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Hangman’s Chair : cold exploration [Interview]

Depuis ses débuts il y a 20 ans maintenant, HANGMAN’S CHAIR ne cesse d’évoluer, même si un lien persiste toujours entre ses albums. Du Sludge brutal au Doom très pesant, le groupe prolonge son aventure dans un post-Metal aux déflagrations Hard-Core avec un aspect Cold Wave et gothique plus prononcé aujourd’hui. Pour autant, la patte est toujours là, elle se peaufine et suit les envies et les inspirations de son binôme créatif, composé de Julien Chanut (guitare) et de Medhi Birouk Thépegnier (batterie). Sur ce septième opus, le quatuor français explore encore et toujours des sonorités qui collent à des textes emplis de mélancolie. Contraction de ‘Sadness’ et ‘addiction’, « Saddiction » s’inscrit dans un voyage musical très immersif, narratif aussi et surtout très captivant. Entretien avec un batteur passionné et très investi dans un projet, dont la vision se projette dorénavant sur le long terme.   

– Il y a un peu plus de deux ans, vous sortiez « A Loner », premier chapitre d’une trilogie. « Saddiction » est donc sa suite. Est-ce qu’à l’époque, vous travailliez déjà sur ce nouvel album ?

Pour être sincère et transparent avec toi, cette histoire de trilogie est sortie de la tête de Julien lors d’une conversation qu’on a eu avec la personne qui nous a fait la bio du dernier album. J’ai trouvé ça intéressant même s’il a son point de vue et que j’ai le mien. Je trouve ça bien, parce que ça permet aussi de ranger un peu notre chambre. Quand on parle de trilogie, ça veut dire que c’est le second volet et qu’il va y en avoir un troisième, alors que je ne sais même pas ce qu’il va se passer demain. C’est donc assez étrange de parler comme ça comme d’un concept établi. Cela dit, ça permet aussi de voir un peu où on en est. Je comprends bien l’idée de Julien, car il a essayé de classer un peu notre style et notre concept musical au sein de HANGMAN’S CHAIR par rapport à nos albums. Et donc, ça se tient, bien sûr. C’est vrai qu’on avait ouvert une nouvelle ère avec « A Loner ». C’est un épisode, avec le confinement aussi, où l’on a eu envie d’explorer plus en profondeur le côté Cold Wave. Et « Saddiction » est arrivé à point nommé dans le sens où on a continué cette exploration. Je comprends bien l’idée de la trilogie, car je suis à un âge où je passe à un autre concept moi-même dans ma tête et dans ma vie. J’ai aussi quitté Paris avec toute la tension et la folie qu’il y a autour du groupe. J’aime donc l’idée de cette nouvelle ère avec cette trilogie. C’est surtout une manière de voir les choses, en fait. Il a son idée par rapport au son, tandis que je le vois plus comme une étape de vie.

– Il n’y a pas vraiment de règles chez les artistes qui sortent des trilogies, mais concernant HANGMAN’S CHAIR, est-ce que vous voyez la trame des trois albums, ou est-ce que les idées émergent au fur et à mesure ?

Oui, je l’entends, je le vois venir. Pour le moment, je suis dans un cycle d’attente pour l’écriture et l’enregistrement et puis, nous sommes en pleine promo aussi. Je suis dans une phase de digestion par rapport à ce nouvel album. Après, c’est différent pour chaque groupe, mais en ce qui nous concerne, on met énormément de cœur à l’ouvrage. Il y a beaucoup de choses, beaucoup de sacrifices aussi. Tu sais, on se connaît avec Julien depuis nos 13 ans. Il y a une espèce de vie de couple, dans laquelle il faut gérer le côté humain et le côté professionnel avec tout le groupe. Il y a toujours eu des hauts et des bas dans les émotions et on retranscrit tout ça dans la musique, que ce soit des épreuves, des déceptions, des pertes… C’est la vie de tous les jours en fait. Et cela peut être parfois un peu lourd. J’ai un peu de mal à avoir une vision du futur, puisqu’on parle de cette trilogie. Et là, nous sommes au moment de la sortie de l’album, ce qui est toujours assez exceptionnel, même si les retours sont très bons dans les médias. J’attends maintenant ceux des auditeurs, qui sont une étape ultra-importante. Pour l’instant, je suis un peu en eaux troubles… ! (Rires)

– Je comprends très bien cette impression de vertige. Mais sur une trilogie comme celle-ci, on se lance tout de même dans une aventure sur le long terme, c’est-à-dire que vous ne pouvez pas ne pas faire le troisième…

Exactement ! Ça veut dire qu’il y a quelque chose de prédéfini ou de préparé. Mais sincèrement, je ne sais ce que demain nous réserve. C’est aussi pour ça que cette trilogie m’intéresse, même si j’ai du mal à intégrer l’idée pour l’instant. Julien a un rapport à l’écriture et je le comprends bien. Cela dit, il y a une globalité qui est assez effrayante. C’est le temps qui décide un peu de tout ça, par rapport à nos vies, et notre musique en est le reflet. Et avec tout ce que j’ai injecté de ma vie dans ce nouvel album, je suis vidé.

