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Hard US Rock US

The Winery Dogs : trio magique

Avec un line-up de cette trempe et de cette qualité, on attend toujours beaucoup de THE WINERY DOGS, et pourtant on se sent aussi capable d’à peu près tout lui pardonner ! Cela dit, la prise de risque est minime quand on connait l’énorme talent de Richie Kotzen, Billy Sheehan et Mike Portnoy dont la discographie cumulée fait tout de même rêver et donne presque le vertige !

THE WINERY DOGS

« III »

(Three Dog Music)

Lorsqu’ils ne sont pas occupés avec leur(s) groupe(s) respectif(s) ou leurs projets solos, Richie Kotzen, Billy Sheehan et Mike Portnoy se retrouvent au sein de THE WINERY DOGS pour de petites respirations. Une belle histoire qui a commencé en 2013 avec un premier album éponyme, suivi de « Hot Streak » deux ans plus tard, du coffret « Dog Years – Live In Santiago & Beyond » en 2017 pour nous mener au très bon « III », toujours aussi brillant.

L’impression et la sensation qui se dégagent de ce nouvel opus, et du groupe en général, sont cette grande liberté et aussi une façon de jouer, qui paraissent tellement évidentes et naturelles. Loin de la complexité affichées et délibérées de leurs autres formations respectives, THE WINERY DOGS va à l’essentiel, non sans s’autoriser quelques envolées techniques et aussi quelques pénibles redondances progressives très pardonnables.

Bluesy et toujours très chaleureux au chant (« Lorelei »), Richie Kotzen fait preuve d’une élégance technique phénoménale, devenue sa signature au fil du temps. Billy Sheehan et Mike Portnoy se font plaisir, le premier en alignant avec des lignes de basse d’une dextérité pleine de grâce (« Pharaoh ») et le second en évoluant sur un groove de chaque instant (« Xanadu », « Gaslight »). Et sur des riffs et des solos majestueux, THE WINERY DOGS s’amuse !

Photo : Travis Shinn
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Heavy metal Modern Metal

Liv Sin : brutale méditation

Quatre ans après son dernier opus, la Suédoise LIV SIN ressurgit avec son groupe pour un troisième effort, « Kali Yuga », qui n’a rien de méditatif, mais qui sillonne plutôt des sentiers explosifs et chaotiques. Intenses et compacts, ses nouveaux morceaux ne laissent aucun répit et libèrent une éclatante férocité.

LIV SIN

« Kali Yuga »

(Mighty Music/Target Group)

Après 13 ans et cinq albums avec Sister Sin, Liv Jagrell, alias LIV SIN, mène une carrière en solo dans laquelle elle semble épanouie. Depuis « Follow Me » (2017) et « Burning Sermons » (2019), la frontwoman monte en puissance et gagne aussi en assurance. Sur « Kali Yuga », il règne un air de folie où le Heavy Metal de la Scandinaves se fait d’une modernité très musclée.

Evoluant en quintet, la Suédoise a mis au point un style costaud basé sur des riffs massifs, une rythmique très percutante et un chant agressif et polymorphe. La chanteuse multiplie les expériences vocales en étant très pertinente et en évoluant dans des sphères qui empruntent autant à l’Alternative Metal qu’au Heavy le plus classique, façon King Diamond. LIVE SIN s’éclate !

Magistralement produit par Simon Johansson (Wolf) et Mike Wead (Mercyful Fate) sur un mix et un master signés Tue Madsen (At The Gate), « Kali Yuga » regorge de pépites comme « The Process », « King Of Fools », « I Am The Storm » ou « D.E.R. », sur laquelle apparaissent en guests Zak Tell (Clawfinger), Madeleine Liljestam (Eleine) et Wenderson D’Paula (Army Of Souls). LIV SIN sort l’artillerie lourde !

Photo : Post-Mortem Photography
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Blues Rock France Southern Blues

Laura Cox : lumineuse et naturelle [Interview]

Et si ce troisième album de la chanteuse, guitariste et compositrice LAURA COX n’était finalement pas celui de la maturité ? Après un nombre incalculable de concerts, celle qui a toujours livré un Hard Blues teinté de Southern propose avec « Head Above Water » un disque authentique, à l’équilibre parfait et solide et montre une grande confiance, notamment vocalement. La Française a franchi un cap, c’est une évidence, en réalisant un disque plus posé et plus roots aussi. Entretien avec la virtuose.

