On assiste depuis quelques temps déjà à un revival du Classic Rock avec de beaux clins d’œil au Hard 70’s et l’hexagone n’est pas en reste. Depuis cinq maintenant, RED CLOUD assène son Heavy Rock débridé et la densité de cette nouvelle production témoigne d’un caractère bien trempé et d’une volonté aussi brute et organique que les morceaux qui composent « This Is Not An Album ». Et l’électrisante frontwoman du combo offre aussi une dimension supplémentaire à un registre inspiré et de plus en plus personnel.
RED CLOUD
« This Is Not An Album »
(Independent)
Poser ses fondations sur ce qu’on a fait de mieux en termes de Rock au sens large est le credo des Parisiens qui, après un premier album éponyme il y a deux ans, sont de retour avec « This Is Not An Album ». Comme l’indique son titre, ce nouvel opus est aussi une sorte de pied à une industrie musicale en pleine déliquescence. Solidement ancré dans un Heavy Rock délicieusement vintage, qui fait la bascule entre Classic Rock et Hard Rock, RED CLOUD a trouvé sa voie et enveloppe la légende d’une modernité rafraîchissante.
Pour ce deuxième effort, le groupe s’est lancé le défi de sortir un single par mois pendant huit mois. Une façon de rompre la monotonie, certes, mais surtout un challenge relevé haut la main qui nous renvoie aujourd’hui à « This Is Not An Album », une entité fougueuse et mélodique. Par ailleurs, Laura Luiz (orgue) a cédé sa place à Amy Prada, qui vient renfoncer la section guitare de RED CLOUD aux côtés de Rémi Bottriaux. Autant dire que l’accent est porté sur les riffs… Et on ne s’en plaindra pas, bien au contraire !
Situé quelque part entre Led Zeppelin et Rival Sons, « This Is Not An Album » présente des ambiances assez différentes, sans doute en raison du processus d’écriture. Sur un groove épais aux teintes bluesy, la voix de Roxane Sigre fait le liant entre un mur de guitare imposant et une rythmique soutenue. RED CLOUD sait aussi se faire plus aérien (« For Those Who Died Dancing »), comme pour mieux délivrer cette intensité qui fait son ADN (« Naked Under My Breath », « Black Sunlight », « Werewolf »). Une force qui s’affirme !
Alors que le projet, né en 2020 au moment des confinements et des annulations successives de tournées, était destiné à soutenir son entourage, Udo Dirkschneider et une poignée d’amis avaient sorti « Arising ». Réuni autour d’une même cause, le groupe composé de musiciens chevronnés n’avaient sûrement pas imaginé l’engouement qui se produirait autour de ce premier EP. Aujourd’hui, et entre plusieurs activités musicales, DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG présente un album complet, « Babylon », sur lequel la formation allemande évolue entre Hard Rock et Heavy Metal, deux registres qu’elle connait bien. Du nouveau aussi vocalement, puisqu’en plus de l’ancien frontman d’Accept, on retrouve au chant Peter Baltes et la chanteuse Manuela Bibert, qui apporte beaucoup de fraîcheur et une belle sensibilité féminine. Entretient avec le tenace leader du sextet…
– Tout d’abord, j’aimerais que l’on revienne sur la genèse du groupe, qui était au départ un projet caritatif destiné à aider les artistes durant la pandémie. Comment s’est-il formé à l’époque et à l’initiative de qui ?
Oui, tout a démarré pendant la pandémie où nous avions écrit quatre morceaux. En fait, l’idée était de reverser l’argent à notre équipe, aux membres du groupe et aussi à notre entourage pour les soutenir pendant cette période. Il n’y avait pas de travail et c’était donc l’idée première. Ensuite, quand nous avons sorti ces quatre chansons, beaucoup de gens nous ont dit qu’on devrait faire un album. Or, ce n’était pas prévu à ce moment-là. On a donc commencé tout doucement en regardant un peu comment cela se passait jusqu’à ce que l’on arrive à un album complet. Pour ce qui est de la création du groupe, c’est parti d’une idée commune. On voulait vraiment aider les gens autour de nous et un EP nous a paru être une bonne idée. Et puis, pour le nom, en rassemblant Peter (Baltes, basse, chant – NDR), Stefan (Kaufmann, guitares – NDR), Mathias (Dieth, guitares – NDR) et moi-même, THE OLD GANG nous a semblé évident ! (Sourires)
– Dès 2020, puis l’année suivante avec la sortie de l’EP « Arising », le succès a été au rendez-vous. Vous attendiez-vous à un tel engouement aussi rapidement ?
C’est vrai qu’à la sortie de « Arising », les retours ont été très, très bons et les gens nous ont demandé plus. Mais tout ça n’était pas prévu ! Alors, nous nous sommes posés, on a discuté et nous nous sommes dits qu’en fonction du temps qu’on avait, on se mettrait à la composition d’un album. On se doutait que cela irait lentement. Je suis très occupé avec mes projets parallèles, et cela demande aussi du temps. Il nous a donc fallu attendre d’en avoir pour se retrouver tous ensemble et commencer à composer.
– Ce qui se voulait être un projet caritatif s’est donc transformé en véritable groupe. Cinq ans après sa création, votre premier album « Babylon » voit le jour. Qu’est-ce qui a changé pour vous depuis le début ? DATOG est-il devenu votre activité principale aujourd’hui ?
En fait, je pense que c’est avant tout un projet dans la mesure où rien n’a été prémédité. Nous n’avions rien planifié. C’est comme ça que nous le voyons et c’est surtout pour le fun que nous le faisons.
– Vous vous connaissez tous les six très bien, sur scène comme en studio. Comment se passe la composition des morceaux ? Est-ce que tout le monde y participe dans un même élan collectif ?
Oui, nous faisons tout ensemble. Personne ne compose seul les morceaux. Chacun apporte ses idées que ce soit Manuela (Bibert, chant, chœurs, claviers – NDR), Stephan, Peter, mon fils Sven (Dirkschneider, batterie – NDR) ou moi-même. C’est quelque chose que nous faisons vraiment tous ensemble, à partir des idées de chacun.
– D’ailleurs, l’une des particularités du groupe est que vous êtes trois au chant. Cela offre beaucoup de possibilités. Comment vous répartissez-vous les rôles et est-ce que chacun écrit ses propres parties ?
Là aussi, on travaille sur les voix ensemble. Il n’y a pas de leader de ce côté-là, non plus. Bien sûr, on retrouve certains d’entre-nous plus impliqués sur certaines chansons dont ils sont à l’origine. Mais au final, l’ensemble du travail est collectif sur tous les titres. Au début, j’ai enregistré quelques démos sur lesquelles on a ensuite travaillé. Mais pour les mélodies, c’est un travail de groupe et c’est le même processus sur tout l’album.
