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Thrash Metal

Arcania : une machinerie redoutable

Efficace et déterminée, la formation basée (en partie) à Angers nous aura fait languir une décennie avant de nous offrir sa troisième réalisation. Faisant abstraction des modes et en évitant soigneusement l’uniformité bien réelle du registre, ARCANIA s’appuie sur des morceaux bien ciselés, un frontman imperturbable, un duo basse/batterie fusionnel et deux guitaristes dont la complicité est magnifiée par des solos virtuoses. Sur « Lost Generation », le groupe oscille entre hargne et des parties mélodiques très fédératrices : une maturité qui rend son Thrash Metal implacable et féroce.

ARCANIA

« Lost Generation »

(Independant)

Les aléas de la vie, les projets de chacun et d’autres avortés, puis la pandémie ont émaillé les dix dernières années d’ARCANIA et ont retardé la sortie de son troisième album. Mais « Lost Generation » est bel et bien là et le quatuor frappe très fort. Enregistré et mixé au Dome Studio près d’Angers par David Potvin, on y retrouve le Thrash Metal auquel il nous avait déjà habitués sur « Sweet Angel Dust » et « Dreams Are Dead ». A mi-chemin entre des fondations Old School estampillées Bay Area et une approche très moderne, le compromis est parfaitement à l’équilibre.

Elaborées entre 2016 et 2019, les compositions de « Lost Generation » ne souffrent d’aucun jet lag. Bien au contraire, elles sonnent très actuelles et la puissance de la production les rend intemporelles et modernes. ARCANIA ne triche pas et cela décuple sa force. Avec des musiciens de ce calibre, il est même surprenant, et dommage surtout, que le combo ne soit pas plus reconnu au regard notamment de l’actuelle scène hexagonale. Très travaillés et d’une fluidité inflexible, les dix titres varient dans les ambiances comme dans les tempos avec beaucoup de finesse.

Sur des riffs acérés, les deux guitaristes ouvrent les hostilités avec le morceau-titre, soutenus par une rythmique massive et groovy. Très véloce, ARCANIA assène un Thrash Metal dense, tout en soignant également ses accroches vocales (« Hope Won’t Last », dont on retrouve un écho intelligemment placé sur « What Will Remain »). Et si la seconde partie du disque est légèrement moins musclée, mais tout aussi technique, elle est peut-être la plus intéressante (« The Void », « Social Suicide », « Harder You Fall »  et le magistral « Now The Sun Won’t Shine »). Une leçon avec les formes.  

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Metal Progressif

Wire Edge : une puissante sérénité

Toujours aussi précis dans la structure de ses morceaux, WIRE EDGE se présente avec un format court après des débuts enthousiasmants en 2020. Loin des stéréotypes, le groupe affiche beaucoup de liberté et d’audace sur ce « Salt Of The Earth » assez surprenant. Sur 25 minutes intenses, on évolue dans un Metal Progressif tout en variation, inspiré et aussi plus chaleureux que précédemment. Les Français ont pris du volume, de l’expérience et cela s’entend.

WIRE EDGE

« Salt Of The Earth »

Apparu il y a quatre ans avec un premier album convaincant, « Workhorse Empire », une petite année seulement après sa création, WIRE EDGE donne enfin une suite à son aventure. Cependant, pas de deuxième opus pour le moment, mais un EP de quatre titres encore une fois très prometteur et à la direction musicale quelque peu différente. Les aspects plus Dark se sont dissipés au profit d’un Metal Progressif plus resserré et, de fait, plus efficace dans le songwriting, tout en restant très élaboré et subtil.

Techniquement, WIRE EDGE montre toujours la même facilité d’interprétation, malgré des compositions parfois tortueuses. Avec beaucoup de maîtrise et une personnalité qui s’affine, le quatuor s’est concentré sur quatre morceaux aux durées variées et dont les atmosphères ont cette fois un aspect peut-être plus abordable. C’est « Hollow places » qui ouvre le bal et qui fait un peu figure de longue intro sur un rythme posé et sans batterie, où le travail sur les voix, qui rappellera Metallica à certains, est particulièrement soigné.

Trois petites minutes plus tard et sur un enchaînement parfait, c’est le morceau-titre qui semble libérer les Parisiens, tant l’édifice se met à trembler pour s’étendre sur plus de huit minutes. C’est d’ailleurs aussi le cas sur « Cities Of None », sorte de titre jumeau où le côté Metal de WIRE EDGE prend le dessus entrecoupé de quelques passages aériens bien sentis. Enfin, sur « Towers », le combo se livre sur un format plus ‘classique’ et accrocheur. « Salt Of The Earth » est finalement très complet… mais bien trop court !

« Salt Of The Earth » de WIRE EDGE est disponible sur toutes les plateformes.

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Hard'n Heavy Old School

Desert Song : intuitif et expérimenté

Face à une industrie musicale et une scène Metal internationale plus formatées que jamais, où tout finit par se ressembler peu à peu, DESERT SONG prend tout le monde à revers pour faire un bond dans le temps. Si renouer avec la créativité du siècle passé n’est pas une mince affaire, recréer l’atmosphère avec un son organique et chaleureux est encore possible. Et le Hard Rock transgénérationnel et cette ambiance Old School dénotent avec brio des réalisations fadasses et bidouillées d’aujourd’hui.

