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Americana Blues Rock Classic Rock

Bourbon House : Roots’n’Roll

Le Rock très Blues et Americana de la formation du Wisconsin tire ses influences de la musique roots américaine. BOURBON HOUSE est parvenu à se forger un style et une sonorité très distinctive, grâce notamment à sa chanteuse, mais aussi et surtout à des morceaux d’une grande fraîcheur et d’une spontanéité de chaque instant sur ce très bon « The Fourth Album ».

BOURBON HOUSE

« The Fourth Album »

(Independant)

Comme annoncé il y a moins de deux mois dans l’interview à lire-ci-dessous, BOURBON HOUSE livre « The Fourth Album ». Judicieusement intitulé, il s’agit donc de la quatrième réalisation du groupe, qui avait déjà commencé à diffuser plusieurs singles depuis un bon moment. Très peu adepte des morceaux distillés au compte goutte et briseur, selon moi, de l’unité d’un l’album, c’est donc un plaisir de découvrir les onze morceaux réunis, d’autant qu’ils bénéficient d’une très bonne production.

Faisant suite à « Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy », « Blue Magic » et « 20 To Life », on découvre les quatre titres inédits et deux versions acoustiques très réussies. Electrique ou unplugged, BOURBON HOUSE fait mouche à chaque fois et il faut reconnaître que son Rock’n’Roll brut et épuré mâtiné de Blues et d’Americana offre de multiples possibilités dans lesquelles les Américains s’engouffrent avec brio. 

Mené par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe et les riffs endiablés du songwriter Jason Clark, BOURBON HOUSE franchit véritablement un palier avec « The Fourth Album », tant en ce qui concerne les compostions que l’attention apportée au son (« Love Is A Killer », « Villain », « Hotel Bar Blues », « Wild Days »). En toute logique, la prochaine étape devrait passer par un label, même si pour l’heure, ils ne semblent pas très emballés…

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force : https://rocknforce.com/bourbon-house-le-rock-a-pleine-gorgee-interview/

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Blues Rock International

Samantha Fish : Jesse Dayton… et la foudre [Interview]

Dans un peu plus d’un mois, la fougueuse blueswoman américaine sortira un album avec son alter-ego Jesse Dayton, « Dead Wish Blues ». Cette réalisation originale a été composée à deux et fait suite à un EP de reprises, « The Stardust Sessions » paru en fin d’année dernière. Explosif, le duo souffle le chaud et le froid sur des morceaux souvent nerveux et parfois plus tendres et posés. SAMANTHA FISH montre ici toute la palette de son jeu, que ce soit à la guitare comme au chant. Récemment de passage à Paris, elle a répondu à quelques questions.

– En décembre dernier, tu avais déjà créé la surprise en sortant avec Jesse un EP de reprises, « The Stardust Sessions ». Même si vous vous connaissez depuis longtemps tous les deux, est-ce que c’est lors de ce premier enregistrement qu’est née l’envie de composer un album entier et original ensemble ?

Je pense que nous avions déjà tous les deux l’idée de faire un album complet avant de commencer la session de l’EP. C’était un peu une surprise, car nous sommes juste allés en studio pendant un après-midi pour voir ce que nous pouvions faire. Le label a pensé que c’était un bon moyen de présenter le projet au public avant la sortie d’un album complet. Puis, nous avons commencé à travailler sur l’écriture des chansons immédiatement après cette session.

– Avec Jesse, vous venez d’horizons musicaux assez différents et pourtant il y a une réelle alchimie entre vous sur l’album. Comment s’est passé le travail de composition ? Vous vous êtes proposé mutuellement vos propres chansons, ou vous avez fait les choses en commun ?

Nous avons fait une grande partie de l’écriture des chansons ensemble. La plupart des titres que nous partageons sont d’ailleurs créditées à nos deux noms. Nous n’en avons écrit que quelques-uns de notre côté et j’ai aussi fait venir mon partenaire de longue date, Jim McCormick, pour quelques morceaux.

– Si on connait déjà ta fougue naturelle, tu parais totalement débridée sur « Death Wish Blues ». Tu as abordé l’album comme une sorte d’exutoire ? Une grande récréation ?

