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Groove Metal Heavy metal Thrash Metal

Byzantine : en mode guerrier

Malgré un parcours assez chaotique, les Américains sont bel et bien dans une dynamique franchement explosive et cette nouvelle réalisation est peut-être même leur meilleure. Entre Thrash et Groove Metal, le quintet reste très Heavy et « Harbingers » vient couper court à tous débats concernant ses velléités. A mi-chemin entre Lamb Of God et Testament, BYZANTINE sort l’artillerie lourde et se montre aussi complexe dans la forme qu’efficace dans le fond. Radical !

BYZANTINE

« Harbingers »

(Metal Blade Records)

25 ans de carrière, trois splits et un septième album attendu depuis huit ans pour les vétérans de cette fameuse New Wave Of American Heavy Metal, qui a commencé à faire parler d’elle au début des années 2000 justement. Si BYZANTINE a toujours cultivé son côté underground, il se pourrait bien qu’il passe enfin à la vitesse supérieure, ce qui serait amplement mérité. Il faut dire que « Harbingers » est le concentré parfait de ce que la bande du frontman Chris Ojeda sait faire de mieux.  

Avec Peter Wichers (Soilwork, Nevermore) à la production, le quintet a trouvé l’homme de la situation. Très moderne dans l’approche, le Metal de BYZANTINE est chirurgical et technique, sans renier pour autant l’aspect mélodique qui renforce son côté fédérateur. Teintés de Groove Metal, de Thrash et mâtinés de touches Heavy, les neuf morceaux de « Harbingers » percutent sans détour et s’offrent même quelques tonalités Indus. Et cette férocité se fond dans une irrésistible fluidité.

Profondément sombre, ce nouvel opus de la formation de Charleston est direct, véloce et bien rentre-dedans. Cependant, BYZANTINE a aussi pris soin de laisser respirer ses titres grâce à des passages plus calmes sur des guitares claires. Et puis, son chanteur est d’un impact incroyable. Naviguant entre des riffs menaçants et des solos millimétrés, son spectre vocal s’adapte parfaitement en s’aventurant même sur un terrain plus guttural bien maîtrisé et soutenu par une paire basse/batterie démoniaque. Un sommet du genre !

Photo : Jason Adams

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Heavy metal International

Motorjesus : God’n’Roll [Interview]

En 25 ans, les Allemands se sont forgé une solide réputation, tout en restant à leur place, une volonté affirmée. Après un « Hellbreaker » resté dans les mémoires, le quintet surgit avec « Streets Of  Fire », un disque toujours aussi Rock’n’Roll dans l’esprit et l’attitude et terriblement Heavy Metal dans le son. Basé sur une énergie constante, des riffs racés et une rythmique qui ne lève jamais le pied, MOTORJESUS régale avec une septième réalisation, qui s’annonce déjà comme l’un des albums phares de l’année. L’occasion d’en parler avec son fougueux frontman, Chris Birx, heureux lui aussi de remettre le feu.

– Quatre ans près « Hellbreaker », vous êtes de retour avec « Street Of Fire », un nouvel album nerveux, qui dégage une certaine urgence. Vous étiez impatients de présenter ces nouveaux morceaux, dont on peut sentir la pleine puissance ?

Oui, un peu, comme c’est le cas à chaque album d’ailleurs. On a déjà présenté plusieurs singles : « Somewhere From Beyond », « New Messiah Of Steel », « Streets Of Fire » et « Return To The Badlands », mais nous étions impatients que l’album sorte enfin ! Tu sais, on l’a mixé en octobre dernier et il est prêt depuis un bon moment maintenant, plus de six mois. Oui, c’est cool qu’il soit enfin là, car ça commence à faire long pour nous aussi.

– Vous avez à nouveau travaillé avec Dan Swanö (Opeth, Edge Of Sanity) pour la production. J’ai l’impression qu’avec lui, vous avez trouvé le son qui correspond le mieux à MOTORJESUS. Comment travaillez-vous ensemble ? Lui laissez-vous carte blanche sur certaines choses ?

Oui, sur plusieurs parties. Nos échanges pour le mix et le mastering se sont faits par email. Je lui ai d’abord envoyé les morceaux et il m’a proposé de changer certaines choses et d’en améliorer d’autres. Tout s’est passé de manière très simple, dans une bonne ambiance et le contact entre nous a vraiment été facile, très fluide et réactif. On a eu de bonnes vibrations, car c’est quelqu’un de très agréable et aussi l’un de mes musiciens préférés. C’est toujours génial de le rencontrer, car j’ai tellement d’albums de lui des années 90 avec Edge Of Sanity et Opeth notamment. Il en a fait tellement ! C’est un mec super ! Je pense que, maintenant, nous avons vraiment trouvé notre façon de travailler ensemble, on a la bonne recette. On sait très bien de quoi il est capable et c’est un honneur de travailler avec lui. C’est une icône en plus d’être humainement très agréable ! (Sourires)

– Un mot aussi sur la pochette de « Street Of Fire », qui est signée Sebastian Jerke. C’est la troisième fois que vous travaillez avec lui. Comme pour Dan Swanö, ce sont des collaborations de longue date. Y a-t-il une sorte d’esprit de famille chez MOTORJESUS, qui se traduit par cette grande fidélité ?

Oui, c’est vrai. Tu sais, si cela fonctionne aussi bien, pourquoi devrions-nous changer d’équipe ? Sebastian est un mec super, qui est aussi très connu en Allemagne. Il a réalisé beaucoup d’autres pochettes d’albums pour des groupes ici, comme Orden Organ par exemple. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, c’était pour travailler sur le visuel d’un t-shirt. C’est cool de continuer à travailler avec lui, car il est devenu célèbre chez nous. Il a parfaitement saisi l’esprit ‘Comics’ de MOTORJESUS sur nos trois derniers albums. C’est devenu une marque pour nous et c’est génial d’avoir quelque chose d’unique pour le groupe. C’est un style qui nous est propre maintenant et qui nous appartient en quelque sorte.

