Catégories
France Heavy Rock Rock 70's

Dätcha Mandala : un Rock émancipé [Interview]

Depuis «  Anâhata », son premier EP sorti en 2016, le power trio en a fait du chemin jusqu’à se faire une jolie place sur la scène hexagonale. Après deux albums, « Rokh » (2017) et « Hara » (2020, puis un autre format court, « The Last Drop » (2022), les Bordelais ont créé leur propre structure et aussi amorcé un virage plus mélodique et accessible. Cela dit, avec « Koda », DÄTCHA MANDALA n’a rien perdu de ses bonnes habitudes et délivre un Heavy Rock musclé et accrocheur. Entretien avec Nicolas Sauvey (chant, basse), Jérémy Saigne (guitare, chant) et Jean-Baptiste Mallet (batterie, chant) pour parler de ce troisième opus très inspiré.

Photo : Jessica Calvo

– Vous vous présentez avec un troisième album, « Koda », assez différent musicalement et que vous êtes allés enregistrer aux studios ICP de Bruxelles avec une nouvelle équipe également. Et on note aussi un changement de label, puisque vous avez quitté Mrs Red Sound. A quoi sont dus tous ces changements ?

JB – Le choix d’aller enregistrer en Belgique est dû au fait que nous voulions travailler avec Charles de Schutter, qui est lui-même belge et basé à Bruxelles. Et nous avions envie d’enregistrer avec lui, car les nouvelles chansons appelaient davantage une production plus moderne que vraiment orientée 70’s. Charles semblait être le parfait producteur pour nous faire sonner à la fois massif et plus Pop, entre Royal Blood, Muse et Gojira. Le fait de se retrouver à ICP était en fait un concours de circonstances, son studio n’étant pas disponible la première semaine où nous l’avions loué. Et pour ce troisième album, nous avions aussi la volonté d’essayer l’autoproduction, d’où le fait de ne pas le faire figurer au catalogue de MRS Red Sound, mais on travaille toujours étroitement avec eux sur les précédents disques.

– Depuis 2009, DÄTCHA MANDALA suit une courbe ascendante avec aussi un style qui s’est affirmé pour culminer, selon moi, sur le trop court « The Last Drop » sorti il y a deux ans. Et pourtant, vous décidez d’intégrer des touches Pop sur ce nouvel album. C’est choix qui peut surprendre. Quel a été le déclic ?

Nico – C’est une évolution naturelle de notre façon de composer et de nos goûts. On a tous les trois des influences assez variées, d’où le fait de sortir davantage du 70’s sur cet album. Les morceaux ont appelé cette direction artistique.

Photo : J. Dupeyron

– A l’écoute de « Koda », il paraît assez évident que vous avez souhaité être plus efficaces et fédérateurs sur les mélodies. Cependant, la rythmique est toujours aussi musclée et les riffs épais. Au regard de votre parcours, j’ai l’impression que l’adage ‘qui peut le plus, peut le moins’ prend ici toute sa dimension. N’y aurait-il pas un peu de ‘gentille moquerie’ avec ce côté soudainement plus accessible, d’autant qu’il y a toujours eu beaucoup d’humour chez vous ?

Jerem – On a toujours été sensibles aux belles mélodies et harmonies vocales, ainsi qu’aux gros riffs épais, d’où la volonté d’allier les deux au mieux. Si l’humour a toujours été présent chez nous, on prend notre musique très au sérieux et on ne souhaite se moquer de personne. 

– J’ai aussi pu lire que vous preniez un virage ‘Brit Pop’. Or, c’est un style insupportable que j’écouterai volontiers si ce n’était pas le cas, et DÄTCHA MANDALA ne l’est pas. J’ai plutôt l’impression d’écouter de l’Alternative Rock survitaminé à l’énergie très 70’s. Ce n’était pas plutôt ça l’intention ?

JB – C’est davantage un problème de traduction, parce qu’on parlait de la Pop anglaise allant des Beatles à Muse plutôt que de la scène Brit Pop des Libertines ou Artic Monkeys. Et du coup, effectivement, le propos de l’album puise plutôt son influence dans la scène Rock des années 90-2000, que dans celle des 60’s et 70’s comme on a pu le faire auparavant. 

– La production de « Koda » est moins brute et plus polie, ce qui n’empêche pas une certaine lourdeur et beaucoup de dynamique. L’objectif était de donner un aspect plus moderne ou actuel à vos nouvelles compos ? Moins vintage, peut-être ?

Nico – Tout à fait, tu as tout dit ! C’est pour cela que Charles de Schutter était la personne toute trouvée, car ayant officié pour M, Pleymo ou encore Angèle, on savait qu’il saurait sublimer notre son dans cette direction.  

Photo : Jessica Calvo

– D’ailleurs, vous qui êtes véritablement un groupe de scène, « Koda » donne l’impression d’être taillé pour le live. Vous l’avez conçu dans cette optique aussi ?

Nico – Oui, car sur les précédents albums, nous avons expérimenté des arrangements plus poussés et difficile à reproduire sur scène, à savoir une chorale, des violons, ou même ne serait-ce que le piano. Pour « Koda », la volonté était de pouvoir jouer tous les morceaux à trois sur scène, ainsi que d’essayer de ‘resserrer’ et d’affirmer notre son en trio. 

– Un dernière petite question pour conclure. On sait que Led Zeppelin est l’une de vos références les plus évidentes, est-ce que le titre de l’album est un clin d’œil au « Coda » du grand dirigeable, son ultime réalisation ?

JB – Bien vu ! En effet, si nous nous sommes tous les trois retrouvés au départ sur Led Zeppelin comme inspiration commune, avec les années, et de façon très naturelle, nous nous éloignons de nos racines pour évoluer vers un Rock de plus en plus moderne. C’est pourquoi, on a voulu faire un pied de nez à leur dernier album en appelant le nôtre « Koda » avec un ‘K’ pour annoncer notre « Coda » d’avec Led Zeppelin ! (Sourires)

Le nouvel album de DÄTCHA MANDALA, « Koda », est disponible chez  DM Prod, Take It Easy et Discos Macarras.

