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Blues Heavy Blues Southern Blues

Fat Jeff : généreusement authentique

Les riffs sont épais, la voix chaleureuse et l’atmosphère souvent épurée, mais toujours captivante. De la Franche-Comté au far-west, il n’y a finalement d’un tout petit pas que FAT JEFF fait très naturellement avec une décontraction et un feeling de chaque instant. Le Blues très copieux du guitariste et chanteur joue sur la puissance de saturations bien senties, entrecoupées d’instant suspendus, tout en délicatesse.

FAT JEFF

« Get Back To Boogie »

(Independant)

Quoi de mieux que le vaste univers du Blues pour s’exprimer pleinement dans une formule en one-man-band ? C’est en tout cas le chemin emprunté par FAT JEFF et cela fait déjà trois albums que son histoire s’écrit. Faisant suite à « Feelin’ Wood » et « Tales From The Road », « Get Back To Boogie » vient renforcer l’identité artistique de l’artiste et son titre parle d’ailleurs de lui-même. Ici, on ne reste pas longtemps les deux pieds dans le même sabot.

Passé l’intro très Southern de bienvenue, on entre dans le vif du sujet, dans l’univers très personnel, brut et rugueux de FAT JEFF. S’aidant de minimalistes éléments de batterie, le musicien offre du rythme et de la dynamique à ses morceaux tout en conservant un aspect éthéré, souvent lancinant. Le chanteur s’appuie surtout sur les guitares pour forger ce son qu’il va puiser au plus profond des racines Blues avec également beaucoup de modernité.

Délicieusement gras et poussiéreux, il est question avec FAT JEFF d’un Dirty Old Heavy Blues écorché, qui penche autant sur le Blues du Delta que dans des sonorités plus sudistes, où le bottleneck croise la cigarbox avec une énergie très entraînante. Remuant sur « Clock Mornin’ », « I Am A Gypsy », « Lost Shoes » ou plus posé sur « Ducks », « Smokey Bars » ou « Bay Horse », on suit le songwriter avec plaisir dans un road-trip savoureux et dépaysant.

Photo : Maxime Gilbert
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Americana Blues Rock Classic Rock

Bourbon House : Roots’n’Roll

Le Rock très Blues et Americana de la formation du Wisconsin tire ses influences de la musique roots américaine. BOURBON HOUSE est parvenu à se forger un style et une sonorité très distinctive, grâce notamment à sa chanteuse, mais aussi et surtout à des morceaux d’une grande fraîcheur et d’une spontanéité de chaque instant sur ce très bon « The Fourth Album ».

BOURBON HOUSE

« The Fourth Album »

(Independant)

Comme annoncé il y a moins de deux mois dans l’interview à lire-ci-dessous, BOURBON HOUSE livre « The Fourth Album ». Judicieusement intitulé, il s’agit donc de la quatrième réalisation du groupe, qui avait déjà commencé à diffuser plusieurs singles depuis un bon moment. Très peu adepte des morceaux distillés au compte goutte et briseur, selon moi, de l’unité d’un l’album, c’est donc un plaisir de découvrir les onze morceaux réunis, d’autant qu’ils bénéficient d’une très bonne production.

Faisant suite à « Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy », « Blue Magic » et « 20 To Life », on découvre les quatre titres inédits et deux versions acoustiques très réussies. Electrique ou unplugged, BOURBON HOUSE fait mouche à chaque fois et il faut reconnaître que son Rock’n’Roll brut et épuré mâtiné de Blues et d’Americana offre de multiples possibilités dans lesquelles les Américains s’engouffrent avec brio. 

Mené par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe et les riffs endiablés du songwriter Jason Clark, BOURBON HOUSE franchit véritablement un palier avec « The Fourth Album », tant en ce qui concerne les compostions que l’attention apportée au son (« Love Is A Killer », « Villain », « Hotel Bar Blues », « Wild Days »). En toute logique, la prochaine étape devrait passer par un label, même si pour l’heure, ils ne semblent pas très emballés…

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force : https://rocknforce.com/bourbon-house-le-rock-a-pleine-gorgee-interview/

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Heavy metal Metal Progressif

Medevil : demon & evil

Sur la côté ouest canadienne, MEDEVIL donne sa version du Heavy Metal en y injectant beaucoup de modernité, tout en respectant une certaine tradition qui sonne d’ailleurs très européenne. Dans une atmosphère assez sombre, le combo renoue avec des sonorités rappelant Accept ou Metal Church avec un sérieux coup de boost et quelques éléments progressifs. « Mirror Of The Darkness » est une réalisation volontaire, percutante et rondement menée.