– Avant de parler du contenu de  « Saddiction », j’aimerais qu’on parle de la production. Une trilogie s’étale environ sur 6/8 ans et vu les avancées technologiques actuelles, tout peut aller très vite, sans même parler d’IA. Vous vous êtes-vous posé des limites pour que ces trois albums gardent une unité sonore ?

C’est une bonne question car, pour moi et avec un peu de recul, les choses se sont faites assez naturellement sur les deux derniers albums. On ne se pose aucune limite, car ce serait grave quand même. En revanche, cela nous arrive de ne pas être d’accord et de mettre nos idées en opposition, bien sûr. Il y a toujours débat, mais il y a des choses assez naturelles au niveau de la composition. Avec tout ce qu’il s’est passé pour « A Loner », la signature avec Nuclear Blast, une visibilité augmentée, beaucoup de concerts car on n’a jamais autant joué de toute notre vie, on a senti avec Julien le besoin de prendre du temps pour digérer tout ça. Et finalement, cette espèce de schizophrénie nous a poussés à composer directement. On a été très inspiré, chacun de notre côté. Et comme j’ai déménagé au bord de la mer, je suis arrivé avec des morceaux plus lumineux et il y a eu un frein de la part de Julien, car il n’arrivait pas à entrer dans le truc. Il a fallu que je me réadapte, que je revois ma copie. Donc, tu vois, notre musique dépend de tout ça, de tous ces paramètres personnels dans nos vies. En fait, on ne se met pas de frein, mais il nous arrive de nous recadrer, de rester sur une espèce de ligne directrice en laissant aussi de la marge à la création et à l’exploration. C’est magique en tout cas de pouvoir écrire comme ça. Je touche du bois, car on arrive encore à être inspiré par la vie qui passe et tout ce qu’il peut y avoir autour. Et de tout ça, c’est vraiment génial d’en sortir des mélodies !

– En revanche, musicalement, l’évolution de HANGMAN’S CHAIR est nette, et pas seulement depuis « Saddiction » ou « A Loner ». Les influences gothiques et Cold Wave sont manifestes. Est-ce pour mieux coller au propos de l’album, ou c’est plus largement une direction que vous entendez tenir à l’avenir ? Parce qu’on est quand même très loin du Sludge de vos débuts…

Clairement ! On a commencé en 2005 avec HANGMAN’S CHAIR et je pense qu’à ce moment-là, on était très à fond dans la veine du groupe qu’on avait avant et qui était plus Hard-Core et Metal, tirant même sur le Doom et le Sludge de la Nouvelle Orleans. On écoutait énormément Pentagram, Saint Vitus, etc… C’est vrai que cela a dépeint sur nous et HANGMAN’S CHAIR est arrivé juste après. Sur nos deux premiers albums, on était complètement dans l’exploration. C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai un peu de mal à réécouter ces disques, car on s’y perd un peu nous-mêmes. Mais c’est assez touchant, car ce sont nos débuts aussi. Je pense que c’est avec « Hope / / / Dope / / / Rop » (2012 – NDR) que la bascule a eu lieu. Il a été déclencheur pour la suite. Après, l’important est de rester naviguer, car ça reste de la musique et c’est vraiment là que je me sens le mieux. J’ai aussi l’impression qu’on arrivait bien à digérer tout ce qu’on écoutait et c’était très varié. Ca pouvait aller de Depeche Mode aux Cure, mais aussi à la scène Hard-Core new-yorkaise qu’on a beaucoup écoutée avec les Cro-Mags, Bad Brains, etc… Ensuite, certaines choses sont revenues sur des bases qu’on aime. Dernièrement, on a peut-être écouté plus de choses Cold, post-Punk, New-Wave et gothiques. Ce sont des ambiances qu’on arrive à bien manier et dans lesquelles on sait combiner plusieurs ambiances. Julien arrive le plus souvent avec des morceaux froids et assez agressifs, tandis que les miens sont peut-être plus mélancoliques, mélodiques avec des arpèges et des effets. Et c’est ce mix des deux qui fait la couleur de l’album, sa lumière. C’est toute la magie de notre binôme.

– Comme sur « A Loner », il y a un gros travail sur les tessitures sonores et les atmosphères. Pourtant, vous restez percutants. L’ambiance post- Metal/Rock domine toujours avec un petit côté Doom sous-jacent. L’idée d’entretenir le Sludge de vos débuts est définitivement passée ?

C’est vrai que sur « A Loner » et avec tous les concerts qu’on a donné ensuite, on est peut-être allé plus loin dans le côté post-Rock et le gothique parfois. On a beaucoup travaillé le traitement du son et des tessitures. Avec « Saddiction », ce qu’on a fait naturellement, c’est peut-être retrouver ce côté doomy et Sludge de nos débuts. Ca se mélange aussi beaucoup mieux, c’est plus digeste. Le travail sur ce dernier album a aussi été de réintégrer les sons de nos premiers amours et que ce soit harmonieux. Et j’ai l’impression que ça a débouché sur le deuxième volet de cette… trilogie ! (Rires) Il y a un équilibre plus évident avec des chansons plus courtes aussi et qui sont un peu le résultat de la tournée précédente. L’envie a été d’aller droit au but sur certaines choses.

