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Orpheum Black : une émulsion tribale [Interview]

Toujours autoproduit, ORPHEUM BLACK continue de faire grandir son univers, tant musicalement que visuellement. Après le très bon « Sequel(s) » où l’on a pu découvrir un groupe très créatif et assez singulier, « Outer Space » prend des chemins de traverse sans pour autant renier cet esprit très progressif à l’œuvre depuis le début. Aujourd’hui, le quintet a renouvelé sa rythmique et un souffle nouveau apparaît à travers des morceaux toujours aussi soignés. Entretien avec Romain Clément, guitariste du quintet orléanais.  

Photo : Chloé Dauma

– Lors de notre dernière interview pour la sortie de « Sequel(s) », vous affirmiez vraiment votre style, ainsi que votre démarche, après un premier EP très réussi. On se retrouve donc pour « Outer Space », qui est très différent. S’il en reste quelques bribes, j’ai l’impression qu’il est moins progressif. C’était votre intention de faire encore évoluer la musique d’ORPHEUM BLACK ?

J’ai surtout le sentiment que le terme de musique progressive est un peu à la mode et utilisé un peu rapidement. Justement, je crois que le fait que ce nouveau disque soit différent du précédent rentre bien dans l’idée d’une esthétique ‘progressive’.

Au départ, le groupe s’est forgé sur l’idée de mixer les disciplines artistiques et de proposer à chaque sortie quelque chose de différent, mais de cohérent dans notre univers. A chaque fois, nous cherchons à renouveler la formule afin de proposer une expérience nouvelle. Nous n’avons pas envie de proposer le même disque. C’est quelque chose de très important, car cela permet de garder une vraie émulsion et stimulation lors de la conception d’un album.

Je pense que la différence notable vient vraiment que nous avons axé la composition autour du duo vocal. L’idée était de rapidement capter l’attention de l’auditeur sans pour autant rogner sur la partie instrumentale. Parce que, si on regarde le disque dans son ensemble, il n’y a pas beaucoup de morceaux avec une structure conventionnelle type couplet/refrain.

En résumé, on peut dire qu’on offre une musique qui est accessible, mais qui reste très travaillée sur les arrangements.

– Même s’il y a toujours ce gros travail sur les arrangements et qu’on découvre un peu plus vos morceaux au fil des écoutes, je trouve que les mélodies notamment sont plus efficaces et que votre jeu est aussi plus direct. Il y avait un désir de proposer quelque chose de plus accessible ?

Nous avons cherché à mieux capter l’attention lorsqu’on écoute notre musique. Nous avons davantage travaillé nos top-lines et je pense que c’est ce qui rend nos morceaux plus efficaces. L’arrivée de Nathan à la basse dans le groupe a aussi apporté ce côté plus direct. Il vient d’une musique plus extrême et plus directe. En peu de temps, il a su influer cet esprit plus tribal et c’est une facette vraiment complémentaire de ce que nous proposions jusque-là.

Photo : Chloé Dauma

– L’autre spécificité également sur « Outer Space », c’est ce changement de rythmique avec l’arrivée d’un nouveau bassiste et d’un nouveau batteur. Est-ce que ça a aussi modifié la dynamique du groupe et peut-être l’exploration de nouveaux tempos ?

En fait Alexis, le nouveau batteur, nous a rejoint après l’enregistrement du disque, lorsque nous avons terminé la tournée dédiée à « Sequel(s) ». Sur « Outer Space », c’est la présence de Nathan qui est à remarquer. Je pense sincèrement que l’on a trouvé le line-up qui pourra écrire l’histoire d’ORPHEUM BLACK. On a beaucoup de retours très enthousiastes depuis la reprise des concerts sur ce nouveau duo basse/batterie. Ils ont dépoussiéré les morceaux et y ont apporté beaucoup de dynamisme et de contraste. C’est un vrai plaisir de jouer avec eux et j’ai hâte d’écrire de la nouvelle musique ensemble.

– Sur « Sequel(s) », je trouvais que vos voix jouaient beaucoup sur le contraste, tandis que cette fois, on a le sentiment que vous avez plutôt cherché l’harmonie et la complémentarité. L’idée était qu’elles se fondent et qu’elles prennent le relais entre elles, tout en faisant corps aussi ?

Exactement, sur « Sequel(s) », nous avions cherché à démarquer le plus possible les deux voix. Finalement, on s’est rendu compte que parfois ça perdait un peu les gens en rendant les mélodies moins instinctives. Sur « Outer Space », nous avons totalement revu la façon de les travailler. Nous avons voulu leur donner plus de liant et de cohésion tout en leur donnant plus de place dans l’espace sonore. Un peu comme avec deux guitares qui se complètent, mais qui forment un tout.

– Sur ce nouvel album, et même s’il reste quelque solos très Heavy, il y a nettement moins de sonorités Metal. L’ensemble contient aussi plus de moments presque contemplatifs. Vous avez effectué un travail plus important sur les atmosphères pour « Outer Space » ?

Clairement, on a composé cet album comme la bande originale d’un film. Les auditeurs en sont les protagonistes. On a aussi envie de se démarquer de la proposition musicale Metal que l’on écoute tous au sein du groupe. Les phases très ambiantes de certains morceaux permettent à chacun de se projeter et d’imager sa propre histoire. La production du disque y joue aussi un grand rôle. Par exemple, « Inner World » est joué sur une guitare sept cordes et est construit sur un vrai riff Metal. Pour autant, on lui a donné une esthétique plus Rock et électronique. On a envie de surprendre !

Photo : Chloé Dauma

– Le premier album était basé sur un concept global avec même certaines reprises mélodiques sur certains titres. Qu’en est-il de « Outer Space » ? Vous l’avez composé et conçu sur le même schéma ?

« Outer Space » est la suite et la conclusion du travail entamé sur « Sequel(s) ». Les clips sont d’ailleurs liés et vont nous permettre de clore ce chapitre de l’histoire d’ORPHEUM BLACK avant d’aborder de nouveaux thèmes et histoires. Au contraire du précédent opus, les morceaux sont toujours liés par leur thème, mais ils peuvent être écoutés indépendamment les uns des autres. La tracklist, même si elle est réfléchie d’un point de vue musical, n’a plus de lien chronologique en termes de storytelling.

– J’aimerais que tu me dises un mot au sujet de « My Tribe », un morceau que vous avez dédié à votre public. C’est une démarche assez particulière. C’est une idée qui est venue spontanément ?

L’idée de ce morceau est née durant notre précédente tournée, qui nous a permis de jouer partout en France. Nous en avons profité pour tester nos nouveaux morceaux et nous avions envie de faire participer le public. « My Tribe », par son refrain hyper fédérateur, est vraiment devenu un moment très important et efficace de nos concerts. Lorsque tu pars loin de chez toi toutes les semaines, tu perds certains liens avec tes amis, tes proches, ta famille. Du coup, c’est le public qui remplit ce rôle de lien social et qui devient en quelque sorte une nouvelle famille. Pour la petite histoire, « My Tribe » s’intitulait au départ « Outer Space ». C’est la tournée qui nous a permis de lui trouver son titre définitif.

– Enfin, comme pour « Sequel(s) », les univers du théâtre et du cinéma sont encore étroitement liés sur « Outer Space », d’où est aussi né un court-métrage en deux épisodes. Concevez-vous les deux exercices en même temps et comment cela se passe-t-il au niveau de l’écriture du scénario, du tournage et de la réalisation ?

On ne pense pas directement aux vidéos lorsque l’on compose nos morceaux. Une fois qu’on a tout le contenu sous la main, on prend le temps de la réflexion pour voir lesquels seraient les plus impactants. La mise en production de nos vidéos est un vrai travail en collaboration avec le réalisateur. On choisit avec qui on travaille en fonction de ce que l’on souhaite, mais aussi selon leurs sensibilités. On échange beaucoup sur le scénario et l’ambiance globale, mais on laisse une grande liberté aux équipes. On sort un vrai court-métrage pour accompagner la promotion de l’album. C’est très stimulant et excitant. Pour un projet comme le nôtre, c’est plus de dix jours de tournage dans cinq lieux différents. C’est énormément de boulot, mais nous sommes très fiers du résultat !

