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Grunge Hard Rock International

Rome Is Burning : the fire inside [Interview]

Originaire de Birmingham, ROME IS BURNING surgit avec un premier album éponyme, qui en dit déjà long sur ses intentions et son état d’esprit. Entièrement autoproduit, « Rome Is Burning » vient faire le lien entre une scène Grunge alternative estampillée 90’s et un Hard Rock intemporel musclé et efficace. Un savoureux mix qui le rend explosif. Composé de musiciens chevronnés, les Anglais sont d’une sincérité et d’une honnêteté qui s’entendent jusqu’au cœur de leurs morceaux. Ici, on ne triche pas et on ne se planque pas derrière des bidouilleries numériques. Entretien avec le guitariste Chris Flanagan et Leigh Oates, frontman du quatuor, tous les deux aussi directs et attachants que leur Alternative Hard Rock.

– La première question que j’ai envie de vous poser est si votre nom vient du morceau de Junkyard, sorti il y a cinq ans et qui est dans un registre assez proche du vôtre ?

Chris : C’est juste une coïncidence ! En fait, à l’époque, on observait l’état du monde et on se demandait : ‘Mais qu’est-ce qui se passe ?! C’est fou !’. Et on voulait un nom qui reflète ça.

Leigh : Oui, ROME IS BURNING était clairement notre favori, dès notre première conversation pour le nom du groupe.

– On ne sait pas encore grand-chose de ROME IS BURNING, car vous vous êtes formés l’an dernier et votre premier album sort tout juste. J’imagine que vous avez fait vos premières armes sur la scène de Birmingham. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos parcours respectifs et la création du groupe ?

Chris : Je parcours la scène britannique depuis des années maintenant, et il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver un partenaire musical qui partage ma passion. Heureusement, j’ai trouvé en Leigh un partenaire d’écriture, qui nous a permis à tous les deux d’exprimer pleinement nos idées.

Leigh : D’une certaine manière, on peut dire que je suis un vétéran. Je crois que c’est mon dixième album commercialisé. J’ai vécu de belles expériences, des succès et de grosses déceptions au fil des années dans l’industrie musicale. Mais j’adore faire de la musique et Chris et moi partageons vraiment la même vision pour ROME IS BURNING. Ça a été facile d’écrire l’album et de l’enregistrer comme on le souhaitait.

– L’une de vos particularités est aussi de présenter un style et un son plus américain que britannique, je trouve. Vos influences se situent-elles clairement de l’autre côté de l’Atlantique ?

Chris : Je dirais que je suis quand même plus influencé par la scène musicale britannique en général. La plupart de mes groupes préférés sont anglais, donc par osmose, j’ai absorbé ce type de musique dans une certaine mesure. J’aime beaucoup de groupes américains, comme Alice In Chains et Soundgarden, donc peut-être que cette influence a déteint sur moi à un moment ou à un autre. C’est possible, oui. (Sourires)

Leigh : Pour être honnête, mes influences viennent de partout, même si, dans l’ensemble, j’ai surtout été influencé par les groupes britanniques et américains. Grandir avec le Grunge a été une énorme influence pour moi et par nature, la plupart, voire tous les meilleurs groupes de cette époque, étaient américains !

– Pour rester sur l’aspect sonore de ROME IS BURNING, c’est toi Leigh, le chanteur, qui a mixé et produit l’album. C’est un atout supplémentaire, d’autant que le résultat est très convaincant. Est-ce important, selon vous, de pouvoir savoir gérer un maximum de domaines lorsqu’on sort un premier album aujourd’hui ?

Chris : Absolument. L’industrie musicale est morte. 99 % des musiciens que j’ai connus ces quinze dernières années ont démissionné, donc il faut tout faire de nos jours. C’est vraiment positif d’avoir quelqu’un dans le groupe avec une oreille aussi fine que celle de Leigh.

Leigh : Fini le temps des grandes avancées, alors maintenant plus que jamais, on revient au DIY ! On aime être aussi autonomes que possible. Evidemment, nos budgets sont serrés, donc plus on peut faire de choses nous-mêmes, mieux c’est.

– D’ailleurs, « Rome Is Burning » sort en autoproduction. Beaucoup de groupes considèrent que les labels ne sont plus franchement indispensables dans une industrie musicale bousculée par les plateformes et les réseaux sociaux. C’est aussi votre sentiment et est-ce également ce qui explique votre démarche ?

Chris : J’emmerde les maisons de disques. J’emmerde Spotify. J’emmerde Apple. J’emmerde Instagram. Ce sont tous des escrocs et j’ai hâte de voir toutes les plateformes brûler ! (Et moi donc ! – NDR)

Leigh : On nous a proposé des choses et on les a refusées. Pourquoi donner à quelqu’un la propriété de votre musique et une part des revenus potentiels pour avoir fait ce qu’on sait faire soi-même ? Il suffit de télécharger sa musique sur une plateforme, de payer une petite commission et n’importe qui, partout dans le monde, peut l’écouter.

– L’album a une résonnance très 90’s, basée sur un Hard Rock aux touches Grunge et Stoner. Sans y voir une quelconque nostalgie, cela rend votre jeu terriblement efficace. Votre intention est-elle de renforcer l’impact et le groove et, finalement, proposer des arrangements assez minimalistes, afin de rendre ROME IS BURNING plus compact ?

