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post-Rock Progressif

Glen : une grisante stimulation

Derrière ce titre énigmatique, cette nouvelle réalisation reprend les choses, musicalement, là où le très créatif duo nous avait laissé avec « Pull ! ». Même si le ‘propos’ est différent dans l’intention, il est le même dans la forme. Dynamique, parfois épique et cinématique, le post-Rock Progressif de GLEN joue sur des concepts très modernes et assez visionnaires avec une technique et une élégance toujours aussi délicates. « I Can See No Evil » est envoûtant à plus d’un titre.

GLEN

« I Can See No Evil »

(Sound Effect Records)

Avec « Pull ! », son précédent album sorti il y a deux ans, la formation basée entre Berlin et Athènes, nous propulsait dans un post-Rock Progressif étonnant. Toujours emmené par le multi-instrumentiste allemand Wilhelm Stegmeier et la guitariste et pianiste Eleni Ampelakioutou, GLEN réédite l’exploit de faire aussi bien en plus de se renouveler. D’ailleurs, sur « I Can See No Evil », il accueille les batteurs Lucia Martinez et Achim Faeber, ainsi que Roland Feinaeugle à la basse. Et l’unité demeure.

Ce qui rend si spéciale la musique du groupe, c’est alors qu’elle est entièrement instrumentale, elle nous raconte plein de choses. Chaque album donne lieu à des morceaux directement liés aux réflexions du binôme et notamment de son compositeur. GLEN possède un sens de l’expressivité musicale, qui se dilue dans un groove obsédant, lui-même guidé par un style narratif qui se passe facilement de mots. Et ce troisième opus est toujours aussi polymorphe, inspiré et véloce.

Comme sur « Pull ! », on retrouve le légendaire producteur allemand Reinhold Mack au mix, qui offre cette fois encore un relief saisissant à des morceaux d’une grande finesse, mis en lumière par des arrangements très soignés (« Paradigma », « Neos Kosmos » et sa trompette aérienne, « In The Midday Sun » et le nerveux « Strike »). GLEN n’a pas son pareil pour nous inviter au voyage, grâce à des envolées lumineuses, des instants suspendus et un art du crescendo inouï. « I Can See No Evil » est exaltant, séduisant et explosif. Un grand moment.

Photo : Benjamin Talsik

Retrouvez l’interview du groupe parue à la sortie de « Pull ! »…

… et la chronique de l’album :

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France Psych Rock 70's

Komodrag & The Mounodor : chimère psychédélique [Interview]

Si vous avez déjà vu KOMODRAG & THE MOUNODOR sur scène, vous pouvez aisément imaginer combien interviewer les sept musiciens en même temps aurait vite tourné au casse-tête. C’est donc un entretien croisé, et séparé, de la dynamique formation bretonne estampillée ‘super-band’ que je vous propose pour parler de ce premier et très bon album « Green Fields Of Armorica ». Il y est question pour les deux groupes de communier leur amour pour le Rock 70’s dans un esprit forcément psychédélique… et joyeux ! Et sans aucune concertation, le septet montre une osmose totale jusque dans ses réponses. Entretien paimpolo-douarneniste avec une formation, qui va très vite devenir incontournable bien au-delà des frontières bretonnes.

– Votre rencontre et votre coup de foudre réciproque ont eu lieu en 2019 et quelques jams ont eu lieu dans la foulée. Quel a été le véritable déclic pour fonder KOMODRAG & THE MOUNODOR, car une aventure pareille ne se fait pas sur un coup de tête, si ?

Komodor : Et si, ça s’est exactement passé sur un coup de tête. Quand nous avons rencontré pour la première fois Camille et Colin, ça a tout de suite été un coup de foudre amical et musical. Le feeling a pris directement pendant qu’on faisait notre première jam ensemble et c’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il y avait moyen de bien rigoler et de faire du bon gros Rock ensemble.

Moundrag : On avait l’habitude de jammer après nos concerts avec Komodor et l’élément déclencheur a été quand on nous avait proposé d’enregistrer et de filmer une live session. Comme nous venions de sortir une vidéo sur KEXP, nous avons plutôt proposé notre nouveau projet : KOMODRAG & THE MOUNODOR. Le truc marrant, c’est qu’on avait composé les trois morceaux de la live session le week-end précédent !

– Votre premier ‘gros’ concert a eu lieu aux Trans Musicales de Rennes en 2021. Quels souvenirs en gardez-vous, notamment par rapport à vos rôles respectifs sur scène, vos positionnements aussi et le relais et l’échange entre vous et le public ?

Moundrag : Ce premier concert restera gravé dans nos mémoires ! Le public était chaud bouillant et nous étions possédés par les démons du Rock’n’Roll : sept mercenaires au service de vos soirées d’ivresse !

Komodor : C’était un gros challenge et on en garde des souvenirs gravés à jamais : une ambiance de fou, notre première grosse scène devant autant de monde et, surtout, le tout premier concert du groupe. Nous avions eu la chance de travailler en résidence et d’être accompagné par une superbe team afin que tout se passe au mieux.

Le positionnement sur scène s’est fait assez naturellement. Nous sommes sept, donc pour occuper le plateau, ce n’est pas un problème. On était remontés comme jamais avant de jouer. C’était un vrai moment de partage avec le public qui était chaud bouillant et qui avait soif de faire la fête avec nous.

