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Roots Rock Southern Blues Rock Southern Rock

The Commoners : southern kingdom

Le live est souvent l’épreuve de vérité et un passage obligatoire pour tous les musiciens, au-delà d’un plaisir total et d’un certain aboutissement. L’échange avec son public, une fois gravé, peut être à double-tranchant. Cependant, THE COMMONERS a réalisé de belles captations qui mettent en valeur, en relief et en perspective ce dont il est capable sur scène. L’énergie déployée sur ce « Live In The UK » gomme à elle seule quelques imperfections tout à fait acceptables et carrément pardonnables.

THE COMMONERS

« Live in the UK »

(Gypsy Soul Records)

Même si leurs débuts datent de 2016 avec « No Stranger », les Canadiens ont réellement pris leur envol avec « Find A Better Way », six ans plus tard. Depuis, ils ne cessent de tourner et ont sorti le très bon « Restless » l’année dernière. C’est justement lors de cette venue en Europe, en notamment en Angleterre, qu’ils ont enregistré ce « Live In The UK », fruit de plusieurs concerts. Et c’est vrai que les prestations de THE COMMONERS sont franchement explosives. On y retrouve toute l’énergie et l’enthousiasme de ses disques, le tout en symbiose avec son public.

Alors que le groupe s’apprête justement à fouler à nouveau les planches des salles du Royaume-Uni en élargissant cette fois sa venue en Europe à d’autres pays, ce « Live In The UK » tombe à pic, même s’il ne doit évidement rien au hasard. Passé ces considérations marketing, THE COMMONERS propose neuf morceaux issus de ses deux derniers témoignages et l’on découvre un quintet qui prend toute sa dimension sur scène. Et si l’on connait la précision et le soin apporté en studio, la fougue et l’aspect brut de ses titres sont tout aussi réjouissants.

Sans rien enlever à l’émotion qui transparait du répertoire de la formation de Toronto, son approche scénique est tout autre, et demeure très intéressante. Loin du confort du studio, c’est l’instantanéité de son jeu qui prend ici le dessus avec une sincérité et un côté très instinctif, qui nous ramènent aux fondamentaux de ce Southern Rock très roots. Finalement, c’est la communion avec ses fans qui prend tout son sens, peu importe le style, et de ce côté-là, les Nord-Américains montrent une authenticité qui nous transporte au cœur de la fosse avec un état d’esprit et une attitude hyper-Rock’n’Roll.

Photo : Halukgurer

Retrouvez justement les chroniques des deux derniers albums studio :

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Heavy metal Livre Rock

Des riffs et des bulles [Livres]

Le rapprochement entre la bande dessinée et l’univers du Metal et plus largement du Rock est assez évident et coule même de source. Pour preuve, la qualité des pochettes d’albums, notamment celles datant des années 70/80/90, avant l’arrivée du design à outrance et aujourd’hui de l’IA. Cela dit, les deux mondes sont faits pour s’entendre et se compléter. Les Editions Blueman se sont penchées sur le joyau d’IRON MAIDEN, « Piece Of Mind », tandis que Petit A Petit poursuit sa collection de Docu BD avec SERIAL ROCKERS, narrant les frasques de quelques Rock stars.

IRON MAIDEN / SERIAL ROCKERS

Honneur au plus emblématique groupe de Heavy Metal de tous les temps avec un focus sur un disque qui a autant fait parler qu’il a pu séduire par son audace et sa qualité dès sa sortie en 1983. A l’époque de sa parution, peu de gens imaginait que les Anglais d’IRON MAIDEN entreraient dans la légende avec neuf morceaux qui résonnement toujours, 40 ans plus tard. Présenté sous forme d’histoires courtes, on replonge avec délectation dans ce quatrième album de la ‘Vierge de Fer’ au fil de témoignages d’écrivains, d’artistes et de musiciens, dont Bruce Dickinson d’ailleurs. Chacun y va de son interprétation, laissant libre court à un imaginaire personnel, qui offre d’autres visions de cet opus hors-norme. Un précieux document qui continue de révéler ce chef-d’œuvre et qu’il convient, bien sûr, de parcourir en musique !

