Lorsqu’on dispose d’un tel voisinage, il serait dommage de ne pas lui proposer de venir poser quelques notes, et même un peu plus, sur son nouvel album. Et même si elle s’en sort toujours très bien toute seule, c’est ce qu’a fait MICHELLE MALONE en invitant quelques amis musiciens appartenant, par un heureux hasard, au gratin de son Sud natal. Entre Country-Soul, Americana Rock et Roots Rock, la chanteuse passe en revue des chansons dynamiques et positives comme des moments plus poignants avec une grande classe.
MICHELLE MALONE
« Southern Comfort »
(SBS Records)
Musicienne accomplie et indépendante, MICHELLE MALONE livre son seizième album en trois décennies de carrière au service d’une vision très personnelle de la musique américaine. Originaire d’Atlanta en Georgie, elle a forgé son style dans un Americana authentique, où se fondent naturellement le Blues, la Country et le Rock. Forte de caractère, elle a même créé à l’aube des années 2000 son propre label, SBS Records, qui lui offre une totale liberté artistique épanouissante et très perceptible.
MICHELLE MALONE ne manque pas de soutien et ses amis sont aussi nombreux que prestigieux. Assurant bien sûr le chant, les guitares (électriques et acoustiques), la mandoline et l’harmonica, elle a écrit, ou co-écrit, la moitié de « Southern Comfort ». Ce sont Dean Dillon, Eliot Bronson et Gary Stier qui apportent leur talent aux autres morceaux. Pour autant, l’ensemble est très homogène et identifiable entre des titres bien relevés et très Rock et de belles ballades avec une approche vocale Country irrésistible.
Entourée de la crème des musiciens du Sud américain, on retrouve Charly Starr et Paul Jackson de Blackberry Smoke, Rick Richards des Georgia Satellites, Will Kimbrough et Buddy Miller de Spy Boy d’Emmylou Harris et quelques autres encore. « Southern Comfort » est éclatant dans le songwriting et MICHELLE MALONE enchaîne les chansons avec la passion et la sensibilité qu’on lui connait (« Like Mother Like Daughter », « One Track Mind », « Wine And Regret » et le morceau-titre). Brillant… encore une fois !
Il est tellement actif qu’on pourrait très bien imaginer MYLES KENNEDY être à court d’idées ou d’inspiration. L’homme possède, c’est vrai, un agenda très, très rempli. Or, avec « The Art Of Letting Go », c’est tout le contraire que vient démontrer le musicien de Boston. Car ce troisième effort en solitaire, loin du feu des projecteurs essentiellement braqués sur ces projets en groupe, est de loin son meilleur. Complet et virtuose, ce nouvel opus est d’une justesse de chaque instant. Généreux et authentique, dans sa musique comme dans ses textes, le songwriter atteint une maturité artistique guidé par un fort tempérament.
MYLES KENNEDY
« The Art Of Letting Go »
(Napalm Records)
Il y a des artistes dont les albums solos dépassent très nettement ceux qu’ils font en groupe, et MYLES KENNEDY fait définitivement partie de ceux-là. Tout semble si naturel et évident lorsqu’il est seul aux commandes qu’on a presque le sentiment qu’ailleurs, il est freiné. Que ce soit avec Slash & The Conspirators ou même avec Alter Bridge (le meilleur des deux !), il est méconnaissable dans sa façon d’écrire. Alors, bien sûr, chacun choisira ensuite dans quel rôle il le préfère. En tout cas, pour tout amateur de Rock/Hard US, ses productions sont toujours limpides et lumineuses. Ici encore, ses parties de guitare et son chant prennent subitement un nouvel éclat et une saveur toute personnelle.
