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Southern Rock

Duane Betts : southern legacy

Chez certains artistes, l’héritage familial peut avoir un effet pesant et paralysant. Il n’en est rien pour DUANE BETTS à qui cela aurait plutôt tendance à donner des ailes et de l’inspiration. Avec « Wild & Precious Life », il s’affirme dans un registre qu’il maîtrise à la perfection et qu’il contribue de belle manière à entretenir. Le songwriter a grandi au son du Southern Rock paternel et il livre ses compositions avec le plus grand des naturels.

DUANE BETTS

« Wild & Precious Life »

(Royal Potato Family)

Fils de l’immense Dickey Betts, co-fondateur du légendaire Allman Brothers Band, DUANE BETTS affiche aujourd’hui un très beau début de carrière. Après avoir joué avec Blackbone69 et Whitestarr, il a monté le Allman Betts Band avec Devon, fils de l’autre fondateur et le duo a sorti deux brillants albums, « Down To The River » et « Bless Your Heart ». En 2018, le guitariste avait sorti un EP, « Sketches Of American Music », et il est aujourd’hui de retour avec un premier long format.

C’est justement entouré des musiciens du Allman Betts Band, Johnny Stachela à la guitare, Berry Duane Oakley à la basse, le claviériste John Ginty et avec le batteur Tyler Greenwall en complément, que DUANE BETTS a enregistré « Wild & Precious Life ». Et, par ailleurs, le tout a été élaboré et mis sur bande au Swamp Raga Studio de Derek Trucks et Susan Tedeschi à Jacksonville en Floride. Les conditions étaient donc idéales et réunies pour réaliser un pur et bel album de Southern Rock.

L’Américain enchaîne les morceaux positifs et ensoleillés, où les twin-guitares sont légions et rayonnent. La slide se fond dans des refrains entêtants et DUANE BETTS réserve encore quelques surprises. La chanteuse Nicki Bluhm apparait pour un instant Country sur « Colors Fade », Derek Trucks livre un beau solo sur « Store At The Sun » et Marcus King rivalise d’audace sur « Cold Dark World ». Et on retiendra aussi « Evergreen », « Waiting For A Song » et le génial « Saints To Sinners ». Une belle respiration !

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Joanna Connor : solaire

Généreuse et entière, JOANNA CONNOR ne fait pas que jouer du Blues : elle le vit. Pour preuve, une discographie enflammée et un jeu qui ont fait d’elle une guitariste hors du commun. Sur « Best Of Me », elle a laissé beaucoup de place à des bluesmen qui rendent encore plus magiques des morceaux plein de nuances et d’euphorie et qu’elle guide de sa voix envoûtante et de sa slide débridée.

JOANNA CONNOR

« Best Of Me »

(Gulf Coast Records)

Lorsque j’ai interviewé JOANNA CONNOR il y a deux ans alors qu’elle sortait son 14ème album, « 4801 South Indiana », sur le fraîchement créé label de Joe Bonamassa, KTBA Records, j’avais découvert une chanteuse et une guitariste dotée d’un feeling et d’une énergie phénoménale. La native de New-York, installée à Chicago depuis des décennies, prenait alors un envol mérité en se plaçant au sommet des Charts Blues US pendant un bon moment et en récoltant de multiples récompenses.

Dans la foulée, on l’avait même vu faire une courte, mais explosive, apparition dans le film « Deep Water » (à voir d’ailleurs !) avec Ben Affleck l’an dernier. S’en était suivi une flopée de concerts et on retrouve aujourd’hui JOANNA CONNOR sur le label Gulf Coast Records, ce qui peut sembler étonnant vu l’essor de celui de l’homme au costume. Et sur « Best Of Me », l’Américaine est toujours aussi pétillante avec ce côté sauvage et irrésistible qui a fait sa réputation. 

Et quoi de mieux que d’inviter quelques amis pour montrer le ‘meilleur d’elle’ ? JOANNA CONNOR a donc convié les guitaristes Joe Bonamassa, Josh Smith, Gary Hoey et Mike Zito et le feu d’artifice est majestueux. L’harmonica de Jason Ricci fait aussi des merveilles et l’unité affichée par tout ce beau monde montre une passion commune et surtout une envie de partager cette joie si communicative et authentique. La reine de la slide fait vibrer sa Gibson comme jamais !

