Très attendu par tous les fans de Southern Rock, le sixième opus de WHISKEY MYERS sort enfin alors même que le groupe est en pleine tournée aux Etats-Unis. Créatifs et ambitieux, les Américains sortent le grand jeu sur ce « Tornillo », qui est probablement l’un des meilleurs albums du genre depuis longtemps. Le sextet marie le Rock, la Country et le Blues de leur Texas et renouent avec la magie musicale du sud et des grands espaces.
WHISKEY MYERS
« Tornillo »
(Wiggy Thump Records/Thirty Tigers Records)
Il souffle un vent de liberté sur ce nouvel album de WHISKEY MYERS. Après s’être isolé pendant trois semaines dans les studios Sonic Ranch à Tornillo, petite bourgade frontalière du Mexique au cœur de son Texas natal, le sextet réapparaît avec de nouveaux morceaux à travers lesquels les Américains prennent le risque d’arranger leur Southern Rock de sonorités Motown, Country et Muscle Shoals. Et c’est une riche idée !
Une fois encore autoproduit et diffusé via leur propre label, « Tornillo » montre un nouveau visage de WHISKEY MYERS, celui d’une évidente maturité et surtout d’une notoriété nouvelle assumée. Avec plus d’1,2 millions d’albums vendus, des passages dans des séries comme « Yellowstone » avec et produite par Kevin Costner et des tournées sold-out, les Texans ont pris du galon pour s’imposer durablement comme la relève du Southern Rock.
Avec ce sixième album, Cody Cannon et sa bande repoussent encore un peu plus les limites de leur style en l’enrichissant et en se posant là où on ne les attendait pas , et surtout où d’autres comme Blackberry Smoke n’ont pas osé s’aventurer. D’une grande fraîcheur, « Tornillo » nous emporte dans un trip ensoleillé où les riffs se répondent et les mélodies se figent (« John Wayne », « The Wolf », « Whole World Gone Crazy », « Antioch », « Mission To Mars »). WHISKEY MYERS rayonne… tout simplement !
Unis à la ville comme à la scène, Suzy Starlite et Simon Campbell se sont presque naturellement trouvés pour donner naissance à un Blues Rock riche, varié et terriblement envoûtant. Parcourant avec une grande facilité de nombreux courants en imposant un style bien à lui, le STARLITE CAMPBELL BAND livre son premier album live, où l’on prend la pleine mesure du talent de la bassiste-chanteuse et de son mari guitariste-chanteur. Entretien avec un duo dont les yeux ne cessent de pétiller.
Photo : Paul Husband
– Avant de parler de ce très bon album, j’aimerais que vous nous parliez de votre rencontre aussi musicale que sentimentale en 2012. Le groupe est le fruit d’une très belle connexion à tous les niveaux… Musicalement et techniquement, STARLITE CAMPBELL BAND affiche une belle créativité et une expérience évidente. Quel a été votre parcours respectif avant de fonder le groupe ?
Simon : J’ai commencé à jouer de la guitare à 16 ans et j’ai passé la majeure partie de ma vie immergé dans la musique, une passion qui m’a donné une riche expérience à travers les décennies, les pays et les genres. C’est à 18 ans et je me suis intéressé à l’enregistrement et à la production en travaillant comme guitariste de session et j’adorais être des deux côtés de la barrière. Les personnes, avec lesquelles j’ai appris, ont toutes été formées dans les années 50 et 60, ce qui m’a donné un excellent aperçu de la meilleure façon d’enregistrer de manière vraiment analogique.
J’ai toujours écrit ma propre musique et après les groupes ‘Whitefire‘ et ‘Roadrunner‘, j’ai signé un important contrat d’enregistrement avec Line Records (Polydor Allemagne) en 1989 avec mon groupe ‘Little Brother‘.
Suzy et moi sommes nés au Royaume-Uni. Je suis né à Radcliffe, au nord de Manchester et Suzy à Ross-on-Wye, au centre de l’Angleterre, près de la frontière galloise. Nous avions tous les deux déménagé sur l’île de Man indépendamment et j’ai rencontré Suzy pour la première fois en 2011 par l’intermédiaire d’un ami qui m’a parlé de sa merveilleuse écriture. Puis, Starlite a organisé l’événement de lancement de mon premier album solo « ThirtySix » au Centenary Centre.