Chris : En tant que guitariste, il est très facile d’en faire trop. Lors de la composition de l’album, nous avons délibérément choisi de mettre en avant les accroches vocales, car nous voulions avant tout que notre musique aille vraiment dans ce sens. Avec un chanteur aussi talentueux que Leigh, ce serait une folie totale d’essayer d’intégrer encore plus de guitares au détriment du chant. Nous savons que nous sommes capables de jouer, mais le plus difficile est d’écrire une bonne chanson. Les arrangements minimalistes fonctionnent donc plutôt bien avec ce que nous recherchons.

Leigh : Chris est très gentil ! (Rires) C’est vrai que nous voulions rester assez épurés et laisser les accroches briller, et je pense que nous y sommes parvenus. Je suis ravi que tu apprécies la façon dont nous avons présenté les chansons. Nous avons fait en sorte que l’album sonne exactement comme nous le souhaitions, ce qui peut être difficile au départ. J’ai travaillé avec de très bons producteurs au fil des ans, et il arrive que le résultat soit excellent, mais pas toujours celui que l’on imaginait pour la chanson.

– L’ensemble de l’album a une saveur très alternative, légèrement sleaze, et avec un côté très underground, comme une volonté d’éviter toutes velléités mainstream. Est-ce que l’indépendance commence, selon vous, par une couleur musicale marquée et presque revendicatrice aussi dans sa forme ?

Chris : Tu sais, on n’a pas vraiment pensé au courant dominant quand on a créé l’album. On a juste écrit de la musique qu’on aimait.

Leigh : Je trouve qu’il y a aussi beaucoup d’émotion dans notre musique et on a le cœur sur la main. Rien de ce qu’on fait n’est artificiel.

– Pour rester sur cet aspect underground de ROME IS BURNING, malgré des thèmes sombres et rageurs aussi, vous présentez un élan très fédérateur dans les refrains, ainsi que dans les riffs. L’un n’empêche pas l’autre ? Et l’idée reste-t-elle de propager cet esprit de liberté que vous véhiculez ?

Chris : Ma philosophie pour composer de la musique à la guitare est de créer une tension, puis de la relâcher dans le refrain. J’essaie toujours de donner à Leigh une palette sonore optimale pour créer un bon refrain.

Leigh : J’aime que les gens puissent s’identifier aux paroles et en tirer leur propre interprétation. Franchement, qui n’aime pas un long refrain sur lequel chanter ? (Sourires)

– Là où beaucoup de groupes aujourd’hui jouent sur des arrangements souvent pompeux et des albums surproduits, ROME IS BURNING touche par son authenticité et un son presque épuré. Il y a une honnêteté qui transpire de vos morceaux. C’est là-dedans et sous cette forme que vous trouvez toute cette énergie ?

Chris : L’objectif principal de l’album était de créer quelque chose de brut et de vrai. De nos jours, tout le monde peut obtenir un son studio incroyable dans un garage, mais est-il possible de le rendre authentique ? D’après ce que j’entends d’autres groupes, la réponse est non. La plupart des nouvelles musiques sonnent vraiment mal. On ne dirait pas un groupe en train de jouer dans une pièce. ROME IS BURNING, si ! (Sourires)

Leigh : Merci pour cette remarque, je suis content que tu aies saisi notre intention ! On reste réalistes, ce qu’on entend sur l’album est ce qu’on entend en live. Il n’y a pas de trucs, pas de gimmicks.

– Enfin, j’imagine que le prochain objectif est de diffuser au maximum votre musique en Angleterre pour commencer, et au-delà par la suite. Et cela commence bien sûr par les concerts, avez-vous déjà des projets de ce côté-là ? Une tournée peut-être ?

Chris : On a quasiment enregistré notre deuxième album et les démos sont superbes. Pour la tournée, on veut toucher le plus de monde possible. On est un groupe Old School avec une mentalité Old School, donc si les gens veulent qu’on joue, on le fera ! (Sourires)

Leigh : Absolument ! Plus de concerts et on commence déjà le deuxième album. En tout cas, merci beaucoup pour ton intérêt et ton soutien à ROME IS BURNING. Nous t’en sommes vraiment reconnaissants !

Toutes les infos sur le premier album éponyme de ROME IS BURNING sont disponibles sont le site du groupe : https://romeisburning.com/

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Soul Southern Blues Rock

Bywater Call : une âme rayonnante

Délicieusement cuivrées, les performances des Canadiens le sont tout autant en concert qu’en studio. Car avec « Sunshine – Live In 2024 », c’est l’ambiance électrique de ses concerts que présente BYWATER CALL. Et si la communion avec le public est manifeste, celle à l’œuvre sur scène montre un septet soudée qui se trouve les yeux fermés et pour qui l’art de l’improvisation est une seconde nature. Jouant de toutes les émotions, la chanteuse attire le feu des projecteurs, sans pour autant faire de l’ombre aux musiciens brillants qui l’accompagnent.

BYWATER CALL

« Sunshine – Live In 2024 »

(Independant)

Un an tout juste après l’excellent « Shepherd », c’est une version live de sa Southern Soul Blues que BYWATER CALL propose, histoire de saisir pleinement la dimension qu’il prend sur scène. Et la chaleur et l’énergie qu’il déploie sont juste phénoménales. Puissantes et dynamiques, ses prestations sont pour le moins enflammées et l’on comprend mieux l’engouement croissant autour de la formation guidée par la voix enveloppante de Meghan Parnell. « Sunshine – Live In 2024 » est un témoignage brut et direct, très vite addictif.