Photo : Maryam Wilcher

Retrouvez l’interview de JOANNA CONNOR :

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Blues Rock France Southern Blues

Laura Cox : lumineuse et naturelle [Interview]

Et si ce troisième album de la chanteuse, guitariste et compositrice LAURA COX n’était finalement pas celui de la maturité ? Après un nombre incalculable de concerts, celle qui a toujours livré un Hard Blues teinté de Southern propose avec « Head Above Water » un disque authentique, à l’équilibre parfait et solide et montre une grande confiance, notamment vocalement. La Française a franchi un cap, c’est une évidence, en réalisant un disque plus posé et plus roots aussi. Entretien avec la virtuose.

Photo : Ugo

– Notre dernière interview date d’octobre 2020 lors d’un concert en Bretagne (salle Cap Caval à Penmarc’h – 29) et c’était le dernier avant l’interdiction. Et tu me disais que le Covid avait tué ton deuxième album. Depuis, tu as repris le chemin des concerts. Quel bilan tires-tu finalement de « Burning Bright » ?

Oui, on a été beaucoup freiné dans la promotion. L’album est sorti en novembre 2019 et ensuite, on a tourné jusqu’en mars seulement alors qu’on était en pleine lancée. C’est vrai que la vie du deuxième album a été un peu étrange. Mais on a beaucoup joué depuis l’année dernière et on a pu continuer à le faire vivre, mais tout a été un peu décalé. Le cycle des concerts a été très étrange aussi et c’est donc assez difficile d’en tirer un bilan. On l’a joué comme on a pu, mais je sens, comme les gens, qu’on a besoin d’un peu de fraîcheur, de nouvelles chansons… Et cet album va faire du bien à tout le monde !  

– J’ai eu le plaisir de te voir au dernier ‘Hellfest’, pour bien commencer la journée, et tu nous as servi un set époustouflant. Toi qui es vraiment une artiste de scène, quel souvenir en gardes-tu, surtout après des mois très compliqués pour tout le monde ?

En fait, le ‘Hellfest’, on a eu le temps de s’y préparer, car on avait été programmé fin 2019 et ensuite cela a été reporté, reporté… Donc, j’ai eu le temps de le voir venir ! Mais c’était comme un rêve. Cela faisait des années que j’en rêvais ! C’était aussi un peu étrange, car j’y vais en tant que festivalière depuis 2010 et j’avais un peu l’impression d’être chez moi, à la maison, mais cette fois, c’était de l’autre côté : du côté artiste. Et l’accueil a été bon et on s’est éclaté malgré la chaleur. C’est un super souvenir, même si tout est passé très vite, puisqu’on a joué une trentaine de minutes. Et j’espère que ce ne sera pas notre dernier !

– Juste pour conclure sur ta prestation à Clisson, comment est-ce qu’on prépare un set dans des conditions comme celles-ci, à savoir une grande exposition et un passage assez court finalement ?

C’est vrai que c’est un show qu’on a vraiment préparé différemment. On a sélectionné les chansons les plus pêchues, parce qu’on sait très bien que les gens ne s’attendent pas à avoir 30 minutes de ballades. D’habitude, le set n’est pas construit comme ça, mais on joue très rarement aussi peu de temps. On y a mis toute notre énergie, même si on n’a pas trop nuancé en envoyant principalement des titres très Rock. On voulait quelque chose de dynamique, qui arrive à maintenir le public en haleine. Il y avait aussi quelques titres du nouvel album qu’on avait joué en avant-première. Rapide et efficace, au final !

– Parlons maintenant de ce très bon « Head Above Water » que tu es allée enregistrer à nouveau au mythique Studio ICP de Bruxelles en Belgique avec Erwin Autrique et Ted Jensen. L’ambiance devait être explosive pour ce troisième album après une telle attente, non ? Ou est-ce qu’au contraire tu étais plus sereine et détendue ? Ou les trois !?

J’étais assez sereine au final. L’enregistrement du premier album (« Hard Blues Shot » – NDR) avait été un peu compliqué, car je manquais de confiance en moi et l’ambiance n’était pas non plus super, car on avait eu des soucis techniques. Maintenant, plus ça va et plus tout se passe bien. On a travaillé dans la bonne humeur en étant studieux et productif, même si on s’est aussi beaucoup amusé. Je savais que j’étais bien entourée, que l’ambiance était bonne  et puis, on n’avait pas rodé les chansons sur scène comme d’habitude, non plus. Elles étaient plus fraîches, plus spontanées, moins préparées et je pense que ce n’est vraiment pas un mal pour du Rock. Parfois, on a tendance à passer trop de temps sur une chanson et on se perd. J’ai abordé tout ça très sereinement en sachant aussi que ce ne serait pas de tout repos, parce qu’on avait deux semaines bookées et il fallait enregistrer tous les instruments additionnels que j’avais mis, les différentes pistes de guitares : il y avait quand même un peu de monde sur l’enregistrement. J’avais fait un petit planning et on était bien organisé.     