IRON MAIDEN, « Piece Of mind », Editions Blueman (152 pages – 20€)

Pour SERIAL ROCKERS, l’éventail est bien plus large. Les Editions Petit A Petit ne se contentent pas d’un seul registre musical, ni d’une même époque. Ce nouveau volume de la désormais incontournable collection Docu BD ravive avec malice et humour les méandres des faits d’armes les plus éloquents et improbables de la scène Rock internationale. Certes, il en manque bien quelques uns à l’appel, mais les présents ne sont pas des moindres et les anecdotes relatées ici en image valent leur pesant d’or. Suivant l’adage inhérent au style, il y est beaucoup question de sexe, d’alcool et de drogue et les nombreux dessinateurs s’en sont données à cœur-joie, en restant tout de même plus soft que la réalité de certains de leurs sujets. D’Ozzy à Bowie en passant par Kiss ou Alice Cooper, ces icones flirtent copieusement avec l’extravagance et l’excès dans ce SERIAL ROCKERS haletant et souvent drôle.

SERIAL ROCKERS, Editons Petit A Petit (120 Pages, 21,60€)

Les points communs ne manquent pas entre les deux ouvrages. Tout d’abord, ils ont été réalisés par des collectifs de dessinateurs, offrant aux visuels beaucoup de diversité à travers des changements d’ambiances constants. Ensuite, que ce soit pour IRON MAIDEN ou la pléthore de musiciens évoqués dans SERIAL ROCKERS, ils nous montrent à quel point ce registre, que l’on dit marginal et confidentiel, fait vivre l’Histoire de la musique depuis des décennies. Enfin, il y a quelques mois les Editions Petit A Petit avaient paru un Docu BD très complet sur un autre monument, du Blues cette fois, à savoir ERIC CLAPTON. De son côté, c’est L’ENFER SELON POPPY qui a été mise en avant par les Editions Blueman dans une bande dessinée aussi hybride que désarmante autour de cette artiste Pop, convertie par opportunisme et avec plus ou moins de réussite au Metal.

ERIC CLAPTON IS GOD, Editions Petit A Petit (128 pages – 24,90€)

L’ENFER SELON POPPY, Editions Blueman (160 pages – 20€)

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Psychedelic Rock Rock 70's Space Rock

Kadavar : cloudy sounds

Changement de ton, et de look aussi, pour la formation berlinoise récemment passée de trio à quatuor. Après une belle escapade le temps d’un enregistrement avec Elder, KADAVAR fait son (très attendu) retour avec une nouvelle production, toujours aussi organique et inventive. Dans une ambiance rétro-futuriste, « I Just Want To Be A Sound » est un voyage très cosy dans des effluves 70’s, assez distant de ce que le groupe a présenté jusqu’ici.

KADAVAR

« I Just Want To Be A Sound »

(Clouds Hill)

Un peu mou du genou, ce nouvel opus de KADAVAR ? Si vous avez toujours en tête leurs fiévreuses prestations accompagnant des disques hauts en couleur portés par un Stoner Psych tirant sur un Hard Rock vintage, alors oui, les Allemands ont changé de dimension… et le calme règne. Celle-ci reste toujours clairement orientée sur le psychédélisme, mais dans un registre beaucoup plus aérien, presque contemplatif, voire méditatif. « I Just Want To Be A Sound » évolue dans des sphères planantes, loin du Rock rugueux qui a fait sa réputation, même s’il reste quelques soubresauts.

Tous les musiciens, ou presque, affirment haut et fort qu’ils n’aiment pas faire deux fois le même album. Cependant, ils conservent toujours plus ou moins une dynamique et un son assez identifiables. Chez KADAVAR, la donne est différente. Forcément, on se remémore la belle parenthèse d’Eldovar, « A Story Of A Darkness And Light », où il s’était montré polyvalent et créatif. Et c’est encore le cas ici, mais dans des sonorités plus légères oscillant entre un Indie Rock plat et des désagréables relents de Pop anglaise. Les puristes apprécieront.

L’arrivée, il y a deux ans de Jasha Kreft à la guitare et surtout aux claviers, vient aussi apporter quelques explications quant au nouveau cap. Il distille des atmosphères plus progressives et feutrées et prend souvent le dessus sur les riffs. KADAVAR est plus que jamais dans un esprit revival et peine pourtant à vraiment décoller sur ce septième effort. Très conceptuel, « I Just Want To Be A Sound » expérimente et se fait même aussi parfois convaincant (« Hysteria », « Regeneration », « Scar On My Guitar »). Un mélange des genres bien trop hasardeux.