Retrouvez la première interview du groupe réalisée à l’occasion de la sortie de « Sequel(s) » :

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Blues Rock Folk/Americana France

Gaëlle Buswel : good vibrations [Interview]

Quelques jours après la sortie de son « Live At Abbey Road Studios », c’est une GAËLLE BUSWEL heureuse à qui j’ai eu le plaisir de poser quelques questions. Sorti uniquement en numérique, l’album a initialement été conçu à l’intention de ses fans, afin de les remercier de leur fidélité. Mais face à l’engouement qu’il rencontre, une réflexion sur une sortie physique serait à l’étude. Car, quelle meilleure preuve de son existence pourrait-on envisager de plus évidente ? Très attachés aussi à l’objet, la chanteuse et ses musiciens y réfléchissent…

Il y a quelques jours, GAËLLE BUSWEL était également l’invitée de la légende Georges Lang pour les 50 ans de ses mythiques « Nocturnes » sur RTL. Elle y a joué en direct et parler aussi de ce live acoustique, bien sûr. Si les bonus tracks de « Your Journey » dévoilaient déjà une partie des enregistrements londoniens du groupe, ils sont ici complétés par quelques morceaux, dont une étonnante reprise. Des instants que l’on pourra d’ailleurs découvrir très bientôt dans un documentaire.

Nouvel entretien avec une artiste spontanée et pétillante, dont la vie prend par ailleurs d’autres beaux tournants…

– On sent beaucoup de décontraction sur ce live et aussi beaucoup d’application dans votre interprétation à tous. On a presque l’impression qu’à Abbey Road, on n’est pas tellement là pour rigoler ! C’est difficile de faire abstraction du poids historique musical de l’endroit ?

Ce studio dégage énormément d’énergie de par son histoire avec toutes les légendes qui sont venues enregistrer là-bas. Quand tu descends les escaliers, quand tu rentres dans une pièce et même à travers les murs, on revit chacun de ces instants. Et au moment où tu fais ta première note, quand tu enregistres ton premier morceau, qui était « Selfish Game » pour nous, on se sent vraiment tout petit. J’avais l’impression que c’était la première fois que j’enregistrais une chanson. C’était assez bizarre. On était tous très concentrés, et en même temps une symbiose s’est créée. On était vraiment tous ensembles, très attentifs les uns aux autres. On s’est dit qu’on avait deux jours ici et qu’il fallait qu’on vive chaque seconde, chaque instant, parce qu’on y reviendrait pas tous les jours !

Jamais, dans une vie d’artiste indépendante, j’aurais pensé venir un jour mettre les pieds dans ce studio et en plus le faire avec une équipe avec laquelle je joue depuis 12 ans maintenant. C’était vraiment magique de pouvoir le faire ensemble. Aujourd’hui encore, j’ai du mal à mesurer la chance qu’on a eu. C’est très, très puissant de jouer dans un tel endroit. Même si en France et en Europe, il y a d’autres ingénieurs du son, d’autres studios tout aussi excellents, Abbey Road représente tout le côté mythique des gens qui y sont passés. Ils y ont tous laissé une partie de leur âme.

– La grande majorité des morceaux sont issus de tes trois derniers albums en plus de « Lovely Lie » que je ne connaissais pas, et on en retrouve une grande majorité aussi en bonus tracks sur « Your Journey ». Comment les avez-vous sélectionnés ? C’était un choix établi dès le départ ?

Au départ, on pensait ne pouvoir enregistrer que trois ou quatre titres. On avait juste deux jours et avec le temps de l’installation, l’inconnu vers lequel on se dirigeait avec d’éventuels problèmes techniques qui peuvent prendre du temps, même si c’est du live, c’était assez court. La plupart des versions que nous avons gardées sont en fait les versions ‘one shot’. Certains morceaux ont été joués deux/trois fois maximum et souvent on a gardé la première version. On voulait vraiment quelque chose d’instantané.

Le choix des morceaux a été assez évident. Je tenais absolument à jouer « Selfish Game », qui est un morceau très fort pour moi, qui a une histoire très importante et je voulais que ce soit la première que l’on joue. Ensuite, tout s’est fait très naturellement. On avait bossé « Help » des Beatles, car c’était une évidence. C’est un titre qui nous a emmenés dans ce studio et que je joue depuis mes débuts.

Et il y avait aussi « Lovely Lie » qu’on n’avait pas mis sur l’album « Your Journey » et que l’on a repris en acoustique cette fois. Tout a été très spontané, y compris la reprise en français. On s’est dit qu’à Abbey Road, ce serait bien de jouer un titre en français et puis les gens n’ont pas l’habitude de m’entendre chanter dans notre langue. Tout a été très évident dans ce qu’on a fait en abordant d’autres versions que sur l’album, de les adapter en acoustique et surtout ce sont les morceaux que je voulais absolument jouer là-bas, vraiment. Il n’y a eu aucun calcul, on s’est vite mis d’accord.  

Au final, il nous restait une demi-journée, ce qui n’était pas prévu ! On s’est dit qu’on allait faire « 25 Hours » et « Black Delta Dirt » qui nous ont accompagnés et réunis. Et c’était super de pouvoir faire tout ça. Je parle beaucoup, hein ?! (Rires)

– Et il y a aussi cette reprise du morceau de Gainsbourg chanté par Vanessa Paradis, « Tandem ». Là, on sent clairement de la décontraction dans l’air. C’est un choix étonnant quand on connait ta discographie, même s’il est très bien réarrangé. D’où est venue l’idée ?

C’est un morceau que je chantais toute jeune, avant même de faire des compos. J’essayais de faire des choses en français. Gainsbourg est quelqu’un que j’aime énormément dans l’écriture et qui était l’un des rares à arriver à faire sonner des mots en français de manière anglophone. Il y a un choix dans les mots et dans les mélodies qui était très fort. Et dans la chanson française, j’adore Francis Cabrel et Vanessa Paradis, car ce ne sont pas des chanteurs à voix, mais ils savent faire sonner leurs mots. Et Vanessa Paradis ne se trompe jamais dans le choix de ses textes et cela ne touche sincèrement.

Ce morceau de Gainsbourg, « Tandem », m’avait fasciné et ça reste l’une des chansons que j’aime le plus en français. Et c’était aussi un clin d’œil de l’enregistrer à Abbey Road, comme pour dire que l’on n’oublie pas d’où l’on vient, car ce sont aussi des choses qui ont forgé l’artiste que je suis aujourd’hui. On a essayé d’en faire une version à notre sauce, très roots, dépouillée et surtout on s’est fait plaisir à le faire ! On l’a d’ailleurs enregistré le dernier après-midi.

– C’est un morceau en français et on te sent très à l’aise, autant qu’en anglais. Reprendre une chanson est une chose et un contexte particulier et peut-être plus facile d’ailleurs, mais aimerais-tu à l’avenir écrire aussi des textes en français ?

Tu sais, je n’ai jamais été fermée à chanter en français. Pour le moment, je n’ai pas encore trouvé la recette magique qui nous ressemble pour faire ce que l’on fait actuellement. On essaie de temps en temps de travailler sur des choses, mais je ne trouve pas que ce soit assez représentatif de ce que l’on fait. Naturellement, comme j’ai grandi avec toute cette musique américaine et anglophone et avec cette langue-là, c’est plus spontané en anglais. C’est vrai que c’est paradoxal de dire ça, car ce n’est pas ma langue maternelle.

C’est plus évident pour moi de faire sonner ce que l’on fait en anglais, ainsi que dans l’écriture à travers mes collaborations avec la parolière Angela Randall et avec Neil Black aussi. C’est plus naturel pour moi dans un premier temps. J’ai écrit énormément de choses en français et je trouve que ça ne me ressemble pas. La langue française est pourtant magique. Peut-être que c’est quelque chose que je n’assume pas encore. Je me laisse le temps pour ça. Il vaut mieux faire les choses que l’on a envie de faire. Il faut que les chansons nous habitent et qu’on ait envie de les transpirer sur scène et de les partager.

Photo : Christie Goodwin

– Après cette belle pause, tu vas reprendre les concerts et les festivals pointent aussi le bout de leur nez. Même si cela a du être un bonheur de rester éloignée de la scène, j’imagine que tu dois être impatiente de reprendre la route et de retrouver ton public ?

C’est vrai que ça nous a fait une petite pause, mais c’était pour la bonne cause ! (Sourires) Et je suis très heureuse d’avoir pris ce temps-là pour mon bébé, car c’est important et je veux la voir grandir. C’est aussi une nouvelle partie de ma vie avec des émotions nouvelles. Mais je suis aussi très heureuse de retrouver le public et de pouvoir mêler ma nouvelle vie de maman et de musicienne. Les tournées vont reprendre et je vais également pouvoir en profiter pour voir mon bébé grandir. Et je suis ravie de pouvoir partager tout ça sur scène avec toute mon équipe. On s’est manqué, mais on s’est beaucoup vu pendant cette période où on ne jouait pas !

– Enfin, c’est sûrement un peu tôt, mais est-ce que tu as déjà ton prochain album dans un coin de la tête, d’autant que l’on sait que certains événements de la vie apportent très souvent un supplément de créativité ?