Peu de temps après, j’ai monté un groupe de quatre musiciens avec Suzy au chant et à la guitare acoustique appelé ‘Starlite’. Je suis devenu le guitariste électrique du groupe et, collectivement, nous avons apporté une touche plus Rock à la musique. Mettant en avant nos propres chansons originales, le quatuor a écumé le circuit live qui comprenait un ensemble dynamique jusqu’au Mannifest, le plus grand festival en plein air de trois jours de l’île.
Suzy : J’avais étudié les médias et la performance à l’université de Salford et j’avais été avec mes propres groupes, ‘Megiddo’ et ‘Trade’, en tournée dans le circuit Folk et Indie britannique dans les années 90. Quand j’ai commencé à travailler avec Simon, nous étions tellement connectés à tellement de niveaux que nous avons finis par tomber amoureux accidentellement sur scène. Après une romance musicale éclair, nous avons décidé de quitter l’île de Man et de commencer une toute nouvelle vie ensemble. Nous avons donc déménagé en France en 2014 avec Hummock, la bête poilue de Simon, un labrador.
Ce fut une période incroyablement belle et romantique entourée de champs de vignes, dégustant la merveilleuse cuisine française et des vins de classe mondiale. Nous avons commencé à écrire des chansons ensemble, ce qui a vu naître le projet de danse synthétique « Electrolite » dans les années 80 avec le claviériste analogique Mark Cleator. L’EP de trois titres est sorti sur un vinyle 180g 12″ en édition limitée et plus tard, il a été signé chez Ninth Wave Records à New-York, aux États-Unis.
Après sept mois dans la campagne française, nous sommes ensuite partis à la recherche de climats plus chauds et d’une expérience culturelle différente à Valence, en Espagne. Cette année-là a également changé notre vie à bien des égards : nous nous sommes mariés sur les rives du Loch Fyne à Inveraray, en Écosse, et je suis devenu complètement accro à la basse.
Ce n’est que fin 2016 que nous avons décidé de former le STARLITE CAMPBELL BAND et co-écrit notre premier album « Blueberry Pie » en seulement deux semaines.
Photo : Peter Putters
– Vous avez deux albums à votre actif. Vous êtes tous les deux le socle du groupe avec plusieurs musiciens qui gravitent autour de vous. De quelle manière se passe le processus d’écriture ? Vous travaillez tous ensemble, ou est-ce que vous partagez vos idées après avoir composé chacun de votre côté ?
Simon : Suzy et moi écrivons toutes les chansons du groupe et avons la chance de travailler avec de fabuleux musiciens de session. Parfois, nous écrivons indépendamment et d’autres fois ensemble, cela change tout le temps. Ce qui nous intéresse le plus, c’est l’art et le processus d’écriture des chansons et de répondre aux besoins de celle-ci, afin qu’il n’y ait pas d’ego impliqué. Nous avons un plaisir compétitif très léger.
Suzy : Comme nous faisons tout nous-mêmes, depuis l’écriture, le jeu, l’enregistrement, la production, le marketing, les relations publiques ou la démarche pour caler les concerts, nous avons tendance à réserver du temps pour l’écriture. Nous sommes actuellement dans l’un de ces cycles et travaillons sur de nouvelles compositions pour élargir l’étendue de notre palette musicale et d’écriture.
– Vous êtes originaires de l’île de Man et pourtant votre Blues ne sonne pas totalement anglais. Il y a beaucoup d’influences diverses et notamment américaines. Habituellement, le British Blues est très identifiable et même souvent revendiqué. C’est un choix délibéré ou c’est dû à la variété de votre culture musicale à tous les deux ?
Notre écriture est basée sur des influences musicales de nombreux pays. Bien sûr, les États-Unis sont le berceau du Blues, du Jazz et de la Country, qui influencent la plupart des musiques occidentales. Nous accordons beaucoup d’attention à la musique folklorique de différents pays, en particulier l’Afrique, le Royaume-Uni, l’Europe et bien sûr la péninsule ibérique où nous vivons maintenant ! Par essence, le ‘son’ de notre musique est basé sur une esthétique de jeu, d’enregistrement et de production très britannique.