MEDEVIL

« Mirror In The Darkness »

(Independant)

Originaire de la région de Vancouver, MEDEVIL présente son deuxième album, qui fait suite à « Conductor Of Storms » paru en 2016. Et le groupe continue sur sa lancée avec un style racé et puissant. Les Canadiens ont su créer le pont entre un Heavy Metal originel empiétant sur un Thrash Old School et une écriture très actuelle intégrant des passages progressifs. Et la combinaison est véloce et mélodique.

Ayant perdu son batteur, Ross Collingwood, entre les deux disques, « Mirror Of The Darkness » lui est naturellement dédié et ce sont même ses parties de batterie que l’on entend sur les dix titres. Et la performance veut le déplacement. Produit et mixé par son guitariste et son bassiste, ce nouvel effort de MEDEVIL affiche une production massive, tout en relief et qui ne manque pas de profondeur. L’équilibre est parfait.

Grâce à une énergie intense et qui ne faiblit pas, le quintet offre des compos sur lesquelles le travail des guitaristes est irréprochable (« Death Before Birth », « Pray For Me », « Gateways », « No Peace In Rest »). MEDEVIL envoie du lourd et on ne peut s’empêcher de penser au grand UDO, dont le frontman semble très inspiré. « Mirror In The Darkness » est vigoureux, parfois épique et surtout de surprises (« The Signal »).

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France Modern Metal

Asylum Pyre : human tribe [Interview]

Moderne, puissant et mélodique, voilà en trois mots comment on pourrait résumer le nouvel album des Français d’ASYLUM PYRE. Bénéficiant d’une production sans faille, massive et fluide, « Call Me Inhuman » est un concentré très actuel de toutes les musiques qui viennent nourrir le quintet avec une prédominance Metal, cela va de soi. Alors que la cinquième réalisation du groupe vient tout juste de sortir, Ombeline ‘Oxy’ Duprat (chant) et Johann ‘Jae’ Cadot (chant, guitare rythmique, claviers et loops) m’ont fait le plaisir de répondre à quelques questions.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur votre parcours. C’est votre cinquième album et il sort en autoproduction comme le premier. Vous avez sorti deux disques avec Massacre Records et un autre chez M&O. Ca devient compliqué de rester sur un label à long terme, ou c’est un désir d’indépendance ?

Ombeline : Ni l’un, ni l’autre ! Concernant « Call me Inhuman », nous avons envoyé notre album à plusieurs labels. Tous les retours que nous avons reçus étaient franchement unanimes et enthousiastes à l’égard de ce nouvel album. Mais… nos ‘chiffres’ Spotify et autres étaient bien trop bas pour les intéresser. S’investir dans un projet, culturel ou musical, c’est devoir faire preuve de patience, d’abnégation et de remise en questions. C’est être en proie aux doutes et se demander pourquoi on fait ça, au final. Et lorsque ce type de réponses arrive, c’est encore plus frustrant. Nous avions deux options : laisser tomber ou tenter de corriger ce défaut. Nous avons décidé de repartir à zéro, et nous travaillons en ce sens.

– Pour « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 », vous êtes tout de même distribués par Season Of Mist. C’est une licence qui reste indispensable pour une meilleure visibilité et accessibilité, selon vous ?

Ombeline : La distribution, et notamment digitale, est au coeur de la stratégie. Mais, le disque physique est aussi important pour nous, dans la mesure où nous continuons à en acheter et nous savons que le public Metal, et a fortiori le nôtre, est en demande de ce type d’objet. C’est aussi une autre manière d’écouter de la musique, en feuilletant le livret, en laissant son imagination vagabonder… En ce sens, une bonne distribution est nécessaire afin de permettre de toucher tous les publics, y compris les derniers gaulois résistant toujours et encore au grand tout numérique (Merci beaucoup, je me sens moins seul ! – NDR).

Ombeline ‘Oxy’ Duprat

– Depuis les débuts d’ASYLUM PYRE, vous développez un concept très précis, tout en incarnant chacun un personnage. C’est quelque chose qu’on ne voit plus beaucoup. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette démarche artistique globale comme celle-ci ?

Johann : Nous n’avons pas vraiment réfléchi à ce qui se faisait ailleurs, tout ceci est venu naturellement, sans vraiment s’en rendre compte en fait. On avait envie de le faire et ça nous permettait un type de composition immersif que l’on tente de retranscrire pour l’auditeur.