Cette fois encore, « The Art Of Letting Go » est l’œuvre d’un maître artisan. MYLES KENNEDY est littéralement au sommet de son art. Si sa voix développe une force toujours très maîtrisée, capable notamment d’envolées surpuissantes, les parties de guitares sont elles aussi d’une incroyable richesse. Entre ce déluge de riffs aux sonorités tellement variées qu’il surprend à chaque morceau et des solos toujours aussi bien sentis, le musicien se met littéralement au service de ses chansons. S’il en fait beaucoup, il n’en fait jamais trop et les artistes de ce calibre se font très rares. Il n’y a ici aucune course à la surenchère. L’efficacité est son moteur… et il ronronne.
Accompagné des fidèles Zia Uddin à la batterie et Tim Tournier à la basse, le trio s’engouffre dans un Rock/Hard US souvent bluesy et toujours très solide. Et cette formule fait mouche que ce soit dans les moments les plus forts et implacables (« The Art Of Letting Go », « Say What You Will », « Mr Downside »). Et quand MYLES KENNEDY laisse parler ses émotions, on monte encore d’un cran dans un Rock universel qui parait si naturel (« Miss You When You’re Gone », « Save Face », « Nothing More To Gain »). Et malgré un ensemble très ample doté d’un volume incroyable, le chanteur sait jouer sur la corde sensible avec beaucoup de sincérité (« Behind The Veil » et surtout « Eternal Lullaby »). L’énergie et la beauté !
Retrouvez la chronique de son album précédent, « The Ides Of March » :
En revenant à un son plus rentre-dedans et plus ‘sauvage’, HOUSE OF LORDS semble avoir choisi la bonne voie, celle d’une certaine réhabilitation auprès d’un public un brin nostalgique de ses débuts. En effet, « Full Tilt Overdrive » présente une belle dynamique avec un accent mis sur les guitares, histoire de se rappeler ô combien Jimi Bell est un musicien plein de feeling et de fougue. Le combo américain repart de bonnes bases, déjà posées sur le précédent opus et c’est une bonne nouvelle !
HOUSE OF LORDS
« Full Tilt Overdrive »
(Frontiers Music)
HOUSE OF LORDS fait partie de ces nombreux groupes californiens qui se sont fait connaître grâce à des débuts discographiques époustouflants… Chose qu’on ne voit plus beaucoup de nos jours. En 1988, avec son premier album éponyme, il avait fait plus qu’attirer l’attention dans le petit monde du Hard Rock. Des morceaux hyper-fédérateurs et très mélodiques, mais tout de même suffisamment puissants pour rivaliser avec les plus nerveux de l’époque. La suite a été assez chaotique avec de nombreuses turbulences internes, qui ont mené à un bal incessant d’allés et venues dans ce line-up devenu par la force des choses très fluctuant.
Il ne reste aujourd’hui que son emblématique frontman, James Christian, de la formation originelle et pourtant HOUSE OF LORDS reste toujours aussi identifiable. Composé depuis « Saints And Sinners » (2022) du guitariste Jimi Bell, du claviériste et compositeur Mark Mangold et du batteur suédois Johan Koleberg, une unité artistique semble être retrouvée, ainsi qu’une envie d’avancer ensemble. C’est en tout cas qui ressort à l’écoute de « Full Tilt Overdrive », dont la production assez brute et directe se veut beaucoup plus organique et puissante. Et le quatuor, dans cette configuration, parait également beaucoup plus inspiré.
Vocalement irréprochable, James Christian n’a rien perdu de son charisme et reste l’un des meilleurs chanteurs du genre. Fidèle à lui-même en quelque sorte. La petite surprise vient peut-être des guitares, nettement plus en valeur qu’habituellement, relayant légèrement les claviers au second plan. Même s’il reste toujours très mélodique, HOUSE OF LORDS renoue avec ses racines Hard Rock grâce aux riffs et aux solos costauds d’un Jimi Bell en pleine forme (« Bad Karma, « Talking The Fall », « Crowded Room », « Full Tilt Overdrive » « You’re Cursed » et l’épique « Castles High » et ses neuf minutes). Rafraîchissant et tonique !