Photo : Ugo

– Notre dernière interview date d’octobre 2020 lors d’un concert en Bretagne (salle Cap Caval à Penmarc’h – 29) et c’était le dernier avant l’interdiction. Et tu me disais que le Covid avait tué ton deuxième album. Depuis, tu as repris le chemin des concerts. Quel bilan tires-tu finalement de « Burning Bright » ?

Oui, on a été beaucoup freiné dans la promotion. L’album est sorti en novembre 2019 et ensuite, on a tourné jusqu’en mars seulement alors qu’on était en pleine lancée. C’est vrai que la vie du deuxième album a été un peu étrange. Mais on a beaucoup joué depuis l’année dernière et on a pu continuer à le faire vivre, mais tout a été un peu décalé. Le cycle des concerts a été très étrange aussi et c’est donc assez difficile d’en tirer un bilan. On l’a joué comme on a pu, mais je sens, comme les gens, qu’on a besoin d’un peu de fraîcheur, de nouvelles chansons… Et cet album va faire du bien à tout le monde !  

– J’ai eu le plaisir de te voir au dernier ‘Hellfest’, pour bien commencer la journée, et tu nous as servi un set époustouflant. Toi qui es vraiment une artiste de scène, quel souvenir en gardes-tu, surtout après des mois très compliqués pour tout le monde ?

En fait, le ‘Hellfest’, on a eu le temps de s’y préparer, car on avait été programmé fin 2019 et ensuite cela a été reporté, reporté… Donc, j’ai eu le temps de le voir venir ! Mais c’était comme un rêve. Cela faisait des années que j’en rêvais ! C’était aussi un peu étrange, car j’y vais en tant que festivalière depuis 2010 et j’avais un peu l’impression d’être chez moi, à la maison, mais cette fois, c’était de l’autre côté : du côté artiste. Et l’accueil a été bon et on s’est éclaté malgré la chaleur. C’est un super souvenir, même si tout est passé très vite, puisqu’on a joué une trentaine de minutes. Et j’espère que ce ne sera pas notre dernier !

– Juste pour conclure sur ta prestation à Clisson, comment est-ce qu’on prépare un set dans des conditions comme celles-ci, à savoir une grande exposition et un passage assez court finalement ?

C’est vrai que c’est un show qu’on a vraiment préparé différemment. On a sélectionné les chansons les plus pêchues, parce qu’on sait très bien que les gens ne s’attendent pas à avoir 30 minutes de ballades. D’habitude, le set n’est pas construit comme ça, mais on joue très rarement aussi peu de temps. On y a mis toute notre énergie, même si on n’a pas trop nuancé en envoyant principalement des titres très Rock. On voulait quelque chose de dynamique, qui arrive à maintenir le public en haleine. Il y avait aussi quelques titres du nouvel album qu’on avait joué en avant-première. Rapide et efficace, au final !

– Parlons maintenant de ce très bon « Head Above Water » que tu es allée enregistrer à nouveau au mythique Studio ICP de Bruxelles en Belgique avec Erwin Autrique et Ted Jensen. L’ambiance devait être explosive pour ce troisième album après une telle attente, non ? Ou est-ce qu’au contraire tu étais plus sereine et détendue ? Ou les trois !?

J’étais assez sereine au final. L’enregistrement du premier album (« Hard Blues Shot » – NDR) avait été un peu compliqué, car je manquais de confiance en moi et l’ambiance n’était pas non plus super, car on avait eu des soucis techniques. Maintenant, plus ça va et plus tout se passe bien. On a travaillé dans la bonne humeur en étant studieux et productif, même si on s’est aussi beaucoup amusé. Je savais que j’étais bien entourée, que l’ambiance était bonne  et puis, on n’avait pas rodé les chansons sur scène comme d’habitude, non plus. Elles étaient plus fraîches, plus spontanées, moins préparées et je pense que ce n’est vraiment pas un mal pour du Rock. Parfois, on a tendance à passer trop de temps sur une chanson et on se perd. J’ai abordé tout ça très sereinement en sachant aussi que ce ne serait pas de tout repos, parce qu’on avait deux semaines bookées et il fallait enregistrer tous les instruments additionnels que j’avais mis, les différentes pistes de guitares : il y avait quand même un peu de monde sur l’enregistrement. J’avais fait un petit planning et on était bien organisé.     

– D’ailleurs pour rester sur l’enregistrement, beaucoup d’artistes de Blues rêvent d’aller enregistrer aux Etats-Unis ou même en Angleterre. Tu n’as pas été tenté par une aventure outre-Atlantique pour « Head Above Water » ? 