Photo : Paul Husband
– Un petit mot aussi sur les musiciens qui vous accompagnent. Ce sont les mêmes en studio et sur scène, car il y a un esprit jam prédominant dans votre jeu et plus largement dans votre style ? Et pour cela, il faut une grande complicité…
Simon : Une excellente section rythmique est essentielle dans chaque groupe et notre batteur de prédilection pour le STARLITE CAMPBELL BAND est Steve Gibson, qui est basé dans le sud de Manchester. Combiné avec Suzy à la basse, je peux honnêtement dire que c’est la meilleure section rythmique avec laquelle j’ai jamais joué, à la fois en live et en studio.
Cette solide rythmique derrière nous permet d’intégrer une variété de claviéristes live au fil des ans, notamment Jamie Pipe (Martin Barre, Danny Bryant), Jonny Henderson (Matt Scofield, Kirk Fletcher), Christian Madden (Liam Gallagher Band), Gabriele del Vecchio (Los Perros del Boogie) et Josh Phillips (Procol Harum).
Suzy : Oui, on s’amuse !!! La beauté de travailler avec ces musiciens de classe mondiale est la liberté d’improviser, de changer les choses et de s’amuser avec le public, ainsi que quelques sympathiques duels guitare/clavier. Il n’y a jamais deux concerts identiques !
En studio avec le STARLITE CAMPBELL BAND, nous avons utilisé exclusivement Henderson et del Vecchio, mais Madden et Dave Formula (Magazine & Visage) sont apparus sur les deux premiers disques solos de Simon.
– D’ailleurs, vous êtes basés au Portugal. Cela ne complique pas trop les choses pour fixer le groupe, échanger entre musiciens ou partager vos idées ? Ou alors, vous soumettez vos morceaux aux autres membres du groupe une fois les chansons écrites ?
Simon : Cela entraîne certaines complications, ce qui était évident pendant la pandémie, alors que nous essayons d’enregistrer tous ensemble. Suzy et moi avons une bonne idée du tempo et de la sensation de base de la batterie, lorsque nous arrangeons les morceaux sur nos postes de travail audio numériques, à savoir Pro Tools et Ableton Live.
Suzy : La section rythmique et la guitare de base sont posées en même temps, alors nous emmenons Steve pour passer une semaine environ à travailler sur les chansons et à trouver juste le groove, puis à jouer ensuite les pistes. Il est très rapide et précis, nous avons donc le temps de nous amuser!
Simon : À moins que ce ne soit une partie très rythmée, les claviers ont tendance à être des overdubs et sur notre dernier album « The Language of Curiosity », nous avons réussi à suivre Jonny aux Rockfield Studios (l’endroit où « Bohemian Rhapsody » et bien d’autres grands succès ont été créés), qui est situé à Monmouth, au Pays de Galles et à seulement quelques kilomètres de la ville natale de Suzy. Encore une fois, j’ai tendance à avoir une idée de ce que nous voulons, et lorsque le bouton d’enregistrement passe au rouge, le véritable professionnalisme et l’art transparaissent !
Photo : Ken Jackson
– Parlons de ce troisième album qui est un enregistrement live. Sortir un disque comme celui-là après seulement deux réalisations en studio est assez rare. C’est une manière de dire que STARLITE CAMPBELL BAND est avant tout un groupe de scène ?
Suzy : Le projet STARLITE CAMPBELL BAND est aussi à l’aise en studio que sur la scène d’un festival. En tant qu’artistes, Simon et moi sommes curieux, posant constamment des questions et explorant de nouveaux sons, idées et pensées en studio. En ce sens, nous voulions vraiment capturer la spontanéité d’une performance live comme celle d’un ‘polaroid musical’ avant de passer à notre prochain projet d’album.
Simon : L’album contient des morceaux de mon catalogue solo que nous avons présentés en live. Ce sont des interprétations totalement différentes des originaux et très STARLITE CAMPBELL ! Je pense qu’ici, nous voulions présenter à notre public, qui n’a peut-être jamais vu le groupe sur scène, la façon dont nous réinterprétons et ajoutons de l’énergie et de l’improvisation aux morceaux dans cette configuration live.