DESERT SONG

« Desert Song »

(Sleaszy Rider Records)

Prenez trois musiciens chevronnés issus d’Ensiferum, Spiritus Mortis, Amoth, Celesty et d’autres encore, mettez-les ensemble en studio et laissez-les se faire plaisir. C’est très précisément ce qu’ont fait Pekka Montin (chant, claviers), Kimmo Perämäki (guitare, chant) et Vesa Vinhavirta (batterie) pour donner naissance à DESERT SONG, power trio affûté, qui a décidé de retrouver la saveur du Hard Rock et du Heavy Metal des années 70 et 80. Et cette couleur très rétro se développe même jusque sur la pochette.

L’ambition première des Finlandais est de faire la musique dont ils ont envie depuis des années et de bien le faire. Pari réussi pour DESERT SONG avec ce premier album éponyme, qui nous renvoie aux belles heures de Blue Öyster Cult, Uhiah Heep et Deep Purple avec une pincée du Michael Schenker des débuts et de Rainbow. Sont injectés aussi quelques passages Doom, progressifs et AOR distillés dans des morceaux très bien écrits, aux structures solides et dont la production-maison est exemplaire et très naturelle.

En marge de leurs groupes respectifs, le combo se rassemble autour d’influences communes et intemporelles. Allant jusqu’à enregistrer sur du matériel vintage, les Scandinaves se partagent aussi le chant et trouvent un parfait équilibre musical. On imagine facilement que DESERT SONG n’a pas souhaité faire dans le clinquant au niveau du son et ce parfum de nostalgie n’en est que plus prégnant (« Desert Flame », « Rain In Paradise », « Another Time », « The Most Terrible Crime », « Cottage »). Un bain de jouvence !

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France Metal Progressif Rock Progressif

Klone : l’avenir entre les mains [Interview]

Désormais incontournable sur la scène progressive française, Rock ou Metal d’ailleurs, KLONE livre un dixième album à la fois surprenant et très complet. Comme si le groupe tenait à parcourir les 25 ans d’une carrière riche et productive, « The Unseen » nous embarque dans un climat plus organique, légèrement plus abordable aussi, et nettement plus Rock. Sans faire pour autant l’impasse sur l’aspect massif de son registre, les morceaux sont ici presque plus intimes jouant sur une proximité très palpable. Malgré une fin de contrat quelque peu houleuse avec leur label, les Poitevins réalisent un disque chaleureux aussi aérien qu’accrocheur. Guillaume Bernard, guitariste et compositeur du sextet, revient sur cette nouvelle production et livre ses ambitions pour l’avenir de la formation.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur cette interview que tu as donnée cet été au Hellfest durant laquelle tu n’as pas ménagé le patron de Pelagic. Il se trouve que « The Unseen » est le dernier disque que vous deviez honorer contractuellement au label. Quel était le nœud du problème ?

En fait, cette interview, comme d’autres aussi, ont disparu du Net. Et je n’ai pas le droit d’en reparler avant un petit moment, c’est-à-dire pas avant que la sortie du disque soit terminée. C’est un peu délicat, je ne peux pas revenir sur le sujet. Mais d’ici quelques mois, je pourrais le faire. J’aurais à nouveau le droit d’en parler, car j’ai reçu des menaces et je suis contrait de me taire.

– Pour faire court et en évitant toute polémique, c’est un problème personnel ou c’est au niveau de la structure du label ?

C’est un problème du groupe avec la personne qui gère le label. Cela concerne aussi d’autres formations comme la nôtre, qui ont eu les mêmes soucis. Mais globalement, c’est relationnel, oui.

– J’imagine que la situation n’est pas des plus agréables pour vous, d’autant que « The Unseen » est un excellent album, peut-être même votre meilleur. Est-ce qu’on parvient malgré tout à faire facilement abstraction de tout ça pour composer d’abord, et ensuite pour le défendre au mieux et surtout sereinement ?

De toute façon, il y a tout intérêt à faire abstraction de cette histoire. Même si cela nous a occupés pas mal de temps, on s’est vite replongé dans l’album. On a avancé sur la musique de notre mieux et cela ne va pas nous empêcher de bien défendre le disque. On a d’ailleurs déjà beaucoup communiqué en France et à l’étranger. L’an prochain, on sera sur scène. En soi, ça n’a pas d’influence particulière à part quelques sauts d’humeur parfois quand tu reçois certains mails et messages. Ca devient un peu compliqué. Maintenant, on sait que c’est comme ça. Alors, on va à la fin de notre contrat avec ce label et on en retire aussi des enseignements pour que ce genre de situation ne se reproduise pas à l’avenir.

– Comme je le disais, « The Unseen » est probablement l’un des albums le plus abouti de KLONE. Comment se sont passés la composition et l’enregistrement dans un tel climat, car on vous sent tous très investis et épanouis, sans parler des morceaux qui dégagent une atmosphère très libre et positive. Vous auriez aussi pu y aller à reculons et c’est finalement tout le contraire…

Merci beaucoup, mais tu sais, on a travaillé dessus comme on l’a toujours fait sur les autres albums. Il faut savoir quand même que c’est un disque un peu particulier dans le sens où il y a des compositions qui datent d’un certain temps. La base vient de morceaux que je n’avais pas eu le temps de terminer. Il y en a même qui ont dix ans. En ce qui concerne la batterie, par exemple, cela aurait pu sortir au moment de « Here Comes The Sun » (2015 – NDR). En fait, à un moment donné, on avait tellement de morceaux qu’on n’avait pas pu tout finir et on voulait bosser sur du neuf. On a donc remis le nez dedans. Il n’y avait pas de lignes de basse, pas de guitares ou d’arrangements de sax, d’ambiances, etc… Et même pas de voix, ni de textes. Le socle était bien fixé et puis, ce sont aussi des morceaux qui nous tiennent à cœur. Pour l’anecdote, nous sommes même plus fiers de ces morceaux que ceux de « Meanwhile », par exemple. Ces titres auraient dû sortir et cela nous fait vraiment plaisir de le faire aujourd’hui.

