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Hard'n Heavy

Firstborne : la parfaite alchimie

Frais et massif, ce deuxième album de FIRSTBORNE est l’une des meilleures réalisations du genre depuis un bon moment. Porté par des artistes chevronnés précédés par leur réputation, « Lucky » porte bien son nom, tant sa musicalité est fluide et présente le mix parfait entre Hard Rock et Heavy Metal. Technique, mais gorgé de refrains fédérateurs, le groupe évolue avec tellement de facilité et de créativité qu’il va très vite devenir incontournable.

FIRSTBORNE

« Lucky »

(M-Theory Audio)

Depuis leurs débuts en 2019, les Américains n’ont pas levé le pied. Après un EP éponyme l’année suivante, ils ont enregistré de nombreux singles, deux autres EPs (« Sinners » et « Follower ») et enfin un premier long format, « Gods Of Life », il y a tout juste deux ans. S’il n’est pas franchement étonnant de voir une telle productivité de la part du trio, il semble toutefois que le style s’affine et que FIRSTBORNE a fini par trouver son terrain de jeu favori et avec ce deuxième opus, et il penche sérieusement vers un Hard Rock pêchu et moderne.

C’est vrai que l’expérience des trois musiciens aurait pu les mener vers n’importe quel registre. Mais le batteur Chris Adler (Lamb Of God, Megadeth), le virtuose et shreder avéré Myrone et l’électrisant chanteur Girish Pradhan (Girish And The Chronicles, The End Machine) ont jeté leur dévolu sur un univers qu’ils connaissent bien, hyper-Rock’n’Roll et Heavy à souhait. Un mix savoureux qui a irradié les années 90 notamment, mais que FIRSTBORNE a intelligemment actualisé avec une belle férocité et de mélodies accrocheuses.

Précises, les parties de guitare sont très relevées, inspirées et malgré tout assez peu démonstratives compte tenu du talent de Myrone. Exceptionnelle, la batterie l’est tout autant, surfant sur un groove imparable et ensorceleur. Chaleureux et entraînant, le frontman apporte toute sa puissance à ce FIRSTBORNE aussi soudé que solide et percutant (« Again », « Wake Up », « Only A Fool », « Human Interrupted », « Prometheus »). Enfin, la production de Machine (Clutch, Crobot) offre un éclat magistral aux morceaux. Très, très fort !

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Alternative Metal Hard'n Heavy

Halestorm : monumental

Sur une charge émotionnelle rare et parfaitement canalisée, la formation de Pennsylvanie vient affirmer avec force qu’elle est au sommet de son art. Un titre comme « Everest » s’imposait donc avec beaucoup d’évidence. Robuste et massive, mais aussi douce et assez éthérée, cette nouvelle réalisation dame le pion aux actuelles sorties formatées, grâce à une sincérité souvent poignante et surtout un jeu radieux et précis. Les guitares sont scintillantes, la rythmique profonde et solide et la voix déchirante et dominatrice. HALESTORM est dans une maîtrise totale et son sens de la mélodie est exacerbé.

HALESTORM

« Everest »

(Universal Music)

Adolescents, Lzzy hale et son batteur de frère Arejay n’avaient sûrement pas imaginé où les mènerait leur aventure musicale familiale. Fort d’un line-up stable, HALESTORM a gravi peut à peu les échelons au point de devenir une référence grâce à une explosivité et une sensibilité indissociables. Les nombreux featurings de sa frontwoman n’ont fait que confirmer l’assise des Américains, qui surgissent aujourd’hui avec un sixième album qui pourrait bien être leur meilleur. Sans faire dans l’esbroufe et le surfait, « Everest » est redoutablement efficace.

En confiant la production au brillant Dave Cobb, HALESTORM se démarque intelligemment de la scène Alternative Metal actuelle en misant sur un son organique, tout en relief et qui laisse respirer les morceaux. Et en évitant de surcharger le spectre sonore, le quatuor gagne en puissance, en vélocité et surtout en authenticité. Avec des structures Hard Rock et des attaques clairement Heavy, « Everest » surfe sur des recettes qui ont fait leurs preuves et qui, finalement, offrent plus de liberté aux musiciens et surtout à leur chanteuse dont la prestation est hors-norme.

