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Stoner Doom

Stones Of Babylon : au coeur des ruines antiques

Imposant et psychédélique, STONES OF BABYLON ne quitte pas la voie qu’il emprunte depuis cinq ans maintenant. Le trio de Lisbonne voyage à travers les mythes et les légendes en arborant un Stoner Doom instrumental massif. Très organique, la production de « Ishar Gate » confère à la musique des Portugais un relief qui la rend pour le moins intrigante.

STONES OF BABYLON

« Ishtar Gate »

(Raging Planet Records)

C’est dans une ancienne Babylone totalement décimée que nous plonge cette fois le trio portugais trois ans après « Hanging Gardens », qui peignait une cité florissante. Forcément, l’ambiance est devenue sombre et pesante et le Stoner Doom de STONES OF BABYLON, même s’il conserve toujours quelques touches orientales lumineuses, traverse l’antiquité avec une lourdeur incroyable.

Toujours instrumental, ce deuxième album studio explore de nouvelles dimensions musicales dans un registre hypnotique et presque rituel. Les riffs monolithiques chargés de Fuzz s’agrémentent de psychédélisme aux allures parfois inquiétantes. STONES OF BABYLON se montre aussi puissant que subtil avec des atmosphères souvent menaçantes. Et cette impression monte en puissance au fil de cette nouvelle réalisation.

Avec six morceaux s’étendant sur près d’une heure, les Lisboètes ont réalisé un gigantesque travail sur les ambiances, qui naviguent dans des sonorités à la fois progressives et capables aussi de brutales déflagrations. Crépusculaire et oppressant, STONES OF BABYLON n’a pas son pareil pour livrer un Stoner Doom captivant (« Giganesh », « Pazurn », « The Gate Of Ishar », « Tigris & Euphrates »). Un baffe !

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Post-Metal

Psychonaut : réalité augmentée

Epique, sensible et hargneux, le post-Metal de PSYCHONAUT prend toute sa dimension sur ce très attendu deuxième album. Grâce à une production lumineuse, le trio belge déploie des morceaux dévastateurs et poignants que quelques invités viennent enrichir un peu plus. Explosif et très soigné, « Violate Consensus Reality » se pose déjà comme l’album charnière du combo.

PSYCHONAUT

« Violate Consensus Reality »

(Pelagic Records)

A chaque nouvelle réalisation, PSYCHONAUT conforte les fondations de son édifice musical à l’œuvre depuis «  Unfold The God Man » (2019). Dense et complexe, ce nouvel album du trio va encore plus loin et, animé par un propos spirituel et philosophique, développe un post-Metal traversant des émotions très variées qui peuvent être aussi douces que d’une extrême violence sonore.

Avançant comme un seul homme, Stefan De Graef (guitare, chant), Thomas Michiels (basse, chant) et Harms Peter (batterie) ont fait de PSYCHONAUT une machine parfaitement huilée et techniquement redoutable. Très groove et incisif, « Violate Consensus Reality » témoigne aussi de la facilité des Belges à changer d’atmosphères et à multiplier les climats au fil des morceaux.

Bardé de riffs tranchants et d’une rythmique aussi musclée qu’insaisissable, ce deuxième album souffle le chaud et le froid, installe le calme avant la tempête et surtout évite soigneusement les répétitions. PSYCHONAUT surprend pour surgir là où on ne l’attend pas en restant d’une efficacité de chaque instant (« A Storm Approaching », « Hope », « Interbeing » et l’excellent morceau-titre). Herculéen !

Photo : Gert Stockmans
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Heavy metal Proto-Metal

Sahg : born in hell

Sans détour et sans fioriture, le Heavy Metal teinté de Doom du trio norvégien propose un retour aux sources démoniaque et fougueux. Rugueux et brut, ce nouvel album va à l’essentiel sur dix morceaux exaltants et dynamiques. Le registre de SAHG est imparable et « Born Demon » se présente déjà comme un album majeur du groupe, dont le line-up s’est d’ailleurs resserré.