Photo : Erwan Larzul

– Vous sortez aujourd’hui « Green Fields Of Armorica », qui dispose d’une production très organique que l’on retrouve d’ailleurs aussi sur vos albums respectifs. Avez-vous eu envie de travailler un son particulier ? Et comment le travail d’enregistrement s’est-il effectué, car gérer sept musiciens peut vite devenir compliqué ?

Komodor : Ce n’était pas une mince affaire, surtout pour trouver de l’espace pour tout le monde. Nous avons pris parti de retranscrire au mieux le son que nous avons en live, mais avec tous les avantages du studio en termes de production et d’effets.

Les deux batteries, l’orgue et la basse ont été enregistrés live dans une pièce de 15m². On a  joué le plus fort possible pour ressentir cet effet organique. Les guitares et les voix ont été enregistrées séparément après toute la base rythmique. Ce qui a permis de travailler au mieux la spatialisation dans la stéréo et d’avoir un son punchy et aérien au mixage.

Moundrag : Nous avons voulu avoir un son qui se rapproche le plus de notre performance scénique. Nous avons enregistré les deux batteries, la basse et l’orgue Hammond en live, tous les quatre dans une petite pièce. Puis, nous avons rajouté les guitares/overdubs et enfin les voix. Le plus dur a été de trouver une place pour chacun dans le mix. Bravo Goudzou !

Photo : Erwan Larzul

– Est-ce qu’au moment de composer justement, n’avez-vous pas été tentés les uns et les autres d’imposer votre patte en utilisant peut-être des morceaux ou des mélodies que vous aviez déjà chacun de votre côté ?

Moundrag : Tout a été composé pour le groupe. Pour notre part, on est vraiment sorti du Heavy Psych Prog pour proposer des riffs et des chansons plus ‘Pop’. Nous avons vraiment à coeur de différencier les répertoires pour éviter que les auditeurs ne mélangent tout… Même si c’est déjà les cas avec le nom du groupe ! (Rires)

Komodor : On a justement mis les riffs, qui ne correspondaient pas à nos projets respectifs, mais qui nous plaisaient ! (Rires) On s’est quand même donné une ligne directrice en termes d’esthétique musicale, ce qui a permis d’élaborer le set autour de cet univers. L’ensemble des membres a apporté ses influences dans cet album, ce qui a créé une identité indépendante de Komodor et de Moundrag.

– A l’écoute de ce premier album, ce qui est assez étonnant, c’est que l’on ne perçoit pas forcément l’empreinte directe de Komodor, ni de Moundrag de manière significative. Il s’agit véritablement d’un autre groupe. Est-ce que ça a été difficile de vous imposer ça ? Fusionner deux groupes ne débouche pas forcément sur un style aussi personnel…

Komodor : Au contraire, c’est hyper excitant, nous avons tout de suite voulu créer un projet à part entière et qui soit dans une esthétique différente ! Ce n’est pas dans la même veine que nos projets respectifs. Etant à sept dans cette formation, cela nous a permis d’expérimenter de nouvelles méthodes de travail et composition !

Notre volonté était clairement de recréer un show énergique au plus proche de ce qui pouvait exister à l’époque avec un univers bien ciblé et identifié ! Cela nous permet d’aller creuser encore plus loin dans notre recherche et de comprendre au mieux comment cette époque a marqué toute une génération et un mouvement artistique qui perdure encore.

Moundrag : C’était un choix nécessaire. Nous sommes sorties de nos zones de confort pour proposer un répertoire qui n’empiète pas sur nos projets respectifs. KOMODRAG & MOUNODOR a un répertoire Southern Rock, qui s’est imposé de lui-même. Cela nous permet de faire vivre à côté Moundrag et Komodor sans redite.

Photo : Erwan Larzul

– Est-ce que vous voyez KOMODRAG & THE MOUNODOR comme une sorte de récréation, un side-project qui vous permet de franchir et d’explorer des frontières qui vont au-delà de vos groupes respectifs ? Et lui voyez-vous d’ailleurs un avenir après « Green Fields Of Armorica », en dehors des concerts, bien sûr ?

Moundrag : Au début, on voyait ça comme un side-project, une jam entre copains à la fin des concerts. Mais plus ça va et plus ce groupe prend de l’importance ! On a beaucoup de chance de pouvoir jouer en live ce projet qui demande beaucoup d’investissement avec sept musiciens sur scène. On va déjà défendre en live cet album et on verra ensuite pour un deuxième…

Komodor : C’est une vraie récréation, qui a maintenant pris une tournure ‘plus sérieuse’. Nous vivons tellement de moments incroyables que nous voulons vraiment que cette histoire perdure ! On veut s’exporter, jouer et s’amuser autant que possible ! Dès que nous aurons fini la tournée de cet album, nous avons pour projet de nous pencher sur l’écriture du second opus.

– D’ailleurs, ce projet est assez étonnant dans la mesure où vous avez tous les deux un premier album à votre actif, donc un parcours jusqu’ici assez court. Et cela ne vous a pas empêché, bien au contraire, de vous lancer dans cette nouvelle aventure. Alors aujourd’hui, et respectivement, où est votre priorité ? Komodor, Moundrag ou KOMODRAG & THE MOUNODOR ?