Cet album a sa propre personnalité, je pense. Ma capacité à aller toujours plus loin vers quelque chose de différent est surtout venue de la collaboration de Jesse et Jon (Spencer – NDR). Parfois, cela vous pousse vers de nouveaux lieux en termes de création et cela enlève également une partie de cette pression de toujours rester dans un certain périmètre. Quand il s’agit uniquement de mes albums, je fais constamment des petits contrôles pour m’assurer que je reste fidèle à ma propre vision et à mon style… Mais cette fois, je me suis sentie libre de vraiment tout essayer.

– L’album a été enregistré en 10 jours à Woodstock et avec Jon Spencer aux commandes. C’est un rythme très soutenu pour un album complet et il sonne d’ailleurs très live. Il vous fallait faire vite pour délivrer et conserver cette impression d’urgence qui prédomine ?

La plupart de notre temps a été consacré à la pré et à la post-production. Et à peu près autant que pour l’écriture et la composition, tout comme pour le mixage, le mastering et la création des illustrations autour de l’album. Cela peut parfois prendre des mois. La musique elle-même consiste à capturer un moment spécial et précis. Certains de mes disques, parmi mes préférés, ont été faits en cinq jours. Ce n’est pas par négligence. Là, nous voulions immédiatement capturer et saisir cette foudre, donc cela doit être abordé d’une certaine manière.

Photo : Daniel Sanda

– D’ailleurs, comment s’est passé ce travail avec Jon Spencer, dont on connait les habitudes assez peu académiques ? Vous vous connaissiez déjà tous les trois ? Et a-t-il un peu bousculé ta façon de travailler en studio ?

Jesse et moi travaillions ensemble depuis un moment déjà et nous avions aussi commencé à co-écrire tous les deux et puis, il y a eu l’enregistrement de l’EP. Nous avons tous les deux rencontré Jon en studio. Je le considérerais un peu comme un prof, peut-être non-conventionnel dans son approche, c’est vrai. Il a passé beaucoup de temps derrière les consoles et il est également très intuitif sur la structure des chansons. Il a su comment tirer le meilleur son de chaque instrument. Je vais d’ailleurs certainement travailler dans ce sens avec ce que j’ai appris avec lui à l’avenir. J’ai aussi beaucoup appris sur le matériel, les magnétophones, etc… ainsi que sur la façon d’aborder les chansons pour en tirer le meilleur à chaque performance.

– Sur l’album, vous explorez avec Jesse des styles qui vont du Blues à la Country en passant par du Rock Garage et avec une énergie presque Punk parfois. Tu commençais à te sentir à l’étroit dans un registre que tu maîtrises parfaitement,  ou ce sont des musiques que tu as toujours écoutées et peut-être même déjà jouées ?

Je pense que mon style a toujours été très varié, mais définitivement ancré dans le Blues, c’est vrai. Cependant, il a pris des caractéristiques différentes d’un album à l’autre. J’ai une gamme assez large à travers la musique que j’écoute et c’était l’occasion de creuser un peu plus du côté agressif et Rock’n’Roll de ma personnalité.

Photo : Daniel Sanda

– A l’écoute de ce très bon et enflammé « Death Wish Blues », il y a une question qui vient tout de suite à l’esprit : y aura-t-il une suite à cette belle aventure ou s’agit-il juste d’un one-shot ?

Pour l’instant, nous avons fait ce disque et nous prévoyons de le jouer en concert, comme nous le faisons actuellement. Et puis, nous avons aussi nos propres projets en ligne de mire. Mais on ne sait jamais, nous pouvons très bien continuer et faire quelque chose de nouveau en chemin. Mais il faut d’abord sortir ce disque.

– On sait que tu tournes toujours beaucoup, mais est-ce que tu as déjà une petite idée du successeur de « Faster », sorti il y a deux ans ? Te sachant très active, est-ce que tu as déjà commencé à composer ?

J’ai quelques idées. J’ai recommencé à écrire. Parfois, il faut aussi se permettre de vivre sa vie. Bien qu’il s’agisse d’un disque de collaboration pour « Death Wish Blues », il m’a fallu la même quantité d’énergie pour l’écrire, autant que pour un album solo. Je m’investis totalement dans ma musique. Pour l’instant, je retourne un peu dans ma bulle pour commencer à écrire et composer, mais je n’en suis qu’au stade le plus précoce.