– L’une des principales particularités de « Street Of Fire » par rapport à « Hellbreaker », c’est que vous êtes revenus à un style nettement plus Heavy Metal, comme un retour aux sources, peut-être moins Rock’n’Roll dans l’intention en tout cas. C’était l’objectif ?

En fait, l’objectif avec « Streets Of Fire » était de faire un disque dans la continuité de « Hellbreaker », qui a vraiment bien marché en Allemagne et s’est même hissé dans le Top 20 des charts. Cela a été une sorte d’accomplissement pour nous. L’accueil a été incroyable. On a eu le sentiment d’avoir fait quelque chose de bien avec « Hellbreaker », et nous avons essayé de retrouvé cette même vibration et j’espère que c’est le cas avec « Streets Of Fire ». Nous nous sommes amusés à faire des chansons rapides, avec un esprit punk assez fun et aussi plus agressif dans le jeu. Pour moi, il n’y a pas de grande différence entre les deux albums, c’est plutôt une continuité.

– Vous terminez ce nouvel album avec une outro et le début de « Somewhere From Beyond » fait aussi penser à une intro. Il y a un petit côté Old School très agréable qui était souvent utilisé dans les albums-concepts notamment. Même si on devine une thématique globale, y a-t-il un lien direct entre tous les morceaux de l’album ?

L’intro et l’outro sont assez similaires en termes de composition, car nous avons utilisé les mêmes vibrations assez synthétiques d’un esprit proche des 80’s et du Synth Wave. C’est quelque chose d’assez populaire en ce moment et surtout, cela correspond parfaitement à l’atmosphère de l’album. On a juste essayé d’envelopper le disque dans cette ambiance qui nous plait beaucoup et de placer les morceaux entre les deux. Et puis, l’objectif de « Streets Of Fire » était de transporter l’auditeur dans les années 80, que ce soit un peu Cyberpunk et S-F dans l’esprit. En ce sens, l’intro et l’outro correspondent parfaitement à l’atmosphère qu’on souhaitait développer.

– Comme toujours, il n’y a ni ballades, ni morceaux mid-tempo. On en revient à cette impression d’urgence avec ce rythme très soutenu et les titres sont très accrocheurs et intenses. Est-ce qu’au moment de la composition, vous aviez en tête leur rendu et leur impact sur scène ? Car l’album est très fédérateur…

En fait, nous composons sans trop y réfléchir, c’est un peu un jeu pour nous. Les ambiances des morceaux ne sont pas forcément une priorité consciente pour nous. Le principal reste le travail sur le riff, qu’il soit accrocheur, que le rythme soit soutenu, et que le groove soit très présent : c’est l’essence-même de MOTORJESUS. Ensuite, les arrangements ont une part importante et, pour ma part, j’essaie aussi d’être le plus concis dans les textes et d’élever aussi mon niveau de chant. Si ce n’est pas le cas, je jette. On veut toujours écrire avec la plus grande liberté d’esprit possible et sans calcul. Juste laisser agir le flow… (Sourires)

– Justement à propos de scène, vous avez déjà commencé les concerts et en plus des salles et des festivals, vous serez aussi dans des plus petits clubs. C’est important pour vous de garder cette proximité avec vos fans ?

Oh oui, vraiment ! On adore jouer dans ces petits endroits, car je pense que MOTORJESUS est définitivement un groupe de club ! On a tout essayé, on a joué dans beaucoup de festivals majeurs comme dans des toutes petites salles. Pour nous, une jauge entre 150 et 250 personnes est la dimension parfaite pour MOTORJESUS. Sur les grosses scènes ou les grands festivals, c’est plus stressant. On a juste une heure pour jouer, il faut se préparer rapidement et remballer aussitôt. Il y a toujours un facteur stress dans ces conditions. Dans les clubs, c’est plus intime et plus calme. Tu as le temps de bien te préparer, les gens sont beaucoup plus proches de la scène et tu peux proposer un set plus long aussi. Il y a une bonne pression et c’est tellement plus Rock’n’Roll surtout ! Oui, c’est la bonne taille pour MOTORJESUS, c’est plus adapté à ce que nous voulons offrir.

– A propos de ce nouvel album, il y a aussi votre changement de label avec un passage d’AFM Records à Reaper Entertainment. Vous aviez besoin de changer d’air ?

Tout d’abord, il y a eu des changements majeurs chez AFM Records en interne et beaucoup de groupes ont quitté le label. Nous avons été de ceux-là et nous avons rapidement trouvé un nouveau point de chute chez Reaper Entertainment. Cela a d’ailleurs été cool que cela se fasse aussi vite. On savait aussi que c’était des gens très impliqués, d’autant que la partie financière n’est pas la plus importante à nos yeux. Nous ne faisons pas ça pour l’argent. On le fait pour le fun, pour l’amour du Rock’n’Roll et du Heavy Metal ! Certes, c’est un bon deal pour nous, mais ce n’était pas la priorité. Le plus important est que les gars de Reaper sont très expérimentés, ils sont vraiment cool et ils ont tous travaillés chez Nuclear Blast en Allemagne. Ils savent donc ce qu’ils font et c’est agréable de se savoir entre de bonnes mains.

– L’année prochaine, MOTORJESUS fêtera ses 20 ans d’existence, fort de sept albums studio, un live et un EP. Quel regard portes-tu sur ce beau parcours?

C’est vrai que le groupe existe depuis 25 ans maintenant. Avant MOTORJESUS, on s’appelait The Shitheads et nous avions sorti un album éponyme en 2006. Donc, l’aventure date de 25 ans environ. On a toujours essayé de faire de bons concerts, de rester proches de nos fans, de parler avec eux après les concerts et de rester connecter. Et c’est quelque chose que l’on tient à continuer à faire. L’objectif est de faire encore des disques et de rester en bonne santé. C’est vraiment ce que nous souhaitons pour les années à venir. 

