Il y a des groupes dont on sent la progression et la maîtrise au fil des albums, tout en prenant soin de ne pas camper sur leurs acquis. C’est très précisément l’impression que donne EDGE OF PARADISE avec « Hologram ». Le combo de Los Angeles conforte un style original toujours aussi Metal, mélodique, mais où l’aspect orchestral passe dorénavant au second plan, avec des claviers qui servent surtout de nappes qui viennent poser des ambiances très variées.
EDGE OF PARADISE
« Hologram »
(Frontiers Music)
En un peu plus de dix ans de carrière, les Californiens d’EDGE OF PARADISE se sont essayés à plusieurs styles et il semblerait que ce cinquième album soit enfin celui qu’on attendait d’eux, et celui sans doute qu’ils avaient aussi envie de proposer. Moins pompeux musicalement, même si quelques touches symphoniques persistent, le groupe paraît concentrer sur un Modern Metal plus incisif, massif et toujours aussi mélodique, accrocheur et pêchu.
Si, a priori, « Hologram » ne s’inscrit pas dans une trilogie, il s’impose tout de même dans la suite logique de ses deux prédécesseurs : « Univers » (2019) et « The Unknow » (2021). Très bien produit par Howard Benson, ce nouvel opus déploie une incroyable énergie que l’on doit en partie aux deux guitaristes, Dave Bates à la lead et David Ruiz à la rythmique. Mais EDGE OF PARADISE reste un quintet uni et la démonstration est éclatante.
Mené par leur époustouflante frontwoman, Margarita Monet, qui est aussi aux claviers, le groupe est d’une détermination contagieuse, passant de passages puissants à des atmosphères plus calmes. Au chant, l’Américaine use d’un éventail impressionnant, capable soudainement de se faire féroce autant que sensuelle sur des morceaux véritablement taillés pour la scène (« Hologram », « This Is Personal », « The Faceless », « Don’t Give Up On Me », « Basilisk »). EDGE OF PARADISE est au sommet de son art et c’est incontestable.
« We Shall Remain » pourrait bien être l’album de la consécration pour ELEINE. Après de nombreuses tournées et quatre très bonnes réalisations, les Scandinaves livrent leur album le plus inspiré et le mieux produit de leur carrière. Combatif et généreux, leur Dark Symphonic Metal rayonne vraiment, notamment grâce à sa chanteuse qui s’impose comme l’une des meilleures du genre.
ELEINE
« We Shall Remain »
(Atomic Fire Records)
Cela va faire une décennie déjà qu’ELEINE a investi la scène européenne et son Dark Symphonic Metal est désormais reconnaissable entre tous. Assez éloigné des groupes du même style grâce à un univers plus sombre et peut-être aussi plus varié, le quatuor joue sur les émotions et les atmosphères autant que sur une puissance ravageuse. Mené avec classe par sa frontwoman Madeleine Liljestam, il rayonne littéralement sur ce quatrième opus racé et très bien réalisé.
Suite à ses trois premiers albums (« Eleine », « Until The End », et surtout « Dancing In Hell »), ELEINE a sorti l’an dernier un EP long de huit titres parmi les meilleurs de son répertoire, repris en acoustique avant de partir en tournée avec Sonata Artica. Riche idée, car on y découvrait les Suédois dans un registre plus épuré et très groove. Mais pour « We Shall Remain », l’électricité est revenue, les guitares sont affûtées et la rythmique refait son apparition de manière fulgurante.
Dans la lignée de « Dancing In Hell », « We Shall Remain » reste sur une dynamique très Heavy où viennent s’engouffrer quelques influences plus extrêmes comme le Death pour les voix et le Thrash sur certains riffs. Et ELEINE parvient avec brio à faire cohabiter ces différentes ambiances dans un ensemble très symphonique (« We Are Legion », « Vernod », « Blood in Their Eyes », « War Das Alles »). Et en se partageant le chant, Madeleine et le guitariste Rikard Ekberg ont trouvé la bonne formule.
