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Heavy Stoner Psych Stoner Doom

Torpedo Torpedo : blasted orbit

Rarement un si jeune groupe aura paru aussi insaisissable. Si les premiers titres de ce premier opus peuvent laisser présager de la suite, le combo prend tout le monde à contre-pied avec une dextérité et une fluidité très réfléchies. Sans intellectualiser son style et son jeu, TORPEDO TORPEDO déploie beaucoup de sensibilité et de feeling. Le groupe sait déjà parfaitement où il va, et les émotions sur lesquelles il se meut font écho à un nombre impressionnant de courants musicaux. « Arrows Of Time » développe des allures cosmiques et accrocheuses avec une justesse puissante et très personnelle.

TORPEDO TORPEDO

« Arrows Of Time »

(Electric Fire Records)

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la scène Stoner autrichienne est d’une grande discrétion, pour ne pas dire d’une confidentialité presqu’absolue. Cela dit, les choses pourraient changer, car les Viennois font une entrée assez fracassante et surtout très convaincante avec leur premier album, « Arrows Of Time ». Après avoir sorti un premier EP de quatre titres en 2022 (« The Kuiper Belt Mantras »), TORPEDO TORPEDO se présente cette fois sur la longueur, ce qui permet de constater et de savourer toute la richesse et l’originalité de son Heavy Stoner Psych extrêmement varié.

Car, dans une ambiance assez cinématique, le power trio multiplie les embardées et se montre d’un éclectisme parfois surprenant. Empruntant au Space Rock, au post-Rock, au Doom essentiellement, mais aussi en glissant quelques touches bluesy dans les guitares, on y décèle même des réminiscences Grunge dans la voix. Autant dire que les membres de TORPEDO TORPEDO ont parfaitement assimilé un nombre important de styles et, même en opposition, ils parviennent à leur donner vie dans une unité bluffante et singulière. Une belle preuve d’intelligence et de maîtrise.

Résumer « Arrows Of Time » en quelques mots est peine perdue, puisque chacun des huit morceaux sont très différents dans leur approche. Pourtant, on s’y retrouve ! TORPEDO TORPEDO prend le soin de ne pas nous perdre en route, malgré des envolées aériennes qui viennent côtoyer des déflagrations chaotiques volcaniques dans un Doom Metal lourd. Ecrasant, mais terriblement groovy, ce premier effort joue sur une technique, plus qu’une technicité, dans des atmosphères qui peuvent être intrigantes, légères, progressives, enivrantes ou carrément épiques. Spectaculaire !

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Blues Rock Heavy Blues International

Erja Lyytinen : the northern star [Interview]

Très explosif et féminin, ce nouvel album de la Finlandaise vient bousculer le Blues déjà très Rock, auquel elle nous a habitués depuis une vingtaine d’année maintenant. Toujours aussi virtuose, elle sait aussi se faire plus sensuelle vocalement, soufflant le chaud et le froid à grand renfort de cette slide incroyable, dont elle a le secret. « Smell The Roses » sonne comme un retour aux fondamentaux, où le superflu n’a pas sa place. ERJA LYYTINEN offre une production très personnelle, intime et la fougue dont elle fait preuve ici ne laisse pas de place à l’hésitation. Rencontre avec une artiste passionnée et grande technicienne, qui se nourrit d’une sincérité de chaque instant.   

– « Smell The Roses » est l’un de tes albums le plus Rock et le plus brut, et pourtant on te voit poser avec une belle rose rouge. Quel contraste, ou sur quel paradoxe, as-tu voulu jouer sur cette pochette ?

Mon intention était de créer quelque chose de nouveau sur la pochette de l’album. Dès que j’ai su que le titre serait « Smell The Roses », j’ai voulu poser avec une rose, mais sous un angle différent de d’habitude. Sur la pochette, je la tiens dans ma bouche et mon expression légèrement surprise me dit : mais qu’est-ce que c’est ? Je voulais faire quelque chose de rafraîchissant, quelque chose qui donne envie de s’arrêter et de regarder à nouveau et de se demander ce qui se passe. Et pour les photos promotionnelles, nous avons opté pour un style plus classique, où la rose est idéalement placée entre les cordes de ma guitare. Il y a donc deux types de poses avec la rose. Et je trouve qu’elle va très bien avec le Rock !

– L’impression qui domine à l’écoute de « Smell The Roses », c’est cette production très épurée et sans fioritures, très instinctive. Est-ce que ton objectif était d’aller à l’essentiel, de ne pas trop d’encombrer d’arrangements superflus en livrant une expression très directe de tes chansons ?

Avec « Smell The Roses », je voulais faire un album purement Rock avec un groupe en formation classique. Et une guitare électrique, un orgue Hammond, une basse et une batterie constituent une base solide. Il n’y a pas beaucoup de superpositions. Nous voulions une ambiance live et créer des chansons et des sonorités qui donnent envie de se dire ‘Ouais, c’est du Rock !’. C’est mon album le plus heavy à ce jour, et j’y ai joué beaucoup de riffs de guitares. C’était rafraîchissant de faire simple. Je trouve qu’on a trop de fouillis de nos jours… trop de matériel, trop de tout. Donc, rester simple et directe, avec un esprit Rock des années 60 et 70 était vraiment l’objectif et nous y sommes parvenus.

