Conçu avec l’aide de son ingénieur du son, le quatuor a géré de bout en bout la conception de son premier album, et « Ex-Generation Superstars » vient mettre de jolis coups de pied dans la fourmilière du Rock’n’Roll. Très inter-générationnel, DHARMA GUNS remonte aux origines du style pour mieux le rendre actuel. Et si une teneur assez Punk revient régulièrement avec ce côté très direct, le quatuor se place bien au-dessus, grâce à une technique irréprochable et un sens de la mélodie qui reflète son expérience. Brut et très bien arrangé, ce premier opus est une véritable bouffée d’air frais.
DHARMA GUNS
« Ex-Generation Superstars »
(Rockhopper Music)
Si vous connaissez l’œuvre de Jack Kerouac, peut-être avez-vous déjà entendu parler de « The Dharma Bums » (« Les Clochards Célestes ») ? C’est en tout cas ce qui semble avoir inspiré le chanteur Pete Leppänen pour le nom du groupe. Avec sûrement aussi Guns N’Roses, car on retrouve la fougue et le côté sleazy des débuts des Californiens. Deux belles références donc. Tous issus de la scène Rock d’Helsinki, les membres de DHARMA GUNS n’en sont pas à leur coup d’essai et il faut reconnaître qu’ils se sont bien trouvés.
Les Finlandais n’ont pas perdu de temps et, à l’image de leur musique, la dynamique s’est rapidement mise en route. Fin novembre 2023, ils commencent les répétitions avant d’entrer en studio en février quelques semaines plus tard. Et en seulement deux jours, DHARMA GUNS enregistre l’essentiel d’« Ex-Generation Superstars », qui sort la même année. On n’est pas là pour traîner ! Autoproclamé ‘Street Rock’ avec des touches de Glam et de Classic Rock mêlées à une énergie proto-Punk, l’ensemble a de belles saveurs live.
Derrière cette façade aux teintes Garage, on devine beaucoup d’ambition de la part des Scandinaves, qui ne se contentent pas des deux/trois accords habituellement utilisés dans le registre. Ici, ça joue et chante bien et les solos distillés viennent valider une maîtrise et une qualité de composition aussi pêchue que parfaitement ciselée. DHARMA GUNS avance sur un groove qui ne manque pas d’élégance et des refrains carrément entêtants (« Far Out », « The Vipers », « Love Bug », « Psychobabble », « Dharma Guns »). Une petite bombe !
Explosifs et survoltés, les Scandinaves font un bond dans le temps avec « Break The Chain », dont l’énergie se propage à vitesse grand V. Sans faire dans la redite, JJ PINESTONE vient prolonger la vague Sleaze Rock très Heavy de la scène américaine de la fin du siècle dernier. L’efficacité des guitares et la dynamique de la paire basse/batterie servent très bien des parties vocales très accrocheuses, électrisantes et fortes en adrénaline. Et si l’on aurait aimé deux ou trois chansons de plus, on tombe déjà sous le charme de ces compositions pleines d’allant et déterminées.
JJ PINESTONE
« Break The Chain »
(Pinestone Music Records)
Juho Mäntykivi est un musicien étonnant. Alors qu’il est aux commandes de TakaLaiton, un combo évoluant dans un registre Thrash/Crossover depuis 2016 et qui affiche au compteur un EP, quelques singles et deux albums, dont « Mindfection » sorti l’an dernier, il surgit aujourd’hui avec un tout nouveau projet, JJ PINESTONE, dont il est toujours le chanteur et guitariste. Sauf que cette fois, il n’est pas question de Metal plus ou moins violent, mais d’un Hard’n Heavy façon Sleaze Rock aux saveurs 80’s et surtout californiennes.
Pour autant, le frontman finlandais se montre très à son aise et redoutablement efficace au sein de son nouveau quatuor, où l’on retrouve d’ailleurs Joona Juntunen de TakaLaiton. Dans la veine des G N’R, Skid Row, Ratt ou Poison avec une précision technique très moderne, JJ PINESTONE livre un premier effort de sept titres, sorte de mini-album, qui présente les multiples facettes du groupe, mais qui paraît incomplet compte tenu de sa courte durée. Un format qui, malheureusement, ne lui rend pas service.