– Pour conclure, j’aimerais que tu me donnes ton regard sur la scène Blues féminine qui connait une incroyable effervescence depuis quelques années maintenant. Y a-t-il parmi toutes ces musiciennes certaines avec qui tu aimerais collaborer ? Des françaises aussi peut-être ? Je pense à Laura Cox, Gaëlle Buswel, Nina Attal, Jessie Lee, …

Je ne connais pas aussi bien que je le devrais tous les artistes de la scène contemporaine, hommes ou femmes. Je suis vraiment concentré sur mon travail et j’ai aussi écouté des artistes d’autres styles. Mais je sais qu’il y a plus de jeunes talents sur la scène Blues aujourd’hui qu’il n’y en a eu depuis longtemps. Je suis ouverte à toutes sortes de collaborations, tant qu’elles servent les chansons.

L’album de SAMANTHA FISH et de JESSE DAYTON, « Death Wish Blues », sortira le 19 mai chez Rounder Records et le duo fera une halte le 31 mai au Bataclan à Paris pour une soirée qui s’annonce déjà mémorable et brûlante !

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Psych Southern Stoner Stoner Doom

WyndRider : dense et opaque

Quand le Stoner Doom s’imprègne de la chaleur Southern du Tennessee, le son prend tout de suite une saveur spéciale. Et WYNDRIDER l’a parfaitement compris et déboule avec un premier opus éponyme inspiré et costaud. Derrière le micro, Chloe Gould impose sa griffe et guide l’ensemble avec fermeté tout en apportant une touche féminine très originale.

WYNDRIDER

« WyndRider »

(Independant)

C’est dans les montagnes de l’Est du Tennessee que WYNDRIDER a vu le jour. En mars 2022, le groupe donnait son premier concert et en septembre de la même année, il était en studio pour y enregistrer son premier album. Autant dire que les Américains ont les idées qui fuzzent… et il n’y a pas que les idées d’ailleurs. Le style compact et vibratoire dilué sur « WyndRider » a de quoi faire trembler les murs.

A la tête du combo, on trouve Chloe Gould, une chanteuse très Rock qui mène l’ensemble avec force grâce à une voix puissante qui sait aussi parfois se faire suave. Assez rare pour être souligné, WYNDRIDER fait donc partie de ces formations Stoner Doom à se présenter avec une frontwoman pleine d’assurance et capable de variations étonnantes. Psych et Southern, le chant d’action est donc vaste et le Fuzz, justement, domine.

Marqué du seau de Black Sabbath et teinté d’un Blues gras bien sudiste dans les riffs, le quatuor pose sa patte dès l’entame avec « Pit Witch » pour une mise en jambe solide. S’appuyant sur des mid-tempos massifs (« Creator », « Mother In Horns »), WYNDRIDER ne manque pas non plus de mordant et peut compter sur un chant qui monte en régime au fil du disque (« Electrophilia », « Space Paper/Acid Saloon »). Très convaincant !

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Symphonic Metal

Visions Of Atlantis : à l’abordage du Wacken Open Air

Si le travail de studio peut enjoliver beaucoup de choses, et c’est d’ailleurs l’objectif, il y a la vérité de la scène à laquelle on ne peut échapper. Et dans ce domaine, VISIONS OF ATLANTIS est aujourd’hui plus aguerri que jamais et notamment sa chanteuse, Clémentine Delaunay, qui mène sa troupe avec la force et la maîtrise des plus grandes. « Pirates Over Wacken » lève le voile sur la qualité des concerts de la formation devenue incontournable.

VISIONS OF ATLANTIS

« Pirates Over Wacken »

(Napalm Records)

Depuis la sortie de « Pirates » l’an dernier, son huitième album, VISIONS OF ATLANTIS est parti sur la route à travers toute l’Europe et aux Etats-Unis. Alors forcément, c’est en voisin qu’il a fait escale l’été dernier au ‘Wacken Open Air’ pour y livrer un set époustouflant. Fort d’un album qui lui a valu une reconnaissance méritée et une large exposition, le quintet a enflammé le public dès les premières notes de « Master The Hurricane » pour ensuite ne plus le lâcher.  

En l’espace de onze morceaux, VISIONS OF ATLANTIS a brandi et hissé le drapeau noir à la tête de mort au-dessus d’une assistance conquise et réactive aux hymnes pirates des Autrichiens. Qu’on ne s’y trompe pas, on est ici aux antipodes du Metal Kermesse des Ecossais d’Alestorm. Le combo a musclé son Metal Symphonique et, s’il reste toujours aussi mélodique, celui-ci a pris une dimension et une épaisseur conséquentes et affiche une assurance décomplexée.

