Chanteuse et bassiste de Superlynx, la frontwoman scandinave a de multiples cordes à son arc, dont une aventure en solo qu’elle mène depuis 2021 maintenant. Avec ce deuxième opus, elle se livre un peu plus sur des morceaux où le Stoner Doom se joint à un Psych Drone hypnotique, bercé par la voix langoureuse et lancinante de PIA ISA. « Dissolve » arpente des sonorités captivantes avec talent et singularité.
PIA ISA
« Dissolve »
(Argonauta Records)
Alors qu’elle a sorti le quatrième album de son groupe Superlynx, où elle assure le chant et la basse, il y a quelques mois, PIA ISA revient en solo et donne une suite à « Distorted Chants » (2022) et surtout au EP « Burning Time » sorti en début d’année. Très occupée, elle est aussi très prolifique, puisqu’elle vient tout récemment de se lancer dans un nouveau projet avec Gary Arce (Yawning Man, Fates Jetson, Big Scenic Nowhere) baptisé SoftSun. A noter d’ailleurs que le guitariste est aussi présent sur « Dissolve ».
Entourée de l’Américain sur six des huit titres et du batteur de Superlynx Ole Teigen, PIA ISA se déploie dans un registre Psychedelic Drone Rock, où elle interprète les voix bien sûr, et elles sont nombreuses, et endosse le rôle de bassiste tout en livrant des parties de guitares acoustiques très éthérées. Avec un travail incroyable sur les harmonies vocales et sur des compositions à la fois lourdes et aériennes, la Norvégienne se montre d’une superbe créativité à travers un songwriting très minutieux.
Sur des ambiances parfois post-Rock et Dark Folk, l’artiste offre un album complet et personnel, où les textes trouvent parfaitement leur place sur des pistes instrumentales soignées et particulièrement immersives. La production ’doomesque’ est elle aussi très bien équilibrée et on se laisse happer par cette atmosphère glaciale et épaisse. Vocalement, PIA ISA est littéralement envoûtante et se fond naturellement dans une sorte de jam parfois dantesque (« Transform », « Into The Fire », « Dissolve », « Tide », « Dream Or Float »).
Avec « Keep Me Fed » », Daniela (chant, guitare), Paulina (batterie, chant) et Alejandra Villareal (basse, chœurs), également pianistes, affirment avec force une identité musicale désormais identifiable. Entre Rock et Metal, avec une touche combative très fédératrice, leur audace fait mouche sur ces 12 nouveaux titres, véritablement taillés pour la scène, devenue entretemps leur terrain de jeu favori. L’heure de la maturité a donc sonné pour les jeunes femmes qui ont fait de THE WARNING une machine bien huilée et irrésistible.
THE WARNING
« Keep Me Fed »
(Lava Records/Republic Records)
Alors qu’elles avaient sorti « XXI Century Blood » (2027) et « Queen Of The Murder Scene » (2018) juste après leur premier EP, « Escape The Mind » (2015), les trois sœurs n’étaient que très peu sorties de leur Mexique natal et avaient pourtant attiré mon attention dès 2020. S’en étaient suivi « Error » (2022) après le six-titres « Mayday » (2021) et c’est à partir de ce moment-là que THE WARNING a vraiment explosé, tant que le plan artistique qu’au niveau de sa notoriété, bien aidé par une maîtrise des réseaux sociaux avec lesquels elles ont grandi.
Depuis une grosse dizaine d’années maintenant, le trio de Monterrey suit une trajectoire parfaite, qui les propulse aujourd’hui parmi les révélations, et même un peu plus, de la scène Rock/Hard. Il faut dire qu’elles n’ont eu de cesse d’enchaîner les concerts aux côtés de grands noms, parmi lesquels leurs idoles de Metallica, et c’est même entre leurs tournées qu’elles ont composé « Keep Me Fed », où THE WARNING fait définitivement sa mue en se présentant avec des nouveaux titres beaucoup plus matures et toujours aussi accrocheurs.
La première chose qui surprend agréablement sur ce quatrième opus, c’est la puissance et le coffre de la production. Le trio montre ainsi toute l’ampleur de son potentiel et la fratrie Villareal se hisse à un niveau dont l’impact, tout en nuances, est saisissant. « Six Feet Deep », « S!ck », « More », « Consume » et celui qui devenu un hymne dans leur pays « Qué Más Quieres », chanté en espagnol, offrent un relief auquel THE WARNING ne nous avait pas encore habitué. Et cette rage toute féminine brille et résonne comme un rugissement.
Avec « Red Moon Rising », Robert Jon Burrison (chant, guitare), Andrew Espantman (batterie), Henry James Schneekluth (guitare), Warren Murrel (basse) et, depuis peu, Jake Abernathie (claviers) atteignent la plénitude de leur art à travers un Southern Rock frais et ressourcé. Basé autour du mythe de la lune rouge qui apporte son lot d’espoir et de renaissance, ce nouvel opus de ROBERT JON & THE WRECK s’affiche déjà comme un indispensable de sa belle discographie.
ROBERT JON & THE WRECK
« Red Moon Rising »
(Journeyman Records)
Il y a quatre ans déjà, la sortie de « Last Night On The Highway » m’avait parcouru de frissons et, alors que le groupe évoluait encore en indépendant, il paraissait assez évident que le renouveau du Rock Sudiste passerait par lui. Etonnamment, c’est donc de Californie qu’est venu ce souffle chaud et novateur redonnant ses lettres de noblesse à ce style si expressif et rassembleur. Depuis, ROBERT JON & THE WRECK a arpenté sans relâche les scènes des Etats-Unis en long et en large, avant de faire également l’unanimité en Europe, où a même été enregistré le génial « Live At The Ancienne Belgique ». Et après neuf albums studio en moins de 15 ans, il se montre aussi infatigable que prolifique.