Ayant pris son indépendance et évoluant désormais sans label, BYWATER CALL s’est donc occupé de la captation des morceaux, interprétés ici à Newbury en Angleterre, à Woodstock aux Etats-Unis et dans leur Canada natal à Toronto. Comme sur leur précédente réalisation, c’est le batteur du groupe, Bruce McCarthy, qui s’est chargé de l’enregistrement et du mixage et le résultat est irréprochable. Quant au contenu, l’accueil du public est aussi dithyrambique des deux côtés de l’Atlantique. La proximité aidant, on est très vite conquis.

BYWATER CALL avait déjà lâché « Sunshine » en single en mai dernier et cinq autres titres viennent se greffer dans une belle osmose et une complémentarité passionnée. Parmi les nouveautés, cette reprise incroyable de Stephen Stills (« Love The One You’re With » ») qui se pare d’une seconde jeunesse, tout comme « Bring Me Down », extrait du premier album en mode survitaminé. « As If », « Sign Of Peace » et « Everybody Knows » sont issus de « Shepherd » et leur traitement très jam s’étale en longueur pour un plaisir intense et sincère.

Photo : Denis Carpentier

Retrouvez l’interview accordée par Meghan Parnell à la sortie de « Shepherd » :

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Classic Rock Hard 70's

Gypsy’s Kiss : beyond time

Formé une première fois il y a 50 ans et donc juste avant la déferlante de la NWOBHM, les Britanniques auraient pu suivre cette voie royale. Mais après une longue absence, ils ont jeté leur dévolu sur un Classic Rock musclé faisant la part belle aux guitares et aux refrains bien ciselés. Avec « Piece By Piece », GYPSY’S KISS poursuit finalement son début de carrière avec une fougue de jeunes premiers, qui semblent galvaniser le sextet londonien.

GYPSY’S KISS

« Piece by Piece »

(Independant)

Chez la plupart des groupes fondés dans les 70’s, et notamment en Angleterre, on retrouve toujours cette petite part de légende, de celle qui vient s’ajouter à la grande Histoire. GYPSY’S KISS ne déroge pas à la règle. Créé dans l’Est de Londres en 1974, l’aventure s’arrête pourtant l’année suivante après quelques concerts et vierge de tout enregistrement. Seulement, le chanteur et guitariste David Smith a fondé le combo avec un certain Steve Harris à la basse. Le mythe se joue souvent sur un détail.

Réactivité en 2018 avec plusieurs membres originels, mais sans celui parti bâtir Iron Maiden, GYPSY’S KISS a sorti un  premier single (« Influence » en 2019), deux EPs (« Heart Crazed Vole And Other Talls » en 2019 avec une ressortie dans le foulée), puis l’album « 74 » paru en 2021. Après deux titres l’an dernier (« We’ve Come To Play », et « Jack For All Times ») qui figurent d’ailleurs sur « Piece By Piece », les Anglais se présentent donc avec un deuxième long format bien produit et qui garde intactes les saveurs de leurs débuts.

Fidèle à un Classic Rock intemporel tirant sur le Hard Rock et plus légèrement sur le Heavy, GYPSY’S KISS avance avec une armada de trois guitaristes, un claviériste inspiré et une rythmique groovy. Cela dit, l’ensemble ne sonne pas vraiment vintage et affiche plutôt une fraîcheur actuelle. Mélodique et accrocheur, « Piece By Piece » est abouti et soigné et ses morceaux ne manquent de diversité (« War Of The World », « Spirit Of Lost Years », « A Soldiers Tale », « Electrify Me »). A noter la belle prestation de son vigoureux frontman.

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Proto-Metal Stoner Doom

Margarita Witch Cult : breuvage maléfique

S’il ne fait pas dans le détail, le Stoner Doom du trio britannique se meut pourtant dans une harmonie toute personnelle, malgré des déflagrations aussi soudaines que régulières. Avec « Strung Out In Hell », MARGARITA WITCH CULT impose son style et ne manque pas d’imagination. Ecorché et enflammé, le combo sort des ténèbres pour se montrer intraitable. Stoner, Doom et attaché au Heavy Metal originel, il fracasse méticuleusement tout sur son passage.

MARGARITA WITCH CULT

« Strung Out In Hell »

(Heavy Psych Sounds)

Deux ans après un premier album remarqué, le trio de Birmingham vient enfoncer le clou avec « Strung Out In Hell », brûlot explosif et démoniaque. Et forcément, lorsqu’on est originaire de la ‘Sabbath City’, berceau du Metal, il est difficile de ne pas y trouver quelques références que MARGARITA WITCH CULT semble parfaitement assumer. Pas franchement Heavy Metal malgré des embardées rappelant ponctuellement la NWOBHM, le Stoner Doom des Anglais se veut surtout épais, massif et teinté de proto-Metal.

Avec un héritage revendiqué, Scott Abbott (guitare, chant), George Casual (batterie) et Jim Thing (basse) s’ouvrent les portes de l’enfer de la manière la plus débridée qui soit dans un maelstrom décibélique au groove épique et dans une ambiance maléfique. Très 70’s dans l’esprit, on retrouve chez MARGARITA WITCH CULT quelques éclairs que n’auraient pas renié Alice Cooper, Deep Purple et bien sûr Black Sabbath. Et, passé à la moulinette Stoner, l’ensemble prend une dimension grasse et écrasante.