– Vous auriez aussi pu inclure les morceaux de « Arising » dans « Babylon », en les réenregistrant, par exemple. Mais vous avez préféré livrer un album entièrement inédit. Est-ce que dès vos premiers titres il y a cinq ans, vous avez été immédiatement convaincu que l’histoire ne faisait que commencer ?
En fait, une fois l’EP réalisé, il fallait passer à autre chose. « Arising » n’était que le début, c’est vrai, et c’est à ce moment-là que tout a commencé. Pour « Babylon », tous les morceaux sont inédits, en dehors de « Blindfold » qui est une chanson de Manuela et dont nous avons fait une nouvelle version.
– Globalement Hard Rock et aussi très Heavy, on retrouve des ambiances variées comme la très orientale « Babylon », la ballade « Strangers In Paradise » ou encore « Beyond The End Of Time », qui conclue l’album sur presque huit minutes…
« Strangers In Paradise » est bien sûr une idée de Manuela, qui en a trouvé le thème et sur lequel nous avons ensuite tous travaillé. Et c’est vrai que « Beyond The End Of Time » est une chanson très longue qui vient conclure l’album. Au départ, elle était même encore plus longue ! (Sourires) C’est d’ailleurs l’une de mes préférées de « Babylon ».
– Bien sûr, cinq ans se sont écoulés entre « Arising » et « Babylon » et DATOG a aussi changé de label entretemps. Est-ce que cela a aussi pu changer la trajectoire et l’élan du groupe ?
En fait, j’ai changé de label avec U.D.O. et Reigning Phoenix Music a pris le relais. Ils m’ont dit qu’ils aimeraient aussi avoir ce nouvel album de DATOG, et cela s’est fait tout seul finalement, car on se connait depuis très longtemps. Etant donné qu’ils travaillaient auparavant chez AFM Records, il n’y a donc eu aucun souci.
– Enfin, avec trois chanteurs, l’accent est aussi forcément mis sur les chœurs et des refrains très fédérateurs, taillés pour la scène et pour emporter le public. Est-ce quelque chose que vous aviez en tête dès le début, connaissant l’objectif premier du projet ? Et vous verra-t-on bientôt en concert ?
Oui, c’est vrai que nous avons trois très bons chanteurs que ce soit Peter ou Manuela et moi au milieu. Et celui qui a harmonisé l’ensemble en équilibrant les chœurs et les voix de tête sur les morceaux est Stephen, notre guitariste. Il connaît ma voix depuis très longtemps, il connaît aussi très bien celle de Peter et de Manuela bien sûr. Son implication a été totale et il a très bien su constituer les associations. Il a travaillé sur toutes les parties, ligne vocale par ligne vocale et a parfaitement défini qui devait chanter avec qui sur chaque morceau. C’est vraiment lui le grand organisateur du travail sur le placement de nos voix.
En ce qui concerne les concerts, rien n’est prévu pour le moment, ce n’est pas l’un de nos objectifs. En fait, j’ai beaucoup de travail avec U.D.O. et avec Dirkschneider et il y a aussi les 40 ans de l’album « Balls To the Wall ». Jusqu’à la fin de l’année, je dois aller jouer en Australie, au Japon, aux Etats-Unis, au Canada, … Je vais être très occupé. (Sourires) Et puis, je suis également en train de travailler sur le prochain album d’U.D.O. ! Donc, nous verrons si nous trouvons le temps plus tard. Je dis toujours qu’il ne faut jamais dire jamais, alors qui sait ? Peut-être une petite tournée ? En tout cas, à l’heure actuelle, il n’y a aucun projet de côté-là.
« Babylon », par DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG, sort chez Reigning Phoenix Music.
Photos : Eddi Bachmann Photography
Retrouvez aussi la chronique du dernier album de Dirkschneider et celles d’U.D.O. :
Les Suédois prennent de la hauteur et haussent le ton, c’est en tout cas ainsi qu’on pourrait définir « The Reckoning » s’il n’était pas aussi fin dans son interprétation comme dans son écriture. Ce quatrième effort est terriblement efficace et accrocheur, preuve d’une maturité et de beaucoup de certitudes quant à la direction à mener. SOLE SYNDICATE a parfaitement cerné les contours de son Melodic Metal et se montre intraitable dans son exécution. En variant les sensations et les tempos, il s’affiche comme l’un des meilleurs groupes du genre et laisse exploser un caractère bien trempé.
SOLE SYNDICATE
« The Reckoning »
(El Puerto Records)
Et si ce quatrième album de SOLE SYNDICATE était enfin celui de la consécration sur la scène Metal européenne ? C’est en tout cas ce que laisse entrevoir « The Reckoning », qui montre le quatuor à un pic créatif évident. Trois ans après l’enthousiasmant « Into The Flames », le style est peaufiné, épuré au niveau des compositions, jadis parfois un peu pompeuses, pour revenir à l’essence-même du Melodic Metal, dont leur terre de Scandinavie est un vivier inépuisable et surtout porteuse de l’ADN du genre. Tonique et multipliant les émotions, ces dix nouveaux titres montrent une force et une assurance indiscutable.
Toujours mené par son fondateur, chanteur et guitariste Jonas Månsson, qui offre une performance incroyable et s’impose en leader incontestable, SOLE SYNDICATE avance pourtant d’un seul homme et sans la moindre hésitation. Si la voix à la fois ferme et touchante du frontman captive et séduit, la force du combo réside dans sa faculté à marier la puissance d’un Hard Rock tirant sur le Heavy avec des atmosphères plus planantes, guidé par un sens de la mélodie très travaillé, qui donne à « The Reckoning » une sorte d’évidence dans son déroulé. Tranchant et subtil, l’ensemble est minutieux et solide.
Produit en collaboration avec Jakob Herrmann, qui a notamment travaillé avec Evergrey et Art Nation, ce quatrième opus voit aussi la claviériste Katja Rasila prendre un peu plus de place au niveau du chant (« Love Is Only »), et c’est d’ailleurs une piste que SOLE SYNDICATE devrait explorer un peu plus sérieusement. Sur un groove musclé et une profondeur vocale envoûtante, les guitares sont explosives, serrées et toujours au service des morceaux (« On The Back Of A Angel », « The Way That You Are », « The Voice Inside », « The Mob Rules », « Rise Like A Phoenix », « Eye Of The Storm »). Moderne et audacieux, tout y est !
