rapport aux artistes présents, elle démontre qu’elle est bien plus qu’une guitariste de session, même si elle va devoir s’imposer à son tour sur scène avec ce premier « Imposter Syndrome ».

SOPHIE LLOYD

« Imposter Syndrome »

(Autumn Records)

Les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer en solo et c’est une très bonne chose. A l’instar d’Orianthi et Nita Strauss notamment, SOPHIE LLOYD est décidée à se produire sous son nom et son entrée en piste avec ce très bon « Imposter Syndrome » témoigne déjà d’une grande assurance doublée d’un énorme talent qu’on avait déjà très largement perçu. Comme d’autres, elle est apparue sur YouTube où elle a construit sa notoriété, puis en live avec Machine Gun Kelly et on lui pardonne ce faux pas.

Pourtant rompue à l’exercice des reprises qu’elles s’approprient d’une manière souvent très shred, SOPHIE LLOYD présente un son bien à elle et un toucher très personnel. C’est d’autant plus remarquable que la guitariste livre un premier album sur lequel elle a convié onze invités, et non des moindres. Le panel artistique est très large, même s’il reste dans une veine Hard’n Heavy, et la faculté d’adaptation de la Britannique est étonnante et assez rare. Elle se met véritablement au service des morceaux avec beaucoup d’instinct.

Sa polyvalence dévoile une artiste complète, qui se fond dans l’univers de ses guests venus donner de la voix, excepté le guitariste YouTuber Cole Rolland sur un instrumental. Solide sur les rythmiques et rayonnante sur les solos, SOPHIE LLOYD n’en fait pas trop, mais suffisamment pour briller. Si les titres avec les frontmen de Steel Panther, Black Stoner Cherry, Trivium et Atreyu sont explosifs, ceux avec les chanteuses de Halestorm, Marisa And The Moths et la Canadienne Lauren Babic sont vraiment un cran au-dessus. Convaincante.

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Alternative Rock Heavy Rock Stoner Rock

Dirty Black Summer : les brisures de l’âme

Résolument moderne, les références des Niçois ont pourtant surgi quelques décennies en arrière, tournées vers un Rock Alternatif aussi explosif que rugueux et aux accents Stoner très prononcés. DIRTY BLACK SUMMER ne s’interdit d’ailleurs pas quelques sonorités Metal, ce qui n’a rien de surprenant étant donné le pédigrée de ses musiciens. Après un EP il y a deux ans, ce premier album, « Gospel Of Your Sins », est très consistant, vivifiant et il passe véritablement la Baie des Anges à la sulfateuse.

DIRTY BLACK SUMMER

« Gospel Of Your Sins »

(Nova Lux Production)

Créé au coeur de la pandémie par des membres de groupes de Metal extrêmes comme une sorte de palliatif à cette triste époque, DIRTY BLACK SUMMER avait pourtant apporté beaucoup de fraîcheur avec son premier EP, « Great Deception », un six-titre aussi fougueux que mélodique et accrocheur. Les azuréens ne cachaient d’ailleurs pas leur désir de retrouver leurs premières sensations musicales, lesquelles se situent dans les années 90 et chez des groupes comme Soundgarden et Pearl Jam notamment. Mais leur vision est plus sombre et très actuelle ici.

S’il reste un petit côté Alternative Rock légèrement mainstream, DIRTY BLACK SUMMER a considérablement durci le ton et le style affiché sur « Gospel Of Your Sins » est clairement ‘blackened‘. La tonalité du chant est également plus agressive et directe, même si le travail sur les voix est toujours aussi conséquent. Le quintet a mûri son registre et l’énergie déployée est franchement électrique. Le combo sort les crocs et les riffs très massifs et Stoner apportent une densité très solide aux dix titres. Le registre est aussi nettement plus personnel et les compositions plus percutantes.

Racé et tendu, ce premier opus est très organique dans le son et profondément humain dans les textes. DIRTY BLACK SUMMER explore nos failles et même si l’atmosphère est plus obscure, c’est une sorte de libération à laquelle il se livre. Le duo de guitaristes fait des merveilles et redouble de puissance, tandis que la rythmique martèle avec fermeté sur le chant acéré d’un Michael Khettabi très en verve et combatif (« All Saints », « Toxik Boy », « At The Devil’s Night », « Spit On My Grave », « Nothingness » et le morceau-titre). Monumental !

Retrouvez la chronique du premier EP :

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Crossover France

Koudeta : un soulèvement musical [Interview]

Mené par sa très combative frontwoman, KOUTENA est la réunion de musiciens aguerris unis par une même envie, celle de livrer un Metal Crossover rassemblant des influences au large spectre, mais ayant en commun un esprit très 90’s. Direct et sans concession, le quatuor se présente avec un premier album efficace et brut, dont l’énergie se distille dans des riffs acérés, des rythmiques véloces et un chant redoutable de percussion. Rémi Verger, guitariste du quatuor, nous en dit plus sur la démarche du groupe et sa création.  

Photo : Pierre Guerin

– KOUDETA existe depuis maintenant quatre ans et votre premier album éponyme vient tout juste de sortir. Vous avez préféré prendre votre temps pour peaufiner votre style et votre jeu avant d’entrer en studio ?

Oui effectivement, le groupe a été créé durant l’été 2019 et on est rentré en studio à l’automne 2022. C’était le temps nécessaire pour composer et arranger les neuf chansons qui composent l’album. Le Covid a également un peu ralenti le processus.