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Blues Blues Rock Boogie Blues Contemporary Blues Soul Southern Blues

Carolyn Wonderland : une grande dame

L’intensité, qui se retrouve dans le mordant de son approche tant vocale que guitaristique, semble être une seconde nature chez CAROLYN WONDERLAND. La musicienne, qui avait véritablement pris son envol en solo il y a quatre ans avec le génial et audacieux « Tempting Fate » sur lequel elle jonglait avec sa Gibson et sa lap-steel, monte encore en émotion et en virtuosité dans un équilibre musical, qui doit beaucoup à une confiance acquise au fil du temps. « Truth Is » est une sorte d’apothéose, tant au niveau de l’écriture que de cette voix, où la puissance n’a d’égal que sa douceur. Monumental.

CAROLYN WONDERLAND

« Truth Is »

(Alligator Records)

CAROLYN WONDERLAND est une fine gâchette, cela n’aura échappé à personne, et sur ce deuxième effort chez l’institution Alligator Records, on prend pleinement conscience de ses talents de chanteuse et de compositrice. Une reconnaissance qui arrive peut-être un peu tard, mais qui est aujourd’hui incontestable. Elle qui a joué avec presque toutes les légendes Blues du Texas et qui a aussi effectué un beau et assez long passage au sein des Bluesbreakers de John Mayall, semble littéralement épanouie sur ce « Truth Is », marqué de son empreinte. Car la musicienne est loin de manquer de personnalité, bien au contraire.   

D’une rare polyvalence, elle fait un beau tour d’horizon des courants dans lesquels elle se retrouve… et il y en a ! Forcément très sudiste dans le jeu, on retrouve chez la Texane des notes de Soul, de Gospel, de Jazz, de Country et de Roots Rock, qui font de son Blues un refuge éclectique pour des saveurs chaleureuses et sincères. CAROLYN WONDERLAND a de nouveau confié la production de « Truth Is » à Dave Alvin, lequel sublime des compositions entraînantes, mais aussi très touchantes et toujours authentiques. On passe de sa ville natale de Houston à la Nouvelle Orleans, avec un crochet par Memphis, en un clin d’œil.   

Avec son inimitable picking, elle signe l’essentiel de cette nouvelle réalisation, tout en coécrivant quelques titres avec son producteur et Shelley King, et en s’offrant la liberté de reprendre « Wishful Thinking » (Greg Wood/Eddie Hawkins) et « Orange Juice Blues » (Richard Manuel pour The Band). Mais le plus beau et surtout le plus réjouissant vient de ses propres compositions et elles sont franchement renversantes (« Sooner Or Later », « It Should Take », « I Ain’t Going Back » avec Ruthie Foster et Marcia Ball, l’ensoleillé « Deepest Ocean Blue », le bouleversant « Blues For Gene » et la somptueuse chanson-titre. Incontournable.   

Photo : Mary Bruton

Retrouvez la chronique de « Tempting Fate » :

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Ambient Ethnic Neo-Folk

Nytt Land : The beating heart of the steppes

Bien avant l’éclosion du néo-Folk teinté d’Ambient qui déferle depuis quelques temps maintenant, NYTT LAND avait entrepris de restituer musicalement la riche Histoire de ses ancêtres. A l’instar de la démarche de Wardruna en Scandinavie, ce sont leurs terres natales de Sibérie que les Russes mettent en avant avec l’objectif de protéger et de partager un patrimoine culturel, qui mêle incantations, ésotérisme, animisme et où les esprits habitent littéralement ce « Songs Of Th Shaman » créatif, saisissant et authentique.

NYTT LAND

« Songs Of The Shaman »

(Prophecy Productions)

Depuis sa création en 2013, NYTT LAND a sorti une petite dizaine d’albums et chacun d’entre-eux est une plongée dans la culture sibérienne, et plus particulièrement dans ses rituels, ses textes et ses chants. Avec « Songs Of The Shaman », il nous emporte hors du temps, dans un espace où règnent les esprits et où même les dieux ne s’aventurent pas. Natalia Pakhalenko (chant, tambours) et son mari Anatoly (chant, talharpa, flûtes, percussions, guimbarde) se mettent au service de leur terre et de ses traditions.