Cela dit, la maîtrise et la fougue à l’œuvre sur « Break The Chain » donnent plutôt envie d’y retourner et de se repasser ces morceaux entêtants et tellement rafraîchissants. A grand renfort de riffs tendus et racés et de solos millimétrés parfaitement exécutés, JJ PINESTONE se montre très percutant et accrocheur, et le chant ne met pas longtemps à installer un climat positif (« On My Own », « Killshot », « Fool’s Anthem » et son côté Rap/Fusion, « Scream For More » et le morceau-titre). Un premier essai qui appelle vite une suite.
Déjà nominée aux fameux Americana Music Association Honors & Awards cette année, la nouvelle sensation féminine guitaristique a aussi partagé la scène avec Slash, The Red Clay Strays et The Osbourne Brothers en livrant à chaque fois des prestations époustouflantes. C’est dire si son arrivée sous le feu des projecteurs est tout sauf un hasard. Solidement épaulée par un redoutable combo, THE HODGE PODGE, GRACE BOWERS dégage une énergie incroyable et passe du Blues à la Funk, comme du R’n B à la Soul et au Rock avec une facilité déconcertante. Dire qu’elle a de l’or au bout des doigts est un doux euphémisme.
GRACE BOWERS & THE HODGE PODGE
« Wine On Venus »
(Independant)
Ne vous fiez surtout pas à son âge car, à 18 ans tout juste, la jeune musicienne originaire de Nashville et de la Bay Area a déjà tout d’une grande. Sorti dans la torpeur de l’été, début août, son album est tout simplement exceptionnel et il aurait été dommage de ne pas en dire quelques mots. Gorgé de Soul et dans un esprit revival Funk 70’s, ce premier effort de GRACE BOWERS avec son groupe THE HODGE PODGE est tellement abouti, tant au niveau de la composition que de la production, qu’il laisse présager, sans trop prendre de risque, d’un bel avenir. Car, sur « Wine On Venus », tout y est… rien ne manque !
Très collégial dans l’approche, l’unité musicale affichée par l’Américaine semble se fondre dans une jam sans fin, où l’équilibre entre le chant, les parties instrumentales guidées par l’hyper-groovy section de cuivres et la sautillante rythmique, laisse à GRACE BOWERS tout le loisir de faire parler sa guitare. De ce côté-là aussi, elle fait preuve d’une audace et d’une virtuosité très mature. Pourtant d’une autre génération, elle maîtrise déjà tous les codes à la perfection, et sans trop en faire non plus, elle s’inscrit dans un style qui semble véritablement fait pour elle, grâce à un jeu flamboyant et sauvage.
Aérienne et percutante, une voix plane aussi au-dessus de « Wine On Venus » avec grâce et dans une réelle alchimie portée par des HODGE PODGE survitaminés et chevronnés, affichant le double de l’âge de la jeune artiste. Car, contrairement à ce que l’on pourrait penser en voyant la pochette, ce n’est pas GRACE BOWERS qui s’illustre derrière le micro, mais la chanteuse Soul Esther Okai-Tetteh. Et sa puissance vocale renvoie à une interprétation délicate et savoureuse poussant vers des tessitures profondes (« Lucy », « Tell Me Why You Do That », « Wom No Teg », « Get On Now »). Un disque déjà incontournable !
Sur la West Coast hexagonale sévissent trois bluesmen larges d’esprit et qui ont décidé d’explorer de fond en comble leur style préféré, franchissant allègrement les frontières du genre. Très fourni dans les ambiances comme dans le nombre de chansons, « Tale Of A Lone Lil’ Boy » passe du Texas à l’île du Shamrock et de la slide aux vibrations funky et orientales avec talent. WINTER BLUES BAND se dévoile sans retenue sur un premier effort, qui fait plus que tenir la route.
WINTER BLUES BAND
« Tale Of A Lone Lil’ Boy »
(Independant/Inouïe Distribution)
En cinq ans d’existence, le power trio originaire de Charente Maritime a écumé de nombreuses scènes, participé à de multiples tremplins et foulé les planches de quelques festivals de renom. Après un EP de six titres en 2021, WINTER BLUES BAND sort donc son premier album, « Tale Of A Lone Lil’ Boy », constitué tout de même de 15 morceaux originaux, qui offrent un beau voyage à travers un Blues Rock riche, parfois rugueux, et toujours inspiré. Les sonorités y sont très changeantes et les atmosphères brûlantes.
