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Hard'n Heavy

Ronnie Romero : powerful

Après avoir fait ses preuves dans des formations de renom en se montrant aussi à l’aise dans le registre Hard Rock comme Heavy Metal, RONNIE ROMERO s’est lancé dans le grand bain en solo avec deux réalisations de reprises, puis « Too Many Lies, Too Many Masters » il y a deux ans qu’il a en partie composé. C’est cet album qu’il est venu défendre au ‘Rock Imperium Festival’ devant un public espagnol conquis. En véritable showman, il impressionne de maîtrise accompagné d’un groupe enthousiaste et robuste.

RONNIE ROMERO

« Live At Rock Imperium Festival »

(Frontiers Music)

Que ce moment a dû être savoureux pour RONNIE ROMERO ! En juin dernier, il foulait la scène du ‘Rock Imperium Festival’ à Carthagène en Espagne, et le Chilien avait livré une très belle prestation qu’il a essentiellement bâtie autour de son dernier album solo en date, « Too Many lies, Too Many Masters ». Un disque à la signification particulière, puisque pour la première fois, il était directement impliqué dans son écriture. Une étape importante dans sa carrière et ce concert représente donc un certain aboutissement personnel. 

Lui qui a œuvré au sein du Rainbow de Richie Blackmore, MSG, The Ferrymen, (dont il chante un titre), Sunstorm et d’autres, ou plus récemment avec Elegant Weapons monté par l’ex-Judas Priest Richie Faulkner, avec plus ou moins de bonheur, se voit enfin récompensé de l’inscription de son nom sur l’affiche du grand festival hispanique, et devant un public avec lequel il peut s’exprimer dans sa langue maternelle. RONNIE ROMERO est aux anges et cela s’entend. Et si le moment est particulier, sa performance est remarquable et explosive.

Le Sud-Américain coproduit le disque avec son batteur Andy C., et le résultat est très largement à la hauteur. Entouré de musiciens aguerris, il ouvre avec « Cast Away On The Moon », extrait de son véritable premier opus, et le ton est donné. Le frontman s’impose avec puissance et prouve qu’il est l’un des meilleurs chanteurs de sa génération (« Mountain Of Light », « Crossroad », « Too Many Lies, Too Many Masters », « Vengeance »). Puis, RONNIE ROMERO clot son set avec le « Rainbow in The Dark » de Dio. Un sans-faute !

Photo : Mejorado

Retrouvez la chronique de « Too Many Lies, Too Many Masters » :

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Blues Rock International

Ally Venable : rich blue notes [Interview]

Qu’il semble loin le temps où la toute jeune ALLY VENABLE faisait ses premiers pas avec « Wise Man » en 2013. Pourtant, c’est déjà avec un sixième album que la Texane de 26 ans seulement affirme aujourd’hui un jeu très mature et une voix qui porte bien plus qu’à ses débuts. Avec « Money & Power », elle franchit un palier supplémentaire, forte d’une assurance et d’une confiance à toute épreuve. En restant attachée à ses racines Blues Rock, la guitariste et chanteuse s’aventure même dans des registres inexplorés jusqu’à présents, et cela lui réussit plutôt bien. Entretien avec une musicienne qui a la tête sur les épaules, affirme des convictions fortes et a une idée très précise de sa musique.

– « Money & Power » est déjà ton sixième album et il dégage beaucoup de maturité. De quelle manière es-tu abordé son écriture, toujours accompagné de ton batteur et producteur Tom Hambridge ? Aviez-vous déjà une idée globale de sa thématique ?

Nous souhaitions explorer ces thèmes sous différents angles, en les canalisant dans notre un Blues Rock brut et plein d’émotion. La production de Tom a été essentielle pour donner vie à cette vision. Je suis très fière du résultat de cet album : c’est notre œuvre la plus ciblée et la plus percutante à ce jour. J’espère que les fans se sentiront concernés par les thèmes et l’énergie que nous y avons mis.

– Alors que tes précédents albums étaient clairement Blues Rock, avec « Money & Power », tu explores des registres plus Soul et cuivrés, funky, avec aussi une petite touche Alt-Country et même légèrement Reggae. Avais-tu besoin d’explorer d’autres sonorités et aussi de varier ton jeu ?