– D’ailleurs pour rester sur l’enregistrement, beaucoup d’artistes de Blues rêvent d’aller enregistrer aux Etats-Unis ou même en Angleterre. Tu n’as pas été tenté par une aventure outre-Atlantique pour « Head Above Water » ? 

En fait, mon label (Verycords- NDR) m’a proposé de repartir à l’ICP et comme cela s’était très bien passé pour le deuxième album (« Burning Bright » – NDR), il y avait un côté rassurant aussi, car je connais bien l’ingé-son, je connais bien le matos et l’accueil est très bon. C’est un super studio ! Je me sentais bien de revenir, car je savais qu’ils nous attendaient et où on allait enregistrer aussi. A un moment, je voudrais sûrement chercher d’autres sonorités, d’autres expériences. En tout cas, pour celui-là, on le sentait bien de le faire là-bas.

– Le titre de l’album en dit long sur ton état d’esprit à travers ces onze nouveaux titres, et pourtant c’est peut-être ton album le moins rageur, ce qui ne veut pas dire le moins fougueux ! Comment tu l’expliques ? Son écriture pendant le Covid peut-être ?

C’est ça ! Pour cet album, je voulais quelque chose de moins Hard, j’en avais un peu marre de crier tout le temps ! (Rires) Pendant le Covid, je suis partie au Portugal où j’ai composé la majorité des chansons près de l’océan. Je pense que ça a joué sur l’ambiance. Je voulais un album Rock et assez énergique, mais un peu moins dans le côté sombre et Hard. C’est ce que j’ai essayé de faire et je pense aussi qu’il me ressemble un peu plus. Le travail de compos était assez différent puisque, géographiquement, je n’étais pas au même endroit donc on a beaucoup moins travaillé ensemble. Quand je suis revenue, on a tout réarrangé en répétition et Mathieu (Albiac- NDR) a aussi apporté beaucoup de riffs et d’instrumentaux sur les morceaux les plus Hard, mais pour le reste, j’ai beaucoup plus travaillé en solo.  

– Justement, je le trouve beaucoup plus Blues dans son ensemble et légèrement moins Rock dans l’approche. Il y a des aspects très roots avec notamment un banjo plus présent et de la slide aussi. Ca vient d’un désir d’explorer plus en profondeur toutes ces façons de faire sonner les cordes pour offrir un rendu peut-être moins massif ?

Oui, c’’est quelque chose que j’avais déjà un peu commencé à explorer avec le banjo, qui était beaucoup plus discret, sur les autres albums. J’ai eu envie de pousser ça un peu plus, car j’adore les instruments un peu Bluegrass. J’ai ajouté un peu de banjo, de la lap-steel et c’est quelque chose qui me plait vraiment de mixer toutes ses influences. C’est quelque chose que je pense garder comme ligne directrice pour les prochains disques. Je vais continuer à creuser dans cette direction.

Photo : Le Turk

– Pour avoir beaucoup écouté « Head Above Water », il a une sensation de road-trip qui règne sur l’album avec une dynamique qui ralentit un peu parfois, mais sans jamais s’arrêter. On fait un bon bout de route sous des cieux assez cléments et enjoués. C’était l’intention de départ ?

Oui, un peu à la façon d’un voyage. J’avais envie qu’on se plonge un peu là-dedans avec un trame directrice. Comme tu dis, il y a des plans un peu plus doux, mais j’avais envie de l’imaginer comme on le faisait à l’époque, qu’on l’écoute en entier et pas en choisissant les chansons à l’unité. Je l’ai pensé comme ça, effectivement. En tant qu’auditrice, c’est aussi comme ça que j’écoute la musique. J’aime bien écouter les albums dans leur intégralité, plutôt que de sélectionner des chansons.

– On est complètement d’accord ! Le streaming, je ne sais même pas ce que c’est…

(Rires) C’est pratique, mais ça a beaucoup moins de charme, c’est vrai. Je préfère acheter un album pour avoir le contenu physique entre les mains. Un disque, tu le regardes, tu le découvres… C’est aussi un voyage visuel et pas seulement musical.