Et oui, figure-toi ! Quand j’ai appris que j’étais enceinte l’année dernière, je me suis dit que ma vie allait être chamboulée et qu’une nouvelle arrivait aussi. J’ai dit aux garçons qu’il fallait qu’on s’organise et qu’on se projette. J’avais envie qu’on écrive, qu’on compose et j’ai essayé d’anticiper beaucoup de choses. On a beaucoup composé en amont et, en fait, une nouvelle source d’inspiration est arrivée. Alors, entre deux biberons et quand elle s’endort, j’écris énormément et je me remets à composer.

Mais j’ai aussi envie de me laisser le temps pour ça, car je découvre de nouvelles émotions en moi, que j’ai envie de dire et tout se fait naturellement. On a beaucoup de choses dans les tuyaux, mais il n’y a pas de sortie d’album prévue à une date précise. On travaille sur beaucoup de choses avec la maison-de-disques aussi. C’est une grande aventure familiale qui se met en place et c’est vraiment super ! On n’a pas de date encore, mais on est en plein dedans ! (Rires)

Ce très bon « Live At Abbey Road Studios » (Verycords) de GAËLLE BUSWEL est disponible sur toutes les plateformes : https://gaellebuswel.lnk.to/AbbeyRoad

Retrouvez également les interviews accordées à Rock’n Force :

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Alternative Metal Alternative Rock International

Lansdowne : no alternative [Interview]

Même si le style commence à faire quelques émules en Europe, l’Alternative Metal/Rock reste un registre typiquement américain et canadien évidemment. Dans la mouvance des plus grands groupes du genre, LANSDOWNE commence à faire de plus en plus parler de lui en Europe, où le groupe est actuellement en tournée. C’était justement l’occasion de poser quelques questions à Glenn Mungo, batteur du quintet de Boston dans le Massachusetts, sur le dernier album « Medicine », mais pas uniquement…

– Vous jouez de l’Alternative Metal/Rock, qui est un style véritablement propre aux Etats-Unis. Même si quelques groupes parviennent à s’imposer dans le monde entier, ils sont peu nombreux. Est-ce que tu penses aussi que c’est un style typiquement américain ?

Oui, je pense que cela vient effectivement des racines du Rock américain. Même si beaucoup de groupes vont dans des directions différentes, il y a toujours ce côté très roots qui reste assez confortable finalement, en tout cas pour nous. Mais on peut voir aussi beaucoup de très bons groupes du même style en Europe aujourd’hui. Techniquement, c’est sans doute plus simple pour nous et c’est vrai qu’on est en train d’essayer d’importer tout ça chez vous ! (Rires

– Justement, est-ce que votre signature l’an dernier chez AFM Records, un label allemand, a aussi pour objectif de sortir de votre pays plus facilement et peut-être aussi de démocratiser le genre ?

Absolument, notre signature avec AFM Records est une façon pour nous de faire un grand bond en avant pour nous focaliser sur l’Europe. Cela fait maintenant 16 ans que nous jouons notre musique et à chaque fois que nous rentrons chez nous, on s’aperçoit qu’il y a un fort potentiel en Europe, au même titre qu’aux Etats-Unis. On a de plus en plus de fans chez vous et AFM Records peut nous aider à propager notre musique plus largement ici. Oui, je pense qu’on peut aider à démocratiser ce style un peu partout.

– En plus de 15 ans de carrière, vous avez  sorti deux EP, deux albums et plusieurs singles. Il s’est écoulé 12 ans entre « Blue Collar Revolver », votre premier album, et « Medicine » sorti il y a quelques mois. C’est très long, comment l’expliques-tu ?

(Rires) Oui, c’est très long ! C’est vrai qu’on a sorti quelques singles ici et là et on a aussi pris le temps de tourner. Et puis, nous nous sommes mariés, nous avons eu des enfants et nous avons eu moins de temps pour nous poser sur la longueur. Mais on n’a pas arrêté de grandir pour autant, mais nous nous sommes réunis moins qu’auparavant, c’est vrai. Alors quand AFM Records nous a fait cette proposition, cela a été le moment parfait pour vous pour nous y remettre vraiment et surtout de prendre le temps de le faire. C’était le bon timing pour un album, et aussi pour repartir en tournée !

Photo : Jared Sher Photography

– Parlons de « Medicine » justement, qui bénéficie d’une grosse et explosive production avec des arrangements très soignés. Avec la pandémie, beaucoup de choses ont été stoppées, bien sûr. Alors est-ce que, finalement, c’est un album sur lequel vous avez pu travailler plus longtemps ?

Oui, certaines chansons ont été écrites il y a des années. Ensuite, la pandémie nous a offert l’opportunité de plus travailler sur nos morceaux, car nous avons eu beaucoup plus de temps pour nous y consacrer. On a vraiment pu le faire tous ensemble cette fois et tout le monde est resté très uni pour parvenir à obtenir le résultat que nous souhaitions. 

– Vous franchissez souvent la frontière entre le Rock et le Metal. J’imagine que sur scène, cela doit être encore plus massif. Où est-ce que tu situes le groupe musicalement ? Un mélange des deux, un équilibre ?

Je ne sais pas si c’est vraiment un équilibre entre le Metal et le Rock. Je pense que nous déployons beaucoup d’énergie sur scène et c’est vrai que nos concerts sont définitivement beaucoup plus Metal dans notre façon de jouer. C’est plus Heavy, plus dynamique aussi. On a beau être un groupe de Rock, on est beaucoup plus Metal en live ! (Rires)

– Le groupe bénéficie d’une grande exposition sur le Net avec des millions de vues et de streams. C’est quelque chose à laquelle vous êtes très attentifs, ou votre objectif reste finalement la scène ?

Internet offre de nombreuses opportunités, c’est clair. On peut s’adresser à nos fans dans le monde entier. C’est quelque chose qu’on ne pouvait pas faire avant, on ne pouvait pas avoir de réelles discussions avec eux. Et puis, on peut nous suivre dans nos vidéos aussi. Il y a quelques années, on avait MTV, mais aujourd’hui Internet nous permet de réagir presqu’instantanément et directement. Les réseaux sociaux ont vraiment changé la donne, car on peut aussi partager des extraits de nos concerts. Par exemple, on peut nous suivre en tournée partout et les gens découvrent également un peu plus nos personnalités.

Photo : Jared Sher Photography

– Vous êtes actuellement au milieu d’une grande tournée en Europe avec plusieurs passages en France d’ailleurs. Comment cela se passe-t-il et quel accueil vous fait le public, notamment français, jusqu’à présent ?

C’est une très bonne question, car on a pu remarquer plusieurs choses. La première est que l’accueil est formidable, car c’est quelque chose d’assez inédit dans notre carrière de pouvoir jouer autant ici. Et puis, ce qui est fantastique, c’est que notre concert à Paris a été tellement bien reçu que nous avons pu ajouter une date à Bordeaux ! Nous sommes vraiment très heureux, car cela montre aussi que le public est au rendez-vous et qu’on a envie de nous voir sur scène ! (Rires)

– Vous êtes en soutien d’Ice Nine Kills sur cette tournée. LANSDOWNE a toujours fait ses preuves sur scène depuis le début. J’imagine que ces moments sur la route doivent vous combler ?

Honnêtement, être sur la route, rencontrer les gens, donner le meilleur de nous-mêmes en concerts sont les plus belles choses qui puissent nous arriver. Et puis, nous avons une personne qui est avec nous et qui organise tout, Marguerite, qui est vraiment fantastique. Elle fait vraiment partie de la famille maintenant ! L’accueil des gens et de nos fans, ici en France, est absolument incroyable ! 

– Enfin, une fois cette longue tournée terminée, est-ce que vous allez directement commencer à travailler sur le prochain album, ou allez-vous profiter d’un repos bien mérité ? A moins que vous enchainiez sur d’autres concerts ?

Nous avons quelques chansons, qui vont bientôt arriver. Elles seront être très vite terminées après cette tournée. Nous allons peut-être sortir un nouveau single en juin, on espère en finir deux autres durant l’été pour présenter un EP dans la foulée. Et nous prospectons toujours pour tourner également ert pour essayer de revenir en Europe à la fin de l’année.

L’album « Medicine » de LANSDOWNE est disponible depuis février chez AFM Records.