Catégories
Blues Rock Classic Rock Rock 70's

Ebba Bergkvist & The Flat Tire Band : flying free

Spontané et vivifiant, « Four Wings » est un superbe condensé de Classic Rock et de Blues porté par la voix de son électrique frontwoman, EBBA BERGKVIST, qui guide THE FLAT TIRE BAND, lui aussi très inspiré et délicieusement vintage. Cette production aux sonorités analogiques et terriblement organiques libère un côté revival, qui résonne comme un appel aux grands espaces dans un élan de liberté très Rock et soutenu. Les Suédois jouent sur les émotions dans une dynamique à l’énergie débordante.

EBBA BERGKVIST & THE FLAT TIRE BAND

« Four Wings »

(The Sign Records)

Après le très bon « Split Milk » sorti il y a quatre ans et acclamé à juste titre, EBBA BERGKVIST & THE FLAT TIRE BAND présente sa deuxième réalisation qui vient confirmer tout le talent de la jeune formation. Toujours mené de main de maître par sa chanteuse et guitariste, le groupe reste dans cette veine et ce son très 70’s, tout en faisant soigneusement passer ses compositions au prisme d’un élan très contemporain. Entre Classic Rock et Blues Rock avec une touche Southern et Psych, « Four Wings » affiche une étonnante et très riche diversité.

Accompagnée par Björn Björnehult Korning (basse), Adam Randolph (batterie) et le Finlandais Jonas Skeppar (guitare) qui forment THE FLAT TIRE BAND, EBBA BERGKVIST signe ces nouveaux morceaux et a également enregistré et produit ce nouvel opus. C’est d’ailleurs à elle que l’on doit également les visuels du disque. Artiste complète donc, sa prestation vocale est aussi incroyable de puissance comme de délicatesse. Une force que l’on perçoit sur l’ensemble des chansons et qui transcende notamment les parties les plus Blues de « Four Wings ».

Dès le morceau-titre qui ouvre l’album comme sur « The Pack » et « Vice Versa », c’est surtout le côté Heavy Rock qui domine, tout en délivrant des mélodies et des refrains accrocheurs. EBBA BERGKVIST & THE FLAT TIRE BAND fait preuve d’une grande maturité et de beaucoup de fraîcheur (« Backside », le génial « Black Horse », « Treachery », « Eastern Prairies »). Se faisant hypnotique et torride, le quatuor montre sa passion et n’a pas son pareil pour varier les ambiances, tout en maintenant habillement un cap très personnel et bouillonnant.  

Photo : Pontus Maina
Catégories
Glam Rock Rock 70's

Gyasi : une sauvage intensité

Il est exubérant, flamboyant et il respire l’âge d’or du Rock’n’Roll à pleins poumons malgré sa jeunesse. Totalement débridé, le songwriter aura attendu seulement un EP et deux albums avant de réaliser son premier live. C’est dire la témérité et l’exaltation de GYASI, homme de spectacle et musicien accompli. Avec « Rock n’Roll Sword Fight », il expose une identité musicale hors-norme et explose les codes établis.

GYASI

« Rock n’Roll Sword Fight »

(Alive Naturalsound Records)

Il y a deux ans, j’avais eu le plaisir de poser quelques questions au très électrique GYASI à l’occasion de la sortie de son deuxième album, « Pronounced Jay-See ». Dorénavant basé à Nashville, le natif de Virginie Occidentale poursuit son périple et ce n’est pas très surprenant de le voir surgir avec « Rock n’Roll Sword Fight », un live qui se trouve être le parfait reflet de l’intense énergie qu’il déploie et surtout du son qui émane de son travail en studio. Une sorte de prolongement, en somme. 

C’est donc dans son élément de prédilection, la scène, que l’Américain a capté les émotions et l’intensité de son jeu. GYASI nous fait le plaisir de se livrer sur près d’une heure d’un Rock’n’Roll fougueux, où il ne prend d’ailleurs guère le temps de lever le pied. Dans une atmosphère très 70’s et porté par un public restreint mais tout acquis, le guitariste et chanteur fait le show… et il le fait même très bien ! La tempête décibélique fait son œuvre et devient même addictive.

Théâtral et incandescent, GYASI incarne littéralement le renouveau du Glam Rock perçu sur « Pronounced Jay-See », et apporte beaucoup de fraîcheur à un registre où l’on se délecte des références à Led Zeppelin, T-Rex et aux Stooges avec un soupçon de Bowie et de Slade. Il se les est accaparé et, très bien soutenu part un groupe efficace, il laisse parler un univers très personnel. A noter en fin d’album les versions survoltées du medley « All Messed Up » et le génial « Sugar Mama ». Un vent de liberté !

Retrouvez l’interview de l’artiste :

Catégories
Dark Metal International Occult Rock

Saturday Night Satan : dark feelings [Interview]

Façonné autour de la chanteuse Kate Soulthorn et du multi-instrumentiste et compositeur Jim Kotsis, SATURDAY NIGHT SATAN est apparu il y a peu sur la scène athénienne et entend bien s’étendre au-delà. Entre Rock et Metal et dans une thématique occulte pleine d’ésotérisme, le duo joue sur le contraste entre des ambiances volontairement vintage et des compos très actuelles. Et en ce sens, « All Things Black » est un premier album aussi surprenant que très réussi. Entrainant et mélodique, l’équilibre est trouvé, ce qui a récemment poussé les Grecs à investir la scène. Entretien avec le guitariste et bassiste Jim Kotsis.