– Vocalement aussi, on te sent plus apaisée et plus féminine aussi, dans le bon sens du terme. Si la guitare reste ton terrain de jeu favori, est-ce que tu as plus travaillé ta voix sur cet album pour qu’elle soit autant mise en avant et avec autant de variété ?

Justement, j’ai arrêté de me dire que je voulais chanter comme telle ou telle chanteuse et j’y suis allée naturellement en me disant comment est-ce que je sentais les choses. Je n’ai pris aucune référence sur les chansons et tout ça est sorti très naturellement. Je pense aussi que j’ai gagné en expérience et en confiance en moi. Et vocalement, tout a été plus simple que sur les précédents. Je pense aussi que c’est parce que je m’affirme de plus en plus.

– Un petit mot aussi sur cette pochette, presqu’iconique, sur laquelle tu arbores une belle Les Paul Junior. Il y a un petit côté ‘figurine’ légèrement en contraste avec l’album. Comment s’est effectué ce choix ? Car on connait l’importance d’une pochette d’album…

En fait, je ne pensais pas partir dans cette direction, j’avais d’autres idées en tête. On a fait un shooting et quand le photographe a regardé ses photos et regardé tout ce qui avait été fait, il s’est arrêté sur celle-ci. Il m’a dit qu’elle était simple, que la posture était bonne, qu’elle en imposait tout en restant sobre et il est parti là-dessus. Moi, je n’étais pas sûre. On en a parlé avec le label et tout le monde a été unanime. Et finalement, j’en suis contente, car cela reste simple et ça laisse aussi un peu de mystère, car les gens qui ne me connaissent pas ne savent pas forcément à quoi s’attendre. Il y a la guitare qui donne une indication, mais ça donne aussi envie d’écouter, car tu te demandes un peu quel style de musique tu vas avoir ! (Rires)

– Enfin, j’aimerais te poser une question au sujet de Joe Bonamassa qui vient de créer son label, KTBA Records, et qui enchaine les signatures. Déjà, est-ce que vous vous connaissez et est-ce qu’ensuite une telle aventure avec un grand monsieur du Blues comme lui te tenterait ? Ne serait-ce que pour bénéficier d’une exposition internationale…

On ne s’est jamais côtoyé, mais je sais qu’il a vu mon nom passer et qu’il m’a cité sur des forums par rapport à des vidéos que je postais. Je l’adore, c’est l’un de mes guitaristes préférés et techniquement peut-être même le meilleur. Mais je ne te cache pas que je suis chez Verycords depuis mes débuts, et earMusic pour l’international maintenant, et ça se passe vraiment bien. J’espère continuer avec eux, mais on pourrait collaborer avec Joe Bonamassa sous d’autres formes comme des premières parties, par exemple, se voir plus en live et en tournée. Et c’est vrai que cette visibilité côté américain serait très bienvenue.

Depuis, LAURA COX est annoncée sur la croisière « Keeping The Blues Alive At Sea Mediterranean III » du 17 au 22 août prochains entre la Grèce et la Croatie à bord du Norwegian Jade et sera entourée de grands noms du Blues… comme quoi ! 

« Head Above Water » est disponible chez Verycords/earMusic.

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Blues Rock Southern Blues

Troy Redfern : slide guitar master

Grâce à son producteur Dave Marks, qui a notamment travaillé avec Hans Zimmer, et à la grande qualité des studios Dulcitone en Angleterre, le talent de TROY REDFERN éclabousse littéralement « The Wings Of Salvation », par ailleurs masterisé aux Studios d’Abbey Road. La fougue des riffs, la folie de sa technique du slide et un chant plus assuré que jamais font du songwriter britannique l’une des pépites du Blues Rock nerveux actuel.

TROY REDFERN

« The Wings Of Salvation »

(Red7 Records)

Musicien plus que prolifique, TROY REDFERN sort son septième album en l’espace d’un peu plus de deux ans. Déjà éblouissant sur « The Fire Cosmic ! », l’Anglais remet ça avec « The Wings Of Salvation » qu’il a composé et entièrement enregistré en moins de cinq semaines. Pourtant, cet homme de tous les records montre sur ce nouvel opus une fraîcheur incroyable que l’on doit aussi à une instantanéité étonnante.

Ayant grandi en écoutant les artistes marquants du Rock et du Blues des années 70 et 80, TROY REDFERN possède une singulière touche vintage aussi chaleureuse que musclée. Doté d’un jeu à l’énergie explosive, le songwriter évolue dans un Blues Rock solide où quelques touches de Hard Rock viennent côtoyer un Southern Rock endiablé dans lequel la guitare donne le ton et tient le premier rôle.