Particulièrement bien entourée, NITA STRAUSS signe pourtant son deuxième album en solo. Loin d’être seule donc, on retrouve pas moins de neuf chanteuses, chanteurs et musiciens invités sur les 14 titres de « The Call Of The Void ». La six-cordiste parcourt de nombreux courants du Metal de manière très judicieuse, explosive et avec panache. Très bien produite, cette nouvelle réalisation la fait sortir un peu de sa zone de confort et elle s’en accommode très bien.
NITA STRAUSS
« The Call Of The Void »
(Sumerian Records)
Doll Metal pour certains, virtuose pour d’autres, une chose est sûre : NITA STRAUSS ne laisse ni indifférent, ni insensible. Guitariste du grand Alice Cooper à qui elle doit l’essentiel de sa notoriété, et aussi dorénavant de Demi Lovato (!), l’Américaine est tout de même parvenue à donner une suite à « Controlled Chaos », son premier album sorti en 2018. Pour « The Call Of The Void », elle a misé sur les collaborations et la liste est très attractive et à dominante féminine pour les voix.
Musicalement et grâce aux nombreux invités, NITA STRAUSS propose un très large éventail au point que les styles se bousculent un peu. Hormis les morceaux sans la présence de guests et qui sont instrumentaux, il n’y a donc pas vraiment d’unité artistique sur « The Call Of The Void ». En revanche, sa faculté d’adaptation et la facilité avec laquelle elle se fond dans tous ces registres est plus que bluffante et confirme son grand talent. Elle sait tout faire et la démonstration est saisissante.
Les compositions instrumentales montrent une NITA STRAUSS au jeu très varié, à la fluidité et à la dextérité exemplaire. Sans être trop shred, elle impose son feeling avec classe (« Summer Storm », « Kintsugi »). Outre les très bons titres avec Lisa White-Gluz (« The Wolf You Feed »), Lzzy Hale (« Through The Noise »), on retiendra notamment « Victorious » chanté par Dorothy, « Winner Takes All » par le maître Alice Cooper et le duo avec Marty Friedman. Un bel et éclectique album de Metal.
Direction le Nord de la côte ouest américaine, dans l’état de Washington, avec TRIP THE WIRE, une jeune formation qui livre sa première production. Pourtant, on n’a pas vraiment affaire à des lapins de trois semaines. A la fois Hard, Heavy et résolument Metal et un brin Old School, « Trip The Wire » tient parfaitement la route et surtout ne s’encombre pas de fioritures.
TRIP THE WIRE
« Trip The Wire »
(Independant)
Originaire du Bronx à New-York où elle a grandi, Eve Clarke a pourtant traversé les Etats-Unis direction Seattle où elle a trouvé ses camarades de jeu. La guitariste et chanteuse est entourée de Dave Farell (guitare), Johnny Massey (basse) et de Rico Ybara (batterie) sur ce premier album éponyme et l’ensemble a plutôt fière allure. Entre Hard Rock et proto-Metal, TRIP THE WIRE est aussi Heavy que délicatement mélodique.
Le fait d’arborer sans détour des influences très 70’s et 80’s n’empêche pas le quatuor de se présenter avec dix morceaux très actuels et bien produits. Accrocheur et dynamique, « Trip The Wire » diffuse un bon groove sur une belle assurance. Quelque part entre Ann Wilson et The Runaways, le frontwoman ne manque pas de puissance et son côté un peu classique offre beaucoup de force à TRIP THE WIRE.
Car ce qui ressort des compositions des Américains, c’est une volonté et un plaisir de jouer, qui transpirent sur chaque note. Sans révolutionner le genre, le combo montre une belle variété dans ses titres (« In The Crossfire », « Anti Love », « Hurricane », « Step Nine »). Techniquement efficace et volontaire, TRIP THE WIRE joue sur la sincérité et ce premier opus devrait lui ouvrir bien des portes, car il est très fédérateur.