– Comme je le disais, vous suivez le même concept depuis le premier album. En 2009, vous aviez déjà en tête la trame de toute l’histoire, ou est-ce que vous l’écrivez et/ou la modifiez au fur et à mesure ?

Johann : Ce concept a grandi avec nous, il est né peu à peu, un peu inconsciemment, par notre regard sur le monde. Depuis « N°4 » il guide un peu plus notre musique et inversement. Il a des inspirations qui viennent directement du monde actuel et de nos études personnelles.

– Parlons de ce cinquième album. Il parle de l’évolution des humanités d’aujourd’hui jusqu’en 2062 dans un univers qui rappelle celui de ‘Mad Max’. Est-ce que vous vous basez uniquement sur de la fiction ou faites-vous aussi des parallèles avec notre époque en imaginant ce que notre monde pourrait devenir ?

Ombeline : Il y a toujours, peu ou prou, plusieurs manières d’interpréter les paroles d’ASYLUM PYRE, mais la trame narrative s’inspire effectivement de notre quotidien. Les métaphores permettent d’établir un rapport direct entre certaines souffrances humaines et celles que nous infligeons à la planète, les deux pouvant être intimement liées sur certains sujets. En 2019, la pochette de « N°4 » arborait un masque… Nous ne savions pas que neuf mois après la parution de l’album, une crise sanitaire d’une telle ampleur allait s’abattre sur nous. Par contre, au regard des expérimentations diverses et variées, sanitaires ou alimentaires, menées par l’Homme, il était tout à fait possible de prévoir une telle catastrophe.

– Votre album, et plus largement ASYLUM PYRE dans son ensemble, fait aussi un focus sur la cause environnementale. C’est le message principal autour du concept du groupe ? Et de quelle manière cela se concrétise-t-il dans vos textes et aussi peut-être dans votre démarche ?

Johann : Oui, c’est le message principal. Avec son impact, de fait, sur l’être humain qui n’est qu’une partie de ce ‘grand’ tout qu’est la planète. ’Grand’ entre guillemets vis-à-vis de l’univers qui nous entoure. C’est présent à chaque seconde. C’est présent dans nos démarches, mais il serait difficile d’en parler ici en quelques mots. Il nous faudrait des représentations graphiques, des équations…

– Parlons de votre musique qui est à la fois très moderne et très Metal. Pourtant, on y décèle aussi de multiples courants avec un ensemble soutenu par une production solide et ample. Là encore, il y a un côté rassembleur et fédérateur. C’est cet aspect et cette intention qui vous guident ?

Ombeline : Pour ma part, je pense que les compositions de Johann offrent un écrin pour nous permettre d’apporter des influences diverses, celles qui nous ont construites en tant que musiciens. Nous sommes un groupe, mais nous sommes aussi des amis, avec des hauts et des bas, mais également, nos forces et la confiance que l’on a pour chacun. Nous arrivons avec nos idées, nous les testons et lorsque nous jugeons cela intéressant et utile pour la chanson, nous validons et travaillons le son.

Johann : « Rassembleur et fédérateur », si tu as perçu ça, alors tu fais déjà de moi un homme heureux !

Johann ‘Jae’ Cadot

– Ombeline, c’est ton deuxième album avec ASYLUM PYRE et le duo formé avec Johann également au chant montre une belle entente et une complémentarité évidente. Est-ce que, comme moi, vous pensez tous les deux que « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 » est l’album le plus abouti du groupe artistiquement et vocalement en l’occurrence ?

Ombeline : Me concernant, je ne peux comparer qu’avec notre précédent album, « N°4 », même si j’ai mon avis sur les autres productions du groupe. Mais très clairement, cet album me paraît être celui de la maturité, et en tout cas, la suite logique de ce que nous avions commencé à faire avec « N°4 ». Vocalement, j’ai senti une différence, peut-être plus de lâcher prise, de confiance vis-à-vis de l’équipe, mais aussi de moi-même ! Johann sait aussi comment me ‘pousser’. J’ai enregistré en deux jours, comprenant aussi les très nombreuses pistes de doublage. Cela m’a valu quelques courbatures. Mais je pense que l’énergie impulsée s’en ressent dans l’album !

– Enfin, ASYLUM PYRE joue également beaucoup sur les ambiances et les atmosphères des morceaux. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous allez tout particulièrement travailler pour rendre vos concerts encore plus immersifs ?