– Vous l’avez enregistré en Angleterre entre Met, Bury et The Grange Theatre. Là encore, c’est surprenant. Pourquoi ne pas avoir gardé une seule et unique soirée sur le disque ? En dehors de ne vouloir garder que le meilleur, bien sûr…
Suzy : La plupart des albums live sont compilés à partir d’une série de soirées au même endroit, tout comme l’ultime enregistrement live « Made In Japan » de Deep Purple. Tous nos enregistrements ont été réalisés dans le cadre de différentes tournées à des moments différents où nous avons joué dans les salles un soir. Nous avons donc sélectionné les morceaux qui fonctionnent vraiment pour notre album lors de trois soirées différentes.
– Outre la qualité de jeu au niveau guitare, le groove incroyable de Suzy à la basse et le chant que vous partagez, il y a également une belle mise en lumière des claviers et plus particulièrement de l’orgue Hammond. D’ailleurs, il y a trois claviéristes sur l’album. Comment cela se fait-il ?
Simon : Merci pour le compliment ! Comme nous en avons discuté dans la question précédente, les enregistrements ont été réalisés au cours de tournées différentes mettant en vedette différents claviéristes. Chacun a un style unique. C’est comme cuisiner le même plat, mais en variant l’un des ingrédients !
– Enfin, j’aimerais que vous nous disiez un mot sur votre reprise du standard de Procol Harum, « A Whiter Shade Of Pale », qui clôt l’album. Il y a la rencontre avec Josh Phillips qui vous avait rejoint sur scène, c’est ça ?
Suzy : Josh avait un créneau dans le planning de tournée de Procol Harum, ce qui nous a donné l’opportunité de travailler ensemble et de jouer des concerts complets lors d’une tournée au Royaume-Uni. Nous avons passé quelques jours à répéter le set du STARLITE CAMPBELL BAND dans son studio dans le sud de l’Angleterre, ce qui était très amusant ! « A Whiter Shade Of Pale » résonne avec Simon car c’est le deuxième single qu’il a acheté et c’était presque un devoir de le jouer pour clôturer les spectacles. Un beau et poignant moment pour nous tous !
L’album Live de STARLITE CAMPBELL BAND est disponible depuis le 22 juillet sur le site du groupe :
Mélodique et symphonique, le Power Metal de CRYSTAL GATES s’inspire des cadors du genre tout en apportant de la nouveauté et une vélocité très séduisante. Guidé par une frontwoman à la voix ensorceleuse, les Uruguayens se présentent comme le renouveau du style et fer de lance d’une nouvelle génération, grâce à ce très tonique « Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones ».
CRYSTAL GATES
« Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones »
(Wormholedeath Records)
Faisant suite à leur EP « A Quest For Life » (2015) et au single « Shadowborn » (2017), CRYSTAL GATES présente son tout premier album, qui se veut pour le moins ambitieux, notamment par sa longueur. Ayant mis toutes ses forces dans « Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones », le quintet de Montevideo en Uruguay affiche un Power Metal Symphonique très bien ciselé et d’une efficacité redoutable.
Avec un line-up inchangé depuis 2019, CRYSTAL GATES montre une belle unité et la prestation vocale de Carolina Pérez assure au groupe une grande variété dans les mélodies. Sur un Power Metal racé et des morceaux mid-tempo accrocheurs, le quintet évolue dans des sphères symphoniques où sa chanteuse fait des merveilles, capable d’alterner des parties puissantes et d’autres plus délicates.
Actuellement basé à Riga en Lettonie, CRYSTAL GATES expose un registre d’une grande fraîcheur et la très bonne production de « Torment & Wonder » met parfaitement en lumière les guitares et les claviers avec des arrangements particulièrement soignés (« Alive For The Journey », « The Stars Temple », « Moonshine And Sorrow », « Nightmares » et l’excellent morceau-titre). Un très bel opus !
Susan Tedeschi et son compagnon Derek Trucks continuent de nous dévoiler leur album-concept, « I Am The Moon », constitué de 24 morceaux sur quatre EP de trente minutes environ chacun. Et il faut reconnaître qu’avec « The Fall », on commence à avoir une belle vue d’ensemble. TEDESCHI TRUCKS BAND, fort de ses douze musiciens, dépasse les frontières d’un Southern Rock très Blues avec une inspiration et une fluidité rares.