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Blues Contemporary Blues International Soul / Funk

Ana Popovic : une leçon de vie [Interview]

Avec son caractère bien trempé et une virtuosité sur laquelle on ne reviendra pas, ANA POPOVIC est probablement l’une des plus grandes blueswomen de son temps. Grande guitariste et chanteuse hors-pair, la Serbe s’est imposée au fil d’albums de plus en plus affinés à travers lesquels elle affirme également de plus en plus sa forte personnalité. Avec « Power », son treizième album, la musicienne et son incroyable groupe libèrent des ambiances savoureuses, le tout dans une atmosphère de liberté et de bien-être. Entre deux concerts, cette grande Dame du Blues m’a fait le plaisir de répondre à quelques questions avec toute la franchise qu’on lui connait. Entretien.

Photo : Brian Rasic

– Après avoir vaincu la maladie, tu reviens avec un album fantastique et vraiment lumineux. Il faut une volonté incroyable pour obtenir un tel résultat aussi stupéfiant. Est-ce que tu perçois « Power » comme un symbole et un moment unique de ta carrière ?

Absolument. Cela a été un réel ‘entraînement ‘ pour moi et un ‘carburant’ pour mon âme. J’y ai mis tout ce que j’avais ! Le processus a été très enrichissant. Le simple fait de le concevoir m’a donné tellement de joie et cela a aussi guéri ma douleur dans les moments difficiles. Je l’ai abordé très sérieusement. Je ne voulais rien de faible sur le disque. De chaque musicien, de chaque partie, de chaque arrangement et à chacune des performances, je voulais TOUT donner et j’attendais aussi le meilleur des musiciens.

– Justement, le titre de l’album est très évocateur et les morceaux parlent aussi de cette force dans l’unité à travers l’amitié et l’acceptation de l’autre. Est-ce que les épreuves que tu as traversées t’ont donné un regard nouveau sur la société et notre époque ?

Oh non, j’ai toujours eu cette perspective. Buthel (Burns, bassiste – NDR) et moi avons grandi dans des foyers différents. J’ai grandi dans une famille aimant la musique et la fête en Serbie, et lui dans une famille aimant la musique et la fête dans le Michigan. Mais nous avons tous les deux le même goût pour la musique. Par exemple, nous aimons des thèmes de l’unité et de l’acceptation, ce que l’on peut aborder à travers la musique. Nous avons tous les deux adoré le ‘Live Aid’, quand le monde entier se réunissait pour aider l’Afrique. Et aussi, Paul Simon et son groupe africain, les duos d’Aretha Franklin avec différents artistes, ou lorsque Stevie Wonder pose un regard émouvant sur la vie. C’était donc le bon moment pour s’attaquer à tous les maux du monde : l’injustice sociale, le racisme, la lutte des femmes pour l’acceptation et leurs libertés, les droits des LGBT… Vivez et laissez vivre ! Cela a toujours été ma devise.

Photo : Brian Rasic

– Tu as composé l’album avec ton bassiste et directeur musical Buthel et, entre Los Angeles et Amsterdam où tu te soignais, les choses n’ont pas du être simples. Comment as-tu vécu cette expérience inédite et est-ce que tu penses que « Power » aurait eu le même éclat dans une configuration plus ‘normale’ ?

Oui, je pense que cela aurait été le cas. Après tout, nous travaillions déjà sur ces chansons avant que je sois diagnostiquée. Mais cela a sûrement apporté de l’intensité et plus de sensations aux chansons, c’est sûr. On peut dire que « Power » a été habité par les événements de ma vie personnelle, bien sûr. Mais les chansons et leurs messages positifs auraient été là quoiqu’il en soit. Nous avions commencé à écrire ces chansons avant mon traitement et nous avions des bribes de morceaux qui avaient juste besoin d’une touche finale, au contraire d’autres qui ont été composées à partir de zéro. Mais ce que cette période m’a offert, c’est une envie de les terminer et de livrer un bilan positif à travers un excellent disque, déjà pour moi-même en premier lieu. Si cela avait été mon dernier disque, pour une raison quelconque, quel genre de message aurais-je laissé derrière moi ? C’est en tout cas la question que je me suis toujours posée pour chaque album.

– On sent un engagement total sur « Power » et pourtant il s’en dégage beaucoup de sensibilité, de délicatesse et même de douceur. Tu n’as été tentée d’écrire un album plus nerveux et plus musclé compte tenu des circonstances, peut-être en guise de rébellion ?

J’ai fait exactement ce que je voulais ! Le disque a tout pour plaire. « Luv ’n Touch » est aussi sensible, profond et délicat que possible ! « Recipe Is Romance » et « Deep Down » sont doux, pleins de sentiments, de désir et parlent du manque d’une personne… de l’aimer dans les moments difficiles de notre vie. Il y a beaucoup de nuances sur ce disque, de la sensibilité et de la délicatesse, ainsi que de la rébellion et du caractère comme sur « Queen Of The Pack », « Flicker ‘n Flame », « Power Over Me » ou « Turn My Luck ». Et il y a aussi de la pure luxure sur « Strong Taste ». On trouve également beaucoup de choses mystérieuses et de petites surprises dans chaque chanson, que ce soit dans des changements de tempo inattendus, des chants de type gospel et d’autres passages forts qui vous transportent.

Photo : Brian Rasic

– Tu sembles aussi très sereine dans ton jeu et au chant et cela se ressent notamment sur le morceau « Queen Of The Pack ». Là encore, tu dégages beaucoup de force et d’énergie. Quelle était l’intention première de cette chanson ?

C’est exactement ça. C’est déjà assez difficile comme ça d’affronter et de diriger un groupe formidable, même composé de joueurs d’excellence. Je dois donc jouer le rôle de la reine de la meute et leur faire savoir exactement ce que je veux et comment je le veux. Ces dernières années, j’ai une conduite plus fluide en ce qui concerne les membres de mon groupe, mais par le passé, il y a eu des moments où j’ai senti que je devais ‘taper du poing sur la table et leur montrer qui était la Boss Lady !’. C’est mon travail en tant que leader de livrer un excellent spectacle et je tiens absolument à faire ça !

– Un petit mot aussi au sujet de « Rise Up ! » qui ouvre l’album et qui est signé Kenny Wayne Shepherd, qui est un ami de longue date. C’est assez étonnant de commencer un disque avec le morceau d’un autre, surtout quand on a composé tout le reste. Qu’est-ce qui a motivé ce choix ? 

Les paroles et l’ambiance générale de la chanson, tout d’abord. La façon dont nous l’avons faite est différente de l’originale et elle est très fédératrice. Je voulais ‘sonner le rappel des troupes’ pour changer tout ce qui ne va pas dans le monde aujourd’hui. Et je voulais aussi une chanson assortie à la pochette du disque (deux mains noires et blanches se tenant comme symbole du bien, de l’unité et du pouvoir). Donc, « Rise Up » s’imposait. Et cela avait aussi une signification particulière pour moi quand je l’ai entendu pour la première fois, alors que je traversais ce que je vivais. Cela m’a donné de l’optimisme et l’envie de continuer.

Ana et Buthel Burns – Photo : Brian Rasic

– « Power » est bien plus qu’un simple album de Blues, puisqu’il contient beaucoup de sonorités Rock, Soul, Jazz, Afro-Beat et Funk. On perçoit un énorme élan de liberté. C’est pour cette raison que tu as voulu aborder autant de variétés musicales et de styles différents ?

Putain, ouais ! Je voulais faire exactement ça ! La musique devrait TOUJOURS te faire te sentir libre. Elle doit ressembler à la liberté : celle de s’exprimer et de tout explorer. C’est le plus grand défi et aussi une récompense. Je tenais absolument à mettre quelque chose de nouveau sur la table ! Quelque chose que personne n’avait fait auparavant. On ne peut pas comparer ce disque et son style musical à quoi que ce soit d’autre existant déjà. Nous sommes dans notre propre voie ! Il y a beaucoup d’influences et c’est ça ANA POPOVIC !

– Tu es comme toujours très bien entourée avec une section cuivre conséquente et des choristes incroyables, qui apportent beaucoup de chaleur. Il y a un esprit très ‘Big Band’ sur « Power ». C’est justement pour affirmer cet aspect d’unité et de fraternité qui règne que les chansons que l’ensemble du groupe est autant mis en avant ?

Oh oui ! C’est cette unité qui rend mon groupe si incroyable. J’ai toujours eu le don de faire sonner n’importe quel musicien du groupe, parce que je mettais en évidence ses forces et que je cachais ses faiblesses musicales. Mais à ce stade de ma carrière, j’ai enfin un groupe des deux côtés de l’océan, dans lequel je n’ai pas besoin de cacher quoi que ce soit. Je dois juste mettre en évidence leur incroyable talent et qu’ils continuent de dévoiler de plus en plus leurs qualités. C’est parfois époustouflant de diriger un tel groupe. Et c’est très enrichissant.