– Parlons un peu des vidéos, qui ont aussi beaucoup d’importance chez HANGMAN’S CHAIR. Sur « Cold & Distant » (extrait de « A Loner »), Béatrice Dalle faisait partie de l’aventure et cette fois sur « Kowloon Light », il y a clairement une référence au « Into The Void » de Gaspard Noe…

« Into The Void » est clairement une référence, c’est vrai, et nous sommes très fans de l’œuvre de Gaspard Noe. On a adoré ce film car, esthétiquement, il est incroyable. Il a été hyper-loin dans la photo. On n’a pas non plus voulu aller volontairement dans ce sens, mais les gens avec qui on travaille savent qu’on aime ce genre-là et que nous sommes très friands du travail de Gaspard Noe. C’est super en tout cas que tu l’aies ressenti, car c’est une grosse influence. Et puis, il y a aussi un côté cinématique chez HANGMAN’S CHAIR, parce que ça nous a toujours fait vibrer. Il y a des liens très proches avec la vidéo et la photo, c’est certain. On se rapproche de certains univers comme celui de Lynch, par exemple. J’adore les vidéos qui subliment un morceau et j’adore les musiques qui subliment les images. C’est très lié.

– Avec un album aussi conceptuel et les clips qui sont réalisés, on imagine que vous allez aussi soigner la scénographie de vos concerts à venir. De quelle manière travaillez-vous cet aspect au sein du groupe ?

On travaille avec des techniciens qui nous apportent énormément de conseils. Il faut savoir aussi que nous sommes un groupe avec un certain statut, c’est vrai, mais pas illimité. On a un agent qui travaille très bien, qui nous trouvent les dates et les budgets, donc il faut toujours aussi voir l’aspect financier et ce que l’on peut faire, ou pas. Et puis, on fait aussi une musique qui est très terre-à-terre et j’adore aussi les groupes qui n’ont pas forcément de scénographie particulière. On essaie de faire ce que l’on peut et d’améliorer à chaque fois nos concerts de ce côté-là et on a la chance d’avoir une belle équipe qui s’occupe très bien de la création en habillant la musique du mieux possible. On a déjà intégré de la vidéo sur nos concerts par le passé, mais budgétairement, c’était très compliqué. Ensuite, il y a le risque de décrochage du public avec trop d’infos d’un coup. Après, c’est quelque chose que j’aime beaucoup chez d’autres groupes, où la musique s’y prête peut-être plus. Pour l’instant, je préfère de l’habillage d’éclairage. Il y a un équilibre à trouver, il ne faut pas non plus se cacher derrière une scénographie, malgré l’air du temps où le public attend de gros shows.

– Justement, comment allez-vous organiser votre setlist ? Car, au-delà des deux derniers albums, il y a les cinq précédents ?

Ce n’est jamais évident chez HANGMAN’S CHAIR de construire un set avec la longueur des morceaux, car on joue une heure et quart/une heure et demi et même 45 minutes en festival. C’est vrai qu’à la sortie d’un album, on a envie de le jouer, même en partie, car il y a de la nouveauté à présenter. Maintenant, 2025 est une année un peu particulière, car on fête les 20 ans du groupe, donc on a envie de jouer d’anciens titres aussi. On veut en intégrer certains qu’on n’a pas joués depuis très longtemps, en ajoutant certains arrangements pour les fondre dans le set. On y travaille ! (Sourires)

– Pour conclure, est-ce vous travaillez déjà sur le chapitre final ? Ou alors, allez-vous faire une pause pour vous concentrer exclusivement à la scène ?

(Rires) J’ai des morceaux ! En fait, je compose constamment, dès que je peux. Ce n’est pas ciblé, mais j’ai des choses. J’essaie de me mettre sur mes machines le plus possible, mais il n’y a rien de défini. C’est un peu ce qu’on se disait au début de l’interview… (Sourires) Et j’ai aussi besoin de voir où « Saddiction » va nous mener et à quelle sauce on va être mangé ! (Rires)

Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, « Saddiction », est disponible chez Nuclear Blast.

Photos : Andy Julia

Retrouvez également l’interview du groupe au moment de la sortie de « A Loner » :

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Southern Blues Rock

Larkin Poe : une identité affirmée

La confiance affichée sur ce nouvel opus de LARKIN POE fait plaisir à entendre ! Déterminées et sensibles, les Américaines s’affirment avec force, que ce soit dans des morceaux très, très appuyés ou des petites douceurs plus délicates et très sudistes. La chaleur du son, la pertinence du songwriting et l’interprétation de chaque membre du groupe vient confirmer, si c’était nécessaire, que le duo familial est là pour durer et l’instantanéité de son jeu est plus éclatante que jamais. « Bloom » ne triche pas et dispatche des saveurs live irrésistibles. On en redemande.