Dans les pas de Clémentine Delaunay, qui partage désormais le chant avec Michele Guaitoli, VISIONS OF ATLANTIS enchaine les morceaux puissants et fédérateurs repris par une foule attentive et sous le charme de la frontwoman, dont la performance est solide et irréprochable. Alors, que ce soit sur « A Life Of Our Own », « Clocks », « Pirates Will Return », « Melancholy Angel » ou « Legion of the Seas », le festival allemand a tremblé sous les assauts sauvages d’un groupe très généreux.

Photo : Thomas Ranner

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Hard 70's Proto-Metal

Red Cloud : rockin’ cumulus

Fortement ancré dans les seventies, RED CLOUD semble procéder, dès son premier effort, à un retour aux sources du Rock et même du Hard à travers leur registre originel, qu’il a pourtant réussi à renouveler. Car il règne un souffle vivifiant et très actuel sur ce « Red Cloud », qui se fond parfois même dans des sonorités Psych vraiment bienvenues. Le combo a de la suite dans les idées et cet opus ne manque pas d’originalité.    

RED CLOUD

« Red Cloud »

(Independant)

Tout semble être allé très vite pour le quintet parisien, même si Roxane Sigre (chant) et Rémi Bottriaux (guitare) sont déjà à l’œuvre en duo depuis 2018. Avec les arrivées de Maxime Mestres (basse), Laura Luiz (orgue) et Mano Cornet Maltet (batterie), RED CLOUD prend forme trois ans plus tard et le groupe entame les concerts pour y roder son répertoire. Les choses dans l’ordre en somme…

Enregistré, mixé et masterisé par son guitariste, ce premier album éponyme tient toutes ses promesses. Sur des ambiances vintage revendiquées, RED CLOUD livre un Rock Hard 70’s aux contours proto-Metal frais et dynamique. Mais si les influences se nichent quelques décennies en arrière, il n’en est rien des morceaux et surtout de la production qui les habille et qui affiche une belle modernité.

Sur une énergie très live et un son organique, RED CLOUD enchaine les morceaux en multipliant les atmosphères. La chanteuse apporte beaucoup de variations, tout comme les parties d’orgue qui rivalisent de créativité avec la guiatre. Mené par une rythmique hors-pair, « Red Cloud » se révèle très accrocheur (« The Battlefield », « Bad Reputation », « The Night », « Hey Sugar »). Un baptême du feu réussi haut la main !

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International Symphonic Metal

Delain : un ADN intacte [Interview]

Avec « Dark Waters », les Hollandais de DELAIN signent leur septième album et accueillent surtout en leur sein la chanteuse Diana Leah, en lieu et place de Charlotte Wessels. Si le challenge pouvait paraître énorme, le quintet le remporte haut la main, grâce aussi à des compositions plus frontales et moins Pop et Electro que sur « Apocalypse & Chill », sorti en 2019. Martijn Westerholt, fondateur, claviériste et principal compositeur du groupe, revient sur ce nouvel opus où il renoue avec le Metal Symphonique qui a forgé la réputation de DELAIN. Entretien.

Photo : Andreas Falaschi

– Il y a moins de deux ans, tout le monde pensait à la disparition de DELAIN après 15 ans d’une belle carrière. Finalement te revoici avec un nouveau line-up et surtout un nouvel album. Pour « Dark Waters », tu as rappelé batteur Sander Zoer ainsi que le guitariste Ronald Landa. C’était important pour toi de ressouder DELAIN en faisant appel à d’anciens membres pour créer une solide union autour de ce nouvel album ?

Oui, c’est exactement ça et j’en suis très heureux. La seule manière dont je voulais que DELAIN continue était que l’ADN du groupe soit toujours présent. Sinon, ça n’aurait eu aucun sens de poursuivre l’aventure sous le même nom. C’était pour moi la principale condition. Nous sommes restés en contact, on se connait très bien et pour nous tous, cela a été presqu’automatique, comme un réflexe. C’est pour cette raison que je leur ai demandé de me rejoindre. 

– La grande nouveauté de l’album est bien sûr l’arrivée au chant de Diana Leah. Bien sûr, on ne lui demande pas de nous faire oublier Charlotte Wessels, mais elle doit avoir beaucoup de pression pour son arrivée chez DELAIN, non ?