S’il n’y a plus vraiment de doute sur les capacités vocales exceptionnelles de Lzzy Hale, il faut avouer qu’elle s’est taillé ce nouvel opus sur mesure. Féroce et délicate, elle y dévoile toute sa large palette sur des titres dominés par une certaine mélancolie, très personnels aussi et avec des fulgurances brutes et directes. Enfin HALESTORM joue également sur la corde sensible avec des parties de piano bien senties et un fond Rock très accrocheur (« Fallen Star », « Watch Out ! », « Shiver », « Everest », « Like A Woman Can », « Rain Your Blood On Me »). Magistral de finesse !

Retrouvez aussi la chronique de « Back From The Dead » :

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Blues Rock Soul / Funk

Patrick Sweany : driven by truth

Avec « Baby, It’s Late », PATRICK SWEANY va encore plus loin dans sa recherche d’un Blues électrique et universel. Rock, Funky et Soul, ce nouvel opus dégage une proximité dense et explosive. Particulièrement bien accompagné, son chant se fait également plus profond et le côté très organique du son met en évidence une écriture efficace et accrocheuse. Et l’enregistrement à l’ancienne offre un aspect luxuriant et chaleureux à l’ensemble

PATRICK SWEANY

« Baby, It’s Late »

(Nine Mile)

Bluesman accompli et redoutable homme de scène, le natif de l’Ohio basé à Nashville depuis de nombreuses années fait enfin son retour sept ans après « Ancient Noise ». Non qu’il soit resté les bras croisés, bien au contraire, PATRICK SWEANY a enchaîné les concerts tout en mettant sur pied deux formations. Avec The Tigers Beats, il s’est consacré au répertoire Blues des années 50 et 60, tandis qu’avec Super Felon, le quintet est plus axé sur la Soul et le Funk. De quoi s’ouvrir des horizons nouveaux et rompre avec la routine.

Et durant tout ce temps, l’Américain n’a pas cessé non plus de composer de nouvelles chansons. Ce sont d’ailleurs des musiciens issus de ses deux groupes qui l’accompagnent sur « Baby, It’s Late » et le feeling qui les lie est juste phénoménal. C’est dans un Blues Rock brut, au groove épais et rugueux que PATRICK SWEANEY se déploie et laisse s’échapper aussi de subtiles ballades pleines d’émotion (« Christmas Parade » et « See Through »). Le style est direct et sans fioriture et il se montre littéralement habité par son jeu.

Signe  d’une  grande maturité artistique acquise après plus de 25 ans de carrière, le chanteur, guitariste et songwriter s’est occupé lui-même de la production de ce onzième album studio. Enregistré en deux jours seulement et en conditions live avec ses partenaires, « Baby, It’s Late » est d’une authentique sincérité et PATRICK SWEANY affiche la vérité d’un leader à la fois solide et sensible. En quête d’immédiateté, c’est un Blues très instinctif aux sensations Southern et avec une fraîcheur d’âme intemporelle qu’il présente. Intense !

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Metal HxC

Boiler Room : chambre forte

Malgré des apparitions éclaires, certaines formations marquent les esprits plus que d’autres et ce malgré une discographie plutôt clairsemée. C’est le cas de BOILER ROOM, dont le leader Chris Lino ne laisse pas indifférent et que le Metal aux saveurs Hard-Core made in New-York, capitale du genre, élève au niveau de cadors. Après une reformation en 2023, « Rectify » reprend les choses où elles en étaient et vient mettre de l’huile dans les rouages d’une machine infernale, qui ne demandait qu’à être relancée. On est ici à des années lumières du MetalCore sirupeux et tout en plastique qui nous envahit.

BOILER ROOM

« Rectify »

(Deko Entertainment)

Après des débuts très prometteurs de 1996 à 2001, la belle histoire de BOILER ROOM a stoppé net. Avec pourtant deux albums et un single, on pouvait espérer beaucoup, tant le talent était évident. Mort dans l’œuf en quelque sorte, mais que l’œuf était beau. Près de 25 ans plus tard, deux membres originels ont décidé de remettre le couvert et le résultat est volcanique. Un bond dans le temps, mais avec un son résolument moderne, où l’on retrouve intact l’âme des premières années avec cette explosivité urbaine si reconnaissable.