Basé entre le Delaware et Philadelphie, le combo de la côte est américaine poursuit sa déferlante Metal et se montre même infernal dans sa façon de se renouveler depuis sa création. C’est peut-être d’ailleurs la conséquence d’un renouvellement de musiciens régulier. Avec « Renewed By Death », HIGH REEPER prend un tournant Heavy, tout en restant fidèle à un Stoner Metal profond, viscéral et teinté de Doom. Court, mais sulfureux, ce nouvel effort devient réellement addictif au fil des écoutes.
HIGH REEPER
« Renewed By Death »
(Heavy Psych Sounds)
A moins qu’il ne se cherche encore ou que l’expérimentation soit son champ préféré d’investigation musicale, HIGH REEPER parvient une fois encore à surprendre avec ce troisième opus, où il prend une nouvelle direction. Cependant, les Américains n’ont pas pour autant totalement délaissé leur épais Stoner Metal, ils y ont simplement apporté quelques modifications dans son orientation. Moins ancré dans le Doom Old School de leurs débuts, c’est le tranchant d’un Heavy Metal un brin vintage également qu’ils sont allés cueillir.
Après plusieurs changements de line-up depuis 2016, espérons aussi que « Renewed By Death » soit enfin l’album de la stabilité, puisque HIGH REEPER avance à l’unisson dans un Heavy Stoner Metal vigoureux et particulièrement massif. C’est d’ailleurs son lead guitariste, Shane Trimble, qui a enregistré, mixé, masterisé et produit cette nouvelle pépite. La dynamique et l’équilibre sont imparables et offrent une puissance et une robustesse à ces 35 (trop !) petites minutes, qui défilent malheureusement en un éclair.
Plus sombre dans son contenu, « Renewed By Death » reflète l’ambiance de la scène Heavy américaine des 80’s/90’s avec, bien sûr, un regard neuf, moderne et avec une interprétation véloce. Rangé derrière son solide frontman Zach Thomas, HIGH REEPER opère un beau virage, se montre écrasant et musclé (le Doom n’est jamais loin !) et le duo de guitaristes rivalise de riffs racés sur une rythmique bouillonnante (« Alluring Violence », « Broken Upon The Wheel », « Jaws Of Darkness », « Torn From Within » et le morceau-titre). Fulgurant !
Boostée au Boogie Blues et à un Blues Rock rugueux, la rencontre discographique entre JD SIMO et LUTHER DICKINSON est aussi explosive qu’on pouvait l’espérer. Sur un groove très roots et une volonté électrisante de se réapproprier quelques classiques, ils se relaient tour à tour au chant et surtout s’échangent d’incendiaires solos de guitare. Changeant les riffs, bousculant les structures des morceaux et le faisant avec une joie palpable, les deux Américains jouent avec ce patrimoine musical intemporel avec beaucoup de respect sur ce trépidant « Do The Rump ! ».
JD SIMO & LUTHER DICKINSON
« Do The Rump! »
(Forty Below Records)
Certaines connexions sont si naturelles qu’elles donnent lieu à des instants presque magiques. Cela dit, on peut se dire que ça doit faire un moment qu’ils se tournent autour, tant l’alchimie est totale et la fluidité très électrique. Tous deux artistes solo, sidemen, ainsi que songwriters avec des airs de guitar-heros, JD SIMO et LUTHER DICKINSON affichent à eux deux un parcours incroyable. Le premier s’est illustré seul, et aussi en studio avec Jack White et Chris Isaak, et son alter-ego avec North Mississippi Allstars, The Black Crowes et John Hiatt. Chevronnés et aguerris, le duo connait son sujet sur le bout des doigts.
