Catégories
Heavy metal Thrash Metal

Flotsam And Jetsam : une continuité assumée

Les albums se suivent et se ressemblent du côté de Phoenix et on n’en voudra pas à la légende FLOTSAM AND JETSAM de conserver l’élan d’un virage amorcé il y a quelques années déjà. Le Thrash Metal de ses débuts se teinte de plus de plus de Heavy, tout en gardant beaucoup de vélocité et d’agressivité. Plus mélodique, le quintet garde cependant toujours cette touche si particulière et, l’âge aidant, se concentre sur des morceaux compacts, peut-être moins percutants, mais toujours aussi énergiques. « I Am The Weapon » est le reflet d’un style qui s’est modernisé, notamment au niveau de la production, mais qui a perdu aussi de son aspect brut et spontané.

FLOTSAM AND JETSAM

« I Am The Weapon »

(AFM Records)

Malgré près de 40 ans de carrière, c’est toujours assez étonnant de voir un groupe tel que FLOTSAM AND JETSAM se référer à ses deux dernières réalisations, en l’occurrence « The End Of Chaos » (2019) et « Blood In The Water » (2021), comme si rien n’avait survécu ou était arrivé dans leur belle et longue discographie. Cela dit, c’est indéniable que « I Am The Weapon » et son titre volontairement provocateur tiennent de leurs prédécesseurs et s’inscrivent même directement dans leurs pas… Et c’est peut-être aussi ce qu’on pourrait leur reprocher. Il en est coulé de l’eau sous les ponts depuis les « Doomsday for the Deceiver », « When the Storm Comes Down », « Cuatro » et même « High ».

C’est vrai qu’on peut compter sur le frontman Eric AK Knutson et son compositeur en chef et guitariste Michael Gilbert, colonne vertébrale de la formation originelle, pour entretenir et raviver la flamme des piliers du Thrash Metal américain. Pourtant, FLOTSAM AND JETSAM s’est éloigné de ses ambitions premières, qui allaient creuser au fond d’une inspiration qui semblait inépuisable. Les nombreuses expérimentations ont disparu pour laisser place à un Heavy Thrash de bonne facture, certes, mais qui n’a plus l’insolence et la pertinence d’antan. Le combo de Phoenix ne s’est pas forcément assagi, mais il prend le pli… sans tout de même nous faire l’affront de tomber dans le Power Metal !

Bien sûr, l’attaque vocale est toujours aussi vivace, même si on l’en pense souvent à Bruce Dickinson, mais le temps a sans doute fait son œuvre et on ne saurait que saluer une longévité et une persévérance qui forcent le respect. Côté guitare, le duo Michael Gilbert-Steve Conley apporte beaucoup de tranchant, que ce soit sur les riffs, les solos et plus largement les mélodies, tandis que Ken Mary à la batterie impose un rythme effréné bien soutenu par Bill Bodily à la basse. FLOTSAM AND JETSAM livre donc un opus très correct, très au-dessus de la moyenne actuelle, et il alimente le mythe avec une belle rage (« A New Kind Of Hero », « I Am The Weapon », « Beneath The Shadows », « Black Wings »).

(Photo : Shane Eckart)

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

Catégories
Progressive Heavy Metal

Black Sites : total Metal

Ca va faire bientôt dix ans que la formation de l’Illinois élabore un Heavy Progressive Metal peu conventionnel, qui inclue des influences et des références si opposées qu’elles finissent par se retrouver et réellement donner sens, et naissance, à un registre assez exaltant et plein de surprises. Techniquement et artistiquement, BLACK SITES se donne carte blanche et tire magistralement son épingle du jeu avec « The Promised Land ? », une production pleine de contradictions et surtout de feeling.

BLACK SITES

« The Promised Land ? »

(Independant)

Comme toujours avec BLACK SITES, il faut plusieurs écoutes avant d’en saisir l’entièreté, puis la multitude de details et de sensations qui s’en dégage. Et comme il s’agit de la suite d’« Untrue » paru en 2021, l’idéal est donc de s’y replonger afin de s’imprégner au mieux de la musique et de l’atmosphère singulière du trio. Pourtant, son univers est abordable et ressemble même sous certains et lointains points aspects à l’éclectisme et à l’état d’esprit de Faith No More dans les variations et les nuances, et pas forcément dans le style… quoique !