– Cette fois encore, tu produis ce nouvel album. On peut facilement comprendre ton désir d’avoir la main sur tes chansons du début à la fin. Cependant, avec l’expérience que tu as aujourd’hui, tu n’as jamais été tenté par faire appel à un producteur américain, ou anglais, de renommée mondiale et qui t’ouvrirait peut-être nouveaux horizons musicaux, comme tu l’avais déjà fait avec David et Kinney Kimbrough dans le passé, par exemple ?

Oui, bien sûr, j’ai été tentée de faire appel à des producteurs de renommée mondiale ! Cependant, j’ai moi-même une vision claire et je n’ai pas peur de prendre des décisions. J’ai aussi enregistré moi-même mes solos de guitare et mes voix pour l’album, et j’apprécie beaucoup ce processus. Pour beaucoup d’artistes indépendants, produire ses propres enregistrements est aussi une option économique. J’ai adoré travailler avec Chris Kimsey et nous restons en contact. L’enregistrement de « Stolen Hearts » aux studios ‘State Of The Ark’ à Londres avec lui a été une expérience formidable en 2016. Il y a aussi des producteurs avec qui il serait intéressant de produire les prochains albums. On verra bien ce que l’avenir nous réserve pour la suite. Mais produire « Smell The Roses » seule était intéressant et assez facile, car je travaille avec mon groupe et mon ingénieur du son depuis un certain temps déjà. Tout s’est donc bien passé.

– Sur ce nouvel album, il y a des chansons comme « Going To Hell », « Abyss » ou « Empty Hours », qui sont très profondes avec des textes forts pleins de sens. Ce n’est pas la première fois que tu fais preuve d’autant d’audace, mais la thématique est peut-être plus sombre et plus dure aussi cette fois. C’est le monde actuel avec ses allures de chaos qui t’a poussé à aller dans ce sens ?

Le monde est dans un état étrange en ce moment et cela doit aussi se refléter dans la musique. Il y a aussi quelques ‘démons personnels’ que je libère toujours dans mes albums. Bien sûr, il y a aussi beaucoup de fiction, l’objectif étant d’émouvoir l’auditeur, de l’inciter à s’arrêter, à écouter et à trouver sa propre signification dans les chansons. Mais oui, cet album est bien plus sombre que mes précédents. Je n’ai pas peur d’aborder des sujets difficiles et d’apporter une touche de mysticisme à mes chansons. Par exemple, « Stoney Creek » est une histoire mystérieuse, qui n’a pas encore été résolue. Je trouve fascinant d’écrire des paroles dignes d’un film… de peindre un tableau pour l’auditeur.

– Tu as également multiplié les collaborations tout au long de ta carrière, dont beaucoup de très prestigieuses. Avec « Smell The Roses », tu donnes l’impression de vouloir revenir à quelque chose de plus personnel et de plus intime. Tu avais l’envie de revenir à l’essence-même de ton Blues Rock et à un style peut-être plus débridé ?

Personnel et intime, voilà ce dont nous avons besoin en ce moment. De l’honnêteté et de la sincérité. C’est la meilleure façon de toucher les gens : être ouvert et franc. C’est difficile pour nous, les gens, d’avoir ce genre de choses. Cet album doit être nouveau de ce point de vue, et je suppose que c’est pour cela que les gens l’apprécient. En écrivant les chansons, je ne voulais me limiter en aucune façon. La simplicité réside dans la production, mais les solos de guitare sont très intenses et je me suis efforcé de jouer différemment sur cet album que sur le précédent, « Waiting For The Daylight ». L’album est donc orienté Blues et Rock avec quelques touches de Hard Rock.

– Tu as déjà sorti cinq albums live et, justement, « Smell The Roses » a une sonorité très live et immédiate. Toi qui es une artiste de scène, tu as ressenti le besoin de revenir à un enregistrement qui se rapproche de tes prestations en concert ?

J’adore jouer en live. Et en écrivant pour cet album, j’ai aussi réfléchi à ce que j’aimerais jouer sur scène ces deux prochaines années. Nous avons aussi répété les morceaux avec mon groupe pendant les balances de notre tournée européenne et cela a dû influencer le matériel : les chansons fonctionnent sur scène comme sur l’album. Il est très organique. Nous avons déjà joué beaucoup de morceaux en concert et ils fonctionnent très bien en live. Je n’ai pas eu besoin de composer grand-chose pour mes parties de guitare. Donc, pour moi, c’est parfait !

– Justement, puisqu’on parle de concert, tu as aussi sorti il y a quelques semaines l’album « 20 Years Of Blues Rock ! » enregistré dans ta ville natale d’Helsinki pour marquer les 20 ans de ton premier album « Wildflower ». C’est un disque très fort émotionnellement. Quel regard portes-tu sur cet album par rapport à « Diamonds on the Road – Live », notamment, qui était sorti l’année précédente ? Le premier est-il plutôt destiné à tes fans de la première heure ?

« 20 Years of Blues Rock! » est un album live que nous avons enregistré lors de mon concert pour les 20 ans de ma carrière au légendaire ‘Tavastia Club’ d’Helsinki. L’album comprend deux CD et un DVD, ce qui en fait un disque vraiment sympa. J’avais invité toutes mes sections rythmiques depuis 2003 à jouer ce soir-là. Il y avait donc cinq bassistes, cinq batteurs et plein d’autres invités. C’était très nostalgique, très exaltant, une longue soirée pleine de souvenirs ! Nous avons joué des morceaux de chacun de mes albums studio avec les formations originales. C’était vraiment génial ! C’est donc un produit que nous allons continuer à proposer pendant un certain temps, car il s’adresse vraiment à mes fans de longue date, qui suivent ma carrière depuis l’enregistrement de mon premier album en 2003.