Car c’est Brooklyn à New-York qui a vu naître BOILER ROOM à une époque où le Metal le plus acéré faisait alliance avec un Hard-Core brut et authentique. Cette savoureuse fusion disparue avec les années 90 est presque devenue un vestige, et lui redonner vie de cette façon aujourd’hui est une vraie bénédiction, tant le line-up est impressionnant et le savoir-faire irrésistible. « Rectify » vient remettre les pendules à l’heure et la production de Mike Orlando, (Adrenaline Mob, guitare) et Ron ‘Bumblefoot’ Thal est rugueuse à souhait.

Avec son guitariste, on doit surtout cette résurrection au frontman Chris Lino, dont la voix donne son identité au groupe. Epais, rauque et direct, son chant est l’ADN du combo et même sa signature. Pour « Rectify », le quatuor a entrepris de réenregistrer certains morceaux, tout en complétant l’ensemble avec deux inédits : « Haunted » et « Rectify » sur lequel on retrouve d’ailleurs ‘Bumblefoot’ au solo, ainsi qu’à la coproduction, lui qui avait déjà signé celle du premier opus en 1996. Brut et sincère, BOILER ROOM revient en force.

Photo : Jeff Crespi

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Hard'n Heavy Heavy Rock International

The Violent Hour : rockin’ lady [Interview]

Après 15 ans passés à la tête des Butcher Babies, combo qu’elle avait fondé, et tout juste intronisée au chant chez Lords Of Acid, Carla Harvey se présente aujourd’hui avec un projet plus personnel et dans un registre très différent de ce qu’elle nous a jusqu’ici donné d’elle. Très californien dans l’esprit comme dans le son, la frontwoman a laissé les reines à Charlie Benante, prolifique multi-instrumentiste, producteur et membre d’Anthrax. Le résultat est un Heavy Rock bardé de mélodies entêtantes et accrocheuses, où l’on découvre d’ailleurs un nouvel aspect de ses capacités vocales et de son écriture. La chanteuse nous parle de ce premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR, sa nouvelle formation qui prendra la route en septembre…

– Carla, avant de parler de ce premier EP, j’aimerais qu’on dise un mot au sujet de Butcher Babies que tu as fondé et quitté 15 ans plus tard. Est-ce que tu as eu le sentiment d’en avoir fait le tour ? Qu’il te fallait peut-être passer à autre chose ?

Je suis très fière de mon travail au sein de Butcher Babies et de ce que nous avons accompli en tant que groupe. Nous sommes partis de rien, nous avons exploré le monde et nous avons enregistré six albums exceptionnels. Je n’avais pas l’impression d’avoir tout vu, au contraire. La vie et les priorités ont changé au fil de ces 15 ans et j’ai constaté qu’être sur la route dix mois par an n’était ni sain, ni propice à l’épanouissement. Les deux autres membres fondateurs du groupe étant en couple, être constamment sur la route ne leur posait donc aucun problème. Mais pour moi, cela impliquait de grands sacrifices.

– En janvier dernier, tu as annoncé ton arrivée au sein de Lords Of Acid. En plus de tes autres activités, tu as aussi besoin de mener de front plusieurs projets musicaux ? Et comment est-ce que cela s’est d’ailleurs fait ?

Je n’ai jamais caché que j’étais une grande fan de Lords of Acid. Alors quand ils ont eu besoin de quelqu’un au chant et qu’ils me l’ont proposé, j’ai sauté sur l’occasion. Je rentrais tout juste de ma première tournée avec eux et ce fut l’une des meilleures expériences que j’ai jamais vécues. Les concerts affichaient complet presque tous les soirs et l’énergie sur scène était incroyable. J’avais toujours le sourire et je me sentais tellement libre. Je vivais une sorte d’expérience extracorporelle chaque soir. Peut-être parce que je jouais la musique que j’adorais à 16 ans… Je l’ai fait avec un abandon total. Je ne considère pas cela comme une simple jonglerie entre plusieurs projets musicaux. Lords of Acid demande peu de temps, environ une tournée par an, pour une énorme récompense. Et puis, je suis également ravie de bientôt tourner avec THE VIOLENT HOUR.