– Vous êtes tous issus de plusieurs groupes à savoir Trepalium, New Assholes, War Inside et Vanilla Cage. Qu’est-ce qui vous a rapproché ? L’occasion de pouvoir faire autre chose que ce que vous faites déjà ou plus simplement par amitié ? Ou même les deux ?

A la base, le projet vient juste de l’envie de se retrouver entre potes pour envoyer du gros son. Avec Tom (batterie) et Ludo (basse), on se connaît depuis de longues années. On vit dans la même ville, on traîne dans les mêmes coins et on avait juste envie de jouer ensemble pour s’amuser. On a commencé à composer quelques titres, puis rapidement on a cherché un chanteur et c’est là que Ludo, qui joue également dans Trepalium, nous a suggéré d’intégrer Téona, qui se trouve être la femme de Sylvain Bouvier, le batteur de Trepalium. On a commencé à jouer ensemble et ça a tout de suite fonctionné !

– Justement, comment considérez-vous KOUDETA ? Comme un side-project ponctuel, ou est-ce que, plus clairement, votre intention est d’inscrire le groupe dans la durée ?

Notre objectif est bien de continuer à jouer le plus longtemps possible avec KOUDETA et de faire grossir le plus possible le projet. On est d’ailleurs déjà sur la composition du deuxième album !

Photo : Pierre Guerin

– Il émane une énergie très live de votre album, grâce à une proximité sonore évidente. Dans quelles conditions avez-vous enregistré « Koudeta » et sur quelle durée ?

On l’a enregistré durant l’automne 2022 au Nomad Audio en Vendée, le studio de Fabien Guilloteau. On avait maquetté tous les titres durant l’été et on est donc arrivé assez préparé et l’enregistrement s’est fait en une semaine. Il n’a pas été effectué en live, mais bien instrument après instrument, mais sans beaucoup de retouches et sans non plus empiler les couches sonores. C’est de là que vient, à mon avis, le côté live du son de l’album. On avait demandé à Fabien un mix, qui soit assez naturel et vivant et il a réussi à rendre la dynamique sonore que l’on désirait.

– Contrairement à beaucoup de groupes, votre style ne s’inscrit pas spécialement dans un registre précis, mais balaie au contraire de nombreux courants du Metal. C’est parce que vous écoutez tous des choses différentes qu’on perçoit autant d’influences chez KOUDETA ?

Oui, c’est exactement ça. On est tous fans de plein de courants et même de nombreux autres styles musicaux ! Cela va du gros Brutal Death jusqu’au Rock Progressif. On ne s’intéresse d’ailleurs pas tellement aux étiquettes, mais plutôt à la qualité intrinsèque de la musique quand on se penche sur un groupe. Et c’est certain qu’on ne souhaitait pas du tout s’enfermer dans un courant bien délimité, mais plutôt pouvoir exprimer une large palette musicale, d’autant plus qu’on peut compter sur la voix de Téona pour assurer dans un grand nombre de registres !

Photo : Pierre Guerin

– En revanche, il y a un aspect évident sur l’album, c’est qu’il est fortement ancré dans les années 90 et le spectre est même assez large. Beaucoup de nouveaux groupes surtout usent et abusent de samples, de boucles et de programmations. Est-ce que KOUDETA avance avec cette formule assez classique pour plus d’authenticité ?

On a tous été bercés par le Metal des années 90 et c’est là qu’on va trouver les principales influences du groupe : Pantera, Morbid Angel, Alice In Chains, Rage Against The Machine, Death pour citer celles qui nous paraissent les plus évidentes. Au niveau sonore, on souhaite en effet conserver une approche assez live et brute avec une formule basse-guitare-batterie, sans samples ou autre couche sonore. On ne s’interdit pas dans de futurs enregistrements d’enrichir la production, notamment avec du travail sur les voix et pourquoi un peu d’autres instruments mais, si c’est le cas, ce seront des titres qu’on ne reproduira pas en live. Le concept musical du groupe est d’être direct et authentique : notre son doit sortir des amplis, pas d’un ordinateur !

– Téona est géorgienne et plusieurs chansons sont très explicites au sujet de la Russie sur l’album. Au-delà de cette relation directe, est-ce que vous considérez KOUDETA comme un groupe engagé, ce qui se fait d’ailleurs de plus en plus rare en France ?

Certains textes ont effectivement une portée politique, mais KOUDETA est avant tout un projet artistique et le moyen d’exprimer nos émotions, nos frustrations, nos ressentis… Lorsqu’on évoque la politique, il s’agit avant tout d’exprimer ce qu’on a dans les tripes et dans le cœur sur ces sujets-là, comme lorsqu’on parle d’autres sujets non-politiques. La chanson « Bastard », qui parle de l’impérialisme russe et des conséquences sur la Géorgie ou l’Ukraine, n’a pas pour objectif d’avoir un quelconque impact politique, mais simplement de permettre à Téona de cracher la rage que lui inspire cette situation. Notre musique exprime ce qu’on ressent dans nos vies au quotidien, et la politique en fait partie, mais KOUDETA n’est pas pour autant un groupe qui se définit comme engagé politiquement.

Photo : Pierre Guerin

– Depuis quelques années, et c’est une très bonne chose, de nombreux groupes comptent une frontwoman dans leurs rangs. Est-ce que chez KOUDETA, c’était une volonté dès le départ, ou la question ne s’est même pas posée et Téona s’est imposée comme une évidence ?