Composé de Cyril Babin à la basse, Sébastien Jonckeere à la batterie et de Quentin Winter à la guitare et au chant, et qui a également composé tous les titres, WINTER BLUES BAND n’a pas vraiment des allures de débutant. Car si les références et les influences sont nombreuses et facilement détectables, le groupe en a fait une force et parvient aisément à trouver son style, grâce à un jeu sans complexe et varié. Avec quelques invités qui viennent apporter une touche d’âme supplémentaire, « Tale Of A Lone Lil’ Boy » se dévore littéralement.
Tout en feeling et avec une touche très personnelle, WINTER BLUES BAND nous rappelle au bon souvenir de Johnny Winter pour l’élégance, SRV et Popa Chubby pour la fougue et le goût du riff imprévu et, cerise sur le gâteau, Rory Gallagher pour les subtiles effluves irlandaises qui émanent harmonieusement de « Tale Of A Lone Lil’ Boy ». Passant d’un Blues classique à une approche plus Heavy, le combo est d’une réelle générosité et l’énergie déployée grâce à une technique imparable rend cet opus captivant. Bravo !
Jouant sur une personnalité assez énigmatique, puisqu’il est question de l’ici de l’histoire de son protagoniste ‘Johnathan Hadder’, John Evermore entend bien perpétuer la tradition d’un Heavy Metal tranchant, épique et légèrement cinématographique. Sur des mélodies accrocheuses, des parties de guitares dynamiques et brûlantes et des changements de tempos aussi surprenants que véloces, DIAMONDS HADDER se livre à un voyage musical introspectif entre classicisme à la Dio pour la voix et une profondeur progressive héritée notamment de Fates Warning.
DIAMONDS HADDER
« Beyond The Breakers »
(No Remorse Records)
Je ne suis habituellement pas très adepte des one-man-bands, surtout de nos jours où l’informatique fait déjà la loi et où l’IA commence aussi à augmenter les dégâts. Le progrès à la place de la créativité, c’est ce que subit la musique au quotidien. Mais il reste encore quelques artistes étonnants qui osent d’aventurer sur des sentiers déjà bien balisés pour y apporter un petit quelque chose d’autre, un petit grain de folie. Et c’est exactement ce que propose John Evermore, alias DIAMONDS HADDER, avec « Beyond The Breakers ».
Loin justement de remplir l’espace sonore en empilant les pistes instrumentales pour un résultat d’une exemplaire platitude, comme c’est la norme, ce premier album est au contraire très organique, un brin vintage et interprété de main de maître. Le musicien y joue tous les instruments, et même très bien, s’est aussi occupé de l’enregistrement, du mix et de la production, sans oublier bien sûr l’écriture et la composition. Et surtout, DIAMONDS HADDER nous ramène à des sonorités familières entre Heavy Metal et Hard Rock.
Egalement au chant, l’Américain, basé à Los Angeles, a imaginé et réalisé un opus en forme de conte et doté d’une narration riche et dynamique. Et l’on doit ce son si authentique sans doute au fait que « Beyond The Breakers » ait été enregistré dans une usine abandonnée, ce qui lui confère cette atmosphère si particulière. DIAMONDS HADDER ne manque pas non plus de (bonnes) références et nous fait naviguer du côté de chez Rainbow, Savatage, Queensrÿche, voire Iron Maiden. Une belle odyssée classique et progressive.
Porté par des effluves proto-Doom et des fulgurances bien Heavy, le combo de Boston présente beaucoup de détermination sur son premier opus complet. Vif et intense, « Out Of The Dark » libère une puissance brute, un son organique et devrait ravir les amateurs du Metal de la grande époque. Assez sombre et très groovy, l’atmosphère se fait enveloppante et THE WATCHER parvient à faire la jonction entre un registre aux couleurs rétro et une belle fraîcheur. Une réussite.
THE WATCHER
« Out Of The Dark »
(Cruz Del Sur Music)
Après des débuts tonitruants il y a trois ans avec un EP, « You Turn To Die » qui leur a valu d’élogieuses critiques et permis de faire une arrivée marquante sur la scène Metal, les Américains sortent enfin leur premier album. Depuis 2016, THE WATCHER bâtit patiemment un répertoire solidement ancré dans la NWOTHM, où cohabitent un Heavy traditionnel et un Doom sabbathien. Avec son aspect classique, « Out Of The Dark » a des saveurs vintage, certes, mais n’a pas pris la moindre poussière.