– Et ça montre aussi une belle intemporalité de votre musique…

Oui, c’est vrai. Mais en soi, ça tient à l’adaptation des titres. Et puis, chaque morceau de KLONE a une histoire particulière. Souvent entre le début du travail et le moment de la sortie, il y a des espaces temps assez fous. C’est un peu comme si on avait mis des bouteilles de vin à la cave, et qu’on les ressortait. Et puis, on a eu le temps de les finir et d’obtenir un résultat certainement meilleur qu’il ne l’aurait été à l’époque et c’est ça qui est chouette. On a un regard nouveau dessus, avec de la fraîcheur, et cela nous permet de les fignoler comme on l’entend. Et là, avec des morceaux, c’est idéalement ce qu’on peut faire de mieux.

– Une fois que l’aventure Pelagic sera derrière vous, KLONE sera bien sûr en quête d’un nouveau label. Vous en avez déjà fait pas mal et non des moindres. Est-ce que vous avez déjà des pistes, voire déjà des pourparlers ? Et sinon, est-ce que la perspective de sortir le prochain album en indépendant est aussi une possibilité ?

C’est exactement notre questionnement d’aujourd’hui ! Du fait de nos expériences passées avec certains, et aussi sur le côté économique de la chose, on pense que nous serions capable d’investir ce que les labels ont pu investir sur nous. Ils se sont faits de l’argent sur le groupe, alors que nous n’avons quasiment rien perçu. On ne gagne même pas un Euro par disque vendus et c’est pareil pour le streaming. En fait, si on gagnait cet argent, ce ne serait pas pour acheter des maisons avec piscine, cela nous servirait à réinvestir dans le projet pour le faire grossir encore plus. On pourrait être beaucoup plus ambitieux sur pas mal de choses et mieux les faire. Je pense aux concerts, aux lights, à différents packagings, … à plein de petites choses en fait. Et aujourd’hui, on ne peut pas parce qu’on a ces contraintes financières qui sont là. Mais cela a toujours été le cas dans le milieu de la musique. Et comme on arrive à vendre pas mal de disques, on est à un stade où on se dit qu’on pourrait faire tout un tas de choses.

On sait aussi les domaines sur lesquels on peut être autonome et ceux où l’on peut éventuellement déléguer, à savoir la distribution, la mise en bac et même le travail de relation presse où on peut vite être débordé. Il y a du partage de tâches à faire avec des gens à payer pour l’entreprendre. En tout cas, ce qui est cool, c’est que nous avons cette option de l’indépendance et aussi celle de retravailler avec Kscope, par exemple. Season Of Mist serait aussi intéressé, on a eu également de belles accroches avec InsideOut Music, qui possède un très beau catalogue. Et il y a aussi d’autres labels, qui pourraient encore être intéressés. Après, dans le milieu, ce n’est pas une histoire de qualité musicale qui va faire pencher la balance, même si cela a son importance. Mais globalement, à partir du moment où tu vends un certain nombre de disques, tu peux être sûr que les labels vont être à l’affût, car ils vont pouvoir gagner de l’argent. Et ils sont aussi là pour ça, c’est vrai. Cela fait partie du jeu. En tout cas, on n’est pas en mauvaise position et on serait même en position de force pour négocier un contrat, qui irait dans le sens de KLONE. Et si on ne parvient pas à avoir ce que l’on veut, faire un mix entre l’indépendance et travailler avec certaines structures solides est envisageable et nous permettrait de franchir des étapes.

– « The Unseen » est également plus Rock que ses prédécesseurs et notamment que « Meanwhile ». J’ai pu lire que vous le définissiez comme de l’Art-Rock Progressif. KLONE a toujours eu cette approche, même si elle était plus marquée Metal. C’est un élan que vous entendez poursuivre ?

Ce qui est sûr, c’est que ces morceaux sont plus Rock, en effet, et c’est aussi là-dedans que nous nous épanouissons le plus. Aujourd’hui, on l’assume complètement et nous sommes vraiment l’aise avec ça. Même si on a pris du plaisir à faire « Meanwhile », on sent qu’on est plus proche des titres de « The Unseen ». Ensuite, pour ce qui est du terme ‘Art-Rock Progressif’, c’est l’appellation du label et c’est rigolo, mais ça reste du Rock au sens large avec des éléments progressifs qu’on retrouve dans des morceaux, qui peuvent être plus longs. Une chose est sûre, il n’y aura jamais de compromis dans notre musique. Si on continue à avoir des idées dans ce style, je pense qu’on continuera dans ce sens. On va essayer de faire de bonnes chansons. On pourra peut-être nous dire qu’on tourne en rond, puisque c’est ça aussi la musique de KLONE. Mais on ne va pas passer du coq à l’âne, non plus. Ca restera toujours progressif avec un côté plus aventureux peut-être dans les arrangements notamment, ou avec l’apparition d’autres instruments de musique aussi. L’optique de développement du projet se situe plutôt dans cette voie-là.