Et cette féconde créativité, on la doit aussi et surtout à la volonté des Américains de pouvoir, depuis leur signature sur le label de Joe Bonamassa, sortir à l’envie des singles au gré de leur inspiration. Avant la sortie de cet excellent « Red Moon Rising », on avait ainsi pu découvrir les morceaux « Ballad Of A Broken Hearted Man », « Help Yourself », « Hold On », « Stone Cold Killer » et plus récemment « Trouble ». Certes, ROBERT JON & THE WRECK y dévoile près de la moitié de ce nouvel opus (12 titres avec les bonus), mais cela permet aussi de tenir en haleine son public avant la découverte finale de l’ensemble du disque. Une manière très actuelle, et plus libre selon le combo, de diffuser sa musique entre ses concerts.
« Red Moon Rising » peut facilement être perçu comme l’apogée du style et de la personnalité artistique de la formation de la côté ouest, tant certains titres ont déjà des allures de classiques. La production de Kevin Shirley offre également ce petit plus en termes de lustre, avec beaucoup de clarté et une belle dynamique, ce qui manquait peut-être un peu auparavant. Dorénavant, ROBERT JON & THE WRECK brille comme jamais et la qualité du songwriting est irréprochable, tout comme les harmonies du chant et des guitares (« Dragging Me Down », « Give Love », « Hate To See You Go » et le fabuleux morceau-titre). Le quintet en impose et s’impose de la plus belle des manières.
Suivez le périple de ROBERT JON & THE WRECK à travers les chroniques et les interviews parues sur Rock’n Force (et avant même la création du site) :
Ne vous fiez pas au grand coq de la pochette, le Rock de TRIGGER KING est clairement anglo-saxon avec même une petite touche américaine. Assez imprévisible dans son contenu, « The Giant Rooster EP » est le premier effort des musiciens de l’Est et il se présente comme une sorte de carte de visite. Si on comprend vite l’intention, c’est plus compliqué qu’en saisir le fond, tant l’ensemble s’éparpille sans révéler de véritable identité musicale à travers cinq titres finalement peu homogènes.
TRIGGER KING
« The Giant Rooster EP »
(Independant)
TRIGGER KING est la parfait illustration de ce pourquoi je déteste à ce point les EPs, sorte de format bâtard qui, lorsqu’il est bon, laisse systématiquement sur sa faim. Certes, je suis d’un autre temps où se contenter de singles et d’EP n’était même pas envisageable. Donc il faut reconnaître que « The Giant Rooster EP » a quelque chose de frustrant. Cela dit, c’est aussi une façon comme une autre de mettre le pied à l’étrier, alors prenons ainsi ce premier et encore toujours frais enregistrement du quatuor français.
Trois ans après sa formation et après avoir écumé quelques scènes, le groupe a décidé de franchir les portes du studio White Bat Records en compagnie de Rémi Gettliffe (Dirty Deep, Undervoid) pour y graver cinq de ses compositions. Et le résultat est plutôt bon et aussi surprenant, puisque TRIGGER KING présente un panel musical peu banal. Si les bases sont Rock, légèrement Heavy, bluesy et teintées de Classic Rock, on perçoit aussi quelques notes de Brit Pop pour le moins désarmantes.
Malgré quelques refrains mielleux façon Oasis, le combo de Mulhouse en a sous le pied, comme en témoigne son guitariste, jamais avare d’un bon riff. Cependant, on attend que le groupe décolle, ce qui rendrait son jeu plus ample, pertinent et tranchant… A moins que TRIGGER KING ne garde cet aspect pour ses concerts. Entre des sonorités très Pop (« Take Me By Surprise », Rock vintage (« Riding High », « Season Of The Sun ») et une longue ballade (« Reaching For the Moon »), on peine à trouver une unité dans ce si court format.
Entre mysticisme et atmosphère vintage, le Heavy Blues Rock de BIRDSTONE se déploie avec toujours autant de résolution et de modernité dans le son. Rugueux, mais aussi aérien, le registre de la formation de Poitiers se renouvelle au fil des réalisations et « The Great Anticipation », sa troisième, atteint même des sommets en termes de créativité et de finesse dans l’interprétation. Près d’une décennie après ses débuts, le combo s’est forgé une identité artistique comme nul autre dans l’hexagone.
BIRDSTONE
« The Great Anticipation »
(La Cage)
Le trio approche les dix ans d’existence et livre un troisième album toujours aussi original et personnel dans un registre, qui voit s’entrechoquer un Heavy Rock fiévreux et un Blues très brut dans des couleurs Stoner. Au fil des productions, BIRDSTONE affine son style, ce qui le rend assez unique en son genre. D’ailleurs, c’est dans cet esprit qu’a été conçu « The Great Anticipation » qui vient en quelque sorte compiler les singles sortis depuis « Loss », précédent opus sorti en 2022 et qui était déjà lui aussi particulièrement massif.
Avançant en toute indépendance depuis sa création, BIRDSTONE s’est aussi résolu à fonder sa propre structure, La Cage, titre de son premier EP paru en 2017. Les temps ont changé donc, et les trois musiciens ont décidé de s’adapter à la nouvelle donne pour diffuser leur musique. Une chose ne change cependant pas, c’est le line-up composé d’Edwige Thirion (basse), de Basile Chevalier-Coudrain (guitare, chant) et de Benjamin Rousseau (batterie). Ces deux derniers évoluant également avec The Necromancers.