En plus d’être des musiciens expérimentés et très investis, le duo mène aussi des recherches poussées et son travail d’historien est basé sur ses activités scientifiques, à savoir l’étude et la préservation de son ancestral passé. NYTT LAND s’en tient rigoureusement à un matériel directement issus des peuples autochtones. Son implication est complète et la musique qui vient enrober l’ensemble est le fruit de ses propres compositions. Autant dire que l’héritage s’entretient et se perpétue minutieusement et très consciencieusement.

Qualifier le répertoire de NYTT LAND d’immersif est un doux euphémisme. C’est une plongée hypnotique dans un monde chamanique, où la nature et ses sonorités tiennent une place aussi importante que les écrits spirituels de ces communautés reculées. Il y est question de sorts, de mystères et de légendes reproduits avec des techniques comme le chant de gorge sur des rythmes proches de la transe. « Songs Of The Shaman » traverse des paysages sonores aux reliefs parfois hallucinatoires et avec une fluidité envoûtante, presque magique.

Photo : Olga Gellert

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Blues Rock Contemporary Blues

The Davidson Trio : hot ride

La réunion de talents laisse souvent entrevoir de très belles choses et c’est précisément le cas avec ce torride et sensuel « Cougar », livré par une formation où l’expérience et la complicité sont en totale symbiose. THE DAVIDSON TRIO transpire le Rock et respire le Blues et sa configuration offre le meilleur ajustage possible dans ce style relevé et très contemporain. Emmené par un chanteur et bassiste inspiré, ce premier effort est sensationnel à plus d’un titre.

THE DAVIDSON TRIO

« Cougar »

(Independant)

Bassiste chevronné et réputé, Owen Davidson monte enfin son projet personnel après avoir accompagné tant d’artistes, Depuis Uli Jon Roth jusqu’à Rumour avec un très bon opus sorti il y a quatre ans. Et c’est toujours en indépendant qu’il a  créé THE DAVIDSON TRIO, dont le premier album, « Cougar », est largement à la hauteur des attentes. Soutenu par le guitariste Ben Bicknell et le batteur Ellis Brown, il prend aussi le chant en plus de son instrument, et le Blues Rock qui en ressort naît d’une belle inspiration commune.

Même si les britanniques font leurs premières armes ensemble, il ne faut pas longtemps pour comprendre que « Cougar » n’est pas du travail d’amateurs. Fluides et percutants, ils se montrent solides et créatifs. L’objectif avec THE DAVIDSON TRIO était pour son fondateur de renouer avec ses racines Blues, Rock et Funk et surtout dans une formule power trio, dont on connaît la redoutable efficacité. Et la touche British Blues et le registre de nos trois bluesmen naviguent aussi des rives du Mississippi jusqu’aux contrées plus au Sud des Etats-Unis.

Très Rock d’entrée sur « Medusa Touch », THE DAVIDSON TRIO place la barre très haut et le chant très Soul d’Owen se fait aussi accrocheur que les guitares, dont le solo d’ouverture donne le ton. Le combo de Birmingham évolue sur un groove sans faille, aussi chaleureux que sensible. Old School sur « The Deep », dynamique sur « Hold On » et « The Cure », ou plus roots sur « Blues River », il fait preuve d’une incroyable diversité et d’un feeling hors-pair. Les trois musiciens se trouvent les yeux fermés et chacun brille pour l’autre.

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Hard FM Melodic Rock

Giant : une classe intacte

Malgré de longues pauses, GIANT garde une place de choix toute particulière chez les fans de Melodic Rock et aussi de Hard Rock et d’AOR. Perfectionniste, le groupe l’est toujours et le travail effectué sur les guitares comme sur le chant reste d’un niveau très élevé. La qualité des riffs et la virtuosité des solos de Jimmy Westerlund attestent de la très bonne santé de cette référence Hard Rock, qui d’ailleurs s’internationalise sur ce très bon « Stand And Deliver ».

GIANT

« Stand And Deliver »

(Frontiers Music)

GIANT est un peu l’étoile filante qu’on aimerait tous revoir passer une deuxième fois. Malgré un parcours étonnant et scindé en deux parties (de 1987 à 1992, et depuis 2000), les Américains ont marqué les esprits de tous les amateurs de Hard FM, grâce à des albums assez emblématiques comme « Last Of The Runaways » et surtout « Time To Burn ». De la formation originelle, il ne reste que la solide rythmique composée de David Huff derrière les fûts et Mike Brignardello à la basse. Car, entretemps, il y a encore eu du changement.