TEDESCHI TRUCKS BAND
« I Am The Moon III : The Fall »
(Fantasy/Universal)
Troisième et avant-dernier volet de l’épopée musicale du collectif américain baptisée « I Am The Moon », dans laquelle il relate à sa façon un mythique conte persan qu’il a réactualisé en s’inspirant des sentiments d’isolation et déconnexion sociale subis durant la pandémie. Et le TEDESCHI TRUCKS BAND a laissé cette fois chacun de ses membres composer et laisser libre-court à ses émotions, dépassant ainsi son habituel champ d’investigation.
Pourtant, ce qu’il a de plus étonnant sur « The Fall » et ce malgré l’implication des douze membres de la formation, c’est que c’est probablement celui qui sonne le plus dans la veine de ce qu’ils ont l’habitude de nous livrer. Très roots dans les compositions, « The Fall » est un superbe panel de toutes les influences Southern du TEDESCHI TRUCKS BAND, passant du Blues à la Soul dans cet esprit Rock, qui a forgé son identité.
Et c’est Jacksonville, chez lui en Floride, que le groupe a enregistré ces quatre EP accompagnés de films retraçant des sessions studio, divers visuels et des prestations scéniques. D’ailleurs, les musiciens sont actuellement en tournée aux Etats-Unis où leur public a la chance de découvrir en live « Somehow », « Yes We Will », « Gravity » ou « Take Me As I Am ». Et c’est en novembre prochain que les fans français du TEDESCHI TRUCKS BAND pourront à trois reprises se régaler avec ce « I Am The Moon » prodigieux.
Récemment signé chez Wormholedeath, URBAN PRIMATE ressort son très bon deuxième album, sorti discrètement l’an dernier, et il compte bien déverser son Modern Metal racé et fédérateur au-delà de son Danemark natal. Et le quintet a beaux arguments et affiche une force de frappe solide et efficace avec « Desolation ».
URBAN PRIMATE
« Desolation »
(Wormholedeath Records)
Depuis 2010, le parcours de URBAN PRIMATE ne manque pas de rebondissements. Formé au Danemark, le groupe a sorti un premier album éponyme dans un style plutôt axé sur un Stoner très Rock, léger et fédérateur avant un autre EP l’année suivante. Pourtant deux ans après, le combo se met en veille presqu’aussitôt pour réapparaître en 2021 avec « Desolation » dans un registre encore différent.
Sur ce deuxième opus, URBAN PRIMATE se montre sous un nouveau jour dans un Metal affiné, très rentre-dedans et affichant un son et un style résolument modernes et très séduisants. Malgré tout, le quintet, dont il reste Benjamin Askholm Larsen (chant), Christian Kofod Christiansen (guitare) et Jakob Andresen (batterie) du line-up originel, a conservé un côté très Rock dans l’approche.
C’est donc en pleine pandémie que les Danois ont repris du poil de la bête et se sont attelés à la composition de « Desolation », fracassante et mature deuxième réalisation. Sur les riffs de ses deux guitaristes et une rythmique implacable, les Scandinaves envoient un Metal teinté de Groove, de quelques touches de Nu Metal avec précision et puissance. URBAN PRIMATE est dorénavant prêt à déferler sur les scènes du monde entier.
Précurseur d’un Rock psychédélique lourd et puissant, JOSIAH refait surface après dix ans d’absence et avec un nouvel album à la fois éthéré et enveloppant. Les assauts rythmiques, la variété et l’épaisseur des guitares inscrivent « We Lay On Cold Stone » dans un esprit jam volcanique.
JOSIAH
« We Lay On Cold Stone »
Blues Funeral Recordings
Les fans de JOSIAH n’osaient plus croire à un nouvel album du groupe du chanteur et guitariste Mathew Bethancourt parti explorer d’autres cieux musicaux en mode Garage Rock et toujours psychédélique. Pourtant, le power trio anglais est bel et bien de retour et sous un nouveau line-up avec son premier album depuis « Procession »… il y a dix ans.
Cette fois accompagné de Jack Dickinson (basse) et de Dan Lockston (batterie), le frontman reprend JOSIAH là où il en était avec un son très actuel et toujours aussi percutant. Très enlevé et groovy, les six morceaux de « We Lay On Cold Stone » font autant appel aux pionniers du genre qu’à des sonorités modernes et survoltées.