Moundrag : Tous les projets ont autant d’importance à nos yeux. Nous aimons de tout notre coeur le Hard Prog Heavy Psych, donc nous continuerons à défendre ce style, même si KOMODRAG & THE MOUNODOR prend de plus en plus de temps sur l’agenda.

Komodor : Les trois, mon capitaine ! On ne va pas abandonner un seul des trois projets. Chaque groupe se construit avec un public différent. Ça nous tient à cœur de les développer, car nous ne sommes qu’au début de l’aventure pour chacun d’entre eux et la route est encore longue.

Photo : Erwan Larzul

– J’imagine qu’une tournée va aussi arriver et elle va mettre en stand-by vos formations  respectives. Est-ce qu’en parallèle, vous travaillez déjà les uns et les autres sur vos futures réalisations ? Et quand pensez-vous avoir le temps de souffler un peu ?

Komodor : La tournée de cet album ne va pas nous empêcher de tourner avec Komodor, bien au contraire. S’il y a un trou dans l’agenda, on le remplira. D’ailleurs, il y a déjà des dates de programmées pour la saison prochaine ! On veut bouffer du bitume et nous avons encore beaucoup d’endroits à découvrir ! En ce qui concerne Komodor, nous avons déjà entamé le travail de pré-production du prochain album ! Nous voulons battre le fer tant qu’il est encore chaud, et nous avons de belles surprises à annoncer dans les temps à venir.

Moundrag : Effectivement nous travaillons sur le deuxième opus de Moundrag. Pas l’temps d’souffler, quand la tempête arrive ! On se reposera quand on sera mort. D’ailleurs, il nous reste des dates à booker pour cet été.

– Enfin, car on peut tout se dire maintenant : qui tient la culotte dans KOMODRAG & THE MOUNODOR ? Moundrag ou Komodor ?

Moundrag : Ah Désolé, ce sont les Komodor qui portent des culottes, nous on est plutôt caleçons !

Komodor : On sait que les Moundrag vont dire que ce sont eux. On va donc humblement leur donner les codes de la boîte mail, et on va se la couler douce dans le Morbihan !

L’album de KOMODRAG & THE MOUNODOR, « Green Fields Of Armorica », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.

Retrouvez les interviews accordées par les deux groupes lors de la sortie de leur premier album respectif :

Moundrag…

… et Komodor

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Doom Rock Proto-Metal Psych Prog

Hippie Death Cult : nouveau chapitre

Qui aurait pensé à l’écoute de « Cycle Of Day », sa précédente production, que la bassiste Laura Phillips aurait eu autant de facilité à endosser le rôle de chanteuse au sein de la formation de l’Oregon ? Et la seconde question que l’on peut se poser, c’est pourquoi est-ce que ce changement n’a pas eu bien avant ? Tout en conservant son identité musicale, HIPPIE DEATH CULT s’ouvre de la plus belle des manières de nouveaux horizons avec ce très bon « Helichrysum » électrisant.

HIPPIE DEATH CULT

« Helichrysum »

(Heavy Psych Sounds)

Si l’univers de HIPPIE DEATH CULT est progressif, brut et rugueux, il tend surtout vers un Psych Rock aux gimmicks zeppeliniens et sabbathiens, avec ainsi des tessitures très proto-Metal. Jamais très loin du Doom avec des guitares âpres et une rythmiques aussi lourde que véloce, le style du groupe de Portland combine toutes ces influences dans une dynamique très créative. Après « Cycle Of Days », sorti il y a deux ans, « Helichrysum » montre bien des différences et elle sont de taille.

La première vient du line-up qui voit HIPPIE DEATH CULT passer de la formule en quatuor au power trio, suite au départ de Ben Jackson. C’est Laura Phillips qui reprend le chant, en plus de la basse qu’elle assure avec une fougue et une technique imparable. La frontwoman apporte un peu de douceur et sensualité, tout en restant terriblement Rock, volontaire et dorénavant guide du combo. Réduit à trois donc, les Américains sont encore plus soudés, percutants et aériens.

Accompagnée par Eddie Brnabic à la guitare et Harry Silvers à la batterie, la chanteuse et ses compagnons ont resserré les rangs et cela se ressent tout au long de ce troisième opus. Et pourtant, les arrangements sont toujours très judicieux et élégants (« Arise », « Better Days »). En portant son dévolu sur les thèmes de l’endurance, de la guérison et de l’immortalité, HIPPIE DEATH CULT se fond dans un domaine qui transpire littéralement dans sa musique (« Toxic Annihilator », « Nefelibata », « Tomorrow Sky »). Transcendant.

Retrouvez la chronique de l’album « Circle Of Days » :

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Classic Hard Rock Rock Hard

Rival Sons : coup double

Ils sont rares les artistes qui parviennent à faire la quasi-unanimité chez les fans de Rock, de Hard et même de Metal. Pourtant, depuis quelques années, RIVAL SONS est sur le point de réussir ce tour de force. Au début de l’été, « Darkfighter » a provoqué un séisme avec cette approche nuancée et vibratoire si particulière. « Lightbringer » est exactement dans la même veine et prolonge le plaisir avec beaucoup d’intensité et d’émotion.