Intense et accrocheur, ce premier album de VELVET RUSH, bien que très attendu, n’aura pas mis longtemps à se dévoiler. 2025 semble décidemment l’année de la formation germanique, qui enchaîne coup sur coup un court et un long format. Une éclosion soudaine faite dans les règles et qui vient remettre au goût du jour un Hard Rock intemporel aux saveurs bluesy. Ce n’est donc pas un hasard si le groupe occupe le terrain pour imposer la puissante et suave voix de Sandra Lian. Entraînant et sauvage à souhait, « Trail Of Gold » devrait ravir les fans de Rock fédérateur aux accents rétro et électrisants.
VELVET RUSH
« Trail Of Gold »
(Odyssey Music Network)
Interviewé il y a quelques mois ici même (lien en bas de page) lors de la sortie de son EP « Euphonia », VELVET RUSH bat le fer encore chaud et sort sur sa belle dynamique un premier album, qui vient confirmer les belles choses entrevues. Après un été passé à arpenter les scènes des festivals, histoire de se faire un nom, on découvre enfin les Allemands sur la longueur et il faut reconnaître que leur Hard Rock délicieusement vintage déploie beaucoup d’énergie et se montre surtout passionnément Rock’n’Roll.
Tout comme « Euphonia », « Trail Of Gold » semble avoir été mis en boîte par Eike Freese aux studios Chameleon dans leur ville d’Hambourg. Les onze titres sont donc dans la lignée de leurs prédécesseurs, tant au niveau du son que de l’inspiration. Guidé par sa magnétique frontwoman, VELVET RUSH affiche ce même style classique auquel il insuffle une bonne dose de modernité. Et cette refonte de son héritage musical se fait avec respect, un élan plein de fougue et sur une production massive et solide. Un bel alliage.
Légèrement bluesy et assez 70’s dans l’esprit, le quatuor explore même le Glam Rock 80’s américain dans les pas des premiers Mötley Crüe sur quelques titres. Certes, la chanteuse tient une place essentielle au sein du combo, mais le groove de la rythmique, tout comme la finesse des riffs et des solos, sont l’une des qualités premières de VELVET RUSH (« Red Moon », « Live Wild And Free », « Give Me You Lovin’ », « Snake That Thing », « Universe »). Avec « Trail Of Gold », il séduit par son côté traditionnel, mélodique et explosif.
Retrouvez l’interview du groupe à la sortie d’« Euphonia » :
Malgré leur relative jeunesse, les membres de MIRADOR ont l’esprit vintage et ce premier effort est celui de quatre musiciens désireux de marcher le plus dignement possible dans les pas de leurs aînés. Moins délicate que le grand dirigeable et plus roots qu’un Rival Sons plus inspiré, la formation anglo-américaine sonne clairement british, communie avec des références musicales partagées et ce concentré d’énergie invoque la tradition sans un regard pour notre siècle. Mais malgré beaucoup d’envie, l’impression reste mitigée.
MIRADOR
« Mirador »
(Republic Records)
Annoncé comme l’un des événements Rock de cette rentrée, voici enfin le fruit de la collaboration, et parfois même de la confrontation entre l’Américain Jake Kiszka de Greta Van Fleet et le Britannique Chris Turpin, moitié de la formation Folk acoustique de Norfolk, au nord de Cambridge, Ida Mae. Tous deux chanteurs, guitaristes et compositeurs, leur rencontre date de 2018, mais ce n’est que l’an dernier qu’ils ont acté la naissance de MIRADOR, dont voici le premier album éponyme, une ode au Rock’n’Roll.
Le duo se veut très explosif et entretient un goût pour les racines 70’s du style et mêle un côté très Hard Rock à d’autres plus Folk avec un soupçon bluesy emprunté à l’American Roots Rock. Mais que l’on ne s’y trompe pas, cela va être très difficile, voire peine perdue, de vous enlever de la tête l’ombre pesante des maîtres du genre : Led Zeppelin. Par ailleurs, MIRADOR est complété par le batteur Mikey Sarbello et le bassiste et claviériste Nick Pini, tout deux Anglais. Ça aide et la sonorité dominante est bel et bien européenne.
C’est pourtant à Savannah en Georgie, sous la houlette et dans les studios de Dave Cobb, qu’a été enregistré « Mirador ». Des séances que MIRADOR a effectué après un mois de tournée, histoire de bien rôder les morceaux, et l’intensité de la scène se ressent tout au long du disque. Captés en conditions live, les chansons transpirent une passion commune, farouche et même sauvage pour le Rock’n’Roll avec un esprit jam très présent (« Feel Like Gold », « Fortune’s Fate », « Music Is Go Bound », « Heels Of The Hunt », « Skyway Drifter »).
Non qu’il soit poursuivi par son passé, car MIKE TRAMP mène une carrière solo brillante depuis la fin de White Lion, ou qu’il ait lui-même le désir de retrouver quelques sensations passées, le chanteur et compositeur a simplement décidé d’en finir avec un cycle. De retour sur scène où il interprète les hits de son ancien groupe, le Danois s’est attelé en 2023 au premier chapitre des « Songs Of White Lion », dont voici l’épisode final, une fois encore très bien revisité par son fondateur.
MIKE TRAMP
« Songs Of White Lion Vol. III »
(Frontiers Music)
En replongeant dans ses années White Lion, MIKE TRAMP a tenu à écarter tout de suite toute forme de nostalgie. Et c’est vrai qu’à l’écoute de ce troisième volume, il s’agit surtout de perpétuer une sensation de fraîcheur et surtout l’envie non-dissimulée de lui offrir une seconde vie dans un nouvel écrin. Les mauvaises langues auraient pu dire qu’un seul volet, en guise de ‘Best Of’, aurait amplement suffit à faire le tour de cette institution européenne, et même mondiale, de ce groupe iconique pour tous fans de Hard Rock des années 80.
Et pourtant, il en aurait manqué des morceaux devenus des classiques sur un seul disque. « Songs Of White Lion Vol. III » vient nous rappeler au bon souvenir de mélodies et de riffs qui font immédiatement l’effet d’une madelaine de Proust, qui n’attendait juste qu’on en prenne une bouchée. Non que la recette ait été modifiée, mais l’interprétation bénéficie d’un élan particulier, de subtils nouveaux arrangements et surtout de la voix devenue bien sûr plus mature, mais toujours magnétique et puissante, d’un MIKE TRAMP inamovible.
Ainsi, on ne boudera pas son plaisir de réentendre près de 40 ans après des titres comme « Dirty Woman », « War Song », « Fight To Survive », « If My Mind Is Evil », « Cherokee », « All Burn In Hell » ou « Radar Love ». Autant de petits plaisirs qui remontent à la surface avec la même force. Et pour les rendre toujours aussi incisif, MIKE TRAMP peut compter sur ses musiciens et compagnons de route Marcus Nand (guitare), Claus Langeskov (basse) et Morten Hellborn (batterie). Un ultime effort qui vient clore une belle et grande trilogie !