En fait, mon label (Verycords- NDR) m’a proposé de repartir à l’ICP et comme cela s’était très bien passé pour le deuxième album (« Burning Bright » – NDR), il y avait un côté rassurant aussi, car je connais bien l’ingé-son, je connais bien le matos et l’accueil est très bon. C’est un super studio ! Je me sentais bien de revenir, car je savais qu’ils nous attendaient et où on allait enregistrer aussi. A un moment, je voudrais sûrement chercher d’autres sonorités, d’autres expériences. En tout cas, pour celui-là, on le sentait bien de le faire là-bas.

– Le titre de l’album en dit long sur ton état d’esprit à travers ces onze nouveaux titres, et pourtant c’est peut-être ton album le moins rageur, ce qui ne veut pas dire le moins fougueux ! Comment tu l’expliques ? Son écriture pendant le Covid peut-être ?

C’est ça ! Pour cet album, je voulais quelque chose de moins Hard, j’en avais un peu marre de crier tout le temps ! (Rires) Pendant le Covid, je suis partie au Portugal où j’ai composé la majorité des chansons près de l’océan. Je pense que ça a joué sur l’ambiance. Je voulais un album Rock et assez énergique, mais un peu moins dans le côté sombre et Hard. C’est ce que j’ai essayé de faire et je pense aussi qu’il me ressemble un peu plus. Le travail de compos était assez différent puisque, géographiquement, je n’étais pas au même endroit donc on a beaucoup moins travaillé ensemble. Quand je suis revenue, on a tout réarrangé en répétition et Mathieu (Albiac- NDR) a aussi apporté beaucoup de riffs et d’instrumentaux sur les morceaux les plus Hard, mais pour le reste, j’ai beaucoup plus travaillé en solo.  

– Justement, je le trouve beaucoup plus Blues dans son ensemble et légèrement moins Rock dans l’approche. Il y a des aspects très roots avec notamment un banjo plus présent et de la slide aussi. Ca vient d’un désir d’explorer plus en profondeur toutes ces façons de faire sonner les cordes pour offrir un rendu peut-être moins massif ?

Oui, c’’est quelque chose que j’avais déjà un peu commencé à explorer avec le banjo, qui était beaucoup plus discret, sur les autres albums. J’ai eu envie de pousser ça un peu plus, car j’adore les instruments un peu Bluegrass. J’ai ajouté un peu de banjo, de la lap-steel et c’est quelque chose qui me plait vraiment de mixer toutes ses influences. C’est quelque chose que je pense garder comme ligne directrice pour les prochains disques. Je vais continuer à creuser dans cette direction.

Photo : Le Turk

– Pour avoir beaucoup écouté « Head Above Water », il a une sensation de road-trip qui règne sur l’album avec une dynamique qui ralentit un peu parfois, mais sans jamais s’arrêter. On fait un bon bout de route sous des cieux assez cléments et enjoués. C’était l’intention de départ ?

Oui, un peu à la façon d’un voyage. J’avais envie qu’on se plonge un peu là-dedans avec un trame directrice. Comme tu dis, il y a des plans un peu plus doux, mais j’avais envie de l’imaginer comme on le faisait à l’époque, qu’on l’écoute en entier et pas en choisissant les chansons à l’unité. Je l’ai pensé comme ça, effectivement. En tant qu’auditrice, c’est aussi comme ça que j’écoute la musique. J’aime bien écouter les albums dans leur intégralité, plutôt que de sélectionner des chansons.

– On est complètement d’accord ! Le streaming, je ne sais même pas ce que c’est…

(Rires) C’est pratique, mais ça a beaucoup moins de charme, c’est vrai. Je préfère acheter un album pour avoir le contenu physique entre les mains. Un disque, tu le regardes, tu le découvres… C’est aussi un voyage visuel et pas seulement musical.

– Vocalement aussi, on te sent plus apaisée et plus féminine aussi, dans le bon sens du terme. Si la guitare reste ton terrain de jeu favori, est-ce que tu as plus travaillé ta voix sur cet album pour qu’elle soit autant mise en avant et avec autant de variété ?

Justement, j’ai arrêté de me dire que je voulais chanter comme telle ou telle chanteuse et j’y suis allée naturellement en me disant comment est-ce que je sentais les choses. Je n’ai pris aucune référence sur les chansons et tout ça est sorti très naturellement. Je pense aussi que j’ai gagné en expérience et en confiance en moi. Et vocalement, tout a été plus simple que sur les précédents. Je pense aussi que c’est parce que je m’affirme de plus en plus.