La tempête commence dès les premières notes de « Scream Bloody Murder » et ne faiblit pas un instant sur « Conqueror Worm » et « Witches Candle ». L’entame est lourde et fulgurante. Mais c’est sans compter sur le sens de l’humour de MARGARITA WITCH CULT qui nous balance une reprise façon bulldozer et bardée de riffs taillés à la hache de « White Wedding » de Billy Idol. Une petite douceur avant l’agressif « Dig Your Way Out », puis « The Fool » et son dantesque solo de saxo. Un retournement de cerveau dans les règles !

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Alternative Rock

Bush : breaking the silence

Plus de 30 ans après sa formation et après avoir empilé les hits, les Britanniques restent les fers de lance d’un genre affilié aux 90’s, même si leur propre démarche et leur son connaissent une évolution constante. Avec ce dixième album, ils marquent un peu plus leur différence en refusant d’entrer dans le moule d’un Alternative Rock souvent convenu et devenu mainstream. BUSH livre « I Beat Loneliness », une production intense, intime et d’une narration envoûtante sur des sujets délicats.

BUSH

« I Beat Loneliness »

(earMUSIC)

Seul et unique groupe européen d’Alternative Rock capable de tenir tête aux mastodontes nord-américains, BUSH a pourtant connu une carrière assez chaotique après des débuts tonitruants avec trois premiers albums qui ont forgé son statut. En pleine ascension dans les années 90 avec « Sixteen Stone », « Razorblade Suitcase » et « The Science Of Things », le virage du changement de siècle a été difficile à négocier pour le quatuor qui s’est essayé de manière peu convaincante à d’autres registres, tout en restant bien sûr très Rock.

Et plutôt que de renouer avec le style qui a fait son succès, BUSH continue ses explorations soutenu par des fans inconditionnels. Surtout guidé par la créativité plus que par la facilité donc, « I Beat Loneliness » confirme encore que les Anglais laissent parler leur instinct sans s’engouffrer dans des brèches béantes. Et leur leader Gavin Rossdale est pour beaucoup dans cette quête artistique. Ayant lui-même déclaré que c’était sa réalisation la plus personnelle, il nous fait pénétrer dans un univers introspectif d’une grande sincérité.

Débordant d’émotions et souvent à fleur de peau, « I Beat Loneliness » aborde des sujets sensibles et profonds comme la solitude, l’isolement et les cicatrices de la vie. Pour autant, BUSH fait preuve d’une énergie incroyable et ne se laisse pas aller à un disque mélancolique et contemplatif. Sur des textes soignés, il se montre toujours explosif grâce à des riffs imparables et des tonalités post-Grunge, Metal et même Indus (« Scars », « Footsteps In The Sand », « Don’t Be Afraid », « Rebel With A Cause », « The Land Of Milk And Honey »). Beau !

Photo : Chapman Baehler

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Hard 70's Old School

Wytch Hazel : knights of Rock

Lyrique et percutant, le Hard Rock des Britanniques renoue avec une tradition à la fois respectée, mais qu’ils n’hésitent pourtant pas à bousculer un peu en lui apportant beaucoup de fraîcheur. Aussi sensible que véloce, « V : Lamentations » s’étend dans des contrées exaltées, tout en maintenant une ambiance particulière où le chant et les guitares font cause commune pour révéler toute l’originalité de la personnalité de WYTCH HAZEL.

WYTCH HAZEL

« V : Lamentations »

(Bad Omen Records)

Toujours tourné vers des inspirations spirituelles, voire religieuses, sans pour autant être affilié au mouvement White Metal, WYTCH HAZEL poursuit sa chevaleresque croisade musicale et livre « Lamentations », cinquième volet de sa discographie. Celui-ci marque aussi le retour de son batteur originel, Aaron Hay, et même si le propos est souvent très sombre, les compositions sont quant à elles plutôt lumineuses. On retrouve l’univers 70’s/80’s du combo sur un mix remarquable et une production très organique et chaleureuse.

Tête pensante, compositeur, guitariste et chanteur, Colin Hendra mène sa troupe et son entente avec Alex Haslam débouche sur des twin-guitares très soignées, des rythmiques galopantes et un art du riffing qui nous ramène aux premiers albums de Maiden, auxquels il convient d’ajouter quelques références à UFO, Thin Lizzy et Wishbone Ash. WYTCH HAZEL est ancré dans un Hard Rock très british, où la narration de son frontman est au premier plan, tient une place prépondérante et fait office de marque de fabrique.

Entre un chant très présent et des six-cordes à l’unisson, « V : Lamentations » mise sur des mélodies chiadées et un côté épique cher au concept-même du groupe. Puissants et efficaces, les Anglais évitent toute extravagance malgré des aspects Fantasy flamboyants bien sentis et même parfois médiévaux comme sur l’instrumental « Elixir ». WYTCH HAZEL déroule sur un album très accrocheur (« The Citadel », « Run The Race », « Elements », « Woven », « Heavy Load »). Vintage, solide et attachant. 