– En réécoutant ton album précédent, « Waiting For The Daylight », mais surtout tes albums live, j’ai noté une évolution dans ton jeu, pas au sens strictement technique, mais plutôt dans le jeu et la façon d’aborder les mélodies. Quel regard poses-tu justement sur ta façon de jouer ? Qu’est-ce qui a le plus changé, selon toi, dans ton rapport à ton instrument ?

Je joue de la guitare depuis plus de trente ans et c’est agréable d’entendre que les gens perçoivent mon évolution. Je n’ai pas peur de dépasser les limites et, aujourd’hui, j’essaie d’utiliser ouvertement tout ce que j’ai appris au fil des ans sur la guitare et la musique. Je suis donc très ouverte à l’exploration de cet instrument. J’apprécie également la musique progressive et la fusion. À l’époque, lorsque je jouais principalement dans les clubs de Blues, je ne pouvais pas vraiment jouer de musique progressive, mais aujourd’hui, je m’exprime plus librement, en espérant que mon public l’appréciera aussi. Et il semble qu’ils aient été plutôt satisfaits de mon approche plus Rock et progressive, que ce soit dans les mélodies ou les harmonies.

– Tu as toujours eu un son européen qu’on pourrait même qualifier de ‘nordique’ au regard de la scène britannique, par exemple. C’est ce qui te rend immédiatement identifiable et unique sur la scène Blues Rock mondiale. Justement quel regard portes-tu sur l’actuelle et  effervescente scène Blues, et notamment sur les femmes qui commencent enfin de plus en plus à occuper les premiers rangs ?

Mes origines finlandaises ont forcément un impact sur ma musique. C’est pourquoi je mélange mes racines nordiques avec la tradition du Rock et du Blues britannique et américain. C’est fascinant de voir de plus en plus de femmes évoluer dans le monde de la musique. Cela diversifie le secteur, offre davantage de possibilités aux femmes et aux jeunes filles et les encourage à suivre leur propre voie. Je pense que cela contribuera à l’essor de toute l’industrie. Quand j’ai commencé la guitare électrique à quinze ans, le paysage musical était très masculin, et le changement a été considérable ces dix dernières années.

– Enfin, avec son côté presque frontal, très Rock et parfois rugueux, « Smell The Roses » est peut-être l’album qui te ressemble le plus dans ses textes, mais aussi dans ton jeu, où tu sembles revenir à l’essentiel avec beaucoup de facilité d’ailleurs. Est-ce que tu te sens à un sommet de ta carrière aujourd’hui artistiquement ?

Eh bien, j’apprécie vraiment cette aventure ! Certaines choses me semblent beaucoup plus faciles aujourd’hui. J’ai un groupe et une équipe formidables avec qui travailler, j’aime jouer en live et écrire des chansons. Je suis heureuse et c’est particulièrement important. Le chemin a été long pour en arriver là, mais je sens qu’il y a encore beaucoup à faire. En tout cas, j’ai très envie de continuer et de découvrir ce que l’avenir nous réserve de génial !

Le nouvel album d’ERJA LYYTINEN, « Smell The Roses », sort le 28 mars chez Tuohi Records. Elle sera par ailleurs en tournée en Angleterre du 2 au 13 avril. Toutes les infos et les dates sont à retrouver sur son site : https://erjalyytinen.com

Photos : Ville Juurikkala

Retrouvez aussi les chroniques de ses derniers albums :

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Heavy metal Old School

Tower : dark clouds

Séduisants et implacables, les New-Yorkais présentent un double-visage au sein d’un même univers aux contours démoniaques, où cohabitent fées et sorcières, toutes incarnées par sa frontwoman. Enveloppé d’un voile Old School à la fois rassurant et obscur, « Let There Be Dark » fait un retour aux racines d’un Metal très Heavy et parfois même assez Rock. Une belle combinaison, qui promet des rebondissements surprenants et intenses. TOWER impose sa marque avec force et talent avec une troisième réalisation très Dark à la hauteur de ses ambitions.

TOWER

« Let There Be Dark »

(Cruz Del Sur Music)

Fondé il y a une dizaine d’années, TOWER signe avec « Let There Be Dark » son album le plus convaincant que ce soit au niveau de la composition que de la production. Cette dernière est d’ailleurs, tout comme l’enregistrement, l’œuvre d’Arthur Rizk qui a travaillé notamment avec Blood Incantation, Cavalera Conspiracy et King Diamond. Un gage de sérieux et d’expérience qui se ressent sur ce troisième opus distillé dans un Heavy Metal classique et traditionnel, mais non sans originalité et percussion.

Après un changement de batteur il y a trois ans, TOWER semble sur de solides rails et ses intentions sont claires : allier puissance et mélodie. Pari remporté avec « Let There Be Dark » qui affiche de belles capacités et surtout une prédisposition à se projeter avec détermination et beaucoup de finesse. Emmené par Sarabeth Linden qui fait presqu’office de prêtresse, le quintet est plein d’ambition, à commencer par celle de redynamiser et de réhabiliter un Heavy Metal originel un brin occulte et dans des sonorités vintage.