Oui bien sûr, elle a eu beaucoup de pression. Elle a très bien compris que le costume qu’elle devait endosser était très grand. Je lui ai posé la question et, en fait, Diana a beaucoup de personnalité et elle est très forte. On en a parlé tous les deux évidemment et aujourd’hui, j’ai une très grande confiance en elle.

Diana Leah

– D’ailleurs, tu l’as découverte sur YouTube et tout est ensuite allé très vite. Ce réseau est-il devenu un nouveau lieu de casting ?

(Rires) Oui, c’est vrai ! En fait, tu peux voir beaucoup de choses au sujet des personnes. Tu peux observer des traits de leur comportement, comment elles s’expriment et aussi ce qu’elles pensent.

– L’autre façon d’ouvrir un nouveau chapitre pour le groupe aurait aussi été de prendre un chanteur, ce qui aurait aussi pu ouvrir d’autres voix musicales. Tu y as pensé ?

Très bonne question ! Oui, j’y ai pensé et je l’ai vraiment considéré comme une option sérieuse. La principale condition pour moi était que la nouvelle personne au chant, peu importe que ce soit une femme ou un homme, se fonde parfaitement dans la musique et se mette réellement à son service. Et finalement, le sexe n’avait pas vraiment d’importance. Mais en fin de compte, la voix de Diana m’a définitivement convaincu et j’en suis très heureux. Et puis, elle est capable de chanter l’ensemble du répertoire de DELAIN et d’assumer les tournées également. Avec un homme, cela aurait été très différent par rapport aux morceaux plus anciens notamment.

– Avec « Dark Waters » et malgré tous ces changements, on retrouve le son et la personnalité de DELAIN, ce qui a dû aussi rassurer les fans. On se dit que malgré tout et peu importe les musiciens, le groupe reste l’entité première avec un son qui fait son ADN. C’est aussi ton point de vue ?

Merci beaucoup pour ce beau compliment ! (et en français, svp ! – NDR) J’en suis vraiment content et je suis d’accord avec toi. C’est vrai que c’était très important. Dès le départ, on a décidé de conserver les bases du son de DELAIN et le style. Malgré le départ de Charlotte, je voulais que rien ne change à ce niveau-là et aussi que cela soit mis en avant. Nous sommes restés dans notre bulle en quelque sorte. Et c’est également très agréable que les gens me fassent la remarque.

Martijn Westerholt

– Alors qu’auparavant, c’était Charlotte qui écrivait les textes, c’est ta femme Robin, qui les signe cette fois et de très belle manière. Tu n’as pas eu envie de t’essayer toi-même à l’écriture ?

Non, pas pour les paroles, cela n’aurait sûrement pas ravi les gens ! (Rires) En fait, ça n’a jamais été une option, même auparavant. J’ai la chance d’avoir une femme dont l’anglais est la langue maternelle et qui, de plus, est poétesse. C’est vrai que cela a été très facile pour moi de lui demander.

– Une fois encore, « Dark Waters » fait la part belle aux arrangements, qui restent symphoniques et pourtant l’album demeure musclé et solide. On a le sentiment que tu es resté très focalisé sur le songwriting, comme si tu voulais mettre tous les problèmes rencontrés de côté. C’est le cas ?

En fait, mon objectif premier a été de composer des morceaux efficaces et peut-être aussi plus directs, c’est vrai. J’avais besoin de paix et de tranquillité pour le faire. Alors, je me suis simplement dit : « Continue à faire ce que tu sais faire et ce que tu fais de mieux ». Et finalement, tout s’est passé le plus simplement du monde.

Photo : Andrea Falaschi

– Il y a une question que je me pose, car c’est un phénomène que l’on rencontre beaucoup aujourd’hui dans les groupes qui ont une chanteuse. Justement, loin de remettre en question le talent de Diana qui est incontestable, pourquoi le bassiste Ludovico (Cioffi de The Modern Age Slavery – NDR) vient y poser du growl ? Est-ce vraiment nécessaire et utile lorsqu’on a une frontwoman de ce niveau ?     

Rien n’est nécessaire, c’est vrai. C’est juste que j’adore son growl ! (Rires) Il est très brutal et j’avais dans l’idée de réaliser une sorte de comparaison entre ‘la belle et la bête’. Je l’adore vraiment et d’ailleurs, nous avions déjà tenté l’expérience auparavant. Et puis maintenant, nous avons aussi ce choix-là et c’est une très bonne chose.