Et par un heureux hasard, il se trouve aussi qu’ils partagent les mêmes goûts musicaux et les mêmes références, parmi lesquelles le Hill Country Blues, le Spiritual, le Swamp Rock et un Afrobeat très funky. Autant dire que les bases et les fondations sont solides et lorsque l’on connait en plus le feeling et la technique de JD SIMO et de LUTHER DICKINSON, il n’y a aucun doute sur ce qu’ils sont capables de produire ensemble. Et sur ce point-là, « Do The Rump ! » est un modèle du genre et une démonstration de réinterprétation hors-norme. Car il s’agit ici de reprises, et pas de n’importe qui…
Enregistré en live dans le home-studio de JD SIMO à Nashville et avec Adam Abrashoff derrière les fûts, « Do The Rump ! » est aussi spontané qu’instinctif. Le trio s’est donc fait très plaisir, oubliant les overdubs, en reprenant quelques standards… à sa façon ! Et si l’on sent de l’amusement sur cette première collaboration, il y a aussi beaucoup d’application et surtout un savoir-faire imparable. LUTHER DICKINSON et son compère offrent un lifting étonnant et une tout autre lecture à de morceaux signés John Lee Hooker, Junior Kimbrough, JJ Cale ou RL Burnside… Et c’est jubilatoire !
Un pied dans la Soul Rock et l’autre dans un Americana Bluesy, ABBY BRYANT a trouvé sa voie et donne surtout de la voix sur ce deuxième album aux sonorités agréablement rétro. Très bien écrites, les dix chansons de « Glowing » dévoilent une artiste accomplie très créative et qui a vraiment soigné sa deuxième réalisation. Egalement à la guitare, elle incarne une nouvelle génération qui n’a pas froid aux yeux et qui fait preuve d’audace dans ses choix artistiques.
ABBY BRYANT & THE ECHOES
« Glowing »
(Independent)
Trois ans après le très bon « Not Your Little Girl » sur lequel la chanteuse avait déjà présenté un univers très personnel, « Glowing » est la suite attendue d’un répertoire affirmé et de plus en plus convaincant. D’ailleurs, elle s’est entourée de la même et brillante équipe pour prolonger cette belle aventure. Produit par Adam Schools de Widespread Panic, également à la basse, ABBY BRYANT retrouve Adam MacDougall (Chris Robinson Brotherhood) aux claviers et John Kimock (Mick Gordon Band) à la batterie.
Basée à Asheville en Caroline du Nord, la musicienne évolue assez naturellement dans un registre marqué par l’atmosphère Southern, où elle déploie un Americana teinté de Soul, de Blues et de Rock. Les saveurs vintage qui émanent des compositions d’ABBY BRYANT se montrent à la fois légères et feutrées, tout en affichant beaucoup de caractère, notamment dans les textes. Les mélodies à l’œuvre sur « Glowing » deviennent vite entêtantes et les références musicales très américaines apportent aussi un côté roots très authentique.
Vocalement irrésistible, ABBY BRYANT chante avec passion et ose nettement plus de choses que sur « Not You Little Girl ». Elle semble vraiment tenir fermement les rênes de ce nouvel opus, et même si quelques singles ont précédé sa sortie, il reste quelques belles surprises à découvrir (« One Year », « How Can I Trust You », « Say The Word », « Sing Me A Song », « No Good »). La frontwoman impose son style avec talent et commence véritablement à s’installer dans le paysage musical avec évidence.
Offrant tour à tour des plages instrumentales planantes et épurées et des moments aux sonorités dont les textures sont intenses et compactes, BLUE HERON a fait de son désert un champ de bataille, qui donne aussi lieu à quelques trêves. Profond et pour le moins vibrant comme vrombissant, il navigue entre Desert Rock, Doom Metal et Heavy Stoner Psych avec tellement de dextérité que « Everything Fades » en devient presqu’obsédant. Le cap du deuxième effort est passé avec brio et une belle énergie.
BLUE HERON
« Everything Fades »
(Blues Funeral Recordings)
L’émergence de BLUE HERON a beau être relativement récente, ces trois dernières années ont été chargées, puisqu’après un single deux-titres en 2021 (« Black Blood Of The Earth »/« A Sunken Place »), les Américains ont enchaîné sur leur lancée. La sortie du premier album, « Ephemeral » (2022), les a menés sur la route un petit moment avant de partager le volume 8 de la fameuse série « Turned To Stone » de Ripple Music avec les excellents High Desert Queen. Et les voici avec un deuxième opus à forte déflagration.