Jouant sur son côté ténébreux et envoûtant, la chanteuse du groupe se meut entre les avalanches de riffs, les solos survoltés et le galopant duo basse/batterie. Et c’est précisément ce qui fait la force des Américains, ainsi que leur identité. TOWER se montre fluide, mystique même et enchaîne les morceaux avec beaucoup de confiance (« Under the Chapel », « Book Of The Hidden », « Iron Clad », « The Hammer »). Epique et accrocheur, « Let The Be Dark » marque le franchissement d’un cap dans le parcours du combo.

Photo : Eva Tusquets

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AOR Hard FM Melodic Rock

Heart Line : masterclass

C’est la passe de trois pour le combo le plus en vue de notre beau pays en termes de Hard FM et d’AOR avec une nouvelle et époustouflante réalisation, qui prend enfin la pleine mesure des grandes prédispositions de ses membres. Sur des lignes de chant entêtantes avec des refrains dévastateurs, des parties de guitares de haut vol et une vélocité globale intense, HEART LINE pousse le plaisir à son paroxysme avec une déconcertante facilité. « Falling Heaven » vient réveiller une scène qui renaît grâce à des formations de son calibre.

HEART LINE

« Falling Heaven »

(Pride & Joy Music)

Avec déjà deux albums à son actif et un EP de reprises en guise de gourmandise, HEART LINE surfe sur une belle dynamique et ce n’est certainement pas la sortie de ce troisième et vivifiant opus qui risque d’y mettre un frein. Bien au contraire, « Falling Heaven » vient solidifier l’assiste prise par les Bretons depuis leurs débuts. En quatre années seulement, ils ont laissé exploser leur talent, leur complémentarité, leur expérience et leur créativité dans un style auquel ils sont totalement dévoués, un Hard FM très fédérateur.

Ce qu’il y a de plus frappant sur « Falling Heaven », c’est cette touche et ce son qui sont aujourd’hui immédiatement identifiables. HEART LINE s’était jusqu’ici contenté de laisser quelques indices sur ses morceaux, et voilà que son identité musicale jaillit comme une évidence. La guitare, bien sûr, en parfait équilibre avec les claviers, le groove d’une paire basse/batterie au diapason et une voix qui porte avec autant de puissance que de mélodie, la recette paraît simple et le résultat est éclatant de vérité.

Et cette fois, l’ensemble est aussi plus musclé et plus compact. HEART LINE joue sur une spontanéité avec un côté rentre-dedans qui lui va si bien. Les riffs accrocheurs s’enchaînent avec un enthousiasme palpable, tout comme les solos qui rivalisent d’ingéniosité sans être trop démonstratifs. Caractérisé par une belle audace, « Falling Heaven » exalte et exulte. Alors, même si le genre reste toujours confidentiel dans l’hexagone, une chose est sûre : si nul n’est prophète en son pays, HEART LINE pourrait bien être notre nouveau messie.

Retrouvez les interviews du groupe…

… Et les chroniques :

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Hard Rock

Ricky Warwick : riffs dealer

Multipliant les riffs efficaces et acérés et les solos exaltés, ce nouvel opus de RICKY WARWICK s’inscrit dans la lignée de ce qu’il a l’habitude de proposer et sa classe naturelle et son éthique tellement Rock’n’Roll font encore la différence. Le musicien porte ici un regard lucide sur sa vie et sa carrière à travers des morceaux bruts, puissants et profonds qui traversent eux aussi des ambiances très diverses. Et L’Irlandais croise même le fer avec quelques amis et accueille une grande Dame, qui lui fait même l’honneur de jouer sur un instrument devenu emblématique.

RICKY WARWICK

« Blood Ties »

(Earache Records)

Originaire du comté de Down au nord de l’Ulster, RICKY WARWICK est toujours aussi prolifique et ce neuvième effort solo vient confirmer sa belle créativité. Il faut croire que le leader de Black Star Riders et des Ecossais de The Almighty en a encore sous le pied et que son Hard Rock ‘so british’ n’est pas près de s’éteindre. Celui qui fut aussi un temps chanteur de Thin Lizzy dans son ultime line-up a reconduit sa collaboration avec Keith Nelson, guitariste de Buckcherry, qui assure à « Blood Ties » une production soignée.

Hérité des années 80/90 et marqué par son passage dans la formation du grand Phil Lynott, le Hard Rock de RICKY WARWICK parvient encore et toujours à se montrer actuel. Cela dit, le chanteur paraît aussi assez nostalgique dans ses réalisations personnelles, bien plus qu’en groupe d’ailleurs, mais sans tomber dans la mélancolie pour autant. Et « Blood Ties » se veut dynamique, tout en restant très mélodique. L’Irlandais entretient son goût d’un certain classicisme, ce qui le rend si familier et incroyablement fédérateur. 

Comme son précédent disque en 2021, RICKY WARWICK n’est pas seul et a invité du beau monde. On retrouve tout d’abord le guitariste de The Cult, Billy Duffy, sur le bouillonnant « The Hell Of me And You », puis son homologue des Blackberry Smoke, Charlie Starr, sur le groovy et sleazy « Rise And Grind ». Un plaisir entre six-cordistes, qui ne s’arrête pas là, puisque la dernière guest n’est autre que la légendaire Lita Ford pour un duo aux allures de ballade Americana, « Don’t Leave Me In The Dark », sa guitare des Runaway dans les mains.