Enregistré il y a tout juste un an à New-York, ce premier effort montre déjà beaucoup d’assurance et une incontestable maturité artistique. THE WATCHER n’a rien laissé au hasard et a soigné chaque morceau avec talent. « Out Of The Dark » nous transporte dans une capsule intemporelle à grands coups de riffs racés, de refrains savoureux et de solos bien ciselés. Efficace sans être démonstratif, le power trio du Massachusetts parvient sans mal à sortir son épingle du jeu en présentant un son et un style déjà identifiables.
Même s’ils évoluent dans une configuration assez restreinte (avec l’appui de deux autres six-cordistes sur scène), Max Furst (guitare, basse), Paden Reed (chant, guitare) et Chris Spraker livrent un Heavy dense et musclé marqué au fer rouge par les décennies 70 et 80. Grâce aussi à des twin-guitars enflammées, des lignes vocales assurées et un fort engagement, « Out Of The Dark » regorge de titres accrocheurs (« Strike Back », « Burning World », « The Revelator », « Thy Blade, Thy Blood » et la chanson-titre). THE WATCHER frappe fort !
Entamer une carrière avec un tel album et surtout dans un style qui demande beaucoup d’expérience est une chose assez inhabituelle. Pourtant, MARCUS TRUMMER, la petite vingtaine, s’ouvre la voie de la plus belle manière. Grâce à une musicalité sans faille, un songwriting étincelant et des arrangements plus que soignés, « From The Start » possède tous les atouts pour faire de lui l’un des futurs grands de la scène Soul Blues. Il faudra désormais aussi compter sur TRUMMER dans la lignée des MARCUS !
MARCUS TRUMMER
« From The Start »
(Gypsy Soul Records)
C’est vrai que les artistes, dont la précocité a surpris, sont quelques uns dans le monde du Blues. Si certains sont techniquement imparables, il en va autrement du feeling et du propos d’un musicien, en deux mots : son âme. Celle de MARCUS TRUMMER semble avoir déjà plusieurs vies, tant il présente avec ce premier album, « From The Start », une grande maturité à laquelle il convient d’ajouter une classe incroyable. Se mouvoir avec autant d’aisance artistique entre le Blues, la Soul et y injecter une dose d’Americana aussi brillamment n’est pas donné à tout le monde. Et le jeune homme semble déjà tout avoir.
Si les thèmes abordés par le Canadien sont universels et familiers du registre, la manière avec laquelle il s’y engouffre libère autant de douceur que de bien-être. Un véritable remède à la mélancolie ! Et du haut de ses 23 ans, le chanteur, guitariste et compositeur n’a pas attendu bien longtemps pour récolter ses premières récompenses, preuve s’il en est que son talent est indiscutable. Entouré de son frère Silus à la batterie et Stacy Shopsovitz à la basse, MARCUS TRUMMER a aussi pu compter sur Ross Hayes Citrullo de The Commoners et sur le patron de son label, Renan Yildizdogan, pour produire « From The Start ».
Egalement soutenu par des musiciens exceptionnels aux cuivres, tout comme par des chœurs fantastiques, on se laisse porter par la légèreté apparente de ces chansons. Vocalement, MARCUS TRUMMER est irréprochable et touchant, sans faire dans la démonstration. Une certaine sobriété que l’on retrouve dans son jeu de guitare d’une grande justesse. Cependant, il ne joue pas le pied sur le frein, bien au contraire et sait se montrer flamboyant (« Holding Out Of You », « Hard Time », « The Only Thing », « Let The Devil Win »). Subjuguant et un avenir qui s’annonce déjà faste !
Face à une industrie musicale et une scène Metal internationale plus formatées que jamais, où tout finit par se ressembler peu à peu, DESERT SONG prend tout le monde à revers pour faire un bond dans le temps. Si renouer avec la créativité du siècle passé n’est pas une mince affaire, recréer l’atmosphère avec un son organique et chaleureux est encore possible. Et le Hard Rock transgénérationnel et cette ambiance Old School dénotent avec brio des réalisations fadasses et bidouillées d’aujourd’hui.