Tu as raison, avec « Money & Power », j’ai clairement élargi ma palette sonore au-delà du Blues Rock pur et dur de mes précédents albums. C’était une décision consciente d’explorer de nouveaux territoires musicaux et d’y incorporer des éléments de Soul, de Funk, de Country alternative et même d’un peu de Reggae. Mais le son blues de ma guitare et l’émotion qui le sous-tend resteront toujours au premier plan.

– Ce nouvel album est aussi une déclaration féministe, au moment où les femmes n’ont jamais été aussi présentes sur la scène Blues mondiale. Si cela va mieux en termes d’exposition et que les talents émergent enfin, que manque-t-il encore pour que la reconnaissance soit totale, selon toi ?

« Money & Power » a une forte connotation féministe, ce qui est important compte tenu de la présence croissante des femmes sur la scène Blues mondiale. Si des progrès sont réalisés en termes de visibilité et de reconnaissance du talent féminin, je pense qu’il reste encore du travail à faire. C’est pour cela que je pense qu’il est crucial pour les femmes du Blues et du Rock de se rassembler, de créer leurs propres espaces et de s’encourager mutuellement. L’unité et le refus de se laisser monter les unes contre les autres sont une force. Lorsque nous sommes solidaires, il devient beaucoup plus difficile de nous rejeter.

– Tu as toujours beaucoup aimé les duos. Après Devon Allman et Kenny Wayne Shepherd sur « Heart Of Fire », puis Joe Bonamassa et Buddy Guy sur « Real Gone », tu accueilles cette fois Christone ‘Kingfish’ Ingram et la chanteuse new-yorkaise Shemekia Copeland. Qu’est-ce qui te plait dans cet exercice ? Le partage ? La communion ?

Echanger des riffs avec Kingfish a été un vrai plaisir. On perçoit vraiment les personnalités distinctes de chaque artiste, qui transparaissent dans ces collaborations. Que ce soit le jeu de Kingfish ou la maîtrise vocale inébranlable de Shemekia, ils ont chacun laissé leur empreinte sur l’album et une présence qui l’a propulsé au niveau supérieur ! Et c’est génial pour ça de travailler avec ses amis ! J’ai été honoré qu’ils acceptent !

– J’aimerais qu’on dise un mot de la pochette de ce nouvel album, car elle sort littéralement des standards que l’on peut voir dans le Blues en général. L’idée était-elle de provoquer avec un visuel fort ? De marquer les esprits ?

Je voulais créer un visuel fort et provocateur qui capterait immédiatement l’attention de l’auditeur et donnerait le ton aux thèmes abordés sur l’album. L’image de moi assise au bureau d’un grand patron, la guitare à mes côtés, comptant de l’argent et savourant un cigare et un whisky, fait assurément forte impression.

– Par rapport à tes précédents albums, je te trouve un peu moins démonstrative et plus au service des chansons. Ton intention était-elle de plus te concentrer sur la composition, les textes et les mélodies ? 

Il était également important pour moi d’éviter de tomber dans le piège du culte du guitar-heros, qui peut parfois survenir dans le monde du Blues Rock. Si je suis fière de mes compétences techniques, je ne veux pas que cela occulte les intentions artistiques et émotionnelles profondes qui se cachent derrière ma musique.

– Il y a six ans déjà, tu avais participé à la fameuse « Blues Caravan » de Ruf Records, aux côtés de Katarina Pejak et Ina Forsman. Un casting entièrement féminin, qui renvoie forcément à la thématique de ton album. Quels souvenirs en gardes-tu et y as-tu pensé en composant « Money & Power » ?

Ina et Katarina sont toutes deux des artistes dynamiques et j’étais émerveillée de les voir dominer la scène soir après soir. Mais au-delà de ça, elles étaient aussi des partenaires de groupe formidables et d’un grand soutien. Nous avions une véritable camaraderie et un sens de la communauté qui, je pense, ont vraiment trouvé un écho auprès du public devant lequel nous avons joué. Cette tournée a été une expérience formatrice pour moi, en tant que musicienne et en tant que femme dans ce milieu. Ainsi, même si la tournée « Blues Caravan » remonte à des années, son influence est toujours très présente dans mon processus créatif. C’est une pierre angulaire qui me rappelle la force et la complicité que nous pouvons trouver lorsque nous nous unissons en tant que femmes dans ce milieu.