Rien de prémédité là-dedans, on cherchait un chanteur et on savait que Téona avait un super potentiel, que ce soit au niveau musical ou scénique, et qu’elle avait un registre vocal assez large. Mais pour nous, garçon ou fille, ça n’a pas d’importance. Ce qui compte, c’est que ça marche aussi bien humainement que musicalement !!!

– Enfin, et malgré votre expérience personnelle et individuelle, KOUDETA fait partie de cette nouvelle vague de groupes Metal français sans complexe et il faut bien reconnaître que la scène hexagonale ne s’est jamais aussi bien portée, tant dans ses multiples talents que sur le nombre. Quel regard portez-vous là-dessus et votre envie est-elle aussi de vous exporter à courts ou moyens termes ?

C’est super que le Metal français commence à être présent à l’international et on aurait évidemment très envie de pouvoir défendre l’album à l’étranger !

Le premier album éponyme de KOUDETA est disponible chez Klonosphere.

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France Psych Rock 70's

Komodrag & The Mounodor : chimère psychédélique [Interview]

Si vous avez déjà vu KOMODRAG & THE MOUNODOR sur scène, vous pouvez aisément imaginer combien interviewer les sept musiciens en même temps aurait vite tourné au casse-tête. C’est donc un entretien croisé, et séparé, de la dynamique formation bretonne estampillée ‘super-band’ que je vous propose pour parler de ce premier et très bon album « Green Fields Of Armorica ». Il y est question pour les deux groupes de communier leur amour pour le Rock 70’s dans un esprit forcément psychédélique… et joyeux ! Et sans aucune concertation, le septet montre une osmose totale jusque dans ses réponses. Entretien paimpolo-douarneniste avec une formation, qui va très vite devenir incontournable bien au-delà des frontières bretonnes.

– Votre rencontre et votre coup de foudre réciproque ont eu lieu en 2019 et quelques jams ont eu lieu dans la foulée. Quel a été le véritable déclic pour fonder KOMODRAG & THE MOUNODOR, car une aventure pareille ne se fait pas sur un coup de tête, si ?

Komodor : Et si, ça s’est exactement passé sur un coup de tête. Quand nous avons rencontré pour la première fois Camille et Colin, ça a tout de suite été un coup de foudre amical et musical. Le feeling a pris directement pendant qu’on faisait notre première jam ensemble et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il y avait moyen de bien rigoler et de faire du bon gros Rock ensemble.

Moundrag : On avait l’habitude de jammer après nos concerts avec Komodor et l’élément déclencheur a été quand on nous avait proposé d’enregistrer et de filmer une live session. Comme nous venions de sortir une vidéo sur KEXP, nous avons plutôt proposé notre nouveau projet : KOMODRAG & THE MOUNODOR. Le truc marrant, c’est qu’on avait composé les trois morceaux de la live session le week-end précédent !

– Votre premier ‘gros’ concert a eu lieu aux Trans Musicales de Rennes en 2021. Quels souvenirs en gardez-vous, notamment par rapport à vos rôles respectifs sur scène, vos positionnements aussi et le relais et l’échange entre vous et le public ?

Moundrag : Ce premier concert restera gravé dans nos mémoires ! Le public était chaud bouillant et nous étions possédés par les démons du Rock’n’Roll : sept mercenaires au service de vos soirées d’ivresse !

Komodor : C’était un gros challenge et on en garde des souvenirs gravés à jamais : une ambiance de fou, notre première grosse scène devant autant de monde et, surtout, le tout premier concert du groupe. Nous avions eu la chance de travailler en résidence et d’être accompagné par une superbe team afin que tout se passe au mieux.

Le positionnement sur scène s’est fait assez naturellement. Nous sommes sept, donc pour occuper le plateau, ce n’est pas un problème. On était remontés comme jamais avant de jouer. C’était un vrai moment de partage avec le public qui était chaud bouillant et qui avait soif de faire la fête avec nous.

Photo : Erwan Larzul

– Vous sortez aujourd’hui « Green Fields Of Armorica », qui dispose d’une production très organique que l’on retrouve d’ailleurs aussi sur vos albums respectifs. Avez-vous eu envie de travailler un son particulier ? Et comment le travail d’enregistrement s’est-il effectué, car gérer sept musiciens peut vite devenir compliqué ?

Komodor : Ce n’était pas une mince affaire, surtout pour trouver de l’espace pour tout le monde. Nous avons pris parti de retranscrire au mieux le son que nous avons en live, mais avec tous les avantages du studio en termes de production et d’effets.

Les deux batteries, l’orgue et la basse ont été enregistrés live dans une pièce de 15m². On a  joué le plus fort possible pour ressentir cet effet organique. Les guitares et les voix ont été enregistrées séparément après toute la base rythmique. Ce qui a permis de travailler au mieux la spatialisation dans la stéréo et d’avoir un son punchy et aérien au mixage.

Moundrag : Nous avons voulu avoir un son qui se rapproche le plus de notre performance scénique. Nous avons enregistré les deux batteries, la basse et l’orgue Hammond en live, tous les quatre dans une petite pièce. Puis, nous avons rajouté les guitares/overdubs et enfin les voix. Le plus dur a été de trouver une place pour chacun dans le mix. Bravo Goudzou !