Car au niveau du style, BLACK SITES est résolument Metal. Seulement, en affichant des intentions aussi différentes que le Heavy traditionnel façon Dio ou Judas Priest, plus Technical Thrash à la Voivod et progressif dans les structures, on peut parfois s’y perdre. Mais la formation de Chicago sait se faire rassembleuse et, guidée par son maître à penser Mark Sugar (chant, guitare), elle se montre imperturbable et d’une redoutable efficacité. En ce sens, « The Promised Land ? » est un vrai modèle du genre.

D’une fluidité totale, ce quatrième album met une fois encore l’accent sur des parties de guitares somptueuses que ce soit sur le travail de riffs racés et accrocheurs que sur des solos finement ciselés et magnifiquement exécutés («  Descent », « Dread Tomorrow », « World On Fire », « Chasing Eternity »). BLACK SITE donne cependant l’impression de jouer le pied sur le frein, mais lorsqu’il se laisse aller, on a le droit au monumental morceau-titre, qui trône du haut de ses douze minutes. Un disque convaincant et captivant.

Catégories
Blues Soul

Diane Durrett : southern grace

Elevée au Gospel dès son plus jeune âge dans l’une des églises de Peachtree Street à Atlanta, DIANE DURRETT chante le Blues et la Soul comme on respire, c’est-à-dire avec instinct et précision. Toute l’âme du sud des Etats-Unis se diffuse dans « Sweet Georgia Blues », sur lequel elle clame toute sa reconnaissance à ses racines dans une chaleur réconfortante et une sincérité plus que palpable. Entourée de virtuoses, la blueswoman oscille entre un style American Roots et un Blues très Soul attachant et très personnel.

DIANE DURRETT

« Sweet Georgia Blues »

(Independent)

Figure incontournable dans sa ville et bien au-delà dans le monde du Blues, DIANE DURRETT est une chanteuse, compositrice et productrice comme on en rencontre peu. Saluée également pour son action avec ‘Women In Blues’, un évènement auquel elle se consacre pleinement, elle nous revient avec un dixième album, « Sweet Georgia Blues », qui fait suite à l’excellent « Put A Lid On It », sorti en 2022. Et une fois encore, on se régale de sa voix de velours et du panache des musiciens qui l’accompagnent, car ils sont venus nombreux apporter un relief saisissant de spontanéité à cette belle réalisation.

Et ce somptueux groove sur lequel DIANE DURRETT chante avec une passion non-dissimulée, on le doit à son groupe, le ‘Soul Suga’, composé de la batteuse Melissa Junebug, du claviériste Yoel Yehuda et du bassiste Fuji Fujimoto. Et si « Sweet Georgia Blues » atteint un tel niveau d’émotion et d’authenticité, c’est qu’il est solidement ancré dans la culture musicale de Georgie. Et c’est donc en voisins que Tinsley Ellis, Eddie 9V, Joey Sommerville et Mike Mattison sont venus lui prêter main forte avec un extraordinaire feeling pour atteindre des sommets de délicatesse et de souplesse.

Dès « Child Of The Blues » qui rend un hommage très positif à son ancien compagnon de route Yonrico Scott, DIANE DURRETT éblouit par sa voix d’une grâce absolue, toute en nuances et capable de balancer un Blues soutenu comme de s’élever dans des sphères plus Soul (« Sweet Georgia Blues », « Chasing Sunsets », « Black Cat In New Orleans » avec le trombone de Craig Klein). On se laisse bercer et envoûter par des mélodies pleines de feeling (« The River Sings To Me ») jusqu’à « Amazing Grace » a cappella et de toute beauté, qui surgit avant un « Look For Me », plein de sensualité. 