SAHG

« Born Demon »

(Drakkar Entertainment)

Personne ne déteste fondamentalement le proto-Metal ou, pour être moins technique, le Heavy Metal originel, c’est-à-dire celui de Black Sabbath en l’occurrence. Et c’est une bonne chose, puisque SAHG n’a pas dévié d’un iota son ambition des débuts. Mieux, le trio nous plonge dans un Metal revival 70’s et 80’s parfaitement orchestré. Les riffs rivalisent avec la rythmique en termes de pesanteur et le chant nous transporte à son tour.

Si les ombres d’Ozzy et de Tommy Iommi plane sur ce sixième album des Scandinaves, on ne saurait leur en tenir gré, tant le trio a mis toute son âme sur ce « Born Demon ». Les riffs sont costauds et appuyés, la rythmique est solide et massive et surtout l’envie est bel et bien là. L’esprit old school de SAHG rayonne et on se laisse prendre au jeu sans mal, car l’interprétation est magistrale et le feeling constant.

Cette immersion au cœur des origines du Heavy Metal montre aussi toute l’authenticité du groupe et le beau travail de production réalisé par Russ Russell (Napalm Death, Dimmu Borgir) offre de belles perspectives (« Fall Into Fire », « Evil Immortal », « Salvation Damnation », « Destroyer Of The Earth »). SAHG se montre original et furieux et « Born Demon » est une offrande du meilleur effet.

Photo : Francisco Munoz
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Fuzz Rock Psych Rock 70's

Howard : frénésie intemporelle

Malgré des débuts perturbés, HOWARD devrait enfin prendre son envol, grâce à ce deuxième album percutant et haut en couleurs. « Event Horizon », en plus d’être très bien réalisé, dévoile huit morceaux au groove constant, aux envolées Fuzz bien senties et avec un feeling qui puise dans un Psych Rock ensorceleur.

HOWARD

« Event Horizon »

(Ditto Music/Season Of Mist/Delta Fuzz Electronics)

Si 2020 a été une année noire pour beaucoup, elle a aussi coupé HOWARD dans son élan, alors que le trio sortait tout juste le très bon « Obstacle » (le bien-nommé), un premier album qui aurait du lancer le groupe de la plus belle des manières. Qu’à cela ne tienne, les Parisiens se sont remis au travail et à l’écriture de « Event Horizon », un deuxième opus qui vient confirmer leur bouillonnante créativité.

Si le Stoner Rock entrevu sur leurs précédentes réalisations (le groupe a aussi sorti un EP en 2018) laisse place à un Psych Rock très 70’s, HOWARD garde et peaufine son style en l’articulant sur des sonorités électroniques vintage boostées par un orgue Hammond sans limite. Pour autant, le combo fait fuzzer les guitares offrant à « Event Horizon » une vélocité et un impact très actuels qui tranchent avec l’esprit du disque.

Tout en restant d’une efficacité redoutable sur les mélodies, HOWARD a également apporté un soin tout particulier aux arrangements qui sont d’une grande finesse et que l’on découvre au fil des écoutes (« I Hear A Sound », « Need Want Get », « The Way » et le très bon morceau-titre). HOWARD est inventif, créatif et prouve que revival et modernité font plus que bon ménage. Précis et captivant.

A noter le HOWARD fera sa ‘release party’ avec le groupe Djiin samedi 3 décembre au Backstage By The Mill à Paris. Les tickets sont en prévente ici :

https://www.helloasso.com/associations/below-the-sun/evenements/howard-djiin-backstage-paris

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folk France Metal Progressif Rock

An’Hedonya : entre brume et halos [Interview]

Composé de Marie Soler au chant, Fred Martin à la guitare et Thibaut Gérard à la basse, AN’HEDONYA signe son premier album dans un univers Dark/Folk aux contours progressifs et l’ensemble est particulièrement bien réalisé. Autoproduit, « Ill’usions » affiche des morceaux originaux et dans un registre assez rare dans l’hexagone. Le trio montpelliérain navigue dans des atmosphères sombres aux saveurs Metal et Rock, et il n’en fallait pas plus pour leur poser quelques questions, alors que le groupe fait son entrée sur la scène française.