Etant donné que plusieurs titres ont déjà été dévoilés au fil de ces derniers mois, la surprise n’est donc pas totale concernant le contenu, même s’il reste quelques agréables découvertes. Et ce qui est aussi remarquable, c’est l’homogénéité de « The Great Anticipation », qui n’apparaît pas comme un empilement de morceaux. La cohésion est évidente et BIRDSTONE parvient sans mal à nous imprégner de son univers (« Eyes On The Calling », « Alcyon », « Cinnamon Creek » et « Méandres »).
Aérienne et captivante, la nouvelle réalisation d’AIRBAG vient confirmer l’assise du combo dans l’univers du Prog. La qualité est encore au rendez-vous et devient même sa principale caractéristique. Les solos de guitare de toute beauté, la délicatesse du chant et le groove imparable mêlés à des claviers somptueux offrent un lustre incroyable à un ensemble qui ne souffre d’aucun défaut. Avec « The Century Of The Self », le trio brille par une interprétation pointilleuse et des titres dans lesquels on plonge avec plaisir.
AIRBAG
« The Century Of The Self »
(Karisma Records)
Devenu en quelques années la figure incontournable et la référence du Rock Progressif norvégien, le trio s’est donné quatre ans pour livrer un sixième album très attendu. Depuis deux décennies et la sortie de son premier EP « Come On In », le style s’est considérablement personnalisé pour être aujourd’hui plus identifiable que jamais. Désormais loin des Porcupine Tree et Pink Floyd, auxquels on les compare avec faiblesse depuis toujours, AIRBAG fait du AIRBAG et c’est incontestable. Et encore plus ici d’ailleurs.
La question est surtout de savoir si le groupe est capable de faire aussi bien, sinon mieux, que l’éclatant « A Day At The Beach » (2020) qui avait frôlé la perfection dans le domaine. Et la réponse est qu’Asle Tostrup (chant, claviers, programmation), Henrik Bergan Fossum (batterie) et Bjørn Riis (guitare, basse, claviers et chœurs) ont fait bien plus que récidiver. Toujours aussi organique, puissant et limpide, « The Century Of The Self » fait d’AIRBAG un modèle du genre, tant au niveau de sa créativité que de la production présentée.
En l’espace de cinq morceaux s’étendant de près de sept minutes à plus de 14, les Scandinaves font étalage de leur technicité et de leur feeling sur ce nouvel opus, dont le titre en dit déjà long. On y parle de cancel culture, de mensonges et de peur sans pour autant que « The Century Of The Self » ne sombre dans la morosité ambiante. Immersif et jouant sur les émotions, AIRBAG lance une invitation à un voyage sublime où la virtuosité impressionne (« Dysphoria », « Tyrants And Kings », « Tear It Down »). Brillant… encore !
Si GUNSMOKE BROTHERS BAND frappe si fort dès son premier album, ce n’est pas vraiment une surprise. Au-delà de la qualité et de la maturité technique du groupe, on doit ce souffle chaud et ces mélodies entêtantes à un style que les Bretons font littéralement rayonner. Et cela fait déjà un moment que l’hexagone attend une formation de Southern Rock capable de tenir la dragée haute à n’importe quelle autre sur la scène actuelle. Avec ses trois guitaristes, une rythmique en béton et un chant qui nous embarque dans des histoires qui parlent à tous, le quintet a vraiment peaufiné « Band Of Brothers », emmené par Xavier Quémet, chanteur, guitariste et compositeur. Déterminé et prolifique, il nous parle de ce projet qu’il porte et de cette musique qu’il a en tête depuis des années et qui se matérialise enfin.
– Tout d’abord, Xavier, GUNSMOKE BROTHERS BAND est ton projet et tu le mûris de longue date. La première question qui me vient à l’esprit, c’est comment est-ce qu’on fait pour rassembler quatre musiciens aguerris, comme c’est le cas et doté d’une solide culture Southern aussi, dans un périmètre aussi restreint que le Finistère en Bretagne ? Ca ne doit pas courir les rues…
Oui, j’ai galéré ! (Rires) J’ai eu la chance que Tony (Vasary, basse – NDR), avec qui je joue dans What A Mess, me suive dans le projet. Ensuite, Niko (Ar Beleg, guitare – NDR) est entré dans le groupe, mais en tant que batteur. Or, je cherchais deux guitaristes en plus. Après quelques essais peu concluants, Thibault (Menut, batterie – NDR) souhaitait revenir en Bretagne. C’est un très, très bon guitariste et il voulait intégrer le projet, mais comme batteur ! Niko a donc repris sa guitare, mais il en manquait toujours un. J’ai donc proposé à Seb (Ar Beleg, guitariste et frère de Niko – NDR) qui ne connaissait pas bien le style, mais qui a tout de suite adoré. Ils ont tous été d’accord pour que je dirige l’ensemble. C’était vraiment la condition sine qua none. L’idée n’était pas d’avoir une attitude autoritaire sur la musique, mais je voulais juste vraiment obtenir le son et la couleur qu’il y a maintenant et à laquelle nous sommes arrivés.
– Certains l’ignorent sans doute, mais il y a quelques décennies, tu avais monté Bounty Hunter, là aussi dans un registre Southern Rock. C’est donc un amour pour cette musique qui ne date pas d’hier. Est-ce que GUNSMOKE BROTHERS BAND est enfin le groupe que tu as en tête depuis toutes ces années ?