Photo : Petros Poulopoulos

– Votre premier album, « All Things Black », est sorti récemment. Il est le fait de ta collaboration avec Kate Soulthorn, la chanteuse. De quand date le début du projet et quel a été le déclencheur pour vous deux ?

Par une charmante nuit de printemps, au milieu de la quarantaine pandémique du Covid-19, j’ai commencé à réfléchir à un projet de Rock Occult. Le nom et l’idée du groupe me hantaient déjà, mais je n’avais jamais réussi à le concrétiser. Et malgré quelques tentatives infructueuses, je n’avais pas abandonné. Kate avait mentionné à plusieurs reprises vouloir faire de la musique ensemble et ce soir-là, j’ai finalement eu le déclic. Il fallait le faire tous les deux. Elle est devenue ma muse et moi, son mentor. Ensemble, nous avons combiné nos efforts et nos âmes et ainsi, SATURDAY NIGHT SATAN est né !

– Au départ, SATURDAY NIGHT SATAN devait rester un projet studio, a priori sans concert, ce qui aurait d’ailleurs été dommage. Qu’est-ce qui vous a poussé à aller de l’avant, à changer vos objectifs et à en faire un groupe à part entière ?

Eh bien, il y a un dicton qui dit quelque chose comme ‘l’appétit vient en mangeant’. Riff après riff, chanson après chanson et avec Kate poussant dans la même direction, j’ai commencé à y réfléchir sérieusement. Et puis, j’ai eu l’occasion de faire écouter le disque avant sa sortie à quelques personnes clés de la scène locale. Ainsi, juste après la sortie des deux premiers singles, les premières offres de concerts ont commencé à arriver. Cela nous a semblé être l’occasion idéale de partager notre musique. Alors, nous avons pris notre courage à deux mains pour contacter des amis et des musiciens talentueux pour former le groupe. Le reste appartient à l’histoire.

Photo : Petros Poulopoulos

– D’ailleurs, parlons de « All Things Black », qui est très bien produit et qui bénéficie aussi d’un son très organique. Dans quelles conditions a-t-il été réalisé, car les arrangements notamment sont très soignés ?

Nous avons composé les chansons et écrit les paroles avec tout notre cœur. Kate a contribué aux mélodies vocales, parfois avant, parfois après la mise en place des riffs de guitare et des structures des chansons. Ensuite, je me suis occupé des arrangements et des structures. A ce moment-là, j’ai pris ce qui s’est avéré être la meilleure décision : confier à mon ami de longue date et membre du groupe ‘Black Soul Horde’, John Tsiakopoulos, les tâches de production, de prises de son et de mixage de l’album. Après quelques discussions et quelques expérimentations, nous avons obtenu le son souhaité sur tous les instruments. Le processus d’enregistrement a ensuite suivi un cheminement classique. Une fois que John a eu fini de mixer (et il a fait un excellent travail), nous avons confié l’album au plus haut niveau c’est-à-dire à Brian Lucey, qui a également masterisé « Meliora » de Ghost, entre autres. Son travail terminé, nous savions que nous avions réussi à donner vie à notre vision de départ. Pour moi, c’est une réussite à 100% et j’espère que d’autres l’apprécieront aussi.

– Musicalement, SATURDAY NIGHT SATAN penche un peu plus sur le Metal, en conservant un côté très Rock et il traverse plusieurs décennies dans les influences comme dans les sonorités. Ce sont autant de mouvances qui ont forgé votre identité artistique, puisqu’on y perçoit des choses très 70’s et d’autres plus actuelles ?

Je crois que cela résume bien l’essence de notre son. Tu peux y trouver des influences vintage, mais tout est filtré à travers un prisme moderne, lui donnant une ambiance fraîche et pertinente. Personnellement, et je pense pouvoir parler au nom de Kate à ce sujet, j’apprécie la musique de toutes les décennies et de tous les genres. Bien que je sois un fan de Heavy Metal, j’aime également Blue Öyster Cult, Megadeth, Rush, Darkthrone et John Carpenter. Après tout, que serait la vie sans diversité ?

Photo : Petros Poulopoulos

– Justement, on assiste depuis quelques temps déjà à une vague vintage avec des groupes comme Lucifer notamment, qui partage aussi votre univers. Vous vous reconnaissez dans ce mouvement, et comment expliquez-vous ce regard musical vers les groupes pionniers ?

Je peux bien sûr identifier notre esthétique au sein de ce mouvement. Il est évident que des groupes comme Lucifer, Jess And the Ancient Ones, The Devil’s Blood, In Solitude et des pionniers plus anciens comme Arthur Brown, Coven et Black Widow ont grandement influencé la création de SATURDAY NIGHT SATAN. Cependant, je nous considère bien plus qu’un simple groupe de Rock/Metal occulte. Alors que les gens sont attirés par les groupes de cette scène spécifique en raison de leur esthétique et de leur appréciation croissante pour les vibrations vintage, je pense que le groupe va devoir évoluer. Nous devons explorer de nouvelles directions, permettre à des influences plus diverses de façonner notre son et nous forger notre propre identité. Je ne pense pas que le monde ait besoin d’un autre clone de Black Sabbath. Je veux que nous transcendions cela pour devenir quelque chose de plus fort dans le futur.

– Vous évoluez dans un univers occulte, qu’il soit Metal ou Rock, on l’a dit. D’où tirez-vous vos inspirations ? Plutôt dans ce qu’il y a de plus moderne comme le cinéma ou la littérature ? Car on sait aussi que la Grèce est une terre de légendes, qui peut apporter beaucoup d’influences dans le domaine…  

Lorsque tu arrives sur des sites comme Delphes, l’Achéron, l’ancienne Épidaure ou même le Parthénon, c’est évident que la Grèce était autrefois une terre de grandeur et d’ésotérisme profond. Ces lieux dégagent une énorme quantité d’énergie, qui inspire notre esthétique et notre façon de penser depuis des années. Naturellement, nous sommes fans de littérature occulte et aficionados de cinéma d’horreur. La fusion de ces influences, combinée à des années d’écoute des pionniers du proto-Metal, a façonné ce que nous sommes. Si on plonge dans notre passé, il n’est pas surprenant que nous ayons finalement créé SATURDAY NIGHT SATAN.