RIVAL SONS

« Lightbringer »

(Low Country Sound/Atlantic Records)

Présenter deux albums d’un même groupe à quelques mois d’intervalle est plutôt inhabituel. Et lorsque les trois sont bons, le groupe et les albums, c’est un vrai plaisir… devenu tellement rare. En juin dernier, en sortant « Darkfighter », RIVAL SONS avait déjà annoncé qu’un second opus arriverait en complément du premier. Si la surprise n’en est donc pas une, le résultat, en revanche, va bien au-delà des espérances. « Lightbringer » fait plus que tenir ses promesses, il vient couronner une inspiration hors-norme.

Pour rappel, l’écriture des morceaux avait commencé avant la pandémie et en reprenant là où ils en étaient, les Américains se sont aperçus que deux types d’atmosphères se détachaient. Avec suffisamment de matériel pour en livrer deux parties, RIVAL SONS vous a régalé avec « Darkfighter » et voici la belle cerise sur le gâteau : « Lightbringer ». Si « Feral Root » (2019) avait déjà secoué le monde du Rock et fait prendre une nouvelle dimension au quatuor, ce coup double les place au firmament.

La splendide production de Dave Cobb, grand artisan du son des gars de Long Beach, est toujours d’une authenticité brute et lumineuse. En ouvrant judicieusement avec le dantesque « Darkfighter » et ses neuf minutes, RIVAL SONS présente la parfaite transition entre les deux disques. Porté par un Jay Buchanan magnétique au chant, un Scott Holiday étincelant à la guitare et guidé par une rythmique lourde, « Lightbringer » est envoûtant de bout en bout, notamment sur l’incroyable « Before The Fire » et « Mosaic ». Abyssal !

Retrouvez la chronique de « Darkfighter »…

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Roots Rock

Duff McKagan : une radieuse parenthèse

Quasi-métamorphosé depuis son retour dans son groupe Guns N’Roses en 2016, l’emblématique bassiste à la crinière blonde semble presque démarrer une deuxième vie. Il écrit, est devenu un musicien de session très demandé et surtout il sort des albums solos dans des territoires musicaux où on ne l’attend pas forcément. Entre Rock et Folk, légèrement Southern et bluesy, DUFF McKAGAN rayonne littéralement sur ce très bon « Lighthouse ».

DUFF McKAGAN

« Lighthouse »

(The World Is Flat)

C’est avec toute la sobriété qu’on lui connait désormais que DUFF McKAGAN se présente avec son troisième effort solo (quatrième même si l’on inclue « Beautiful Disease » qui n’est jamais sorti, mais dont on peut apprécier trois morceaux sur l’album « Dark Days » de son groupe Loaded). Assagi et apaisé, on le retrouve cependant dans un registre plus électrique que ne l’était « Tenderness » (2019), essentiellement acoustique. Avec « Lighthouse », le songwriter, bassiste, guitariste et chanteur affiche un visage authentique comme toujours, ainsi que plus réfléchi et dépouillé musicalement.

Le membre fondateur de G N’R reprend les choses là où il les avait laissées il y a quatre ans. Toujours aussi introspectif et intimiste, il passe en revue avec une évidente sincérité les étapes et les épreuves traversées ces dernières années, non sans humour. Et il en ressort des titres Rock, globalement mid-tempo à travers lesquels DUFF McKAGAN se dévoile comme étant un très bon narrateur (« Lighthouse », le truculent « I Saw God On The 10th Street », « Holy Water », « Longfeather »). Au fil du disque, l’Américain se fond dans des atmosphères très roots avec quelques clins d’œil Country et un brin bluesy.

Comme sur ses précédentes réalisations, le natif de Seattle revient à ses premières amours tres ancrées dans le Rock américain, si l’on excepte la forte influence des Rolling Stones du siècle dernier, bien sûr. Malgré tout, et notamment depuis « Tenderness », on sent une vrai touche et une patte très distinctive chez DUFF McKAGAN. Et « Lighthouse » affiche également une belle homogénéité. On notera aussi la présence de Jerry Cantrell d’Alice In Chains sur « I Just Don’t Know », la discrète et très classe participation de Slash sur « Hope » et celle, non-essentielle, d’Iggy Pop pour clore l’album. Beaucoup de justesse et de finesse.

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France Grunge Heavy Rock Stoner Rock

7 Weeks : d’une ardente authenticité [Interview]

Le malheureux timing subi par l’excellent « Sisyphus » il y a deux ans est loin d’avoir refroidi 7 WEEKS. Bien au contraire, le trio fait de nouveau sensation avec « Fade Into Blurred Lines », un album certes moins solaire que le précédent, mais qui livre une vérité musicale comme on n’en voit peu. Le Heavy Rock teinté de Stoner et un brin Grunge des Français dévoile beaucoup de fragilité dans un sens, mais elle vient renforcer une puissance émotionnelle sincère et intense, qui se fond dans des sonorités Blues très personnelles. Julien Bernard, chanteur et bassiste, revient sur le récent parcours du groupe et l’élaboration de ce sixième opus. Entretien.