Grand joueur de slide, le Britannique va à l’essentiel, mais sans négliger les détails, dans une certaine urgence et avec beaucoup de spontanéité, sa marque de fabrique. Gonflé à bloc, TROY REDFERN est aussi redoutable au chant qu’à la guitare et dégage un groove permanent (« Gasoline », « Sweet Carolina », « Come On », « Dark Religion »). Et avec cette nouvelle réalisation, il se hisse parmi les meilleurs du genre. 

Photo Adam Kennedy

Une fois n’est pas coutume, et je veille au grain, découvrez le clip du morceau « Sweet Carolina » :

https://www.youtube.com/watch?v=_ppvjxf5hVg

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Blues Rock

Boogie Beasts : la bête ronronne

L’union fait la force et les Belges de BOOGIE BEASTS l’ont bien compris. Le quatuor, en plus de réconcilier Wallonie et Flandre, fait le lien entre le Blues traditionnel du Mississippi et un épais Rock très contemporain. Le Blues Rock très Psych et profond de ce troisième album, « Love Me Some », prend aux tripes et libère.  

BOOGIE BEASTS

« Love Me Some »

(Donor Productions/L’Autre Distribution)

Brut et sensuel, la Musique du quatuor belge groove et électrise sur ce troisième album où le Blues du Delta se serait pris les doigts dans la prise. Mi-flamand, mi-wallon, BOOGIE BEASTS se présente également avec un line-up assez atypique, où un harmonica volcanique a pris la place de la basse. Pour le reste, la guitare, la batterie et le chant mènent le jeu.

Sur un fuzz envoûtant, une slide bien grasse et des rythmiques un brin Psych, BOOGIE BEASTS fait la jonction entre un Blues traditionnel et une énergie très moderne et directe. Bien aidé par une production vibrante, « Love Me Some » résonne et claque, grâce à un son qui sort de l’ordinaire et qui offre un relief et une profondeur unique à l’album.

Le Blues Rock langoureux des Belges tient aussi sa particularité dans une inspiration et un univers qui traversent les âges, mais également à travers des textes à l’humour contagieux (« Bring It On », « Get Away », « Run You Down »). Dans un esprit jam, BOOGIE BEASTS a trouvé sa voie depuis trois albums avec une belle constance (« Like A Snake », « A Girl Like You »). Addictif !

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Blues

Slim Paul : docteur feelgood !

La musique de SLIM PAUL vient du cœur et s’en va directement toucher l’âme. Deuxième album pour le Toulousain dans sa nouvelle vie d’artiste après des années au sein de Scarecrow pendant plus d’une décennie. C’est dorénavant en trio avec des musiciens dont la complicité paraît tellement naturelle que le chanteur, guitariste et songwriter lance une invitation Blues très apaisante à travers ce « Good For You », dont la production est d’une justesse remarquable.

SLIM PAUL

« Good For You »

(Regarts/Old Pot Records/L’Autre Distribution)

En l’espace d’un album, « Dead Already » (2018), SLIM PAUL s’est forgé une belle réputation an arpentant les scènes de France, d’Europe et aussi d’Amérique du Nord. Autant dire qu’en si peu de temps, le musicien n’a pas beaucoup quitté sa guitare et n’a pas non plus lâché son micro. Cela dit, le Français n’est pas un nouveau venu, loin de là… car l’aventure a commencé il y a une quinzaine d’années.

C’est surtout avec son groupe déjà atypique, Scarecrow, qui mélangeait Blues et Hip-Hop, que SLIM PAUL s’est aguerri avant de s’envoler pour les Etats-Unis comme pour mieux s’imprégner de la musique qui lui colle à la peau : le Blues. C’est de cette expérience que va naître son premier album, qui voit arriver Jamo (batterie) et Manu Panier (basse), dorénavant compagnons de route.

En cette triste et longue période, « Good For You » tombe à pic et en plus de rendre le sourire apporte chaleur et réconfort. Electrique ou acoustique, Blues ou Gospel, Slide ou dobro, le Toulousain est lumineux (« When You Keep On Groovin », « Amazing you », « Tess And I »). Parfois plus sombre et féroce (« Bury Me Deep »), SLIM PAUL reste optimiste, sincère et plein d’humour (« Log Dog Blues »). Exaltant, endiablé et très touchant !