Ouvrant l’album avec l’instrumental « Rats (To The Bitterend) », le combo britannique donne le ton entre Fuzz appuyé, basse vrombissante et rythmique effrénée. Malgré une production peut-être trop épurée, JOSIAH distille son Heavy Psych Rock avec générosité (« Saltwater », « Cut Them Free »), qui trouve son apothéose sur « (Realise) We Are Not Real » aux inspirations chamaniques.
Enregistré lors d’une tournée marathon en Angleterre au printemps dernier, « The Flying Free Tour Live » est le premier témoignage live de la pourtant courte carrière du groupe. En l’espace de quelques mois, WHEN RIVERS MEET a pris du volume et cela se sent autant dans cette éclatante performance scénique que dans leurs compositions Blues Rock aux ambiances multiples et à la fraîcheur constante. Les Britanniques sont devenus incontournables.
WHEN RIVERS MEET
« The Flying Free Tour Live »
(One Road Records)
En mars de l’année dernière, le duo anglais m’avait véritablement conquis avec un premier album, « We Fly Free », suivi quelques mois plus tard de « Saving Grace ». Surfant sur un succès amplement méritée et multi-awardisé dans la foulée, WHEN RIVERS MEET voit ses efforts et surtout son talent récompensé. Le Blues Rock du groupe va aussi puiser dans le Southern et le Classic Rock, et la voix de Grace Bond fait des merveilles en concert portée par une dynamique incroyable.
Preuve en est que les Britanniques ont su conquérir leur pays, le quatuor a effectué sa toute première tournée en tête d’affiche avec pas moins de 17 dates d’avril à mai dernier. Un rythme effréné qui semble justement avoir apporté encore plus de vivacité et de solidité à un répertoire maintenant fort de deux albums et deux EP. Et c’est donc assez naturellement que WHEN RIVERS MEET a tenu à immortalisé ces instants magiques et ce premier album live est assez époustouflant.
Débordant d’énergie, le couple Grace et Aaron Bond, parfaitement accompagné par Roger Innis (basse) et James Fox (batterie, claviers) parcourt sur 13 morceaux, pour près d’une heure de musique, ses quatre réalisations avec un enthousiasme palpable. Capté lors de trois concerts, « The Flying Free Tour Live » montre des performances tout en feeling et en puissance. D’ailleurs, le public ne s’y trompe pas et la communion comme l’interaction sont à la hauteur de la créativité de WHEN RIVERS MEET.
Éminents représentants du Metal germanique, Claus LESSMANN et Michael VOSS ont décidé d’unir leurs forces et de sortir un peu de leur zone de confort avec un album aux saveurs Classic Rock et AOR au son très américain et au titre évocateur. Avec « Rock Is Our Religion », le duo fait preuve d’une faculté d’adaptation exemplaire et d’une fluidité remarquable.
LESSMANN/VOSS
« Rock Is Our Religion »
(Atomic Fire Records)
Amis de longue date, Claus LESSMANN et Michael VOSS ont décidé de se faire plaisir en enregistrant un album entièrement dédié à un Classic Rock/AOR qui nous replonge dans l’univers mélodique américain des années 80 et 90. Chanteurs, multi-instrumentistes et producteurs, le duo annonce la couleur avec le titre de son opus et s’y tient sur les douze morceaux de cette belle collaboration.
Issus tous les deux des milieux Heavy Metal et Hard Rock, Claus LESSMANN est la voix de Bonfire, tandis que Michael VOSS a officié chez Casanova et Mad Max, et a produit Michael Schenker. Autant dire que les Allemands ne sont pas des jeunes premiers et « Rock Is Our Religion », sans être d’une fougue extrême, fait la part belle aux mélodies et aux refrains entêtants.
Vocalement irréprochable et distillant des riffs accrocheurs et des solos affûtés, LESSMANN/VOSS font parler l’expérience et se montrent inspirés et énergiques (« Medicine Man », « Smoke Without A Fire », « What Feels Right », « Something Is Better Than Nothing »). En déviant de leur registre de prédilection pour s’aventurer dans un AOR costaud et fédérateur, les deux musiciens réussissent leur pari.