– Et qu’en est-il de la nouvelle génération du Metal allemand ? Est-ce que, selon toi, la relève est assurée ?

En fait, en Allemagne, il y a toujours beaucoup de flux, ça va et ça vient. Globalement, la scène est constante et elle reste très bonne et les gens viennent toujours aux concerts. Depuis la pandémie, il y a aussi un nouveau public, plus jeune aussi qui vient. Tu sais, les parents ici amènent leurs enfants aux concerts et il y a donc un certain renouvellement. C’est vraiment cool, il se passe toujours quelque chose ! Il y a pas mal de gens qui n’avaient jamais entendu parler de nous et qui viennent maintenant nous voir. Ils aiment le côté ‘Comics’ du groupe. Et puis, il y a le gars qui joue Jesus sur scène avec nous et cela amuse vraiment les gens ! Ça marque un peu les esprits ! (Sourires

– Une question beaucoup plus légère pour terminer : quand on s’appelle MOTORJESUS, on a forcément dû avoir un œil sur le récent conclave au Vatican (l’interview a été réalisée début mai). Que penses-tu du nouveau Pape ? A-t-il l’esprit suffisamment Rock’n’Roll à ton avis ?

(Rires) Je ne sais pas ! Je suis très septique que le fait qu’il soit américain ! Ça me paraît vraiment très étrange, même super étrange ! (Rires) Avec ce nouvel ordre mondial venu des Etats-Unis et de la Russie, c’est vraiment bizarre d’avoir un Pape américain ! Mais, si tu veux tout savoir, je ne m’intéresse pas vraiment aux questions religieuses ! (Rires)

– Mais il faut quand même lui envoyer ce nouvel album !

(Rires) Oui, peut-être ! On va voir ça ! (Rires)

Le nouvel album de MOTORJESUS, « Streets Of Fire », est disponible chez Reaper Entertainment.

Retrouvez la chronique de « Hellbreaker» :

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Alternative Rock

Skunk Anansie : sans faille

Sa voix, sa silhouette et son engagement auront marqué d’une empreinte indélébile le Rock exalté des 90’s. La frontwoman Skin et ses trois compagnons d’armes sont enfin de retour avec « The Painful Truth ». Cumulant plus de cinq millions d’albums vendus, SKUNK ANANSIE a pourtant connu des passages à vide, malgré une notoriété conséquente. Peut-être parce qu’il ne triche pas, le combo a pris son temps pour élaborer ce nouvel opus et on y retrouve la même pertinence dans le propos, des mélodies entêtantes et une électricité palpable. L’ambition est intacte et le verbe haut.

SKUNK ANANSIE

« The Painful Truth »

(FLG Records)

On aurait pu croire SKUNK ANANSIE mort et enterré, mais c’était sans compter sur l’énergie qui guide le groupe anglais depuis sa création en 1994. Après des débuts fracassants avec les monumentaux « Paranoid & Sunburnt » (1995), « Stoosh » (1996) voire « Post Organic Chill » (1999), on ne voyait pas bien qui, ou quoi, pouvait les arrêter. Pourtant, une longue pause de 2001 à 2008 l’a fait un peu passer au second plan, et malgré trois albums, le quatuor n’a jamais véritablement retrouvé son aura originelle. La faute probablement à une époque en pleine mutation à laquelle l’adaptation a mis du temps à se faire.

Neuf ans après « Anarchytecture », SKUNK ANANSIE livre son septième opus et celui-ci pourrait bien être celui de la renaissance et d’une impulsion créatrice retrouvée. Toujours menée par sa charismatique (le mot est faible pour qui l’a vu sur scène) chanteuse Skin, la formation londonienne se met à refaire ce qu’elle fait de mieux : un Alternative Rock mélodique, accrocheur, engagé, car il ne saurait en être autrement, et surtout percutant et provocateur à souhait. Sur « The Painful Truth » au titre si évocateur, le groupe paraît même ouvrir un nouveau cycle avec l’assurance des grands.

Après une sérieuse remise en question, les Britanniques ont retrouvé cette fraîcheur et ce dynamisme qui les a toujours caractérisés. Riche en textures et très bien produit, SKUNK ANANSIE se montre ambitieux, tenace et livre autant de paroles et de refrains qui restent ancrés instantanément. Sans remettre en question son style et son jeu, l’évolution est pourtant manifeste. Et cette hargne militante avec ses positions politiques et sociales affirmées resplendit (« An Artist Is An Artist », « Shame », « Cheers », le dubesque « Shoulda Been You » à la Nina Hagen, « Animal » et le tendre « Meltdown »). Quel retour !

Photo : Rob O’Connor

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Blues Chicago Blues Hill Country Blues Soul / Funk

Tony Holiday : une classe éblouissante

Si TONY HOLIDAY se présente avec des réalisations surpassant les précédentes sur un tel rythme, il devrait toucher la perfection d’ici peu. D’une écriture éclatante et entouré d’incroyables musiciens, il parvient à un somptueux mélange des genres, où les guitares rivalisent avec les cuivres, l’orgue et l’harmonica dans une rare harmonie. Avec « Keep You Head Up », le bluesman s’affirme comme une valeur sûre et incontournable de la scène Blues actuelle.

TONY HOLIDAY

« Keep Your Head Up »

(Forty Below Records)

TONY HOLIDAY a de la suite dans les idées et c’est peu de le dire. Septième album depuis « Porch Sessions », son premier opus sorti en 2019, et alors qu’on pourrait imaginer un certain essoufflement, c’est tout le contraire. Le chanteur se bonifie disque après disque et son style s’affine d’autant plus vite. Originaire de l’Utah et installé à Memphis depuis 2017, le songwriter distille un Soul Blues très expressif, basé sur un savant mix de Blues texan, de celui de Chicago aussi et de Blues Rock auquel il faut ajouter une touche de Hill Country. Et le pont entre les styles est solide.