Photo : Brian Rasic

– J’aimerais que l’on parle de ton jeu de guitare qui est très aérien, tout en feeling et peut-être moins ‘shred’ que d’habitude. Tu as dit que ta Stratocaster de 1964 t’avait sauvé la vie. Quel un impact cela a-t-il eu sur ton jeu et au moment de composer l’album ?

Sur les albums, j’ai toujours mis la guitare au service de la chanson. Shred, tu dis ? Trop de guitares ? Viens me voir en live ! La musique est mon art, à travers mes chansons et je ne mets jamais en péril la valeur d’un morceau au profit d’aucun instrument, y compris la guitare. C’est la chanson qui tient la première place. Les guitares sont sauvages quand cela est nécessaire, et elles sont plus subtiles quand il le faut. Mais ne vous y trompez pas, il y a plein de guitares sur « Power » !

– Ton album sort sur ton propre label, ArtisteXclusive, Là encore, cela montre à quel point ta liberté artistique est importante. Qu’est-ce que cela t’apporte concrètement et as-tu dans l’idée de signer d’autres artistes ?

Ce serait bien de signer d’autres artistes, si j’avais le temps pour ça ! Il n’y a vraiment plus besoin d’être signé sur un label de nos jours. Vous pouvez faire tellement de choses par vous-même. C’est l’avantage de cette période dans laquelle nous sommes. Sauf si c’est énorme et qu’on ne peut pas le refuser, bien sûr.

– Enfin, tu es venue en Europe et notamment en France pour une série de concerts, alors que « Power » n’était pas encore sorti. Tu avais un besoin irrésistible de retrouver la scène au plus vite ?

Oui, j’avais ce besoin irrésistible de jouer ces chansons et nous avions cette tournée prévue bien avant le jour de la sortie de l’album. Particulièrement en France, car c’était ma façon de tester les chansons et ça n’a jamais été aussi bon ! On a travaillé ces morceaux pour la scène. Tout était prêt et le public s’est régalé. Les gens n’ont pas eu besoin d’un moment d’échauffement et ils n’ont pas eu besoin non plus d’écouter l’album à la maison avant. C’est ça ‘l’amour de la première écoute !’.

Le nouvel album d’ANA POPOVIC, « Power », est disponible partout, via son label ArtisteXclusive.

Retrouvez la chronique : https://rocknforce.com/ana-popovic-une-incroyable-ferveur/

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Blues Country Rock

Samantha Fish & Jesse Dayton : sensuel et sauvage

On aurait pu s’attendre à un simple album de Blues Rock de la part de la blueswoman SAMANTHA FISH et du rockeur JESSE DAYTON, mais c’eût été trop facile et tellement prévisible surtout. Avec des caractères aussi trempés, c’est donc assez logiquement que les deux artistes se livrent à travers des compositions qui leur ressemblent, les différencient aussi et les subliment. Roots et sincère !

SAMANTHA FISH & JESSE DAYTON

« Death Wish Blues »

(Rounder Records)

Il y a un mois, de passage à Paris, SAMANTHA FISH me faisait le plaisir se répondre à quelques questions dans une interview consacrée à « Death Wish Blues », premier album en duo avec le rockeur JESSE DAYTON. Explosif et différent de ce que l’Américaine propose en solo, le disque arrive enfin et, réalisé sous la houlette du grand Jon Spencer, il ne manque pas de piquant et explore bien des horizons.

Sur le papier, la rencontre entre SAMANTHA FISH et JESSE DAYTON promet des étincelles comme on avait déjà pu le constater sur l’EP de reprises « The Stardust Sessions », sorti en décembre dernier. Et les morceaux présentés ici vont même au-delà de toute attente. Enregistré en seulement dix jours dans un studio de Woodstock dans l’Etat de New-York, « Death Wish Blues » est plus que séduisant : il ensorcelle.

Si les deux personnalités sont très fortes, leur complicité est évidente et les nuances artistiques du tumultueux tandem sont même surprenantes. Bien sûr, on parle ici de Blues, d’un Rock’n’Roll brut et authentique, mais aussi de petites escapades dans des contrées Soul et forcément d’une Country très alternative. SAMANTHA FISH & JESSE DAYTON propose un véritable bain de jouvence. Attitude et émotion sont au rendez-vous.

Retrouvez l’interview de SAMANTHA FISH accordée à Rock’n Force :

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Classic Hard Rock International

The Gems : brand new start [Interview]

Il y a quelques mois, le groupe féminin Thundermother vivait un véritable séisme avec le départ de pas moins de trois de ses quatre membres. Evincée par la guitariste Filippa Nässil, la chanteuse Guernica Mancini a vite été rejointe par Emlee Johansson (batterie) et Mona Lindgren (basse), qui ont quitté la formation à leur tour. Dans la foulée, le trio a monté THE GEMS et aujourd’hui le ciel s’éclaircit grandement. En effet, les musiciennes ont annoncé hier midi leur signature chez Napalm Records et l’avenir semble donc radieux. Quelques jours avant, j’ai eu l’occasion de poser quelques questions à la frontwoman de THE GEMS, Guernica Mancini, pour avoir quelques explications sur les évènements passés et aussi le futur des Suédoises. Première interview française, donc, pour nos revenantes !

Photo : Magic Dragon Productions

– Tout d’abord, je suis très content de prendre de tes nouvelles depuis votre départ de Thundermother. Dans un premier temps, j’aimerais savoir comment vous allez toutes les trois et ce qu’il s’est réellement passé alors que tout semblait vous sourire ?

Ce qu’il s’est passé, c’est que j’ai été renvoyée de Thundermother et cette décision a été prise uniquement par Filippa. Ensuite, Emlee et Mona ont décidé de quitter le groupe à leur tour. Nous avons toutes été choquées par cette décision vraiment irrationnelle prise par notre ancienne collègue, mais malheureusement c’était ce qu’elle voulait et nous n’y pouvions rien. Aujourd’hui, nous sommes heureuses de nous retrouver et de pouvoir continuer avec un nouveau groupe. Oui vraiment, nous sommes très excitées et très heureuses !

– La décision première a-t-elle été de rester toutes les trois et de monter un projet commun, ou avez-vous hésité à prendre chacune des directions différentes ?

Pour nous trois, cela a été une évidence. Nous aimons travailler ensemble et nous avons un tel respect et un tel amour les unes pour les autres que continuer en tant que groupe était la seule option pour nous. Et en ce qui concerne le style musical, nous continuerons avec le même son que nous avons apporté à Thundermother, dans une ambiance Classic Rock mélangée avec une touche plus moderne. Nous faisons une pause avec AC/DC ! (Rires)

Photo : Magic Dragon Productions

– Guernica, en novembre dernier, tu avais sorti un single en solo, « Inception », chez Golden Robot Records. Tu avais déjà des envies d’ailleurs, ou c’est un simple concours de circonstances ?

Je n’ai jamais eu envie d’aller voir ailleurs et quitter le groupe n’a même jamais été une option pour moi. Donc pour répondre à ta question, non, je n’avais pas cette idée en tête. Mais la jalousie est une garce et je ne suis pas sûr que certaines personnes réussissent à gérer le succès des autres… Ca n’a pas été le cas de Mona et Emlee. Elles sont toujours heureuses et solidaires. Nous nous soutenons toutes vraiment et c’est un beau cadeau.

– Une dernière question au sujet de Thundermother. Vous êtes trois à avoir quitté le groupe, soit l’essentiel du line-up. Pourquoi n’avez-vous pas décidé de le conserver, puisque vous étiez les plus nombreuses ? C’est une question juridique ou un désir de tourner définitivement la page ?

Nous n’avons pas pu garder le nom du groupe, car Filippa l’avait personnellement déposé dans notre dos. Cela aurait été une voie beaucoup plus facile et plus naturelle, c’est vrai. Mais maintenant que la situation est telle qu’elle est, nous avons l’impression que commencer quelque chose de frais et de nouveau. C’est un rêve et c’est tellement excitant. C’est un nouveau départ dont nous avions toutes vraiment besoin pour retrouver notre passion et notre amour de la musique, qui avaient été dilués en raison de cette situation toxique. Laissons Filippa avoir son groupe solo Thundermother. Nous sommes toutes tellement plus heureuses, car nous partageons toutes les trois les mêmes idées. Même si ça fait mal, nous croyons et nous sentons maintenant que c’est le mieux pour le long terme.

Photo : Magic Dragon Productions

– Avec THE GEMS, Mona retrouve aussi sa guitare, son instrument d’origine, ce qui doit être aussi très excitant. Comment cette nouvelle transition s’est-elle passée ? J’imagine que la décision n’a pas du être longue à prendre…

Ca a été très facile et travailler ensemble est si simple et tellement naturel. Nous nous amusons vraiment toutes les trois. C’est un vrai rêve. Honnêtement, je n’ai jamais pensé que ce serait même envisageable, puisque les années précédentes ont été une bataille difficile au sein du groupe. Et en effet, Mona jouera de la guitare et de la basse sur tous les enregistrements et c’est juste incroyable.