Photo : Marie d’Emm

– Il y a trois ans vous commenciez la série « Sisyphus » avec un très bon album, suivi de l’EP « What’s Next ? » l’année suivante. Avec le recul, qu’en retiens-tu ? La période a été pénible et malgré tout, 7 WEEKS sort deux très belles productions…

Ca a été une période très productive, on a compensé le fait de ne pouvoir jouer l’album sur scène par des projets annexes, c’est-à-dire l’EP, des sessions live acoustiques, des livestreams, etc… On ne pouvait pas tout laisser s’arrêter, on a tenu bon et notre structuration en label indépendant autogéré nous a permis de faire ça, là où tout le monde était en ‘sommeil’. Si on avait été sur un autre label, ou une major, jamais on aurait pu le faire. Ca montre aussi qu’en cas de crise, les petits arrivent à survivre là où les grosses productions s’arrêtent. Le problème est quand ça repart, les ‘gros’ trustent tout ! (Sourires)

– Est-ce qu’après la pandémie, vous avez pu reprendre le chemin des concerts normalement et enfin défendre votre album dans les meilleures conditions ?

Oui, on a réattaqué les dates dès juillet 2021 et on a fait une belle tournée sur l’automne, puis une nouvelle série de concerts jusqu’à l’été 2022, avant de s’attaquer au nouvel album.

Photo : Jérémie Noël

– Vous revenez aujourd’hui avec « Fade Into Blurred Lines » sur lequel vous vous affirmez encore plus. Quand avez-vous commencé sa composition, car on le sent très spontané ?

Les premières idées datent de début 2021, mais le travail réel sur l’album s’est fait à partir de janvier 2022. Puis à la fin août, notre clavier a décidé de ne pas repartir sur un nouvel album. On s’est donc retrouvé à trois et nous avons tout repensé et composé dans cette dynamique de trio. C’est effectivement assez spontané dans le sens où on a voulu faire ça de manière très organique, très live.

– Malgré la puissance qu’il dégage, ce nouvel album a aussi un côté encore plus personnel et aussi très intimiste. Comment combinez-vous ces deux aspects, car on vous sent aussi très libérés dans le jeu ? Et il y a l’importance accordée aux textes également…

Exactement, pour la première fois, j’ai pu déléguer la guitare, que je faisais jusque-là sur quasiment tous les albums. J’ai donc vraiment pu me concentrer sur l’écriture dans sa globalité avec mes instruments de prédilection, à savoir le chant et la basse. J’ai travaillé les textes avec une amie anglaise (Katy du groupe Lizzard) et on a été assez loin. On a pris le temps de comprendre ce que je voulais exprimer et trouver la bonne formulation, celle qui sonnerait le mieux avec la musique. Les textes sont écrits de manière à vraiment se livrer en les chantant, d’où le côté intimiste sur des morceaux comme « Mute » ou « Shimmering Blue ». De manière générale, chacun a pu se concentrer sur son instrument et sur la manière d’exprimer au mieux l’état d’esprit ou l’émotion du morceau. Et le fait de se retrouver à trois pour bosser en profondeur sur les titres a permis une musicalité qui est très expressive.

Photo : Romain Mouneix

– Pour « Fade Into Blurred Lines », vous avez enregistré l’album en condition live, ce qui lui confère un son très organique, et d’ailleurs la sincérité et l’authenticité qui s’en dégagent sont éclatantes. En quoi cela était-il important pour vous, car la production et les arrangements sont également très soignés ?

On tenait à capturer des prises live très brutes dans le jeu et le feeling pour ensuite ajouter les arrangements, sans se soucier de savoir si on pourrait les jouer sur scène. Si les prises brutes fonctionnent, les arrangements ne sont que la cerise sur le gâteau et non un cache-misère.

– Votre Heavy Rock est toujours teinté de Stoner, légèrement de Grunge et cette fois, il y a également des éléments bluesy qui viennent se greffer. Ca va dans le sens et dans le propos général de l’album ? Ou est-ce juste une volonté artistique et sonore ?

Il me semble qu’on a toujours eu cette fibre Blues, dès « Carnivora » en 2013 sur un morceau comme « Shadow Rider », par exemple. Peut-être était-elle moins ressentie, car la production des disques qui était moins organique. Cette influence-là est logique vu la musique que l’on fait. Mais c’est vrai que cet album s’y prête beaucoup. Le Blues est une forme d’expression, c’est chanter et jouer ce qu’on ressent ou ce qu’on vit de manière très crue. En ce sens-là, nous faisons du Blues sur ce disque. Simplement, nous ne sommes pas du Mississipi ou de Chicago. La forme est différente, mais pas le fond.

Photo : Jérémie Noël

– J’aimerais que tu nous dises un mot sur cette très belle pochette, ce qui est d’ailleurs une habitude chez vous. Quelle est ton interprétation de cette statue étonnante et très expressive de Don Quichotte ? Elle est d’ailleurs présente dans le clip de « Gorgo ». Et de qui est-elle l’œuvre ?

Nous avons effectivement la chance de travailler avec Gilles Estines, qui est un ami et qui fait quasiment tous nos visuels. Il nous sort toujours des choses magnifiques. Pour cet album, on lui avait donné plusieurs pistes, dont celle d’un Don Quichotte, qui en en rapport avec le morceau « Windmills ». Après plusieurs propositions, il nous a semblé que ce visuel très fort conviendrait parfaitement au sentiment général du disque et à son titre. Pour le titre « Gorgo », on a eu cette idée de créer la statue en vrai pour la filmer dans le sable pour mieux coller au texte. Puis, on a demandé à une connaissance, Loïc Delage de Hom’ort, de s’inspirer de la pochette et il a crée ce personnage. C’est un sculpteur sur métal très doué. On adore sa statue et elle trône dorénavant dans mon jardin !