– La production est également plus légère et aérée et ce n’est pas seulement dû à son aspect plus Rock. Vous avez souhaité apporter des arrangements plus discrets et un spectre aussi moins chargé ? Je me souviens que pour « Meanwhile », tu me disais que vous avez eu du mal à tout faire entrer…

C’était le problème sur « Meanwhile », en effet. On avait mis beaucoup de distorsion sur nos guitares, parce qu’on voulait un son plus gros. Entre les riffs, les arrangements de synthés, de piano et autres, il y avait beaucoup de choses. Là, du fait qu’on voulait quelque chose de plus Rock, on a eu plus de place pour faire ressortir tous les détails. Précédemment, c’est vrai qu’on avait eu un problème pour tout faire entrer dans la machine. Cette fois, il y a plus d’air, le son est plus naturel aussi. On s’y retrouve plus. Il y avait un côté un peu chimique dans « Meanwhile », qui est aussi dû aussi aux codes du Metal. Là, le mix a été beaucoup plus simple. Ca reste quand même chargé en infos, mais chaque élément est plus facilement perceptible. Les lignes de basse, notamment, ressortent mieux et ça va dans le sens qu’on souhaitait.

– C’est vrai que dans l’ensemble « The Unseen » a des sonorités très organiques et assez acoustiques. C’était aussi dans la perspective de la tournée ‘unplugged’ que vous venez de terminer ? L’album se prête à une approche plus épurée en concert ? A moins que vous prévoyez de repartir dans une configuration plus Metal dans les mois qui viennent ?

Le côté ‘Unplugged’ nous sert toujours d’expérience pour tout un tas de choses et notamment pour le travail sur les nuances et la dynamique du son. Pour « The Unseen », on laisse d’abord le disque sortir et les gens s’en imprégner. Ensuite, pour ce qui est prévu pour les prochains concerts début février, on fera bien sûr attention à tout ça, mais ce sera plus Metal dans l’approche que sur le disque. Il y a ce côté rentre-dedans qui ressort toujours en live comme c’était déjà le cas sur « Le Grand Voyage » et « Here Comes The Sun ». Les concerts se prêtent beaucoup plus à ça, notamment pour nous.

– D’ailleurs en 2017, vous aviez déjà sorti « Unplugged », un album live entièrement acoustique. Je sais que les sensations sont opposées, mais quelle disposition est, selon toi, la plus proche de l’identité intrinsèque de KLONE ? Avec du gros son ou dans un registre plus intimiste ?

Un peu des deux, je pense, car cela fait partie de notre identité de groupe. KLONE a toujours été un mélange de subtilité et de choses plus Metal au niveau de la production. On se sent vraiment très à l’aise à jouer ‘unplugged’. On aime le format et aussi la possibilité que cela nous donne de pouvoir jouer dans des lieux très différents. On peut profiter de cadres dans lesquels on n’a pas la chance d’évoluer d’habitude. J’ai l’impression que le côté ‘Unplugged’ de KLONE passe peut-être mieux au niveau de l’émotion qu’en électrique. Après, les gens peuvent être aussi touchés différemment. Mais c’est vrai que si tu veux avoir du gros son avec des grosses distorsions, les grandes salles sont plus adaptées. J’aime bien les deux exercices, car cela nous permet de jouer sans nous lasser avec ces deux formules, avec une approche qui n’est pas la même. Et puis, on prend beaucoup de plaisir à tenter des choses différentes.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot du morceau « Spring », qui vient magnifiquement clore l’album du haut de ses 12 minutes. Forcément, il offre la liberté de produire de longues plages instrumentales. On sent que vous avez vraiment voulu vous faire plaisir. C’est quelque chose que vous affectionnez particulièrement de composer et de jouer des morceaux aussi longs, même si c’est assez courant dans le Prog ?

« Spring » est un morceau assez particulier, et notamment avec cette intro dont on nous parle souvent, qui a été ajoutée. En fait, le morceau a été composé à l’époque de « Here Comes The Sun ». En 1995, on l’avait donc enregistré, mais nous n’avions pas eu le temps de finir le texte et la voix. Comme on ne voulait pas le bâcler, on s’était dit qu’on le finirait plus tard. Et comme la production n’est pas la même, j’ai un peu fait exprès d’ajouter cette longue intro. C’était aussi pour qu’on oublie aussi un peu l’ancienne prod’ et que cela ne se fasse pas sentir à l’écoute. Elle permet d’aller un peu ailleurs et de retrouver le morceau sans se douter de la différence dans le temps. Car il faut aussi savoir que ce n’est pas non plus le même line-up de KLONE sur « Spring ». Ensuite, c’est vrai qu’on a toujours aimé faire des morceaux assez longs, même si celui-ci ne devait pas l’être à la base.

– Enfin, parlons aussi de cette superbe pochette, qui rappelle d’ailleurs un peu celle de « Meanwhile » dans ses couleurs et l’imaginaire auquel elle renvoie. Comment a-t-elle été conçue et avez-vous donné certaines consignes par rapport à ce que vous en attendiez ?