(Photo : Emerald Dove)

Catégories
Classic Hard Rock Hard Rock

The Dead Daisies : furiously alive

La sortie d’un nouvel album de THE DEAD DAISIES est déjà un plaisir en soi, alors lorsqu’il s’agit en plus d’y retrouver la voix chaude et rocailleuse du frontman John Corabi, il n’en est que décuplé. Et pour leur septième réalisation studio, les désormais australo-américains se montrent redoutables, terriblement Rock’n’Roll et délicieusement addictifs. « Light’Em Up » nous fait presque remonter le temps, grâce à une magie intacte qui doit beaucoup à son époustouflant duo de guitaristes et surtout à de nouvelles compos plus intemporelles que jamais.

THE DEAD DAISIES

«Light’Em Up »

(The Dead Daisies Pty Ltd./SPV)

L’ambition de THE DEAD DAISIES, depuis un peu plus de 10 ans maintenant, a toujours été de perpétuer une belle et très honorable tradition et surtout une certaine idée d’un Classic Hard Rock vivifiant et fougueux. Et bien au-delà de faire du neuf avec du vieux, le groupe a trouvé sa patte, élaboré un son identifiable et surtout vu défiler dans ses rangs parmi les meilleurs musiciens du genre. Toujours autour de son guitariste et fondateur, l’Australien David Lowy, sorte de gardien du temple, « Light’Em Up » apporte son lot de nouveauté, qui se traduit par quelques changements de line-up et une fois encore : on est très bien servi !

Rien n’est donc figé, ce qui n’est pas pour me déplaire, puisque John Corabi fait enfin son retour au bercail, et le quintet acte aussi l’arrivée de Michael Devin (ex-Whitesnake), tous deux en lieu et place de Glenn Hugues pour qui j’ai le plus grand respect, mais bon… THE DEAD DAISIES affiche donc l’une de ses meilleures formations depuis quelques années et, après un « Best Of » pour marquer sa première décennie l’an dernier, repart sur les chapeaux de roues avec dans ses rangs l’incontournable et indispensable Doug Aldrich à la guitare et l’excellent Brian Tichy derrière les fûts. Difficile de rêver mieux !

Composé et enregistré entre Muscle Shoals et Nashville, c’est le producteur Marti Frederiksen qui a mis en lumière les dix titres, dont une très bonne reprise de The Angels, « Take A Long Line », chère à leur compatriote Lowy. Puissant et mélodique, THE DEAD DAISIES livre un Hard Rock aux teintes parfois bluesy sur lequel son chanteur se révèle vraiment être l’homme de la situation. Heavy et accrocheur, « High’Em Up » resplendit de toutes parts et s’avère être le meilleur opus du groupe depuis longtemps (« I’m Gonna Ride », « Times Are Changing », « I Wanna Be Your Bitch », « Back To Zero »). Well done !

Retrouvez les chroniques précédentes du groupe :

Catégories
Americana Blues

Amanda Fish : lumineuse

A Kansas City, et notamment dans la famille FISH, on en connait un rayon sur le Blues et son univers. Et si le prénom de Samantha est le premier qui vient à l’esprit, la musique de son aînée AMANDA n’a rien à lui envier. Montrant plus de facilité à s’engouffrer dans les racines de la musique roots américaine, elle est aussi créative quand il s’agit d’Americana que d’autres variations plus Rock et Alternative Country. Et avec « Kingdom », elle nous régale de sa voix authentique et sincère sur des textes forts.

AMANDA FISH

« Kingdom »

(VizzTone Label Group)

Nettement moins exposée médiatiquement que sa jeune sœur Samantha, dont le Blues Rock fait des étincelles depuis des années maintenant, AMANDA FISH mène une carrière plus discrète et plus sobre musicalement. Dans un registre qui présente tout de même quelques similitudes, c’est cependant au cœur d’un Americana Roots teinté de Blues qu’évolue cette artiste aux multiples facettes. Et avec ce troisième album, son talent resplendit dans des ambiances très variées et des mélodies soutenues où elle mène le bal.

A la fois bassiste, guitariste, pianiste, chanteuse et bien sûr compositrice, AMANDA FISH joue aussi du ukulele et de la mandoline et cette richesse instrumentale n’a rien d’étonnant lorsqu’on écoute ce délicat et solide « Kingdom ». Cela dit, si elle évolue sous son nom, les musiciens qui l’accompagnent sont nombreux, notamment les guitaristes et dans des approches très différentes. Et puis, on notera aussi la belle participation à l’harmonica de Richard Rosenblatt, le patron de son label, sur « Work ».