Retrouvez aussi la chronique du précédent album :

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Acoustic Rock Alternative Rock France Grunge Rock Progressif

Damage Done : closer songs [Interview]

A l’écoute de ce premier album de DAMAGE DONE, c’est tout d’abord cette ambiance très familière qui séduit, tant elle captive et peut même rappeler quelques souvenirs. La deuxième surprise vient du fait que le quatuor évolue entièrement en acoustique, soutenu par une rythmique légère et aérienne et quelques discrets claviers. Une approche qui nous renvoie forcément aux légendaires concerts d’une certaine chaîne musicale américaine dans les années 90. Cependant, pas l’ombre d’une quelconque nostalgie sur « Stranger Skies », qui nous transporte dans un univers très immersif avec une rare proximité. Les Français s’aventurent avec talent dans des chemins tracés par Pearl Jam ou Alice In Chains. Rencontre avec le chanteur Romaric Lamare et le guitariste Florian Saulnier.

– Cinq ans après un premier deux-titres, « The Fire », DAMAGE DONE livre enfin son premier album. « Stranger Skies » s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de l’EP. Est-ce que vous avez été ralenti dans votre élan par la pandémie, ou vous a-t-il fallu plus de temps pour l’écrire et le composer ?

Florian Saulnier (guitare lead, voix) : En 2020, on ne pensait clairement pas sortir l’album cinq ans plus tard. Le contexte de la pandémie nous a beaucoup ralentis et le groupe n’était pas encore au complet. En voyant que l’on allait devoir repousser le projet de l’album, même si peut-être la moitié des morceaux étaient déjà là, on tenait quand même à offrir un aperçu de ce qu’allait être cet album. « The Fire » a été enregistré chacun chez soi et n’a pas bénéficié d’une production optimale, mais il a tout de même permis de montrer une première facette de notre univers et c’était vraiment l’objectif de ce premier EP. Par la suite, on a pu compléter le groupe et finaliser les morceaux sur les aspects rythmiques et les arrangements. Ça a pris plus de temps que prévu initialement et par la suite, l’enregistrement de l’album a dû être réalisé sur six mois environ. Finalement, « Stranger Skies » arrive plus tard que ce que l’on aurait aimé, mais il sort avec les directions sonores et les choix artistiques qui correspondent pleinement à notre vision.

Romaric Lamare (chant, guitare) : Ce qui est intéressant, c’est que c’est à peu près à cette période qu’on a commencé à trouver notre rythme de composition. Et c’est à la sortie de la  pandémie qu’on a commencé à vouloir affiner l’évolution de notre musique.

– En tout cas, l’évolution musicale du groupe est très nette. J’ai le sentiment que « Stranger Skies » vous apporte aussi cette identité claire qui vous manquait peut-être avec, notamment, un son plus personnel. Sans parler forcément de maturité, avez-vous pu cette fois aller jusqu’au bout de vos idées ?

Florian : « Stranger Skies » a été composé sur la durée et je pense pouvoir dire qu’on a évolué dans notre style, et donc dans notre son, pendant la composition de ces morceaux.  On s’est pas mal attardé sur la direction vers laquelle on voulait emmener notre musique. Finalement, on a développé ce côté ‘Rock/Grunge’ en quelque chose d’un peu plus aérien et beaucoup plus arrangé que ce qu’étaient les morceaux du groupe à la base. C’est ce qui marque la différence entre « The Fire » et « Stranger Skies ». On a pu donner plus de profondeur à nos morceaux, tout en explorant des textures sonores que l’on n’avait pas imaginées à la base. Quelque part, on a mieux défini le style du groupe, tout en restant fidèles à nos premières inspirations.

– Etonnamment, on retrouve les deux chansons de « The Fire », c’est-à-dire le morceau-titre et « Dead End Run » dans des versions plus dynamiques et avec un relief nouveau. Vous teniez absolument à ce qu’elles soient présentes sur « Stranger Skies » ? Pour quelles raisons ? Et l’idée était-elle aussi de leur donner un nouvel éclat ?

Florian : Complètement car, à nos yeux, les morceaux n’avaient pas pu profiter d’une production optimale. Et même si effectivement, l’album sort cinq ans après cet EP, ces chansons faisaient partie intégrante de l’album au début du projet. On a donc pu, plus ou moins, les développer et les réarranger dans le sens du reste des compositions.

Romaric : Ça nous tenait à cœur que ces morceaux soient sur l’album et qu’ils bénéficient du même traitement que les autres, que ce soit en termes de production, comme le dit Flo, mais aussi en termes d’exposition et de diffusion.

– Ce premier album est également très bien produit et il met en valeur des arrangements qu’on ne trouvait pas sur l’EP, qui était plus brut dans l’approche. Est-ce que lorsqu’on propose une musique acoustique, ou semi-acoustique, c’est un travail plus important dans le sens où vous vous mettez peut-être plus à nu ? 

Romaric : Tout dépend de l’approche qu’on recherche. On aurait pu faire le choix de rester sur quelque chose de plus dépouillé et brut, mais ça ne cadrait pas avec notre vision. L’idée est vraiment de faire le lien entre le côté intimiste de l’acoustique et le côté plus immersif et moderne avec des arrangements discrets, mais qui permettent d’emporter encore plus l’auditeur avec nous.