Rock ou Metal, le Glam reste le style le plus festif de ces deux genres. Et s’il a connu ses années de gloire, notamment du côté de Los Angeles, il y a quelques décennies, certains s’accrochent toujours à cet esprit joyeux et décadrant, sans limite et aux textes volontairement excessifs. C’est ce qu’offre BLAZON FIRE avec son nouvel opus, « The Dark Side Of The Pussy ». Alors, si tu aimes les paillettes, les quatre Français vont t’en faire bouffer !
BLAZON FIRE
« The Dark Side Of The Pussy »
(Independent/Distrokid)
Terre de Glam Metal s’il en est, la Moselle très toujours très saillante en la matière, on le sait ! Pour son troisième album, BLAZON FIRE explose les conventions et offre carrément 14 morceaux portés par l’outrance, la provocation et transgresse avec un grand sourire tout ce qui se conforme aux normes actuelles. Du Glam, quoi ! Ancré musicalement dans les 80’s et 90’s, les Mötley Crue d’hier et les Steel Panther d’aujourd’hui donnent presque l’impression de faire dans la dentelle.
Si les textes sont clairement crus et sans équivoque, la musique de BLAZON FIRE aspire à la détente alors, sauf si vos enfants sont bilingues, invitez-les à se rapprocher des enceintes. Il n’est jamais trop tôt pour se familiariser avec ce Metal/Rock gavé de fun, de bonnes ondes et, forcément, de soleil. Et il faut reconnaître aussi que nos gaillards ont opéré une quasi-transformation technique et le niveau de jeu du quatuor s’est considérablement professionnalisé depuis sa formation en 2015.
Sérieusement, mais sévèrement plongés dans la déconne, nos French Glamers enquillent les compos aux titres très évocateurs avec une pêche d’enfer (« Shaved Balls », « Mega Bukkake », « Fistin’ Chapel », « Orgy In Hell », « Speed Sex Cocaine », « Spermbag », …) Vocalement, il y a un air de ressemblance flagrant avec le Vince Neil de la première époque et musicalement, les influences californiennes dominent (Ratt, Poison, …). Cependant, BLAZON FIRE a trouvé son style et s’en sort plus que bien.
Mené de main de maître depuis quatre ans et autant d’albums, le vaisseau UNITED GUITARS vogue toujours au rythme des riffs, des solos et des chorus envoûtants de celles et ceux qui viennent se greffer à ce projet au départ un peu fou. Parfaitement produit, comme toujours, « #4 » nous fait parcourir l’univers de cette trentaine de guitaristes et le voyage est encore une fois enchanteur.
UNITED GUITARS
« #4 »
(Mistiroux Productions)
Chez UNITED GUITARS, on ne fait jamais les choses à moitié. Depuis le début de l’aventure en 2019, Ludovic Egraz et sa compagne et productrice Olivia Rivasseau ont livré quatre doubles-albums, dont voici le petit dernier. Et comme on ne change pas les bonnes habitudes, pas moins de 33 guitaristes se relaient sur deux bonnes heures de musique, où un grand nombre de styles sont abordés avec classe et une dextérité de chaque instant.
Chaque volume réservant son lot de surprises, « #4 » ne déroge pas à la règle. Et lorsque l’on connait le principe de base d’UNITED GUITARS, celle-ci est de taille. En effet, presqu’érigé en règle immuable, les précédentes réalisations étaient entièrement instrumentales, l’objectif étant de se mettre au service de la six-codes avant tout. Avec « Stay Real », Jessie Lee Houllier s’invite au chant pour un Blues Rock au groove imparable… et à trois guitares !