– Un petit mot aussi sur cette pochette, presqu’iconique, sur laquelle tu arbores une belle Les Paul Junior. Il y a un petit côté ‘figurine’ légèrement en contraste avec l’album. Comment s’est effectué ce choix ? Car on connait l’importance d’une pochette d’album…

En fait, je ne pensais pas partir dans cette direction, j’avais d’autres idées en tête. On a fait un shooting et quand le photographe a regardé ses photos et regardé tout ce qui avait été fait, il s’est arrêté sur celle-ci. Il m’a dit qu’elle était simple, que la posture était bonne, qu’elle en imposait tout en restant sobre et il est parti là-dessus. Moi, je n’étais pas sûre. On en a parlé avec le label et tout le monde a été unanime. Et finalement, j’en suis contente, car cela reste simple et ça laisse aussi un peu de mystère, car les gens qui ne me connaissent pas ne savent pas forcément à quoi s’attendre. Il y a la guitare qui donne une indication, mais ça donne aussi envie d’écouter, car tu te demandes un peu quel style de musique tu vas avoir ! (Rires)

– Enfin, j’aimerais te poser une question au sujet de Joe Bonamassa qui vient de créer son label, KTBA Records, et qui enchaine les signatures. Déjà, est-ce que vous vous connaissez et est-ce qu’ensuite une telle aventure avec un grand monsieur du Blues comme lui te tenterait ? Ne serait-ce que pour bénéficier d’une exposition internationale…

On ne s’est jamais côtoyé, mais je sais qu’il a vu mon nom passer et qu’il m’a cité sur des forums par rapport à des vidéos que je postais. Je l’adore, c’est l’un de mes guitaristes préférés et techniquement peut-être même le meilleur. Mais je ne te cache pas que je suis chez Verycords depuis mes débuts, et earMusic pour l’international maintenant, et ça se passe vraiment bien. J’espère continuer avec eux, mais on pourrait collaborer avec Joe Bonamassa sous d’autres formes comme des premières parties, par exemple, se voir plus en live et en tournée. Et c’est vrai que cette visibilité côté américain serait très bienvenue.

Depuis, LAURA COX est annoncée sur la croisière « Keeping The Blues Alive At Sea Mediterranean III » du 17 au 22 août prochains entre la Grèce et la Croatie à bord du Norwegian Jade et sera entourée de grands noms du Blues… comme quoi ! 

« Head Above Water » est disponible chez Verycords/earMusic.

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Post-Metal

Lòdz : l’envol

En matière de post-Metal, l’hexagone n’a plus rien à prouver depuis longtemps maintenant et les Rhodaniens de LÒDZ viennent le confirmer de la plus belle des manières avec une troisième réalisation (quatre si l’on compte leur premier EP) réussie en tout point. Avec « Moons And Hideaways », le combo surfe sur des atmosphères très aériennes, qui savent aussi se montrer très tendues à l’occasion. Une diversité au service d’une belle technique et d’une créativité en plein essor. 

LÒDZ

« Moons And Hideaways »

(Crimson Productions)

C’est avec un album profond et d’une grande maturité que LÒDZ fait son retour. Disponible depuis quelques semaines, l’album du troisième album des Lyonnais met en valeur l’empreinte musicale qu’ils se forgent depuis un peu plus de dix ans. Le quatuor a pris du volume, peaufiné son jeu et s’apprête désormais à jouer dans la cour des grands avec une sérénité affichée.

Conçu durant la pandémie, « Moons And Hideaways » dégage une atmosphère de douleur et d’une grande mélancolie très prenante. Pourtant, LÒDZ y laisse passer une timide lumière, grâce à la souplesse de l’interprétation de ses nouveaux morceaux. D’ailleurs, c’est une évidence d’affirmer que le groupe, qui a connu deux changements récents, s’affirme pleinement.

Dans un post-Metal, qui tend énormément vers un style très Rock et progressif, LÒDZ se repose sur une production très soignée et des titres d’une fluidité très élégante. A la fois lourd et aérien, ce nouvel opus brille aussi par la prestation de son chanteur, dont le large spectre permet toutes les incartades. Un regret cependant sur les parties growlées carrément loin d’être indispensables, tant le frontman possède la puissance nécessaire.

Ecorché et gorgé d’émotions, « Moons And Hideaways » livre une partition envoûtante, sombre et intense avec un son très organique (« Pyramids », « Chimeras », « Play Dead »). LÒDZ a également posé de manière subtile quelque samples discrets mais efficaces, afin d’alimenter son propos. Ce nouvel opus est exactement ce dont on était en droit d’attendre du combo (« Fast Rewind », « The Mistake Again »). Gravitationnel !