En fait, dans notre façon de procéder, on ne va plus demander à un artiste de créer quelque chose à partir d’une idée qu’on peut avoir. On cherche beaucoup de notre côté parmi des visuels qu’on aime bien et des gens dont on apprécie le boulot. Pour « The Unseen », comme pour presque tous les autres albums d’ailleurs, on a trouvé le visuel sur le compte Instagram d’un graphiste qu’on ne connaissait même pas. On l’a contacté, on lui a expliqué les choses pour la pochette et, en fait, il nous a dit qu’il avait travaillé à partir de l’Intelligence Artificielle. Au début, on n’était pas très chaud, mais on aimait beaucoup le visuel. On a fini par bosser avec lui, même si tout ça a été créé par un robot quelque part. Mais on savait qu’on ne retrouverait pas ça ailleurs. Et on avait tellement galéré pour trouver une pochette qui faisait l’unanimité qu’on a choisi celle-ci. On l’a fait passer dans l’entourage du groupe et tout le monde l’a trouvé mortelle ! On a donc fait ce choix d’autant que personne n’avait décelé que qu’elle avait été créée à partir de l’IA. Sur le principe, nous ne sommes pas vraiment pour. On s’était même un peu interdit de le faire, mais nous l’avons tous trouvé superbe et en vinyle, le rendu est magnifique !

L’album de KLONE, « The Unseen », est disponible chez Pelagic Records.

Retrouvez la chronique de « Meanwhile » :

Photos : Benjamin Delacoux (1, 3 & 5), Stephan Tidovar (4 & 6) et Talie Rose Eigeland (2).

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Classic Rock Hard Blues

Lions In the Street : on the hunt

On n’en voudra pas à LIONS IN THE STREET d’être allé puiser dans de vieux morceaux pour constituer ce « Moving Along », bien au contraire. Sur une production tonique et vive, le quatuor américano-canadiens annonce la couleur et donne le ton. Rock’n’Roll jusqu’au bout des doigts, parfois bluesy, toujours groovy et avec un petit côté sudiste qui leur confère une saveur légèrement vintage, les lions entrent dans l’arène et ne font pas dans le détail. Réjouissants, imperturbables et honnêtes, les quatre musiciens se révèlent comme les prétendants à une relève très attendue. Un magnifique pavé dans la marre ! 

LIONS IN THE STREET

« Moving Along »

(Interior Castle Music)

Fondé en 2006, l’histoire de LIONS IN THE STREET a de quoi laisser songeur. Alors que le groupe avait toutes les cartes en main pour mener à bien une belle carrière, il n’en fut rien, même s’il n’est jamais trop tard, bien sûr. Managé par Allen Novac (Mötley Crüe, Blondie), signé chez TVT Records (Nine Inch Nails), puis 604 Records (Nickelback), le quatuor a tout envoyé balader et s’est retrouvé blacklisté par une industrie musicale rancunière. Mais après une longue traversée du désert, le retour est enthousiasmant et sonne comme une belle revanche.

Après deux Eps (« Cat Got Your Tongue » en 2006 et « On The Lam » en 2013), le combo, composé pour moitié de Canadiens de Vancouver et d’Américains de San Diego, a également sorti un premier album, « The Years » en 2016. Mais tout ceci s’est passé relativement dans l’ombre, sous les radars, ne parvenant pas à capter la chaleur des projecteurs pourtant bien méritée. Cette fois, Sean Casey (guitare), Enzo Figliuzzi (basse) et les frères Kinnon (Chris au chant et à la guitare et Jeff à la batterie) font rugir LIONS IN THE STREET pour de bon !

Et le bouleversement à l’œuvre avec l’avènement des plateformes et des réseaux sociaux a aussi bien aidé et ragaillardi la formation, qui fait son retour le couteau entre les dents. Armé d’un Classic Rock musclé et un brin arrogant, elle déroule ce « Moving Along » frais et fougueux avec une volonté exacerbée. Situé quelque part entre les Rolling Stones (même tout près !) et les Black Crows, LIONS IN THE STREET s’affirme à travers des titres entêtants (« Already Gone », « Gold Pour Down », « Shangri La », « Moving Along », « Truer Now ») Intègre !

(Photo : Gregory Crowe)

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Hard'n Heavy

Bombus : délicieuse décadence

En s’autorisant à peu près tout, les Scandinaves s’offrent le loisir d’un opus débridé, qui peut légèrement dérouter, mais dont le Hard’n Heavy est aussi costaud que mélodique. « Your Blood » est sans doute l’un des disques les plus libres du genre depuis un moment et c’est en cela qu’il est délectable. Le groupe appuie sur ses points forts et fait ainsi émerger une avalanche de riffs rageurs, des solos bien ciselés et des parties vocales imparables et un brin nostalgiques.

BOMBUS

« Your Blood »

(Black Lodge Records)

Fondé en 2008, le combo de Göteborg n’a malheureusement pas encore reçu la lumière qu’il mérite, mais « Your Blood » pourrait bien changer la donne. Certes, il n’y a pas de grande révolution dans le Hard Rock teinté de Heavy et d’une touche Glam chez BOMBUS, mais la ténacité de son fondateur, chanteur et guitariste Fredrik Berglund, tout comme sa liberté de ton, imposent le respect. Et avec ce quatrième album, les Suédois présentent un nouveau visage et surtout une envie décuplée.