Photo : Erwan Larzul

– Est-ce qu’au moment de composer justement, n’avez-vous pas été tentés les uns et les autres d’imposer votre patte en utilisant peut-être des morceaux ou des mélodies que vous aviez déjà chacun de votre côté ?

Moundrag : Tout a été composé pour le groupe. Pour notre part, on est vraiment sorti du Heavy Psych Prog pour proposer des riffs et des chansons plus ‘Pop’. Nous avons vraiment à coeur de différencier les répertoires pour éviter que les auditeurs ne mélangent tout… Même si c’est déjà les cas avec le nom du groupe ! (Rires)

Komodor : On a justement mis les riffs, qui ne correspondaient pas à nos projets respectifs, mais qui nous plaisaient ! (Rires) On s’est quand même donné une ligne directrice en termes d’esthétique musicale, ce qui a permis d’élaborer le set autour de cet univers. L’ensemble des membres a apporté ses influences dans cet album, ce qui a créé une identité indépendante de Komodor et de Moundrag.

– A l’écoute de ce premier album, ce qui est assez étonnant, c’est que l’on ne perçoit pas forcément l’empreinte directe de Komodor, ni de Moundrag de manière significative. Il s’agit véritablement d’un autre groupe. Est-ce que ça a été difficile de vous imposer ça ? Fusionner deux groupes ne débouche pas forcément sur un style aussi personnel…

Komodor : Au contraire, c’est hyper excitant, nous avons tout de suite voulu créer un projet à part entière et qui soit dans une esthétique différente ! Ce n’est pas dans la même veine que nos projets respectifs. Etant à sept dans cette formation, cela nous a permis d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail et composition !

Notre volonté était clairement de recréer un show énergique au plus proche de ce qui pouvait exister à l’époque avec un univers bien ciblé et identifié ! Cela nous permet d’aller creuser encore plus loin dans notre recherche et de comprendre au mieux comment cette époque a marqué toute une génération et un mouvement artistique qui perdure encore.

Moundrag : C’était un choix nécessaire. Nous sommes sorties de nos zones de confort pour proposer un répertoire qui n’empiète pas sur nos projets respectifs. KOMODRAG & MOUNODOR a un répertoire Southern Rock, qui s’est imposé de lui-même. Cela nous permet de faire vivre à côté Moundrag et Komodor sans redite.

Photo : Erwan Larzul

– Est-ce que vous voyez KOMODRAG & THE MOUNODOR comme une sorte de récréation, un side-project qui vous permet de franchir et d’explorer des frontières qui vont au-delà de vos groupes respectifs ? Et lui voyez-vous d’ailleurs un avenir après « Green Fields Of Armorica », en dehors des concerts, bien sûr ?

Moundrag : Au début, on voyait ça comme un side-project, une jam entre copains à la fin des concerts. Mais plus ça va et plus ce groupe prend de l’importance ! On a beaucoup de chance de pouvoir jouer en live ce projet qui demande beaucoup d’investissement avec sept musiciens sur scène. On va déjà défendre en live cet album et on verra ensuite pour un deuxième…

Komodor : C’est une vraie récréation, qui a maintenant pris une tournure ‘plus sérieuse’. Nous vivons tellement de moments incroyables que nous voulons vraiment que cette histoire perdure ! On veut s’exporter, jouer et s’amuser autant que possible ! Dès que nous aurons fini la tournée de cet album, nous avons pour projet de nous pencher sur l’écriture du second opus.

– D’ailleurs, ce projet est assez étonnant dans la mesure où vous avez tous les deux un premier album à votre actif, donc un parcours jusqu’ici assez court. Et cela ne vous a pas empêché, bien au contraire, de vous lancer dans cette nouvelle aventure. Alors aujourd’hui, et respectivement, où est votre priorité ? Komodor, Moundrag ou KOMODRAG & THE MOUNODOR ?

Moundrag : Tous les projets ont autant d’importance à nos yeux. Nous aimons de tout notre coeur le Hard Prog Heavy Psych, donc nous continuerons à défendre ce style, même si KOMODRAG & THE MOUNODOR prend de plus en plus de temps sur l’agenda.

Komodor : Les trois, mon capitaine ! On ne va pas abandonner un seul des trois projets. Chaque groupe se construit avec un public différent. Ça nous tient à cœur de les développer, car nous ne sommes qu’au début de l’aventure pour chacun d’entre eux et la route est encore longue.

Photo : Erwan Larzul

– J’imagine qu’une tournée va aussi arriver et elle va mettre en stand-by vos formations  respectives. Est-ce qu’en parallèle, vous travaillez déjà les uns et les autres sur vos futures réalisations ? Et quand pensez-vous avoir le temps de souffler un peu ?

Komodor : La tournée de cet album ne va pas nous empêcher de tourner avec Komodor, bien au contraire. S’il y a un trou dans l’agenda, on le remplira. D’ailleurs, il y a déjà des dates de programmées pour la saison prochaine ! On veut bouffer du bitume et nous avons encore beaucoup d’endroits à découvrir ! En ce qui concerne Komodor, nous avons déjà entamé le travail de pré-production du prochain album ! Nous voulons battre le fer tant qu’il est encore chaud, et nous avons de belles surprises à annoncer dans les temps à venir.