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Blues

When Rivers Meet : les petites rivières font les grands fleuves

Avec une évidente complicité, les Anglais de WHEN RIVERS MEET font se rencontrer un grand nombre de courants Blues, explorant ainsi une grande partie du registre. Avec ce « We Fly Free » très accompli et inspiré, le duo montre une énergie et une inspiration de chaque instant. Et l’avenir devrait largement sourire au couple.

WHEN RIVERS MEET

« We Fly Free »

(One Road Records)

Unis à la ville comme à la scène, Grace et Aaron Bond sortent un premier album aussi généreux qu’ambitieux. Dans un Blues Rock rugueux un brin vintage, « We Fly Free » présente des morceaux aux racines multiples allant du Pays de Galles à Chicago sans escale. WHEN RIVERS MEET fait justement la jonction entre les branches de la grande famille du Blues, et le voyage est pour le moins dépaysant.  

Si le duo a pu s’aguerrir sur deux EP, « The Uprising » et « Innocence Of Youth », c’est un véritable brûlot que nous livrent les Anglais avec cet album. Alternant une incandescence Rock (« Did I Break The Law », « Bound For Nowhere », « Walking On The Wire ») avec des titres plus sensibles (« I’d Have Fallen », « I Will Fight », « Friend Of Mine »), WHEN RIVERS MEET est renversant au fil des morceaux.

Avec Grace au chant, à la mandoline et au violon et Aaron au chant avec en main une guitare très Heavy Blues Slide, le duo offre un registre détonnant et au son très analogique. Le grain des six-cordes combiné aux harmonies vocales rend la touche de WHEN RIVERS MEET très personnelle et originale avec même quelques sonorités Southern (« Take Me To The River », « Bury My Body »). De la dynamite !

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Blues International

Joanna Connor : au nom du groove [Interview]

Une signature sur le label de Joe Bonamassa, qui produit et joue sur l’album, un groupe de classe mondiale et un jeu tout en feeling, il n’en fallait pas plus à la chanteuse et guitariste JOANNA CONNOR pour se retrouver en tête des Charts Blues américains. « 4801 South Indiana Avenue » vient grandir le Blues de Chicago, grâce à une prestation hors-norme, une slide sauvage et groovy et une empreinte vocale saisissante. Rencontre avec cette artiste qui vit un rêve éveillé…

Photo : Margaret Speed

– Avant de parler de ce très bon nouvel album, j’aimerais que tu retraces ton parcours. Tu es née à New-York, a grandi dans le Massachusetts et musicalement tes influences se situent du côté de Chicago. Comment es-tu venue à la musique, au chant et à la guitare ?

Ma mère était une mélomane passionnée. Elle m’a initié au Jazz, au Blues, à la Funk, au Rock, au Gospel, à l’Afro-Pop et au Reggae toute mon enfance. Je continue cependant de croire que la muse m’a choisi. J’ai été fasciné par la musique toute ma vie. Je chantais constamment à la radio ou sur ma chaîne Hi-fi et je m’imaginais sur une scène. Ma mère m’a offert une guitare à 7 ans, j’ai chanté dans les chœurs d’école à partir de 4 ans et ensuite j’ai joué du saxophone de 12 à 20 ans. J’étais fasciné par le Blues de Chicago. Je voulais désespérément étudier tous les grands maîtres et faire partie de cette culture. J’ai donc finalement déménagé là-bas à 22 ans.

– Peu de temps après ton arrivée à Chicago, tu as joué avec les plus grands avant de fonder ton propre groupe. C’est une vraie bénédiction d’être ainsi intronisée, non ?

Ce fut une véritable bénédiction, la meilleure et la plus fructueuse façon de faire. J’ai été extrêmement privilégié d’avoir reçu une éducation musicale et un enseignement aussi riches. Cela n’a cependant pas été facile tout le temps. Mais en regardant en arrière, ce sont certains de mes mentors qui ont été les plus durs. Ils m’ont appris le plus musicalement et m’ont endurci. Toute cette expérience a fait de moi la musicienne que je suis aujourd’hui. Je pense que c’était un grand avantage, car cela m’apporté plus de caractère que je n’aurais pu en avoir si je n’avais pas déménagé à Chicago. Cela m’a également donné une connaissance approfondie de la façon dont se joue le Blues de l’après-guerre.

– Dès le départ, tu as mené de front le chant et la guitare. C’est indissociable selon toi ?