Ombeline : Très clairement, cela serait intéressant de pouvoir proposer des concerts sortant des sentiers battus et nous avons déjà évoqué plusieurs idées. Il va nous falloir un peu de temps pour travailler ça et faire une belle proposition au public. En attendant, on se concentre sur la promotion de l’album. Les retours sont vraiment excellents et nous sommes ravis de l’accueil fait à « Call Me Inhuman » de la part de nos auditeurs, ainsi que des professionnels !

Johann : On va faire le max pour ça oui !

Le nouvel album d’ASYLUM PYRE, « Call Me Inhuman », est également disponible sur le Bandcamp du groupe : https://asylumpyre.bandcamp.com/

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Psych Southern Stoner Stoner Doom

WyndRider : dense et opaque

Quand le Stoner Doom s’imprègne de la chaleur Southern du Tennessee, le son prend tout de suite une saveur spéciale. Et WYNDRIDER l’a parfaitement compris et déboule avec un premier opus éponyme inspiré et costaud. Derrière le micro, Chloe Gould impose sa griffe et guide l’ensemble avec fermeté tout en apportant une touche féminine très originale.

WYNDRIDER

« WyndRider »

(Independant)

C’est dans les montagnes de l’Est du Tennessee que WYNDRIDER a vu le jour. En mars 2022, le groupe donnait son premier concert et en septembre de la même année, il était en studio pour y enregistrer son premier album. Autant dire que les Américains ont les idées qui fuzzent… et il n’y a pas que les idées d’ailleurs. Le style compact et vibratoire dilué sur « WyndRider » a de quoi faire trembler les murs.

A la tête du combo, on trouve Chloe Gould, une chanteuse très Rock qui mène l’ensemble avec force grâce à une voix puissante qui sait aussi parfois se faire suave. Assez rare pour être souligné, WYNDRIDER fait donc partie de ces formations Stoner Doom à se présenter avec une frontwoman pleine d’assurance et capable de variations étonnantes. Psych et Southern, le chant d’action est donc vaste et le Fuzz, justement, domine.

Marqué du seau de Black Sabbath et teinté d’un Blues gras bien sudiste dans les riffs, le quatuor pose sa patte dès l’entame avec « Pit Witch » pour une mise en jambe solide. S’appuyant sur des mid-tempos massifs (« Creator », « Mother In Horns »), WYNDRIDER ne manque pas non plus de mordant et peut compter sur un chant qui monte en régime au fil du disque (« Electrophilia », « Space Paper/Acid Saloon »). Très convaincant !

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Hard Rock Heavy Rock Sleaze

Torrential Thrill : Australian lightning

Ample et généreux, TORRENTIAL THRILL fait enfin son retour avec un opus fédérateur, racé, mélodique et très pêchu. De quoi entretenir la flamme Hard Rock et Heavy Rock qui brûle en lui depuis ses débuts en 2014 sur son île-continent. Depuis l’autre bout du monde, le gang de rockeurs hausse le ton sans jamais se prendre vraiment au sérieux, et c’est tout ce qui fait sa force. « State Of Disaster » regorge d’influences et pourtant une réelle originalité et une forte personnalité en émanent. Explosif !

TORRENTIAL THRILL

« State Of Disaster »

(Independant)

Dans la plus pure tradition du Hard Rock australien, le quatuor de Melbourne se présente avec son troisième album après cinq longues années de gestation. Il faut aussi reconnaître qu’avec ses onze morceaux, « State Of Disaster » atteint l’heure d’écoute et il s’inscrit dans la lignée des deux premières réalisations du groupe (« Mars » en 2015 et « Nothing As It Seems » en 2017). Et cette fois, TORRENTIAL THRILL balance du gros son, grâce à une production exemplaire.

Dans la lignée de leurs aînés Rose Tattoo, Airbourne, The Angels et plus récemment The Poor ou Koritni (à retrouver d’ailleurs très bientôt en interview !), le combo électrise et galvanise sur un Hard Rock assez Heavy et un brin Sleaze. L’intensité rappelle les 90’s et la fougue irrévérencieuse qu’elles dégageaient. TORRENTIAL THRILL applique, certes, des recettes éprouvées, mais avec une résonnance très actuelle et une interprétation moderne et puissante.  

Sorte d’hybride de Hard Rock et de Metal, la formation océanique s’avère rapidement être une véritable machine à riffs, aussi épais que tranchants (« Illusion », « Role Model », « Dangerous Game »). Au chant, Chris Malcher agit comme une locomotive, la rythmique bastonne et à la guitare, Steve Morrell fait des étincelles (« Color Of Rose », « Animal Like Me », « State Of Disaster »). TORRENTIAL THRILL est à la fois fulgurant et accessible, et on ne peut que s’interroger sur le fait qu’aucun label n’ait encore mis la main dessus !