Moundrag : Effectivement nous travaillons sur le deuxième opus de Moundrag. Pas l’temps d’souffler, quand la tempête arrive ! On se reposera quand on sera mort. D’ailleurs, il nous reste des dates à booker pour cet été.

– Enfin, car on peut tout se dire maintenant : qui tient la culotte dans KOMODRAG & THE MOUNODOR ? Moundrag ou Komodor ?

Moundrag : Ah Désolé, ce sont les Komodor qui portent des culottes, nous on est plutôt caleçons !

Komodor : On sait que les Moundrag vont dire que ce sont eux. On va donc humblement leur donner les codes de la boîte mail, et on va se la couler douce dans le Morbihan !

L’album de KOMODRAG & THE MOUNODOR, « Green Fields Of Armorica », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.

Retrouvez les interviews accordées par les deux groupes lors de la sortie de leur premier album respectif :

Moundrag…

… et Komodor

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Blues Rock

Pacôme Rotondo : l’étoffe d’un futur grand

Avec toute l’énergie que procure un enregistrement en condition live et en trio, PACÔME ROTONDO sort son premier opus et les onze titres de « World Of Confusion » sont aussi bruts qu’ils sont emprunts d’une belle virtuosité. S’il se cherche encore un peu vocalement, le Français présente une évidente maturité dans ses compositions, qui rend son Blues Rock explosif et touchant à la fois.

PACÔME ROTONDO

« World Of Confusion »

(Rock & Hall)

Si les Etats-Unis nous ont régulièrement habitués à l’émergence de jeunes talents en matière de Blues, et de guitare, c’est nettement plus rare chez nous. Alors, ne boudons pas notre plaisir ! Originaire de Roanne, PACÔME ROTONDO sort son premier album, « World Of Confusion », et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il affiche déjà de belles ambitions, un savoir-faire évident et un héritage musical conséquent et assumé, malgré ses 22 ans. Il se montre entreprenant et a fait siennes des décennies musicales qu’il n’a pourtant pas connu.

Dans un esprit assez vintage où l’on devine sans mal les influences très irlandaises de Gary Moore, Rory Gallagher et Thin Lizzy, PACÔME ROTONDO livre un Blues Rock audacieux, sans fioriture et efficace. Entouré du batteur Sacha Fuhrmann et du bassiste Nathan Bechet, la formule en power trio offre une rugosité et une intensité, qui ne faiblissent pas tout au long de « World Of Confusion ». Au chant et bien sûr à la guitare, le songwriter se montre même surprenant dans un style très maîtrisé.

En ouvrant avec le très Southern « Sleep With the Devil », PACÔME ROTONDO prouve qu’il ne manque pas de feeling et le morceau est plutôt bienvenu étant donné le contraste avec la suite. L’Auvergnat penche surtout sur le British Blues comme on peut le vérifier sur « Love Means Life », « Burning Winds », « You’re A Liar » ou « Furies Of pain ». Et il se fait aussi plus délicat sur les power ballades « Dancing Queen » et « I’m Insane », où brille l’harmonica de Fred Brousse. Un premier essai très réussi et convaincant.

Photo Martin Meunier
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Blues

Cat Squirrel : masterclass

C’est dorénavant depuis la péninsule ibérique que Mike Vernon exerce son art, celui du Blues. Aussi intemporel que voyageur, le style de l’Anglais traverse toutes les époques et tous les courants du genre, comme pour en extraire la substantifique moelle. Et avec CAT SQUIRREL, son nouveau groupe, c’est chose faite comme en témoigne « Blues What Am », un vrai disque de baroudeurs.

CAT SQUIRREL

« Blues What Am »

(Dixiefrog/Rock & Hall)

Si ce premier album de CAT SQUIRREL parait si familier, cela ne doit rein au hasard. En effet, la formation a vu le jour à l’initiative et sous l’impulsion du grand Mike Vernon, à qui l’atmosphère espagnole, pays où il réside depuis une vingtaine d’années, semble faire le plus grand bien. Et c’est tout naturellement qu’il s’est entouré de cinq bluesmen locaux, et non des moindres, pour créer cette nouvelle entité et sortir ce « Blues What Am », qui apparait comme un concentré délicat de la carrière du Britannique.

Pour rappel, Mike Vernon n’est autre que le fondateur du label Blue Horizon et a découvert, produit ou collaboré avec les plus grands, passant de John Mayall à Ten Years After et de Peter Green à David Bowie ou encore Elmore James. Garant de l’esprit du British Blues Boom, le chanteur et songwriter établit pourtant de belles passerelles entre le Blues du Delta, le Swamp, le Boogie, le Shuffle, le Rock ou le Swing. Et CAT SQUIRREL saute d’un rythme à l’autre, d’une ambiance à une autre avec une belle élégance.

Entouré des flamboyants Kid Carlos (guitare), Mingo Balaguer (harmonica), Oriol Fontanals (contrebasse) et Pascoual Monge (batterie), Mike Vernon démontre qu’il a toujours de la voix et surtout de l’inspiration. Sur plus d’une heure, le quintet présente 14 morceaux, dont quatre reprises, notamment celles de Big Bill Broonzy et Jimmy Reed. De Chicago au Royaume-Uni, CAT SQUIRREL nous balade avec une joie non-dissimulée dans un monde où le Blues est roi et où le Blues sourit constamment.