– Vous allez sortir votre premier single très bientôt et il porte un titre très évocateur, « Like A Phoenix ». On y perçoit déjà beaucoup de positif dans l’intention. C’est dans cette optique que vous l’avez composé ?

Oui, nous voulions une chanson avec un message positif. Pour faire comprendre aux gens que, quel que soit le drame qui s’est produit, nous n’abandonnons jamais et nous gardons toujours le positif dans tous les aspects de la vie. Tout cela n’est qu’une situation douloureuse supplémentaire, et aussi très formatrice pour le caractère. Nous reviendrons encore plus fortes qu’avant. Le titre de la chanson est donc « Like a Phoenix » et il sortira très bientôt, en juin espérons-le.

– Justement, est-ce que vous avez déjà commencé l’écriture d’un album complet, ou est-ce encore un peu tôt et la priorité reste ce premier single ?

Oui, nous écrivons actuellement notre premier album. Le premier single est déjà terminé et il est déjà prêt à sortir… (Sourires)

Photo : Magic Dragon Productions

– Vous allez aussi faire votre première grosse scène avec H.E.A.T, Clawfinger et Lucifer notamment en mai au festival ‘Downtown Riot’ chez vous. C’est génial pour vous de démarrer sur une telle affiche. Et c’est aussi l’occasion de présenter le groupe et de retrouver vos fans. Comment abordez-vous ce rendez-vous ?

Comme nous l’avons toujours fait auparavant. Nous voulons nous assurer que nous offrirons au public un spectacle divertissant et que la musique sera racée et groovy. Oui, nous sommes vraiment très heureuses de retrouver la scène.

– Enfin, de quoi sera composée votre setlist ? J’imagine qu’on y retrouvera des morceaux que vous avez composés pour Thundermother ? Et d’ailleurs, qui tiendra la basse ? Vous avez trouvé le dernier membre de THE GEMS ? A moins que vous ayez décidé d’évoluer à trois…

Pour notre prochain concert, Sara Pettersson (également une ancienne de Thundermother – NDR) nous rejoindra. C’était tellement amusant de se réunir et de jouer à nouveau ensemble. Nous sommes un trio et nous aurons différentes bassistes en live et serons donc quatre sur scène. La setlist comprendra bien sûr des chansons que nous avons écrites pour Thundermother, donc essentiellement des morceaux des albums « Heat Wave » et « Black And Gold », ainsi que des nouvelles chansons.

Avec cette signature encore toute chaude sur le label Napalm Records, THE GEMS prend donc son vol dans les meilleures conditions. Bien sûr, Rock’n Force ne manquera pas de nous informer de la sortie prochaine du premier album des Suédoises. D’ici là, vous pouvez les suivre sur Facebook :  www.facebook.com/thegemsbandswe

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Blues Rock Classic Rock Hard Blues International

Vargas Blues Band : Latin Blues [Interview]

Né à Madrid de parents argentins, Javier Vargas a monté le VARGAS BLUES BAND en 1991 et a multiplié les distinctions et les disques de platine. Homme de scène, ses albums sont d’une authenticité qui rend un hommage constant aux racines du Blues, tout y incluant des sonorités très Rock, Classic Rock et parfois même Hard Rock. Egalement très prolifique, l’Espagnol vient de sortir « Stoner Night » dans une version classique, en même temps qu’une ‘Edition Deluxe’. Entretien avec un guitariste inspiré.

– Si j’ai bien compté, « Stoner Night » et son Edition Deluxe, sont tes 26 et 27ème albums depuis « Del Sur », sorti il y a trois ans. Depuis plus de trois décennies, tu tiens un rythme très soutenu et pourtant, on sent toujours cette même décontraction dans ton jeu. Comment l’expliques-tu ? C’est juste le plaisir de jouer ?

Avec ma guitare, j’aime me laisser emporter par le ressenti et aussi respirer chaque note que je joue. J’ai toujours fui les artifices. Je cherche avant tout à servir le morceau et je créé les ambiances grâce aux riffs et aux accords. C’est vrai que j’aime jouer détendu, mais en restant concentré et sans oublier la mélodie. Pour transmettre une émotion, il suffit parfois d’une seule note.

– Sur tes précédents albums, tu faisais beaucoup de morceaux instrumentaux et il y en a d’ailleurs toujours sur ceux-ci. Cette fois, tu as ressenti le besoin que l’on pose plus de textes sur ta musique ?

J’aime toujours la musique instrumentale et beaucoup de mes plus grands succès ont été des morceaux instrumentaux. Mais pour ce nouveau projet, j’ai eu besoin de jouer avec du texte et dans une formule en power trio avec un chanteur très old school et Merrick (Wells, chanteur – NDR) m’a aussi aidé sur les paroles. Cela a vraiment été comme un processus de guérison dans lequel nous avons exprimé ce que nous ressentons après ces années sombres, qui sont aujourd’hui derrière nous.  

– L’album sort donc dans une version simple et classique, mais aussi en Edition Deluxe. Comment est née l’idée de sortir deux disques distincts et non pas directement l’édition augmentée ?

Vingt chansons avaient été enregistrées et j’ai pensé alors offrir aux fans autre chose qu’un simple album à écouter en conduisant, ou en se relaxant chez soi. Il y a un bon mélange de Blues, de Rock, d’instrumentaux et certains morceaux, qui sortiront dans un futur ‘Volume 2’ en streaming, sont vraiment expérimentaux. J’y ai joué tous les instruments, y compris la basse et les claviers.

– Par ailleurs, « Stoner Night » se présente aussi avec deux pochettes différentes avec une identité que l’on retrouve sur les deux disques. Qui a travaillé sur le graphisme et avais-tu déjà une idée précise de ce que tu voulais ?

Le logo a été créé par le légendaire Bob Masse, qui a créé les affiches de ‘Fillmore West’ (légendaire salle de concert de San Francisco – NDR). Je l’avais rencontré à Calgary. Il m’avait donné une affiche avec ce logo lors d’un concert et je l’utilise depuis. Récemment quand nous avons commencé à concevoir les pochettes et les illustrations de « Stoner Night », j’ai rencontré une illustratrice et dessinatrice de bande dessinée, qui s’appelle Sonja Brocal. Elle a fait un travail extraordinaire sur les deux albums avec des illustrations inspirées des 70’s pour chaque chanson.

– Il y a aussi des tracklists différentes sur les deux albums. Et puis, tu reprends aussi Muddy Waters, Chester Burnett et Chuck Berry. Comment s’est porté ton choix sur ces morceaux ? Tu les joues peut-être déjà régulièrement sur scène ?

J’ai toujours aimé jouer les classiques du Blues et mes préférés sont sur cet album. Mais je n’exclue pas un jour de rendre hommage à tous ces merveilleux bluesmen et d’en faire une compilation. En décembre prochain, j’enregistrerai d’ailleurs un album live, où je jouerai plus de classiques, avec ma signature bien sûr, et également avec un invité spécial de Chicago.

– L’énergie et l’intensité sont toujours très présentes sur tes albums. Tu produis d’ailleurs « Stoner Night » qui sonne très live. Dans quelles conditions as-tu procédé pour ses nouveaux enregistrements ? J’imagine que tu as suivi chaque étape de la production…

Hormis les morceaux plus expérimentaux du ‘Volume 2’, nous avons enregistré tous ensemble en studio dans une grande salle en nous laissant porter par la musicalité du lieu. J’aime ne pas perdre de temps en studio, car les premières prises sont souvent les meilleures.

– On le sait, les bluesmen en particulier sont très attachés à leur instrument et notamment les guitaristes. Tu jours sur une emblématique Stratocaster. Est-ce que tu as toujours préféré les Fender, ou est-ce que tu t’es déjà essayé à d’autres marques et types de guitares auparavant ?

J’ai toujours joué sur des Stratocaster et des Telecaster. Mais dans le passé, j’ai aussi utilisé des Les Paul et des Les Paul Junior. Et l’une de mes préférées est la Yamaha Mike Stern, qui a un son incroyable.

– Enfin, on sait que tu tournes beaucoup. Quels sont les prochains grands rendez-vous que tu attends avec le plus d’impatience et est-ce que tu feras un passage par la France aussi ?

Ces deux prochaines années, nous allons jouer en Europe et en Amérique. Nous serions ravis de revenir en France où nous savons que nous avons beaucoup de fans. D’ailleurs, je garde de très bons souvenirs des concerts que nous avons donnés dans votre pays. Alors, à bientôt sur la route !