– On l’a dit, DAMAGE DONE est apparu en 2020, une période où l’acoustique n’était pas un style très répandu, pour ne parler que du monde du Rock. Comment prend-on la décision de s’aventurer dans un tel registre, qui est devenu depuis la fin des 90’s très confidentiel ?

Florian : Je ne pense pas que l’on puisse vraiment parler de prise de décision. C’est surtout une question d’envie et de ce qui nous touche depuis pas mal de temps déjà. Au début du projet, on s’est retrouvé avec la même passion pour des morceaux que l’on chantait avec notre guitare chacun de notre côté. Après avoir passé pas mal de temps sur des reprises d’Alice In Chains, Pearl Jam ou d’autres artistes plus ‘Folk’ comme Ray LaMontagne ou même Neil Young, nos premières compositions étaient largement orientées. On a parlé précédemment des changements dans notre style qui sont venus un peu après, pendant le travail sur les morceaux, mais à la base que ce soient nos compositions ou notre style en lui-même, tout est vraiment venu naturellement.

– Justement, restons un peu sur ces fameuses années 90, et les légendaires ‘MTV Unplugged’, dont vous ne cachez d’ailleurs pas l’influence qu’elle a eu sur le groupe. Est-ce qu’il y a aujourd’hui un manque de ce côté-là, celui d’un Rock plus léger et aérien, qui ne se cache pas derrière un mur de guitare et qui laisse apparaître une authenticité réelle et palpable ?

Romaric : C’est encore une question de parti-pris. Mais si on s’y intéresse, il y en a pour tous les goûts. L’idée de l’acoustique, c’est en effet de rester au plus près des émotions, avec une sorte de fragilité et de simplicité, car on est plus à nu. Il y a tout de même pas mal d’artistes qui explorent cette voie acoustique, que ce soit le temps d’un album, ou bien de façon plus permanente. Il y a même des groupes qui, tout en restant électriques, arrivent à garder cette légèreté et ce côté aérien. Donc, je ne pense pas qu’on puisse dire qu’il y a un manque, simplement différentes approches. Pour nous, l’acoustique s’est imposée naturellement, parce que c’est ainsi qu’on se sent le plus à l’aise pour s’exprimer et transmettre ce qu’on a envie de partager.

 – D’ailleurs, même si DAMAGE DONE se présente en acoustique, on retrouve cette même touche dans d’autres registres comme la Folk, l’Americana ou le Blues. Et cela revient même en force. Même si vous restez dans un style très Rock et légèrement progressif, sentez-vous une certaine proximité avec ces autres genres, essentiellement américains d’ailleurs ?

Romaric : Oui, il y a forcément une sorte de proximité, et comme l’a dit Flo, on a pas mal écouté des artistes comme Brother Dege, Neil Young, Ray LaMontagne et d’autres, qui sont issus de ces genres… Aujourd’hui je pense qu’on s’en éloigne un peu avec quelque chose d’un peu plus progressif, mais on garde toujours cette connexion avec la Folk et ce côté plus Rock, ou Grunge pour faire court. Ça restera quelque chose qui est dans l’ADN du groupe et  le mien notamment dans ma façon de chanter. Ce sont aussi les styles où je me sens le plus à l’aise pour exprimer ce que j’ai à sortir.

– Revenons à « Stranger Skies », où l’on retrouve une douce mélancolie, qui colle souvent au style, c’est vrai. La prestation vocale est d’ailleurs incroyable, tant elle dégage une vérité dans l’engagement comme dans les textes. On a presque l’impression que la voix porte l’ensemble ou, en tout cas, est là pour captiver immédiatement l’auditeur avec des intros assez courtes. C’est le style qui nécessite une telle approche, selon vous ?

Romaric : C’est certain que ce style se prête bien à cette mélancolie. Il a un côté plus organique et l’idée de départ était justement de mêler cette chaleur acoustique avec une voix qui renforce cette intimité, tout en ajoutant les harmonies de Flo pour apporter plus de profondeur et d’ambiances à l’ensemble. Le fait que nous ayons commencé à composer à deux sur une bonne moitié de l’album n’y est pas étranger non plus, car l’intention était vraiment de placer les guitares et les voix au cœur de la démarche.

– Si votre musique peut paraître très épurée de prime abord, on est finalement assez loin du compte, puisque quelques claviers et samples viennent en complément des deux guitares et d’une rythmique électro-acoustique. L’objectif était-il aussi d’apporter une richesse sonore supplémentaire à « Stranger Skies » ?

Romaric : Exactement ! L’arrivée d’Antoine à la batterie et de Victor à la basse nous a vraiment poussés dans cette direction. Victor est un touche-à-tout passionné de synthétiseurs et de samples, et nous avons pris le temps de travailler chaque morceau pour enrichir les ambiances et la palette sonore. De son côté, Antoine a apporté son toucher et sa précision rythmique, donnant à l’album un juste équilibre entre intimité et une dynamique subtile.

– Enfin, on a l’impression qu’un style comme le vôtre se prête aussi à des endroits plus petits et des ambiances peut-être plus cosy et feutrées. Est-ce que c’est quelque chose que vous recherchez : une grande proximité avec votre public, plutôt que des lieux trop grands et peut-être mal adaptés ?