LARKIN POE

« Bloom »

(Tricki-Woo Records/Wagram Music)

Tout juste auréolées d’un Grammy Award l’an dernier pour leur album « Blood Harmony », les sœurs Lovell font déjà leur retour avec un septième album, qui se veut plus mature que son prédécesseur. Il y a une tonalité plus grave sur ce « Bloom », ce qui n’en fait pas pour autant un disque sombre ou triste. C’est surtout dans le jeu que ça se sent, comme si LARKIN POE jouait avec plus de sérieux, laissant de côté (du moins en partie) les envolées de Megan et sa lap-steel pour un Blues Rock plus carré et peut-être un peu moins pétillant, mais plus élaboré et engagé, et avec aussi une certaine nostalgie.

Toujours magistralement accompagné par Tarka Layman à la basse, Caleb Crosby à la batterie, Michael Webb à l’orgue, Eleonore Denig au violon et Tyler Bryant à la guitare rythmique, à la basse et qui co-produit également « Bloom », Rebecca et Megan livrent probablement l’une des réalisations de LARKIN POE les plus abouties. Très Rock et brut, l’énergie très Southern se propage à une vitesse folle dès « Mockingbird » et se diffuse sur l’ensemble des 11 chansons. Les riffs sont toujours aussi accrocheurs, les voix entraînantes et l’authenticité plus présente que jamais. 

Leurs influences Country et 70’s sont cette fois plus manifestes aussi, comme si les deux musiciennes avaient le désir de revenir à leur tendre enfance bercée par le Bluegrass et le soleil de leur Georgie natale. « Easy Love », déclinée en deux partie, semble la chanson charnière de l’album, qui éblouit ensuite grâce à « Bluephonia » et « If God is A Woman », les deux morceaux incontournables et emblématiques de « Bloom ». LARKIN POE dévoile un potentiel qu’on soupçonnait déjà, bien sûr, mais qui prend ici une nouvelle dimension (« Pearls », « You Are the River », « Bloom Again », « Nowhere Fast »). Addictif !

Retrouvez l’interview de Rebecca et Megan…

… Et les chroniques de « Blood Harmony » et « Kindred Spirits » :

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Classic Hard Rock Hard Rock

The Dead Daisies : furiously alive

La sortie d’un nouvel album de THE DEAD DAISIES est déjà un plaisir en soi, alors lorsqu’il s’agit en plus d’y retrouver la voix chaude et rocailleuse du frontman John Corabi, il n’en est que décuplé. Et pour leur septième réalisation studio, les désormais australo-américains se montrent redoutables, terriblement Rock’n’Roll et délicieusement addictifs. « Light’Em Up » nous fait presque remonter le temps, grâce à une magie intacte qui doit beaucoup à son époustouflant duo de guitaristes et surtout à de nouvelles compos plus intemporelles que jamais.

THE DEAD DAISIES

«Light’Em Up »

(The Dead Daisies Pty Ltd./SPV)

L’ambition de THE DEAD DAISIES, depuis un peu plus de 10 ans maintenant, a toujours été de perpétuer une belle et très honorable tradition et surtout une certaine idée d’un Classic Hard Rock vivifiant et fougueux. Et bien au-delà de faire du neuf avec du vieux, le groupe a trouvé sa patte, élaboré un son identifiable et surtout vu défiler dans ses rangs parmi les meilleurs musiciens du genre. Toujours autour de son guitariste et fondateur, l’Australien David Lowy, sorte de gardien du temple, « Light’Em Up » apporte son lot de nouveauté, qui se traduit par quelques changements de line-up et une fois encore : on est très bien servi !

Rien n’est donc figé, ce qui n’est pas pour me déplaire, puisque John Corabi fait enfin son retour au bercail, et le quintet acte aussi l’arrivée de Michael Devin (ex-Whitesnake), tous deux en lieu et place de Glenn Hugues pour qui j’ai le plus grand respect, mais bon… THE DEAD DAISIES affiche donc l’une de ses meilleures formations depuis quelques années et, après un « Best Of » pour marquer sa première décennie l’an dernier, repart sur les chapeaux de roues avec dans ses rangs l’incontournable et indispensable Doug Aldrich à la guitare et l’excellent Brian Tichy derrière les fûts. Difficile de rêver mieux !

Composé et enregistré entre Muscle Shoals et Nashville, c’est le producteur Marti Frederiksen qui a mis en lumière les dix titres, dont une très bonne reprise de The Angels, « Take A Long Line », chère à leur compatriote Lowy. Puissant et mélodique, THE DEAD DAISIES livre un Hard Rock aux teintes parfois bluesy sur lequel son chanteur se révèle vraiment être l’homme de la situation. Heavy et accrocheur, « High’Em Up » resplendit de toutes parts et s’avère être le meilleur opus du groupe depuis longtemps (« I’m Gonna Ride », « Times Are Changing », « I Wanna Be Your Bitch », « Back To Zero »). Well done !