DESERT SONG
« Desert Song »
(Sleaszy Rider Records)
Prenez trois musiciens chevronnés issus d’Ensiferum, Spiritus Mortis, Amoth, Celesty et d’autres encore, mettez-les ensemble en studio et laissez-les se faire plaisir. C’est très précisément ce qu’ont fait Pekka Montin (chant, claviers), Kimmo Perämäki (guitare, chant) et Vesa Vinhavirta (batterie) pour donner naissance à DESERT SONG, power trio affûté, qui a décidé de retrouver la saveur du Hard Rock et du Heavy Metal des années 70 et 80. Et cette couleur très rétro se développe même jusque sur la pochette.
L’ambition première des Finlandais est de faire la musique dont ils ont envie depuis des années et de bien le faire. Pari réussi pour DESERT SONG avec ce premier album éponyme, qui nous renvoie aux belles heures de Blue Öyster Cult, Uhiah Heep et Deep Purple avec une pincée du Michael Schenker des débuts et de Rainbow. Sont injectés aussi quelques passages Doom, progressifs et AOR distillés dans des morceaux très bien écrits, aux structures solides et dont la production-maison est exemplaire et très naturelle.
En marge de leurs groupes respectifs, le combo se rassemble autour d’influences communes et intemporelles. Allant jusqu’à enregistrer sur du matériel vintage, les Scandinaves se partagent aussi le chant et trouvent un parfait équilibre musical. On imagine facilement que DESERT SONG n’a pas souhaité faire dans le clinquant au niveau du son et ce parfum de nostalgie n’en est que plus prégnant (« Desert Flame », « Rain In Paradise », « Another Time », « The Most Terrible Crime », « Cottage »). Un bain de jouvence !
En bénéficiant de la distribution de Dixiefrog et du savoir-faire d’un co-producteur de renom, le bluesman originaire de Rouen s’offre une entrée en matière confortable et audacieuse. Sur un Blues Rock alerte et cuivré, il décline une vision artistique où la modernité fait corps avec la tradition en se faisant très Rock, Funky et plus intime aussi. « Time Has Come » vient confirmer le talent de PHIL VERMONT, qui réalise une première discographique très réussie, et très personnelle.
PHIL VERMONT
« Time Has Come »
(Rock & Hall Distribution)
Après avoir passé de longues années à arpenter la scène afin d’acquérir une solide expérience, le temps semble donc venu pour PHIL VERMONT de voler de ses propres ailes et de délivrer son propre répertoire. Cela dit, « Time Has Come » ne ressemble en aucun cas à une sorte de bilan de ce qu’il serait devenu en tant que musicien, mais présente plutôt un album abouti, très varié et homogène et qui nous fait traverser plusieurs courants et époques du Blues avec beaucoup de liberté et de fluidité dans le jeu.
Guitariste accompli et chanteur convaincant, PHIL VERMONT se dévoile sur onze compositions assez éclectiques, auxquelles il faut ajouter une reprise pleine de fougue de « Tribal Dance » de Peter Green. Et en changeant quelque peu de l’ambiance très British Blues de l’original, le Normand lui a réservé un traitement aussi intense que spontané. C’est justement ce qui fait sa force de pouvoir passer d’un claquement de doigt d’approches très classiques du siècle dernier à des sonorités contemporaines très vives.
Certes, si PHIL VERMONT reste le principal acteur et moteur de « Time Has Come », il a pu profiter de l’expérience du plus français des Américains, Neil Black, qui produit l’ensemble avec lui et intervient même sur deux titres (« Me And The Devil » et « The Waders »). Et les musiciens qui l’accompagnent forment aussi un groupe soudé et complice. Expérimenté et inspiré, il offre beaucoup de couleur et de relief. Et le fait que la rythmique soit enregistrée en live libère un groove authentique et savoureux. Un album de grande classe !
En quatre ans, le quatuor britannique a marqué les esprits lors de concerts endiablés à travers leur pays et fait en sorte que leur musique dépasse largement les frontières du Royaume-Uni. Après un premier EP, c’est avec un album hyper-punchy à l’énergie débordante et aux textes francs et directs, « Dancing On The Milky Way », qu’elles viennent épicer une scène Rock, qui se prend peut-être un peu trop au sérieux. Coloré et irrévérencieux, le style de THE HOT DAMN! passe de la Power/Pop au Metal/Punk sans transition, mais avec une étonnante fluidité et surtout une joie communicative, tout en dénonçant les travers de notre société. Lzi Hayes (basse, choeurs) et Gill Montgomery (chant, guitare) ont pris le temps de répondre à quelques questions pour expliquer la démarche de leur formation survitaminée.