– Enfin, la scène Blues féminine au sens large compte aujourd’hui de grandes musiciennes qui sont unanimement reconnues. Parmi elles, de qui sens-tu la plus proche ? Je pense à Ana Popovic, Samantha Fish, Joanne Shaw Taylor, Sue Foley, Grace Bowers, Ghalia Volt, Erja Lyytinen, Gráinne Duffy, la Française Laura Cox, Dana Fuchs, Susan Tedeschi et j’en oublie beaucoup…

Bien que j’éprouve une profonde affinité et une profonde admiration pour toutes les femmes que tu as mentionnées. Je dois dire que je suis particulièrement attirée par le talent artistique de Samantha Fish, Susan Tedeschi et Joanne Shaw Taylor. Il y a quelque chose dans leur jeu de guitare qui est brut et sans complexe, et leur voix pleine d’âme résonne vraiment en moi. Voir d’autres femmes s’éclater sur scène est une source constante de motivation pour moi. C’est un puissant rappel que nous pouvons absolument nous affirmer, que nos voix et notre talent artistique méritent d’être entendus.

Le nouvel album d’ALLY VENABLE, « Money & Power » est disponible chez Ruf Records.

Photos : Jeremiah Shepherd (1, 3, 4)

Retrouvez aussi les chroniques de ses albums précédents :

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Contemporary Blues

Robin Trower : étincelant

Du haut de ses 80 ans, ROBIN TROWER peut fièrement afficher une carrière hors-norme bâtie sur un répertoire qui frôle l’excellence. Depuis ses débuts avec Procol Harum, puis avec son groupe, le guitariste reste d’une fluidité et d’une précision implacables, servi par un feeling exceptionnel et un sens du groove ravageur. Après quelques problèmes de santé l’an dernier, l’Anglais fait son retour sur scène, ainsi que sur disque avec ce superbe « Come And Find Me ». 

ROBIN TROWER

« Come And Find Me »

(Provogue/Mascot Label Group)

Il nous avait laissé il y a deux ans avec « Joyful Sky », brillant album qu’il partageait avec la chanteuse new-yorkaise Sari Schoor, laquelle offrait un charme et surtout une couleur différente de l’habituel répertoire du bluesman. Une collaboration transatlantique qui reste à ce jour l’un des plus beaux albums de Blues de ses dernières années. C’est seul cette fois, mais avec toujours en main sa célèbre et inséparable Fender Stratocaster, que ROBIN TROWER illumine de toute sa classe « Come And Find Me », merveilleusement accompagné d’un groupe de fidèles. 

Il a enrôlé des compagnons de confiance et l’on retrouve le batteur Chris Taggart, le bassiste américain Glenn Letsch, qui fait son retour auprès du maître sur les morceaux « Tangled Love » et « I Fly Straight To You », ROBIN TROWER jouant comme souvent sur le reste des chansons. Au chant, son ami de longue date Richard Watts enveloppe chaudement et tout en délicatesse les mots toujours très personnels du compositeur… Et quelle voix ! Et puis, cerise sur le gâteau, la britannique Jess Hayes livre une performance incroyable sur le solide « Tangled Love ».

« Come And Find Me » a beau être son 28ème album solo (sauf erreur !) et pourtant ROBIN TROWER conserve cette exigence, tant dans le son que dans la composition. Avec un jeu et un toucher inimitables, il déroule ce nouvel opus avec une telle fraîcheur qu’on en oublierait son âge. Il séduit et percute avec une élégance et une modestie qui forcent le respect («  A Little Bit Of Freedom », « Time Stood Still », « One God Round », et la chanson-titre). Son Blues, à son image d’ailleurs, vit bien et semble même éternel, tant il est porté par une production inscrite dans son temps.

Retrouvez les chroniques de ses deux derniers albums :

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Roots Rock Southern Blues Rock Southern Rock

The Commoners : southern kingdom

Le live est souvent l’épreuve de vérité et un passage obligatoire pour tous les musiciens, au-delà d’un plaisir total et d’un certain aboutissement. L’échange avec son public, une fois gravé, peut être à double-tranchant. Cependant, THE COMMONERS a réalisé de belles captations qui mettent en valeur, en relief et en perspective ce dont il est capable sur scène. L’énergie déployée sur ce « Live In The UK » gomme à elle seule quelques imperfections tout à fait acceptables et carrément pardonnables.