Affirmer qu’AMANDA FISH est une grande chanteuse est un doux euphémisme, tant son spectre vocal est puissant et enveloppant, et s’adapte sans mal aux morceaux estampillés Blues, Americana, Country Honkytonk et très roots de ce « Kingdom » d’ailleurs parfaitement produit. A ses côtés, les six-cordistes Terry Midkiff, Billy Evanochoko, Jeremiah Johnson et Dylan Farrell offrent un relief considérable entre slide et riffs appuyés. Et on retiendra aussi le touchant piano-voix « Mother », l’un des moments forts de cet opus.

Catégories
Heavy metal Old School

Saint : une combativité intacte

De l’énergie, SAINT en a à revendre et ce quarantième anniversaire semble même lui avoir donné un sérieux coup de boost. Son Heavy Metal n’a pas pris une ride, alors qu’il puise son inspiration au siècle dernier. Avec ce très bon « Immortalizer », le quintet affiche beaucoup de puissance, tout en misant sur des titres accrocheurs et entêtants et en restant fidèle à un style dont il ne s’est jamais éloigné. Un très bon opus qui vient couronner une belle et bien trop discrète carrière.

SAINT

« Immortalizer »

(Roxx Records)

Apparu au début des années 80 aux côtés de Stryper et Messiah Prophet notamment, SAINT fait partie de la toute première vague américaine de White Metal. Comme beaucoup d’autres, les changements de line-up ont émaillé le parcours du groupe, mais il se présente aujourd’hui avec le troisième album consécutif avec la même et solide formation. Et « Immortalizer » vient célébrer 40 ans de bons et loyaux services. Une treizième réalisation qui s’avère également être un très bon cru.

Fondé à Salem en Oregon, SAINT suit le même chemin depuis sa création, celui tracé sur un Heavy Metal mélodique qu’il a su actualiser au fil des décennies pour être plus électrisant que jamais. Rangés derrière son bassiste et fondateur Richard Lynch, les Américains peuvent compter sur un Dave Nelson impérial au chant, une talentueuse doublette de guitaristes avec Matt Smith et Jerry Johnson, tandis que Jared Knowland (batterie) est toujours aussi affûté. Ca ronronne et ça envoie du bois !

A l’instar de nombreux groupes de sa génération, SAINT n’a rien perdu de sa vélocité et se montre même beaucoup plus efficace et affiné qu’autrefois. Bien sûr, le frontman donne de l’allant et de la percussion, mais le jeu des deux six-cordistes au niveau des riffs, des solos et des twin-guitars reste sa force principale (« Immortalizer », « Eyes Of Fire », « The Congregation », « Pit Of Sympathy », « Salt In The Wound »). Cette nouvelle production vient donc célébrer quatre décennies exemplaires avec brio.

Photo : Concert Fotos by Chad

Catégories
Heavy Stoner Psych

Thunderbird Divine : une tornade enchanteresse

Brut et rugueux, lumineux et fin et parfois même lyrique, « Little Wars » se balade dans un univers Stoner où les limites artistiques ont disparues. Il faut avoir une solide expérience et beaucoup d’audace pour se lancer dans une telle entreprise, et cela nécessite aussi forcément une grande ouverture d’esprit pour en apprécier toutes les subtilités. Hard Rock, Prog, Doom, Psych, Heavy Rock et sensations tribales, THUNDERBIRD DIVINE explose les codes et impose les siens avec brio et une assurance décomplexée.

THUNDERBIRD DIVINE

« Little Wars »

(Black Doomba Records)

Né des cendres de Wizard Eye et de Skeleton Hands en 2017, THUNDERBIRD DIVINE a fait du chemin et après « Magnesonic » (2019) et « The Hand Of Man » (2020), il se présente aujourd’hui avec un troisième opus sur lequel il souffle un vent de liberté. Expérimental et organique, « Little Wars » nourrit un Stoner débridé de sonorités Psych et Doom grâce à l’utilisation de thérémine, de sitar, de banjo, de mélodica et autres bizarreries comme l’indiquent les musiciens.