Photo : Petros Poulopoulos

– Revenons à l’album, où ce sont vraiment le chant et les guitares qui prédominent. Il y a d’ailleurs un énorme travail sur ces dernières. C’est ce qui a servi de base pour les morceaux, car le nombre de riffs est incroyable et les solos ne sont pas en reste, non plus ?

Je crois fermement en une musique axée sur les riffs plutôt que sur le chant, mais dans ce projet, nous visions à mélanger les deux éléments. Et je pense que nous avons atteint cet objectif. Ce qui est intéressant aussi, c’est que je joue habituellement de la basse, mais pour cet album, j’ai assumé pour la première fois des fonctions de guitariste pour m’assurer que le son correspondait à ma vision. En ce qui concerne les solos, je ne me sentais pas à la hauteur de la tâche, alors j’ai demandé l’aide de mon ami et talentueux musicien et producteur, Akis Pastras (connu pour son travail avec Dexter Ward, Nightfall et en tant qu’ancien membre de On Thorns I Lay, entre autres). Et sa contribution est phénoménale ! Je suis vraiment satisfait du travail et du son de la guitare, même si je reconnais que je n’ai jamais été, ne suis pas et ne serai jamais un grand guitariste, car cela exige un ensemble de compétences spécifiques qui me manque.

– Un mot aussi sur le chant de Kate, qui est réellement envoûtant et parfaitement mis en avant. Si on reconnait aisément certaines références, il est pourtant très personnel. Est-ce que les parties musicales ont été adaptées à ses lignes vocales, ou c’est plutôt l’inverse qui s’est produit en l’incitant à s’adapter à des mélodies préexistantes ?

Kate s’est souvent plainte que certaines chansons ne convenaient pas à sa voix. Alors, à plusieurs occasions, je lui ai permis de commencer avec la mélodie qu’elle souhaitait, puis j’ai construit la chanson autour. Certaines comme « All Things Black » et « Of Love And The Void », ont été créées de cette façon. Je pense que Kate a vraiment amélioré son chant sur cet album et cela l’a aidée à trouver son propre style. Elle a été beaucoup influencée par la musique des années 90, ce qui est logique puisqu’elle a grandi à cette époque. On pourrait peut-être penser que cela aurait été difficile pour elle de s’intégrer, mais en réalité, cela fonctionne très bien. J’en suis heureux et surtout qu’elle ne soit pas simplement une autre ‘voix féminine rock’ de plus. Elle a vraiment quelque chose de spécial.

Photo : Petros Poulopoulos

– A l’écoute de « All Things Black », il n’est pas compliqué de deviner que vous êtes tous les deux des musiciens chevronnés, d’ailleurs issus de l’underground d’Athènes. Jim, tu joues avec le groupe Black Soul Horde, et qu’en est-il de Kate ? Et est-ce que SATURDAY NIGHT SATAN est pour vous deux l’occasion de faire vraiment ce que vous aimez, sans peut-être les contraintes d’un collectif plus important ?

C’est exactement ça et je suis ravi que tu l’aies perçu ! Ce groupe nous donne à tous les deux une grande liberté de création. Nous faisons ce que nous voulons, quand nous voulons. C’est quelque chose qu’on ne peut pas toujours réaliser dans un groupe de quatre ou cinq musiciens. Cependant, nous ne sommes pas de grands fans du concept ‘musicien de session’ pour autant. Nous voulons que toutes les personnes y voient une forme d’expression. Après toutes ces années, nous commençons enfin à trouver un équilibre dans ce processus. Kate a travaillé avec des groupes de reprises toute sa vie et a récemment dirigé un groupe de d’Alternative Rock. Personnellement, je suis actif sur la scène underground locale depuis environ 20 ans. Cela n’a pas toujours été facile, mais cela m’a donné l’expérience dont j’avais besoin pour faire partie d’un projet musical mature comme SATURDAY NIGHT SATAN. Pour l’instant, je suis vraiment content de là où nous en sommes et j’espère que cela continuera ainsi à l’avenir.

– Enfin, j’aimerais que l’on parle de la scène, puisque vous avez franchi le pas. Finalement, SATURDAY NIGHT SATAN doit prendre toute sur ampleur en concert, non ? L’idée d’un simple projet studio doit vous paraître bien lointaine aujourd’hui ? Et qui vous accompagne en live et constitue le reste du groupe ?

Eh bien, il y a beaucoup de gens qui nous disent que nous sonnons mieux sur scène que sur disque. Mais pour moi, le plus difficile est d’essayer de ressembler à l’album. Si beaucoup de personnes qui viennent à nos concerts ont écouté l’album, il faut qu’on réponde à leurs attentes, non ? Je ne dirais pas que le concept de projet de studio semble lointain. Je crois que c’est une situation qui change constamment, et à mesure que les conditions changent, notre opinion à ce sujet peut également changer. Mais pour l’instant, je souhaite que nous fassions beaucoup de concerts et que nous diffusions notre musique le plus possible. C’est notre objectif aujourd’hui ! Actuellement, notre groupe live comprend le batteur Marios Ioannou (qui joue également de la batterie sur l’album), le guitariste Fotis Karaoglanis (qui a participé à certains projets avec moi par le passé), le guitariste Spyros Georgantas (également dans l’incroyable groupe The Vulcan Itch) et le claviériste Theo Foinidis, qui est toujours occupé avec de nombreux projets, mais qui est aussi la personne la plus calme du groupe. Nous sommes plus qu’heureux d’avoir ces gens extraordinaires à nos côtés !