THE COMMONERS

« Live in the UK »

(Gypsy Soul Records)

Même si leurs débuts datent de 2016 avec « No Stranger », les Canadiens ont réellement pris leur envol avec « Find A Better Way », six ans plus tard. Depuis, ils ne cessent de tourner et ont sorti le très bon « Restless » l’année dernière. C’est justement lors de cette venue en Europe, en notamment en Angleterre, qu’ils ont enregistré ce « Live In The UK », fruit de plusieurs concerts. Et c’est vrai que les prestations de THE COMMONERS sont franchement explosives. On y retrouve toute l’énergie et l’enthousiasme de ses disques, le tout en symbiose avec son public.

Alors que le groupe s’apprête justement à fouler à nouveau les planches des salles du Royaume-Uni en élargissant cette fois sa venue en Europe à d’autres pays, ce « Live In The UK » tombe à pic, même s’il ne doit évidement rien au hasard. Passé ces considérations marketing, THE COMMONERS propose neuf morceaux issus de ses deux derniers témoignages et l’on découvre un quintet qui prend toute sa dimension sur scène. Et si l’on connait la précision et le soin apporté en studio, la fougue et l’aspect brut de ses titres sont tout aussi réjouissants.

Sans rien enlever à l’émotion qui transparait du répertoire de la formation de Toronto, son approche scénique est tout autre, et demeure très intéressante. Loin du confort du studio, c’est l’instantanéité de son jeu qui prend ici le dessus avec une sincérité et un côté très instinctif, qui nous ramènent aux fondamentaux de ce Southern Rock très roots. Finalement, c’est la communion avec ses fans qui prend tout son sens, peu importe le style, et de ce côté-là, les Nord-Américains montrent une authenticité qui nous transporte au cœur de la fosse avec un état d’esprit et une attitude hyper-Rock’n’Roll.

Photo : Halukgurer

Retrouvez justement les chroniques des deux derniers albums studio :

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Heavy metal Livre Rock

Des riffs et des bulles [Livres]

Le rapprochement entre la bande dessinée et l’univers du Metal et plus largement du Rock est assez évident et coule même de source. Pour preuve, la qualité des pochettes d’albums, notamment celles datant des années 70/80/90, avant l’arrivée du design à outrance et aujourd’hui de l’IA. Cela dit, les deux mondes sont faits pour s’entendre et se compléter. Les Editions Blueman se sont penchées sur le joyau d’IRON MAIDEN, « Piece Of Mind », tandis que Petit A Petit poursuit sa collection de Docu BD avec SERIAL ROCKERS, narrant les frasques de quelques Rock stars.

IRON MAIDEN / SERIAL ROCKERS

Honneur au plus emblématique groupe de Heavy Metal de tous les temps avec un focus sur un disque qui a autant fait parler qu’il a pu séduire par son audace et sa qualité dès sa sortie en 1983. A l’époque de sa parution, peu de gens imaginait que les Anglais d’IRON MAIDEN entreraient dans la légende avec neuf morceaux qui résonnement toujours, 40 ans plus tard. Présenté sous forme d’histoires courtes, on replonge avec délectation dans ce quatrième album de la ‘Vierge de Fer’ au fil de témoignages d’écrivains, d’artistes et de musiciens, dont Bruce Dickinson d’ailleurs. Chacun y va de son interprétation, laissant libre court à un imaginaire personnel, qui offre d’autres visions de cet opus hors-norme. Un précieux document qui continue de révéler ce chef-d’œuvre et qu’il convient, bien sûr, de parcourir en musique !

IRON MAIDEN, « Piece Of mind », Editions Blueman (152 pages – 20€)

Pour SERIAL ROCKERS, l’éventail est bien plus large. Les Editions Petit A Petit ne se contentent pas d’un seul registre musical, ni d’une même époque. Ce nouveau volume de la désormais incontournable collection Docu BD ravive avec malice et humour les méandres des faits d’armes les plus éloquents et improbables de la scène Rock internationale. Certes, il en manque bien quelques uns à l’appel, mais les présents ne sont pas des moindres et les anecdotes relatées ici en image valent leur pesant d’or. Suivant l’adage inhérent au style, il y est beaucoup question de sexe, d’alcool et de drogue et les nombreux dessinateurs s’en sont données à cœur-joie, en restant tout de même plus soft que la réalité de certains de leurs sujets. D’Ozzy à Bowie en passant par Kiss ou Alice Cooper, ces icones flirtent copieusement avec l’extravagance et l’excès dans ce SERIAL ROCKERS haletant et souvent drôle.