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Americana Blues

Elles Bailey : l’émotion à l’état pur

Passionnée et subtile, la chanteuse ELLES BAILEY a sorti son nouvel opus, le premier enregistré sur ses terres anglaises, en début d’année et « Shining in The Half Light » est étincelant de bout en bout. Parfaitement entouré de musiciens dont la sensibilité est éclatante, la compositrice britannique nous berce par sa voix gorgée d’émotion sur des morceaux d’un Americana Roots teinté de Blues incarné de la plus belle des manières.

ELLES BAILEY

« Shining In The Half Light »

(Outlaw Music)

Sorti en février dernier, je ne pardonne toujours pas d’être passé à côté de ce somptueux troisième album d’ELLES BAILEY. La chanteuse de Bristol y livre l’une de ses meilleures performances vocales. Alors qu’il devait être enregsitré à Nashville, la pandémie l’a poussé à investir les studios de Middle Farm dans la campagne du Devon. Et « Shining In The Half Light » brille de mille feux.

Soutenues par un quatuor de choc, des chœurs exceptionnels et avec Dan Weller (Enter Shikari) à la production, les nouvelles compostions de l’Anglaise prennent du volume et la qualité de l’écriture fait le reste. Entre Americana Roots et Blues, ELLES BAILEY se hisse avec talent parmi les meilleurs songwriters du style avec notamment des ambiances Gospel absolument superbes.

Entraînante sur « Cheats And Liars », enjouée sur « The Game », bluesy sur « Colours Start To Run » et son magistral solo ou plus délicate sur « A Different King Of Love », ELLES BAILEY sait tout faire et la justesse dont elle fait preuve vient définitivement assoir son statut d’artiste incontournable. « Shining In The Half Light » s’impose comme un album de Blues Americana terriblement roots, expressif et addictif.

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Groove Metal Hard Rock Southern

I’ll Be Damned : incendaire

Ils seront damnés et ça ne fait aucun doute ! Peu importe, les Danois prennent le taureau par les cornes pour asséner un album très nerveux, où la fièvre du propos s’étend sur des morceaux d’une totale liberté et d’une explosivité de chaque instant. Sur un Hard Rock massif, percutant et aux éclats de Metal, I’LL BE DAMNED livre l’un des meilleurs albums dans ce registre depuis bien longtemps ! La machine est lancée…

I’LL BE DAMNED

« Culture »

(Mighty Music/Target Group)

Présenté comme un groupe de Groove Metal, c’est pourtant bel et bien dans un registre très Hard Rock bien gras et surpuissant, d’où s’échappent des solos bien Heavy, qu’évolue I’LL BE DAMNED. Alors pour ce qui est des références, allez plutôt chercher du coté de Clutch que de Down. Résolument Rock’n’Roll dans l’attitude, mais pas seulement, les Danois livrent un troisième album survolté, hargneux et vindicatif.

Que ce soit la politique, la religion, les médias et plus largement la société dans son ensemble, tout le monde en prend pour son grade. Et pas à moitié ! Avec l’arrivée d’Anders Gyldenøhr derrière les fûts et surtout de Mark Damgaard au chant, le quintet se montre incisif dans les riffs, massif dans la rythmique et très rugueux, tout en restant mélodique dans la voix. I’LL BE DAMNED n’est pas de retour pour trier les lentilles.

Les neuf morceaux de « Culture » sont autant de grosses claques en pleine face. Avec un côté Southern marqué, les Scandinaves avancent sur un groove épais et rageur entre colère et désespoir avec un cynisme et une ironie de chaque instant. Parfaitement structurés et remarquablement bien produits, les morceaux de I’LL BE DAMNED sont autant d’uppercuts (« FuckYourMoney », « Hell Come », « Through The Walls », « Forever, Right »). Jouissif !

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Alternative Rock

Silence is Spoken : assourdissant de passion

Avec ce nouvel effort de SILENCE IS SPOKEN, « 11 », le beau soleil de Florence laisse place à un ciel assombrit et menaçant. L’Alternative Metal/Rock des Italiens est tellement dense qu’il procure des sensations qui nous plongent dans une immersion musicale bluffante de beauté et véritablement séismique.

SILENCE IS SPOKEN

« 11 »

(Wormholedeath Records)

Ils viennent de Toscane, se sont formés à Londres et pourtant leur son n’est pas sans rappeler Seattle et sa légendaire scène Grunge. Cependant même si Soundgarden et Eddie Vedder semblent avoir marqué le groupe, une imposante touchante Metal jaillit de ce troisième et très bon album de SILENCE IS BROKEN. En 15 ans d’existence, le quatuor s’est construit un univers sombre et captivant.