Tous multi-instrumentistes, les membres de THUNDERBIRD DIVINE sont des acteurs chevronnés de la scène de Philadelphie, ce qui explique probablement l’absence de frontières musicales et cette maîtrise instrumentale. Car au-delà d’un classique Heavy Stoner Psych, le quatuor multiplie les incartades en prenant des chemins inattendus et en passant d’une ambiance à l’autre d’un claquement de doigt. Entre voix féminines et parties de piano aériennes, les Américains sont d’un éclectisme rare.  

Dès l’instrumental, « Poney Express », et son ambiance far-west bardée de chants d’oiseaux, THUNDERBIRD DIVINE promet un voyage original. Et c’est ce que propose « Little Wars » à travers des passages Rock très appuyés et musclés et d’autres plus intimistes, mais avec toujours aussi une pointe de curiosité et une fougue non-dissimulées (« Times Gone Bad », « Last Laugh », « These Eyes », « Old Black Crow », « Black Rhino Mantra », « Highway Dawn »). Cet album est incroyable et il serait vraiment dommage de passer à côté.  

Catégories
Psych Stoner Doom Stoner Prog

Fostermother : une aventure éblouissante

Doté d’une incroyable créativité, FOSTERMOTHER se présente avec « Echo Manor » où il parvient encore à surprendre, grâce à un subtil alliage de Stoner et de Rock, de Doom et de Psych, le tout dans une atmosphère progressive éclatante. Très bien produit, le digne successeur de « The Ocean » s’annonce comme l’une des pièces maîtresses de la discographie des Américains. Un modèle de diversité et une ouverture musicale totalement maîtrisée et envoûtante.

FOSTERMOTHER

« Echo Manor »

(Ripple Music)

Depuis sa formation en 2019, le combo de Houston ne cesse de surprendre. Dès son premier album éponyme l’année suivante, FOSTERMOTHER a su s’imposer jusqu’à signer chez Ripple Music qui a sorti « The Ocean » et mis tout le monde d’accord. Sur une base Stoner Doom, le power trio continue ses expérimentations et avec « Echo Manor », le leader et fondateur Travis Weatherred (chant, guitare, claviers), Stephen Griffin (guitare, basse, claviers) et Jason Motamedi (batterie) explorent de nouvelles contrées musicales.

Tout en évoluant au fil de ses réalisations, FOSTERMOTHER réussit pourtant à imprimer sa personnalité artistique, même si les grands écarts sont nombreux depuis ses débuts. Dans ce cas, difficile de définir précisément le style des Texans. Sur « Echo Manor », leur Stoner Rock s’engouffre dans des territoires Psych et surtout progressifs, lorgnant même du côté du post-Rock avec des passages très aériens. Ce nouvel opus est de loin le plus trippant des trois et l’invitation à ce voyage étonnant et varié est franchement irrésistible.

Si le Doom de FOSTERMOTHER s’est vraiment éclairci, il n’en demeure pas moins véloce et puissant. Très bien ciselé, cette troisième production joue sur les ambiances, multiplie les tempos et offre une palette de riffs à la fois racés et mélodiques. Intenses, les nouvelles compos ne font pas l’impasse sur l’aspect occulte que le groupe cultive depuis toujours (« Wraith », « All We Know », « King To A dead Tree », « In The Garden Of Lies » et l’excellent morceau-titre). Avec beaucoup d’élégance, « Echo Manor » est littéralement brillant.

Retrouvez les chroniques des deux premiers albums :

https://www.facebook.com/share/p/fnw1gVr4Ci6SHMgT

Catégories
Doom Rock Occult Rock

Hail Darkness : une noirceur enveloppante

Entre magie noire et voyage cosmique, « Death Divine » affiche pour un premier album de multiples facettes que la richesse instrumentale et l’interprétation mettent parfaitement en valeur. Le combo américain a tout réalisé lui-même et ses efforts sont ici récompensés. Porté par la voix envoûtante de Jez, qui offre une couleur authentique et saisissante à cet opus, HAIL DARKNESS livre un Occult Doom Rock très Psych et original. Une belle entrée en matière.  