Photo : Elly Lucas

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Hard Rock Heavy metal Livre

Motörhead : they played Rock’n’Roll [Livre]

Si les combos de cette trempe n’existent plus dans ce monde aseptisé, il reste les souvenirs, et depuis quelques temps, ils jaillissent de tous les côtés. Une sorte de réminiscence imposée. Les coffrets, les compilations et les Live en tous genres grossissent les étagères des fans, mais les Editions Petit à Petit ont eu la bonne idée de mettre en dessin quelques instants mémorables de la vie exaltante et exaltée de MOTÖRHEAD. Le résultat est convaincant et sa lecture agréable.

MOTÖRHEAD : BACK FROM THE DEAD

Fabrice Rinaudo/Samuel Degasne

(DocuBD/Editions Petit à Petit)

On vit décidemment une époque formidable. Le grand et surtout irremplaçable Lemmy Kilmister est passé à trépas il y a tout juste dix ans. Alors depuis, l’industrie musicale et à peu près tout ce qui gravite autour se régalent. Une manne ! On ne compte plus les Best Of constitués de morceaux usés jusqu’à la moelle, ou encore le récent et navrant « The Manticore Tapes », ainsi que tout le merchandising qu’on peut ensuite imaginer. Et même si ce n’était sûrement pas ce que le bassiste et chanteur aurait imaginé, nous y sommes… et même jusqu’au cou.

Et comme il se trouve que cette décennie depuis la mort de l’Anglais coïncide aussi avec les 50 ans de la création du groupe, les hommages pleuvent de toutes parts. Un coup à faire perdre l’équilibre aux kilos d’acier plantés à Clisson. Bref, les fans semblent ravis et MOTÖRHEAD fait même plus rêver mort que vivant. Un comble et une aberration de notre temps… encore une ! Une grande majorité s’enthousiasme à la découverte de morceaux qui tournent pourtant en boucle depuis des dizaines d’années un peu partout. Alors ne nous plaignons pas : il était grand temps !

Bien sûr, les Editions Petit à Petit surfent à leur façon sur la vague, mais ont au moins le mérite de proposer avec ce « Motörhead : Back From The Dead » quelque chose d’assez nouveau et de différent. Réuni autour d’un collectif de dessinateurs sur un scénario de Fabrice Rinaudo et des textes documentaires de Samuel Degasne, on retrouve fidèlement quelques pans de l’histoire, si peu académique, des turbulents et précurseurs Britanniques. Rock’n’Roll jusqu’au bout du médiator, Lemmy manque, c’est vrai, mais il serait bon maintenant de nous laisser avec nos souvenirs.

144 pages / Format 19×26 cm / 21,90€

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Desert Rock Psych Stoner Rock

Lorquin’s Admiral : desert butterfly

Donner un sens à sa musique et lui offrir une âme à travers un état d’esprit commun, cela semble avoir été l’objectif sous-jacent de LORQUIN’S ADMIRAL. Dans une atmosphère désertique, le Stoner Psych du combo sait se faire aussi flottant qu’appuyé, le tout dans une chaleur instrumentale enveloppante et une perception du groove, qui nous ferait presque oublier qu’un océan sépare les musiciens de cette formation atypique. Un premier essai qui en appelle d’autres…

LORQUIN’S ADMIRAL

« Lorquin’s Admiral »

(Argonauta Records)

On sait que Sons Of Alpha Centauri aime les collaborations et Yawning Sons en est un bel exemple. Cette fois, les Anglais se sont liés aux Américains d’Hermano pour fonder LORQUIN’S ADMIRAL. Et la rencontre est agréablement surprenante, car les chemins empruntés par les membres de deux formations renvoient autant aux ‘Desert Sessions’ qu’à un Stoner version Psych comme à certains travaux du regretté Mark Lanegan. Et si le quintet se montre ambitieux, le résultat est très largement à la hauteur de son talent.

Dans ce line-up cinq étoiles, on retrouve le couple Dandy (Fizz Fuzz) et Dawn Brown au chant (Hermano), Marlon King à la guitare (SOAC), Nick Hannon à la basse (SOAC) et Steve Earle à la batterie (Hermano). Et si l’on précise qu’ils sont passés aussi par Afghan Whigs, Luna Sol, Orquestra Del Desierto ou Fizz Fuzz, l’expérience ne manque pas chez LORQUIN’S ADMIRAL. Et à l’écoute de ce premier album éponyme, ils sont parvenus à trouver un nouveau terrain de jeu, sans faire dans le réchauffé, mais en innovant avec beaucoup d’élégance.

En guests, on retrouve également Dave Angstrom et Country Mark Engel aux guitares, qui viennent apporter beaucoup de volume et de relief aux morceaux. Sensible et aérien, le style des Anglo-américains présente une version assez légère de Stoner Rock, jouant sur les harmonies et de nombreuses combinaisons. Pour autant, LORQUIN’S ADMIRAL n’avance pas à l’aveugle et affiche même déjà une identité artistique personnelle évidente (« Could Have Been Forever », « The Lovely Things », « My Blue Life », « To Temptation »). Solaire !

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Classic Hard Rock Rock Hard

Star Circus : intrépide

Avec « From The Wreckage », STAR CIRCUS vient assoir une position déjà séduisante entrevue sur « Separate Sides ». Avec un titre qui vient habillement faire mentir son contenu, le duo, qui a doublé de volume entretemps, se montre à la hauteur d’un héritage musical qu’il ne cherche même pas à cacher. Classique sans être poussiéreux, les Britanniques s’inscrivent dans une lignée déjà bien tracée et s’y engouffrent avec plaisir en apportant une touche de fraîcheur à un Rock rassembleur et percutant, sans être nostalgique. Deuxième essai transformé !