L’album de SATURDAY NIGHT SATAN, « All Things Black », est disponible chez Made of Stone Recordings.

Retrouvez aussi la chronique du disque :

Catégories
Blues Rock Southern Blues Southern Rock

Tyler Bryant & The Shakedown : so plugged

Avec « Electrified », TYLER BRYANT &HE SHAKEDOWN présente la quintessence de la musique roots américaine telle qu’il l’entend. Très Blues et minutieusement teinté de Country, le Southern Rock de la formation du Tennessee atteint son apogée avec cette nouvelle réalisation d’une rare authenticité. Avec son explosif frontman, le groupe déploie une énergie frénétique sur des solos et des riffs mélodiques et foudroyants. Un régal !

TYLER BRYANT & THE SHAKEDOWN

« Electrified »

(Rattle Shake Records)

Depuis qu’ils se sont affranchis de leur ancienne maison de disques et avec surtout la création de leur propre label, Caleb Crosby, Graham Whitford et Tyler Bryant semblent sur un petit nuage. Déjà sur le précédent « Shake The Roots » (2022), on avait très nettement senti ce vent de liberté, cet esprit insaisissable et cette volonté de renforcer le côté Southern et American Roots de leur musique. Toujours aussi Rock, mais aussi Blues et Country, TYLER BRYANT & THE SHAKEDOWN a littéralement trouvé son allure de croisière avec « Electrified ».

Evidemment très organique, la production de ce nouvel opus donne carrément l’impression d’être projeté dans la même pièce que le trio et le groove qui s’en dégage est quasi-hypnotique. Le combo de Nashville sait où il va et si le son parait volontairement très live et sauvage, la maîtrise est totale. Accrocheur et énergique, « Electrified » ne contient aucune fausse note. TYLER BRYANT & THE SHAKEDOWN avance d’un seul homme sur des compos particulièrement bien arrangées avec, notamment, des parties de guitares étincelantes.

Ce sixième album reflète parfaitement son titre et la chevauchée promise est farouche, mais aussi très délicate. D’entrée, « Between The Lines » met le feu aux poudres avant que le shamanique « Crossfire » ne nous emporte vraiment. Les Américains présentent des titres courts d’une redouble efficacité (« Snake Oil », « Trick Up My Sleeve », « Dead To Rights »). Rebecca Lovell de Larkin Poe, Madame Bryant, vient même faire les chœurs sur « Happy Gets Made ». TYLER BRYANT & THE SHAKEDOWN entre dans la cour des grands de la plus belle des manières !

Photo : Zack Whitford

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

Catégories
International Rock Progressif

Marillion : une histoire de famille [Interview]

Devenus inoubliables pour ses fans comme pour le groupe, les désormais fameux ‘Marillion Weekends’ sont des rendez-vous incontournables que les Britanniques aiment immortaliser sur des albums live, qui sont autant de témoignages de la réelle connexion avec leur public. Fidèle à cette tradition, MARILLION sortira dans quelques semaines le concert de l’une des trois soirées données à Port Zelande en Hollande l’an dernier. Steve Hogarth, le chanteur de la formation anglaise, revient sur le choix de l’enregistrement dans son intégralité de « An Hour Before It’s Dark » et ces rencontres que tous affectionnent véritablement.

Photo : Anne-Marie Forker

– Avant de parler de ce nouvel album live, j’aimerais que tu me dises ce que représentent à tes yeux les ‘Marillion Weekends’, qui existent depuis 2002 maintenant ?

A l’origine, c’est une idée du manageur des Stranglers, Sil Willcox. Nous étions dans sa maison dans l’ouest de l’Angleterre, il nous a dit que le groupe faisait un week-end de promotion et nous y sommes allés. On s’est dit aussitôt qu’on pourrait aussi le faire nous-mêmes. C’est ce qu’il s’est passé et c’est devenu de plus en plus important. Alors, on a trouvé un ‘Center Park’, pas très loin de Londres au milieu de nulle part. Comme il n’y avait pas vraiment de lieu dédié, on a installé un grand chapiteau de 2.000 places environ. Tous les fans venaient là et y restaient trois jours. Ensuite, les gens ont carrément planifié leur venue, car il y a un aéroport international pas très loin. Ils venaient des Etats-Unis, du Canada, du Brésil… Dorénavant, c’est quelque chose que nous faisons tous les deux ans. Et c’est très spécial. C’est un peu comme une tournée, mais inversée. On ne parcourt pas le monde, c’est le monde qui vient à nous. C’est devenu une tradition et beaucoup de gens y ont même fait connaissance, et maintenant ils viennent s’y retrouvent autour de la musique.

– A Port Zelande en Hollande l’an dernier, il y avait des fans venus de 45 pays différents. C’est une chose incroyable que l’on ne voit même assez rarement dans les plus gros festivals. J’imagine que c’est une grande fierté et beaucoup d’émotion aussi. Comment expliques-tu cet engouement et cette incroyable fidélité à MARILLION ? Je ne suis pas sûr que beaucoup de groupes aient un tel soutien…

J’ai aussi un peu de mal à comprendre. D’ailleurs, ce n’est pas à moi de l’expliquer, je pense. Il ne faut pas trop y penser, non plus. Sincèrement, je ne comprends pas vraiment. Il se passe quelque chose autour de la musique et les gens entrent vraiment en communion en quelque sorte. Tu sais, même avant moi avec Fish, il se passait un truc spécial. Il était le frontman et le chanteur du groupe et il écrivait lui-même les textes. Il fallait voir le feeling et les sensations qu’il y avait lorsqu’il chantait ! Il chantait des choses vraies, des choses auxquelles il croyait. Et c’est exactement ce que je fais aussi. Mes paroles sont des sortes de confessions, elles viennent du cœur, de mes sentiments les plus profonds et de mes expériences personnelles. Je pense que les gens s’y reconnaissent, peuvent s’identifier et sentir que tout est vrai. Ce ne sont pas juste des mots posés pour obtenir tel ou tel effet sur eux, il n’y a aucun marketing là-dedans. C’est un peu le même processus d’écriture que Joni Mitchell, Paul Simon ou Neil Young… celui d’écrire des choses vraies. Je pense que les artistes sont là pour faire preuve de vérité et c’est vraiment ce que le public attend d’eux. Et une passion se développe ensuite autour de ça.