Malgré une pochette quelque peu trompeuse, BLUE HERON nous promène dans son désert du Nouveau-Mexique pour une balade aride. Se situant entre Desert et Stoner Rock, « Everything Fades » est une réalisation un peu plus complexe qu’il n’y parait et surtout beaucoup plus riche. Avec le court morceau d’intro, « Null Geographic », puis le morceau-titre, on est d’abord troublé par le chant de Jadd Shickler qui offre un écho direct et à peine voilé au grand Lemmy. La suite ne s’annonce donc pas forcément légère.
Et en effet, la lourdeur des riffs et celle du duo basse/batterie libèrent une résonance Doom, Heavy et Psych. Très underground dans l’esprit, BLUE HERON semble se laisser aller au gré de ses inspirations, tout en restant fidèle à une ligne directrice très claire. Enivrant et mélodique, le combo flirte aussi du côté du Metal avec beaucoup de subtilité et sur un fuzz bourdonnant (« Swangson », « Dinosaur », « Trepidation », « Clearmountain », « Fight Of The Herron »). Un disque d’une densité musicale incroyable et un trip qui l’est tout autant.
Ayant sillonné l’Europe tout le mois d’août jusque début septembre avec une date au ‘Raimes Fest’, THE GEORGIA THUNDERBOLTS a enfin retrouvé sa mère patrie, où une grosse tournée l’attend à nouveau. Il faut dire que le quatuor a sorti son deuxième album, « Rise Above It All », en plein été et loin des Etats-Unis où il est donc attendu maintenant de pied ferme. L’occasion de revenir sur ce nouvel opus avec, dans l’ordre d’apparition, le batteur Bristol Perry, le chanteur, harmoniciste et pianiste TJ Lyle et le guitariste Riley Couzzort. La formation de Southern Rock a pris beaucoup de volume depuis son premier EP éponyme il y a quatre ans, mais n’a pas pour autant changé ses habitudes. Ils nous en disent un peu plus…
– On sait que le cap du deuxième album est toujours très important pour un groupe. Paradoxalement, « Rise Above It All » est sorti alors que vous étiez en tournée assez loin de vous, en Europe. C’était un choix délibéré ou le fruit du hasard, car ces concerts étaient peut-être prévus de longue date ?
Bristol Perry : En fait, c’est le fruit du hasard. La date de sortie de l’album était fixée depuis un moment. Il se trouve que le seul moment où notre booker à l’étranger, ‘Tres Hombres Tour Support’, avait des dates de libres, c’était au moment de la sortie du disque. C’est tout simplement comme ça que ça s’est passé finalement.
– Est-ce que, justement, le fait d’être loin de votre Georgie natale vous enlève un peu de pression quant à l’accueil de ce nouvel l’album ? Et avez-vous prévu quelque chose de spécial à votre retour au pays ?
Bristol Perry : Non, pas de pression… On a l’habitude de sortir nos albums à un moment donné et défini et c’est ce que nous avions fait. Sans aucun calcul. Oui, nous essayons toujours de faire un concert à domicile comme à chaque fois, et même chaque année, pour rendre l’événement spécial pour nos fans locaux. D’ailleurs, nous commençons également notre tournée américaine la semaine prochaine en démarrant par le nord-est.
– Vous avez reçu les premiers retours sur ce nouvel album surtout sur scène, comment a-t-il été accueilli par le public et vos fans, et quels sont les morceaux qui ont le plus d’impact en concert ?
TJ Lyle : Je pense que l’album a été bien accueilli. Personne ne savait vraiment à quoi s’attendre avec ce nouvel album et depuis sa sortie, nous n’avons reçu que de très bons compliments. Le single « Wait » a vraiment du succès. C’est typiquement la chanson où l’on attrape son partenaire et où l’on danse, ou alors un morceau que l’on écoute tranquillement et où l’on perd la notion du temps. Et « Stand Up » fait bouger tout le monde aussi, parce que c’est un titre très Rock.