STAR CIRCUS

« From The Wreckage »

(Renaissance Records)

Trois ans après un premier effort, « Separate Sides », qui avait valu aux Londoniens une belle reconnaissance nationale, STAR CIRCUS fait un retour en force avec « From The Wreckage ». Et le duo initialement composé de Tony Winkler (chant, guitare) qui avait d’ailleurs produit le premier opus et Sophie Aurelia Young (basse, chant) accueille Reuben O’Donoghue (batterie/chœurs) et les guitaristes Tom Draper (ex-Carcass, Spirit Adrift) et Ritchie Mohicano (Dobermann), venus renforcer les rangs. La nouvelle configuration a fière allure et l’entente est claire. Autour d’un Hard Rock qui évolue entre Classic Rock et un Glam Metal estampillé 80’s, l’ensemble est enthousiasmant.

Signé sur le label Renaissance Records basé en Arizona, les Anglais sous-entendent que leur projet vise l’international et « From The Wreckage » devrait leur permettre, en effet, de quitter leur île sans trop de mal. L’album est plus que cohérent, malgré quelques grands écarts stylistiques bien maîtrisés et franchement bien sentis. STAR CIRCUS est absolument ancré dans son temps et la variété des compositions vient confirmer le savoir-faire du quatuor, qui est assez bluffant en termes de mélodies avec des refrains qui restent en tête. La machine est parfaitement huilée et les membres plus qu’aguerris.

Et ce qui frappe aussitôt également sur « From The Wreckage », c’est la combinaison des deux six-cordistes, qui jouent à armes égales et se partagent très bien les riffs et les solos, se relayant avec beaucoup de finesse et sans se marcher dessus. STAR CIRCUS se montre volontiers ambitieux, alternant des élans musclés et des passages plus sombres avec une efficacité redoutable. Le frontman tient la baraque, mais quand la bassiste prend le chant sur « Masquerade », on regrette qu’elle ne le fasse pas un peu plus. Le combo se montre donc très convaincant et assène un Rock solide, enthousiasmant et personnel.

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Blues Rock International

When Rivers Meet : successful confluence [Interview]

En moins de dix ans, WHEN RIVERS MEET a connu une ascension assez incroyable avec une reconnaissance de ses pairs dès son premier album, « We Fly Free ». Depuis, Grace et Aaron Bond enchaînent albums et tournées avec une idée de plus en plus précise de leur musique. Produit sur son propre label, le duo affiche une liberté artistique étonnante et parvient à surprendre à chaque réalisation, preuve d’une créativité constante. Avec « Addicted To You », les Britanniques franchissent encore un palier avec ce style inimitable fait de Rock, de Blues et de notes d’Americana. Le moment idéal pour faire le point avec ce couple si complémentaire, qui livre un nouvel album d’une folle diversité et d’une maîtrise totale.   

– Je me souviens de notre première interview, lors de la sortie de « We Fly Free », votre premier album. Et vous étiez nerveux tous les deux à l’idée de la réception qu’il recevrait. Et nous voici quatre ans plus tard et avec un quatrième album, ainsi que plusieurs Live. Le rythme est très soutenu et pourtant vos disques sont assez différents. Le plus important est que votre personnalité artistique est devenue très claire. Est-ce aussi votre sentiment ?

Absolument, elle est désormais très claire, tout comme la direction que nous prenons. Chaque album nous a semblé très différent, reflétant toujours notre état d’esprit du moment, tant sur le plan personnel que créatif. Cela inclut notre façon d’enregistrer, les instruments utilisés et ceux que nous utilisons aussi pour la composition. Sur « Addicted To You », par exemple, nous souhaitions intégrer des touches très changeantes, ce qui est devenu un fil conducteur tout au long de l’album. Nous souhaitions également privilégier les guitares, en y ajoutant une deuxième, ce qui donne à de nombreux morceaux une sonorité plus ample. Et comme nous savions que nous jouerions cet album en live à six, nous avons intégré des harmonies à six voix pour refléter cette énergie qu’on retrouvera sur scène. Cet album est également plus acoustique qu’auparavant, ce qui lui confère une toute nouvelle dimension. Donc oui, même si chaque album est différent, nous avons une idée précise de qui nous sommes et de ce que nous voulons transmettre, et cela façonne vraiment tout ce que nous faisons.

– Restons un peu 2021, où vous recevez pas moins de quatre Blues UK Awards, une pluie de distinctions incroyable dès votre premier album. Cela a aussi dû apporter beaucoup de confiance pour la suite ? Car « Saving Grace » avait quelque chose de resplendissant…

Absolument et le fait que « Saving Grace » soit notre deuxième album impliquait forcément cette pression, cette notion de ‘deuxième album difficile’. On s’inquiétait de savoir s’il serait à la hauteur de « We Fly Free », surtout après l’accueil favorable de ce premier album. Mais avec « Saving Grace », on a volontairement opté pour un son plus Heavy et Rock. « We Fly Free » était un mélange de Blues, de Rock, d’Americana, de Folk et même de touches de Country, tandis que « Saving Grace » avait un côté plus direct et plus percutant. On ne savait donc pas comment le public réagirait à ce changement. Au final, on a été bluffés par l’accueil. Remporter quatre UK Blues Awards était surréaliste et un immense honneur. L’adhésion de la communauté Blues nous a vraiment beaucoup apporté, et ça nous a donné un énorme regain de confiance pour l’album suivant. Et maintenant, après « Addicted To You », on est plus enthousiastes que jamais pour ce qui nous attend : on a de grands projets, et cela ne fait que commencer.