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Alternative Metal France

Smokeheads : la force tranquille [Interview]

Affichant une insolente maturité trois ans seulement après sa création, SMOKEHEADS devrait sans mal se faire une belle place sur la scène hexagonale. En effet, l’Alternative Metal du quatuor marie la puissance du genre avec des touches Stoner très Heavy et des mélodies entêtantes. Après l’EP « Never Pick My Pickles ! », les Français viennent de sortir leur premier album, « All In », irrésistible d’un bout à l’autre. En attendant de prendre la route pour le défendre, David Zamora, guitariste et chanteur, nous parle de cette belle aventure et des envies du combo. Entretien.

– Il y a deux ans, on vous découvrait avec l’EP, « Never Pick My Pickles ! » et vous voici de retour avec « All In », votre premier album. Que s’est-il passé durant ce laps de temps et, avec le recul, pensez-vous qu’un format court était une étape nécessaire pour SMOKEHEADS ?

Ces deux ans sont passés très vite… j’ai presque du mal à y croire. Il s’est passé pas mal de choses en fait. Etant donné que nous ne sommes pas des musiciens pros, nous avons dû intégrer beaucoup de choses dans nos calendriers privés. Toute la partie composition et enregistrement des maquettes nous a pris beaucoup de temps. Il a aussi fallu faire des sessions d’écoutes individuelles, puis en groupe, pour parler de ce qui nous plaisait ou pas, puis faire des retouches régulièrement jusqu’à trouver la bonne formule avant l’enregistrement définitif. C’est très chronophage, quand on y repense.

A la base, nous voulions sortir un EP uniquement pour le publier sous forme numérique. Le but était d’avoir un support pour pouvoir démarcher pour les concerts. L’accueil qui a été réservé à l’EP nous a fait du bien et nous a conforté quant à la direction que nous voulions faire prendre à notre musique. Aujourd’hui oui, nous pouvons dire qu’il s’agissait d’une étape nécessaire.

– En France, et même si on en écoute, l’Alternative Metal est loin d’être entré dans les mœurs et on compte finalement très peu de groupes. Comment y êtes-vous venus, même s’il y a aussi une forte connotation Stoner chez vous ?

Je suis le dernier membre du groupe à être arrivé. Quand j’ai rejoint SMOKEHEADS, il était prévu que je sois uniquement chanteur. A ce moment-là, nous étions cinq. Il n’y avait pas encore de morceau vraiment écrit. L’un des guitaristes en place s’est effacé, j’ai donc repris la guitare et c’est à ce moment-là que nous avons commencé à vraiment parler de direction musicale. Chaque membre du groupe a ses propres influences.  

Peu de temps avant, je jouais encore dans un groupe de Thrash Death. Les écarts d’âge sont aussi importants. J’ai 18 ans de moins que le plus âgé du groupe… et je ne dirai pas qui c’est ! (rires). Il a donc fallu se trouver des influences communes. On a passé pas mal de temps à écouter les groupes que nous aimions et nos premières compos sont devenues un mélange de tout ça. Nous voulions tous sortir de notre ‘zone de confort’, et c’est ce que nous avons réussir à faire. Certains en allant plus vers le côté Metal et d’autre comme moi en allant plus vers le côté mélodique. Mais pour finir, je crois que nous y avons tous trouvé notre compte, parce nous croyons tous à ce que nous faisons … à fond ! Il n’y pas eu de moment, où nous nous sommes dit que le Metal Alternatif serait le style que nous ferions, c’est venu naturellement. C’est vraiment un mélange de tous les styles que nous aimons tous comme le Progressif, le Stoner, l’Indus, le Symphonique…

– Sur « All In », on retrouve les morceaux de « Never Pick My Pickles ! », ce qui est une très bonne chose, car cela permet de ne rien manquer. Pourquoi avez-vous décidé de les inclure, même s’ils se fondent naturellement dans l’album ?

Au moment où nous avons sorti « Never Prick My Pickles ! », nous avions déjà des morceaux de « All in » en cours d’enregistrement ou de composition. C’était donc plus ou moins le même processus et le même état d’esprit. Cela nous a paru naturel de remettre les morceaux de l’EP dans l’album. C’est aussi pour ça qu’ils se fondent aussi bien, je pense.

– Justement, l’album montre une belle unité tant musicale que sonore. En incluant l’EP, vous êtes-vous calqués sur la production de votre premier effort, ou avez-vous dû aligner l’ensemble en remixant les morceaux, notamment ?

Au départ, avec « Never Prick My Pickles ! », l’idée était surtout d’avoir du matériel à présenter pour de futurs concerts. C’était vraiment les premiers morceaux que nous avions composés en tant que SMOKEHEADS et nous enregistrons tout nous-mêmes. Lorsque nous avons commencé à enregistrer « All in », nous étions exactement dans le même processus de ‘construction’ de nos chansons. Nous avons donc continué à fonctionner exactement de la même manière. La différence entre les quatre premiers morceaux et les suivants se situe plus dans les arrangements puisque, pendant les premiers enregistrements, nous avons beaucoup appris. Nous avons donc fait évoluer nos techniques. Au moment du mixage, nous avons décidé de rester dans la même dynamique et avec l’ingé-son, qui avait déjà fait l’EP. Nous avons juste remasterisé légèrement les premiers titres pour que tout soit au même niveau.

– SMOKEHEADS propose un style direct et massif où les mélodies sont très présentes également. Il semble y avoir un tel souci d’efficacité que vous ne laissez rien au hasard. Pourtant, vos morceaux sont loin d’être formatés et sont même assez longs. Quel est votre processus d’écriture car, finalement, certains titres peuvent très bien se prêter à de savoureuses jams ?