Sur une production exceptionnelle à la fois profonde et massive, les Italiens évoluent dans un Alternative Metal/Rock précis, très structuré et doté d’une énergie que le groupe catalyse parfaitement. Pour autant, SILENCE IS SPOKEN ne se fait pas prier pour la libérer avec une puissance incroyable. Et grâce à leur excellent frontman, Samuele Camiciottoli, les Transalpins jouent sur plusieurs registres.

Intense et raffiné, le combo joue sur les émotions. La densité et l’articulation des titres sont l’une de ses forces que l’on le retrouve sur l’ensemble de « 11 » (« A Good God », « 1984 », « War ABC Song »). Parfois éthérés tout en restant très solides, les morceaux de SPOKEN IS SPOKEN se révèlent addictifs (« 1000 Petaled Lotus », « Mud Bones Worms », « Genesis 19/24 »). Tout simplement époustouflant !

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Heavy metal International

Leather : icône Metal [Interview]

Authentique et sincère, Leather Leone a le Heavy Metal chevillé au corps et demeure son porte-voix depuis plus de trois décennies maintenant. Avec une puissance vocale intacte et une envie qui semble décupler à chaque album, la frontwoman américaine sort son troisième album en solo, « We Are The Chosen », véritable plaidoyer à ce style qu’elle incarne littéralement. Avant d’entamer les concerts, LEATHER revient sur son parcours et sur cette nouvelle réalisation. Entretien.

Photo : Rockin Ryan Richardson and Marisol Richardson

– Notre première et unique interview date de 1989 pour la sortie de « Shock Waves » et pour avoir suivi ta carrière, ce qui m’étonne le plus, c’est que ta voix n’a pas changé. Comment fais-tu pour conserver une telle puissance et une telle énergie ?

Merci beaucoup. C’est une sorte de force primale qui me traverse quand j’entends une guitare électrique ! Sinon, je fais du cardio, je bois des quantités incroyables d’eau, je travaille ma voix (parfois) pendant 30 à 40 minutes avec un bon volume sonore et j’essaie bien de dormir. Mais c’est vrai que c’est une bénédiction de posséder une telle puissance.

– A cette époque-là, tu chantais dans Chastain avec David, avec qui tu as sorti de très bons albums comme « The 7th Of Never » ou « The Voice Of The Cult ». Et après « For Those Who Dare », tu as fait un long break de 20 ans. Pour quelles raisons as-tu quitté la scène à ce moment-là et pendant si longtemps ?

Je voulais que le groupe développe un Metal plus agressif. Mais je n’ai pas eu beaucoup de chance, car personne n’était intéressé par ce nouveau projet. Comme je ne suis pas du genre à faire des compromis, pour quelque raison que ce soit, je suis partie. Cependant, je suis fière de la marque que j’ai laissée avec Chastain. Cela n’a pas vraiment été un gros problème, et puis le temps s’est écoulé. Au final, je voulais prendre six mois de congés, et puis…

– Ensuite, tu es revenue toujours au sein de Chastain pour deux albums avant de sortir « Leather II » il y a cinq ans. A quel moment, as-tu ressenti le besoin de continuer en solo, ou en tout cas avec un autre groupe et sous ton nom ?

C’est juste parce que j’ai encore pas mal de choses à dire. Et je voulais écrire mes propres chansons, faire mon propre truc. Je n’avais jamais réalisé à quel point je ressentais cela jusqu’à ce que l’opportunité se présente. J’ai rencontré Vinnie Tex et le chemin s’est ouvert à moi. On écrit bien ensemble, il me comprend musicalement. Et je suis très excitée sur ce que nous réserve l’avenir.

Photo : Rockin Ryan Richardson and Marisol Richardson

– Te voici de retour avec « We Are The Chosen », dont le titre est lourd de sens. On y décèle beaucoup de motivation et de persévérance. On a le sentiment que tu as du faire face à de nombreux obstacles pour parvenir à tes fins. C’est le cas ?

Oui, comme tout le monde, je pense… La vie est un voyage permanent où on essaie d’aller quelque part… Beaucoup de situations ont changé pour moi musicalement en 2019. J’ai juste pris une profonde respiration et j’ai avancé. J’avais déjà tout ça en tête depuis un certain temps. Ca a été un vrai soulagement de pouvoir l’exprimer à travers le Metal. Et je savais que tout le monde me comprendrait : « Nous sommes les élus » !