Exactement, c’est vraiment un aboutissement. A l’époque avec Bounty Hunter, on était tous fans de Rock Sudiste, mais on n’y arrivait pas vraiment. Ce n’était pas encore abouti. On était peut-être un peu jeunes, on avait tous un boulot et des envies de jeunesse aussi, comme ne pas vouloir forcément prendre la route. On a eu notre petit succès, mais une fois en trio pendant quelques années, il était temps de passer à autre chose. J’ai ensuite fait plusieurs groupes de Hard Rock, de Stoner et encore de Rock Sudiste. Mais j’avais toujours en tête cette musique. Et aujourd’hui, c’est vraiment celle que j’entends.
– Avant de parler de ce très bon premier album, « Band Of Brothers », j’aimerais que tu nous dises un mot du Rock Sudiste, comme on l’appelait naguère, et de sa situation en France où sa présence est quasi-inexistante. Ce n’est pas notre culture, c’est vrai, alors qu’est-ce qui vous pousse à le faire ? Et est-ce que, dans cette perspective, il y a un esprit de conquête, de pédagogie peut-être, ou alors c’est aussi à l’étranger que vous pensez pour le futur ?
Evidemment, on vise à jouer à l’étranger et à s’y faire connaître, car le public y est aussi bien plus connaisseur. Quant au ‘Rock Sudiste’, ce qui m’énerve profondément, c’est que lorsqu’on en parle, on a l’impression qu’on dit un gros mot. C’est comme quand on met un drapeau français au balcon, on est catalogué facho ou de droite. Non ! J’aime cette culture depuis gamin, car j’adore ce son qui est un mélange de Blues, de Gospel, de Rock’n’Roll et de Country. C’est une musique hyper-riche avec des chœurs fantastiques, des échanges de guitares et aussi parce que ça joue super bien ! Alors et pourquoi ‘Rock Sudiste’ ? Juste parce que cette musique-là vient du Sud des Etats-Unis, et c’est tout ! Il n’y a absolument rien de politique quand on en parle entre-nous. Et on ne veut pas de cette étiquette de fachos, car nous ne le sommes pas. Mais en France, on confond tout… et surtout beaucoup de choses ne sont pas comprises, ou très mal.
– J’aimerais qu’on parle du mot « Brothers », qui revient à la fois dans le nom du groupe, dans le titre de l’album et le morceau-titre, mais aussi dans le line-up, puisque ce sont les frères Ar Beleg, Seb et Niko, qui officient à tes côtés aux postes de guitaristes. Que signifie pour vous ce terme de ‘fratrie’, qui est d’ailleurs aussi très présent dans le Southern Rock en général, qui est un style très fédérateur et rassembleur ?
C’est ça, il y a un côté très familial. Déjà, la notion de ‘frangins’ est très forte à mes yeux. Je pense qu’on ne peut pas faire de musique ensemble, si on n’a pas une totale confiance en l’un et l’autre. Si l’un d’entre-nous est dans la merde, on est tous là derrière. Maintenant, au niveau musical, cela se voit aussi sur scène. Il y a des échanges de guitares notamment, qui reflètent ce côté fraternel. Personne n’est meilleur que l’autre, nous sommes tous là pour s’entraider. Et en ce sens, Lynyrd Skynyrd est la référence. Et c’est vraiment ce que je veux laisser paraître avec le groupe. Et même si je suis le ‘frontman’, personne n’est meilleur que l’autre dans GUNSMOKE BROTHERS BAND.
– Parlons maintenant de l’album. Quand la composition a-t-elle commencé, car je sais que certains morceaux sont écrits depuis un bon moment maintenant ?
L’un des morceaux phares, « Song For The Brave », a été composé il y a environ dix ans. Je voulais absolument qu’il se retrouve sur disque un jour ou l’autre. Les gens sont très émus en l’entendant et même Tony en a des frissons en le jouant ! Je l’ai écrit pour tous ceux qui souffrent, ou qui ont souffert et qui luttent contre les agressions, les viols, etc…
– Vous êtes donc trois guitaristes au sein du GUNSMOKE BROTHERS BAND et on vous retrouve tous à la rythmique comme au lead. Et entre les riffs, les chorus, les solos et les twin-guitares, il y a beaucoup de contenu. Comment se répartissent les rôles et est-ce que certains d’entre-vous ont plus d’affinités pour certaines techniques ?
L’avantage de jouer avec les frangins Ar Beleg, Niko et Seb, c’est qu’ils ont une technique incroyable. Pour ma part, je suis plus Blues dans les riffs et les solos Et c’est finalement assez simpliste ce que je fais. Quant à Niko, c’est un technicien hors-pair, qui me fait penser à Doug Aldrich dans sa façon de jouer et la rapidité. Et Seb est un putain de rockeur ! Il possède un grain très Rock’n’Roll. Il a ça dans le sang ! Alors en général, je viens avec un riff, qui est ensuite jouer avec la batterie, puis avec tous les autres. Après, je leur donne certaines indications sur les solos notamment, tout en sachant ce que je veux entendre à tel et tel moment. Et c’est une chance de travailler avec eux, car il y a une réelle compréhension dans l’écriture des morceaux. On va tous dans le même sens en échangeant des regards et des sourires… et ils sont bourrés de feeling ! (Sourires)
– J’aimerais aussi qu’on dise un mot sur la rythmique emmenée par Tony (Vasary, basse) et Thibault (Menut, batterie), car elle guide et donne aussi le ton grâce à un groove imparable. Là aussi, ça ronronne, puisqu’elle donne souvent l’impulsion aux morceaux. J’ai même l’impression qu’elle est le garant de la structure des titres qui auraient vite fait de s’envoler sur des parties de guitares assez sauvages. C’est le cas ?