SERIAL ROCKERS, Editons Petit A Petit (120 Pages, 21,60€)

Les points communs ne manquent pas entre les deux ouvrages. Tout d’abord, ils ont été réalisés par des collectifs de dessinateurs, offrant aux visuels beaucoup de diversité à travers des changements d’ambiances constants. Ensuite, que ce soit pour IRON MAIDEN ou la pléthore de musiciens évoqués dans SERIAL ROCKERS, ils nous montrent à quel point ce registre, que l’on dit marginal et confidentiel, fait vivre l’Histoire de la musique depuis des décennies. Enfin, il y a quelques mois les Editions Petit A Petit avaient paru un Docu BD très complet sur un autre monument, du Blues cette fois, à savoir ERIC CLAPTON. De son côté, c’est L’ENFER SELON POPPY qui a été mise en avant par les Editions Blueman dans une bande dessinée aussi hybride que désarmante autour de cette artiste Pop, convertie par opportunisme et avec plus ou moins de réussite au Metal.

ERIC CLAPTON IS GOD, Editions Petit A Petit (128 pages – 24,90€)

L’ENFER SELON POPPY, Editions Blueman (160 pages – 20€)

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Psychedelic Rock Rock 70's Space Rock

Kadavar : cloudy sounds

Changement de ton, et de look aussi, pour la formation berlinoise récemment passée de trio à quatuor. Après une belle escapade le temps d’un enregistrement avec Elder, KADAVAR fait son (très attendu) retour avec une nouvelle production, toujours aussi organique et inventive. Dans une ambiance rétro-futuriste, « I Just Want To Be A Sound » est un voyage très cosy dans des effluves 70’s, assez distant de ce que le groupe a présenté jusqu’ici.

KADAVAR

« I Just Want To Be A Sound »

(Clouds Hill)

Un peu mou du genou, ce nouvel opus de KADAVAR ? Si vous avez toujours en tête leurs fiévreuses prestations accompagnant des disques hauts en couleur portés par un Stoner Psych tirant sur un Hard Rock vintage, alors oui, les Allemands ont changé de dimension… et le calme règne. Celle-ci reste toujours clairement orientée sur le psychédélisme, mais dans un registre beaucoup plus aérien, presque contemplatif, voire méditatif. « I Just Want To Be A Sound » évolue dans des sphères planantes, loin du Rock rugueux qui a fait sa réputation, même s’il reste quelques soubresauts.

Tous les musiciens, ou presque, affirment haut et fort qu’ils n’aiment pas faire deux fois le même album. Cependant, ils conservent toujours plus ou moins une dynamique et un son assez identifiables. Chez KADAVAR, la donne est différente. Forcément, on se remémore la belle parenthèse d’Eldovar, « A Story Of A Darkness And Light », où il s’était montré polyvalent et créatif. Et c’est encore le cas ici, mais dans des sonorités plus légères oscillant entre un Indie Rock plat et des désagréables relents de Pop anglaise. Les puristes apprécieront.

L’arrivée, il y a deux ans de Jasha Kreft à la guitare et surtout aux claviers, vient aussi apporter quelques explications quant au nouveau cap. Il distille des atmosphères plus progressives et feutrées et prend souvent le dessus sur les riffs. KADAVAR est plus que jamais dans un esprit revival et peine pourtant à vraiment décoller sur ce septième effort. Très conceptuel, « I Just Want To Be A Sound » expérimente et se fait même aussi parfois convaincant (« Hysteria », « Regeneration », « Scar On My Guitar »). Un mélange des genres bien trop hasardeux.

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Blues Blues Rock Boogie Blues Contemporary Blues Soul Southern Blues

Carolyn Wonderland : une grande dame

L’intensité, qui se retrouve dans le mordant de son approche tant vocale que guitaristique, semble être une seconde nature chez CAROLYN WONDERLAND. La musicienne, qui avait véritablement pris son envol en solo il y a quatre ans avec le génial et audacieux « Tempting Fate » sur lequel elle jonglait avec sa Gibson et sa lap-steel, monte encore en émotion et en virtuosité dans un équilibre musical, qui doit beaucoup à une confiance acquise au fil du temps. « Truth Is » est une sorte d’apothéose, tant au niveau de l’écriture que de cette voix, où la puissance n’a d’égal que sa douceur. Monumental.