– Depuis vos débuts, vous avez produit six albums et deux EP via votre label F2M Planet, et vous gérez également vous-mêmes vos tournées. On comprend facilement votre désir d’indépendance et de liberté, mais est-ce que ce n’est pas trop contraignant dans la mesure où cela pourrait empiéter sur la création musicale ?

Ca empiète surtout sur nos vies personnelles ! (Sourires) C’est une somme de travail considérable, mais ça nous permet de faire les choses comme on l’entend. On respecte les gens qui font ça et on est respecté aussi pour ça. On ne lâche rien et on est honnête dans notre démarche.

– La sortie de « Fade Into Blurred Lines » correspond au démarrage de la première partie de votre tournée. C’est important de le livrer en live, tant qu’il est encore ‘chaud’ ?

Oui, on a hâte de rejouer. Le premier concert était un vrai soulagement après tous ces mois de travail et d’attente. Le trio fonctionne très bien en live et les nouveaux morceaux sont super à jouer.

Le nouvel album de 7 WEEKS, « Fade Into Blurred Lines » est disponible chez F2M Planet.

Retrouvez la chronique du précédent EP du groupe :

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Alternative Rock Pop Rock Power Rock

Amy Montgomery : une explosive dualité

Elle rayonne, elle rugit et elle envoûte une fois encore sur ce nouvel EP. Avec « Astil », AMY MONTGOMERY prouve qu’elle est aussi à son aise sur des morceaux massifs et rentre-dedans que sur des chansons poignantes. La spontanéité de la volcanique irlandaise fait des merveilles sur ce nouvel effort, qui promet un bel album à venir l’an prochain. 2024 sera sans nul doute son année et ces nouveaux titres sont autant de perles à déguster pour patienter… avant de l’accueillir sur les scènes françaises.  

AMY MONTGOMERY

« Astil »

(Independant)

Au printemps dernier, la déflagration Rock est venue de Belfast avec le single « Change Change » d’AMY MONTGOMERY qui, petit à petit et à force de tourner aux quatre coins de l’Europe, commence à se faire un nom. Il faut dire que la jeune chanteuse (et multi-instrumentiste) n’a pas froid aux yeux et se livre dans un registre explosif, mélodique et très rapidement addictif. Inspirée de figures féminines comme Alanis Morissette, Beth Hart et quelques autres, elle a su imposer son style, grâce à une forte personnalité et une combinaison de sons d’une puissance rare et d’une sincérité absolue.

Après un été passé sur les routes, l’Irlandaise est de retour avec « Astil », un nouvel EP qui nous permet de découvrir d’autres facettes de son jeu. Très bien autoproduit avec son partenaire Michael Mormecha, également touche-à-tout, le duo fait des étincelles en combinant les ambiances, des approches musicales différentes et une émotion qui se traduisent autant dans de délicates déclarations (« Forever And You ») comme sur des intentions plus guerrières (« Astil »). AMY MONTGOMERY ne s’interdit rien et se montre même d’une incroyable polyvalence.

Oser affirmer que la songwriter est l’incarnation-même du Power Rock moderne au féminin n’a flanchement rien d’extravaguant ou d’exagéré. Les morceaux d’« Astil » sont d’une telle variété que rien ne semble lui résister. Sensible et d’un dynamisme à toute épreuve, la frontwoman livre des morceaux très bien arrangés, où les guitares et sa voix percutent à l’envie, bien aidées par des synthés discrets et témoins d’une orchestration très maîtrisée (« Way For Free Limit », « Meet You In The  Sun »). Solaire et fougueuse, AMY MONTGOMERY fait bel et bien partie de ses futures très grandes, qu’on se le dise !

Le nouvel Ep d’AMY MONTGOMERY, « Astil » est disponible sur le Bandcamp de l’artiste :

https://amymontgomery.bandcamp.com/album/astil

Retrouvez également la longue interview qu’elle a accordé à Rock’n Force en mars dernier :

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Alternative Metal Alternative Rock

Red : vif

Toujours bardé de bonnes intentions, l’Alternative Metal de RED n’en est pas moins virulent et très rentre-dedans. Après un peu plus de 20 ans de carrière, « Rated R » est la huitième réalisation du combo et, mené par un Michael Barnes dont la prestation vocale impressionne, elle fait partie de ses meilleures. Les Américains sont toujours au rendez-vous avec une signature musicale et sonore intacte à laquelle ils restent fidèles. Sans déplacer les montagnes, ils assurent avec force.

RED

« Rated R »

(Red Entertainment/The Fuel Music)

J’ai toujours eu une certaine tendresse pour le quatuor du Tennessee que j’ai eu le plaisir de voir sur scène juste après la sortie de « Innocent And Instinct », son deuxième album, au Etats-Unis. RED m’avait fait forte impression et, malgré un succès légitime dans son pays, il n’est pas parvenu à vraiment s’exporter. La faute peut-être à un ancrage dans un Metal/Rock chrétien, qui a toujours peiné à percer hors des frontières américaines. Pourtant, le talent est là et il est indiscutable. Question de ferveur sans doute !