– Entre le passé, le présent et le futur que l’on peut représenter par Butcher Babies, Lords Of Acid et THE VIOLENT HOUR, quel est le groupe qui te ressemble le plus et qui est le plus proche ta culture musicale ? Ce nouveau projet peut-être, qui dénote un peu des deux autres ?

Je pense que chaque groupe représente une part de moi à un moment précis. THE VIOLENT HOUR est celle qui me semble la plus précieuse, car le contenu des paroles n’appartient qu’à moi. Ces chansons m’ont aidée à traverser une période difficile et m’ont fait redécouvrir le processus créatif. Elles me rappellent aussi la Carla que j’étais à 16 ans, ce qu’elle aimait et cela me parle beaucoup également.

– Au regard de tes autres expériences musicales qui sont nettement plus Metal, tu donnes l’impression ici de t’épanouir pleinement dans ce Hard’n Heavy, qui se veut aussi plus intemporel. Et vocalement aussi, ta palette s’est agrandie. Est-ce que tu te sens plus libre au niveau du chant avec THE VIOLENT HOUR ?

Pour être honnête, au début, j’avais peur d’écrire ces chansons. Je pensais qu’après tant d’années à chanter avec une voix gutturale, c’était peut-être juste ça que les gens voulaient entendre de moi. En fait, quand j’ai essayé de les chanter pour la première fois, j’avais presque l’impression que ma voix était prisonnière. J’avais peur de la faire sortir. Puis, à un moment donné, pendant l’écriture, j’ai eu un déclic et j’ai commencé à m’amuser. Et ces voix que je n’ai jamais l’occasion d’utiliser ont commencé à jaillir de moi. Et même si j’ai toujours aimé le Metal, j’aime tout autant, peut-être même plus, le Hard Rock. Le premier groupe que j’ai vraiment adoré était Guns N’ Roses.

– « The Violent Hour » a été réalisé avec Charlie Benante d’Anthrax, multi-instrumentiste et producteur de l’EP. Comment s’est passée cette collaboration et, avant cela, votre rencontre, car vous œuvrez tous les deux dans des registres assez différents ?

Charlie et moi nous sommes rencontrés à un festival de musique où nous jouions tous les deux en 2014. Je crois que c’était le ‘KnotFest’. Mon groupe avait repris un morceau de SOD, « Pussy Whiped », et il m’a demandé pourquoi nous avions choisi de l’interpréter. Nous avons commencé à sortir ensemble en 2015 et la suite appartient à l’Histoire. Bien que nous ayons improvisé quelques morceaux ensemble pendant le Covid, nous n’avions pas vraiment collaboré comme nous le faisons maintenant.

Quand la séparation des Butcher Babies a eu lieu, je pense que Charlie a compris que je faisais le deuil de ce groupe que j’avais créé. Je ne savais pas ce qui m’attendait musicalement, mais il savait que je n’étais pas prête à abandonner. Il m’a en quelque sorte fait arrêter de me complaire dans la tristesse du moment en me disant : « Lève-toi, aujourd’hui, on va écrire, on va composer ! ». Et il a commencé à me proposer des idées qui me parlaient vraiment, car il connaît toutes mes premières influences. Par exemple, il savait que j’adorais Aerosmith et Guns N’ Roses, et c’est ainsi qu’est née la chanson « Hell Or Hollywood ».

Ecrire est redevenu passionnant, car nous avons composé des chansons qui parlent vraiment à l’enfant qui sommeille en moi. C’était très différent que la composition avec un groupe complet, car Charlie a écrit et joué de tous les instruments… Mais je lui fais vraiment confiance musicalement. C’est très important quand on est juste tous les deux à faire de la musique.

– Tu signes donc les paroles des cinq chansons et elles paraissent très personnelles à l’image de « Hell Of Hollywood », justement. Avec ce projet, on a le sentiment que tu te dévoiles un peu plus. D’ailleurs, comme THE VIOLENT HOUR est une aventure en solo, pourquoi ne pas l’avoir présenté sous ton nom ?