CAROLYN WONDERLAND

« Truth Is »

(Alligator Records)

CAROLYN WONDERLAND est une fine gâchette, cela n’aura échappé à personne, et sur ce deuxième effort chez l’institution Alligator Records, on prend pleinement conscience de ses talents de chanteuse et de compositrice. Une reconnaissance qui arrive peut-être un peu tard, mais qui est aujourd’hui incontestable. Elle qui a joué avec presque toutes les légendes Blues du Texas et qui a aussi effectué un beau et assez long passage au sein des Bluesbreakers de John Mayall, semble littéralement épanouie sur ce « Truth Is », marqué de son empreinte. Car la musicienne est loin de manquer de personnalité, bien au contraire.   

D’une rare polyvalence, elle fait un beau tour d’horizon des courants dans lesquels elle se retrouve… et il y en a ! Forcément très sudiste dans le jeu, on retrouve chez la Texane des notes de Soul, de Gospel, de Jazz, de Country et de Roots Rock, qui font de son Blues un refuge éclectique pour des saveurs chaleureuses et sincères. CAROLYN WONDERLAND a de nouveau confié la production de « Truth Is » à Dave Alvin, lequel sublime des compositions entraînantes, mais aussi très touchantes et toujours authentiques. On passe de sa ville natale de Houston à la Nouvelle Orleans, avec un crochet par Memphis, en un clin d’œil.   

Avec son inimitable picking, elle signe l’essentiel de cette nouvelle réalisation, tout en coécrivant quelques titres avec son producteur et Shelley King, et en s’offrant la liberté de reprendre « Wishful Thinking » (Greg Wood/Eddie Hawkins) et « Orange Juice Blues » (Richard Manuel pour The Band). Mais le plus beau et surtout le plus réjouissant vient de ses propres compositions et elles sont franchement renversantes (« Sooner Or Later », « It Should Take », « I Ain’t Going Back » avec Ruthie Foster et Marcia Ball, l’ensoleillé « Deepest Ocean Blue », le bouleversant « Blues For Gene » et la somptueuse chanson-titre. Incontournable.   

Photo : Mary Bruton

Retrouvez la chronique de « Tempting Fate » :

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Ambient Ethnic Neo-Folk

Nytt Land : The beating heart of the steppes

Bien avant l’éclosion du néo-Folk teinté d’Ambient qui déferle depuis quelques temps maintenant, NYTT LAND avait entrepris de restituer musicalement la riche Histoire de ses ancêtres. A l’instar de la démarche de Wardruna en Scandinavie, ce sont leurs terres natales de Sibérie que les Russes mettent en avant avec l’objectif de protéger et de partager un patrimoine culturel, qui mêle incantations, ésotérisme, animisme et où les esprits habitent littéralement ce « Songs Of Th Shaman » créatif, saisissant et authentique.

NYTT LAND

« Songs Of The Shaman »

(Prophecy Productions)

Depuis sa création en 2013, NYTT LAND a sorti une petite dizaine d’albums et chacun d’entre-eux est une plongée dans la culture sibérienne, et plus particulièrement dans ses rituels, ses textes et ses chants. Avec « Songs Of The Shaman », il nous emporte hors du temps, dans un espace où règnent les esprits et où même les dieux ne s’aventurent pas. Natalia Pakhalenko (chant, tambours) et son mari Anatoly (chant, talharpa, flûtes, percussions, guimbarde) se mettent au service de leur terre et de ses traditions.

En plus d’être des musiciens expérimentés et très investis, le duo mène aussi des recherches poussées et son travail d’historien est basé sur ses activités scientifiques, à savoir l’étude et la préservation de son ancestral passé. NYTT LAND s’en tient rigoureusement à un matériel directement issus des peuples autochtones. Son implication est complète et la musique qui vient enrober l’ensemble est le fruit de ses propres compositions. Autant dire que l’héritage s’entretient et se perpétue minutieusement et très consciencieusement.

Qualifier le répertoire de NYTT LAND d’immersif est un doux euphémisme. C’est une plongée hypnotique dans un monde chamanique, où la nature et ses sonorités tiennent une place aussi importante que les écrits spirituels de ces communautés reculées. Il y est question de sorts, de mystères et de légendes reproduits avec des techniques comme le chant de gorge sur des rythmes proches de la transe. « Songs Of The Shaman » traverse des paysages sonores aux reliefs parfois hallucinatoires et avec une fluidité envoûtante, presque magique.