Photo : Michael Anthony
Retrouvez l’interview de MIKE TRAMP à l’occasion de la sortie du volume 2 :
Jimmy Karlsson (chant, basse), Niklas Eriksson (guitare) et Magnus Blixt (batterie) donnent peut-être l’impression de prendre leur temps, mais à les écouter, ils ont bien raison. Pourtant, ces dernières années, EDGELAND a mis un sacré coup d’accélérateur et « Tunnels » vient confirmer cette véloce créativité qui l’anime désormais. Son Hard’n Heavy mélange les ambiances et affiche surtout une personnalité forte. Un opus que vous n’êtes pas prêts de lâcher.
EDGELAND
« Tunnels »
(Independant)
Malgré plus de trois décennies d’existence, EDGELAND a véritablement commencé à faire parler de lui avec le single « Fuel » en 2015, puis avec l’EP « Cabin E11even » deux ans plus tard. Après avoir distillé trois autres titres, c’est « Keeper Of The Light », son premier long format sorti en 2023, qui a mis en lumière le talent du power trio. Grâce à un sens plus qu’aiguisé de la mélodie couplé à un art du riff évident, il faut souhaiter que « Tunnels » soit enfin l’album qui révèle les Suédois, toujours étonnamment en autoproduction.
Rien ne manque sur ce deuxième opus. Les morceaux sont percutants, leur interprétation franchement irréprochable et la production est exemplaire, voire meilleure que beaucoup d’autres. EDGELAND est fin prêt et en bonne position sur une rampe de lancement qui n’attend que l’allumage. Car, malgré, sa sombre pochette, le combo scandinave se montre littéralement éclatant. Puissant et accrocheur, « Tunnels » est un disque complet à bien des égards et, entre Hard Rock et Heavy Metal, l’intensité et la vigueur font cause commune.
« The Release », paru précédemment en single, ouvre les hostilités de la plus belle des manières, suivi de près par « Crimson Coronation ». EDGELAND affiche une maîtrise totale, les refrains sont irrésistibles et si l’ensemble laisse échapper une saveur très 90’s, on est rapidement conquis par autant d’efficacité. Sur un groove musclé, le groupe enchaîne les titres avec beaucoup d’énergie (« Desolate Road », « The Closing Day », « Final Breath », « River Black »). Non sans émotion, « Tunnels » fait jaillir huit compositions entêtantes.
Vif, puissant et mélodique, le power trio de Belfast fait un retour fracassant avec « Bang », son quatrième album depuis… 1979 ! Malgré une histoire compliquée, le groupe a marqué de son empreinte l’Histoire du Heavy Metal et son appartenance à la fameuse et mythique NWOBHM n’a donc rien d’anodin. Avec ce nouvel opus, c’est une formation littéralement revigorée et plus combative que jamais qui vient remettre quelques pendules à l’heure. Dans un style qui n’a pas pris une ride et qui au contraire se tourne vers un avenir qui s’annonce plus que prometteur, SWEET SAVAGE peut toujours compter sur son frontman originel, dont la voix n’a pas bougié d’un iota. Entretien avec Ray Haller, un chanteur et bassiste passionné, qui regarde le passé avec sérénité et le futur avec appétit.
– Sans revenir sur l’histoire très, très mouvementée du groupe à travers 46 ans d’une carrière hachée, si vous deviez décrire cette sorte de ‘légende’ que représente aujourd’hui SWEET SAVAGE, que retiendriez-vous de ce parcours unique ?
Je pense que SWEET SAVAGE a conservé ce statut au fil des ans pour de nombreuses raisons. La principale est que nous avons persévéré. Même si nous n’avons pas beaucoup joué, nous avons toujours été présents. Je crois que les gens nous connaissent et se souviennent de nous simplement parce que nous n’avons jamais arrêté. Nous avons composé des chansons solides, mais surtout, nous avons accueilli des musiciens incroyables, notamment Vivian Campbell et Simon McBride, qui ont tous deux accompli de grandes choses. Ce dont je me souviens vraiment de toute cette aventure avec SWEET SAVAGE, ce sont les rencontres que j’ai faites : des fans de Heavy Metal du monde entier, dont certains sont devenus de grands amis. J’ai aussi rencontré des musiciens fantastiques, dont certains sont mes idoles musicales.
– Vous faites un retour fracassant avec « Bang » et à tes côtés, Ray, on retrouve le solide Marty McCloskey à la batterie depuis « Regeneration » (2011) et le fougueux guitariste Phil Edgar. Au regard de votre discographie, j’ai le sentiment que SWEET SAVAGE n’a jamais été aussi uni et inspiré. Est-ce qu’une nouvelle ère débute véritablement pour vous ?
L’album « Bang » marque un nouveau départ, c’est vrai. C’est un son frais, génial et moderne. La production est incroyable et je suis convaincu qu’il marque un nouveau chapitre pour le groupe. Il poursuit ce que nous avons commencé avec « Regeneration » dans la bonne direction. C’est fantastique d’avoir Marty à la batterie dans SWEET SAVAGE, cela témoigne vraiment de sa loyauté au sein du groupe. Marty est avec nous depuis l’album « Regeneration ». Phil est également avec nous depuis à peu près la même époque. Nous sommes tous impliqués dans d’autres projets musicaux, mais dès que nous nous appelons, nous répondons présent. C’est formidable d’avoir ce noyau dur. Nous avons deux talents fantastiques au sein du groupe. Au fil des ans, nous avons eu la chance d’avoir Vivian Campbell, l’un des meilleurs guitaristes de Rock au monde, et Simon McBride, qui est sans doute le plus grand guitariste de Rock aujourd’hui. Nous avons toujours eu une chance incroyable de pouvoir compter sur la qualité des musiciens qui ont fait partie de SWEET SAVAGE. « Bang » ouvre clairement la porte à un public bien plus large qu’auparavant. Il y a tellement de morceaux qui plaisent au-delà des seuls fans de Metal. La diversité des chansons est incroyable. C’est un album de Hard Rock traditionnel avec un son très moderne.
– L’une des choses qui ressort de « Bang » est sa très belle production. Elle donne même l’impression qu’un voile a été levé sur la musique du groupe. Dans quelles conditions et avec quel entourage avez-vous enregistré cet album, qui est de loin le plus explosif jusqu’à aujourd’hui ?