C’est vrai qu’à quelques exceptions près (Stryper, As I Lay Dying, Guardian, P.O.D., August Burn Red ou Demon Hunter), le White Metal reste confiné en Amérique du Nord pour l’essentiel. Mais revenons à RED qui présente donc son huitième album, produit par son guitariste Anthony Armstrong et qui sort sur le label du groupe. Trois ans après « Declaration », nos prêcheurs de Nashville offrent un visage toujours aussi racé, sont techniquement imparables et l’atmosphère globale est cette fois un peu plus sombre.

« Rated R » est très compact (33 minutes seulement), musclé et mélodique. Comme toujours, les riffs sont acérés et tranchants, la rythmique solide et rugueuse et l’ensemble terriblement efficace et accrocheur.  RED va à l’essentiel en alternant Metal et Rock sur des textes faisant un bilan assez chaotique de la société. Cela dit, les morceaux sont lumineux, habillement exécutés et bien aidés par une utilisation parcimonieuse de synthés, de chœurs et de cordes (« Surrogates », « The Suffering », « Cold World », « Emergency »). Ardent !

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Electric Boys : funky voltage [Interview]

Trois décennies de carrière, un long break, des projets annexes et ELECTRIC BOYS nous revient avec un huitième album toujours aussi musclé, festif et dynamique. Avec « Grand Explosivos », les Suédois font toujours vibrer cette corde très Hard 90’s entre Rock US et Glam pêchu. Toujours aussi peu disert et même assez taiseux, son fondateur, chanteur, guitariste et compositeur Conny Bloom revient sur cette nouvelle galette et se rappelle au bon souvenir d’une époque révolue. Entretien.

– Il y a deux ans, vous aviez sorti l’album probablement le plus sombre de votre discographie, « Up!de Down ». Composé en pleine pandémie, on peut comprendre votre état d’esprit d’alors. Qu’est-ce qu’il vous a vous apporté, selon toi ? Peut-être d’avoir abordé des thèmes dont vous n’aviez pas forcément l’habitude ?

Nous ne l’avons jamais considéré comme un album aussi sombre que ça. Cela dit, c’est vrai qu’il a été inspiré par ce qui se passait à l’époque, que ce soit du point de vue des paroles comme de la musique. Je pense qu’il en est ressorti de bons morceaux comme « Upside Down Theme », « Tumblin’ Dominoes », « It’s Not The End », « Twang Em & Kerrang Em »…

– « Grand Explosivos » est votre huitième album. Il y a eu ce long break entre 1994 et 2011 avec des projets solos et l’aventure Hanoi Rocks. Est-ce que, finalement, ELECTRIC BOYS n’est pas le groupe dans lequel tu peux artistiquement le mieux t’exprimer ?

En ce qui concerne la guitare, je dirais que ce sont plutôt mes trucs en solo, qui me donnent le plus de liberté. Mais tous les différents projets, auxquels j’ai participés, m’ont toujours apporté quelque chose de nouveau et d’enrichissant. Et puis, j’ai aussi passé de très bons moments à jouer avec Hanoi Rocks.

– On retrouve beaucoup d’efficacité dans le songwriting, tout en gardant cet esprit très fun et funky, puisque vous êtes acteurs de cette vague 90’s assez insouciante. On a l’impression que ce sont vraiment le plaisir et une certaine légèreté qui guident vos morceaux…

Hummm… Je ne sais pas trop, en fait. Je pense que je suis un peu perdu dans ma propre bulle la plupart du temps ! (Rires) Quand des idées de chansons me viennent, je les enregistre sur cassette, de la même manière dont j’ai travaillé sur « Ups!de Down » et comme tous les disques avant. Mais oui, je suppose que ce disque est assez ‘insouciant’ dans l’esprit. Pour « Grand Explosivos », c’est vrai que nous en avions assez de tout ce qui concernait la pandémie. On avait juste envie de retourner à la vie et de nous amuser.

Photo : Gabrielle Holmberg

– D’ailleurs, sur « Grand Explosivos », vous faites quelque clins d’œil sur « When Life Treats You Funky » aux Beatles et « I’ve Got A Feeling » sonne très Billy Idol, surtout dans la voix. Sans tomber dans la nostalgie, c’est une façon pour vous de retrouver cette folie et ce feeling, qui manquent peut-être un peu aujourd’hui ?

Comme tu le dis, il y a un côté très insouciant dans tout ça, Du coup, il n’y a aucune pensée plus profonde que ça, qui viendrait se cacher derrière ! Pour « I’ve Got A Feeling », j’ai commencé à chanter et quand je l’ai réécouté, j’ai pensé la même chose que toi, que la voix combinée aux guitares sonnait un peu comme Billy Idol. Et j’ai aimé ce son ! Quant au ‘Nanana’ sur « When Life Treats You Funky », ce n’était au départ qu’une blague, qui me faisait penser aux petites mélodies joyeuses de George Clinton notamment.