– Sur vos deux EP et votre premier album, « Can We Get A Witness », vous aviez présenté un Southern Rock moderne dans la mouvance de l’actuelle nouvelle vague (Blackberry Smoke, Whiskey Myers, Robert Jon & The Wreck, …). Comment aviez-vous vécu ce fort engouement dès vos débuts, ainsi que celui du Southern Rock en général, qui s’ouvre à un nouveau public ?
TJ Lyle : Jusqu’à présent, c’est vraiment génial ! Il y a tellement de groupes de Southern Rock différents et chacun d’entre eux a un son différent et personnel. Et on revient aussi aux racines de tout cela, c’est-à-dire à une musique très organique. Ça a été une belle aventure jusqu’à présent pour nous et surtout d’être considérés dans cette communauté !
– Après une telle entrée en matière et ce beau succès, comment avez-vous abordé l’écriture et la composition de ce deuxième album ? L’idée était-elle de s’en détacher le plus possible ?
Riley Couzzort : Nous avons adopté la même approche que d’habitude, en fait. Nous entrons dans une pièce avec un riff de guitare, un rythme de batterie, une ligne de basse ou une simple mélodie et TJ ajoute ses paroles par-dessus. C’est ainsi que nous avons créé bon nombre des chansons que nous aimons et que nous adorons jouer sur scène.
– « Can We Get A Witness » était très moderne et plus Rock aussi, tandis que « Rise Above It All » a un aspect plus Americana et Blues dans l’ensemble. Votre volonté était-elle de dévoiler une autre facette de THE GEORGIA THUNDERBOLTS, peut-être plus sensible et en élargissant de fait votre spectre musical ?
Riley Couzzort : Nos plus grandes intentions n’étaient pas seulement d’écrire des chansons que nous, en tant que groupe, apprécions et aimons jouer en concert, mais aussi de cibler un public plus Country-Rock avec des chansons ‘plus douces’ sur l’album. Ce sont également de très bons morceaux au niveau des paroles et ils s’accordent bien avec notre musique à mon avis. Je crois aussi qu’il y a des chansons percutantes sur cet album, tout comme sur le premier. Nous n’avons en aucun cas abandonné nos influences Hard Rock et même Metal sur cet album.
– Justement, j’ai été très amusé de lire que « Rise Above It All » contenait trop de morceaux mid-tempos, or c’est l’essence-même du Southern Rock, qui est fondé sur des racines Country, Americana et Blues. Est-ce que l’idée de départ était aussi de revenir aux sources du style ?
TJ Lyle : Nous avons toujours été plus orientés vers nos racines. Nous n’essayons jamais de nous en éloigner, ni de ce que nous sommes en tant que groupe. Nous venons du sud et nous jouons du Rock ! Mais nous jouons aussi du Blues, de la Soul et de la Country. Il est donc naturel pour nous de nous tourner davantage vers nos racines.
– L’album contient aussi deux reprises : « Ain’t Got No Money » de Frankie Miller et « It Ain’t Easy » de Ron Davies. Après avoir réécouté les versions originales, j’ai trouvé assez incroyable la façon dont vous vous les êtes appropriées. On a presque l’impression que vous les avez composé, tant elles se fondent très bien dans l’album. Ce sont des chansons que vous jouez depuis longtemps ? Et comment et pourquoi les avez-vous choisies ?
TJ Lyle : Notre manager Richard Young, qui est aussi membre fondateur de ‘The Kentucky Headhunters’, a eu l’idée d’enregistrer « It Ain’t Easy ». Nous n’avions jamais entendu ce morceau auparavant. C’était donc comme si nous l’écrivions nous-mêmes en le façonnant, afin de pouvoir en faire notre propre version. Sinon, nous jouions « Ain’t Got No Money » depuis un moment déjà avant de décider de l’enregistrer. Ce morceau est si évident pour nous. Frankie Miller est un chanteur-compositeur exceptionnel et il correspond tellement bien à notre son que nous avons décidé de nous y essayer.