Tout en finesse et virtuosité, « #4 » nous invite notamment à faire connaissance avec le bluesman Robben Ford, le jeune prodige russe Max Ostro ou encore le Canadien Nick Johnston. Et UNITED GUITARS garde toujours une petite place pour ses habitués dont Yvan Guillevic (Heart Line), Saturax, NeoGeoFanatic ou Youri de Groote, toujours aussi créatifs. Soutenu par une rythmique royale, ces musiciens-là ne manquent vraiment pas de maestria.
Précurseur et même pionnier du Thrash Metal, RAVEN est toujours resté fidèle à ce style Heavy et Speed, et en mode power trio, qui fait sa force et a forgé sa légende depuis maintenant un demi-siècle. Fondé par les frères Gallagher, ossature indestructible du combo, les Britanniques sont de retour avec leur 15ème album, « All Hell’s Breaking Loose », toujours aussi rageurs et athlétiques. Entretien calme et tout sourire avec John (basse, chant).
– Votre dernier véritable album studio date de trois ans, « Metal City ». Mais l’année dernière, vous avez sorti « Leave’Em Bleeding », qui était aussi le dernier chez Steamhammer. C’était la manière la plus simple de quitter votre label avant de venir chez Silver Lining Music ?
Oui, « Leave’Em Bleeding » était une sorte de compilation, qui faisait le bilan de nos dernières années chez Steamhammer et sur laquelle on a pu ajouter des morceaux en version inédites et notamment live. Et cela tombait bien aussi, puisque le nouvel album n’était pas encore terminé. Ensuite, nous avons reçu une très belle proposition de Silver Lining Music. Steamhammer a fait du bon boulot avec nous, c’est vrai, mais ce nouveau deal nous permettait d’avoir une exposition différente et également de toucher un public plus large et un peu différent.
– « All Hell’s Breaking Loose » est aussi le second album complet avec votre batteur Mike Heller et on a franchement l’impression qu’il a toujours été là. Je trouve même que c’est peut-être le meilleur line-up affiché par RAVEN depuis longtemps. C’est aussi ton sentiment ?
Oui et j’espère que c’est vrai ! (Rires) Il suffit de le voir sur scène ! Et puis, il gère très bien les interviews, la presse, les vidéos : il s’occupe vraiment de beaucoup de choses au sein de RAVEN. Il est très impliqué et il a fait du super boulot sur l’album.
– D’ailleurs, c’est votre 15ème album et l’an prochain, vous fêterez vos 50 ans de carrière. C’est une incroyable longévité et vous faites partie d’un cercle très fermé. Qu’est-ce que tout ça t’inspire et est-ce que tu aurais pu l’imaginer en 1974 à Newcastle ?
Bien sûr que non ! On a commencé à faire de la musique pour s’amuser et on n’aurait jamais imaginé que cela dure aussi longtemps. C’est incroyable pour nous de nous voir dans le Top 10 des groupes les plus anciens encore en activité. C’est même fou ! Aerosmith s’est formé juste deux ans avant nous, tu imagines ? (Rires) L’an prochain, nous allons essayer de préparer quelque chose de spécial pour célébrer cet anniversaire. Nous avons toujours eu cette motivation pour continuer le groupe et surtout pour faire ce que nous faisons. On a toujours voulu être meilleur à chaque album. Nous avons toujours en nous cette étincelle qui nous pousse plus loin et qui continue à nous inspirer. Et nous n’avons pas l’intention de nous arrêter en si bon chemin ! (Sourire) D’ailleurs, je pense que ce nouvel album en est un parfait exemple. Nous ferons des choses très spéciales en tournée l’an prochain, c’est une certitude.
– Vous avez enregistré ce nouvel album à Los Angeles dans vos propres studios. Vous êtes désormais installés là-bas, ou est-ce que c’est juste parce que le soleil de Californie qui vous donne toute cette énergie ?