– Si on regarde de près votre carrière, il y a eu les fastes années 90 avec un premier album (« Funk-O-Metal Carpet Ride ») produit par Bob Rock, une grande présence sur MTV, qui était à l’époque une référence et un réflexe pour toute une génération, dont je fais d’ailleurs partie. Pourtant, depuis 2011, ELECTRIC BOYS renoue avec le succès et votre style semble plus intemporel que jamais. Comment l’expliques-tu? Les modes sont toujours cycliques ?

C’est une question difficile. Je suis très fier et reconnaissant que nous ayons réellement ‘un son’ propre à ELECTRIC BOYS. On peut jouer et varier beaucoup de choses avec mes riffs, ma voix et la batterie/basse qui sonnent comme personne. C’est vraiment ‘nous’ au final. En tant qu’auteur-compositeur, je ne suis jamais les tendances et je déteste l’idée d’être prévisible. Si cela ressemble trop à autre chose, nous le modifions immédiatement et volontairement pour éviter de tomber dans de vieilles habitudes. Et oui, pour te répondre, je crois que tout est plus ou moins cyclique, y compris dans la musique.

Photo : Gabrielle Holmberg

– ELECTRIC BOYS est une institution dans les pays scandinaves comme le Danemark et la Suède bien sûr. Qu’en est-il du marché américain, car en vous écoutant, on pense inévitablement au Los Angeles de la grande époque ? Ca reste un objectif ?

L’Amérique était un grand marché pour nous à une époque, c’est vrai. On a envie d’y retourner, mais cela nécessite une réflexion et une planification minutieuse de notre part. Au final, ce n’est pas une mince affaire !

– Enfin, ELECTRIC BOYS est un groupe très établi depuis des années, quel regard portes-tu sur la multitude, pour ne pas dire l’incompréhensible déferlante de sorties d’albums actuelle ? Sans se poser la question de savoir si elles sont toutes sont légitimes, ne frôle-t-on pas l’overdose ?

Oh que oui ! Il est devenu très difficile de faire entendre sa voix de nos jours. Quand nous avons commencé, il n’y avait que quelques chaînes de télévision comme MTV et la radio KNAC. Si tu passais chez eux, les choses se produisaient et cela avançait bien, car tout le monde était à l’écoute. De nos jours, la musique est vraiment partout. On doit juste continuer à faire ce en quoi nous croyons. J’espère que les gens en parleront autour d’eux et que la musique d’ELECTRIC BOYS pourra circuler normalement et le plus possible.

Le nouvel album d’ELECTRIC BOYS, « Grand Explosivos », est disponible chez Mighty Music.

Retrouvez le chronique de l’album précédent :

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Wishbone Ash : une cure de jouvence

Fondateur et garant de l’identité si particulière de WISHBONE ASH, Andy Powell perpétue avec élégance et inspiration l’héritage de son groupe, qui traverse le temps comme si de rien n’était. Entre Classic Rock, Hard Rock et avec un soupçon de Prog, les Anglais reviennent avec une surprise de taille. Mark Abrahams montre son évidente complicité à la guitare avec son leader, tandis que Bob Skeat (basse) et Mike Truscott (batterie) offrent une rythmique étincelante tout au long de ce « Live Dates Live » hors-norme.

WISHBONE ASH

« Live Dates Live »

(Steamhammer/SPV)

Quelle drôle d’idée que de rejouer en live un album live sorti il y a 50 ans déjà ! C’est pour célébrer cet anniversaire et surtout remercier ses fans que WISHBONE ASH s’est lancé dans cette belle aventure… jusqu’à faire écho à la pochette du « Live Dates » sorti en 1973 (une bien belle année !). Et histoire de bien faire les choses, les Anglais ont décidé de réinterpréter les morceaux dans le même ordre, avec la même envie et un talent toujours intact. Seul rescapé du line-up originel, le grand Andy Powell tient toujours les reines au chant et à la guitare bien sûr, et ses trois complices ne sont pas en reste, non plus.

Ce grand classique des Britanniques a donc été enregistré il y a tout juste cinq décennies et ils avaient même pu bénéficier du studio mobile des Rolling Stones pour l’immortaliser lors d’une longue tournée. D’ailleurs, aujourd’hui encore, la production de l’époque reste tout à fait honorable. A ce moment-là de sa carrière, le groupe était considéré comme l’un des meilleurs de son registre sur scène… une réputation largement conservée. WISHBONE ASH y interprète des titres figurant sur les albums « Argus », « Wishbone Four »  et « Pilgrimage », ainsi que leur succès « Blowin’ Free » et, bien sûr, l’incontournable « Phoenix » et ses 14 minutes.

Cette fois, c’est en dehors du Royaume-Uni et plus précisément au Daryl’s House Club de Pawling dans l’état de New-York que le quatuor s’est installé pour revisiter son mythique album. Et le résultat est plus que convaincant. L’intention de WISHBONE ASH n’est pas tant de donner un ‘coup de neuf’ à la première version, mais au contraire de la respecter et de conserver l’esprit et la philosophie d’antan. « Live Dates Live » ne sent pas la naphtaline, très loin de là, et c’est toujours un grand plaisir de réécouter « The King Will Come », « Warrior », « Rock’n Roll Widow »,  ou encore « The Pilgrim » et « Jail Bait ». La classe est la même et le temps n’a aucune emprise !