Et le plus surprenant chez l’Américain est qu’il parvient à conserver une touche Old School tout en se présentant avec des chansons modernes dans leur écriture comme dans le son. Et pour « Keep Your Head Up », TONY HOLIDAY a fait appel à de très nombreux musiciens, dont quelques invités de renom. Enregistrés entre le Tennessee et la Californie par Eric Corne, les huit morceaux sont impressionnants de feeling et de finesse d’interprétation, et la profondeur, tout comme le relief et la chaleur, de la production sont exceptionnels. En somme, on cherche en vain les défauts.

Même si « Keep Your Head Up » ne s’étend que sur une demi-heure, les surprises sont nombreuses. Avec Eddie 9V sur le funky « She’s A Burglar », en duo avec le brillant Kevin Burt sur « Twist My Fate », accompagné par la guitare de Laura Chavez sur « Shoulda Known Better » ou aux côtés d’Albert Castiglia sur « Drive It Home », TONY HOLIDAY est à l’aise dans tous les registres. Y allant de son tonique harmonica sur trois titres, il porte littéralement ce nouvel album de sa voix enveloppante et tellement Soul. Une fois encore, il nous régale avec talent et on en redemande.

Photo : Mary Gunning

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Dark Gothic Doom France Post-HardCore Post-Metal

Hangman’s Chair : cold exploration [Interview]

Depuis ses débuts il y a 20 ans maintenant, HANGMAN’S CHAIR ne cesse d’évoluer, même si un lien persiste toujours entre ses albums. Du Sludge brutal au Doom très pesant, le groupe prolonge son aventure dans un post-Metal aux déflagrations Hard-Core avec un aspect Cold Wave et gothique plus prononcé aujourd’hui. Pour autant, la patte est toujours là, elle se peaufine et suit les envies et les inspirations de son binôme créatif, composé de Julien Chanut (guitare) et de Medhi Birouk Thépegnier (batterie). Sur ce septième opus, le quatuor français explore encore et toujours des sonorités qui collent à des textes emplis de mélancolie. Contraction de ‘Sadness’ et ‘addiction’, « Saddiction » s’inscrit dans un voyage musical très immersif, narratif aussi et surtout très captivant. Entretien avec un batteur passionné et très investi dans un projet, dont la vision se projette dorénavant sur le long terme.   

– Il y a un peu plus de deux ans, vous sortiez « A Loner », premier chapitre d’une trilogie. « Saddiction » est donc sa suite. Est-ce qu’à l’époque, vous travailliez déjà sur ce nouvel album ?

Pour être sincère et transparent avec toi, cette histoire de trilogie est sortie de la tête de Julien lors d’une conversation qu’on a eu avec la personne qui nous a fait la bio du dernier album. J’ai trouvé ça intéressant même s’il a son point de vue et que j’ai le mien. Je trouve ça bien, parce que ça permet aussi de ranger un peu notre chambre. Quand on parle de trilogie, ça veut dire que c’est le second volet et qu’il va y en avoir un troisième, alors que je ne sais même pas ce qu’il va se passer demain. C’est donc assez étrange de parler comme ça comme d’un concept établi. Cela dit, ça permet aussi de voir un peu où on en est. Je comprends bien l’idée de Julien, car il a essayé de classer un peu notre style et notre concept musical au sein de HANGMAN’S CHAIR par rapport à nos albums. Et donc, ça se tient, bien sûr. C’est vrai qu’on avait ouvert une nouvelle ère avec « A Loner ». C’est un épisode, avec le confinement aussi, où l’on a eu envie d’explorer plus en profondeur le côté Cold Wave. Et « Saddiction » est arrivé à point nommé dans le sens où on a continué cette exploration. Je comprends bien l’idée de la trilogie, car je suis à un âge où je passe à un autre concept moi-même dans ma tête et dans ma vie. J’ai aussi quitté Paris avec toute la tension et la folie qu’il y a autour du groupe. J’aime donc l’idée de cette nouvelle ère avec cette trilogie. C’est surtout une manière de voir les choses, en fait. Il a son idée par rapport au son, tandis que je le vois plus comme une étape de vie.

– Il n’y a pas vraiment de règles chez les artistes qui sortent des trilogies, mais concernant HANGMAN’S CHAIR, est-ce que vous voyez la trame des trois albums, ou est-ce que les idées émergent au fur et à mesure ?

Oui, je l’entends, je le vois venir. Pour le moment, je suis dans un cycle d’attente pour l’écriture et l’enregistrement et puis, nous sommes en pleine promo aussi. Je suis dans une phase de digestion par rapport à ce nouvel album. Après, c’est différent pour chaque groupe, mais en ce qui nous concerne, on met énormément de cœur à l’ouvrage. Il y a beaucoup de choses, beaucoup de sacrifices aussi. Tu sais, on se connaît avec Julien depuis nos 13 ans. Il y a une espèce de vie de couple, dans laquelle il faut gérer le côté humain et le côté professionnel avec tout le groupe. Il y a toujours eu des hauts et des bas dans les émotions et on retranscrit tout ça dans la musique, que ce soit des épreuves, des déceptions, des pertes… C’est la vie de tous les jours en fait. Et cela peut être parfois un peu lourd. J’ai un peu de mal à avoir une vision du futur, puisqu’on parle de cette trilogie. Et là, nous sommes au moment de la sortie de l’album, ce qui est toujours assez exceptionnel, même si les retours sont très bons dans les médias. J’attends maintenant ceux des auditeurs, qui sont une étape ultra-importante. Pour l’instant, je suis un peu en eaux troubles… ! (Rires)