Retrouvez les chroniques précédentes du groupe :

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Rock Progressif

Amarok : limpide

Des parties de guitares magistrales, des voix au diapason, une orchestration millimétrée et une rythmique implacable, le tout basé sur des mélodies dont il est difficile de se défaire et un son limpide : voici résumé « Hope », septième opus du quatuor. Même si l’on sait que la qualité sera au rendez-vous, tout comme l’inspiration, il est assez étonnant qu’AMAROK parvienne aussi facilement à se surpasser à chaque effort… comme s’il n’en était pas un. Son aura est inamovible, construite sur un Rock Progressif renforcé d’Ambient, d’Electro et de Folk. Une respiration faite de délicatesse et d’énergie.

AMAROK

« Hope »

(Oskar Records)

La frontière est si mince entre Art Rock et Rock Progressif que les Polonais ont décidé de l’effacer purement et simplement. Depuis plus de 20 ans maintenant, ils élèvent leur créativité en livrant des réalisations de plus en plus abouties et en ne laissant rien au hasard, notamment en ce qui concerne la production. La beauté se cache, elle aussi, dans les détails et ici, ils sont particulièrement nombreux. Porté par Michal Wojtas (chant, guitare, claviers, programmation) depuis sa formation en 1999, AMAROK ne cesse de surprendre à chaque fois, et c’est même dorénavant ce que l’on est presqu’en droit d’attendre de lui.

Car il y a une certaine notion de pureté, de clarté et un côté quasi- mystique inhérents aux albums du groupe. Une classe et une élégance que l’on retrouve jusque dans la pochette. Autour de Michal Wojtas, on retrouve Kornel Poplawki à la basse, aux claviers, à la programmation et au violon, Marta Wojtas aux chœurs et aux percussions et Konrad Zielenski derrière les fûts. A noter d’ailleurs que l’ensemble des musiciens donnent de la voix sur « Hope », offrant différents paysages sonores à travers des tessitures, qui forment aussi l’unité et la personnalité d’AMAROK.   

La suite de « Hero » (2021) s’inscrit dans la continuité, et même dans une certaine tradition du Prog d’Europe de l’Est, à travers une mélancolie très présente et une utilisation de l’espace sonore toute particulière. Plusieurs écoutes sont même nécessaires pour percevoir complètement et apprécier les multiples couches à l’œuvre sur chaque morceau. Difficile d’ailleurs d’en extraire un en particulier, tant « Hope » est d’une richesse et d’une variété incroyable, mais citons « Hope Is », Stay Human », « Insomnia », l’excellent « Trail », « Don’t Surrender » et « Dolina », chanté en polonais. Du grand AMAROK !

Photo : Eliza Krakówka
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Melodic Metal Power metal

Amaranthe : le grand écart

Sauf à être d’un éclectisme absolu, ce nouvel opus des Scandinaves risque de laisser assez perplexe les fans de Metal, même au sens très large du terme. Si l’énergie déployée donne beaucoup de volume à « The Catalyst » et lui confère un côté racé salutaire, il est compliqué de se contenter de petits morceaux de bravoure éparpillés de-ci de-là. Car pour l’essentiel, ce nouvel opus d’AMARANTHE est très synthétique, assez froid dans sa production et littéralement enseveli de synthés Pop difficile à digérer. Et pourtant, le groupe ne manque pas de potentiel.

AMARANTHE

« The Catalyst »

(Nuclear Blast)

Avec un tel titre, on peut légitimement s’attendre à du changement de la part des Suédois. Septième album en 15 ans d’existence pour AMARANTHE, qui a tout d’abord changé de ‘growler’ avec l’arrivée de Mikael Sehlin en lieu et place d’Henrik ‘GG6’ Wilhelmsson ce qui, pour le spécialiste que je ne suis pas, ne change pas grand-chose à la donne. Alors, que donne le successeur de « Manifest » (2021) musicalement ? Très produit et super-compact, « The Catalyst » navigue dans des eaux troubles et c’est même un doux euphémisme. Pile-poil dans l’air du temps, donc.

D’un côté, le trio vocal mené par Elize Ryd, Nils Molin et donc Mikael Sehlin se montre soudé et propose de multiples variantes, presque symphoniques ou même parfois aux frontières du Metal extrême. Et de l’autre, il y a Olof Mörck que l’on pourrait penser un peu seul au monde avec sa guitare… sauf qu’il s’attèle aussi aux claviers. Et le fossé, pour ne pas dire le ravin, qui sépare sa pratique des deux instruments est assez vertigineux. Dès qu’AMARANTHE pousse un peu sur des riffs musclés, le côté Pop reprend vite le dessus avec insistance.