Après s’être un peu cherché comme tous les jeunes groupes, THE FLYING BRICKS a trouvé son style et marqué les contours de son Rock, qui alterne entre des aspects progressifs et alternatifs. Avec son dernier EP, « Chimeric » (M&O Music), le quatuor manceau affiche une solidité et surtout un sens de la mélodie marqué. Quelques mois après sa sortie et avant une release party qui aura lieu à la Boule Noire à Paris en septembre, entretien avec Arthur, guitariste de THE FLYING BRICKS.
– THE FLYING BRICKS existe depuis 2015 et pourtant, on vous connait assez peu. Pouvez-vous nous retracer dans les grandes lignes le parcours du groupe et son identité musicale ?
Alphonse (le batteur) et moi nous sommes rencontrés ados en école de musique, puis nous avons trouvé Benoit (le chanteur) au lycée. Assez vite, nous avons eu l’envie de faire des concerts, d’enregistrer, mais sans vraiment d’ambition, le but étant surtout de prendre du plaisir. Après quelques expériences, notamment deux concerts à Odessa et Kirovograd en Ukraine en décembre 2017, nous avons décidé de passer l’étape supérieure et nous investir pleinement dans le projet, d’où la sortie d’un premier EP « Fake Empire » en 2018, et notre petit dernier « Chimeric » en mars 2022.
Pour l’identité musicale, elle a beaucoup évolué depuis notre adolescence, passant du Punk au Blues Rock. Aujourd’hui, c’est un univers plus Prog, atmosphérique, lié à nos influences assez variées.
– Votre Alternative Rock fait écho à plusieurs styles musicaux, qui vont même jusqu’au Metal parfois. Il y a finalement assez peu de groupes dans ce créneau en France. THE FLYING BRICKS a pour objectif de se frayer un chemin dans ce registre très anglo-saxon, ou est-ce que vous visez plutôt à vous exporter ?
L’objectif premier est surtout de créer de la musique qui nous plait. On compose et on joue avant tout pour nous avant de penser au style qui pourrait marcher le mieux. Après bien sûr, le but est aussi de porter le projet le plus loin possible, en France dans un premier temps, et si nous avons l’opportunité de nous exporter, nous ne la raterons certainement pas !
– Vous avez récemment signé chez M&O Music pour la sortie de « Chimeric ». Est-ce que vous le voyez comme une première grande étape de franchie depuis la création du groupe ?
Pour cet EP « Chimeric » nous avons décidé de mettre toutes les chances de notre côté, et cela passait effectivement par un bon entourage. C’est sûr qu’être accompagné par un label est forcément une grande étape, qui nous permet à la fois de nous aider dans notre travail au quotidien et de nous donner une légitimité vis-à-vis des professionnels de la musique.
– Vous vous êtes rendus pour la deuxième fois à Angers au Dôme Studio, et cela s’en ressent dans le son et qualité de la production de « Chimeric ». C’était important pour vous de travailler avec des gens qui connaissent déjà votre couleur musicale ?
L’enregistrement de « Fake Empire » s’était super bien passé avec David, et entretemps il avait déménagé et modernisé son studio, donc nous n’avons pas hésité longtemps avant de retourner chez lui pour « Chimeric ». Nous voulions vraiment travailler avec quelqu’un qui connaissait notre son, qui saurait comment le travailler, et qui s’investirait dans les morceaux. En plus de ça, on s’était super bien entendu avec lui, donc raison de plus pour travailler à nouveau au Dôme Studio !
– Justement, « Chimeric » montre une grande variété dans les compositions, notamment sur les ambiances, les changements de tempos et le travail sur les voix. Là encore, on note une maturité atteinte. C’est la multiplication des concerts qui veut ça, ou une remise en question plus globale de votre approche des morceaux ?
Probablement un peu tout ça. Entre « Fake Empire » et « Chimeric », nous avons grandi, déménagé, évolué en tant que personnes, aujourd’hui nous sommes plus posés qu’à l’époque et ça a sûrement impacté nos compositions. La crise sanitaire a joué également, quitte à rester confinés chez soi, nous avons mis ce temps à profit pour revoir certains arrangements, textes, etc… Et tout ça a abouti à six morceaux bien plus approfondis que ce que nous avions fait jusqu’alors, et nous en sommes vraiment contents.