– Je comprends très bien cette impression de vertige. Mais sur une trilogie comme celle-ci, on se lance tout de même dans une aventure sur le long terme, c’est-à-dire que vous ne pouvez pas ne pas faire le troisième…

Exactement ! Ça veut dire qu’il y a quelque chose de prédéfini ou de préparé. Mais sincèrement, je ne sais ce que demain nous réserve. C’est aussi pour ça que cette trilogie m’intéresse, même si j’ai du mal à intégrer l’idée pour l’instant. Julien a un rapport à l’écriture et je le comprends bien. Cela dit, il y a une globalité qui est assez effrayante. C’est le temps qui décide un peu de tout ça, par rapport à nos vies, et notre musique en est le reflet. Et avec tout ce que j’ai injecté de ma vie dans ce nouvel album, je suis vidé.

– Avant de parler du contenu de  « Saddiction », j’aimerais qu’on parle de la production. Une trilogie s’étale environ sur 6/8 ans et vu les avancées technologiques actuelles, tout peut aller très vite, sans même parler d’IA. Vous vous êtes-vous posé des limites pour que ces trois albums gardent une unité sonore ?

C’est une bonne question car, pour moi et avec un peu de recul, les choses se sont faites assez naturellement sur les deux derniers albums. On ne se pose aucune limite, car ce serait grave quand même. En revanche, cela nous arrive de ne pas être d’accord et de mettre nos idées en opposition, bien sûr. Il y a toujours débat, mais il y a des choses assez naturelles au niveau de la composition. Avec tout ce qu’il s’est passé pour « A Loner », la signature avec Nuclear Blast, une visibilité augmentée, beaucoup de concerts car on n’a jamais autant joué de toute notre vie, on a senti avec Julien le besoin de prendre du temps pour digérer tout ça. Et finalement, cette espèce de schizophrénie nous a poussés à composer directement. On a été très inspiré, chacun de notre côté. Et comme j’ai déménagé au bord de la mer, je suis arrivé avec des morceaux plus lumineux et il y a eu un frein de la part de Julien, car il n’arrivait pas à entrer dans le truc. Il a fallu que je me réadapte, que je revois ma copie. Donc, tu vois, notre musique dépend de tout ça, de tous ces paramètres personnels dans nos vies. En fait, on ne se met pas de frein, mais il nous arrive de nous recadrer, de rester sur une espèce de ligne directrice en laissant aussi de la marge à la création et à l’exploration. C’est magique en tout cas de pouvoir écrire comme ça. Je touche du bois, car on arrive encore à être inspiré par la vie qui passe et tout ce qu’il peut y avoir autour. Et de tout ça, c’est vraiment génial d’en sortir des mélodies !

– En revanche, musicalement, l’évolution de HANGMAN’S CHAIR est nette, et pas seulement depuis « Saddiction » ou « A Loner ». Les influences gothiques et Cold Wave sont manifestes. Est-ce pour mieux coller au propos de l’album, ou c’est plus largement une direction que vous entendez tenir à l’avenir ? Parce qu’on est quand même très loin du Sludge de vos débuts…

Clairement ! On a commencé en 2005 avec HANGMAN’S CHAIR et je pense qu’à ce moment-là, on était très à fond dans la veine du groupe qu’on avait avant et qui était plus Hard-Core et Metal, tirant même sur le Doom et le Sludge de la Nouvelle Orleans. On écoutait énormément Pentagram, Saint Vitus, etc… C’est vrai que cela a dépeint sur nous et HANGMAN’S CHAIR est arrivé juste après. Sur nos deux premiers albums, on était complètement dans l’exploration. C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai un peu de mal à réécouter ces disques, car on s’y perd un peu nous-mêmes. Mais c’est assez touchant, car ce sont nos débuts aussi. Je pense que c’est avec « Hope / / / Dope / / / Rop » (2012 – NDR) que la bascule a eu lieu. Il a été déclencheur pour la suite. Après, l’important est de rester naviguer, car ça reste de la musique et c’est vraiment là que je me sens le mieux. J’ai aussi l’impression qu’on arrivait bien à digérer tout ce qu’on écoutait et c’était très varié. Ca pouvait aller de Depeche Mode aux Cure, mais aussi à la scène Hard-Core new-yorkaise qu’on a beaucoup écoutée avec les Cro-Mags, Bad Brains, etc… Ensuite, certaines choses sont revenues sur des bases qu’on aime. Dernièrement, on a peut-être écouté plus de choses Cold, post-Punk, New-Wave et gothiques. Ce sont des ambiances qu’on arrive à bien manier et dans lesquelles on sait combiner plusieurs ambiances. Julien arrive le plus souvent avec des morceaux froids et assez agressifs, tandis que les miens sont peut-être plus mélancoliques, mélodiques avec des arpèges et des effets. Et c’est ce mix des deux qui fait la couleur de l’album, sa lumière. C’est toute la magie de notre binôme.

– Comme sur « A Loner », il y a un gros travail sur les tessitures sonores et les atmosphères. Pourtant, vous restez percutants. L’ambiance post- Metal/Rock domine toujours avec un petit côté Doom sous-jacent. L’idée d’entretenir le Sludge de vos débuts est définitivement passée ?

C’est vrai que sur « A Loner » et avec tous les concerts qu’on a donné ensuite, on est peut-être allé plus loin dans le côté post-Rock et le gothique parfois. On a beaucoup travaillé le traitement du son et des tessitures. Avec « Saddiction », ce qu’on a fait naturellement, c’est peut-être retrouver ce côté doomy et Sludge de nos débuts. Ca se mélange aussi beaucoup mieux, c’est plus digeste. Le travail sur ce dernier album a aussi été de réintégrer les sons de nos premiers amours et que ce soit harmonieux. Et j’ai l’impression que ça a débouché sur le deuxième volet de cette… trilogie ! (Rires) Il y a un équilibre plus évident avec des chansons plus courtes aussi et qui sont un peu le résultat de la tournée précédente. L’envie a été d’aller droit au but sur certaines choses.