– Si vous n’êtes pas vraiment des inconnus sur la scène héraultaise pour avoir joué au sein de Gholes, Reaching Nothingness, Kalasia ou Eyeless, j’aimerais que vous reveniez sur la création d’AN’HEDONYA. Qu’est-ce qui vous a poussé à monter le groupe ?

L’idée est partie de petits concerts que nous avons donnés, (Marie et Fred – NDR), dans un cadre privé, où nous reprenions quelques morceaux de Metal et autres, à la sauce guitare acoustique/chant. Nous nous sommes dit : ‘Tiens, pourquoi ne pas élaborer un projet sous cette formule ?’ Nos racines sont bien sûr métalliques, cependant, on peut s’apercevoir aujourd’hui avec les nombreuses ‘covers’ qui circulent sur le net, que le Metal peut être interprété par beaucoup d’instruments différents, y compris les plus inattendus… De plus, il existe déjà quelques albums entièrement acoustiques, qui font pourtant bien partie de la sphère Metal, ou encore des groupes qui intègrent ce type de son à 80% de leur musique. Je pense, par exemple, à l’album « Kveldssanger » d’Ulver, ou encore à des groupes comme Empyrium, etc. L’envie de départ de ce projet était aussi de pouvoir faire des concerts dans les pubs, les petites salles, quelques chose d’intimiste et d’atmosphérique.

– Est-ce qu’avec AN’HEDONYA, vous pouvez enfin explorer d’autres sphères musicales, et vous exprimer dans des registres que vos autres formations ne vous permettaient pas ?

C’est précisément l’idée ! Ce projet ne devait pas être redondant par rapport à nos autres activités musicales. Il n’aurait pas eu d’intérêt, ou de valeur ajoutée. Avec cette formule, il nous est permis d’aborder les choses sous des angles différents, et donc d’élargir nos horizons. Et puis, cela nous permet aussi de partager notre musique avec nos proches (famille, amis), parmi ceux qui ne sont habituellement pas trop sensibles lorsqu’il s’agit de Metal Extrême, et tout en gardant notre identité musicale.

– Dès le départ, vous m’avez dit vous inspirer d’Opeth, Anneke van Giersbergen et plus étonnamment des albums « Damnation » d’Opeth et « Dethroned & Uncrowned » de Katatonia, ce qui n’est pas si courant. Pour avoir réécouté ces deux derniers albums, on y trouve des similitudes, c’est vrai. En quoi sont-ils si importants pour vous ? Ce sont les atmosphères, les ambiances surtout, ou plutôt l’écriture et la structure des morceaux ?

Marie : Anneke van Giersbergen est pour moi une grande chanteuse, son timbre, sa voix cristalline associée à sa technique me touche particulièrement, je m’en inspire malgré moi. Car quand tu écoutes beaucoup, et depuis longtemps, un artiste, il t’inspire forcément. Il en est de même pour Katatonia que nous écoutons depuis leurs débuts, « Dethroned & Uncrowned » nous a inspiré dans le sens où c’est cette configuration et cette ambiance que nous voulions pour AN’HEDONYA.

Fred : L’album de Katatonia « Dethroned & Uncrowned » est un peu particulier, car il s’agit d’une réinterprétation d’un de leurs albums classiques, c’est-à-dire ‘avec des guitares électriques’, « Dead End Kings », d’une manière acoustique. Mais lorsqu’on entend ces morceaux même sans connaître leur pendant saturé, on en imagine sans peine la version électrisée. C’est un peu l’idée d’AN’HEDONYA : ce sont des morceaux acoustiques, mais on pourrait tout à fait les transformer en morceaux Metal plus traditionnels, car ils en ont l’essence.