Je suis ravi que la production de cet album te plaise, je la trouve incroyable aussi. L’album a été coproduit par Simon McBride et moi-même. Nous avons tout enregistré dans le studio personnel de Simon, ce qui nous a laissé tout le temps nécessaire pour expérimenter. Beaucoup pensent que nous avons utilisé des claviers, mais c’est en fait le travail de guitare de Simon, qui a utilisé une large gamme de pédales d’effets et a poussé la guitare vers de nouveaux sommets. Je pense que tu as raison, un voile a été levé. Nous n’avions aucune contrainte et nous avons décidé de faire l’album que nous voulions et à notre rythme. Nous avons pris les riffs Hard Rock qui sont au cœur de notre son, y avons ajouté des touches nouvelles et modernes et nous avons fini par créer « Bang ». Simon et moi sommes extrêmement fiers de ce que nous avons produit. L’absence d’influence extérieure nous a permis de créer un album qui nous ressemble. « Bang » est un album très explosif, et nous aimons à penser que le titre signifie que SWEET SAVAGE est bel et bien de retour en force.
– Ce qui surprend aussi chez SWEET SAVAGE, c’est que malgré des sorties d’album très espacées, aucune réalisation ne se ressemble et pourtant une forte personnalité s’en dégage. Comment entretient-on une telle identité à travers le temps et si peu de productions finalement ?
C’est une excellente question et je suis ravi que tu la soulèves. C’est formidable que tu l’aies remarqué, vraiment. SWEET SAVAGE a un son unique. Bien que nos albums aient été espacés au fil du temps, nous pensons que cela témoigne d’une progression naturelle et cela souligne aussi la capacité d’évolution du groupe. Nous avons un son fondamental qui reste cohérent. Ma voix n’a jamais changé, elle a toujours conservé ce même style brut et audacieux. Notre conviction est que nous composons toujours des riffs de Hard Rock et de Heavy Metal, et nos chansons sont toujours axées sur la guitare. Nous sommes, au fond, un groupe de guitare. Même si les albums sont étalés sur une longue période, les fondations de SWEET SAVAGE restent les mêmes. Nous sommes toujours le groupe que nous étions il y a 40 ans.
– Sur « Bang », on retrouve donc Simon McBride de Deep Purple et ancien membre du groupe, qui livre plusieurs parties de guitares. A Priori, ses sessions ont été enregistrées avant qui ne se lance en solo. On a presque l’impression que SWEET SAVAGE est une sorte de famille, en tous cas à Belfast. C’est le cas ?
Simon est un membre de longue date du groupe et a participé à chacun de nos albums. Il reste l’un de nos amis les plus proches et il nous aide dès qu’il le peut. Il joue de toutes les guitares sur l’album « Bang ». Tous les solos et les parties de guitare sont de lui. Simon et moi avons écrit toutes les chansons ensemble. Il est impliqué depuis le tout début et il a joué un rôle clef tout au long du processus. Le groupe est comme une grande famille. L’Irlande du Nord est un petit pays et il est difficile de trouver de très bons musiciens de Heavy Metal et de Hard Rock. On se connaît tous ici, avec seulement 1,9 million d’habitants, c’est une scène très soudée. Comme tu peux l’imaginer, trouver les bonnes personnes à proximité a toujours été un défi. Au fil des ans, d’autres membres ont évolué vers d’autres projets, mais pour l’essentiel, nous sommes tous restés amis jusqu’à aujourd’hui. Le projet SWEET SAVAGE a toujours été très familial et c’est en grande partie, parce que l’Irlande du Nord est une petite communauté.
– L’album est toujours très Heavy Metal bien sûr et les textes ne manquent ni de pertinence, ni de verve. Est-ce que, finalement, les thématiques restent les mêmes à travers les époques et aussi lorsqu’on évolue dans un registre comme le vôtre ?
C’est un album très Heavy Metal, comme tu le dis, et nous avons essayé de rendre les paroles aussi convaincantes et entraînantes que possible. Sur les premiers albums, comme beaucoup de nos pairs, nous parlions de démons et de dragons, de châteaux, du feu, etc… Mais aujourd’hui, sur « Bang » et 40 ans plus tard, les thèmes sont beaucoup plus modernes. Nous écrivons sur la vraie vie, le quotidien. L’une des chansons de l’album s’intitule « Bad F Robot ». Elle parle essentiellement de l’IA, et plus précisément de la peur des musiciens, des acteurs, des journalistes et d’autres acteurs des industries créatives de voir l’IA prendre le dessus et rendre ces carrières et ces débouchés créatifs obsolètes. « Bang », le morceau éponyme, est en fait une chanson sur la vie. Elle invite l’auditeur à garder les yeux grands ouverts, à regarder par-dessus son épaule, car on ne sait jamais ce qui nous attend. On ne sait pas si on va perdre son travail, sa maison. L’album parle d’incertitude et de vigilance dans un monde en constante évolution. Les paroles sont bien plus pertinentes aujourd’hui, c’est vrai. Je ne prétends pas être poète, ni être le Bono nord-irlandais, mais je pense que les textes parlent à tout le monde. Si vous les lisez, vous vous reconnaîtrez probablement dans l’histoire, car elle parle de notre quotidien. On se lève le matin, on va au travail, on rentre à la maison, on coupe la pelouse et on va au supermarché : toutes ces choses banales que nous faisons tous. Alors, si vous écoutez bien les paroles, vous pourrez vous imprégner des chansons et donner votre propre sens à chaque morceau, en fonction de son application à votre vie.
– Peut-être malgré vous d’ailleurs, SWEET SAVAGE a toujours eu un côté underground sans doute du à l’instabilité du line-up. Est-ce que c’est tout de même un aspect que vous cultivez de votre approche musicale ?
Oui, nous sommes restés underground, non pas volontairement, mais surtout par manque de financement et, par le passé, par l’absence de soutien d’une grande maison de disques. Nous avons eu du mal à percer hors d’Irlande et du Royaume-Uni, surtout à nos débuts. Nous nous sommes toujours sentis géographiquement désavantagés. Du coup, nous sommes restés quelque peu underground. Je pense que ce statut est dû au fait que ceux qui ont entendu le groupe l’ont trouvé vraiment bon, ont aimé sa musique et ont reconnu son talent. Il suffit de regarder les musiciens qui ont fait leur apparition chez SWEET SAVAGE : Vivian Campbell, qui a ensuite joué avec Dio, Whitesnake et maintenant Def Leppard, et bien sûr, Simon McBride, actuel guitariste de Deep Purple. Cela vous donne une idée du calibre des musiciens de SWEET SAVAGE. Malheureusement, nous avons conservé l’étiquette ‘underground’ simplement parce que nous n’avons jamais eu l’argent, ni le soutien nécessaires pour percer et nous faire connaître auprès d’un public plus large sur une plus grande scène. L’Irlande du Nord est à l’extrême limite de l’Europe. En fait, nous ne faisons même plus partie de l’Union Européenne, ce qui est incroyablement triste, même si c’est un tout autre sujet. Mais cela a clairement rendu plus difficile notre intégration dans le monde du Rock et du Metal grand public. Des fans m’ont déjà posé des questions à ce sujet et la vérité est simple : au début, nous n’avions tout simplement pas les moyens de faire des tournées. Nous ne pouvions pas louer de bus, ni payer les frais de transport pour quitter l’île et jouer devant un public plus large. Nous venions tous de milieux populaires, ce qui représentait des obstacles financiers majeurs pour nous et nos familles au début des années 80. J’aimerais bien que le groupe devienne plus grand public, bien sûr. Mais en même temps, je suis vraiment fier que nous soyons toujours reconnus tout en étant étiquetés comme ‘underground’.