– Parlons un peu des vidéos, qui ont aussi beaucoup d’importance chez HANGMAN’S CHAIR. Sur « Cold & Distant » (extrait de « A Loner »), Béatrice Dalle faisait partie de l’aventure et cette fois sur « Kowloon Light », il y a clairement une référence au « Into The Void » de Gaspard Noe…

« Into The Void » est clairement une référence, c’est vrai, et nous sommes très fans de l’œuvre de Gaspard Noe. On a adoré ce film car, esthétiquement, il est incroyable. Il a été hyper-loin dans la photo. On n’a pas non plus voulu aller volontairement dans ce sens, mais les gens avec qui on travaille savent qu’on aime ce genre-là et que nous sommes très friands du travail de Gaspard Noe. C’est super en tout cas que tu l’aies ressenti, car c’est une grosse influence. Et puis, il y a aussi un côté cinématique chez HANGMAN’S CHAIR, parce que ça nous a toujours fait vibrer. Il y a des liens très proches avec la vidéo et la photo, c’est certain. On se rapproche de certains univers comme celui de Lynch, par exemple. J’adore les vidéos qui subliment un morceau et j’adore les musiques qui subliment les images. C’est très lié.

– Avec un album aussi conceptuel et les clips qui sont réalisés, on imagine que vous allez aussi soigner la scénographie de vos concerts à venir. De quelle manière travaillez-vous cet aspect au sein du groupe ?

On travaille avec des techniciens qui nous apportent énormément de conseils. Il faut savoir aussi que nous sommes un groupe avec un certain statut, c’est vrai, mais pas illimité. On a un agent qui travaille très bien, qui nous trouvent les dates et les budgets, donc il faut toujours aussi voir l’aspect financier et ce que l’on peut faire, ou pas. Et puis, on fait aussi une musique qui est très terre-à-terre et j’adore aussi les groupes qui n’ont pas forcément de scénographie particulière. On essaie de faire ce que l’on peut et d’améliorer à chaque fois nos concerts de ce côté-là et on a la chance d’avoir une belle équipe qui s’occupe très bien de la création en habillant la musique du mieux possible. On a déjà intégré de la vidéo sur nos concerts par le passé, mais budgétairement, c’était très compliqué. Ensuite, il y a le risque de décrochage du public avec trop d’infos d’un coup. Après, c’est quelque chose que j’aime beaucoup chez d’autres groupes, où la musique s’y prête peut-être plus. Pour l’instant, je préfère de l’habillage d’éclairage. Il y a un équilibre à trouver, il ne faut pas non plus se cacher derrière une scénographie, malgré l’air du temps où le public attend de gros shows.

– Justement, comment allez-vous organiser votre setlist ? Car, au-delà des deux derniers albums, il y a les cinq précédents ?

Ce n’est jamais évident chez HANGMAN’S CHAIR de construire un set avec la longueur des morceaux, car on joue une heure et quart/une heure et demi et même 45 minutes en festival. C’est vrai qu’à la sortie d’un album, on a envie de le jouer, même en partie, car il y a de la nouveauté à présenter. Maintenant, 2025 est une année un peu particulière, car on fête les 20 ans du groupe, donc on a envie de jouer d’anciens titres aussi. On veut en intégrer certains qu’on n’a pas joués depuis très longtemps, en ajoutant certains arrangements pour les fondre dans le set. On y travaille ! (Sourires)

– Pour conclure, est-ce vous travaillez déjà sur le chapitre final ? Ou alors, allez-vous faire une pause pour vous concentrer exclusivement à la scène ?

(Rires) J’ai des morceaux ! En fait, je compose constamment, dès que je peux. Ce n’est pas ciblé, mais j’ai des choses. J’essaie de me mettre sur mes machines le plus possible, mais il n’y a rien de défini. C’est un peu ce qu’on se disait au début de l’interview… (Sourires) Et j’ai aussi besoin de voir où « Saddiction » va nous mener et à quelle sauce on va être mangé ! (Rires)

Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, « Saddiction », est disponible chez Nuclear Blast.

Photos : Andy Julia

Retrouvez également l’interview du groupe au moment de la sortie de « A Loner » :

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Southern Blues Rock

Larkin Poe : une identité affirmée

La confiance affichée sur ce nouvel opus de LARKIN POE fait plaisir à entendre ! Déterminées et sensibles, les Américaines s’affirment avec force, que ce soit dans des morceaux très, très appuyés ou des petites douceurs plus délicates et très sudistes. La chaleur du son, la pertinence du songwriting et l’interprétation de chaque membre du groupe vient confirmer, si c’était nécessaire, que le duo familial est là pour durer et l’instantanéité de son jeu est plus éclatante que jamais. « Bloom » ne triche pas et dispatche des saveurs live irrésistibles. On en redemande.

LARKIN POE

« Bloom »

(Tricki-Woo Records/Wagram Music)

Tout juste auréolées d’un Grammy Award l’an dernier pour leur album « Blood Harmony », les sœurs Lovell font déjà leur retour avec un septième album, qui se veut plus mature que son prédécesseur. Il y a une tonalité plus grave sur ce « Bloom », ce qui n’en fait pas pour autant un disque sombre ou triste. C’est surtout dans le jeu que ça se sent, comme si LARKIN POE jouait avec plus de sérieux, laissant de côté (du moins en partie) les envolées de Megan et sa lap-steel pour un Blues Rock plus carré et peut-être un peu moins pétillant, mais plus élaboré et engagé, et avec aussi une certaine nostalgie.