Pour « Never Prick My Pickles ! », nous avions commencé l’écriture avant le Covid. Nous étions encore dans le format classique de composition, je dirais. David Carmona (guitariste – NDR) ou moi-même, ramenions des idées de riffs ou des petites maquettes en répétition et nous faisions des tests en faisant parfois des ‘jams’ justement. Ensuite, quand nous nous sommes retrouvés confinés, nous avons continué à chercher des idées chacun de notre côté, mais en allant beaucoup plus loin. Les maquettes ont commencé à être beaucoup plus abouties avec l’écriture de morceaux complets.

Pour finir, c’est ce processus-là qui a été retenu. Cela nous permet désormais d’avoir une vue d’ensemble du morceau et de pouvoir le torturer à l’envie. Ensuite, nous retournons chez nous pour faire les changements décidés, ou alors nous les faisons ensemble, mais en mode studio. Cela nous permet de pouvoir prendre plus de recul. Nous pouvons laisser de côté un morceau et revenir dessus plus tard sans risquer de s’en lasser rapidement. Cela nous permet de le laisser mûrir jusqu’à trouver le bon arrangement, ou faire une modification sur un passage où nous buttions.

– Il y a une base et une énergie très Rock sur « All In », même si le Metal domine. Comme je le disais plus haut, il y a des touches de Stoner et même quelques sonorités Grunge. L’ensemble sonne très actuel et pourtant, vous ne faites pas appel à des samples et vous ne prenez pas de direction Nu Metal ou MetalCore comme beaucoup. C’est dans un esprit d’authenticité, ou plus simplement parce que vous ne vous reconnaissez pas dans cette branche de l’Alternative Metal ?

Comme je te le disais plus haut aussi, nous avons tous des influences très diverses, mais c’est vrai que Nu Metal et le MetalCore n’en font pas vraiment partie, même s’il nous arrive d’en écouter. Nous avons tout de même intégré des claviers ou des arrangements classiques. Notre style s’est construit assez naturellement au fil des compositions. Pour certains morceaux, ils n’ont jamais réussi à dépasser le stade de maquette, parce qu’ils ne sont pas dans l’esprit que le groupe s’est construit inconsciemment. La sélection s’est faite très naturellement. Je pense que nous n’avons pas non plus cherché à éviter les styles. Dans certains cas, il m’arrive d’avoir envie de faire un morceau à la façon de certains groupes, mais de finir complètement à l’opposé. A un moment donné, lorsqu’il a fallu définir quel musique nous faisions, nous n’avons pas su nous-mêmes le trouver ! (Rires) Je pense que le Metal Alternatif nous va bien, parce que c’est finalement un croisement de différents courants. Nous avons la chance d’évoluer dans un registre musical tellement riche !

– Lorsqu’on écoute vos morceaux, trois choses retiennent l’attention : les riffs, les lignes vocales et le groove, qui est omniprésent. Sur quelles bases partez-vous pour construire vos titres ? La voix ou plutôt la guitare, qui tient une place prépondérante ?

Les guitares sont quasiment toujours ‘la’ base de départ. Les claviers peuvent également l’être aussi. C’est toujours la voix qui arrive en dernier. Nous passons beaucoup de temps avec Phil (Brarda, batteur – NDR) à écrire les textes et à chercher les lignes de voix. Pour certains morceaux, nous avons dû passer par 4 ou 5 enregistrements différents avant de trouver la bonne ligne, les bons placements et le bon texte. Cela peut prendre facilement jusqu’à trois mois de travail. Pour d’autres titres, les lignes sont arrivées comme des évidences, il n’a fallu que quelques retouches et nous étions tous d’accord. Je dirais qu’en moyenne, la répartition est de 40% pour les guitares, 40% pour les voix et 20% pour le reste.

– Vous avez la chance d’être situés au croisement de la France, de la Suisse et de l’Allemagne, ce qui multiplie les opportunités de concert. De quelle manière comptez-vous procéder ? Car si nul n’est prophète en son pays, le public allemand et helvète est peut-être plus réceptif à l’Alternative Metal que le français, non ?

Très bonne question ! J’avoue que nous ne nous la sommes pas vraiment posé. Nous sommes beaucoup plus proches de la Suisse que de l’Allemagne. Alain (Zahno, bassiste – NDR) est de nationalité suisse et il y vit également. Naturellement, nous allons chercher des contacts et des concerts de l’autre côté de la frontière. Nous avons déjà des contacts avec des organisateurs helvètes, et ce sera avec plaisir que nous irons nous y produire si nous recevons des propositions. Nous avons aussi très envie de jouer en France. D’ailleurs, nous avons envie de jouer partout ! (Rires). Nous sommes encore un très jeune groupe et le peu de concerts que nous avons eu l’occasion de donner étaient en France. Le public nous a très bien accueilli et était très réceptif. Nous avons bon espoir de recevoir un accueil identique ailleurs en France, et nous espérons que le public sera au rendez-vous avec le même enthousiasme.

– Enfin, à quoi allez-vous vous atteler à court et à moyen termes ? La promotion de « All In » et/ou vous produire le plus possible, car un tel album mérite d’être défendu sur scène, tant il déborde d’énergie ?