Retrouvez tout l’univers du VARGAS BLUES BAND sur le site de l’artiste : https://www.vargasbluesband.com/

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International Stoner Rock

Dozer : the return of the giant [Interview]

Que l’attente fut longue, mais que la récompense est belle ! 15 ans après « Beyond Colossal », son dernier album studio, DOZER est enfin de retour ! Et même si on a pu suivre les différents membres à travers d’autres formations, le quatuor réuni reste la référence en matière de Stoner Rock et le retrouver avec cette énergie et cette inspiration intacte est un ravissement… Et une grosse claque aussi, est-il besoin de la rappeler ! Fondateur et guitariste du combo suédois, Tommi Holappa nous fait une fois encore le plaisir de répondre à quelques questions au sujet de « Drifting In The Endless Void » et des retrouvailles du groupe.   

Photo : Mats Ek

– Il y a deux ans, alors que DOZER repartait en tournée avec un passage notamment en Australie, tu m’avais affirmé qu’aucun nouveau morceau n’était en cours d’écriture et même au programme. Aujourd’hui, on vous retrouve avec plaisir pour ce « Drifting In The Endless Void » décapant. Qu’est-ce qui vous fait changer d’idée ? C’est la reprise des concerts et l’accueil du public ?

La dernière fois que nous nous sommes parlés, nous avions surtout évoqué nos retrouvailles en répétition d’abord et ensuite le fait d’essayer d’écrire une première nouvelle chanson, ou au moins de voir si nous serions à nouveau créatifs ensemble. Rien ne s’était passé pendant quelques années. Le timing n’était pas le bon, je suppose. Mais ensuite, le Covid est arrivé en 2020 et du coup, nous avons eu beaucoup de temps libre et aucune tournée n’était prévue avec mon autre groupe Greenleaf. Donc, en 2020, nous avons écrit et enregistré un nouvel album avec Greenleaf. Puis à la fin de cette session d’enregistrement, j’ai parlé aux autres gars de DOZER et je leur ai demandé s’ils étaient d’humeur à essayer d’écrire de nouveaux titres. Et la réponse a été oui ! Alors on s’est rencontrés, on a écrit une chanson et tout s’est bien passé. C’était presque comme si on n’avait jamais cessé de jouer ensemble ! Un premier morceau à déboucher sur deux autres, et ainsi de suite… Quand nous avons réuni 3/4 idées définitives pour de nouveaux titres, Blues Funeral Recordings nous a contacté et nous a proposé un contrat d’enregistrement… et le reste appartient à l’Histoire ! Je pense que nous pouvons remercier le Covid qui a permis à DOZER de sortir un nouvel album aujourd’hui ! (Rires)

– Après les rééditions de vos trois premiers albums chez Heavy Psych Sounds, il y a aussi eu la sortie de « Vultures », un EP constitué d’inédits enregistrés entre 2014 et 2015 et qui n’étaient au départ que des démos. Dis-moi, est-ce que vous aviez déjà en tête l’idée de ce come-back tant attendu ?

Lorsque ces rééditions sont sorties, nous n’avions pas prévu de faire un vrai retour. Quand nous avons recommencé à faire des concerts en 2013-2014, nous en avions fait juste une poignée dans des festivals comme le ‘Desertfest’ et le ‘Hellfest’. C’était juste histoire de sortir un peu, de jouer d’anciens morceaux et passer un bon moment. Mais ensuite, après quelques années et quelques concerts supplémentaires, nous avons commencé à parler d’écrire de nouvelles choses. Surtout si on voulait continuer à faire des concerts, on a senti qu’il nous fallait du nouveau matériel bien sûr, et aussi que ce serait amusant d’essayer d’écrire quelque chose de neuf et de voir comment cela se passe.

Photo : Mats Ek

– Revenons justement deux ans en arrière, date à laquelle vous veniez de signer chez Heavy Psych Sounds. Or vous faites votre retour sur le label américain Blues Funeral Recordings. Que s’est-il passé ? Vous n’êtes pas parvenus à trouver un accord pour ce nouvel album ? Ou est-ce que vous visez plus clairement le marché américain ?

Nous avons signé avec Heavy Psych Sounds juste pour ces rééditions. Et ensuite lorsque Jadd de Blues Funeral Recordings a découvert que nous écrivions de nouveaux morceaux, il nous a fait une offre que nous ne pouvions pas refuser. Il n’était pas prévu de cibler davantage le marché américain ou quelque chose comme ça, c’était juste une bonne opportunité et nous nous connaissons aussi depuis longtemps. Nous avons travaillé avec lui auparavant et nous savions donc que si nous voulions sortir un nouvel album, il était la bonne personne pour le job.

– DOZER a donc fait une pause de 15 ans. C’est très long ! Pendant ce temps, Johan a joué dans Besvärjelsen, Fredrik avec Ambassadors Of The Sun et Sebastian et toi bien sûr avec Greenleaf. Que va-t-il advenir de ces groupes ? Vous allez continuer ou donner la priorité à DOZER ?

Greenleaf continuera comme d’habitude. Nous écrivons d’ailleurs du nouveau matériel pour notre prochain album en ce moment et si tout se passe comme prévu, nous l’enregistrerons à la fin de l’année. Johan a quitté Besvärjelsen et je ne sais pas si Fredrik fera encore quelque chose avec Ambassadors Of The Sun. Je sais que pour Dozer et Greenleaf, je prendrai du temps pour les deux groupes. C’est comme si tu avais donné naissance à deux bébés, tu ne peux pas donner la priorité à l’un ou à l’autre. Il faut donner tout ton amour aux deux ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– D’ailleurs, vous avez tous joué, et joué encore, dans Greenleaf. Quelle distinction fais-tu entre les deux groupes ? Musicalement, quelles sont leurs principales différences, selon toi ? Et enfin, créez-vous avec DOZER des choses que vous n’oseriez peut-être pas avec Greenleaf, ou vice-versa ?

Greenleaf est plus Classic Rock et plus Blues au final, alors que DOZER est un peu plus Heavy. Les trucs plus Blues ne fonctionneraient jamais avec DOZER et les trucs plus durs ne fonctionneraient pas non plus avec Greenleaf. Bien sûr, il y a des similitudes entre les deux groupes, puisqu’ils développent et se basent beaucoup sur les riffs de guitare. Mais au final, je pense que les voix de Fredrik et Arvids sont si différentes l’une de l’autre que je ne m’inquiète pas trop du fait que les deux groupes pourraient sonner de la même façon un jour.

– Même si vous êtes tous restés très actifs au sein de la scène Stoner Rock, quels sentiments vous animent aujourd’hui en offrant un nouveau souffle à DOZER ? Vous devez être excités et impatients, non ? Et puis, DOZER est une référence du Stoner européen et mondial, vous avez un rang à tenir…

Impatients et excités… oui ! L’album a été enregistré il y a presque un an ! Nous voulons juste que les gens entendent ce que nous avons créé et dont nous sommes si fiers ! Espérons qu’ils l’aimeront autant que nous. On essaie de ne pas trop penser à garder un certain rang et à satisfaire les autres. On fait ce qu’on fait et si on est content… c’est cool ! Si nous pouvons rendre les gens heureux… alors, c’est même extra-cool ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– Parlons de ce nouvel album. Quand êtes-vous attelés à son écriture et quelle a été l’idée directrice ? Vous êtes tous arrivés avec vos idées respectives ou est-ce que la composition s’est faite à quatre ?

Nous avons commencé à travailler sur des idées chacun de notre côté en décembre 2020 et un mois plus tard, nous nous sommes retrouvés pour la première fois en répétition pour travailler sur de nouveaux morceaux. Les premières répétitions ont été un peu lentes. Je pense que nous ne savions pas vraiment ce que nous voulions faire. Alors nous nous sommes isolés, nous avons essayé un tas de choses, des bonnes et des moins bonnes ! (Rires)

Tout a vraiment commencé à rouler quand Fredrik a apporté l’idée de « Missing 13 ». Je pense que c’est venu des accords de l’intro qu’il a joué et nous avons senti que ça sonnait bien et que c’était vraiment la fraîcheur de DOZER. Nous avons donc commencé à jammer et chacun est venu avec ses idées et ses réflexions. Ensuite, on est rentré chez nous, on a travaillé un peu plus dessus, puis nous sommes retournés en répétition et on a continué à travailler encore… C’est comme ça qu’on écrit les chansons : on bosse chez nous séparément, puis nous assemblons tous les morceaux ensemble. C’est un véritable effort de groupe.