Toujours magistralement accompagné par Tarka Layman à la basse, Caleb Crosby à la batterie, Michael Webb à l’orgue, Eleonore Denig au violon et Tyler Bryant à la guitare rythmique, à la basse et qui co-produit également « Bloom », Rebecca et Megan livrent probablement l’une des réalisations de LARKIN POE les plus abouties. Très Rock et brut, l’énergie très Southern se propage à une vitesse folle dès « Mockingbird » et se diffuse sur l’ensemble des 11 chansons. Les riffs sont toujours aussi accrocheurs, les voix entraînantes et l’authenticité plus présente que jamais. 

Leurs influences Country et 70’s sont cette fois plus manifestes aussi, comme si les deux musiciennes avaient le désir de revenir à leur tendre enfance bercée par le Bluegrass et le soleil de leur Georgie natale. « Easy Love », déclinée en deux partie, semble la chanson charnière de l’album, qui éblouit ensuite grâce à « Bluephonia » et « If God is A Woman », les deux morceaux incontournables et emblématiques de « Bloom ». LARKIN POE dévoile un potentiel qu’on soupçonnait déjà, bien sûr, mais qui prend ici une nouvelle dimension (« Pearls », « You Are the River », « Bloom Again », « Nowhere Fast »). Addictif !

Retrouvez l’interview de Rebecca et Megan…

… Et les chroniques de « Blood Harmony » et « Kindred Spirits » :

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Classic Hard Rock Hard Rock

The Dead Daisies : furiously alive

La sortie d’un nouvel album de THE DEAD DAISIES est déjà un plaisir en soi, alors lorsqu’il s’agit en plus d’y retrouver la voix chaude et rocailleuse du frontman John Corabi, il n’en est que décuplé. Et pour leur septième réalisation studio, les désormais australo-américains se montrent redoutables, terriblement Rock’n’Roll et délicieusement addictifs. « Light’Em Up » nous fait presque remonter le temps, grâce à une magie intacte qui doit beaucoup à son époustouflant duo de guitaristes et surtout à de nouvelles compos plus intemporelles que jamais.

THE DEAD DAISIES

«Light’Em Up »

(The Dead Daisies Pty Ltd./SPV)

L’ambition de THE DEAD DAISIES, depuis un peu plus de 10 ans maintenant, a toujours été de perpétuer une belle et très honorable tradition et surtout une certaine idée d’un Classic Hard Rock vivifiant et fougueux. Et bien au-delà de faire du neuf avec du vieux, le groupe a trouvé sa patte, élaboré un son identifiable et surtout vu défiler dans ses rangs parmi les meilleurs musiciens du genre. Toujours autour de son guitariste et fondateur, l’Australien David Lowy, sorte de gardien du temple, « Light’Em Up » apporte son lot de nouveauté, qui se traduit par quelques changements de line-up et une fois encore : on est très bien servi !

Rien n’est donc figé, ce qui n’est pas pour me déplaire, puisque John Corabi fait enfin son retour au bercail, et le quintet acte aussi l’arrivée de Michael Devin (ex-Whitesnake), tous deux en lieu et place de Glenn Hugues pour qui j’ai le plus grand respect, mais bon… THE DEAD DAISIES affiche donc l’une de ses meilleures formations depuis quelques années et, après un « Best Of » pour marquer sa première décennie l’an dernier, repart sur les chapeaux de roues avec dans ses rangs l’incontournable et indispensable Doug Aldrich à la guitare et l’excellent Brian Tichy derrière les fûts. Difficile de rêver mieux !

Composé et enregistré entre Muscle Shoals et Nashville, c’est le producteur Marti Frederiksen qui a mis en lumière les dix titres, dont une très bonne reprise de The Angels, « Take A Long Line », chère à leur compatriote Lowy. Puissant et mélodique, THE DEAD DAISIES livre un Hard Rock aux teintes parfois bluesy sur lequel son chanteur se révèle vraiment être l’homme de la situation. Heavy et accrocheur, « High’Em Up » resplendit de toutes parts et s’avère être le meilleur opus du groupe depuis longtemps (« I’m Gonna Ride », « Times Are Changing », « I Wanna Be Your Bitch », « Back To Zero »). Well done !

Retrouvez les chroniques précédentes du groupe :

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Rock Progressif

Amarok : limpide

Des parties de guitares magistrales, des voix au diapason, une orchestration millimétrée et une rythmique implacable, le tout basé sur des mélodies dont il est difficile de se défaire et un son limpide : voici résumé « Hope », septième opus du quatuor. Même si l’on sait que la qualité sera au rendez-vous, tout comme l’inspiration, il est assez étonnant qu’AMAROK parvienne aussi facilement à se surpasser à chaque effort… comme s’il n’en était pas un. Son aura est inamovible, construite sur un Rock Progressif renforcé d’Ambient, d’Electro et de Folk. Une respiration faite de délicatesse et d’énergie.

AMAROK

« Hope »

(Oskar Records)

La frontière est si mince entre Art Rock et Rock Progressif que les Polonais ont décidé de l’effacer purement et simplement. Depuis plus de 20 ans maintenant, ils élèvent leur créativité en livrant des réalisations de plus en plus abouties et en ne laissant rien au hasard, notamment en ce qui concerne la production. La beauté se cache, elle aussi, dans les détails et ici, ils sont particulièrement nombreux. Porté par Michal Wojtas (chant, guitare, claviers, programmation) depuis sa formation en 1999, AMAROK ne cesse de surprendre à chaque fois, et c’est même dorénavant ce que l’on est presqu’en droit d’attendre de lui.