Steve Hogarth

– Pour rester sur le concept des ‘Marillion Weekends’, quelle est la différence fondamentale par rapport à une tournée plus classique ? Y a-t-il une petite pression supplémentaire à jouer devant les ‘puristes’ du groupe ?

Non, au contraire ! On attend vraiment de jouer devant eux. Il y a un réel et très fort feeling entre eux et le groupe. Nous montons tous sur scène avec beaucoup d’excitation et c’est génial ! C’est incroyable ce que les gens nous renvoient. Quelque part, c’est peut-être aussi pour ce genre de situation que nous le faisons. Ils ont une telle connaissance du groupe et, surtout, ils sont tous de ton côté. Tout ce que tu joues, ce que tu chantes, tes déplacements sur scène sont scrutés. Ces gens-là font partie de la famille. Les sentiments entre-nous sont exceptionnels et merveilleux.  

– L’évènement est aussi marqué par un gros travail sur la configuration des lieux, autour des visuels et avec un jeu de scène exceptionnel, ainsi que des invités. L’an dernier, ce fut June Road, Dilemma, The Dave Foster Band et Pure Reason Revolution. Est-ce que vous vous impliquez aussi directement dans la programmation ?

Oui, nous écoutons tout. On ne fait pas véritablement la programmation, ce serait mentir, mais nous sommes très attentifs à toutes les suggestions. Les gens envoient beaucoup de choses à notre management, qui nous les fait ensuite écouter. On regarde si cela conviendrait et où en sont les groupes dans leur carrière aussi. Il faut aussi que ça leur aille. Et puis, il faut quand même que ça nous plaise. (Sourires)

– L’une des particularités des ‘Marillion Weekends’ est aussi que ce sont les fans qui vous demandent de jouer leurs morceaux préférés. J’imagine que vous devez recevoir des milliers de propositions. Comment procédez-vous ? Vous faites travailler les algorithmes ?

Tu sais, c’est quelque chose d’assez difficile, car il faut faire très attention pour ne pas décevoir les fans. Cela dit, en fin de compte, le plus important est ce que nous nous sentons aussi de les jouer. Avec Steve, Pete, Mark, Ian et moi-même, nous devons être parfaitement en phase avec nos choix et ce qui doit être interprété. Finalement, nous avons le dernier mot, c’est vrai, mais nous avons également un regard sur les emails que nous recevons, ce qui nous fait nous poser d’autres questions. Et puis, il y a aussi des morceaux qu’on ne joue pas beaucoup, ou que nous n’avons pas joués depuis très longtemps. Et il faut ensuite que tout cela fonctionne ensemble ! On écoute tout, bien sûr, mais au final, nous avons le dernier mot… (Sourires)

– Revenons aux setlists de ces trois soirées où vous avez donc décidé de jouer « An Hour Before It’s Dark », votre dernier album studio dans son intégralité, le samedi soir. Là encore, c’est le choix de vos fans, ou juste le vôtre ?

Le jouer entièrement est votre choix. C’est notre dernier album et il a été particulièrement bien accueilli par les fans. D’habitude, on prend des morceaux qui proviennent d’un ou deux albums que nous jouons aussi dans leur entier, parce que ce n’est pas quelque chose que nous pouvons souvent faire en tournée. On prend régulièrement des albums comme « Seasons End » (1989), « Holidays In Eden » (1991) ou « Marbles » (2004) et on joue tous les morceaux au fil du week-end. Cette fois, on a souhaité leur faire plaisir et le jouer en intégralité le même soir. Et puis, « An Hour Before It’s Dark » (2022) est le plus récent et nous en sommes vraiment très fiers. Et nous avons pensé que tout le monde serait content de l’entendre intégralement.

– Vous y avez inclus aussi « Estonia » (1997), « Afraid Of Sunlight » (1995) et « Go ! » (1999), qui se fondent d’ailleurs parfaitement dans l’ensemble. Et ce sont toutes des chansons des années 90. C’est un choix uniquement artistique par rapport l’ambiance générale de ce concert ?

Oui, toujours. Cela dit, nous ne réfléchissons pas pendant des heures pour savoir si tel ou tel morceau conviendrait le mieux et à quel endroit du set le placer. Non. (Sourire) Le choix a été assez évident, car « Afraid Of Sunlight », par exemple, se fond parfaitement dans l’album. « Go ! » est l’une des chansons préférées de nos fans. Quant à « Estonia », c’est un morceau que nous adorons tous jouer. Et finalement le contexte était parfait pour ce concert. Les arrangements avec les cordes sont aussi incroyables. Ils font un peu écho à « With Friends From The Orchestra» (2019) dans l’orchestration. C’est quelque chose que nous trouvons fantastique. En fait, c’était une décision et un choix très naturels par rapport à la set-list.

Photo : Anne-Marie Forker

– Il y a assez peu de groupes qui jouent l’intégralité d’un album sur scène. Chacun parcourt sa discographie et c’est assez normal. Est-ce qu’on se prépare différemment pour ce genre de concert, en s’immergeant notamment dans l’album, par exemple, ou dans les vidéos qui ont accompagné certaines chansons à l’époque ?