– Enfin, lorsque l’on voit la très grande qualité, et même la prédominance des groupes hollandais sur la scène mondiale du Metal Symphonique avec Within Temptation, Epica, Delain, bien sûr, et quelques autres, et sans oublier Nightwish en Finlande, comment expliques-tu l’importance du style en Europe du Nord ? Parlerais-tu de ‘grande famille’ ?

Tu sais, c’est une question que je me pose depuis déjà une vingtaine d’années. Et cela reste une très bonne question ! Je n’ai jamais réussi à expliquer pourquoi il y avait autant de groupes de Metal Symphonique en Hollande. C’est une énigme et elle grossit de plus en plus chaque année. Et je considère les membres des autres groupes comme une famille, au même titre que Nightwish d’ailleurs. C’est vrai que c’est assez incroyable ! (Rires)

« Dark Waters » est disponible depuis le 10 février chez Napalm Records.

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Blues Rock Southern Blues

Harlem Lake : sensible et virtuose

Avoir autant de talent et de créativité dès ses débuts, c’est suffisamment rare pour être souligné. Le Southern Blues Rock teinté de Soul de HARLEM LAKE est aussi fin et pertinent qu’il est techniquement irréprochable et irrésistible. Après un  premier opus de haut vol, les Néerlandais présentent « Volition Live », dont la qualité de la captation est le parfait reflet de leurs très belles compositions.

HARLEM LAKE

« Volition Live »

(Independant)

Découvert il y a deux ans lors de la sortie de leur excellent premier album, « A Fool’s Paradise Vol.1 », les Hollandais ne cessent depuis de faire parler d’eux et l’aventure de cette jeune formation prend une très belle tournure. Auréolé d’une victoire à l’European Blues Challenge l’année dernière, HARLEM LAKE n’a pas attendu un deuxième enregistrement studio pour livrer déjà un premier opus live.

Enregistré le 27 août dernier au Culemborg Blues Festival aux Pays-Bas, « Volition Live » montre le groupe en pleine possession de ses moyens et surtout incroyablement inspiré. La scène révèle HARLEM LAKE avec éclat et les compositions de « A Fool’s Paradise Vol.1 » prennent une ampleur et un volume déjà perceptibles sur l’album. Et une autre surprise attend encore l’auditeur.

En effet, c’est en version XXL que le groupe s’est produit ce soir-là avec le soutien de choristes et d’une session cuivre qui vient augmenter le groove déjà l’œuvre sur les versions originales. Porté par la voix pleine d’émotion de Janne Timmer, le feeling de Sonny Ray à la guitare, des parties d’orgue Hammond de Dave Warmerdam et par une rythmique imparable, HARLEM LAKE prend un envol majestueux d’une classe monumentale.

Photo : Rob van Dalen
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Americana Blues Rock Classic Rock International

Bourbon House : le Rock à pleine gorgée [Interview]

Qualifier la musique de BOURBON HOUSE uniquement de Blues Rock serait bien trop réducteur. Sur un groove irrésistible, le quatuor du Wisconsin alimente son style de touches d’Americana et de Classic Rock, porté par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe. A quelques semaines de la sortie du troisième album du groupe, la chanteuse fait les présentations et nous en dit un peu plus sur la démarche de BOURBON HOUSE qui, je l’espère, ne tardera pas à séduire le public français. Entretien.

Photo : Jocelyne Berumen

– J’avoue vous avoir découvert récemment et un peu par hasard. En poussant un peu des recherches, je me suis aperçu que depuis 2017, vous aviez déjà sorti un EP, deux albums et plusieurs singles ces derniers mois. Est-ce que le fait que BOURBON HOUSE soit si prolifique tient d’une certaine urgence à composer et à jouer ?

Oui, parce qu’on a toujours envie de travailler sur quelque chose de nouveau. Je pense qu’en musique, il est difficile d’attendre, car il y a tellement de choses à faire entre l’écriture et l’enregistrement, ainsi qu’avec les tournées, les tournages de clips, etc… Créer de nouvelles choses est toujours quelque chose de très excitant.

– Votre premier EP éponyme était déjà annonciateur de votre Blues Rock si particulier. On a le sentiment que vous saviez dès le départ qu’elle était la voie à suivre. C’est le cas ?