Quand j’écris de la musique, je suis vraiment sincère. Je ne peux être qu’authentique. J’adore raconter des histoires, et celles que je connais le mieux sont les miennes. J’aime aussi l’idée de pouvoir aider l’auditeur à se sentir moins seul en partageant quelque chose à laquelle il peut s’identifier. Quant à mon travail actuel, j’ai toujours détesté les projets dits ‘solo’. Je n’ai jamais voulu être une artiste solo, car j’ai toujours adoré l’idée de faire partie d’un groupe. Plus jeune, j’adorais que chaque membre ait une personnalité distincte. THE VIOLENT HOUR sera un groupe… Il y a d’ailleurs déjà des musiciens en répétition avec moi pour préparer nos premiers concerts.

– Par ailleurs, est-ce que c’est l’importance prise par les plateformes numériques aujourd’hui qui t’a convaincu de sortir un format court plutôt qu’un album ? On reste un peu sur notre faim…

J’aimerais que plus de gens aient la capacité d’écouter un album complet de nos jours. C’est aussi pour cela que je voulais accorder à chaque chanson une attention particulière et lui donner de l’espace pour respirer. Mais il y en a d’autres en préparation, crois-moi ! (Sourires)

– En plus de Charlie Benante, tu accueilles des guests de renom sur cet EP. On retrouve John5 de Mötley Crüe sur « Sick Ones » et Zakk Wylde sur « Hell Or Hollywood », ainsi que le chanteur de Crobot, Brandon Yeagley, sur « Portland, Oregon ». Ce sont des musiciens que tu connais depuis longtemps et avec qui tu avais déjà travaillé ?

Je dois dire que je suis très fière de Charlie et de tout ce qu’il a fait avec ces chansons. Si les gens ne le voient que comme un batteur, leur opinion changera complètement après avoir écouté cet EP. Il joue de tous les instruments sur ces chansons, y compris la guitare slide. J’étais vraiment ravi d’avoir aussi John5, Zakk Wylde et Brando sur l’album. J’ai d’ailleurs participé à un morceau de John5 et j’ai tourné plusieurs fois avec Zakk et Black Label Society. Comme Charlie est très ami avec eux, donc c’était naturel de leur demander de participer. Il a aussi travaillé avec Brandon sur ses jams de confinement en 2020. Ils sont donc devenus amis. Comme c’est agréable d’avoir des amis talentueux ! (Rires)

– De quelle manière avez-vous travaillé ensemble, notamment pour le duo avec Brandon Yeagley, et les deux guitaristes ont-ils eu carte blanche ? 

Le duo que j’ai fait avec Brandon est une reprise de la chanteuse et compositrice Loretta Lynn. J’ai toujours adoré cette chanson. C’est un morceau de Country impertinent et sexy qui parle d’une aventure d’un soir. Elle la chante avec Jack White et j’ai trouvé que Brandon avait la voix parfaite pour la chanter avec moi. Et quand John5 et Zakk Wylde ont fait les solos sur « Sick Ones » et « Hell Or Hollywood », je leur ai laissé une totale liberté. Lorsque j’ai récupéré les solos, ils étaient honnêtement encore meilleurs que ce que j’imaginais. Je crois même que j’en ai pleuré. Je n’arrivais pas à croire que ces solos phénoménaux figuraient sur mes chansons. Ce fut un vrai moment d’émotion.

– D’ailleurs, à propos de ces featurings, avez-vous pu travailler directement ensemble, sachant qu’aujourd’hui beaucoup de choses se font à distance ?

Comme chacun a son propre home studio, tout s’est donc fait à distance. Mais bien sûr, je passe beaucoup de temps avec Zakk Wylde.

– Enfin, j’imagine que tu dois être impatiente de présenter ces nouveaux morceaux à ton public sur scène. Est-ce que des concerts sont déjà prévus et y intègreras-tu aussi des chansons de Butcher Babies ?

J’ai tellement hâte de voir THE VIOLENT HOUR en tournée. J’ai un groupe féminin incroyable, dont je rêve depuis des années. Je suis une grande fan du mouvement ‘Riot Grrl’ des années 90. Nos premiers concerts auront lieu en septembre avec Buckcherry et Michael Monroe, et nous jouerons uniquement des compositions originales de THE VIOLENT HOUR.