Oui, en fait, nous avons créé des montages vidéo spéciaux pour le concert en prenant différents éléments. C’est surtout pour donner une cohérence et un fil rouge à la soirée. Et comme l’album est sorti il y a seulement deux ans, nous avons eu le temps de préparer tout ça. D’habitude, c’est plus court et on ne peut pas réaliser tout ce que l’on voudrait. Nous avons aussi des gens de grands talents qui ont travaillé là-dessus. Ce n’était finalement pas si compliquer à produire et cela n’a pas demandé un budget exorbitant, non plus.

– Si je ne me trompe pas, l’album est déjà disponible sur votre store sur Internet depuis un an. C’est important pour vous de garder la main sur votre musique en marge de votre maison-de-disques ? A moins que ce soit aussi pour satisfaire d’abord vos fans ?

Tu sais, c’est un ‘business-model’ que nous avons inventé. C’est nous qui avons inventé le ‘crowdfunding’ aux environs de 1998. On a été le tout premier groupe dans le monde à procéder ainsi. L’objectif est que l’argent récolté permette à produire le mieux possible nos projets en étant indépendants. On a toujours voulu enregistrer et produire vos albums sans l’apport de notre maison-de-disques. C’est comme ça que nous travaillons depuis très longtemps et d’ailleurs ces dernières années, beaucoup de groupes nous ont imités. C’est devenu très naturel pour nous de procéder ainsi. De plus, nous conservons tous les droits sur notre musique et nous contrôlons l’ensemble jusqu’à la sortie de l’album dans le commerce.  

– Pour conclure, j’ai une petite question assez personnelle. L’album sort le 21 juin, le jour de mon anniversaire et je vous en remercie ! C’est une idée qui vous est venue spontanément et est-ce une décision unanime pour me faire plaisir ?

Bien sûr que c’est pour toi ! (Rires) Comment aurait-il pu en être autrement ? Et nous le referons l’an prochain !!! (Rires)

L’album live de MARILLION, « An Hour Before It’s Dark Live in Port Zelande », sortira le 21 juin prochain chez earMUSIC.

Retrouvez aussi la chronique du dernier album studio du groupe :

Catégories
AOR Hard FM Melodic Rock

FM : rockin’ birthday

Malgré une récente et bien triste série d’événements, les Anglais ont décidé de célébrer leurs 40 ans de carrière de belle manière. Et plutôt que de sortir un énième et banal Best Of, FM s’est attelé à la composition d’un tout nouvel opus, « Old Habits Die Hard ». Doté d’une énergie contagieuse et d’un sens aigu de la mélodie, cette quatorzième réalisation s’inscrit au sommet de la discographie des vétérans du Hard FM.  

FM

« Old Habits Die Hard »

(Frontiers Music)

Le temps semble n’avoir aucune emprise sur FM, si ce n’est qu’il le bonifie. Pourtant depuis la sortie de « Thirteen » en 2022, les choses n’ont pas été de tout repos. En effet, le claviériste Jem Davis a été diagnostiqué d’un cancer, dont il s’est heureusement remis, et le guitariste et fondateur Chris Overland, frère du chanteur Steve, est quant à lui décédé. Autant de coups durs qui n’ont pourtant pas ébranlé la foi des Britanniques, dont « Old Habits Die Hard » montre encore une fois toute la classe.

Et cette année est aussi spéciale pour le groupe, puisqu’elle marque ses 40 ans de carrière. Il fallait donc aussi fêter cet anniversaire et FM s’est lancé dans l’écriture et l’enregistrement d’un nouvel album. Et c’est durant leur longue tournée que les cinq musiciens ont investi leurs studios Dave View et Electric Pepperland. Le résultat est franchement bluffant. Leur objectif était de rassembler sur « Old Habits Die Hard » le meilleur de leur jeu, de leur style et de leur personnalité artistique, et c’est très réussi.

On retrouve en effet tous les ingrédients qui ont fait de FM une référence mondiale en matière d’AOR et de Hard Rock mélodique : des refrains entêtants, des riffs accrocheurs et des twin-guitares scintillantes, le tout posé sur la voix claire et puissante de son frontman. Classique sur « Whatever It takes » et « No Easy Way Out », plus fédérateur sur « California » et « Blue Sky Mind », puis percutant sur « Lost », « Another Day In My World » et « Leap Of Faith », le quintet se fait même bluesy sur « Black Water ». Une belle célébration !

Photo : Tony Ayiotou

Retrouvez la chronique du dernier album live :

Catégories
Alternative Rock

Thadeus Gonzalez : l’éloquence faite Rock

Tout en émotion, THADEUS GONZALEZ ne ment pas. Depuis ses débuts, c’est à travers un Rock sans frontière, où il se joue des genres, qu’il nous invite à le suivre dans une sorte d’état des lieux ou de constat d’une société dans laquelle ses sentiments surgissent avec une vivacité dont peu de groupes font preuve aujourd’hui. « Street Fights Are Starting Hurt » est assez emblématique de notre époque et musicalement la maîtrise est telle qu’il est impossible de ne pas s’y retrouver.

THADEUS GONZALEZ

« Street Fights Are Starting To Hurt »

(Independant)

Auteur du très bon « Opposite Faces » il y a trois ans, THADEUS GONZALEZ poursuit sa trajectoire à travers un Alternative Rock très personnel mâtiné de sonorités Hard Rock 90’s, de quelques ambiances post-Punk écorchées et surtout autour d’un songwriting toujours aussi authentique. Compositeur et parolier, le Californien peaufine avec « Street Fight Are Starting To Hurt » ce qu’il avait entrepris précédemment et le volume affiché aujourd’hui est très largement à la hauteur des attentes.

Ce qui est remarquable chez THADEUS GONZALEZ, c’est qu’il compose toujours avec une guitare acoustique, ce qui confère à ses chansons une touche très vivante et sincère. Les vibrations qui animent ce quatrième album sont intenses, et il fallait bien ça pour mettre en exergue des textes souvent poignants. Ici, l’énergie est constante, jusqu’à devenir le leitmotiv du chanteur qui ne ménage pas ses efforts et qui nous rend même complice et témoin de ses morceaux (« Street Hurt », « The Aura Of Gospel », « Tussle »).