Il y a des chanteurs qui vous épateront juste en chantant. Et il y a des instrumentistes qui ont du génie. Mais faire les deux est absolument merveilleux. J’ai commencé comme chanteuse qui jouait de la guitare rythmique. Et sans me vanter, j’étais une sacrée guitariste rythmique et cela m’a donné une excellente base. Mais je me sentais incomplète. Je voulais avoir un jeu plus expressif.

Photo : Allison Morgan

– Parlons de ce nouvel album et tout d’abord de son titre « 4801 South Indiana Avenue », qui est lourd de sens. Tu nous expliques un peu ?

C’est l’adresse d’un des clubs les plus importants de l’histoire du Blues : le Theresa’s Lounge, au sud de Chicago. Les plus grands y ont joué : Howling Wolf, Muddy Waters, Buddy Guy, JR Wells. Je m’y suis produite trois fois avant sa fermeture. C’était un endroit sympa et un peu difficile même. Mais il y avait une grande énergie, une atmosphère et une mémoire musicale dans ces murs.

– L’album sort sur le label de Joe Bonamassa, KTBA Records. Il l’a produit avec le grand Josh Smith. Un beau duo qui offre un son très organique et presqu’analogique. Comment l’enregistrement s’est-il passé ? J’imagine que ce doit être un vrai plaisir de travailler avec des gens si exigeants ?

Travailler avec deux musiciens d’une telle compétence était un rêve. J’étais nerveuse au début… très nerveuse même ! Mais la musique jouée par ces musiciens fantastiques était si puissante, si expressive et avec tellement de groove que j’ai juste lâché prise, puis joué et chanté avec mon cœur. Toute la session a vraiment spéciale d’un bout à l’autre. Quelque chose en moi savait que nous faisions tous quelque chose qui allait avoir un impact.

– Tu as dit que Joe Bonamassa avait fait ressortir le meilleur de toi, qu’il t’avait demandé de repousser tes limites. De quelle manière cela s’est-il concrétisé ?

Il savait ce qu’il voulait et il a été très direct. Joe a également utilisé un humour assez sec pour faire valoir ses arguments et j’ai apprécié cela. J’avais, et j’ai toujours, énormément de respect pour lui en tant qu’artiste et maintenant aussi en tant que producteur, donc cela m’a inspiré. Joe m’indiquait quel type d’attaque ou quel feeling il voulait que je fasse passer sur les solos de guitare. Il a choisi l’ampli et les guitares sur lesquels jouer. Il m’a peint des scénarios fictifs, lorsque je chantais pour me faire comprendre la chanson et son émotion. Il a également chanté pour moi, montrant comment il voulait que j’utilise ma voix sur chaque morceau. J’ai tellement appris et je pense que nous avons réalisé ensemble ce dont chaque titre avait besoin.

Photo : Maryam Wilcher

– Sur l’album, tu es aussi accompagnée d’un groupe de classe mondiale. Peux-tu nous le présenter ? Il y a un feeling incroyable entre vous…

Le groupe était tellement incroyable. Les musiciens ont été si sensibles les uns les autres et aussi très polyvalents, fougueux, syncopés et sensuels. Tout ce que nous avons joué a été un pur délice. J’ai particulièrement été époustouflé par Reece Wynans. C’est un dieu du clavier ! Quel honneur de jouer avec lui et quelle histoire il a eu notamment avec Stevie Ray Vaughan! C’est un rêve devenu réalité que de jouer avec lui. Avoir aussi Joe Bonamassa et Josh Smith aux arrangements des chansons et jouant de la guitare tout au long de l’album a été vraiment fantastique ! C’était le paradis de la guitare. J’ai aussi beaucoup aimé le bassiste Calvin Turner et le batteur Lemar Carter, qui jouent avec les meilleurs bluesmen. Ils ont jeté une base brûlante à la musique qui m’a également donné l’impression d’être à Chicago avec mon groupe.

– Enfin j’aimerais que tu parles de ton jeu de guitare, et notamment de la façon dont tu joues de la slide. C’est une pure folie ! Il en dégage tellement de force et d’émotion…

Si vous ne jouez pas avec passion et intensité sans cherchez à communiquer ce qu’il y a en vous, alors pourquoi vous jouer ? Quand je prends une guitare, elle fait partie de moi. Nous sommes connectées. Je ressens également des sentiments très intenses, de l’agressivité et de la passion qui sortent de moi à travers l’instrument. Par ailleurs, en tant que guitariste femme, je sens que je dois prouver quelque chose et jouer aussi dur et ardemment qu’un homme. Certaines musiciennes sont trop passives. Je ne veux pas juste « être bonne pour une fille » comme on dit… vraiment pas.