– Parlons des musiciens qui t’accompagnent et notamment du Brésilien Vinnie Tex avec qui tu as travaillé en étroite collaboration sur l’album. Comment vous êtes-vous rencontrés et quel a été le déclic de cette complicité qui paraît si évidente ?

J’ai rencontré Vinnie en 2016 lors d’une tournée en Amérique du Sud avec Rob Rock. Nous sommes devenus amis. Finalement, c’était la seule personne qui était à mes côtés. Et nous étions tous les deux un peu incertains quant à nos efforts musicaux respectifs… (Rires) Mais nous avons vite découvert que nous étions sur la même longueur d’onde artistiquement. Nous sommes deux personnes complètement différentes, mais nous nous retrouvons totalement dès qu’il s’agit de Metal. Je suis bénie !

– On sent aussi que ton amour pour le Heavy Metal est toujours intacte et très vivant même ! « We Are The Chosen » sonne très actuel et pourtant il y a ce côté intemporel que d’aucun appelle ‘Old School’. On te sent presqu’imperméable aux modes d’ailleurs. Est-ce que tu gardes un œil sur ce qui se fait de nouveau en matière de Metal, et pas uniquement de Heavy ?

Oui, un peu. Je suis une grande fan de Metal extrême. Ma playlist Spotify est composée d’Arch Enemy, Jinjer, Lamb of God, Spiritbox et bien sûr Dio !! L’agressivité du Metal d’aujourd’hui est tout simplement fantastique… Elle me nourrit énormément.

Photo : Rockin Ryan Richardson and Marisol Richardson

– Ce troisième album contient des morceaux très forts et très caractéristiques de ton style et aussi de ta carrière comme « We Take Back Control », « Who Rules The World » ou « Off With Your Heart ». On a presque l’impression que « We Are The Chosen » est une ode au Heavy Metal originel et à sa vitalité malgré les années qui passent…

Merci beaucoup. C’est ce que je fais depuis toujours. En fait, je n’ai jamais entrepris d’écrire de la musique de telle ou telle manière… C’est juste ce que je suis. Et je le fais fièrement.

– Il y a aussi « Hallowed Ground » qui est dédié au grand Ronnie James Dio, qui est une influence majeure chez toi et que tu as croisé à de nombreuses reprises. Ca t’a paru une évidence de lui consacrer un morceau ?

Oui, et c’est toujours le cas. Quand j’ai l’opportunité de créer, il est là avec moi. Son influence sur moi est stupéfiante, c’est vrai. La moindre des choses que je puisse faire, c’est du Metal pour lui, pour lui dire merci.

Vinnie Tex

– Pour parler de la production de l’album, comment une chanteuse américaine et un guitariste brésilien se retrouvent-ils en Pologne pour enregistrer un disque ? C’est quelque chose de peu banal…

J’ai donc rencontré Vinnie en 2016 sur la tournée de Rob Rock avec qui il jouait. Et nous avons fini par faire « II » ensemble. A ce moment-là, on était sur la route, près de la Pologne, et on a décidé de refaire quelques pistes vocales sur l’album. Vinnie était en relation avec les studios Hertz, puisqu’il a une grande expérience du Metal extrême. Ils m’ont invité et l’expérience a été exceptionnelle. Le Metal est imprégné jusque dans les murs du studio, grâce à des groupes comme Behemoth, Vador, Hate… Il y avait un réel sentiment de créativité et de détente, et c’est exactement ce dont j’avais besoin et aussi de faire partie d’une telle équipe.

– J’aimerais que tu nous dises un mot sur la pochette de « We Are The Chosen », qui est signée Marcelo Vasco qui a aussi travaillé pour Slayer, Kreator et Testament. Là aussi, tu avais le désir de perpétuer une certaine tradition ?

J’aime les icônes et l’imagerie du Metal extrême. Ma vie musicale à ce moment-là était si chaotique que c’était exactement ce qu’il me convenait. Et puis, c’est un ami de Vinnie. Je lui ai envoyé la photo et je lui ai demandé s’il pouvait essayer de créer quelque chose de légèrement démoniaque, un peu dérangé… et il a réussi ! Je suis tellement fière de l’avoir maintenant dans mon équipe !