HAIL DARKNESS

« Death Divine »

(Vatican Records)

C’est à Phoenix en Arizona que HAIL DARKNESS a vu le jour sous l’impulsion de son bassiste Joshua en 2020. Accompagné de la compositrice Jez au chant et à la guitare et Emmet derrière les fûts, le groupe a rapidement déménagé en Caroline du Sud, sur les terres de sa chanteuse, et a commencé à se constituer un solide répertoire. Après cinq singles sortis sur la toile, le premier album parait sur le propre label des Américains, le bien-nommé Vatican Records, et il nous plonge dans un Occult Doom Rock prometteur.

L’esprit très 70’s et délicieusement vintage qui émane de « Death Divine » ne fait pas oublier la pesanteur des morceaux et on se délecte aussi du côté psychédélique prononcé du trio. D’ailleurs, HAIL DARKNESS peut aussi compter sur le ‘Hail Darkness Coven’, un collectif multi-instrumentiste d’amis qui lui prête main forte et donne beaucoup de relief à l’ensemble. Le groove épais se déploie dans un Doom Rock sombre, entêtant et savamment mâtiné d’une folk obscure, qui vient apporter un soupçon de légèreté.

Si l’apport d’autres musiciens offre de la profondeur et un certain côté plus aérien aux compos, c’est bel et bien HAIL DARKNESS qui mène le jeu et notamment sa frontwoman, qui sait se faire captivante. Même si la production est assez étouffée, on distingue quelques halos lumineux assez rétro et bien distillés (« Cult Of The Serpent Risen », « Hour Of The Silent Rite », « Coven Of The Blackened One », « Azarak ! », « See You In Hell »). Les sorcières ne sont pas loin et elles veillent sur ce très bon « Death Divine ».

Catégories
Blues Contemporary Blues

Chris Cain : un coup d’éclat

Incroyable virtuose et distillant son feeling sur chaque note, le chanteur et guitariste CHRIS CAIN réapparaît sur le légendaire label Alligator avec un deuxième disque dont on ne se lasse pas. Totalement libre et épanoui grâce à un songwriting efficace et irréprochable, le musicien de San Jose s’en donne à cœur-joie et nous emporte sur ce « Good Intentions Gone Bad » séduisant de bout en bout, laissant parler sa six-corde avec une exceptionnelle fluidité.

CHRIS CAIN

« Good Intentions Gone Bad »

(Alligator Records)

Peut-être trop discret sur la scène Blues internationale et même américaine, CHRIS CAIN n’en demeure pas moins un artiste reconnu par ses pairs et dont la carrière parle pour lui. Avec une quinzaine d’albums étalés sur trois décennies, c’est surtout depuis sa signature en 2021 chez Alligator qu’il prend sérieusement la lumière, soutenu par Joe Bonamassa et Robben Ford notamment, qui ont su voir en lui le grand bluesman qu’il est. Et avec ce nouvel opus, il vient le confirmer avec beaucoup de classe.

Toujours dans cette veine héritière du son de Memphis et de BB King surtout, CHRIS CAIN s’en rendu dans le home-studio de Kid Andersen, producteur de « Good Intentions Gone Bad », mettre en boîte ses nouveaux morceaux. On y retrouve d’ailleurs beaucoup de cuivres, l’intervention de Kid sur divers instruments et celle de sa femme au chœur. Greg Rahn (piano, orgue), June Core et Sky Garcia (batterie), Cody Wright (basse) et même Tommy Castro sur un titre constitue ce solide line-up.

Electrique et classique, le jeu de CHRIS CAIN brille au son des riffs et des solos de sa Gibson ES-335, sans pour autant tomber dans une certaine nostalgie. Au lieu de ça, le Californien est étincelant, accrocheur et dynamique (« Too Little Too Late », « Fear Is My New Roommate », « Thankful » et le délicat « Blues For My Dad »). La joie transparaît sur les 15 morceaux et il est à souhaiter qu’enfin, il se pose définitivement au panthéon des plus grands de sa génération, car il le mérite vraiment.

Photo : Laura Carbone