Car il y a une certaine notion de pureté, de clarté et un côté quasi- mystique inhérents aux albums du groupe. Une classe et une élégance que l’on retrouve jusque dans la pochette. Autour de Michal Wojtas, on retrouve Kornel Poplawki à la basse, aux claviers, à la programmation et au violon, Marta Wojtas aux chœurs et aux percussions et Konrad Zielenski derrière les fûts. A noter d’ailleurs que l’ensemble des musiciens donnent de la voix sur « Hope », offrant différents paysages sonores à travers des tessitures, qui forment aussi l’unité et la personnalité d’AMAROK.   

La suite de « Hero » (2021) s’inscrit dans la continuité, et même dans une certaine tradition du Prog d’Europe de l’Est, à travers une mélancolie très présente et une utilisation de l’espace sonore toute particulière. Plusieurs écoutes sont même nécessaires pour percevoir complètement et apprécier les multiples couches à l’œuvre sur chaque morceau. Difficile d’ailleurs d’en extraire un en particulier, tant « Hope » est d’une richesse et d’une variété incroyable, mais citons « Hope Is », Stay Human », « Insomnia », l’excellent « Trail », « Don’t Surrender » et « Dolina », chanté en polonais. Du grand AMAROK !

Photo : Eliza Krakówka
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Melodic Metal Power metal

Amaranthe : le grand écart

Sauf à être d’un éclectisme absolu, ce nouvel opus des Scandinaves risque de laisser assez perplexe les fans de Metal, même au sens très large du terme. Si l’énergie déployée donne beaucoup de volume à « The Catalyst » et lui confère un côté racé salutaire, il est compliqué de se contenter de petits morceaux de bravoure éparpillés de-ci de-là. Car pour l’essentiel, ce nouvel opus d’AMARANTHE est très synthétique, assez froid dans sa production et littéralement enseveli de synthés Pop difficile à digérer. Et pourtant, le groupe ne manque pas de potentiel.

AMARANTHE

« The Catalyst »

(Nuclear Blast)

Avec un tel titre, on peut légitimement s’attendre à du changement de la part des Suédois. Septième album en 15 ans d’existence pour AMARANTHE, qui a tout d’abord changé de ‘growler’ avec l’arrivée de Mikael Sehlin en lieu et place d’Henrik ‘GG6’ Wilhelmsson ce qui, pour le spécialiste que je ne suis pas, ne change pas grand-chose à la donne. Alors, que donne le successeur de « Manifest » (2021) musicalement ? Très produit et super-compact, « The Catalyst » navigue dans des eaux troubles et c’est même un doux euphémisme. Pile-poil dans l’air du temps, donc.

D’un côté, le trio vocal mené par Elize Ryd, Nils Molin et donc Mikael Sehlin se montre soudé et propose de multiples variantes, presque symphoniques ou même parfois aux frontières du Metal extrême. Et de l’autre, il y a Olof Mörck que l’on pourrait penser un peu seul au monde avec sa guitare… sauf qu’il s’attèle aussi aux claviers. Et le fossé, pour ne pas dire le ravin, qui sépare sa pratique des deux instruments est assez vertigineux. Dès qu’AMARANTHE pousse un peu sur des riffs musclés, le côté Pop reprend vite le dessus avec insistance.

Alors, entre un Power Metal solide et massif et des sonorités Electro/Dance dignes d’un championnat du monde d’auto-tamponneuses gavées d’autotune, on s’y perd un peu. Le mélange des genres est aussi mal venu que mal maîtrisé, même si le six-cordiste maison s’en sort bien avec quelques solos salvateurs. AMARANTHE s’adresse probablement à une jeunesse qui écoute autant Meshuggah que Beyoncé, mais existe-t-elle seulement ? Si on appréciera l’aspect brutal et rentre-dedans du sextet, il sera en revanche très difficile de faire abstraction du reste.    

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Hard Rock

H.E.A.T : the power of adrenaline

Présenté comme une compilation par plusieurs medias, « Extra Force » n’en a pourtant pas tous les attributs. Tout d’abord, on découvre deux inédits (« Freedom » et « Will You Be »), deux reprises du groupe chantées par l’actuel frontman et enfin six extraits live. Pas vraiment l’allure d’un Best Of donc, même si l’essentiel du contenu n’est pas une surprise. Cependant, H.E.A.T a bien fait les choses et l’adrénaline est au rendez-vous.

H.E.A.T

« Extra Force »

(earMUSIC)

Surfant sur le succès de « Force Majeure » sorti l’an dernier presque jour pour jour, et surtout sur le retour en grâce de son chanteur originel Kenny Leckremo en lieu et place d’Erik Grönwall parti chez Skid Row, H.E.A.T réapparait avec une nouvelle galette. Légèrement hybride dans la forme, on y retrouve deux titres studio, deux autres réinterprétés par l’actuel frontman et six live très énergiques. Les Suédois font revivre le Hard 80’s avec beaucoup de talent, d’enthousiasme et cela s’entend sur « Extra Force ».

Sans doute désireux de marquer son territoire, Leckremo s’est même fendu du réenregistrement de deux morceaux devenus des classiques sans lui : « Rise » et « One By One ». Cette grosse décennie d’absence, entre 2010 et 2022, a vu H.E.A.T prendre du volume et c’est très probablement ce qui a motivé cette étonnante prise de positon. Cela dit, elles ont fière allure et ces nouvelles versions prennent carrément un bon coup de jeune, tant la production s’inscrit dans celle du précédent disque.

Après cette mise au point, H.E.A.T livre six titres enregistrés en concert l’an dernier, où l’on retrouve d’ailleurs « One By One », ainsi que « Back To The Rythm » et « Nationwide », extraits de « Force Majeure ». Pour le reste, le quintet reprend ses standards, à savoir « Rock Your Body », « Dangerous Ground » et « Living On The Run ». Les Scandinaves confirment qu’ils sont vraiment un groupe de scène et, poussés par leur public, ils dégagent beaucoup de puissance mêlée à un tsunami mélodique. Imparable.

Retrouvez la chronique de « Force Majeure » :