– Enfin, on sent une grande fraîcheur sur ce nouvel album et beaucoup d’envie surtout. Il dégage beaucoup de force comme si tu nourrissais ces morceaux depuis un long moment, malgré leur spontanéité. Tu dois être vraiment impatiente d’aller le défendre sur scène, j’imagine…

Oh oui ! C’est mon objectif principal… Tourner, tourner, tourner ! D’ailleurs, je vous invite à me suivre sur les réseaux sociaux, je les actualise au fur et à mesure que les dates s’ajoutent. Et encore un immense merci à vous tous pour votre soutien à « We Are The Chosen » !

L’album de LEATHER, « We Are The Chosen », sera disponible le 25 novembre chez Steamhammer/SPV.

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Heavy metal Speed Metal

Rising Steel : crossover Heavy

Affichant une belle puissance et des morceaux costauds et véloces, RISING STEEL sort un troisième album dans lequel le groupe peaufine son Crossover Heavy, teinté d’éléments Thrash et Speed Metal. En s’éloignant ainsi du son de la MWOBHM, mais on conservant sa structure et ses codes, les Rhodaniens s’inscrivent dans une modernité flagrante en dépoussiérant quelques peu leur registre pour le rendre plus hargneux et massif.

RISING STEEL

« Beyond The Gates Of Hell »

(Frontiers Music)

Depuis son premier EP en 2015 (« Warlord »), RISING STEEL poursuit son chemin avec une régularité remarquable, tant dans le rythme de ses productions que dans leur qualité. Et il faut reconnaître que les Grenoblois affinent leur style depuis quelques années aujourd’hui et le Heavy Metal du combo se précise au fil des albums. Ancré dans un Heavy Metal Old School, qui vaut surtout par les caractéristiques de la voix de son frontman Emmanuelson, d’autres particularités se font plus présentes.

Sans tomber franchement dans un registre Thrash, les guitares notamment ne sont pas sans rappeler dans leurs riffs celles qui firent les belles années de la Bay Area. Cependant, la comparaison est plutôt sonore car, musicalement, on se rapproche nettement plus d’un Speed Metal plus européen. Bref, ce qui importe ici, c’est que RISING STEEL se forge une identité musicale très identifiable, qui vient probablement aussi des nombreuses tournées aux côtés de cadors du genre ces dernières années.

Mais revenons à « Beyond The Gates Of Hell », troisième opus des Français, qui ne manque ni de vigueur, ni d’inspiration. Direct tout en restant mélodique, la maturité affichée sert des morceaux solides et racés. RISING STEEL ne lève pas le pied un seul instant et assène un Metal aux variations très maîtrisées (« Life Awaits », « Infinite Pain », « Skullcrusher », « Beast », et le très bon « We Are Free » qui vient clore l’album). Enregistré chez lui et mixé en Suède, cette nouvelle réalisation marque une assise indiscutable.    

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Doom Heavy metal

Doomocracy : noirceur hellénique

D’une grande finesse dans la composition comme dans la technicité à l’œuvre tout au long de « Unorthodox », DOOMOCRACY livre son album le plus abouti à ce jour. Très travaillé, le Doom Metal des Grecs se montre d’une grande modernité, sans pour autant renier des influences majeures, perceptibles, mais discrètes. Avec ce troisième opus, le combo impose une belle et soignée dramaturgie, parfaitement mise en valeur par une très bonne production.

DOOMOCRACY

« Unorthodox »

(No Remorse Records)

C’est sous le soleil de Crète que DOOMOCRACY a vu le jour en 2011, offrant un regard neuf sur le Doom Metal. Moderne et Heavy, le quintet trouve sa place entre Candlemass et King Diamond avec un côté véloce et technique. Après deux albums salués et reconnus (« The End Is Written » – 2014 et « « Visions & Creatures Of Imagination » – 2017), les Grecs montent encore d’un cran, grâce à un jeu puissant et précis et des atmosphères raffinées.

Axé sur le thème de la persécution religieuse au XVIème siècle, l’album-concept de DOOMOCRACY révèle un talent d’écriture évident basé sur une belle maîtrise du contexte et une interprétation irréprochable. Ténébreux et épique, « Unorthodox » s’articule sur un Heavy Metal traditionnel très Doom, forcément, avec aussi quelques sonorités progressives servant de tremplin à une avalanche de riffs solides et acérés.

Ce troisième opus dévoile des titres imparables (« Eternally Lost », « The Spiritualist », « Our Will Be Done »). DOOMOCRACY se fait aussi plaisir sur le dernier morceau, « Catharsis », où Mike Wead (King Diamond, Mercyful Fate, Memento Mori) livre un solo époustouflant. Et on notera aussi la présence sur quatre titres de Miguel Robaina (ex-Memento Mori) aux claviers et à la flûte sur ce même titre. Une valeur sûre.