– J’aimerais que tu me dises un mot sur la fameuse NWOBHM à laquelle vous êtes assimilés. Quel regard portais-tu à vos débuts sur ce mouvement, dont vous étiez aussi l’un des pionniers ? Et qu’en reste-il aujourd’hui, selon toi ?
Le mouvement NWOBHM était brillant à l’époque. Il s’inscrivait dans la lignée du mouvement Punk. Le Punk est arrivé et a ébranlé l’establishment. Les grands dieux du Rock de l’époque, des groupes comme Yes, Pink Floyd et d’autres, se sentaient intouchables. Ils donnaient l’impression que faire de la musique était une chose impossible pour les gens ordinaires, surtout issus d’un milieu ouvrier. Puis, le Punk est arrivé. Les punks ont montré au monde que c’était possible. Avec une guitare et le pire ampli possible, il suffisait de connaître trois accords pour monter un groupe et réussir. Pour moi, le NWOBHM était la version Heavy Metal du Punk. Ce n’est que mon avis, mais ce mouvement m’a permis, ainsi qu’à des groupes comme Def Leppard et Iron Maiden, de croire que nous pouvions écrire nos propres morceaux, les jouer et attirer les foules. Avant ça, l’idée semblait ridicule, du genre : « Ne sois pas stupide, tu ne seras jamais assez bon pour écrire une chanson ou enregistrer un album. » Mais la NWOBHM a permis à des jeunes comme moi de croire que nous pouvions y arriver. C’était incroyable à l’époque et c’est toujours formidable d’y être associé. Aujourd’hui, je pense que la NWOBHM est un mouvement musical légendaire. Je sais que beaucoup de jeunes fans de Metal à travers le monde en ont entendu parler. Ils ne comprennent peut-être pas vraiment ce que c’était véritablement, ni ce qu’elle représentait. La publication de ton interview contribuera, je pense, à expliquer aux jeunes lecteurs et aux auditeurs de Heavy Metal ce qu’était vraiment la NWOBHM. Son existence a ouvert la voie à des groupes comme Metallica, Slayer et Pantera. La NWOBHM nous a donné la conviction que nous pouvions faire partie de quelque chose de plus grand. Je serai toujours reconnaissant pour cette période de l’histoire de la musique, et je suis honoré d’être mentionné dans le mouvement que représente la NWOBHM.
– Avec un tel album et le soutien d’un label comme earMUSIC, SWEET SAVAGE est aujourd’hui sur une belle dynamique et possède tous les atouts pour bien défendre « Bang », notamment sur scène. Qu’en est-il de ce côté-là ?
C’est formidable d’avoir un label comme earMUSIC derrière nous. Je suis heureux qu’ils aient accepté de collaborer avec nous et sortir ce disque. Et ils l’adorent sincèrement. Tout le monde dans la maison de disques semble être un véritable mélomane. C’est vraiment un groupe de personnes incroyable, car elles se soucient de la musique elle-même. Max, le directeur du label, nous a confié à quel point il avait personnellement adoré ce disque et qu’il avait formé une équipe formidable autour de nous. Et elle a été géniale : tout le monde travaille dur, nous traite avec beaucoup d’attention et a tout donné pour créer le meilleur package possible. Je trouve que « Bang » est un excellent disque. Tout y est professionnel et cohérent. La production est fantastique, aucun détail n’a été négligé. La pochette est magnifique, les thèmes abordés tout au long des visuels et du packaging sont cohérents et reflètent parfaitement l’image et l’identité du disque, du début à la fin. Je suis vraiment fier de tout ce qui a trait à « Bang ». A chaque fois que je consulte les réseaux sociaux, je suis toujours impressionné par l’harmonie et la perfection de l’ensemble, et tout cela est dû à earMUSIC et à notre management. La prochaine étape est de le jouer en live. Avec sa sortie, nous prévoyons de jouer partout au Royaume-Uni, en Irlande, en Europe et, espérons-le, dans des endroits où nous ne sommes jamais allés auparavant. Ce serait formidable de toucher de nouveaux publics, notamment en Amérique latine, où les fans n’ont jamais eu la chance de nous voir en concert. J’imagine que nous allons d’abord nous produire en concert dans les principaux pays européens, avec l’intention de nous étendre à de nouveaux pays et de nouvelles villes sur le continent. Ce sera formidable de jouer cet album en live ! Les chansons prennent déjà une nouvelle énergie, même en répétition, et je suis impatient de pouvoir les faire découvrir au public.
– Enfin, et parce que la nouvelle génération ne le sait peut-être pas, SWEET SAVAGE a donc été le premier groupe de Vivian Campbell qui a fait la carrière que l’on sait. Par la suite, Metallica a aussi repris votre morceau « Killing Time » et beaucoup de fans vous ont alors découvert. Quels sont vos liens aujourd’hui avec eux deux ? Et de manière plus anecdotique, ce sont des arguments marketing qui doivent faire pâlir de nombreux groupes actuels… Cela entretient-il aussi une certaine légende également, selon toi ?