Le premier EP éponyme de THE VIOLENT HOUR est disponible chez Megaforce Records.

Photos : Lynn Yati (1, 3)

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Blues Soul / Funk

The Boneshakers : funky vibes

Rayonnant et électrisant sont les deux sentiments qui émergent de l’écoute de « Live To Be This », le nouvel opus de THE BONESHAKERS. Les Américains ont vu les choses en grand et entre duos, featurings et un esprit funky chevillé au corps, c’est un large panorama du Blues qui prend vie sur cette belle production. Groovy et cuivrée à souhait, c’est l’une des plus savoureuses du genre de l’année, dotée d’un esprit Soul irrésistible et d’une vivacité omniprésente.

THE BONESHAKERS

« Live To Be This »

(Gulf Coast Records)

Avec ce onzième album, le guitariste de Detroit Randy Jacobs et la chanteuse californienne Jenny Langer font une fois de plus parler la poudre et il se pourrait bien que « Live To Be This » soit même le meilleur disque des BONESHAKERS. Alliage de Blues et de Funk où vient s’inviter un Rythm’n Blues incandescent, on se balade ici entre la Motor City, Muscle Shoals et Memphis. De l’amour, du punch et de la Soul, tout cela resplendit grâce à ce duo hors-norme, qui a concocté une tracklist de rêve.

Alors que THE BONESHAKERS a accompagné la saxophoniste et chanteuse Mindi Abair le temps de nombreuses tournées et de plusieurs enregistrements, la renaissance vient sans doute de l’arrivée au chant de Jenny Langer sur « One Foot In The Groove » (2023). Etincelante, elle donne encore le meilleur sur « Live To Be This », constitué de titres originaux et de reprises aussi méconnues que surprenantes. Mais à travers les 14 chansons, le voyage est beau et surtout, il traverse plusieurs contrées musicales avec la même force.

Et afin de rendre cette nouvelle réalisation encore plus lumineuse, le tandem moteur de THE BONESHAKERS a convié quelques invités de renom. Dans ce beau feu d’artifice se succèdent Bobby Rush, Don Was, Charlie Musselwhite, Coco Montoya et Greg Bissonette derrière les fûts. Pour les covers, le groupe dépoussière et dynamise des chansons de Betty Davis, Iggy Pop, Jimmy Hall, Ike et Tina Turner, Screamin’ Jay Hawkins ou encore The Fabulous Thunderbirds. Eclectique, sensuel, puissant et soigné, les sensations exultent.

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Hard 70's Shock Rock

Alice Cooper : eternal shock

Déjà aperçus ensemble sur scène, ainsi que sur de récents albums solos de leur frontman, les musiciens de la formation originelle d’ALICE COOPER ont retrouvé le chemin des studios sous la houlette de leur non-moins mythique et historique producteur. Avec « The Revenge Of Alice Cooper », c’est un sentiment de téléportation qui se propage grâce à une énergie et une horrifique malice, qui planent sur cette belle réalisation. Plus de cinq décennies après leurs fracassants premiers pas, les Américains nous font oublier le poids des années avec classe et un charisme toujours aussi rebelle. 

ALICE COOPER

« The Revenge Of Alice Cooper »

(earMUSIC)

Raviver sa flamme sans trahir son essence a été le leitmotiv du retour du groupe ALICE COOPER. Car avant sa cavalcade en solo qui a marqué de manière indélébile l’Histoire du Rock et du Hard Rock, Vincent Furnier œuvrait avec le bassiste Dennis Dunaway, le guitariste Michael Bruce, le batteur Neil Smith et le regretté Glen Buxton, décédé en 1997, à la seconde guitare. Le combo avait mis un sacré coup de pied dans la fourmilière en créant le Shock Rock, un univers singulier fait de macabre et d’humour (très) noir, et qui a depuis fait des émules.