Pour le cas d’Opeth, l’album « Damnation » met en avant les aspects les plus atmosphériques de leur musique, contrairement à « Deliverance » qui se concentre plus sur la partie Death Metal. Habituellement, ces deux facettes sont davantage mêlées dans un même album, ce qui nous a donné des monuments tels que « Blackwater Park » et « Still Life », mais cette fois-là, ils ont ressenti le besoin de ‘séparer’  les deux aspects. L’album « Damnation » est ainsi né et le résultat est tout simplement magnifique. Ce qui nous a attiré dans ces albums sont en effet les atmosphères et les ambiances qui en ressortent.

– Pour ce premier album, vous avez donc décidé d’évoluer dans un registre acoustique, mais complet dans votre formation, à savoir avec basse et batterie. C’était un choix naturel pour vous, ou la passerelle indispensable avant de franchir un nouveau palier, peut-être plus électrique, moins Rock et plus Metal, par exemple ?

L’idée était bel et bien de proposer une musique avec des guitares acoustiques, mais aux sonorités Rock/Metal. Donc l’appui rythmique se devait de conserver un minimum de puissance, notamment avec la batterie. Cette configuration nous est venue naturellement, lorsque nous composions. A priori, la formule devrait perdurer ainsi, mais il n’est pas impossible qu’un jour, nous ayons une variante ‘électrique’ d’un de nos morceaux, ce serait un effet miroir intéressant par rapport aux groupes qui proposent en morceau bonus, l’un de leur tube en version acoustique…

– Pour « Ill’usions », vous avez fait appel à Brett Caldas-Lima (Ayreon, Cynic, Hypno5e) pour le mix et le mastering, ainsi qu’à Léo Margarit (Pain Of salvation) pour la batterie. Pour un premier album, ce sont des choix importants et conséquents. Vous teniez à mettre dès le départ tous les atouts de votre côté et la barre très haute, car la production est assez incroyable ?

Merci pour le compliment ! Brett est un ami de longue date et nous connaissons la qualité de son travail. Il était donc logique de faire appel à ses services pour le mixage et le mastering de l’album. Il nous a aussi beaucoup guidés lors des phases d’enregistrement. Comme nous avions aussi besoin d’un batteur, il nous a mis en relation avec Léo qui a accepté de participer à l’album et a enregistré ses parties de batterie depuis la Suède. En plus de son talent de musicien, c’est un mec très sympa, nous avons eu beaucoup de chance, c’était un plaisir de collaborer avec lui. On peut dire qu’ils ont tous deux apporté une autre dimension aux morceaux et nous avons partagé de beaux moments musicaux et amicaux. Nous sommes aussi très contents d’avoir la voix de Brett sur le morceau « Purple Death », qui apporte indéniablement un côté Metal, pour le coup !

– La sortie de « Ill’usions » se fait en autoproduction. Il va vous servir de carte de visite auprès des labels, ou est-ce par volonté d’indépendance, comme beaucoup d’artistes aujourd’hui d’ailleurs ?

Avant la sortie de l’album, nous avons contacté quelques labels et on ne va pas te mentir, les seuls retours que nous avons eus nous ont demandé une contribution financière. Nous avons déjà beaucoup investi dans la production de cet album et nous ne voulons pas payer pour être signés. Si ça plait, nous restons ouverts aux propositions mais de toute façon, l’objectif n’est pas forcément celui-là. Le plus important est de se faire plaisir et de partager notre musique, laisser vivre et voyager cet album. En revanche, nous avons fait appel à Inouïe Distribution pour la diffusion numérique sur les plateformes de streaming, qui a fait un super travail à ce niveau. Et il s’agit d’une boîte française, ce qui ne gâche rien ! Pour obtenir l’album en version CD, il faut donc s’adresser directement à nous, ou par le biais de notre page Bandcamp (lien ci-dessous – NDR).

– Avant de parler du morceau « Le Cri du Vent », on note aussi sur l’album beaucoup de sonorités celtiques, vocalement surtout. C’est une musique qui vous inspire aussi, ou c’est juste le simple fait du hasard ?