Oui, SWEET SAVAGE était le premier groupe de Vivian Campbell. Vivian et moi l’avons formé il y a longtemps. Dès le début, j’ai su que Vivian était spécial. C’était un guitariste incroyable, dans la lignée des grands guitaristes irlandais comme Gary Moore et Rory Gallagher. Et maintenant, Simon McBride fait partie de ce top 4. C’est fou de penser que ces quatre-là, Gary Moore, Rory Gallagher, Vivian Campbell et Simon McBride, sont tous reconnus comme des guitaristes de renommée mondiale. Ils sont irlandais et deux d’entre eux ont joué dans SWEET SAVAGE. Cela en dit long sur le groupe et sur la qualité de la musique que nous avons créée au fil des ans. Puis, lorsque Vivian a rejoint Dio, Metallica a repris « Killing Time ». Honnêtement, il n’y a pas de meilleure reconnaissance que le plus grand groupe de Heavy Metal du monde choisisse de reprendre une de vos chansons. Quand les choses ont commencé à se calmer, quand le Grunge a pris le dessus, la reprise de « Killing Time » par Metallica nous a ramenés à la vie. Je ne les remercierai jamais assez, aujourd’hui encore. Chaque fois qu’ils nous mentionnent, ou nous font une publicité même infime, cela maintient le groupe en vie. Si Metallica parle de vous, vous recevrez l’appel d’un promoteur, ou d’un agent, pour demander si on peut faire un concert. Metallica nous a vraiment aidés à décrocher énormément d’opportunités. Honnêtement, je ne les remercierai jamais assez. Par ailleurs, je parle à Vivian au moins une fois par semaine depuis 40 ans. C’est l’un de mes meilleurs amis et j’ai des liens très étroits avec lui et sa famille. On fait cette interview un samedi, j’ai parlé à Vivian hier et je le vois lundi, car il arrive en avion pour un concert à Londres et il vient ensuite en Irlande. J’ai aussi de temps en temps des conversations avec les gars de Metallica, surtout quand ils jouent dans le coin. Je suis toujours à leur concert et on se retrouve à chaque fois. On boit généralement une bière et on parle de la vie de tous les jours. Je ne leur parle pas régulièrement, mais dès qu’ils sont en ville et si je suis là, on se voit. Et c’est toujours un plaisir. Ce sont des types comme toi et moi et ils jouent dans le plus grand groupe de Heavy Metal du monde. Mais sans leurs instruments, ce sont des types ordinaires, très terre-à-terre. Ils aiment parler de sport, de voitures, de météo, … C’est vraiment génial quand un groupe comme Metallica mentionne votre nom. Sans aucun doute, ça nous aide à rester sur le devant de la scène et à travailler.
Le nouvel album de SWEET SAVAGE, « Bang », est disponible chez earMUSIC.
D’un classicisme implacable et indémodable, « Brotherhood » est une nouvelle pierre à l’édifice des infatigables rockeurs. Avec quinze réalisations studio en plus de quatre décennies d’activité, les Londoniens ont façonné un Rock mélodique très identifiable, où les envolées Hard Rock et cette touche bluesy cohabitent dans un ensemble fédérateur et raffiné. Une fois encore, FM se montre à la hauteur de son statut avec robustesse et virtuosité. Une nouvelle production qui ressemble à tout, sauf à un chant du cygne.
FM
« Brotherhood »
(Frontiers Music)
Caractérisé par une élégance musicale constante depuis une quarantaine d’années, le groupe fondé par les frères Overland conforte sa réputation avec un quinzième album, qui vient compléter une belle discographie. L’emblématique formation britannique ne change rien à ses bonnes habitudes et, entre AOR et pulsations Hard Rock, FM se montre d’une précision absolue et d’un raffinement pointilleux, jusque dans le moindre détail. Et les arrangements sont bien sûr subtils et les refrains toujours aussi accrocheurs.
Loin de sombrer dans la facilité, les Anglais continuent d’explorer un registre qu’ils maîtrisent parfaitement. Produit par leurs soins et enregistré par leur batteur Pete Jupp, « Brotherhood » possède un aspect scintillant, tout en gardant ce petit côté bluesy qui le rend si chaleureux. FM peut aussi compter sur la clarté et la puissance vocale de son frontman, qui compose d’ailleurs aussi un beau duo de guitaristes avec Jim Kirkpatrick. Distillant un Rock tout en mouvement, ce nouvel opus oscille entre force et émotion.
Sur des riffs entraînants et des solos millimétrés tout en feeling, « Brotherhood » présente aussi quelques surprises comme ces chœurs féminins qui apportent beaucoup de relief à « Do You Mean It » et « Just Walk Away ». Pour le reste, FM fait ce qu’il sait faire avec aplomb et l’alchimie au sein du quintet est toujours aussi évidente. La fluidité dont il fait preuve est imparable et libère une dynamique au groove assuré (« Living On The Run », « Coming For You », « Don’t Call It Love »). Loin de l’épuisement, son Rock resplendit.
Photo : Tony Ayiotou
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Originaire de Birmingham, ROME IS BURNING surgit avec un premier album éponyme, qui en dit déjà long sur ses intentions et son état d’esprit. Entièrement autoproduit, « Rome Is Burning » vient faire le lien entre une scène Grunge alternative estampillée 90’s et un Hard Rock intemporel musclé et efficace. Un savoureux mix qui le rend explosif. Composé de musiciens chevronnés, les Anglais sont d’une sincérité et d’une honnêteté qui s’entendent jusqu’au cœur de leurs morceaux. Ici, on ne triche pas et on ne se planque pas derrière des bidouilleries numériques. Entretien avec le guitariste Chris Flanagan et Leigh Oates, frontman du quatuor, tous les deux aussi directs et attachants que leur Alternative Hard Rock.
– La première question que j’ai envie de vous poser est si votre nom vient du morceau de Junkyard, sorti il y a cinq ans et qui est dans un registre assez proche du vôtre ?
Chris : C’est juste une coïncidence ! En fait, à l’époque, on observait l’état du monde et on se demandait : ‘Mais qu’est-ce qui se passe ?! C’est fou !’. Et on voulait un nom qui reflète ça.
Leigh : Oui, ROME IS BURNING était clairement notre favori, dès notre première conversation pour le nom du groupe.
– On ne sait pas encore grand-chose de ROME IS BURNING, car vous vous êtes formés l’an dernier et votre premier album sort tout juste. J’imagine que vous avez fait vos premières armes sur la scène de Birmingham. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur vos parcours respectifs et la création du groupe ?
Chris : Je parcours la scène britannique depuis des années maintenant, et il m’a fallu beaucoup de temps pour trouver un partenaire musical qui partage ma passion. Heureusement, j’ai trouvé en Leigh un partenaire d’écriture, qui nous a permis à tous les deux d’exprimer pleinement nos idées.
Leigh : D’une certaine manière, on peut dire que je suis un vétéran. Je crois que c’est mon dixième album commercialisé. J’ai vécu de belles expériences, des succès et de grosses déceptions au fil des années dans l’industrie musicale. Mais j’adore faire de la musique et Chris et moi partageons vraiment la même vision pour ROME IS BURNING. Ça a été facile d’écrire l’album et de l’enregistrer comme on le souhaitait.
– L’une de vos particularités est aussi de présenter un style et un son plus américain que britannique, je trouve. Vos influences se situent-elles clairement de l’autre côté de l’Atlantique ?
Chris : Je dirais que je suis quand même plus influencé par la scène musicale britannique en général. La plupart de mes groupes préférés sont anglais, donc par osmose, j’ai absorbé ce type de musique dans une certaine mesure. J’aime beaucoup de groupes américains, comme Alice In Chains et Soundgarden, donc peut-être que cette influence a déteint sur moi à un moment ou à un autre. C’est possible, oui. (Sourires)
Leigh : Pour être honnête, mes influences viennent de partout, même si, dans l’ensemble, j’ai surtout été influencé par les groupes britanniques et américains. Grandir avec le Grunge a été une énorme influence pour moi et par nature, la plupart, voire tous les meilleurs groupes de cette époque, étaient américains !