Quand Jason (Clark, guitare – NDR) et moi avons commencé à écrire des chansons ensemble, il était plus qu’évident que nous étions sur la même longueur d’onde. Je pense que notre signature sonore a à voir avec notre combinaison en tant qu’auteurs-compositeurs. Ça tient aussi du fait que nous complétons très bien nos créations respectives. Je ne pense pas que je pourrais écrire ce genre de musique avec quelqu’un d’autre.

Photo Jocelyne Berumen

– D’ailleurs, BOURBON HOUSE a conservé le même line-up, je crois. Cette unité entre vous se ressent aussi à travers vos morceaux qui sont très spontanés et qui sonnent aussi très live sur disque. C’est important pour vous de garder cet aspect très direct ?

En fait, il y a eu quelques fluctuations en ce qui concerne notre section rythmique. Mais Jason et moi avons toujours été les auteurs-compositeurs, c’est pourquoi ça sonne toujours comme du BOURBON HOUSE. Le son ‘live’ auquel tu fais référence est un peu intentionnel même s’il est également assez inconscient. Nous avons beaucoup grandi en ce qui concerne l’enregistrement depuis notre premier EP, donc nos productions sont bien meilleures. Mais, nous apprécions toujours autant l’authenticité. Nous ne surproduisons pas, nous n’éditons pas, nous ne quantifions pas, nous ne corrigeons pas la hauteur, etc… Donc si un morceau nécessite cent prises pour être bon, c’est ce qu’il faut faire. Il est important pour nous que l’humain ne soit pas supprimé de la chanson pendant la production. Les petites imperfections sont belles aussi.

– Vu d’Europe, la musique du groupe faite de Blues, de Rock, d’Americana et de quelques sonorités Southern apparaît comme très roots. Est-ce que vous vous sentez un peu dépositaires et surtout héritiers d’un style typiquement américain ?

Je pense que tout est lié. Nous n’aimons pas nécessairement nous enfermer dans un style et nous utilisons des éléments de différents types de musique, mais au cœur des chansons de BOURBON HOUSE se trouvent les sons roots du Blues, de l’Americana et du Rock’n’Roll qui, je pense, influencent tant d’autres genres de toutes les régions du monde aussi.

Photo : Che Correa Photography

– Ce qui ressort aussi de votre discographie, c’est que vos compositions et votre jeu s’affinent au fil de vos réalisations, même si « Into The Red » est beaucoup plus Rock que les autres. On a presque l’impression que chaque album est une nouvelle page blanche. C’est aussi comme ça que vous le percevez et l’appréhendez ?

Oui, absolument. Nous n’avons aucun intérêt à créer des variations d’une même chanson. Et même si nous avons une signature sonore à défendre et que nous écrirons toujours ces chansons Blues Rock solides et efficaces pour nos fans, nous avons toujours le désir de composer en allant encore plus loin et approfondir chaque morceau.

– Depuis juillet dernier, vous avez sorti quatre singles (« Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy » et « Blue Magic »). Pourquoi ce choix et est-ce que ces chansons se retrouveront sur un album à venir prochainement ?

Oui ! En fait, nous en sommes maintenant à cinq singles depuis un an, si on inclue le dernier, « 20 to Life ». Il est tout simplement plus facile de commercialiser un album, lorsque tu as déjà sorti cinq singles. En fait, on travaille dessus depuis la sortie de « Resonate ». Notre quatrième album sortira au printemps et comprendra les cinq singles, deux versions acoustiques et quatre titres inédits.

– J’aimerais aussi que l’on parle de ta voix, Lacey, qui est aussi puissante que délicate. Est-ce que tu écris tes textes, car on te sent réellement habitée et très investie dans leur interprétation ?

Merci ! J’écris les paroles, oui. Non seulement parce que cela m’aide à transmettre le message à un niveau personnel, mais il est également important pour moi sur le plan sonore que les mots sonnent bien de la façon dont je les chante.

– D’ailleurs, la complicité qu’il y a entre ta voix et les riffs de Jason est très souvent explosives. De quelle manière travaillez-vous ce bel équilibre entre la voix et la guitare ?

En fait, si tu écoutes bien les riffs, il n’y a aucune raison pour que je les couvre avec ma voix. Pourquoi le ferai-je d’ailleurs ? C’est aussi une question de respect mutuel. Aucun de nous n’a un énorme ego et on croit toujours que tout ce qui est bon pour la chanson est ce qui doit être fait. Les voix et les guitares doivent se compléter et ne pas se concurrencer ou s’opposer.