En fait, c’est l’assise. Maintenant, mes morceaux sont très structurés et je sais ce qu’il va se passer, tout le temps. Même sur scène, il n’y a pas d’impro. Pour le moment, je pense que les morceaux ne s’y prêtent pas encore. C’est en cela que Thibault et Tony portent vraiment la structure, ce sont les poutres. Dans ce style de groupe, si tu as un bon batteur, pas forcément hyper-technique et qui en met partout, et un super bassiste, le reste ne sont que les cerises que tu poses sur le gâteau. Les fondations doivent être solides, c’est très important.
– Un mot aussi sur la production, dont le mix et le master sont signés Ben Lesous de B-Blast Records. La priorité était d’obtenir ce son très organique et finalement très live ?
Avant d’entrer en studio, on a beaucoup discuté avec Ben, qui est un metalleux et un sacré batteur. Je lui ai dit que je voulais un son qui soit entre Molly Hatchet et The Outlaws, c’est-à-dire une production vintage moderne ! (Rires) Et pas non plus un son ‘frenchy’, notamment dans les voix. Et il m’a répondu qu’il voyait exactement ce que je demandais. Ensuite, je lui ai dit qu’il y avait trois guitaristes qu’il fallait devoir aussi faire ressortir, en plus de la basse. Et c’est vrai qu’il a fait des prises les plus live possible. Il a enregistré la batterie et les voix et, de notre côté, on a enregistré les guitares chez nous. Et pour obtenir ce son, c’est Ben qui a donné toute cette cohésion pour atteindre cet esprit live.
– Pour rester sur le son de l’album, on voit aujourd’hui beaucoup de groupes qui multiplient les pistes de guitares, histoire aussi et surtout de remplir l’espace sonore. Chez vous, c’est très différent, car il faut plutôt se faire une place. Est-ce que l’équilibre s’est fait assez facilement, chacun ayant déjà sa ‘partie’ en quelque sorte ?
Dès le départ, entre guitaristes, on s’est mis d’accord. Lorsque l’un d’entre-nous fait un solo, par exemple, on n’entend pas sa rythmique sur l’album. Elle est assurée par les deux autres, sans la sienne. On voulait que ça sonne vrai et authentique.
– Par ailleurs, et on en revient aussi un peu à cet esprit de fraternité, vous faites tous les chœurs sur l’album. Et au-delà de l’investissement que cela peut demander à chacun, ça sonne très naturel et très spontané. Est-ce que vous placez cette unité artistique au-dessus de tout, comme étant indispensable aux morceaux ?
Oui et on a encore du travail de ce côté-là. D’ailleurs, c’est quelque chose sur laquelle on est très concentré et qu’on veut améliorer. En France, on ne fait absolument pas ça. Les groupes ne s’intéressent pas à cet aspect, en dehors de quelques uns. On met un point d’honneur à travailler les choeurs, parce qu’on est tous persuadé que ça va nous apporter un gros plus. En ce moment, nous sommes vraiment en train de chercher et de trouver nos voix pour les harmoniser toutes ensemble, car nous avons des voix avec des tessitures différentes et complémentaires. J’ai vraiment envie qu’on retrouve un côté Gospel et nous avons la possibilité de le faire.
– Pour les textes, même si certains sont plus graves, l’ensemble se veut très chaleureux et, toute proportion gardée, très festif avec beaucoup d’humour (« My Dog », « Big Tits, Sweet Lips »). C’est pour s’inscrire dans une certaine tradition du Southern Rock aussi, ou plus simplement pour apporter un peu d’évasion et de légèreté ?
En fait, la plupart des morceaux me racontent en quelque sorte, en dehors de certaines, bien sûr. Dans les chansons, je n’ai pas envie de parler de politique, on l’a déjà évoqué, mais on vit une époque de dingues. Tout le monde vit pour soi au lieu d’être fraternel justement. C’est très important et c’est aussi pour ça qu’on a appelé l’album « Band Of Brothers ». Par ailleurs, si tu prends un morceau comme « A Place In The Sun », c’est vraiment mon histoire. Tu comptes sur tes potes et ils te donnent des coups de pied dans le dos, alors que tu ne t’y attends pas. Et ils continuent à te considérer comme un ‘ami’. J’avais vraiment envie d’en parler…
– Et puis, ça aussi c’est une coutume inhérente au style, il y a « Song For The Brave » et ses neuf minutes avec une inspiration assez épique. On peut penser dans la forme et la longueur à « Freebird » de Lynyrd Skynyrd bien sûr, aussi à « Mountain Jam » du Allman Brothers Band ou même à « Silent Reign of Heroes » de Molly Hatchet dans une certaine mesure. C’est presqu’un passage obligé, une sorte de morceau-signature quand on fait du Rock Sudiste ?
Ca vient naturellement, en fait. Mon idée des trois guitaristes solistes est une sorte de revanche. C’est une façon de dire, on vous a raconté une histoire : maintenant, écoutez ce qui s’est passé. Et les duels de guitares sont là pour ça. C’est vraiment ça l’idée première, d’adapter aussi les solos au contexte de la chanson, de ce qu’on vient de dire. Et ce sont les ambiances qui jouent aussi ce rôle. « Song For A Brave », c’est vraiment tout ça à travers un morceau qui parle de la guerre de sécession, de l’esclavage, d’évangélisation et de la souffrance… avec une partie solo qui atteint près de cinq minutes justement.