Florian : Alors, c’est ce que l’on recherche, mais peut-être pas entièrement. Et c’est clair aussi que l’on adore ces concerts donnés dans des endroits plus ‘petits’, car on va pouvoir aisément créer cette atmosphère intimiste qu’on affectionne beaucoup.

Romaric : Oui, ce qui compte vraiment pour nous, c’est l’atmosphère du concert. Peu importe la taille du lieu, tant que l’on arrive à créer cette bulle où la musique prend toute sa place. La proximité avec le public, c’est quelque chose de fort, mais on a aussi besoin que les conditions soient bonnes : un bon son, une belle écoute… C’est ça qui permet de transmettre pleinement l’émotion et de faire vivre les morceaux comme ils ont été pensés.

L’album de DAMAGE DONE, « Stranger Skies », sera disponible le 28 mars chez Klonosphere.

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Doom Folk Metal Metal Progressif

Dun Ringill : evil church

Une rythmique lourde, des riffs où s’entremêlent twin-guitars imposantes aux côtés de solos épiques et un chanteur littéralement possédé par son propos, les recettes de DUN RINGILL font encore des merveilles sur le deuxième volume de la sage entreprise il y a maintenant deux ans. Un projet audacieux, et mené de main de maître par son compositeur et bassiste Patrick Andersson, qui offre au Folk Metal Progressif de  « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » un relief inédit et une dimension aussi étrange que singulière.

DUN RINGILL

« 150 – Where The Old Gods Play Act 2 »

(The Sign Records)

Deux ans après un premier acte saisissant, DUN RINGILL nous livre le second et ce « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » est largement à la hauteur des attentes placées en lui. Un changement de batteur plus tard, revoici donc les Suédois qui mettent un terme à cette histoire pour le moins tourmentée. Pour rappel, nous sommes au début du XXème siècle en Ecosse et on suit les manipulations de l’Église par un prêtre aux desseins secrets et malveillants. C’est par le prisme de l’empreinte ecclésiastique sur la population que Lucia, le personnage principal, nous guide dans ses ténébreuses pérégrinations.

Et si le thème est particulièrement obscur, le musique de DUN RINGILL est en parfaite adéquation, tant l’atmosphère dans laquelle il nous plonge a des aspects terrifiants. Même si des sonorités de flûte et de violon laissent entrer par fragments une petite lumière, le Doom Folk vient très vite l’absorber. Les Scandinaves se font les incroyables conteurs de cette effroyable épopée et leur registre, aussi narratif que pesant, n’a aucun mal à captiver. Par ailleurs, la prestation du frontman, Thomas Eriksson, reste l’un des atouts majeurs du disque, grâce à une polyvalence vocale presqu’ensorcelante sur certains morceaux.

Mais ne nous y trompons pas, le style de la formation nordique n’a rien de franchement contemplatif. Celle-ci sait aussi se faire très Heavy (« Dark Clouds Are Rising ») et surtout progressive comme sur les monumentaux « The Robe & Crown », « My Father » et surtout le génial « Lucias Monologue Part 1 & 2 » et ses presque dix minutes. DUN RINGILL parvient avec ce second volet à nous faire oublier les ombres de Skyclad et de Manilla Road présentes sur le premier. « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » délivre exactement la fraîcheur d’écriture et la puissance musicale attendues. Un concept-album magistral !

Retrouvez la chronique du premier acte :

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Hard Rock Rock US Rock/Hard

Dorothy : l’ascension

Chacun de ses disques est une montée en puissance phénoménale et « The Way » ne déroge pas à la règle. DOROTHY est devenue incontournable sur la scène Rock et Metal mondiale et elle ne doit ce constat qu’à une persévérance et une obstination qui ne la quittent jamais. La force qui guide l’artiste originaire de Budapest prend ici une ampleur incroyable, balayant sur son passage tous les doutes que l’on pourrait avoir sur son talent et ses capacités vocales. Elle joue en permanence sur la force des émotions avec beaucoup d’authenticité et surprend à chaque chanson.

DOROTHY

« The Way »

(Roc Nation)

Incontestablement la meilleure dans son registre, DOROTHY n’a pourtant pas eu le plus facile des parcours, loin de là. Arrivée à Los Angeles de sa Hongrie natale, elle a patiemment gravi les échelons depuis son premier et impressionnant album en 2016, « Rockisdead ». Depuis, la frontwoman tisse sa toile, multiplie les featurings, enflamme les salles et les festivals et nous livre aujourd’hui un quatrième opus détonnant. Avec « The Way », elle impose sa voix, d’une puissance et d’une clarté bien trop rare sur la scène actuelle féminine.

Résolument Hard Rock, DOROTHY se montre toujours aussi moderne dans l’approche comme dans la production. Une mise à jour effectuée à chaque nouvelle sortie. Aux côtés de Mme Martin, Sam Bam Koltun assène des riffs massifs et des solos racés, tandis qu’Eliot Lorango (basse) et Jake Hayden (batterie) font ronronner la machine de bien belle manière. Il n’y a rien de trop, et rien en manque, dans ce style en perpétuel mouvement. Le quatuor est d’une efficacité implacable et l’énergie déployée est à la mesure des ambitions affichées.