– Encore bravo pour ce très bel album, Joanna. Il est d’ailleurs actuellement et logiquement numéro 1 des Charts américains de Blues et j’espère vite l’entendre en live… !

To all my fans in France, je t’aime.

Et pour se procurer ce petit bijou :

https://jbonamassa.com/albums/2021/joannaconnor/4801/

Retrouvez aussi la chronique de l’album :

https://rocknforce.com/joanna-connor-wild-slide-woman/

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Blues

Joanna Connor : wild slide woman

Produite par Joe Bonamassa, qui joue également sur deux titres de ce nouveau petit bijou, la chanteuse et guitariste JOANNA CONNOR déverse un Blues plein d’émotion et d’une énergie incroyable. Accompagnée par un groupe de classe mondiale, l’Américaine irradie de son talent les dix morceaux de « 4801 South Indiana Avenue », qui est d’une élégance totale. Un must !

JOANNA CONNOR

« 4801 South Indiana Avenue »

(KTBA Records)

Présente depuis les années 80 sur la scène Blues de Chicago, on ne présente plus JOANNA CONNOR, l’une des reines incontestables du Blues Rock et surtout une virtuose de la slide. Toujours très bien entourée, l’Américaine s’est adjoint les services d’un groupe hors-norme pour son 14ème album, le premier sorti sur le label indépendant de Joe Bonamassa, qui produit avec Josh Smith ce magnifique « 4801 South Indiana Avenue ».

Tirant son titre d’un haut lieu du Blues et Funky de Chicago, l’atmosphère qui se dégage de ce nouvel album de la songwriter est juste exceptionnelle. Soutenue par le claviériste Reese Wynans (SRV), du bassiste Cavin Turner, du batteur Lemar Carter et d’une session cuivre renversante, JOANNA CONNOR explose et tire des sons incroyables de sa Gibson. Toute aussi puissante vocalement, elle rayonne sur les dix morceaux.

Dominant les débats sur « Destination », « For The Love Of A Man » ou « I Feel So Good », la guitariste livre une prestation à la hauteur de sa réputation : fougueuse, dynamique et intense. Honky-Tonk sur « Come Back Home », pleine d’émotion sur « Bad News » en hommage à Luther Allison et presque psychédélique sur « It’s My Time », JOANNA CONNOR livre un vrai chef- d’œuvre, qui s’annonce comme un futur classique du genre. 

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Blues

Selwyn Birchwood : éclatant de vérité

Remarqué dès ses débuts pour sa technicité et surtout son feeling, le guitariste et chanteur américain SELWYN BIRCHWOOD brille une fois encore sur ce troisième album, « Living In A Burning House », au groove et à l’originalité imparable. Accrocheur et sensible, le bluesman se veut très contemporain, tout en respectant l’héritage de ses aînés, et affiche une touche très personnelle.

SELWYN BIRCHWOOD

« Living In A Burning House »

(Alligator Records)

Après avoir été le guitariste de Sonny Rhodes, SELWYN BIRCHWOOD s’est lancé en solo en 2014 avec « Don’t Call No Ambulance », puis «  Pick Your Poison » deux ans plus tard. C’est sur le prestigieux label Alligator Records que le Floridien livre son troisième album, gage de la qualité et du talent du musicien. Et produit par Tom Hambridge (Buddy Guy, Susan Tedeschi), « Living In A Burning House » est une fois encore très relevé.

Brillamment accompagné par le saxophoniste baryton Regi Oliver, l’expérimenté batteur Philip Walter, le bassiste Donald Wright et Walter May aux claviers, SELWYN BIRCHWOOD fait parler le groove et son feeling à travers un Blues teinté de Rock et de Soul. Joueur de lap steel, on retrouve ce son si particulier au fil de l’album, apportant beaucoup de fraîcheur à des morceaux d’une énergie folle et d’une grande authenticité.

Influencé par Buddy Guy, Muddy Waters et Jimi Hendrix, l’Américain a parfaitement réussi à se créer une réelle identité, très identifiable grâce notamment à sa voix grave, son jeu virevoltant et un humour très présent. Sur une belle dynamique, SELWYN BIRCHWOOD distille ses morceaux avec une envie communicative et contagieuse (« Freaks Come Out At Night », « Can’t Steal My Shine », « I Got Drunk Laid And Stoned », le morceau-titre et « Mama Knows Best », un duo endiablé avec Diunna Greenleaf). Réjouissant !