Marie : Non, ce n’est pas le hasard, c’est plutôt naturel puisque je suis d’origine bretonne et je passe énormément de temps là-bas depuis que je suis née. C’est d’ailleurs ce qui m’a inspiré l’écriture du morceau « Pen Lan ». C’est un lieu où je vais depuis toujours, mon repaire, mon havre de paix, l’endroit où je me sens le mieux et où j’écris et je chante seule, sur les rochers, en harmonie avec les éléments qui m’entourent.

Même si je ne réfléchis pas quand je chante à obtenir tel ou tel type de sonorité ou de style, avoir toujours écouté de la musique celtique, traditionnelle ou non, a forcément influencé ma manière de placer et moduler ma voix.

– Justement, « Le Cri du Vent » est le seul morceau chanté en français. Pourquoi ce choix et y en aura-t-il d’autres ? Ça vous parait naturel de vous exprimer dans votre langue maternelle autant qu’en anglais ?

Marie : Nous ne nous interdisons rien. Alors, pourquoi pas un morceau écrit dans notre langue ? Ce n’est, en effet, pas pareil d’écrire et de chanter en anglais ou en français. Si l’anglais sonne plus ‘facilement’ dans la musique Rock ou Metal, le français lui, demande plus de rigueur dans l’écriture, comme un poème, avec des rimes… J’ai écrit ce texte en dix minutes environ, pendant le confinement, en écoutant le silence et il m’a plu comme ça. À chanter, c’est différent aussi mais je ne pourrai pas te dire si je préfère chanter dans une langue ou dans l’autre, j’aime les deux. J’ai aussi pensé à Lacuna Coil, qui a quelques excellents titres en italien, leur langue maternelle. Ça m’a convaincu d’intégrer « Le Cri du vent » pour clôturer l’album.

– Enfin, on note la présence de la cornemuse de Pierre Delaporte sur ce dernier morceau. Est-ce que c’est une habitude que vous instaurerez à l’avenir ? Et puis, on revient à nouveau dans des sonorités celtiques au-delà de la voix…

Marie : Il n’était pas pensable pour moi de ne pas mettre quelques instruments aux sonorités celtiques dans notre musique, pas pour tous les morceaux. Mais la harpe sur « Pen Lan » exprime la plénitude de ce lieu et la cornemuse sur « Le Cri du Vent » évoque ce dernier élément d’une terre que j’imagine sans vie, où les seuls bruits restants seraient ceux d’un sol qui craque et du vent qui hurle.

Si nous composons un deuxième album, il est certain que nous intègrerons à nouveau des instruments celtiques. Nous aimerions bien, par exemple, inviter le groupe Plantec (groupe Electro Breizh) sur un prochain titre, car j’aime beaucoup l’ambiance qui se dégage de leur musique, surtout en fest-noz, c’est assez incroyable. Et puis, il y a aussi le fait que nous sommes quand même de gros cinéphiles, particulièrement du genre Heroic-fantasy dans lequel on retrouve souvent des sonorités celtes. Nous adorons les énergies qui s’en dégagent. Toutes ces sonorités font partie de notre culture musicale, alors nous les intégrons à nos compos quand cela fait sens.

L’album d’AN’HEDONYA, « Ill’usions », est disponible sur le Bandcamp du groupe : https://anhedonya.bandcamp.com/album/illusions

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Post-Metal post-Rock

Girih : la philosophie de l’épanouissement

Le registre instrumental du trio américain se suffit à lui-même et y poser du chant serait même un sacrilège tant les morceaux de « Ikigai » racontent déjà leurs histoires. Le post-Rock très Metal de GIRIH entre dans une nouvelle dimension avec ces huit nouvelles compositions d’une liberté totale et profonde. Un modèle du genre.  