« Stand And Deliver » accueille donc deux nouveaux membres pour remplacer Terry Block au chant et John Roth à la guitare. Place donc, et bienvenue, à l’excellent Jimmy Westerlund (One Desire) à la six-corde et Kent Illi (Perfect Plan) derrière le micro. Et on ne pouvait rêver mieux, tant ce casting fait honneur à la légende. Certes, GIANT a bien évolué depuis ses débuts il y a plus de 30 ans, mais son ADN est intact et le quatuor semble toujours animé par la même passion. Et ce sixième opus tient franchement toutes ses promesses.

Avec dans leurs rangs des musiciens de ce calibre, on n’est pas très surpris de retrouver Alessandro Del Vecchio (aussi en guest aux claviers) à la production aux côtés de Westerlund, tous étant issus de l’écurie Frontiers Music. Et le résultat est là, GIANT excelle dans l’art de livrer des compositions mélodiques, accrocheuses et très fédératrices. Avec cette touche 80’s actualisée, le quatuor se montre savoureux et le jeu de son nouveau guitariste atteint des sommets de précision  et d’inspiration. Impressionnant d’exactitude.

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Blues Rock Boogie Blues Hard Blues Southern Blues Rock

Pino Scotto : bluesy clash

Loin du Heavy Metal de ses débuts, PINO SCOTTO a embrassé la cause du Blues et le fait avec beaucoup de talent et un aplomb réjouissant. Car si les décibels ont baissé d’un cran, le propos reste d’une franche virulence. Toujours alerte sur le monde qui l’entoure, il livre son ressenti sur des chansons au souffle alerte et sans tabou. « The Devil’s Call » plaque au sol les attitudes fantomatiques, démonte une époque en pleine déliquescence avec une belle vigueur et dans le style le plus authentique qui soit.   

PINO SCOTTO

« The Devil’s Call »

(Wanikiya Record)

Guiseppe Scotto di Carlo, alias PINO SCOTTO, a toujours eu le verbe haut et ce nouvel album vient confirmer qu’il n’a pas changé ses habitudes. Connu, en marge de son parcours musical, dans son pays pour ses diatribes envers la société et à travers elle la politique, mais aussi l’industrie artistique plus largement, il n’en demeure pas moins un homme de cœur, un musicien aguerri et d’une grande sincérité. Avec « The Devil’s Call », il vient pousser onze nouveaux coups de gueule sur ce monde qu’il juge brisé, et avec beaucoup de force.

Ancien leader de Vanadium dans les années 80, PINO SCOTTO mène depuis trois décennies environ une carrière solo et avec ce nouvel opus, il offre une belle suite à « Eye For A Eye » (2018) et « Dog Eat Dog » (2020). Sorte d’électrochoc bluesy,  ce nouvel effort traverse sans filtre des registres aux sonorités très américaines, entre Hard Rock et Southern Rock, pour se fondre dans des Boogie fiévreux et un Blues Rock ravageur. Les riffs sont appuyés et tranchants, les solos claquent et le chant de l’Italien fait mouche sur des textes brûlants.

PINO SCOTTO démarre sur les chapeaux de roue avec un « No Fear No Shame » hyper-Rock’n’Roll, aux faux airs de Lemmy dans l’intonation. Si le frontman n’a pas son pareil pour transmettre une énergie intense, il sait aussi dévoiler sans far une facette plus sensible (« A Dozen Souls », « True Friends »). La voix rauque et éraillée et la guitare affûtée, on se laisse porter par des morceaux très directs, efficaces et dont les refrains laissent des traces (« Full Circle », « Afraid Of Living », « Big Mama »). Brut et audacieux !

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Heavy Stoner Doom Psych

Thammuz : de la hauteur

Si le Heavy Rock de THAMMUZ se pare de quelques subtilités bluesy et même Grunge, c’est aussi pour mieux asséner un Stoner fulgurant et particulièrement doomy. Entreprenants, les Néerlandais oscillent entre un mur de guitare imposant et des envolées psychédéliques mélodiques et envoûtantes. Avec « III », la formation batave atteint une certaine maturité grâce à une maîtrise totale de son identité musicale. Une prise de hauteur nette et qui confirme sa stature.