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International Pop Rock Rock

Amy Montgomery : l’âme d’une guerrière [Interview]

Originaire de Belfast en Irlande du Nord, AMY MONTGOMERY a une personnalité très forte qui ne peut laisser indifférent. Musicalement, son registre est vaste et même s’il tourne autour d’un Rock efficace et direct, les émotions qu’il véhicule sont tout aussi saisissantes. Indépendante, la chanteuse et multi-instrumentiste vient de livrer un nouveau single, « Change Change », accrocheur et doté d’une énergie incroyable. Nul doute qu’AMY MONTGOMERY ne tardera pas à fouler les scènes françaises. Alors, avant de la découvrir en concert, entretien avec une artiste hors-norme et très attachante.  

– Ce qui m’a le plus surpris lorsque je t’ai écouté pour la première fois, c’est cette force qui émane de toi et bien sûr de ta voix. Est-ce que c’est quelque chose que tu as toujours eu en toi ?

J’avais huit ans quand j’ai commencé à jouer sur scène et à l’époque, ma voix était vraiment chétive ! Ma force vocale est venue après des années de pratique, de concerts et d’apprentissage. Après quelques expériences de vie difficiles aussi, je peux vraiment dire qu’elles m’ont aidée à devenir une femme très résiliente. La performance me donne de la force dans la vie et la vie me donne de la force dans la performance.

– Sans revenir sur les drames que tu as traversés adolescente, j’ai aussi l’impression que tu te nourris de cette douleur pour en faire quelque chose de très positif. C’est cette démarche que tu suis à travers ta musique aujourd’hui ?

Oui, absolument. Parfois, je l’exprime dans une chanson très directe, parfois dans une ballade au piano déchirante, parfois dans une chanson Rock aux riffs lourds comme « Change Change ». C’est toujours différent. Mais oui, beaucoup de mes intentions dans l’écriture viennent de mes expériences de vie d’enfant et d’adolescente, ainsi que de choses qui se passent dans le monde et aussi dans ma vie à un moment donné.

– Avant de parler de ton nouveau single « Change Change », j’aimerais que tu me dises un mot au sujet de tes prestations scéniques. Tu te présentes avec un maquillage très guerrier et des tenues assez provocantes. C’est un personnage que tu endosses pour te préserver, ou c’est la véritable AMY MONTGOMERY ?

Ah !!! Eh bien, nous devons d’abord nous demander ce qu’est le ‘vrai’ dans chaque chose, non ? Le personnage que j’incarne sur scène est bien sûr la vraie AMY MONTGOMERY, mais peut-être juste en version un peu exagérée. Je pense que la plupart des gens sont toujours agréablement surpris lorsqu’ils discutent avec moi après un concert. Je ne suis pas aussi effrayante ou féroce que ce que j’ai l’air sur scène. Pour moi, la scène est un lieu où je peux m’exprimer librement, à travers le mouvement, la musique, le chant et bien sûr visuellement à travers les vêtements. Enfiler mes tenues un peu dingues et ma peinture de guerre est un rituel. Cela me rappelle ma force et, à son tour, rappelle au public sa propre force aussi.

– Ce qui est étonnant, c’est que tu es très jeune et pourtant tu as déjà sorti plusieurs singles, EP et un mini-album « Alterations ». Et tu as également tourné dans le Royaume-Uni, bien sûr, mais aussi en Allemagne, en Suisse et même en Australie. Tout semble s’enchainer très rapidement… 

Oui, j’ai été très chanceuse avec les opportunités qui se sont présentées à moi très jeune. A 18 ans, j’avais signé un contrat de management et à 20 ans, j’avais signé avec une agence de booking. J’ai toujours su que la musique était ma passion la plus profonde et je pense que si vous aimez suffisamment quelque chose, vous ne laissez rien vous empêcher de la réaliser. J’ai travaillé, et je travaille toujours extrêmement dur, sur ma carrière musicale. J’ai fabriqué moi-même tout le merchandising et les bénéfices ont financé des tournées complètes, et en groupe, au Royaume-Uni, en Irlande et en Allemagne. J’avais même tout booké moi-même avant même d’avoir un tourneur ! Il a fallu six ans pour arriver au niveau où je suis maintenant et il y a encore un sacré chemin à parcourir ! C’est un voyage d’apprentissage constant et je l’aime !