– Vous avez toutes un passé musical au sein de The Amorettes, Tequila Mockinbyrd, New Device, Aaron Buchanan & The Cult Classics et Sophie Lloyd avec une certaine reconnaissance. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous retrouver et fonder THE HOT DAMN! ? Un manque de fun dans vos groupes respectifs ?
Lzi : Nous nous sommes rencontrées par hasard, en fait. Nous étions toutes dans nos groupes respectifs et je pense que nous cherchions chacune de nous à clore un chapitre de nos vies musicales, afin d’en commencer un autre. Nos groupes étaient tous très sérieux, vêtus de noir avec des vibrations sombres et je suppose que nous voulions tous faire quelque chose d’un peu différent et d’un peu plus unique.
– Cela n’aura échappé à personne, THE HOT DAMN! est entièrement féminin. Ça aussi, c’était une condition pour fonder le groupe, et peut-être aussi perpétuer cette belle tradition des femmes dans le Rock ?
Nous avons des opinions bien arrêtées sur ce sujet. Bien sûr, ce n’était pas une condition pour fonder le groupe ! Être quatre femmes dans un groupe ne devrait pas être un sujet de discussion au 21ème siècle ! Toute notre vie, nous avons dû nous contenter de ‘elles sont bonnes… pour des filles’, ou de tout autre compliment indirect du même genre. Nous en avons marre. Nous sommes des femmes, oui. Nous jouons de la musique, oui. Quel est le problème ? Notre anatomie n’a rien à voir avec la musique que nous jouons, ou pourquoi nous la jouons. Nous sommes juste quatre amies qui rigolons ensemble !
– D’ailleurs, un groupe entièrement composé de femmes doit-il forcément être aussi féministe dans ses textes et son attitude ?
Les chansons parlent d’elles-mêmes, non ? Nous ne voulons pas représenter un seul sexe. Nous voulons représenter les gens de tous les genres qui se sentent battus et maltraités. La chanson « I Didn’t Like You Anyway » est un grand ‘Fuck You’ à tous les connards ! C’est quelque chose auquel tout le monde peut s’identifier en adoptant une position de force et de pouvoir en se disant ‘tu ne me peux pas me battre !’. Alors oui, nous sommes des femmes, mais nous chantons sur des sujets universels. Nous pensons que ça craint vraiment pour les femmes, les LGBTQ+, les POC (personnes de couleurs – NDR), … Bref, tout le monde, en fait, est traité comme de la merde et nous nous donnons pour mission de le dénoncer dans chacune de nos chansons.
– Vous avez créé et officialisé le groupe il y a quatre ans en pleine pandémie, et vous en avez d’ailleurs beaucoup joué à l’époque sur les réseaux sociaux. Il fallait tout de même avoir la foi ! Vous avez cru dès le début au potentiel de THE HOT DAMN! ?
Il fallait avoir foi en quelque chose… C’était une période si sombre pour tout le monde, nous voulions simplement nous donner pour mission de remonter le moral des gens et de mettre un peu de couleur dans leur vie. Notre premier objectif a été de commencer par être une entité et donc un groupe, qui nous faisait rire et qui nous apportait de la joie. Nous avons pensé que si cela nous amusait, cela ferait aussi sourire les autres pendant cette période très difficile de notre vie.
– Et vous voici aujourd’hui avec votre premier album, « Dancing On The Milky Way », qui ne manque pas de piquant. Vous l’avez enregistré à Melbourne en Australie et en Angleterre à Doncaster. Pourquoi autant de distance entre les studios ? Il vous fallait des changements d’ambiances ?
Josie (O’Toole, batterie – NDR) avait juste envie de vacances et ne voulait pas que nous venions la déranger ! (Rires) Non, elle voulait juste enregistrer la batterie avec une très bonne amie, pendant qu’elle allait rendre visite à d’autres en Australie, car elle a vécu à Melbourne pendant dix ans. Sur place, elle a rencontré Ricki Rae, avec qui elle avait travaillé sur quelques projets musicaux et elle a pensé que ce serait donc le meilleur endroit pour enregistrer la batterie avec lui. Nous autres avons enregistré nos parties à Doncaster, car il était logique de tirer le meilleur parti de nos congés annuels pour nous permettre de faire ensuite quelques grandes tournées la même année. Et nous adorons le résultat ! (Sourires)
– L’album présente également une grosse production que l’on doit à Ricki Rae et Matt Elliss. Malgré les deux producteurs, « Dancing On The Milky Way » est très homogène dans le son. Vous aviez besoin d’autant d’émulation pour obtenir ce que vous recherchiez ?