En fait, Mike (Heller, le batteur – NDR) vit là-bas et possède son propre studio. Nous sommes en Floride avec Mark, mais cela ne change rien au processus d’écriture. Mike a apporté beaucoup d’idées et fait de nombreuses propositions pour obtenir ce son sur ce nouvel album. Pour ce qui est des arrangements, nous nous en occupons toujours tous les trois, ensemble. Nous lui avons tout envoyé : les guitares, la basse, les solos et il a fait un travail de fou avec tout ça, ainsi que sur les voix ! Il a réussi à faire un mix génial, tout en conservant ce côté très organique, qui caractérise RAVEN. Il nous a suffit de livrer la meilleure performance possible finalement.
– Cette fois encore, l’album est bâti autour des riffs et vos morceaux sont toujours très compacts. Il y a un côté intemporel dans votre écriture, ce qui fait que RAVEN sonne très actuel et moderne. Comme l’expliques-tu, car la plupart des groupes sont marqués par une époque et cela ne concerne pas seulement le son ?
En fait, on essaie de garder à l’esprit ce qui fait RAVEN : les riffs, bien sûr, un rythme soutenu, etc… mais sans jamais regarder vers le passé. On ne perd pas de vue nos racines, elles sont définitivement ancrées en nous. Et il y a aussi ce côté un peu extravagant et exagéré dans les textes, une certaine attitude de mauvais garçons peut-être aussi. Parfois, la basse et la guitare prennent des directions différentes et lorsqu’on se rend compte que ça devient un peu trop commercial : on se dit ‘Oups ! Il faut changer ça !’. Mais on garde un œil sur l’aspect mélodique, c’est un truc de fou en fait ! Il y a de l’intensité, on frôle souvent le chaos, mais il faut que ce soit accrocheur. Notre truc, c’est notre relation de musicien et la destruction ! (Rires)
– Il y a aussi une chose que je trouve incroyable chez RAVEN, c’est que votre Heavy Thrash ou Speed Metal ne baisse pas en rapidité et en percussion. Beaucoup de groupes de votre génération ont tendance à lever le pied et diminue en intensité, mais pas vous. Quel est le secret de toute cette nervosité si généreuse ?
C’est juste qu’on adore ce que l’on fait et nous sommes très ouverts ! Je me souviens que gamin à Newcastle, ce qui me fascinait dans certains concerts, c’était justement cette intensité et cette puissance, qui étaient saisissantes. Ca me transportait littéralement. Mon héritage musical vient de là, de tout ça. Depuis, j’essaie de délivrer la même chose, les mêmes sensations que j’avais adolescent. Et il y a aussi bien sûr cette connexion avec le public, qui est incroyable. C’est aussi pour ça qu’on ne prend pas de drogue, par exemple. Si tu fais ça, tu ne peux pas capter l’attention, tu restes dans ton coin à faire ton truc. Tu comprends ça en vieillissant et tu te rends vite compte que tu n’as pas d’excuse si tu n’as pas la passion. Balancer toute cette énergie est ce que tu dois faire ! C’est ça la liberté ! Regarde les Rolling Stones, ils sont probablement meilleurs aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été ! Mick Jagger n’a jamais arrêté, il n’a jamais perdu l’inspiration. Si on peut le faire, alors faisons-le ! (Rires)
– Tout en restant très puissant et massif, RAVEN n’a jamais négligé les mélodies. Vous les travaillez plutôt en fonction des lignes vocales ou de la guitare ?