Le départ il y a quatre ans de l’un de ses piliers, le frontman et six-cordiste Matte Saker, a peut-être offert à BOMBUS le sursaut qu’il attendait. En effet, Johan Meiton (chant, guitare) et Simon Salomon (guitare) actent donc leur arrivée. Et oui, les comptes sont bons : il y a bel et bien deux chanteurs en place et un trio de guitaristes, qui se fait aussi vraiment plaisir. Les possibilités sont donc multiples et « Your Blood » est un bon compromis entre un Heavy Old School et une approche plus actuelle.

Vocalement, l’ombre de Lemmy plane sur BOMBUS, mais cela n’entache nullement son identité artistique. Au contraire, il présente des titres variés et accrocheurs (« Killers », « No Rules », « The Beast », « Lo And Behold »). Le duo au chant fonctionne parfaitement, tout comme l’armada de guitaristes (« Take Your Down », « Carmina »). Et si la production peut parfois manquer d’éclat et de relief, le résultat est plus que convaincant et on se laisse sans peine porter par le registre décalé de ce « Your Blood » rondement mené.

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Phil Vermont : une ponctualité exemplaire

En bénéficiant de la distribution de Dixiefrog et du savoir-faire d’un co-producteur de renom, le bluesman originaire de Rouen s’offre une entrée en matière confortable et audacieuse. Sur un Blues Rock alerte et cuivré, il décline une vision artistique où la modernité fait corps avec la tradition en se faisant très Rock, Funky et plus intime aussi. « Time Has Come » vient confirmer le talent de PHIL VERMONT, qui réalise une première discographique très réussie, et très personnelle.

PHIL VERMONT

« Time Has Come »

(Rock & Hall Distribution)

Après avoir passé de longues années à arpenter la scène afin d’acquérir une solide expérience, le temps semble donc venu pour PHIL VERMONT de voler de ses propres ailes et de délivrer son propre répertoire. Cela dit, « Time Has Come » ne ressemble en aucun cas à une sorte de bilan de ce qu’il serait devenu en tant que musicien, mais présente plutôt un album abouti, très varié et homogène et qui nous fait traverser plusieurs courants et époques du Blues avec beaucoup de liberté et de fluidité dans le jeu.

Guitariste accompli et chanteur convaincant, PHIL VERMONT se dévoile sur onze compositions assez éclectiques, auxquelles il faut ajouter une reprise pleine de fougue de « Tribal Dance » de Peter Green. Et en changeant quelque peu de l’ambiance très British Blues de l’original, le Normand lui a réservé un traitement aussi intense que spontané. C’est justement ce qui fait sa force de pouvoir passer d’un claquement de doigt d’approches très classiques du siècle dernier à des sonorités contemporaines très vives.

Certes, si PHIL VERMONT reste le principal acteur et moteur de « Time Has Come », il a pu profiter de l’expérience du plus français des Américains, Neil Black, qui produit l’ensemble avec lui et intervient même sur deux titres (« Me And The Devil » et « The Waders »). Et les musiciens qui l’accompagnent forment aussi un groupe soudé et complice. Expérimenté et inspiré, il offre beaucoup de couleur et de relief. Et le fait que la rythmique soit enregistrée en live libère un groove authentique et savoureux. Un album de grande classe !

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Crossover International Rap Metal

Body Count : impitoyable [Interview]

Dans dix jours sort le très attendu nouvel album du légendaire gang de Los Angeles BODY COUNT. Et après un « Carnivore » sans concession passé malheureusement un peu sous les radars en raison de la pandémie, le groupe n’a pas l’intention de lever le pied et se présente avec « Merciless », qui est probablement l’une de ses meilleures réalisations à ce jour. Comme de coutume, on y retrouve des invités, une reprise et surtout le mordant et l’intacte férocité des Californiens. Après une série de dates en Europe cet été, Ernie C., guitariste en chef et fondateur du combo avec Ice T., nous parle de ce huitième opus. Et puis, c’est aussi une petite exclusivité française, puisque l’interview a été réalisée le 20 octobre dernier…  

– « Merciless » devait sortir cet été et le public le découvrira finalement en novembre. A quoi est dû ce retard ? La raison est-elle est la grosse tournée estivale, car j’imagine qu’il n’est pas facile de faire la promotion d’un album en sillonnant l’Europe notamment ?

Oui, c’est vrai et « Merciless » sortira finalement ce 22 novembre ! Il en aura fallu du temps. D’abord, bien sûr, il y a eu la pandémie, alors que nous venions juste de terminer « Carnivore ». Comme il est arrivé au début des confinements, nous nous sommes dit que nous devions commencer à travailler sur un autre disque. Ce que nous avons fait. D’ailleurs, il n’y avait même pas eu de tournée pour défendre « Carnivore ». Les nombreux concerts de cet été ont permis de le présenter enfin au public…

– D’ailleurs, vous nous avez mis l’eau à la bouche avec la sortie de trois singles (« Psychopath », « Fuck What You Heard » et « Comfortably Numb »). C’est une manière de vous faire un peu ‘pardonner’ de ce retard, ou avez-vous succombé aux nouvelles pratiques qui consistent à occuper le terrain sur les réseaux sociaux avec de nouveaux morceaux ?

Tu sais, ça, ce sont des trucs de maisons de disques. Ils sortent les disques lentement, au compte-goutte, c’est comme ça. Avant, c’était souvent comme ça qu’on faisait les disques. Les labels sortaient quelques singles et ensuite, l’album arrivait enfin… J’imagine qu’ils essaient de le faire un peu à l’ancienne.