– Dans la foulée, vous sortiez « We Fly Free Tour Live », un album enregistré en public, ce qui ne manque pas d’audace après seulement deux albums studio. Cela vous a-t-il paru comme une évidence à l’époque ?

Oui, on a sorti « We Fly Free Tour Live » dès notre toute première tournée, mais ce n’était pas du tout prévu comme un album live. Au départ, on l’avait filmé et enregistré juste pour nous, pour pouvoir le revoir, voir ce qui marchait, ce qui ne marchait pas et en tirer des leçons. Mais on n’arrêtait pas de nous demander si on allait le sortir, et après l’avoir regardé attentivement, on s’est dit : « Ouais, pourquoi pas ? » C’était honnête et brut, avec tous ses défauts, et c’est ce qui le rendait si spécial. Il reflétait exactement où on en était à ce moment-là. Depuis, c’est devenu une partie intégrante de notre travail. On aime immortaliser chaque tournée avec un album live, comme pour les albums studio, c’est un instantané. Et pour nous, l’aspect visuel et la performance sont tout aussi importants que la musique elle-même. Offrir un concert puissant fait partie intégrante de l’expérience, donc tout est cohérent.

– Ensuite, c’est « Aces Are High », encore accompagné d’autres récompenses, qui vient poser un nouveau statut pour WHEN RIVERS MEET. Est-ce que vous l’avez pris comme ça, à savoir être un groupe dont la réputation est établie et qui compte dorénavant beaucoup sur la scène Blues britannique ?

Quand on a enregistré « Aces Are High », on était vraiment à fond sur la guitare fuzz, ce qui a marqué le tournant entre « Saving Grace » et « Aces Are High ». C’est clairement un album plus Heavy et Rock. Même s’il y avait encore beaucoup d’influence Blues, notamment avec la guitare slide et le phrasé bluesy, on ne s’est pas demandé si c’était assez Blues, ou pas. On a toujours eu du succès sur la scène Blues avec « We Fly Free » et « Saving Grace », mais quand on écrit et qu’on enregistre, on n’essaie pas de rentrer dans une case particulière. C’est juste une question de savoir où on en est créativement à ce moment-là. On fait la musique qu’on aime et on espère que d’autres s’y intéresseront aussi, mais si certains préfèrent un album plutôt qu’un autre, c’est très bien aussi. C’est la beauté de la musique : chacun s’y retrouve différemment selon ses goûts, que ce soit pour les sons de guitare, le chant ou l’ambiance générale. On se considère toujours comme étant en pleine évolution, pas comme ’établis’ sur une scène en particulier. Nous suivons simplement notre instinct, et si les gens apprécient, tant mieux, car nous aimons vraiment ce que nous créons. Sinon, nous espérons qu’il y aura quelque chose d’autre dans notre catalogue qui leur plaira.

– Avant de parler de ce très bon « Addicted To You », j’aimerais qu’on évoque ce groupe qui vous suit depuis le départ, avec notamment Adam Bowers, qui est votre claviériste, bassiste, batteur, choriste et surtout producteur. Et tout est réalisé sur votre label One Road Records. C’est important aussi pour vous d’évoluer dans un environnement stable comme celui-ci ?

Ce qui compte vraiment pour nous, c’est que tous les membres de l’équipe travaillent dans la même direction, partagent notre vision et Adam y parvient avec brio. C’est non seulement un producteur incroyable, mais aussi un gars vraiment formidable. Dès notre rencontre en 2019, le courant est tout de suite passé. Il a immédiatement compris ce que nous voulions faire et où nous voulions aller, et il a su le faire pour chaque projet depuis. Aujourd’hui, on a presque plus besoin de s’expliquer, on partage une idée et il s’y met aussitôt, lui donnant vie d’une manière qui nous époustoufle toujours. Son talent est incroyable et il sublime tout ce que nous faisons. Ce genre de relation créative est rare, et nous avons vraiment de la chance de l’avoir. Pour nous, c’est ce qu’un producteur devrait faire : voir la vision, y croire et l’améliorer encore. Et Adam y parvient à chaque fois.

– La première chose qui surprend sur « Addicted To You », c’est cet équilibre parfait entre les voix, que ce soit les vôtres comme celles des choristes qui vous accompagnent. De quelle manière vous répartissez-vous les rôles tous les deux ? Chacun chante ses compositions ?

Avec « Addicted To You », l’un de nos objectifs était de mettre davantage en avant la voix d’Aaron. Nous n’avons pas opté pour un plan strict du genre ‘tu chantes celle-ci, je chante celle-là’. Il s’agit toujours de savoir ce qui correspond à l’émotion de la chanson et quelle voix la raconte le mieux. Nous voulions aussi explorer davantage de duos sur cet album. Nous avons toujours été inspirés par The Civil Wars (un duo américain composé des chanteurs-compositeurs Joy Williams et John Paul White – NDR). C’était l’un des meilleurs duos du moment, et leur influence est profondément ancrée dans notre musique. Ce mélange de voix, cette connexion émotionnelle, c’est ce que nous avons toujours recherché. Pour ce qui est des chœurs, nous sommes tous les deux passionnés. Sur cet album, nous voulions qu’ils créent un mur sonore plus imposant, quelque chose qui puisse se suffire à lui-même tout en soutenant le chant principal sans le surcharger. Nous avons beaucoup réfléchi et travaillé pour trouver cet équilibre, et nous sommes ravis qu’il soit à la hauteur de nos espérances.