La plupart du temps, cela vient de la guitare. Souvent, Mark (Gallagher, son frère – NDR) m’envoie des trucs par téléphone qui ne veulent pas dire grand-chose et il me dit : ‘Tu vois, c’est ça qu’il faut faire !’ (Rires) Plus sérieusement, cela vient de la musique, pas du chant. Elle dicte la structure de la chanson, mais pas seulement, elle guide aussi la mélodie qui installe le titre. Ensuite, c’est une question de feeling. Il pose des voix avec des mots qui ne veulent rien dire au début pour installer la charpente en quelque sorte. Les paroles viennent après, suivant l’ambiance, et la ligne directrice apparaît d’elle-même. La fin de la pandémie a aussi réveillé beaucoup de choses en nous et nous a ouvert tellement de voies. Il a fallu canaliser tout ça et se demander de quelle manière devaient sonner nos nouveaux morceaux et je pense que cela nous a rendu encore meilleurs. On trouvait les choses plus rapidement, les breaks venaient d’eux-mêmes… Cela a provoqué ce genre de choses chez nous. Pas mal de trucs sont devenus assez évidents et nous avons expérimentés tellement de choses également ! (Rires) Lorsque nous enregistrons un album, il y a toujours environ 20% d’improvisation en studio. C’est quelque chose que nous adorons et qui ne nous fait pas peur du tout. Il y a un peu de magie là-dedans… (Sourire)
– Enfin, beaucoup de groupes dénoncent les difficultés économiques engendrées par les tournées. Comment cela se passe-t-il pour RAVEN ? Vous n’avez pas trop de problèmes au niveau de l’organisation financièrement ?
On en a eu, oui, mais ce n’était pas de notre fait. Nous devions participer à des festivals qui ont été annulés. Mais nos fans n’ont pas demandé à être remboursé. Ils ont en grande partie gardé leur billet. Après, c’est vrai que beaucoup de choses s’annulent, car les organisateurs n’ont aucune idée du nombre de gens qui viendront et combien d’argent ils pourront faire. Ils ne prennent donc aucun risque et annulent. Ils veulent l’argent avant de faire le concert. La pandémie a bousculé beaucoup de choses également jusqu’en 2021. Depuis deux ans, les concerts ont repris et certains endroits où nous étions programmés ont reportés en gardant la même affiche. Et pour nous, c’est très bien, car nous avons un nouvel album et nous ferons tous les festivals l’an prochain, même s’il y en aura aussi cet été. Et nous allons tourner avec Saxon également en Italie, puis nous jouerons aussi quelques concerts en Belgique. Et nous serons en France le 9 septembre dans les Pyrénées pour le ‘Pyrenean Warriors Open Air’, et ensuite en Allemagne. En octobre, nous serons ici en Angleterre pour une série de concerts, puis l’an prochain en Australie et au Japon. Donc, tout va très bien !!! (Sourire)
Le nouvel album de RAVEN, « All Hell’s Breaking Loose », est disponible chez Silver Lining Music.
RAY ALDER n’est pas du genre à rester les deux pieds dans le même sabot. Pour preuve, le leader de Fates Warning multiplie les projets artistiques, tout en restant dans un Metal Progressif qu’il maîtrise parfaitement. Avec cette deuxième réalisation sous son nom, « II », il fait encore la démonstration de sa polyvalence et de sa faculté à s’approprier les mélodies avec talent.
RAY ALDER
« II »
(InsideOut Music)
Figure emblématique du monde du Metal Progressif depuis 1988 avec Fates Warning avec qui il a sorti une dizaine d’albums, ainsi qu’avec Engine, With Redemption et A-Z depuis l’an dernier, RAY ALDER se balade en solo. Son nouvel opus, « II », fait suite à « What The Water Wants » (2019) et offre également d’autres perspectives au chanteur américain, qui est une fois encore très bien accompagné.
Ainsi, Mike Abdow qui tourne aussi avec Fates Warning et Tony Hernando (Lords Of Black) qui jouent tous les deux les basses et le batteur Craig Anderson (Ignite, Crescend Shield) font partie de l’aventure. Et tout ce petit monde s’entend à merveille et libère une grande vélocité sur « II ». RAY ALDER livre comme toujours une très belle prestation et s’affirme comme la pièce centrale du groupe.
Très bien produit et avec un mix particulièrement bien équilibré, ce nouvel opus va encore plus loin dans l’exploration musicale proposée habituellement par le frontman. Sur des refrains accrocheurs et des riffs intenses, RAY ALDER se montre audacieux, percutant et tout en puissance (« The Hollow Shell », « My Oblivion », « Waiting For Some Sun », « Changes »). Et grâce à des solos tout en finesse, « II » s’impose brillamment.