– Enfin, il y a une chose qui me laisse un peu perplexe. Comment un groupe comme BOURBON HOUSE n’a-t-il pas encore signé sur un label ? C’est un désir d’indépendance et de pleine liberté ? Ou un manque d’opportunité ?

Je suppose que c’est un peu des deux. Nous avons eu des offres et avons même été signés brièvement. Nous voulons garder le contrôle et nous ne savons pas vraiment ce qu’un label pourrait faire de plus pour nous. L’industrie de la musique est si différente maintenant que les labels ne sont plus nécessaires pour réussir. En bref, nous ne cherchons pas à être signés. Mais si un gros label nous proposait la bonne offre, nous l’étudierions bien sûr.

Retrouvez BOURBON HOUSE et toute son actualité sur son site :

https://www.bourbonhouserocks.com/

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Hard Blues Hard Rock

Hellz : born to fight

Lisa Perry est une guerrière et cela s’entend ! Derrière un nom de scène très évocateur, HELLZ déploie une folle énergie qu’elle distille dans un Hard Rock intemporel et accrocheur. Avec ce premier essai en solo, « Warrior », la combative frontwoman se dévoile sous bien des aspects et surtout affiche une grande liberté.

HELLZ

« Warrior »

(Revenge Of Eve Records)

Cela fait maintenant deux décennies que la chanteuse Lisa Perry, alias HELLZ, sillonne les scènes Hard et Rock de sa grande île, l’Australie. Frontwoman de Hellz Abyss, qui s’est fait connaître avec l’album « N1FG » suivi de l’EP « Potty Mouth », elle livre enfin son premier opus solo où elle donne libre-court à l’expression débridée de ses influences musicales.

C’est du côté de Sydney que l’artiste a concocté ce savoureux « Warrior », qui est aussi sauvage et déjanté que sensuel et touchant. Compositrice et productrice de cette réalisation, HELLZ ne s’est pas contenté d’enregistrer un énième album de Hard Rock. Bien au contraire, on y retrouve de nombreuses sonorités Blues, quelques touches électroniques, mais surtout de grosses guitares.

Avec une séduisante saveur Old School, HELLZ se montre irrévérencieuse, provocante et sa capacité à évoluer dans un très large panel vocal fait d’elle une redoutable leader. « Warrior » propose presque toutes les nuances de Hard Rock et pourtant l’ensemble est d’une belle homogénéité. Rebelle et positive, l’Australienne incarne ses textes avec beaucoup de vigueur (« Bitch Ran Away », « Hell And Back », « Little Man », « Fire To The Sky », « Warrior »). Déterminée !

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Heavy metal Modern Metal

Liv Sin : brutale méditation

Quatre ans après son dernier opus, la Suédoise LIV SIN ressurgit avec son groupe pour un troisième effort, « Kali Yuga », qui n’a rien de méditatif, mais qui sillonne plutôt des sentiers explosifs et chaotiques. Intenses et compacts, ses nouveaux morceaux ne laissent aucun répit et libèrent une éclatante férocité.

LIV SIN

« Kali Yuga »

(Mighty Music/Target Group)

Après 13 ans et cinq albums avec Sister Sin, Liv Jagrell, alias LIV SIN, mène une carrière en solo dans laquelle elle semble épanouie. Depuis « Follow Me » (2017) et « Burning Sermons » (2019), la frontwoman monte en puissance et gagne aussi en assurance. Sur « Kali Yuga », il règne un air de folie où le Heavy Metal de la Scandinaves se fait d’une modernité très musclée.

Evoluant en quintet, la Suédoise a mis au point un style costaud basé sur des riffs massifs, une rythmique très percutante et un chant agressif et polymorphe. La chanteuse multiplie les expériences vocales en étant très pertinente et en évoluant dans des sphères qui empruntent autant à l’Alternative Metal qu’au Heavy le plus classique, façon King Diamond. LIVE SIN s’éclate !

Magistralement produit par Simon Johansson (Wolf) et Mike Wead (Mercyful Fate) sur un mix et un master signés Tue Madsen (At The Gate), « Kali Yuga » regorge de pépites comme « The Process », « King Of Fools », « I Am The Storm » ou « D.E.R. », sur laquelle apparaissent en guests Zak Tell (Clawfinger), Madeleine Liljestam (Eleine) et Wenderson D’Paula (Army Of Souls). LIV SIN sort l’artillerie lourde !

Photo : Post-Mortem Photography