– Sur « Rise Above It All » figure « Wait », l’un des plus beaux morceaux de l’album sur lequel vous invitez Kurt Ozan, musicien très réputé de Nashville et connu notamment pour son travail avec Luke Comb. Comment s’est passée cette rencontre et comment avez-vous composé cette chanson ? C’est le fruit d’un travail en commun ?
TJ Lyle : J’ai rencontré Kurt il y a environ 11 ans, quand il jouait avec un gars nommé Michael Ray (grandchanteur et compositeur américain de Country – NDR) ! En fait, nous étions en train de charger leur matériel lors d’un concert pour eux ! C’était fou ! Nous avons ensuite perdu contact jusqu’en 2016 environ. Nous avions un peu plus tard ouvert au ‘Gulf Coast Jam’ pour Luke Bryan, et Kurt avait commencé à jouer avec Luke Combs à ce moment-là. Donc, c’était une belle réunion ! Nous sommes restés en contact et depuis il est l’un de mes grands amis ! Nous avions cette chanson « Wait » et nous avons immédiatement pensé : ‘Et s’il y avait du dobro dessus ?’ Mon premier réflexe a été d’appeler Kurt et il a été à fond tout de suite ! C’est l’un des gars les plus sympas et l’un des musiciens les plus talentueux que j’ai le plaisir de connaître et de considérer comme un ami !
– Pour conclure, malgré votre parcours relativement court, avez-vous le sentiment que THE GEORGIA THUNDERBOLTS a en quelque sorte déjà fait ses preuves et s’est hissé au niveau de cette nouvelle scène du Southern Rock américain ? Pour ma part, j’en suis convaincu…
Bristol Perry : Merci beaucoup ! Je crois que nous avons encore beaucoup à prouver. Nous sommes reconnaissants d’être là où nous sommes, mais nous ne sommes pas encore là où nous voulons être. Nous nous efforçons toujours de progresser à mesure que nous avançons.
Le nouvel album de THE GEORGIA THUNDERBOLTS est disponible chez Mascot Records.
(Photo (5) : Jim Arbogast)
Retrouvez la chronique de « Rise Above It All »…
… Et l’interview du groupe lors de la sortie de « Can I Get A Witness » :
Même si seulement un an sépare les deux volumes de « Dirt On My Diamonds », que l’attente a paru longue ! Il faut reconnaître que le songwriter, guitariste et chanteur avait placé la barre très haut et qu’une suite du même niveau était espérée. Et elle ne déçoit pas, bien au contraire, elle enchante. KENNY WAYNE SHEPHERD, entouré d’un groupe hors-norme, se montre une fois encore très inspiré et l’ambiance des studios de Muscle Shoals ne semble pas y être étrangère. Après ce « Vol. 2 », vous n’aurez qu’une envie : (ré)écouter le « Vol. 1 » !
KENNY WAYNE SHEPHERD
« Dirt On My Diamonds Vol.2 »
(Mascot Label Group)
Cela fait déjà un bon moment que les doutes se dissipent fortement et « Dirt On My Diamonds Vol.2 » vient clore une réflexion commencée il y a longtemps déjà. Je pense donc, et cela n’engage que moi, que KENNY WAYNE SHEPHERD est tout simplement le meilleur bluesman de sa génération. Sa technique, sa dextérité, son feeling et son écriture semblent désormais très au-dessus du lot. Parce qu’il n’élude aucun style, qu’il est aussi pertinent et doué au chant qu’à la guitare, il coche donc toutes les cases. Et ce second volet achève brillamment un cycle créatif entamé l’an dernier avec ses musiciens pour obtenir ce brillant double-album.