On peut donc considérer « The Revenge Of Alice Cooper » comme le huitième album d’ALICE COOPER et le successeur de « Muscle Of Love ». Même si, honnêtement, celui-ci n’atteint pas les sommets de « Love It To Death » (1971), « Killer », (1971), « School’s Out » (1972) ou le génial « Billion Dollar Babies » (1973), il a le mérite de nous replonger avec une certaine nostalgie dans une époque très créative. L’effet est d’autant plus visible que c’est le légendaire Bob Ezrin qui officie derrière la console et qui a même participé à l’écriture des morceaux.

La production est donc très organique, car la fine équipe s’est rendue dans un studio Old School du Connecticut pour y retrouver l’authenticité et la magie des débuts. Pari en partie remporté par cet ALICE COOPER 2.0, qui captive avec « Black Mamba », « Wild Ones », « What Happened To You », « Up All Night », « Blood On The Sun » et l’hommage à Buxton avec « See You On The Other Side ». C’est d’ailleurs le talentueux Gyasi qui aura le privilège de lui succéder sur scène. 14 titres (16 avec les bonus) qui fleurent bon l’insouciance des 70’s.

Retrouvez les deux chroniques des deux derniers albums solos du chanteur :

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Blues Rock

Joe Bonamassa : l’audace des grands

Un an après le magnifique « Live At The Hollywood Bowl With Orchestra », l’incontournable JOE BONAMASSA livre dix nouvelles compostions, où son Blues Rock s’offre des teintes funky, flirte avec le Hard Rock, brille sur des ballades acoustiques et se montre aussi très fringuant sur du Texas Swing. Rien ne lui résiste et la classe dont il fait preuve est toujours aussi éclatante et tout en émotion. « Breakthrough » le révèle au sommet de son art et on peut se demander jusqu’où il ira dans sa maîtrise du genre.

JOE BONAMASSA

« Breakthrough »

(J&R Adventures)

Hyper-prolifique et véritable bourreau de travail, JOE BONAMASSA est sur tous les fronts et ça fait plus de 25 ans que ça dure. Quand il n’est pas en tournée, il produit de jeunes artistes talentueux, soutient l’éducation musicale via sa fondation, organise des croisières bluesy et va poser quelques beaux solos sur les albums de ses amis. De Popa Chubby à Sammy Hagar, en passant par Larry McCray, Janiva Magness ou Jimmy Vivino rien que pour cette année, on ne compte plus ses featurings et il ne semble jamais rassasié… bien au contraire !

Si l’an dernier, il a aussi fait son retour avec Black Country Communion avec un cinquième album très relevé, cela ne l’a pas empêché de s’atteler à la composition de « Breakthrough ». Pour autant, JOE BONAMASSA ne s’est pas enfermé en studio pour s’y consacrer. Ce nouvel opus a été concocté et façonné lors de sessions en Grèce, en Egypte, à Nashville et à Los Angeles. Et si la chaleur de son jeu est la même, les couleurs sont plus métissées que jamais. L’Américain se montre d’ailleurs assez audacieux cette fois dans son approche. 

Toujours produit avec soin par son ami Kevin Shirley, « Breakthrough » vient confirmer plusieurs choses entrevues depuis quelques temps déjà. Nul besoin évidemment de revenir sur les talents de guitariste de JOE BONAMASSA. En revanche, vocalement, il s’affirme et s’est même considérablement amélioré. Très Rock, l’ensemble est parfaitement équilibré et le virtuose se met de plus en plus au service des morceaux, ce qui donne beaucoup de relief et surtout un côté plus fédérateur à ses titres. L’homme au costume donne encore la leçon.

Photo : Mick Savoia

Retrouvez les chroniques de ses derniers albums :

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Hard Blues Southern Rock

Two Wolf : the Indian shadow

Son groove est inimitable, tout comme le son de sa basse. Véritable institution du Rock Sudiste dans sa branche la plus musclée, proche du Hard Rock, Greg T Walker fait un retour discographique marquant avec la première réalisation de TWO WOLF. Puissant et rebelle, le jeu du quatuor fait feu de toutes parts avec des duels guitaristiques éclatants, une rythmique sismique et trois chanteurs explosifs. La Floride reste une place forte du Southern Rock, version survoltée.