– Parlons de « Change Change », ton nouveau single qui vient de sortir. Il propose une production très ample et puissante et tu sembles musicalement franchir un cap avec une énergie incroyable. Au regard de tes précédents morceaux, on dirait qu’il annonce et amorce un nouveau départ. C’est le cas ?

« Change Change » est définitivement plus lourd avec un ton légèrement différent de mes morceaux précédents, mais je pense qu’il y a toujours un même sentiment qui s’en dégage. J’ai toujours été influencé par la musique Rock en grandissant avec des groupes comme Black Sabbath, AC/DC et Eagles, donc c’est vraiment génial de sortir une chanson qui se penche davantage sur mes influences classiques et solides. Il s’agit d’un processus constant plutôt que d’un nouveau départ.

– J’imagine qu’un album va suivre. Est-ce que peux nous en dire un peu plus ? Est-il déjà entièrement composé et as-tu commencé à enregistrer quelques morceaux ?

En octobre, je vais sortir un EP qui inclura « Change Change ». 2024 sera l’année de la sortie de mon premier album. Je coproduis mes chansons avec mon partenaire Michael Mormecha et nous avons notre propre studio, donc il y a toujours des chansons en cours d’enregistrement. Et nous aurons beaucoup de chansons et d’idées dans lesquelles piocher pour l’album !

– En écoutant tes morceaux depuis tes débuts jusqu’à aujourd’hui, il y a une grande évolution et une belle maturité, tant dans l’écriture que dans l’interprétation. Quelles sont les étapes franchies et est-ce que tu as le sentiment qu’avec « Change Change », tu livres enfin la musique que tu as toujours voulu écrire et chanter ?

Quand j’ai sorti mon premier single « Dangerous », c’était la musique que j’avais toujours voulu écrire. Quand « Intangible » est sorti, c’était encore la musique que j’avais toujours voulu écrire. Aujourd’hui, je joue rarement « Dangerous » en live, parce que je ne le ressens plus comme avant. C’est peut-être parce que je l’ai tellement joué, et aussi parce que le temps passe et mes goûts et mes envies changent. Je pense que beaucoup d’artistes diraient la même chose… C’est un peu comme aimer porter un t-shirt pendant un moment, puis vouloir porter autre chose après. Parfois, vous retournez dans votre garde-robe et vous sortez un vêtement que vous avez oublié. En ce moment, j’aime vraiment mélanger des guitares massives avec des synthés. J’adore « Change Change », mais je suis sûr que dans un an ou deux, j’aurai envie de faire à nouveau un style de musique différent. C’est la nature et la beauté de la créativité. Et comme je le dis souvent : « On ne peut pas aller contre le changement ! » (Sourires)

– Tu es d’ailleurs une songwriter accomplie et ton écriture est de plus en plus efficace. De quelle manière travailles-tu tes chansons ? On a l’impression que c’est le texte qui sert de guide…

Mon processus d’écriture est toujours différent, mais la plupart du temps, la musique est écrite en premier, puis c’est presque comme si les paroles et la mélodie vocale en découlaient toutes seules. J’ai écrit « Change Change » au piano et les paroles et la mélodie des couplets et du refrain sont venues très rapidement et naturellement. Pourtant, je n’ai écrit le pont que deux ans plus tard. Musicalement, la chanson sonne complètement différemment de la première mouture. Je l’ai remanié en studio avec les talents magiques de multi-instrumentiste de Michael Mormecha. Nous l’avons reconstruite autour du riff de guitare que vous entendez maintenant. J’adore discuter de l’évolution d’une chanson. Certaines s’étalent dans le temps plus que d’autres. J’ai d’ailleurs une nouvelle page Patreon, où je partage tous ces ‘coulisses’ de ma vie et de l’écriture des chansons pour tous ceux qui souhaitent s’abonner !

– Si on écoute attentivement « Change Change » d’un côté et des chansons comme « Old Photographs » ou « Dangerous » de l’autre, on peut y entendre nettement les influences d’Alanis Morissette et de Beth Hart notamment. Ce sont deux artistes qui semblent t’avoir beaucoup marqué, non ?

Alanis Morissette a définitivement eu un énorme impact sur moi. Non seulement elle est une compositrice et une interprète fantastique, mais c’est aussi une femme très intelligente émotionnellement, ce qui est super inspirant. Ma sœur a 14 ans de plus que moi et c’est elle qui m’a vraiment fait découvrir Alanis Morissette, alors que je n’avais que neuf ans. J’admire aussi profondément Beth Hart, mais je n’ai découvert sa musique qu’il y a quelques années. Je l’ai vue en concert pour la première fois il y a quelques semaines à peine. J’ai vraiment frissonné très profondément grâce sa performance très expressive, sa voix et son écriture incroyables !