Alors, entre un Power Metal solide et massif et des sonorités Electro/Dance dignes d’un championnat du monde d’auto-tamponneuses gavées d’autotune, on s’y perd un peu. Le mélange des genres est aussi mal venu que mal maîtrisé, même si le six-cordiste maison s’en sort bien avec quelques solos salvateurs. AMARANTHE s’adresse probablement à une jeunesse qui écoute autant Meshuggah que Beyoncé, mais existe-t-elle seulement ? Si on appréciera l’aspect brutal et rentre-dedans du sextet, il sera en revanche très difficile de faire abstraction du reste.    

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Hard Rock

H.E.A.T : the power of adrenaline

Présenté comme une compilation par plusieurs medias, « Extra Force » n’en a pourtant pas tous les attributs. Tout d’abord, on découvre deux inédits (« Freedom » et « Will You Be »), deux reprises du groupe chantées par l’actuel frontman et enfin six extraits live. Pas vraiment l’allure d’un Best Of donc, même si l’essentiel du contenu n’est pas une surprise. Cependant, H.E.A.T a bien fait les choses et l’adrénaline est au rendez-vous.

H.E.A.T

« Extra Force »

(earMUSIC)

Surfant sur le succès de « Force Majeure » sorti l’an dernier presque jour pour jour, et surtout sur le retour en grâce de son chanteur originel Kenny Leckremo en lieu et place d’Erik Grönwall parti chez Skid Row, H.E.A.T réapparait avec une nouvelle galette. Légèrement hybride dans la forme, on y retrouve deux titres studio, deux autres réinterprétés par l’actuel frontman et six live très énergiques. Les Suédois font revivre le Hard 80’s avec beaucoup de talent, d’enthousiasme et cela s’entend sur « Extra Force ».

Sans doute désireux de marquer son territoire, Leckremo s’est même fendu du réenregistrement de deux morceaux devenus des classiques sans lui : « Rise » et « One By One ». Cette grosse décennie d’absence, entre 2010 et 2022, a vu H.E.A.T prendre du volume et c’est très probablement ce qui a motivé cette étonnante prise de positon. Cela dit, elles ont fière allure et ces nouvelles versions prennent carrément un bon coup de jeune, tant la production s’inscrit dans celle du précédent disque.

Après cette mise au point, H.E.A.T livre six titres enregistrés en concert l’an dernier, où l’on retrouve d’ailleurs « One By One », ainsi que « Back To The Rythm » et « Nationwide », extraits de « Force Majeure ». Pour le reste, le quintet reprend ses standards, à savoir « Rock Your Body », « Dangerous Ground » et « Living On The Run ». Les Scandinaves confirment qu’ils sont vraiment un groupe de scène et, poussés par leur public, ils dégagent beaucoup de puissance mêlée à un tsunami mélodique. Imparable.

Retrouvez la chronique de « Force Majeure » :

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

The BluesBones : so soulful

Maniant les émotions avec toujours autant de délicatesse et de force, THE BLUESBONES se livre sur un nouvel opus aussi varié que complet dans une voie traditionnelle et des sonorités très actuelles. « Unchained » est taillé pour la scène, tant l’intensité de chaque morceau et l’interprétation des cinq musiciens rayonnent sur l’ensemble des titres. La signature est bel et bien là et plus assumée que jamais.

THE BLUESBONES

« Unchained »

(Naked/Donor Company)

Devenue incontournable sur la scène Blues européenne, le groupe vient assoir encore un peu plus sa position et surtout son style avec ce septième album. Comme ses prédécesseurs, « Unchained » possède ce son si organique qui vient du fait que THE BLUESBONES a toujours tenu à enregistrer en prise directe et en analogique, une marque de fabrique qu’il doit à son amour de la scène. Un acte de vérité et d’authenticité.

Car chez les Belges, la musique est bien vivante et vibre grâce à un groove imparable et inimitable. Si on peut clairement qualifier le registre du groupe de ce que l’on appelle communément le ‘Contemporary Blues’, THE BLUESBONES s’approprie de nombreux courants, passant du Blues Rock à des ambiances plus feutrées et aussi plus roots. Et « Unchained » présente tout cela à la fois avec élégance.

La production est remarquable et le soin apporté aux arrangements met encore plus en lumière la qualité d’écriture des bluesmen. Galvanisé par le chant de Nico de Cock, le quintet propose une approche sensible, ainsi que directe et relevée (« Chain  Gang », « Time To Learn », « Talking To The Lord », « The Road Ahead »). Mention spéciale à « I Cry », véritable machine à frissons que THE BLUESBONES décline en deux versions. Etincelant !

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Blues Rock

Ally Venable : déjà grande

En quelques années, ALLY VENABLE est passée d’un statut de star montante à celui d’artiste confirmée. Sans donner dans le démonstratif, la Texane, qui ne renie pas l’influence du grand Stevie Ray Vaughan, fait preuve de beaucoup de feeling dans un esprit délicieusement Southern. Avec « Real Gone », la jeune musicienne fait des étincelles et s’affirme avec classe.

ALLY VENABLE

« Real Gone »

(Ruf Records)

A quelques jours de son 24ème anniversaire, ALLY VENABLE sort déjà son septième album, si l’on inclue le sept-titres « Wise Man » paru alors qu’elle n’avait que 14 ans ! Et cet enfant prodige du Blues Rock ne s’arrête plus depuis et peaufine son jeu au fil du temps. Rien d’étonnant pour cette dernière considération, si ce n’est que son registre devient également de plus en plus personnel.