TWO WOLF

« Two Wolf »

(Cleopatra Records)

Il aura fallu une dizaine d’années au légendaire Greg T Walker pour fixer enfin un solide line-up à TWO WOLF. Et s’il dirige l’ensemble, il faut reconnaître qu’il s’est entouré de fines gâchettes, à savoir l’excellent Lance Lopez et le non-moins électrisant Kris Bell. Les deux guitaristes, qui mènent de solides carrières de leur côté, se partagent le chant avec le Floridien et surtout rivalisent de fougue et de fraîcheur sur des riffs sauvages et des solos où ils se répondent  brillamment dans une belle tradition sudiste respectée.

Derrière les fûts, c’est Rusty Valentine qui hypnotise le groove avec le patron et offre une belle dynamique à ce premier album éponyme. Cela dit, l’emblématique bassiste, passé chez Lynyrd Skynyrd et surtout fondateur de Blackfoot, ne reste pas très éloigné de sa formation originelle. En effet, TWO WOLF reprend « Too Hard To Handle » et « Diary of A Working Man » (issus de l’album « Marauder », sorti en 1981) et « Fox Chase » (« Tomcattin’ » – 1980) dans des variantes qui sentent la poudre et prennent ici un bon coup de jeune.

Outre l’envie très compréhensible de revisiter ces morceaux avec cette belle armada, Greg T Walker se montre toujours aussi impressionnant sur des titres composés par Kris Bell (« Will I Believe », « The Wrong Road », « Livin’ For Tomorrow ») Lance Lopez (« Romeo »), ou co-écrits (« Traveler » avec feu-Jackson Spires et « Great Spirit » avec R Luciano). Entre un Hard Rock brut et un Southern Rock intemporel, TWO WOLF traverse les générations et fait le pont entre l’héritage de Blackfoot et l’énergie d’un Black Stone Cherry avec classe.

Photo : Darin Back

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Hard 70's Heavy metal

Joe Stump’s Tower Of Babel : 70’s shred

Etre à ce point inspiré par le Hard Rock et le Heavy Metal européen de la part d’un musicien américain aussi aguerri ne passe pas inaperçu et a même de quoi susciter la curiosité. C’est pourtant le cas du véloce JOE STUMP, qui ne s’en cache d’ailleurs pas et qui vient avec TOWER OF BABEL raviver une fibre 70’s, qui semble ne l’avoir jamais quitté. Cela dit, « Days Of Thunder » est vif, actuel et n’a de vintage que sa démarche. Un disque solide et vigoureux.

JOE STUMP’S TOWER OF BABEL

« Days Of Thunder »

(Silver Lining Music)

Alors qu’il a repris le flambeau il y a six ans chez Alcatrazz, qui a vu passer des virtuoses comme Yngwie J. Malmsteen ou Steve Vai, JOE STUMP continue de donner des cours au prestigieux Berklee College Of Music de Boston et de mener une carrière en solo, tout en ayant participant aussi à de nombreux projets. Cette fois, il est de retour sous la bannière de TOWER OF BABEL, son groupe avec lequel il avait sorti un premier effort en 2017, « Lake Of Fire ». Pour le style, rien ne change franchement. L’aventure continue !  

Et histoire peut-être aussi de ne pas revivre la même expérience, c’est avec un tout nouveau line-up qu’il présente « Days Of Thunder ». Sans détour, l’Américain affirme et assume pleinement les influences de Deep Purple et de Rainbow, dont ce deuxième album est presque un hommage. JOE STUMP’S TOWER OF BABEL s’inscrit dans cette lignée d’un Hard Rock épique et grandiloquent, parfaitement mis en perspective par des musiciens chevronnés chez qui l’on devine d’ailleurs aussi beaucoup de plaisir.

Au chant, on retrouve l’ancien frontman de Nightmare, Jo Amore, qui livre une prestation remarquable et toute en puissance. A ses côtés, Mark Cross (Firewind, Helloween) est à la batterie, Mistheria (Bruce Dickinson) aux claviers et Nic Angeleri (Jorn) à la basse. A y regarder de plus près, JOE STUMP’S TOWER OF BABEL est donc presque entièrement européen, ce qui convient en tous points au registre abordé. Le guitariste a su s’entourer et peut à l’envie déverser son shred sur ce « Days Of Thunder » inspiré et puissant.

Photo : Esther W Pink