On connait assez mal les talents de songwriter de JOEL HOEKSTRA, même s’il marque de son empreinte le monde du Hard Rock et du Heavy Metal depuis plusieurs décennies au sein de plusieurs institutions du genre. Soliste hors-pair et incomparable faiseur de riffs racés, il présente aujourd’hui le nouvel opus de son projet solo, « Crash Of Life ».
JOEL HOEKSTRA’S 13
« Crash Of Life »
(Frontiers Music)
Guitariste de Whitesnake, Trans-Siberian Orchestra et Revolution Saints, le virtuose américain trouve tout de même le temps de se consacrer à son projet solo. Et « Crash Of Life » est déjà le troisième album du JOEL HOEKSTRA’S 13, composé d’une petite troupe d’élite. Les riffs tombent en cascade, les mélodies sont plus accrocheuses les unes que les autres et lorsqu’on peut s’offrir Jeff Scott Soto pour les chœurs, c’est que tout va bien.
Toujours entouré du bassiste Tony Franklin (ex-The Firm, Blue Murder), du batteur Vinny Appice (Ex-Black Sabbath, Dio), du claviériste Derek Sherinian (Sons Of Apollo, Dream Theater) et pour la première fois de Girish Pradhan (Girish And The Chronicles) au chant, la formation de JOEL HOEKSTRA a fière allure et la machine est bien huilée. Et entre Melodic Metal ou Heavy AOR, le groupe rayonne et s’impose avec clarté.
Musicalement, JOEL HOEKSTRA’S 13 évolue en terrain connu et pourtant le quintet ne manque pas de fraîcheur et d’envie et il ne se contentant pas de s’assoir sur une technicité et une expérience de longue date. Tout en puissance sur « Everybody Knows Everything », le groupe se met en ordre de marche et bouscule tout (« Damaged Goods », « Far Too Deep », « You’re Right For Me », « No Tonight »). Très bluesy dans la voix, le nouveau frontman fait des étincelles et l’on sort de « Crash Of Life » le sourire aux lèvres.
Si la pochette, tout en sobriété, de ce quatrième opus de DEAD QUIET peut laisser penser à une musique sombre et violente, c’est presque le contraire que proposent les Canadiens avec « IV ». Les belles harmonies et les envolées métalliques nous replongent dans l’univers si créatif des années 70 et 80 et son esprit Rock indélébile et savoureusement rétro.
DEAD QUIET
« IV »
(Artoffact Records)
Faisant partie de la grande famille Stoner en raison de l’épaisseur des riffs essentiellement, c’est plutôt du côté des pionniers du Heavy Metal et du Hard Rock, à savoir Black Sabbath et Deep Purple pour faire court, qu’il faut regarder pour bien saisir l’essence-même et le feu qui animent DEAD QUIET. Depuis ses débuts en 2014, le groupe s’est forgé une solide réputation dans son Canada natal et tend à rugir partout ailleurs.
Dès son premier album éponyme l’année qui suivit sa formation, puis avec « Grand Rites » (2017) et surtout « Truth And Ruin » (2020), DEAD QUIET n’a laissé personne indifférent à Vancouver. La musique du quintet n’a pas tardé à se propager au-delà, fort d’un registre efficace, très travaillé et où les mélodies et la puissance jouent les équilibristes. Et malgré cet esprit très vintage, un vent de modernité souffle bel et bien ici.
Armé de deux très bons guitaristes, d’une rythmique massive, d’un claviériste parfois touché par la grâce et d’un frontman au charisme évident, DEAD QUIET possède de sérieux atouts. Les refrains sont implacables et l’énergie déployée rend ce quatrième album rapidement addictif (« The Hanging Man », « Dying To Live Again », « Existential Dread », « High Roads », « Murder City »). La marque des grands.