Guitariste et chanteuse de grand talent, ALLY VENABLE est aussi une songwriter accomplie et réalise même l’ensemble de « Real Gone ». Une maturité qui ne surprend pas plus que ça d’ailleurs lorsque l’on connait la portante courte carrière de la jeune femme. Et pour ce nouvel opus, elle s’est même offerte la collaboration du producteur Tom Hambridge (Susan Tedeschi, Kingfish, …).

Outre les deux moments que constitue la participation de Joe Bonamassa (« Broken And Blue ») et du géant Buddy Guy (« Texas Louisiana »), « Real Gone » regorge de pépites et la musicienne mène l’ensemble avec une élégance rare. Punchy sur le morceau-titre, « Justifyin’ », « Kick Your Ass » et « Two Wrongs », ALLY VENABLE se montre aussi très délicate sur « Gone So Long » et « Blues Is My Best Friend ». Une désormais grande dame !

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International Symphonic Metal

Delain : un ADN intacte [Interview]

Avec « Dark Waters », les Hollandais de DELAIN signent leur septième album et accueillent surtout en leur sein la chanteuse Diana Leah, en lieu et place de Charlotte Wessels. Si le challenge pouvait paraître énorme, le quintet le remporte haut la main, grâce aussi à des compositions plus frontales et moins Pop et Electro que sur « Apocalypse & Chill », sorti en 2019. Martijn Westerholt, fondateur, claviériste et principal compositeur du groupe, revient sur ce nouvel opus où il renoue avec le Metal Symphonique qui a forgé la réputation de DELAIN. Entretien.

Photo : Andreas Falaschi

– Il y a moins de deux ans, tout le monde pensait à la disparition de DELAIN après 15 ans d’une belle carrière. Finalement te revoici avec un nouveau line-up et surtout un nouvel album. Pour « Dark Waters », tu as rappelé batteur Sander Zoer ainsi que le guitariste Ronald Landa. C’était important pour toi de ressouder DELAIN en faisant appel à d’anciens membres pour créer une solide union autour de ce nouvel album ?

Oui, c’est exactement ça et j’en suis très heureux. La seule manière dont je voulais que DELAIN continue était que l’ADN du groupe soit toujours présent. Sinon, ça n’aurait eu aucun sens de poursuivre l’aventure sous le même nom. C’était pour moi la principale condition. Nous sommes restés en contact, on se connait très bien et pour nous tous, cela a été presqu’automatique, comme un réflexe. C’est pour cette raison que je leur ai demandé de me rejoindre. 

– La grande nouveauté de l’album est bien sûr l’arrivée au chant de Diana Leah. Bien sûr, on ne lui demande pas de nous faire oublier Charlotte Wessels, mais elle doit avoir beaucoup de pression pour son arrivée chez DELAIN, non ?

Oui bien sûr, elle a eu beaucoup de pression. Elle a très bien compris que le costume qu’elle devait endosser était très grand. Je lui ai posé la question et, en fait, Diana a beaucoup de personnalité et elle est très forte. On en a parlé tous les deux évidemment et aujourd’hui, j’ai une très grande confiance en elle.

Diana Leah

– D’ailleurs, tu l’as découverte sur YouTube et tout est ensuite allé très vite. Ce réseau est-il devenu un nouveau lieu de casting ?

(Rires) Oui, c’est vrai ! En fait, tu peux voir beaucoup de choses au sujet des personnes. Tu peux observer des traits de leur comportement, comment elles s’expriment et aussi ce qu’elles pensent.

– L’autre façon d’ouvrir un nouveau chapitre pour le groupe aurait aussi été de prendre un chanteur, ce qui aurait aussi pu ouvrir d’autres voix musicales. Tu y as pensé ?

Très bonne question ! Oui, j’y ai pensé et je l’ai vraiment considéré comme une option sérieuse. La principale condition pour moi était que la nouvelle personne au chant, peu importe que ce soit une femme ou un homme, se fonde parfaitement dans la musique et se mette réellement à son service. Et finalement, le sexe n’avait pas vraiment d’importance. Mais en fin de compte, la voix de Diana m’a définitivement convaincu et j’en suis très heureux. Et puis, elle est capable de chanter l’ensemble du répertoire de DELAIN et d’assumer les tournées également. Avec un homme, cela aurait été très différent par rapport aux morceaux plus anciens notamment.

– Avec « Dark Waters » et malgré tous ces changements, on retrouve le son et la personnalité de DELAIN, ce qui a dû aussi rassurer les fans. On se dit que malgré tout et peu importe les musiciens, le groupe reste l’entité première avec un son qui fait son ADN. C’est aussi ton point de vue ?