– « Band Of Brothers » sort en autoproduction et je sais que vous n’avez même pas cherché de label, que votre désir était de le réaliser vous-mêmes du début à la fin. Si cet esprit d’indépendance et de liberté est très compréhensible, est-ce qu’à l’avenir l’apport d’un label vous paraît, sinon indispensable, du moins très important ?
Absolument ! Si on veut bien faire évoluer les choses, il nous faudra un label, un ingé-son permanent aussi (tiens, ça me rappelle quelque chose ça… – NDR), quelqu’un aux lumières, un manageur… On aurait aussi besoin d’un ‘capitaine’, d’une sorte de dirigeant qui nous dise où aller et quoi et qui éviter. Maintenant, pour trouver un label, je compte plus sur nos confrères américains. Ce ne sera pas en France en tout cas, mais peut-être en Allemagne ou en Hollande, où j’ai de bons contacts.
– D’ailleurs, si mes sources ont bonnes, et elles le sont, vous travaillez déjà sur le deuxième album. L’appétit vient en mangeant, ou est-ce parce que vous aviez l’idée folle de sortir un double-album au départ ?
En fait, c’était une blague et on avait même parlé de sortir un double, voire un triple album ! (Rires) C’est parti là-dessus parce qu’à chaque fois que j’arrivais en répétition, je disais aux gars que j’avais un nouveau morceau. Mais ce qui est drôle, c’est que pour la sortie en vinyle, la boîte qui s’en occupe m’a contacté pour me dire que c’était trop lourd pour un disque unique. Il en fallait clairement deux et ils devraient d’ailleurs sortir d’ici quelques semaines maintenant. Et sur notre lancée, je pense que le deuxième album sera aussi un double-vinyle. Et je vais même te dire un truc : j’ai déjà en tête le début du troisième album ! (Rires) Et puis, pour sortir un double-album, il nous aurait aussi fallu quatre vinyles ! (Rires)
– Enfin, on a beaucoup parlé de guitare, puisque GUNSMOKE BROTHERS BAND est particulièrement bien équipé de ce côté-là. Bon, maintenant, tu peux me le dire : qui est le meilleur des trois ?
Le batteur !!! (Rires)
« Band Of Brothers » de GUNSMOKE BROTHERS BAND est disponible sur le Bandcamp du groupe :
Pilier et pionnier du Stoner Rock aux saveurs largement Desert et Space Jam dans l’esprit, FU MANCHU mène une carrière exemplaire, parvenant sans cesse à rester très prolifique au sein-même du groupe comme en dehors. Avec « The Return Of Tomorow », le quatuor du sud de la Californie est parvenu à une synthèse parfaite de l’évolution musicale qui les caractérise depuis toutes ces années. Lourd, aérien, délicat et accrocheur, ce nouvel opus s’apprête à déferler sur scène et c’est encore son guitariste, Bob Balch, qui en parle mieux.
– L’an prochain, FU MANCHU célèbrera ses 40 ans d’existence et un très beau parcours. Vous avez commencé en jouant un Punk Hard-Core avant de côtoyer ses sonorités plus Hard Rock pour enfin donner naissance au Stoner et au Desert Rock. Que retiens-tu de cette évolution ? Te paraît-elle assez naturelle avec des étapes finalement nécessaires ?
J’ai rejoint FU MANCHU en 1997, donc le son était déjà plutôt bien établi à ce moment-là. Tu sais, je connais des tonnes de musiciens, qui sont passés du Punk Hard-Core au Heavy Rock des années 70. Pour ma part, j’ai commencé avec des groupes de Heavy Metal de la fin des années 70, puis j’ai découvert le Punk Rock, donc c’est un peu l’inverse me concernant, mais mélanger les deux styles fonctionne totalement !
– Ca, c’est pour l’aspect musical de FU MANCHU, mais qu’en est-il des textes et des thématiques que vous abordez ? Est-ce que, de ce côté-là aussi, il y a eu de profonds changements et peut-être des remises en questions à un certain moment ?
En ce qui concerne les textes, ce serait plutôt une question à poser à Scott Hill. D’après ce que j’en comprends, il s’agit principalement d’inspiration de films de série B et de blagues internes, des sortes de ‘private jokes’. Mais je pense que cela va bien plus loin que cela.
– Est-ce que lorsqu’on fait parti du processus de création du Stoner/Desert Rock, comme c’est le cas pour FU MANCHU et quelques autres, on se sent un peu le gardien du temple ? Ou du moins le garant d’un style qu’il faut peut-être préserver, mais également faire évoluer ?
Pas vraiment, en fait. Au départ, nous n’avions pas vraiment l’intention de créer un son Stoner Rock. Le terme ‘Stoner Rock’ nous est même venu plus tard. Et puis, je pense que chaque style doit également évoluer. Je suis super content quand j’entends un groupe qui pense et qui joue en dehors de son genre d’origine en allant toujours de l’avant.
– Il a fallu attendre six ans pour que vous livriez ce 14ème album, « The Return Of Tomorrow ». Pourtant, FU MANCHU a été très actif avec un album live, des rééditions, trois Eps et même la bande originale d’un documentaire, sans compter vos tournées. Vous êtes vraiment un groupe d’hyperactifs, et on reviendra aussi sur tes projets personnels plus tard. Est-ce qu’avec toutes ces activités, il vous fallu trouver le bon moment pour vous poser et composer ces 13 nouveaux titres ? Attendre l’accalmie en quelque sorte…
Tu sais, nous nous réunissons pendant environ trois heures tous les jeudis. Ce sont trois heures vraiment très productives. Nous repartons généralement avec un morceau complet, ou au moins la moitié d’une chanson. Nous écrivons ensemble depuis si longtemps que c’est devenu une machine bien huilée à ce stade de notre carrière.