– Lors de notre dernière interview à la sortie de « Carnivore », tu me disais que tu étais presque surpris par la dimension musicale de BODY COUNT aujourd’hui, par rapport au côté Punk de vos débuts. Tu ajoutais que vous étiez dorénavant un vrai groupe de Metal. C’est d’ailleurs quelque chose qui saute aux oreilles dès l’into de « Merciless »…

Oui, c’est vrai. En fait, c’est tout simplement ce que nous sommes aujourd’hui. Je ne pense pas que nous serons à nouveau un jour ce groupe Punk que nous étions à nos débuts. Mais  c’est une progression assez naturelle de notre style musical, à mon avis…

– Pour ce huitième album, on retrouve toujours votre ‘troisième guitariste’ Will Putney à la production et le résultat est toujours aussi impressionnant. Vous n’imaginez pas un album sans lui ? Ne serait-ce que pour essayer une nouvelle approche musicale ? Est-il en quelque sorte le garant du son de BODY COUNT ?

Putney est évidemment un élément important de BODY COUNT. Nous aimons vraiment travailler ensemble. Ce que nous apprécions aussi, c’est que les choses sont très simples avec lui. En fait, nous ne voulons pas nous compliquer la vie, juste être efficace. Et il reste simple dans son approche, ce qui nous convient très bien. Et puis, je ne veux plus produire de disques de BODY COUNT, c’est plus simple de jouer de la guitare… (Sourires)

– Avant de parler des invités qui figurent sur « Merciless », il en est un qui a étonné tout le monde, car on n’aurait jamais imaginé qu’il se joigne à BODY COUNT : c’est bien sûr David Gilmour, ex-Pink Floyd, sur « Comfortably Numb ». De quelle manière deux univers aussi différents se sont-ils retrouvés car, même si Ice T a apporté du texte, on est très loin de South Central ? Et la reprise est magnifique…  

Ice est arrivé avec la chanson et il voulait que je puisse la jouer sans aucune limite. Il faut savoir que dans la première version, je joue la première guitare et c’est Richie Sambora qui joue la seconde. Ensuite, nous l’avons donc envoyée à l’entourage de David Gilmour pour obtenir son approbation. Ils nous ont répondu qu’il adorait la version, mais qu’il voulait savoir s’il pouvait jouer dessus… et là, on s’est dit : ‘Oh putain, oui, tu peux !’ (Rires) Ce fut vraiment un honneur et un privilège de l’avoir sur le morceau. Nous l’avons ensuite renvoyée à Roger et son management nous a donné son accord… Le fait que ces deux-là, David et Ice, soient d’accord sur une chanson me donne foi et espoir pour le monde… (Rires)

– D’ailleurs à propos de reprises, sur « Carnivore », vous aviez repris « Ace Of Spades » de Motörhead et donc cette fois, c’est Pink Floyd. Le spectre s’élargit. C’est une manière de dire aussi que BODY COUNT peut surgir là où on ne l’attend pas ?

En fait, on ne l’a pas vraiment imaginé dans cette optique-là. Finalement, c’est juste notre façon de dire que nous écoutons toutes sortes de musique au sein de BODY COUNT. Nous ne nous mettons jamais de limites à ce qu’on peut jouer en termes de style. Et nous ne savons pas non plus ce qui arrivera dans les futurs albums… (Sourires)

– Parlons des guests qui figurent sur l’album, une vieille habitude maintenant. Ici, ils sont tous issus directement de la branche extrême du Metal. On retrouve Max Cavalera de Soufly, Joe Bad de Fit For An Autopsy, Howard Jones de Killswitch Engage et George ‘Corpsegrinder’ Fisher de Cannibal Corpse. C’est assez surprenant compte tenu de leur groupe respectif. C’est ça qui vous a attiré ? De confronter les styles ?

Tu sais, nous avons déjà tourné avec Cannibal Corpse par le passé. On se connait bien maintenant. Quant à Joe Bad, il joue avec Will Putney dans Fit for An Autopsy. Ca nous a donc paru assez évident. A y regarder de plus près, ce n’est pas si incohérent de retrouver ces artistes sur notre disque. Et pour Killswitch Engage, nous avons également fait de nombreux concerts ensemble. Et enfin, Max est un ami et il est à nos côtés depuis les années 90 maintenant…

– A y regarder de plus prêt, et si j’ai de bons yeux, ne serait-ce pas l’ami George Fisher entre les mains d’Ice T sur la pochette de l’album ? Comment se porte-t-il après cette petite séance de relaxation ?

(Rires) Georges va très bien, merci pour lui ! (Rires)

– Parlons un peu de ton jeu, qui est toujours aussi tranchant. Comment as-tu abordé la composition de « Merciless », car l’album est nettement plus sombre encore que « Carnivore » ?

Tu sais, c’est très simple. Avec le reste du groupe, nous avons juste abordé la composition de « Merciless » comme on le fait toujours, de la même manière et comme pour chaque album. Alors maintenant, je ne saurais te dire si ça sonne plus sombre que les précédents. Ce n’est pas vraiment quelque chose que je prends en compte. C’est tout simplement sorti de cette façon. Je n’ai pas vraiment de formule et il n’y a aucun calcul.

– Et enfin, vous venez de faire une grosse tournée en Europe après une longue absence due à la pandémie. J’imagine que les retrouvailles avec votre public ont été incroyables ?