Merci beaucoup pour ce beau compliment ! (et en français, svp ! – NDR) J’en suis vraiment content et je suis d’accord avec toi. C’est vrai que c’était très important. Dès le départ, on a décidé de conserver les bases du son de DELAIN et le style. Malgré le départ de Charlotte, je voulais que rien ne change à ce niveau-là et aussi que cela soit mis en avant. Nous sommes restés dans notre bulle en quelque sorte. Et c’est également très agréable que les gens me fassent la remarque.

Martijn Westerholt

– Alors qu’auparavant, c’était Charlotte qui écrivait les textes, c’est ta femme Robin, qui les signe cette fois et de très belle manière. Tu n’as pas eu envie de t’essayer toi-même à l’écriture ?

Non, pas pour les paroles, cela n’aurait sûrement pas ravi les gens ! (Rires) En fait, ça n’a jamais été une option, même auparavant. J’ai la chance d’avoir une femme dont l’anglais est la langue maternelle et qui, de plus, est poétesse. C’est vrai que cela a été très facile pour moi de lui demander.

– Une fois encore, « Dark Waters » fait la part belle aux arrangements, qui restent symphoniques et pourtant l’album demeure musclé et solide. On a le sentiment que tu es resté très focalisé sur le songwriting, comme si tu voulais mettre tous les problèmes rencontrés de côté. C’est le cas ?

En fait, mon objectif premier a été de composer des morceaux efficaces et peut-être aussi plus directs, c’est vrai. J’avais besoin de paix et de tranquillité pour le faire. Alors, je me suis simplement dit : « Continue à faire ce que tu sais faire et ce que tu fais de mieux ». Et finalement, tout s’est passé le plus simplement du monde.

Photo : Andrea Falaschi

– Il y a une question que je me pose, car c’est un phénomène que l’on rencontre beaucoup aujourd’hui dans les groupes qui ont une chanteuse. Justement, loin de remettre en question le talent de Diana qui est incontestable, pourquoi le bassiste Ludovico (Cioffi de The Modern Age Slavery – NDR) vient y poser du growl ? Est-ce vraiment nécessaire et utile lorsqu’on a une frontwoman de ce niveau ?     

Rien n’est nécessaire, c’est vrai. C’est juste que j’adore son growl ! (Rires) Il est très brutal et j’avais dans l’idée de réaliser une sorte de comparaison entre ‘la belle et la bête’. Je l’adore vraiment et d’ailleurs, nous avions déjà tenté l’expérience auparavant. Et puis maintenant, nous avons aussi ce choix-là et c’est une très bonne chose.

– Enfin, lorsque l’on voit la très grande qualité, et même la prédominance des groupes hollandais sur la scène mondiale du Metal Symphonique avec Within Temptation, Epica, Delain, bien sûr, et quelques autres, et sans oublier Nightwish en Finlande, comment expliques-tu l’importance du style en Europe du Nord ? Parlerais-tu de ‘grande famille’ ?

Tu sais, c’est une question que je me pose depuis déjà une vingtaine d’années. Et cela reste une très bonne question ! Je n’ai jamais réussi à expliquer pourquoi il y avait autant de groupes de Metal Symphonique en Hollande. C’est une énigme et elle grossit de plus en plus chaque année. Et je considère les membres des autres groupes comme une famille, au même titre que Nightwish d’ailleurs. C’est vrai que c’est assez incroyable ! (Rires)

« Dark Waters » est disponible depuis le 10 février chez Napalm Records.

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Godwatt : électrisant

Grand artisan de la scène Stoner italienne, GODWATT n’en finit pas de surprendre en se renouvelant au fil des albums. Bien qu’ancré dans un registre qui a fait ses preuves, le trio parvient avec une facilité déconcertante à modeler son Doom dans un Metal mélodique et accrocheur. « Vol. III » a clôt 2022 avec brio !

GODWATT

« Vol. III »

(Time To Kill Records)

Jusqu’en 2012, soit six ans après sa création, il fallait encore ajouter ‘Redemption’ au patronyme de GODWATT. « Vol. III » n’est donc pas la troisième production des Italiens, mais leur septième… et elle est de taille. Dynamique et puissant, le groupe offre un mix généreux et savamment dosé entre un Stoner Metal vivifiant et un Doom qui va puiser dans les origines-mêmes du style.

Composé de Moris Fosco (guitare, chant), Mauro Passeri (basse) et Jacopo Granieri (batterie), GODWATT montre sa faculté, sur ce nouvel opus, à pouvoir réunir les fans de Hard et de Heavy 70’s, de Doom et de Stoner Rock exalté. Grâce à un travail remarquable sur la variété des riffs, la folie des solos, une voix et des chœurs fédérateurs et une rythmique implacable, le groupe régale. 

Cela dit, les Transalpins ne donnent pas dans le revival et s’inscrivent au contraire dans une modernité bien réelle, musclée et servie par une production impeccable. Chantés dans sa langue maternelle, les morceaux de GODWATT prennent un relief original et une couleur mélodique très spéciale (« Signora Morte », « Croce », « Delirio », « Oscura », « Lamenti »). Fin et bien charpenté.