Quoi qu’il en soit, une fois cette chanson terminée, j’ai trouvé le riff pour « Ex Human, Now Beast » et à partir de là, les choses ont commencé à se dérouler sans accrocs et nous avons en quelque sorte trouvé le ‘concept’ de l’album.

– L’autre question qui se pose est de savoir si vous avez immédiatement retrouvé vos automatismes et la fluidité du jeu qui animaient DOZER près de 15 ans auparavant ? Est-ce que tout est revenu naturellement ? De manière instinctive ?

Dès la première répétition, c’était comme si nous n’avions jamais cessé de jouer ensemble ! Je pense que nous avons tous ressenti que c’était agréable d’être de retour dans une même pièce pour jouer et ça sonnait plutôt bien tout de suite ! C’était les mêmes vieux gars de DOZER, mais un peu plus gros et plus grisonnants. Mais dans nos têtes, nous faisons toujours la fête comme si nous étions en 2003 ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– Dès le départ, vous attaquez le disque avec « Mutation/Transformation », long de plus de 7 minutes et dont l’impact est monstrueux. L’idée était d’imposer beaucoup de force et de puissance dès le début de l’album ?

C’était la dernière chanson que nous avons écrite pour ce nouvel album. Nous avions l’impression que nous avions besoin d’un titre un peu plus lourd et avec un joli groove sur lequel on puisse secouer la tête. C’est quelque chose de plus puissant qui vient compléter l’ambiance de l’album. Une fois l’ensemble enregistré et quand nous avons entendu les premiers mixages de l’album, nous avons tout de suite compris que « Mutation/Transformation » devait être le titre d’ouverture.

– « Drifting In The Endless Void » compte sept morceaux et ils sont assez longs. Vous jouez aussi beaucoup sur les atmosphères et on peut sentir un vrai fil conducteur sur l’album. On a presque l’impression que vous l’avez conçu comme un album-concept. C’est le cas ?

Eh bien, dès le début, Fredrik avait en tête un concept autour des textes pour l’album. La musique est aussi un peu influencée par son histoire. En fait, « Missing 13 » est la trame de l’histoire et le reste des chansons est basé sur le même concept. Globalement, il s’agit d’une justification pour nos enfants. Nous avons reçu cette Terre de nos ancêtres et nous l’avons prise pour acquise. Nous, les humains, sommes de petits rouages dans cette grande grosse machine, et parfois cela peut vous faire sentir très petits et impuissants. D’où ce sentiment de ‘dériver dans le vide sans fin’ (Traduction du titre de l’album – NDR).

– Un mot aussi sur le mix et la production de l’album. On retrouve immédiatement le son et la touche de DOZER avec une sonorité très actuelle. Où l’avez-vous enregistré et avec qui avez-vous travaillé ?

Nous l’avons enregistré au studio Gröndahl à Stockholm avec Karl Daniel Lidén, qui a également mixé et masterisé l’album. Karl Daniel et moi travaillons ensemble depuis la fin des années 90. Il a été le premier batteur de Greenleaf, il a également été le batteur sur l’album de DOZER « Through The Eyes of Heathens » en 2006. Il a aussi enregistré « Beyond Colossal », ainsi que les cinq derniers albums de Greenleaf. Donc nous avons une belle histoire ensemble. (Rires)

Quoi qu’il en soit, Karl Daniel connaît le groupe de fond en comble, il est comme notre cinquième membre. C’est facile de travailler avec lui et nous n’avons pas à nous inquiéter, car nous savons qu’il obtiendra toujours un son explosif et puissant. Et jusqu’à présent, nous ne pouvons pas imaginer travailler avec quelqu’un d’autre.

– Enfin, vous allez aussi reprendre la route des concerts. Dans quel état d’esprit êtes-vous, car les fans vous attendent depuis si longtemps et sont aussi impatients que vous ? Peut-être même beaucoup plus…

Oui, nous allons jouer un peu plus maintenant et laisse-moi te dire ceci… Nous mourons d’envie de venir jouer les nouvelles chansons ! Car enfin, nous avons quelque chose de nouveau à proposer au public !

Le nouvel album de DOZER, « Drifting In The Endless Void », est disponible chez Blues Funeral Recordings.

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force à l’occasion de la réédition de leurs trois premiers albums chez Heavy Psych Sounds en 2020 :

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Southern Rock

Robert Jon & The Wreck : le souffle chaud du sud

Depuis sa signature sur Journeyman Records, label de Joe Bonamassa, ROBERT JON & THE WRECK semble enfin bénéficier d’une structure à sa taille avec la possibilité de diffuser son somptueux Southern Rock au plus grand nombre. Chaleureux et rassembleur, c’est bien sûr en concert que le style des Américains prend toute sa mesure. Et c’est en Europe, dans la capitale belge, que « Live At The Ancienne Belgique » a été immortalisé en audio et en vidéo.

ROBERT JON & THE WRECK

« Live At The Ancienne Belgique »

(Journeyman Records)

Il y a longtemps que ROBERT JON & THE WRECK avait dans un coin de la tête l’idée de réaliser un album live, qui sort également en DVD, et c’est durant sa tournée marathon européenne de 2022 que les choses se sont mises en place et réalisées. Un véritable marathon musical en effet, puisque le groupe avait alors enchainé 67 concerts en l’espace de 75 jours et ce dans neuf pays différents, dont la Belgique. On avait d’ailleurs eu un petit aperçu de ce concert sur « Wreckage Vol.2 », sorti en septembre dernier avec « She’s A Fighter » et « Waiting For Your Man ».

Etonnamment, c’est depuis le coeur de Bruxelles que les Californiens ont laissé exploser le Southern Rock qu’ils affinent et peaufinent depuis une décennie maintenant. Lors de ce concert sold-out, on retrouve dans une version live toute la fougue, l’énergie et le plaisir que les Américain ont à se retrouver sur les planches, rendant visible toute l’alchimie, la complicité et la joie de jouer ensemble. Car, comme en témoigne son jeu et ce très bon « Live At The Ancienne Belgique », ROBERT JON & THE WRECK est littéralement fait pour la scène, où sa musique prend toute sa dimension.

Regroupée sur 14 titres, dont deux solos (loin d’être indispensables) du guitariste Henry James Schneekluth et du claviériste Steve Maggiora remplacé depuis par Jake Abernathie, la setlist du quintet fait la part belle aux morceaux les plus emblématiques de la courte carrière des Américains (« The Devil Is Your Only Friend », « Hey Hey Mama », « Blame It On The Whiskey », « Shine A Light On Me Brother », «  Cold Night », « Old Friend » et les géniaux « Oh Miss Carolina » et « Shine A Light On Me Brother »). ROBERT JON & THE WRECK s’impose avec classe !

NB : les interviews du groupe sont à retrouver sur le site.

Photo : Trees Rommelaere
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Americana Blues Rock Classic Rock

Bourbon House : Roots’n’Roll

Le Rock très Blues et Americana de la formation du Wisconsin tire ses influences de la musique roots américaine. BOURBON HOUSE est parvenu à se forger un style et une sonorité très distinctive, grâce notamment à sa chanteuse, mais aussi et surtout à des morceaux d’une grande fraîcheur et d’une spontanéité de chaque instant sur ce très bon « The Fourth Album ».

BOURBON HOUSE

« The Fourth Album »

(Independant)

Comme annoncé il y a moins de deux mois dans l’interview à lire-ci-dessous, BOURBON HOUSE livre « The Fourth Album ». Judicieusement intitulé, il s’agit donc de la quatrième réalisation du groupe, qui avait déjà commencé à diffuser plusieurs singles depuis un bon moment. Très peu adepte des morceaux distillés au compte goutte et briseur, selon moi, de l’unité d’un l’album, c’est donc un plaisir de découvrir les onze morceaux réunis, d’autant qu’ils bénéficient d’une très bonne production.

Faisant suite à « Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy », « Blue Magic » et « 20 To Life », on découvre les quatre titres inédits et deux versions acoustiques très réussies. Electrique ou unplugged, BOURBON HOUSE fait mouche à chaque fois et il faut reconnaître que son Rock’n’Roll brut et épuré mâtiné de Blues et d’Americana offre de multiples possibilités dans lesquelles les Américains s’engouffrent avec brio. 

Mené par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe et les riffs endiablés du songwriter Jason Clark, BOURBON HOUSE franchit véritablement un palier avec « The Fourth Album », tant en ce qui concerne les compostions que l’attention apportée au son (« Love Is A Killer », « Villain », « Hotel Bar Blues », « Wild Days »). En toute logique, la prochaine étape devrait passer par un label, même si pour l’heure, ils ne semblent pas très emballés…

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force : https://rocknforce.com/bourbon-house-le-rock-a-pleine-gorgee-interview/