En moins de 30 ans de carrière, il s’est montré éblouissant à de très nombreuses reprises, mais c’est surtout cette constance et une régularité infaillible dans la qualité de ses albums, qui font la différence. KENNY WAYNE SHEPHERD ne traverse jamais le désert et son inspiration va même grandissante. Et puis, contrairement à bon nombre de ses confrères, il se met toujours au service des morceaux, et non l’inverse comme tellement d’autres. A l’instar du premier volume, c’est dans les légendaires studios Fame à Muscle Shoals, en Alabama, qu’a été enregistrée cette seconde partie et elle est encore bien compacte avec huit titres chaleureux et enflammés.
Ce n’est donc pas très loin de sa Louisiane natale que le songwriter est allé mettre sur bande les deux « Dirt On My Diamonds ». Comme précédemment, c’est Noah Hunt qui tient le chant principal, même si KENNY WAYNE SHEPHERD ouvre le bal avec le groovy « I Got A Woman » et se montre très attachant sur « My Guitar Is Crying ». On retrouve aussi des cuivres chaleureux (« Watch You Go »), des chansons plus funky (« Pressure ») et une superbe reprise de « She Loves My Automobile » de ZZ Top, élevée par des parties de guitare époustouflantes. Si le premier volume était déjà génial, on peut, sans exagérer, affirmer que celui-ci est encore meilleur. Une prouesse !
(Photo : Mark Seliger)
Retrouvez les chroniques de « Dirt On My Diamonds Vol.1 » et de « Trouble Is…25 » :
L’arrivée du six-cordiste américain Corey Lowery sur la précédente réalisation avait déjà fait beaucoup de bien à SEETHER. Avec « The Surface Seems So Far », les Sud-Africains continuent le virage amorcé, faisant toujours la part belle aux mélodies entêtantes comme aux riffs massifs et bien rentre-dedans. Cette fois, l’entente entre les deux six-cordistes prend réellement toute sa dimension et offre à cette neuvième production une impulsion très subtile, accrocheuse et toujours aussi Heavy.
SEETHER
« The Surface Seems So Far »
(Fantasy Records)
Quatre ans après « Si Vis Pacem, Para Bellum » (2020) suivi de près par l’EP « Wasteland – The Purgatory » l’année suivante, SEETHER nous gratifie d’un nouvel et franchement très bon album. Certes, il se dégage toujours cette atmosphère assez particulière, sombre et mélancolique dans les morceaux du quatuor. « The Surface Seems To So Far » ne déroge donc pas à la règle mais, entre les tourments très présents, se trouvent aussi une luminosité et une fraîcheur musicale qui, paradoxalement, apportent beaucoup de positivité. Et les raisons ne sont pas forcément compliquées à déceler.
Comme souvent, c’est du côté du line-up de SEETHER qu’il faut se pencher. Shaun Morgan (chant, guitare), Dalle Stewart (basse) et John Humphrey (batterie) tiennent toujours la boutique de main de maître et avec la vigueur qu’on leur connait. Alors, c’est à l’éclosion de Corey Lowery arrivé 2019, soit déjà sur l’opus précédent, que l’on doit certainement ce nouvel élan. L’Américain, petit frère d’un certain Clint de Sevendust, prend ici de nouvelles responsabilités et offre un côté aéré aux parties de guitares, qui ne sont contentent plus d’être simplement agressives et dominantes.
Ce n’est pas vraiment un hasard si SEETHER est l’une des formations les plus intéressantes de la scène Alternative Metal/Rock mondiale. Outre la voix singulière de son frontman, une rythmique solide et puissante, c’est surtout le jeu et la complicité entre les deux guitaristes qui fait la différence d’avec leurs homologues américains pour l’essentiel. Car, et même si c’est le cas, le combo de Pretoria ne vise pas forcément le single qui va cartonner. Il reste assez obscur et pourtant si attachant (« Judas Mind », « Illusion », « Walls Come Down », « Try To Heal », « Lost All Control »). Ferme et consistant !