Photo : Olga Gellert

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Blues Rock Contemporary Blues

The Davidson Trio : hot ride

La réunion de talents laisse souvent entrevoir de très belles choses et c’est précisément le cas avec ce torride et sensuel « Cougar », livré par une formation où l’expérience et la complicité sont en totale symbiose. THE DAVIDSON TRIO transpire le Rock et respire le Blues et sa configuration offre le meilleur ajustage possible dans ce style relevé et très contemporain. Emmené par un chanteur et bassiste inspiré, ce premier effort est sensationnel à plus d’un titre.

THE DAVIDSON TRIO

« Cougar »

(Independant)

Bassiste chevronné et réputé, Owen Davidson monte enfin son projet personnel après avoir accompagné tant d’artistes, Depuis Uli Jon Roth jusqu’à Rumour avec un très bon opus sorti il y a quatre ans. Et c’est toujours en indépendant qu’il a  créé THE DAVIDSON TRIO, dont le premier album, « Cougar », est largement à la hauteur des attentes. Soutenu par le guitariste Ben Bicknell et le batteur Ellis Brown, il prend aussi le chant en plus de son instrument, et le Blues Rock qui en ressort naît d’une belle inspiration commune.

Même si les britanniques font leurs premières armes ensemble, il ne faut pas longtemps pour comprendre que « Cougar » n’est pas du travail d’amateurs. Fluides et percutants, ils se montrent solides et créatifs. L’objectif avec THE DAVIDSON TRIO était pour son fondateur de renouer avec ses racines Blues, Rock et Funk et surtout dans une formule power trio, dont on connaît la redoutable efficacité. Et la touche British Blues et le registre de nos trois bluesmen naviguent aussi des rives du Mississippi jusqu’aux contrées plus au Sud des Etats-Unis.

Très Rock d’entrée sur « Medusa Touch », THE DAVIDSON TRIO place la barre très haut et le chant très Soul d’Owen se fait aussi accrocheur que les guitares, dont le solo d’ouverture donne le ton. Le combo de Birmingham évolue sur un groove sans faille, aussi chaleureux que sensible. Old School sur « The Deep », dynamique sur « Hold On » et « The Cure », ou plus roots sur « Blues River », il fait preuve d’une incroyable diversité et d’un feeling hors-pair. Les trois musiciens se trouvent les yeux fermés et chacun brille pour l’autre.

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Hard FM Melodic Rock

Giant : une classe intacte

Malgré de longues pauses, GIANT garde une place de choix toute particulière chez les fans de Melodic Rock et aussi de Hard Rock et d’AOR. Perfectionniste, le groupe l’est toujours et le travail effectué sur les guitares comme sur le chant reste d’un niveau très élevé. La qualité des riffs et la virtuosité des solos de Jimmy Westerlund attestent de la très bonne santé de cette référence Hard Rock, qui d’ailleurs s’internationalise sur ce très bon « Stand And Deliver ».

GIANT

« Stand And Deliver »

(Frontiers Music)

GIANT est un peu l’étoile filante qu’on aimerait tous revoir passer une deuxième fois. Malgré un parcours étonnant et scindé en deux parties (de 1987 à 1992, et depuis 2000), les Américains ont marqué les esprits de tous les amateurs de Hard FM, grâce à des albums assez emblématiques comme « Last Of The Runaways » et surtout « Time To Burn ». De la formation originelle, il ne reste que la solide rythmique composée de David Huff derrière les fûts et Mike Brignardello à la basse. Car, entretemps, il y a encore eu du changement.

« Stand And Deliver » accueille donc deux nouveaux membres pour remplacer Terry Block au chant et John Roth à la guitare. Place donc, et bienvenue, à l’excellent Jimmy Westerlund (One Desire) à la six-corde et Kent Illi (Perfect Plan) derrière le micro. Et on ne pouvait rêver mieux, tant ce casting fait honneur à la légende. Certes, GIANT a bien évolué depuis ses débuts il y a plus de 30 ans, mais son ADN est intact et le quatuor semble toujours animé par la même passion. Et ce sixième opus tient franchement toutes ses promesses.

Avec dans leurs rangs des musiciens de ce calibre, on n’est pas très surpris de retrouver Alessandro Del Vecchio (aussi en guest aux claviers) à la production aux côtés de Westerlund, tous étant issus de l’écurie Frontiers Music. Et le résultat est là, GIANT excelle dans l’art de livrer des compositions mélodiques, accrocheuses et très fédératrices. Avec cette touche 80’s actualisée, le quatuor se montre savoureux et le jeu de son nouveau guitariste atteint des sommets de précision  et d’inspiration. Impressionnant d’exactitude.