– FU MANCHU est aussi réputé pour être un groupe qui va sans cesse de l’avant. C’est ce que vous avez voulu signifier avec ce titre « The Return Of Tomorrow » ? Que rien n’est figé et vous êtes résolument tournés vers l’avenir ?
Carrément ! Et puis, tu sais, je reste vraiment conscient de notre incroyable longévité et je suis très reconnaissant à tous nos fans.
– Parlons plus précisément de ce nouvel et très bon album. Il est la quintessence parfaite du style FU MANCHU avec encore et toujours des nouveautés dans les compositions et bien sûr dans le son, qui ne cesse d’évoluer lui aussi. Il y a un énorme travail sur le ‘Fuzz’ comme souvent chez vous. Est-ce que, finalement, ce n’est pas la chose qui vous importe le plus ? Le faire grossir et lui faire prendre des directions différentes et nouvelles ?
Nous cherchons toujours à nous améliorer, c’est un fait établi. Ce sont les chansons qui comptent le plus, bien sûr. Mais si nous pouvons obtenir les meilleurs sons possibles, en tout cas pour nous et à nos oreilles, c’est ce qui compte le plus ! Par ailleurs, c’est très important pour nous dans le groupe que notre bassiste, Brad Davis, fabrique et conçoive ses fameuses pédales fuzz ‘Creepy Fingers’.
– « The Return Of Tomorrow » est aussi très particulier dans sa construction, puisqu’il est scindé en deux parties. La première est très Heavy et Fuzz et la seconde est plus Desert avec aussi un côté Space Jam. C’était l’ambition de départ ? De livrer des atmosphères opposées et aussi de pouvoir vous exprimer le plus largement possible ?
Oui, nous en avons discuté dès le départ. Quand nous avons commencé à écrire, nous avons essayé des chansons très lourdes, puis plus douces pour voir quel style servait le mieux les chansons. C’était d’ailleurs très amusant pour nous d’aborder ce disque avec l’idée que nous allions ensuite le diviser en deux.
– Est-ce que, dans le cas de FU MANCHU, cela demande d’être dans un certain esprit pour aborder au mieux ces ambiances très différentes ?
Pas vraiment, finalement. Personnellement, si je me sens inspiré, je vais en tirer le meilleur parti à ce moment précis et je vais composer autant que possible. Mais chaque semaine quand nous nous réunissons, c’est toujours dans l’idée de nous déchaîner et de nous défouler au maximum !
– D’ailleurs, comment allez-vous composer vos setlists pour les concerts à venir ? Elles seront plutôt axées sur le côté Heavy du groupe, et allez-vous intégrer ces nouveaux morceaux plus ‘légers’ comme des interludes, par exemple ?
Probablement, un peu des deux et le plus possible. C’est vrai que nous pourrions aussi en changer soir après soir. Et puis, cela dépend également s’il s’agit d’un concert spécifique de FU MANCHU ou d’une configuration en festival. Si c’est notre propre show, nous jouerons davantage le nouvel album, c’est certain.
– Justement, parlons des concerts, vous serez en tournée en Europe à l’automne, mais d’abord en juin avec un passage au Hellfest, votre deuxième, je crois. Votre dernière venue date de 2019. C’est un festival que vous appréciez particulièrement ?
Oui, le Hellfest est super fun ! La première fois que nous avons joué là-bas, je n’ai regardé ni la scène, ni le public jusqu’à ce que nous montions sur scène. Je me détendais tranquillement dans les coulisses en regardant l’émission « Showdown ». Et quelques minutes plus tard, nous jouions devant des milliers de personnes. C’est un contraste saisissant et jubilatoire !
– Enfin, Bob, j’aimerais que l’on parle aussi de tes multiples side-projets. Il y a Big Scenic Nowhere dans un registre Desert/post-Rock Progressif, Yawning Balch dans un registre assez proche et plus Psych et enfin Slower, qui est un album de reprises de Slayer dans des versions Doom étonnantes. C’est très varié et assez éloigné de FU MANCHU. Tu as besoin de te lancer ce genre de défi, ou c’est plus simplement un désir d’explorer d’autres styles, dont tu es aussi fan ?
Tu sais, mes influences sont très diverses. De plus, j’ai acheté une ‘Universal Audio OxBox’, qui me permet d’enregistrer très facilement mes guitares avec la qualité d’un album à la maison. Cela m’a aussi aidé à devenir plus prolifique. Big Scenic Nowhere et Yawning Balch sont un peu arrivés par hasard, et je n’ai pas su refuser. Je suis un grand fan du jeu de guitare de Yawning Man et de Gary Arce. J’ai secrètement toujours voulu collaborer avec eux. Je suis ravi que cela se soit produit et que cela continue d’exister. Yawning Balch va d’ailleurs bientôt sortir deux albums. L’idée que je m’en fais est plus posée et je me suis aussi bien amusé à faire le premier disque. Et nous avons presque terminé le deuxième. J’ai des tonnes de morceaux originaux cette fois-ci, et c’est génial.
– Enfin, et puisque l’on parle de tes projets annexes, est-ce que tu te consacres déjà à d’autres choses, ou es-tu essentiellement focalisé sur FU MANCHU et ce nouvel album pour le moment ?
FU MANCHU est mon activité principale. Nous tournons énormément pour soutenir « The Return Of Tomorrow » et j’en suis franchement ravi ! J’ai vraiment hâte que les gens l’entendent. Je pense que nous nous sommes vraiment surpassés sur celui-là !