Oh oui, c’était génial d’être de retour en Europe pour cette série de concerts. J’espère que nous pourrons revenir voir tous nos fans l’été prochain, car cette tournée était essentiellement consacrée à l’album « Carnivore ». Donc la prochaine fois, nous pourrons vraiment nous concentrer sur « Merciless ». Et ce qui m’a aussi marqué, c’est que les gens étaient vraiment heureux de nous voir. Tous nos concerts ont affiché complet, ce qui nous fait toujours très plaisir ! Keep rocking and keep rolling ! (Sourires)

Le nouvel album de BODY COUNT, « Merciless », sera disponible le 22 novembre chez Century Media Records.

Retrouvez l’interview d’Ernie C. accordée au site à la sortie de « Carnivore » :

Photos : Alessandro Solca, sauf 5.

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Alternative Metal

Klogr : insubmersible

A l’écoute de « Fractured Realities », on peut désormais affirmer que les formations européennes sont véritablement de taille à se mesurer aux américaines, qui restent cependant maîtresses en la matière. Très Heavy et puissants, les Transalpins se font très créatifs dans l’alternance d’atmosphères lourdes, véloces et aux refrains accrocheurs. KLOGR surfe sur un groove épais et pose un mur de guitares, auquel il est difficile de résister. Et avec un frontman redoutable, le groupe se montre implacable et très efficace. 

KLOGR

« Fractured Realities »

(Zeta Factory)

Pour un peu, on les aurait presqu’oublié. Sept longues années après « Keystone » et quelques remaniements de personnels plus tard, KLOGR refait surface plus percutant encore qu’auparavant. Le quatuor sort son quatrième effort et se montre plutôt ambitieux en se livrant à l’exercice de l’album-concept, ce qui est assez inhabituel dans son registre. Les Italiens ont repris cette année un travail entamé durant la pandémie et cette interruption lui a fait le plus grand bien s’il en juge par la qualité de « Fractured Realities ».

A travers les dix titres, on suit Lila, le personnage central d’une histoire axée sur les défis et les troubles émotionnels alimentés par notre société. KLOGR développe au fil du disque une réflexion qui met en parallèle et en relief le profit devenu la priorité et le bien-être de l’individu. Et dans sa démarche, il va même plus loin puisqu’un projet vidéo accompagne les morceaux autour de clips interconnectés. « Fractured Realities » prend ici tout son sens. Et musicalement, l’Alternative Metal du quatuor est explosif tout eh restant très mélodique.

Sur une grosse production et des nappes de claviers discrètes et bien distillése, KLOGR s’affirme avec force, grâce à des riffs massifs et percutants. A la guitare et au chant, Gabriele Rustichelli affiche beaucoup de détermination, escorté d’une paire basse/batterie compacte et d’un six-cordiste, Alessandro Crivellari, dont l’emprise est nette. « Fractured Realities » est sans conteste la meilleure réalisation du combo (« Early Wounds », « Gravity Of Fear », « Face Of The Unknown », « One Of Eight », « Lead Wings »). Brillant !

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Blues Rock Heavy Blues

Steve Hill : une leçon de vie

Sorte d’ode à la résilience et à la persévérance, « Hanging On A Still » montre toute la détermination d’un bluesman dans sa volonté d’artiste complet, mais aussi d’homme. Semés d’embûches, l’élaboration et l’aboutissement de cet album exceptionnel n’auront pas été une mince affaire pour STEVE HILL. Reconnu et récompensé pour ses talents de compositeur et d’homme-orchestre, cette nouvelle réalisation est probablement la plus belle de sa carrière, tant la force qui en émane est prodigieuse.

STEVE HILL

« Hanging On A String »

(No Label Records)

Le Canadien, originaire des Trois-Rivières au Québec, offre un retour réjouissant avec « Hanging On A String », un nouvel opus qui vient s’ajouter à la bonne douzaine qu’il a déjà sorti. Avec beaucoup d’authenticité, il revient en musique sur les mésaventures qui ont émaillé sa vie, y compris les plus récentes. Et en 30 ans de musique, STEVE HILL semble les collectionner. Si les ennuis se sont accumulés, il est parvenu à en faire un disque, qui n’est pas si sombre qu’il y paraît. Et cette belle émulation rejaillit dans les chansons, le son et la production.

Alors que le multi-instrumentiste se rendait au studio 606 à Los Angeles, c’est un accident de voiture quelques minutes après son arrivée à l’aéroport, qui l’a contraint à reporter l’enregistrement, la faute à quelques côtes cassées. Quelques mois plus tard, au début de cette année, c’est un STEVE HILL réoxygéné et déterminé qui a investit les mêmes studios avec un nouveau challenge : celui de mettre en boîte « Hanging On A Still » en six jours seulement… Il en mettra cinq ! Le résultat est époustouflant et scintillant de vérité. Une persévérance hors-norme.

Pour relever ce défi, ce sont Darrell Throp (Foo Fighters, Radiohead), lauréat de dix Grammy, derrière la console et au mix, et Michael Romanowski au mastering, qui en a emporté six de son côté, qui ont capté l’énergie et toute la substance du Blues Rock de STEVE HILL. Il en ressort des sonorités presque Garage, très roots et sans détour. Il a composé, chanté et joué tous les instruments et, au beau milieu de ces électrisantes chansons, on peut retenir cette dantesque reprise des Doors, « When The Music’s Over », longues de huit intenses minutes. Magique !

(Photo : Jean-Sebastien Desilets)