– Sur le morceau-titre de l’EP, THE FLYING BRICKS accueille Mélina Farcy au chant. D’où vous est venue l’idée de ce duo, et comment s’est passé l’écriture ? Vous l’avez composé ensemble ?
L’idée est venue assez naturellement. Lors de la composition du morceau, nous nous sommes dit qu’une voix féminine rendrait bien sur le refrain, et nous n’avons pas eu à aller bien loin pour tester l’idée, puisque Mélina n’est pas seulement une chanteuse-danseuse professionnelle très douée, c’est aussi la copine d’Alphonse ! Nous avons fait quelques essais à la maison, le rendu nous a plu, donc on l’a embarqué en studio, puis sur le tournage du clip de « Chimeric », qu’elle a chorégraphié avec ses acolytes Kilian et Anna. Ce n’était donc pas forcément prévu à la base, mais aujourd’hui Mélina est partie intégrante du projet « Chimeric », et vous risquez bien de la voir encore collaborer avec nous sur quelques lives !
– « Chimeric » est votre quatrième EP, dont un live. C’est assez étonnant de sortir autant de formats courts. J’imagine que la perspective d’un album complet doit commencer à vous titiller, non ?
Quatrième oui et non, les deux premiers auxquels tu fais allusion datent de l’époque où le projet n’était pas vraiment structuré, où comme je le disais au début nous jouions pour le plaisir et sans ambition. Nous considérons donc « Fake Empire » et « Chimeric » comme nos deux seuls EP ‘officiels’, et tout ça doit bien sûr à terme nous mener à un album, c’est en tout cas un objectif, oui.
– Enfin, j’aimerais que vous nous disiez un mot sur votre release party, qui va avoir lieu le 3 septembre prochain à la Boule Noire à Paris. Très belle salle ! Vous devez avoir hâte d’y être ?
La Boule Noire est une super salle, que nous fréquentions un peu à l’époque où nous habitions à Paris, c’était une envie depuis longtemps de jouer là-bas ! Donc oui, hâte d’y être, on vous prépare un beau show, quelques exclus et surprises et une première partie qui sera annoncée très bientôt ! En attendant la billetterie est déjà en ligne :
Incandescent et Rock’n’Roll, ce septième album des Californiens claque autant qu’il saisit par les riffs gras de son leader Eddie Glass (ex-Fu Manchu) et sa rythmique aussi brutale que précise. NEBULA est bel et bien de retour depuis deux ans et rayonne véritablement sur la scène Stoner Rock. A travers « Transmission From Mothership Earth », le power trio se meut dans des ambiances souvent surréalistes, portées par un chant lointain et exalté.
NEBULA
« Transmission From Mothership Earth »
(Heavy Psych Sounds)
Après leur envoûtante prestation immortalisée sur le volume 2 des « Live In The Mojave Desert » sorti l’an dernier, NEBULA est de retour de studio avec un septième album sous le bras et il est comme toujours rentre-dedans, hypnotique et aérien. Eddie Glass (guitare, chant), Tom Davies (basse) et Mike Amster (batterie) nous font frôler l’insolation avec ce « Transmission From Mothership Earth », qui semble aller toujours plus loin dans les profondeurs Psych qu’ils affectionnent tant.
La lourdeur et la force de frappe de la rythmique paraissent ne faire qu’une avec les riffs hyper-Fuzz et le chant lointain et presque plaintif du frontman, qui nous aspire dans une spirale sans fin. Avec ce côté 70’s et Garage Rock particulièrement Heavy, NEBULA a forgé un son original construit autour d’effets généreux, ce qui rend son Stoner Rock unique en son genre et reconnaissable entre tous. Le power trio californien avance tête baissée dans une frénésie sans limite.
Et c’est dans une atmosphère très ensoleillée et presqu’aride que NEBULA vient distiller huit nouveaux titres, qui ont franchement un air estival. Entraînant et musclé, « Transmission From Mothership Earth » est comme souvent avec les Américains très roots et brut flirtant avec un Space Rock très appuyé (« Highwired », « Wilted Flowers », « Warzone Speedwulf », « Existential Blues », « The Four Horsemen »). Acide et débridé, ce nouvel opus confirme la place du groupe au tout premier rang du Stoner Rock mondial.