THAMMUZ

« III »

(Argonauta Records)

Comme l’indique son titre, et de trois pour les Hollandais qui continuent, avec toujours autant de créativité, à élaborer leur Stoner. Décidemment très changeant, le style de THAMMUZ, né des cendres de Dreckneck et Fuzzboar, n’en finit pas d’évoluer et prend cette fois des teintes plus Doom, des sonorités Sludge Rock et une inspiration Southern. Le mélange est franchement habille, d’autant que le quatuor reste chevillé à un Stoner Psych entre Rock et Metal. Et « III » conserve aussi un aspect DIY savoureux.

Car, même avec une solide production et un son qui s’affine, THAMMUZ ne s’est pas éloigné de l’esprit underground de ses débuts. Trois ans après « Sons Of The Occult », on retrouve ces riffs épais et rugueux, ce duo basse/batterie massif et la voix très polymorphe de son chanteur-guitariste Harm dans un registre clair et puissant. Direct et sombre, « III » s’essaie à de multiples atmosphères en sachant se montrer brutal par moment, mais laisse aussi parfois entrer un peu de lumière et de légèreté.

Dès « When Darkness Comes », THAMMUZ affiche beaucoup de fermeté avec un côté ténébreux, qui devient vite immersif. Et d’ailleurs, Jelle Aron Scholtes, compatriote et membre de Baardvader, vient apporter du relief au morceau. Très Heavy et même assez aérien à l’occasion, le combo enchaîne avec des titres costauds (« Rizen », « Bloodlust »). Puis, sur « Dissolution » et « Devil’s Gallow » en fin d’album, c’est Merle Pelle qui offre une touche féminine plus aérée au chant à ce « III », qui se termine brillamment.

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Emanuel Casablanca : on the way

« Hollywood Forever » est un disque assez troublant, le troisième pour le New-Yorkais. En effet, sous des traits bluesy, il nous embarque dans un univers très disparate, éclectique à souhait et qui, finalement, se cherche encore un peu. Il ne propose pas de fil conducteur, de sorte de voie à suivre et dans laquelle il pourrait s’affirmer pleinement. EMANUEL CASABLANCA séduit par sa voix feutrée et un jeu solide, mais peine un peu à convaincre en tant que véritable bluesman. Si la modernité de ses compositions est incontestable et agréable, elle pèche par un manque d’authenticité criant.

EMANUEL CASABLANCA

« Hollywood Forever »

(Bad Boy Of Blues Media)

Bad boy, EMANUEL CASABLANCA ? Pas vraiment, si l’on se refère à sa musique. Car l’Américain a plusieurs cordes à son arc, dont quelques aventures cinématographiques, un passé de basketteur et la création d’une fondation dédiée à la promotion des droits humains et de la justice sociale dans le monde, et qui est aussi le nom de son label. Donc, le musicien de Brooklyn est plutôt du côté des gentils. Et c’est tant mieux, même s’il reste sur des thèmes chers au Blues, sans vraiment toucher aux problèmes qui fâchent. Mais parlons musique !

Troisième album donc pour le guitariste et chanteur, et le moins que l’on puisse dire, c’est que « Hollywood Forever » est particulièrement riche et généreux. 16 chansons au total pour une durée d’une heure, dont un morceau-titre qui atteint presque les neuf minutes. C’est d’ailleurs peut-être là où le bât blesse. EMANUEL CASABLANCA se disperse un peu, montre des difficultés à afficher un style personnel et à insuffler sa touche à un opus qui aurait peut-être pu (et dû ?) être plus resserré, tant sur les compositions que les registres abordés.

Cela dit, la diversité de « Hollywood Forever » livre aussi de très bons moments, où alternent des passages clairement Blues Rock, d’autres plus légers et presque Pop et des parties acoustiques à l’approche pus traditionnelle. Sans être un virtuose de la six-corde, EMANUEL CASABLANCA se rattrape très bien sur les mélodies et sa voix douce très Soul lui permet bien des écarts. Dans ce dédale de titres, « The Squeeze », « Me And The Devil », « Black Man’s Burden », « India Stoker », « Lust And Lie », « Juggernaut » et « Flying » sortent du lot.