Notre but est bien sûr de chercher des dates de concerts partout, justement pour pouvoir promouvoir notre album directement sur scène. Après plus de trois ans à le composer, il est temps maintenant de le défendre et de nous présenter au public en espérant qu’il l’appréciera. Nous sommes aussi déjà dans un processus d’écriture de nouvelles compositions. Quand l’inspiration vient, il ne faut surtout pas se priver. Notre but actuel est d’aller défendre « All in » partout où ce sera possible, tout en composant tranquillement son successeur.

L’album de SMOKEHEADS, « All In », est disponible chez Wormholedeath Records.

Retrouvez aussi les chroniques du premier EP et de l’album :

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Psych Stoner Doom

Rocky’s Pride & Joy : le bal des fantômes

C’est une réalisation hantée que proposent les Australiens de ROCKY’S PRIDE & JOY avec « All The Colours Of Darkness », sorte de plongeon dans les ténèbres sur un son imposant où se croisent le Doom Metal et le Stoner Psych dans une harmonie morbide, mais tout sauf repoussante. Au contraire, le groove méchamment puissant vient habillement faire contraste avec une voix lointaine, des riffs agressifs et des rythmes organiques et très nuancés. Une belle découverte.

ROCKY’S PRIDE & JOY

« All the Colours of Darkness »

(Electric Valley Records)

Il semblerait que cette maison de chemin de fer maudite en photo sur la pochette, nichée dans la banlieue ouest d’Adélaïde, soit le point de départ de l’inquiétante aventure de ROCKY’S PRIDE & JOY. S’y sont passés des évènements morbides, des rencontres paranormales, des rites occultes, des actions violentes et c’est ce qui a inspiré Brenton Wilson (guitare, chant), Jessi Tilbrook (batterie) et Dominic Ventra (basse). Et ces trois-là sont tellement soudés que l’onde de choc qui secoue ce premier album est assommante, particulièrement vibratoire et dotée d’une interprétation musclée.

En place depuis 2020 et après de nombreux concerts dans son Australie natale, le trio est fin prêt pour se livrer sur huit titres où son Stoner Doom pose une empreinte singulière et originale. Déjà perçue sur les singles « Time’s Up » et « Future Sell » à ses débuts, la démarche de ROCKY’S PRIDE & JOY ne consiste pas seulement à tout écraser sur son passage, elle se révèle bien plus fine et complexe que ça. Certes, les riffs saturés de Fuzz ne manquent pas d’épaisseur, la rythmique est d’une lourdeur absolue, mais le groupe laisse parfois entrer la lumière.

Simple de prime abord, la musique du combo ne brille pas seulement par son efficacité, mais aussi par les détails qui donnent beaucoup de relief aux arrangements de « All The Colours Of Darkness ». ROCKY’S PRIDE & JOY déploie soigneusement sa noirceur avec une dynamique infaillible (« Red Altar », « Revenge », « Crawl », « Tunnel Vision », « Your Hell », « Pure Evil »). La batteuse/cogneuse mène la formation avec force pour nous embarquer dans un univers presque désertique, où l’acoustique « Lucifer’s Lullaby » vient apporter un peu de douceur (!) sur ce très bon premier opus.

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Heavy Rock Power Rock Rock Hard

Heavy Water : business family

Même s’il est le fils d’une légende du Heavy Metal, Seb Byford n’entend pourtant pas marcher dans les pas de son père musicalement. Cela dit, il est parvenu à l’embraquer dans l’aventure HEAVY WATER loin de l’institution Saxon. Avec « Dreams Of Yesterday », l’ambiance est plutôt Rock, même si quelques sonorités assez Old School et un brin Hard Rock émanent de ce deuxième effort rondement mené par le mythique frontman et sa progéniture.

HEAVY WATER

« Dreams Of Yesterday »

(Silver Lining Music)

Si le rapprochement artistique père/fils qui a donné lieu à « Red Brick City » il y a deux ans en pleine période de Covid, il semblerait que la Byford Family ait décidé de récidiver et d’inscrire HEAVY WATER dans le temps. Même si Biff a depuis sorti « Carpe Diem » et le navrant « More Inspirations » avec Saxon, le duo créé avec le fiston n’a pas été un one-shot, puisque les revoilà avec « Dreams Of Yesterday », un deuxième album varié et solide, dans la lignée du premier.

A la guitare et au chant, Seb paraît toujours tenir la boutique avec force et talent, Biff assurant la basse et les chœurs avec son inimitable timbre de voix. Loin de son Heavy Metal habituel et même s’il avait laissé entrevoir d’autres registres sur les deux non-essentiels opus de covers de Saxon, c’est assez surprenant de le retrouver dans certains styles abordés sur « Dreams Of Yesterday ». Mais il ne fait que tenir la basse sur HEAVY WATER… et d’ailleurs cela s’entend !

Le groupe a trouvé ses marques et même s’il se cherche encore un peu, une empreinte et une identité commencent à se dessiner. Très ancré dans les années 80 et 90, HEAVY WATER rappelle autant Led Zeppelin que Soundgarden ou Alice In Chains et penche sur des titres assez nerveux dans un Rock Hard classique, bluesy parfois, alternatif et légèrement Stoner (« Another Day », « Be My Savior », « Don’t Take It Granted », « Castaway »). Un peu éparse, mais très soudé !

Photo : Steph Byford

Retrouvez la chronique du premier album :