Le nouvel album de FU MANCHU, « The Return Of Tomorrow », sera disponible le 14 juin sur le propre label du groupe, At The Dojo Records.
Garant d’un Rock US né dans les années 80 et devenu intemporel, BON JOVI est l’un des très rares groupes à avoir traversé presque toutes les époques sans trop d’encombres, jouant des coudes sereinement avec la vague Grunge, puis celle du Rock Alternatif. Et c’est probablement en restant fidèle à ce style inimitable et un songwriting efficace et rassembleur qu’il est devenu cette icone indétrônable. Avec « Forever », ce n’est pas une recette qu’il applique, mais juste un savoir-faire et sa vision du Rock américain qu’il met en œuvre. L’ensemble est plutôt entraînant et joyeux, le reflet d’un artiste accompli et libre.
BON JOVI
« Forever »
(Island Records)
Comme de coutume, les grincheux qui s’ennuient ne manqueront pas de cracher tout ce qu’il leur reste de fiel sur ce nouvel et seizième album de BON JOVI, une institution pourtant outre-Atlantique et où l’on n’oserait même pas imaginer lui manquer de respect. Mais ça, ce n’est pas chez nous, de ce que j’ai déjà pu en lire. Rappelons tout de même qu’en 40 ans de carrière, c’est plus de 130 millions de disques écoulés et tout un pan du Rock US bâti pour durer. Alors, « Forever » est peut-être très ‘mainstream’, certes, mais c’est plutôt une bonne nouvelle, car cela officialiserait le fait que les gens écoutent enfin de la vraie musique !
Bref, trêve de bistrot, on pourra aussi se lamenter sur l’absence de Richie Sambora (depuis plus de 10 ans quand même !) et quand on aura dit ça, on constatera que BON JOVI fait toujours du BON JOVI… Un comble ! Cela fait tout de même quelques décennies que le chanteur du New Jersey n’a plus rien à prouver et, malgré une intense chirurgie reconstructive des cordes vocales en 2022, il donne toujours le change et plutôt bien. On n’attend pas que « Forever » vienne renverser la table pour, tout à coup, présenter autre chose que ce qu’il fait déjà très bien. A 62 ans, le réveil serait un peu tardif.
Le sentiment qui domine ici, c’est que le frontman semble réellement rendre hommage à sa belle et longue carrière, puisque les clins d’œil ne manquent pas. Une façon aussi peut-être de retrouver des sensations passées et qui devraient ravir celles et ceux qui ont grandi avec ses premiers albums (et pas en les découvrant 20 ans après !). Et cette petite nostalgie latente n’est pas désagréable et donne même le sourire (« Legendary », « We made It Look Easy », « Living Proof » et sa talkbox, « The People’s House », « Walls Of Jericho » et le contemplatif « Hollow Man »). Si seulement, il y avait plus de BON JOVI dans ce bas monde…
Le Finistère étant en quelque sorte le far-west de notre pays, notre bout du monde, c’est avec un naturel et une facilité évidente que GUNSMOKE BROTHERS BAND aborde le Southern Rock avec un regard neuf et une touche originale. Avec son armada de guitaristes, il distille des chansons qui restent gravées, des parties de guitares forcément de haute volée sur un chant sincère. « Band Of Brothers » est le disque d’un combo attachant et virtuose, qui va vite faire parler de lui. Le Rock Sudiste français a enfin son digne représentant.
GUNSMOKE BROTHERS BAND
« Band Of Brothers »
(Independant)
Malgré une scène hexagonale désertique, les fans de Southern Rock ne manquent pourtant pas, si l’on en croit l’intérêt porté à des groupes mythiques comme Lynyrd Skynyrd, Molly Hatchet ou Allman Brothers Band pour ne citer qu’eux. Au-delà du fait que le style soit assez éloigné de notre culture, le ‘Rock Sudiste’ souffre aussi sûrement d’un déficit d’image lié au drapeau confédéré souvent arboré outre-Atlantique… Et c’est bien dommage. Mais ici, on parle musique, pas politique. Et celle, très fédératrice, du GUNSMOKE BROTHERS BAND vaut bien plus qu’un simple détour, tant elle ne manque ni d’atouts convaincants, ni de chaleur.
A la tête du quintet, on retrouve le chevronné Xavier Quémet, chanteur, guitariste et compositeur de « Band Of Brothers ». Et, car il s’agit réellement d’une fratrie de musiciens œuvrant à l’unisson, il est brillamment accompagné de Tony Vasary (basse), Thibault Menut (batterie) et des frères Ar Beleg, Seb et Niko, aux guitares. Fratrie donc. Et si on fait les comptes, GUNSMOKE BROTHERS BAND se présente bel et bien avec trois six-cordistes, tous en lead comme à la rythmique. Et cette belle tradition Southern se reflète sur 12 morceaux bardés de riffs entêtants, de solos virtuoses et de twin-guitares endiablées.
Loin des caricatures, la formation bretonne distille des compos efficaces, mélodiques et suffisamment percutantes pour obtenir un savoureux mélange de Country-Rock et de Hard Blues dans un vrai moment de partage et d’authenticité. Dès « Liar Pigs », on perçoit l’unité du groupe sur ce chorus majestueux, qui se propage et infuse littéralement la suite de « Band Of Brothers » (« My Dog », « Wild White Wine », « Song for The Brave », « Martin Brown », « Big Tits, Sweet Lips » et le morceau-titre). GUNSMOKE BROTHERS BAND passe haut la main le cap du premier opus et travaille déjà sur le deuxième. Inspiré et prolifique !