– Toujours à propos du chant, certes il y a encore et toujours des duos, mais j’ai l’impression que vous chantez également plus ensemble, sans systématiquement vous répondre. L’idée était-elle de communier le plus possible vocalement en étant très présents tous les deux en même temps ?

Oui, l’une des choses que nous aimons le plus, c’est raconter des histoires ensemble. Que nous chantions à l’unisson, que nous échangions nos répliques ou que nous nous répondions, tout se résume à ce qui sert le mieux la chanson et l’histoire. Pour « Addicted To You », il s’agissait en grande partie de capturer les points de vue masculin et féminin, deux voix partageant la même expérience, mais l’exprimant différemment. Parfois, c’est plutôt : ’voici ce que pense Grace, voici ce que pense Aaron’, et d’autres fois, nous chantons ensemble pour refléter cette unité émotionnelle. Il y a même une section où les chœurs tourbillonnent pour refléter des pensées changeantes, comme un dialogue intérieur qui prend vie. Nous ne voulons jamais jouer la sécurité vocalement. Nous cherchons toujours à créer quelque chose de mémorable, quelque chose qui reste gravé dans la mémoire. « Addicted To You » nous a donné l’occasion de nous plonger pleinement dans ces couches, musicalement et vocalement, et nous sommes fiers de la façon dont tout cela s’est déroulé. Il s’agit toujours de servir la chanson et de donner vie à l’histoire de la manière la plus puissante possible.

– A l’écoute d’« Addicted To You », l’impression qui domine est qu’il est probablement le plus complet de votre discographie. Que ce soit au niveau des compositions, qui sont très variées, il y a beaucoup de soins apportés aux arrangements, et pas seulement vocaux. Est-ce un aspect du disque sur lequel vous teniez vraiment à être le plus pointilleux possible ?

Oui, avec cet album, nous voulions vraiment créer quelque chose de frais et de différent, mais qui reste indéniablement nous-mêmes. Nous avons apporté de nouveaux éléments, des touches virevoltantes, des couches de guitare supplémentaires, davantage de textures acoustiques, des harmonies à six voix, et même joué avec les signatures rythmiques, tout cela pour repousser nos limites créatives et créer quelque chose qui se démarque vraiment des autres albums. Mais comme toujours, il reflétait notre état d’esprit du moment. C’est ainsi que nous abordons chaque album, capturant un instantané de notre créativité à un moment précis. Le prochain nous emmènera probablement vers de nouveaux horizons, mais c’est ce que nous aimons : avoir la liberté d’évoluer et de continuer à faire ce qui nous passionne.

– D’ailleurs, si la production reste toujours très organique, elle semble aussi plus aérée et légèrement épurée. L’idée était-elle de diffuser cette sensation de liberté qui semble ne jamais vous quitter jamais sur les onze chansons ?  

Oui, absolument, ce sentiment de liberté est quelque chose que nous voulions vraiment capturer sur cet album. Même si la production reste très organique et ancrée dans de vrais instruments, nous avons voulu donner aux chansons plus d’espace pour respirer. Nous ne voulions pas surcharger les arrangements, mais plutôt laisser chaque élément briller et laisser l’émotion des chansons transparaître sans trop de superflu. Cette ‘légèreté’ que tu évoques est exactement ce que nous recherchions. Cela rejoint l’atmosphère générale d’« Addicted To You » : il y a de l’intensité, mais aussi de la légèreté, de l’espace et du mouvement. Nous voulions que l’album tout entier soit fluide, comme s’il vous transportait sans jamais être forcé ou alourdi.

– Enfin, vous interprétez une incroyable chanson en fin d’album, dont le titre est tout simplement « When Rivers Meet ». Comment est venue l’idée, car ce n’est jamais anodin de composer un morceau qui porte le nom de son groupe ? Il y a beaucoup de symbolique… 

Oui, celle-là est vraiment spéciale pour nous. Ecrire une chanson intitulée « When Rivers Meet » a été un moment important, on ne voulait pas forcer les choses, alors on a attendu que ça vienne naturellement. Et quand c’est arrivé, ça nous a semblé juste. L’idée est venue de tout ce qu’on a vécu avec nos fans, surtout ces dernières années. Il ne s’agit pas seulement de nous en tant que groupe, mais de la communauté qui s’est formée autour de la musique. Il y a un vrai sentiment de connexion, de rassemblement et « When Rivers Meet » capture cet esprit. Il y a vraiment beaucoup de symbolisme dans le titre : des rivières qui se rencontrent, des chemins qui se croisent, des histoires qui s’entremêlent. C’était la façon idéale de conclure l’album : un hommage à notre parcours, à ceux qui nous ont soutenus et à l’idée que la musique rassemble vraiment les gens.

Le nouvel album de WHEN RIVERS MEET est disponible sur son label One Road Records et sur le site du groupe : https://whenriversmeet.co.uk/

Photos : Rob Blackham

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