Déterminée et positive, la chanteuse percute et en impose quelque soit l’ambiance de ses morceaux. Très Heavy, DOROTHY est fidèle à un registre propre à la Cité des Anges (« I Come Alive », « The Devil I Know », « Unholy Water », « Puttin’ Out The Fire »). A noter aussi la présence explosive de Slash sur un « Tombstone Town » aux effluves Southern que l’on retrouve d’ailleurs parsemé au fil de « The Way ». Solide et mélodique, ce nouvel effort du combo laisse une belle impression de vérité (« Superhuman », « The Way »). Magistral !

Retrouvez la chronique de « Gifts From The Holy Ghost » :

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Blues Blues Rock Chicago Blues Delta Blues

ZZ Ward : all the Blues

Artiste accomplie au parcourt assez étonnant, ZZ WARD sort un quatrième opus plein de surprises en suivant ses choix et ses envies. Sur « Liberation », chaque titre est concis et direct et traverse les courants du Blues avec passion et beaucoup de facilité.  A la fois Roots, Blues Rock, Southern, aux sonorités du Delta comme sur un groove Honky-Tonk, la frontwoman se fait brûlante, poignante, délicate et forte. Vibrante et intense, l’Américaine est exaltante et conquérante. Une belle démonstration de feeling et de maîtrise.

ZZ WARD

« Liberation »

(Dirty Shine/Sun Records)

Chaque nouvelle sortie de ZZ WARD est dorénavant scrutée de très près et quelques mois après son arrivée sur le mythique label Sun Records qui avait été marqué par l’EP « Mother », elle nous livre « Liberation ». Et la songwriter de Roseburg, Oregon, se présente avec un quatrième opus étonnant à bien des égards. En effet, le successeur de « Dirty Shine », sorti il y a deux ans, est composé de quatre des six morceaux de son récent format court paru en octobre dernier, ainsi que de quelques classiques revisités et, bien sûr, de chansons originales.

Celles et ceux qui auraient manqué « Mother » ont donc le droit à une petite séance de rattrapage. La multi-instrumentiste a renouvelé sa confiance au producteur Ryan Spraker, ayant lui-même plusieurs cordes à son arc, et « Liberation » est un album qui n’aura jamais aussi bien porté son nom. Au fil des morceaux, on découvre ZZ WARD déclamant son amour du Blues, sans filtre et sans fard, que ce soit sur ses propres titres ou sur les reprises qu’elle a savamment choisi et qu’elle s’est approprié avec brio…. Une expression de la liberté plus flamboyante que jamais.

Libre et libérée, la chanteuse fait ce qu’elle veut et elle sait tout faire. A travers les 14 chansons de « Liberation », elle démontre sa polyvalence tout comme sa connaissance d’un répertoire Blues très large. Parmi les covers de Big John Hamilton, Son House, Robert Johnson ou Fats Domino, ZZ WARD fait plus qu’explorer l’Histoire du genre, elle la réinvente et lui offre une toute nouvelle couleur. Et en marge, on se délecte de ses compositions très personnelles et intimes (« Love Alive », « Liberation », « Lioness », « Clairvoyant », « Next To You »). Brillante ! 

Retrouvez les chroniques précédentes :

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Classic Rock Hard 70's

The Damn Truth : truth serum

Il y a des rencontres qui font des étincelles et, d’une côte à l’autre, le Canada a permis la connexion entre THE DAMN TRUTH et le producteur Bob Rock, qui s’est totalement reconnu dans la musique du combo. Grâce à de belles guitares, une rythmique groovy et une frontwoman qui a gagné en assurance, la formation de la Belle Province fait le pont entre un Hard Rock 70’s et des sensations très contemporaines avec beaucoup de saveurs et un plaisir palpable.

THE DAMN TRUTH

« The Damn Truth »

(Spectra Musique)

Il y a quatre ans, THE DAMN TRUTH faisait exploser son plafond de verre montréalais avec « Now Or Nowhere », un troisième album qui l’a révélé et l’a mené un très long moment sur les routes. Il faut reconnaître que les Québécois avait frappé fort avec une version très actuelle et pleine d’audace de Classic Rock, le tout produit par le grand Bob Rock qui n’avait pas hésité un instant à appliquer sa propre recette sur des morceaux entêtants et particulièrement enthousiastes. Et ils sont aujourd’hui tous de retour avec la même envie.

Enregistré à Vancouver dans les Warehouse Studios de Bryan Adams sur une période de deux mois, « The Damn Truth » se révèle comme la réalisation la plus aboutie du quatuor et si elle est éponyme, c’est aussi parce qu’elle le représente et le définit le mieux. Accrocheurs, mélodiques et hyper-Rock, les onze titres sont d’une énergie fulgurante. Même si la guitariste et chanteuse Lee-La Baum fait de plus en plus penser à Beth Hart dans sa façon de chanter haut, THE DAMN TRUTH impose une réelle identité.

Déjà convaincant sur les quatre singles sortis (« Love Outta Love », « I Just Gotta Let You Know », « The Willow » et « Better This Way »), le groupe dévoile de nouvelles facettes de son jeu et l’excellent travail effectué sur le son apporte puissance et relief à l’ensemble. Sensible sur la power-ballade « If I Don’t Make It Home » ou plus frontal sur « Addicted », THE DAMN TRUTH brille par la qualité du songwriting et des arrangements. Avec ses sonorités familières et fédératrices, « The Damn Truth » modernise le Hard Rock… vintage !

Photo : Natali Ortiz

Retrouvez l’interview du groupe en 2021 à la sortie de « Now Or Nowhere »…

… Et la chronique de l’album :