Attachant au possible, THADEUS GONZALEZ se livre dans une formule finalement assez épurée en guitare/basse/batterie, sans effets de manche, et en restant direct et très efficaces. Il y a beaucoup de vérité dans la musique et dans la voix de l’artiste d’Oakland, ça sent le vécu ! Entraînant (« Super Rough Breakdown »), plus intimiste (« My Friends Are All Crazy », « The Fête One »), sombre (« Black Eye On A Tiger ») et fédérateur (« Tell Me What You Want »), il nous embarque dans un univers sensible. Une belle réussite… encore !  

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

Catégories
Rock Hard

Lee Aaron : under cover

C’est avec beaucoup de caractère et en restant elle-même que LEE AARON s’est essayée, avec talent et réussite, à l’exercice des reprises sur ce « Tattoo Me ». D’ailleurs, pour qui ne connaitrait pas les originaux, on pourrait presque penser un opus original tant elle est parvenu à imposer son style. Vocalement, elle passe d’un titre à l’autre en les faisant siens et on n’y voit que du feu. Toujours accompagnée de son groupe de longue date maintenant, elle se fait vraiment plaisir… et nous avec !

LEE AARON

« Tattoo Me »

(Metalville Records)

Malgré 18 albums à son actif et une récente intronisation au ‘Walk Of Fame’ canadien l’an dernier, LEE AARON ne s’était jamais prêtée au jeu de l’album de reprises. Et c’est en se remémorant la phrase de la grande Joni Mitchell, qui disait en substance : « Les chansons sont comme des tatouages », qu’elle a eu l’idée de rendre hommage à son tour aux artistes qui ont forgé son parcours et son identité musicale. La chanteuse s’est donc plongée dans ses souvenirs et a parcouru les disques des pionniers qui l’ont inspiré pour dresser une liste et ensuite enregistrer « Tattoo Me », tout en gardant sa patte et ce son qui lui est propre.

Assez éclectique dans l’ensemble, et forcément très Rock voire Hard Rock,  LEE AARON a eu la judicieuse idée de se distinguer des traditionnels disques de covers en reprenant des morceaux un peu moins connus, tout en traversant les décennies à travers un choix de 11 chansons parfois étonnant. Assez peu conventionnelle, la tracklist de l’artiste propose un large éventail passant d’Alice Cooper (« Is It My Body ») à Nina Simone (« The Pusher »), notamment. C’est chez elle et entourée de ses musiciens habituels que « Tattoo Me » a été produit par la frontwoman et mixé par Frank Gryner (Rob Zombie, Larkin Poe, Def Leppard).

Avec Sean Kelly (guitare), Dave Reimer (basse) et John Cody, LEE AARON semble littéralement s’épanouir sur des titres qui ne sont pas si souvent repris, hormis peut-être le « What Is And Should Never Be » de Led Zeppelin ou « Someone Saved My Life Tonight » d’Elton John. Et quel plaisir d’entendre sa version de « Go Your Own Way » de Fleetwood Mac ou « Even It Up » de Heart. On notera aussi « Tattoo » qui ouvre les festivités, dont l’original est de The 77s, ou encore « Hole » des Américains de Malibu et « Are You Gonna Be My Girl » des mythiques Australiens de Jet. Bravo, Madame !

Retrouvez les deux interviews de Lee Aaron accordées à Rock’n Force :

Catégories
Alternative Rock Classic Rock

The Outfit : authentic & raw

Troisième album pour les Américains de The OUTFIT, révélés notamment par leur précédente réalisation « Viking » (2020), et qui poursuivent leur chemin entre Classic et Alternative Rock avec une belle détermination. Musiciens chevronnés, ils se sont entourés de l’équipe constituée à leurs débuts. Et l’idée est plutôt bonne, puisque ces nouveaux morceaux s’inscrivent dans la continuité, tout en progressant avec vigueur et une belle puissance de frappe. « Go » vient confirmer définitivement le potentiel du groupe.

THE OUTFIT

« Go »

(Pavement Entertainment)

A Chicago, on n’y célèbre pas seulement le Blues. Côté Rock, on sait aussi y faire et THE OUTFIT vient témoigner de la bonne santé d’une scène qui sait se renouveler. Franc et direct, le style de la formation de l’Illinois évolue dans une mouvance un brin alternative avec un son et des compos qui font écho au groupe Live, à Foo Fighters par moment aussi et avec une bonne dose de Cheap Trick. Sur « Go », la touche personnelle se fait plus précise et un nouveau chapitre s’ouvre même avec de belles ambitions affichées.

L’aventure a commencé en 2018 avec un premier album éponyme solide, mélodique et avec ce qu’il faut d’agressivité pour imposer un Rock rugueux et accessible. Aux manettes, on y trouvait déjà le très expérimenté Matt Mercado à la prise de son et Ulrich Wild (Pantera, White Zombie, Deftones) au mix et à la production. THE OUTFIT a d’ailleurs confié la confection de « Go » à ce même duo, qui a su élaborer et peaufiner l’univers du combo. Et le résultat est toujours aussi convaincant. C’est une affaire qui tourne toute seule.

Composé d’Andy Mitchell au chant, de Mike Gorman à la basse et de la fratrie Nawara, Matt à la guitare et Mark à la batterie, le quatuor se montre efficace et est même parvenu à faire de ses influences 80’s et 90’s un atout de choc, notamment sur les chansons les plus relevées (« Monster », « Big Eyes », « Fire Eye », « You Say » et le morceau-titre). Tout en conservant une épaisseur musclée sur les riffs et les rythmiques, THE OUTFIT nous embarque dans un Rock assez urbain, aux refrains entêtants et réalisé de main de maître.