– J’aimerais aussi que tu me dises un mot de ta reprise de Sharon Van Etten, « Jupiter 4 », qui est vraiment magnifique. Pourquoi ce choix et est-elle aussi une chanteuse qui t’inspire ?

En 2019, j’ai découvert Sharon Van Etten au ‘Festival de Glastonbury’, la veille de mon passage. C’était une artiste dont je n’avais jamais entendu parler et la découvrir à ce spectacle a été vraiment époustouflant. Je ne pouvais pas croire que je n’avais jamais entendu parler de sa musique auparavant ! « Jupiter 4 » a explosé en moi en live à travers le son et aussi avec la présence venue d’ailleurs de Sharon Van Etten. Ca m’a rendu accro. Le désir dans sa voix sur cette chanson m’a amené à vouloir la reprendre. Sur ma reprise, je joue d’ailleurs de tous les instruments : batterie, basse, piano et chant !

– Un mot aussi sur tes prestations scéniques qui sont explosives et pleines d’énergie. A te voir, on a vraiment l’impression que c’est là que tu peux t’exprimer le mieux et te libérer à travers des morceaux parfois écorchés mais surtout, une fois encore, d’une grande force. Tu vois et abordes tes concerts comme le but et l’objectif ultime de ton travail d’artiste ?

En ce moment, oui ! Le live est ce qui compte le plus pour moi. Je pense que les gens ont besoin de voir me voir en live pour bien comprendre ce que je fais artistiquement. J’ai cependant beaucoup d’idées créatives et à l’avenir, je pense d’ailleurs que je sortirai de la musique sous un nom d’artiste différent, uniquement pour l’écouter et sans intention de la jouer sur scène.

– Chose étonnante encore, tu produis ta musique en indépendante. Est-ce que des labels se sont déjà manifestés, ou préfères-tu conserver une totale liberté sur la musique, du moins pour le moment ?

J’aime produire ma musique de manière indépendante, mais je pense également qu’il est vraiment avantageux d’être sur un label pour obtenir la promotion nécessaire. J’ai des labels en tête avec lesquels j’aimerais travailler, mais aucun ne m’a encore approché. C’est un long chemin. Mais pour l’instant, je suis contente de continuer à me produire de manière indépendante, car cela a aussi de nombreux avantages !

– Belfast est une ville de contrastes, où beaucoup de combats très variés sont menés. Est-ce qu’à travers ta musique, il y a certains messages que tu souhaites faire passer et certains combats que tu peux peut-être aussi mener parallèlement, car on te sent très engagée ?

Oui, définitivement ! Dans ma musique, il y a à la fois une bataille constante et un message d’acceptation. Je pense que c’est le reflet de la vie en elle-même… ou de la vie telle que je la vois en tout cas. Nous rencontrons des difficultés comme la perte et le chagrin, mais nous éprouvons aussi de la joie et nous surmontons des obstacles. J’aime présenter ces dualités dans ma musique, sachant que nous avons tous besoin de lutter pour savoir ce qu’est la liberté. Enveloppez tout ça de riffs rock, de tenues folles et de peintures de guerre et l’écriture et la performance deviennent un rituel en soi !

Retrouvez le nouveau single d’AMY MONTGOREMY, « Change Change », et toute son actualité sur son site :

https://www.amymontgomery.me/

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Hard 70's Proto-Metal

Red Cloud : rockin’ cumulus

Fortement ancré dans les seventies, RED CLOUD semble procéder, dès son premier effort, à un retour aux sources du Rock et même du Hard à travers leur registre originel, qu’il a pourtant réussi à renouveler. Car il règne un souffle vivifiant et très actuel sur ce « Red Cloud », qui se fond parfois même dans des sonorités Psych vraiment bienvenues. Le combo a de la suite dans les idées et cet opus ne manque pas d’originalité.    

RED CLOUD

« Red Cloud »

(Independant)

Tout semble être allé très vite pour le quintet parisien, même si Roxane Sigre (chant) et Rémi Bottriaux (guitare) sont déjà à l’œuvre en duo depuis 2018. Avec les arrivées de Maxime Mestres (basse), Laura Luiz (orgue) et Mano Cornet Maltet (batterie), RED CLOUD prend forme trois ans plus tard et le groupe entame les concerts pour y roder son répertoire. Les choses dans l’ordre en somme…

Enregistré, mixé et masterisé par son guitariste, ce premier album éponyme tient toutes ses promesses. Sur des ambiances vintage revendiquées, RED CLOUD livre un Rock Hard 70’s aux contours proto-Metal frais et dynamique. Mais si les influences se nichent quelques décennies en arrière, il n’en est rien des morceaux et surtout de la production qui les habille et qui affiche une belle modernité.