– Pour rester sur l’aspect sonore de ROME IS BURNING, c’est toi Leigh, le chanteur, qui a mixé et produit l’album. C’est un atout supplémentaire, d’autant que le résultat est très convaincant. Est-ce important, selon vous, de pouvoir savoir gérer un maximum de domaines lorsqu’on sort un premier album aujourd’hui ?
Chris : Absolument. L’industrie musicale est morte. 99 % des musiciens que j’ai connus ces quinze dernières années ont démissionné, donc il faut tout faire de nos jours. C’est vraiment positif d’avoir quelqu’un dans le groupe avec une oreille aussi fine que celle de Leigh.
Leigh : Fini le temps des grandes avancées, alors maintenant plus que jamais, on revient au DIY ! On aime être aussi autonomes que possible. Evidemment, nos budgets sont serrés, donc plus on peut faire de choses nous-mêmes, mieux c’est.
– D’ailleurs, « Rome Is Burning » sort en autoproduction. Beaucoup de groupes considèrent que les labels ne sont plus franchement indispensables dans une industrie musicale bousculée par les plateformes et les réseaux sociaux. C’est aussi votre sentiment et est-ce également ce qui explique votre démarche ?
Chris : J’emmerde les maisons de disques. J’emmerde Spotify. J’emmerde Apple. J’emmerde Instagram. Ce sont tous des escrocs et j’ai hâte de voir toutes les plateformes brûler ! (Et moi donc ! – NDR)
Leigh : On nous a proposé des choses et on les a refusées. Pourquoi donner à quelqu’un la propriété de votre musique et une part des revenus potentiels pour avoir fait ce qu’on sait faire soi-même ? Il suffit de télécharger sa musique sur une plateforme, de payer une petite commission et n’importe qui, partout dans le monde, peut l’écouter.
– L’album a une résonnance très 90’s, basée sur un Hard Rock aux touches Grunge et Stoner. Sans y voir une quelconque nostalgie, cela rend votre jeu terriblement efficace. Votre intention est-elle de renforcer l’impact et le groove et, finalement, proposer des arrangements assez minimalistes, afin de rendre ROME IS BURNING plus compact ?
Chris : En tant que guitariste, il est très facile d’en faire trop. Lors de la composition de l’album, nous avons délibérément choisi de mettre en avant les accroches vocales, car nous voulions avant tout que notre musique aille vraiment dans ce sens. Avec un chanteur aussi talentueux que Leigh, ce serait une folie totale d’essayer d’intégrer encore plus de guitares au détriment du chant. Nous savons que nous sommes capables de jouer, mais le plus difficile est d’écrire une bonne chanson. Les arrangements minimalistes fonctionnent donc plutôt bien avec ce que nous recherchons.
Leigh : Chris est très gentil ! (Rires) C’est vrai que nous voulions rester assez épurés et laisser les accroches briller, et je pense que nous y sommes parvenus. Je suis ravi que tu apprécies la façon dont nous avons présenté les chansons. Nous avons fait en sorte que l’album sonne exactement comme nous le souhaitions, ce qui peut être difficile au départ. J’ai travaillé avec de très bons producteurs au fil des ans, et il arrive que le résultat soit excellent, mais pas toujours celui que l’on imaginait pour la chanson.
– L’ensemble de l’album a une saveur très alternative, légèrement sleaze, et avec un côté très underground, comme une volonté d’éviter toutes velléités mainstream. Est-ce que l’indépendance commence, selon vous, par une couleur musicale marquée et presque revendicatrice aussi dans sa forme ?
Chris : Tu sais, on n’a pas vraiment pensé au courant dominant quand on a créé l’album. On a juste écrit de la musique qu’on aimait.
Leigh : Je trouve qu’il y a aussi beaucoup d’émotion dans notre musique et on a le cœur sur la main. Rien de ce qu’on fait n’est artificiel.
– Pour rester sur cet aspect underground de ROME IS BURNING, malgré des thèmes sombres et rageurs aussi, vous présentez un élan très fédérateur dans les refrains, ainsi que dans les riffs. L’un n’empêche pas l’autre ? Et l’idée reste-t-elle de propager cet esprit de liberté que vous véhiculez ?
Chris : Ma philosophie pour composer de la musique à la guitare est de créer une tension, puis de la relâcher dans le refrain. J’essaie toujours de donner à Leigh une palette sonore optimale pour créer un bon refrain.
Leigh : J’aime que les gens puissent s’identifier aux paroles et en tirer leur propre interprétation. Franchement, qui n’aime pas un long refrain sur lequel chanter ? (Sourires)
– Là où beaucoup de groupes aujourd’hui jouent sur des arrangements souvent pompeux et des albums surproduits, ROME IS BURNING touche par son authenticité et un son presque épuré. Il y a une honnêteté qui transpire de vos morceaux. C’est là-dedans et sous cette forme que vous trouvez toute cette énergie ?
Chris : L’objectif principal de l’album était de créer quelque chose de brut et de vrai. De nos jours, tout le monde peut obtenir un son studio incroyable dans un garage, mais est-il possible de le rendre authentique ? D’après ce que j’entends d’autres groupes, la réponse est non. La plupart des nouvelles musiques sonnent vraiment mal. On ne dirait pas un groupe en train de jouer dans une pièce. ROME IS BURNING, si ! (Sourires)
Leigh : Merci pour cette remarque, je suis content que tu aies saisi notre intention ! On reste réalistes, ce qu’on entend sur l’album est ce qu’on entend en live. Il n’y a pas de trucs, pas de gimmicks.
– Enfin, j’imagine que le prochain objectif est de diffuser au maximum votre musique en Angleterre pour commencer, et au-delà par la suite. Et cela commence bien sûr par les concerts, avez-vous déjà des projets de ce côté-là ? Une tournée peut-être ?
Chris : On a quasiment enregistré notre deuxième album et les démos sont superbes. Pour la tournée, on veut toucher le plus de monde possible. On est un groupe Old School avec une mentalité Old School, donc si les gens veulent qu’on joue, on le fera ! (Sourires)
Leigh : Absolument ! Plus de concerts et on commence déjà le deuxième album. En tout cas, merci beaucoup pour ton intérêt et ton soutien à ROME IS BURNING. Nous t’en sommes vraiment reconnaissants !
Toutes les infos sur le premier album éponyme de ROME IS BURNING sont disponibles sont le site du groupe : https://romeisburning.com/