Ricki a produit et mixé tout ce que nous avons fait jusqu’à présent. Il fallait évidemment que nous ayons une certaine continuité dans le son et nous adorons aussi son travail. Il nous fait sonner comme les dures à cuire que nous sommes.
– Vous évoluez d’ailleurs dans un Power Pop/Rock parfois Metal très coloré, et aussi explosif que festif. La scène Rock actuelle vous parait-elle à ce point terne qu’il vous faillait l’aciduler un peu ?
Nous ne disons pas que la scène Rock actuelle est ennuyeuse… Mais nous pensons que le modèle est le même depuis très longtemps. Tout ce que nous essayons de faire, c’est de briser un peu le moule et injecter un peu de fun et de couleur dans une scène musicale par ailleurs sombre et sérieuse. Nous prenons cette direction Pop-Punk et l’injectons dans une musique Rock moderne.
– Vos chansons renvoient à des époques différentes et aussi à des artistes très variés, qui rappellent autant le courant Punk que Pop et même Hard Rock avec un côté Glam Sleaze. C’est une sorte de nostalgie, ou plutôt l’idée de reprendre les choses là où elles en étaient avec un spectre moderne et très actuel ?
Je pense que nous essayons simplement de saluer tous les groupes avec lesquels nous avons grandi et que nous admirons. Nous avons toutes des goûts tellement variés que je pense que tout se combine d’une manière nouvelle, étrange et merveilleuse ! Nous n’avons pas la prétention de faire quelque chose qui n’ait jamais été faite auparavant, mais nous le faisons d’une manière qui, nous l’espérons, fait entrer le tout dans le 21ème siècle.
– Il y a aussi un gros travail sur les guitares notamment. Est-ce un aspect sur lequel vous vouliez vraiment vous éclater et quels sont vos références dans le domaine ?
Gill adore l’époque Glam et Punk des années 70 ! Elle adore Bowie, Kiss, The Sweet et tous ces groupes incroyables. Je pense qu’avec ses influences, elle apporte un côté théâtral et un son moderne, mais rétro, à son jeu. Laurie (Buchanan, guitare et chœurs – NDR) est beaucoup plus influencée par les groupes modernes comme Coheed et Cambria. Nous voulions vraiment créer des paysages sonores avec beaucoup de couches de guitares massives pour qu’à chaque écoute, on entende quelque chose de nouveau.
Gill Montgomery
– Gill, tu apparais également sur le nouvel album de The New Roses, « Attracted To Danger », sur la power-ballad « Hold Me Up » en duo avec Timmy Rough. Comment une chanteuse écossaise se retrouve-t-elle sur l’album d’un groupe de Hard Rock allemand ? Vous vous connaissez depuis longtemps, car vous ne partagez pas non plus le même label ?
Gill : Nos managers se connaissent et nous ont présentés. Je crois qu’ils me connaissaient dans mon précédent groupe, The Amorettes. Nous étions sur le label de Heavy Metal allemand Steamhammer, une société sœur d’UDR. Ils avaient au moins entendu parler de nous quand nous leur avons volé la tournée en soutien des Dead Daisies ! Oups ! (Rires) J’avais entendu leur nom sur le circuit depuis quelques années et finalement, nos chemins se sont croisés.
– Enfin, THE HOT DAMN! étant déjà réputé pour ses prestations scénique enflammées, j’imagine qu’une tournée est prévue pour défendre « Dancing On The Milky Way » ? Peut-être avec The New Roses d’ailleurs… ?
Nous partons en tournée au Royaume-Uni dès le 1er novembre, en passant par Cardiff, Nottingham, Londres, Newcastle, Whitby, Glasgow et nous terminerons à Manchester ! Nous retournerons ensuite en Allemagne pour assurer la première partie de D-A-D, et terminerons par un concert spécial avec nos amis de The New Roses le 14 décembre à Wiesbaden ! Nous avons hâte !
Le premier album de THE HOT DAMN!, « Dancing On The Milky Way », est disponible chez Fat Earth Records et sur le site du groupe : www.thehotdamn.com