Sur une énergie très live et un son organique, RED CLOUD enchaine les morceaux en multipliant les atmosphères. La chanteuse apporte beaucoup de variations, tout comme les parties d’orgue qui rivalisent de créativité avec la guiatre. Mené par une rythmique hors-pair, « Red Cloud » se révèle très accrocheur (« The Battlefield », « Bad Reputation », « The Night », « Hey Sugar »). Un baptême du feu réussi haut la main !

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Metal Progressif

Jirfiya : un univers unique

Dotée d’une très bonne production, les Parisiens s’affirment avec talent sur une première réalisation menée de main de maître. Eclectique et pimenté, JIRFIYA se dévoile à travers un registre où les parties instrumentales dominent pour s’étendre dans des ambiances colorées et puissantes. Très bien arrangé, « W » est loin de livrer tous ses secrets à la première écoute. Il faut donc creuser un peu pour en saisir toute la substance.

JIRFIYA

« W »

(Independant)

Déjà auteur de deux EP, JIRFIYA présente enfin son premier album et les Franciliens frappent fort. Sorti il y a quelques semaines en autoproduction, « W » est à l’image de la scène progressive française actuelle : techniquement imparable et particulièrement inspirée. Oscillant entre Metal et Rock, le groupe s’est construit un univers riche et varié, qui lui permet d’aborder des atmosphères et des sonorités très originales.

Dès « Asylum » et ses neufs minutes, le ton est donné. JIRFIYA ne manque ni d’ambition, ni de créativité. Puissante et atmosphérique, l’entrée en matière laisse présager d’un opus plein de surprises… et c’est peu de le dire ! Au chant, Ingrid Denis (frontwoman du groupe de Rock Progressif Oscil) se montre sobre et efficace, laissant le côté lyrique aux amateurs de Metal Symphonique. Très bien structuré, « W » ne montre que peu de failles.

Pour accompagner les deux guitares, JIRFIYA a fait appel à la violoniste Coline Verger sur cinq morceaux, au violoncelliste Quentin Fauré sur ces mêmes titres et au trompettiste Jules Jassef sur deux compositions qui prennent une dimension incroyable dans la veine d’un certain Amin Maalouf. Envoûtante sur « Sister In Blood », « Dark Storms », « The Factory » ou « The Girl With The Perfect face », la formation régale et enchante.

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Rock Progressif

Overhead : opened spirit

L’une des plus créatives de sa génération, la formation finlandaise a le don de présenter des albums de plus en plus originaux. Cette fois, c’est carrément avec un double-album composé de morceaux immersifs et ensorceleurs qu’OVERHEAD revient sur le devant de la scène avec une séduisante réalisation de haut vol pour ce « Telepathic Minds » teinté de musique du monde. Un modèle de finesse et de Rock Progressif intense et inventif.

OVERHEAD

« Telepathic Minds »

(Independant)

Loin d’être des inconnus pour les amateurs de musique sans frontières, OVERHEAD réalise pourtant une carrière bien trop discrète. Toujours autoproduit, le quintet sort un double-album, son sixième, et celui-ci est éblouissant de classe et de beauté. Si « Telepathic Minds » marque sans doute un summum pour les Scandinaves, il risque aussi de marquer les esprits dans le monde progressif et même au-delà.

Avec l’audace comme leitmotiv, l’histoire des Finlandais a débuté avec une trilogie où ils ont posé les jalons d’un style unique avec « Zumanthum » (2002), « Metaepitome » (2005) et enfin « And We’re Not Here After All » (2008). En l’espace de quelques années, OVERHEAD avait déjà impressionné et conquis de nombreux fans. La suite est aussi belle avec deux très bons albums studios et des concerts mémorables.

Cinq ans après « Haydenspark », c’est donc avec le majestueux « Telepathic Minds », couché dans un magnifique double-digipack, que la formation nordique continue son chemin. Sur une production exceptionnelle et tout en relief, OVERHEAD nous embarque dans un voyage d’une heure et demi à travers un Rock Progressif coloré, fait de variations en tout genre et de sonorités universelles. Un moment fort !