GIRIH

« Ikigai »

(Dunk! Records/A Thousand Arms Music)

Derrière cette majestueuse pochette se cache (à peine!) un album qui l’est tout autant. Après « Eigengram » sorti en 2018, GIRIH continue de perpétuer son art avec « Ikigai », un deuxième album aussi travaillé et accrocheur que le précédent. Impressionnant de fluidité, le trio pose un style original entre légèreté et puissance, post-Rock et Metal, et avec une souplesse artistique rare.

Tout en progression, les Américains jouent avec les tessitures sonores en alternant les passages délicats et les assauts engendrés par des riffs gigantesques et des rythmiques fulgurantes. D’ailleurs, l’excellent travail effectué par le producteur Mike Maschetto met parfaitement en lumière l’univers torturé de GIRIH en illuminant la chaleur très organique de son jeu.

Dans une évolution et un déroulé très cinématographiques, le groupe du New Jersey manie les émotions avec une précision d’orfèvre et une technique imparable (« The Mirror », « The Key », « The Ring »). La dynamique de l’album varie aussi avec des crescendos incroyables libérant de fortes tensions (« The Sand », « The Hourglass »). GIRIH rend une partition royale.

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Hard 70's

Bad Kingz : le respect de la tradition

Avec « Take Me To Your Kingdom », le trio franco-anglais montre une entente plus que cordiale. A l’unisson, les musiciens viennent ajouter une bien belle pierre à l’édifice Hard Rock originel initié par Led Zeppelin, Ad/Dc ou encore Thin Lizzy. BAD KINGZ a du coffre, du répondant et possède un groove très inspiré.

BAD KINGZ

« Take Me Into Your Kingdom »

(M&O Music)

Marqué du sceau des années 70, ce premier album de BAD KINGZ est à l’image de sa pochette : lumineux. Composé des Français Chris Savourey à la guitare et Alex Sire à la basse, le trio peut compter sur son Britannique de chanteur, Tomas Baptista, dont la voix illumine ce « Take Me To Your Kingdom » particulièrement abouti pour une première réalisation, tant musicalement qu’au niveau de la production, qui est très aérée.

Forcément, l’ombre du grand Zeppelin plane sur ce bel opus, mais BAD KINGZ ne semble pas avoir l’intention de vouloir révolutionner un style né il y a plus de 50 ans, et dont il se présente plutôt comme un digne représentant. Vocalement, Robert Plant a marqué au fer rouge le frontman, et ce n’est sûrement pas moi qui vais m’en plaindre, bien au contraire. Quant aux Riffs, l’album présente une vitrine plus qu’appétissante.  

Très Rock’n’Roll, le Hard Rock revival du combo nous propulse dès « They Came Here to Stay » sur un rythme soutenu que l’on retrouve sur « It’s A Long Way Down » et « The Mirror ». Et BAD KINGZ se montre aussi très Blues sur « I’m Seeing Blue » et même Folk sur « Friend ». Le trio ne manque pas de ressources et livre des morceaux pêchus et plein de feeling (« Hear Me Now »). Un premier pas très prometteur.

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Heavy metal Speed Metal

Raven : rétro-hyperactif

Petite remise en jambe et belle révision des 15 dernières bouillonnantes années de RAVEN, trio pionnier du Speed/Thrash, et fidèle représentant des belles épopées Metal et Heavy britanniques. Fondé par les frères Gallagher, John et Mark, le combo est loin d’être rassasié et demeure toujours débridé et exalté à deux ans de son cinquantième anniversaire, comme le souligne ce « Leave ’Em Bleeding », sorte de piqûre de rappel.

RAVEN

« Leave Em Bleeding »

(SPV/Steamhammer)

Trop souvent relayé au second plan de la fameuse NWOBHM, RAVEN est pourtant l’un des trios les plus explosifs des quatre (presque cinq !) dernières décennies. Il est même fort à penser que sans la contribution plus qu’active des frères Gallagher, le Speed Metal et même la scène Thrash actuelle seraient bien différents. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le combo anglais est l’un de ceux qui a le plus tourné aux Etats-Unis, trop peu considéré chez lui.

Bref, passé ce rapide condensé historique, RAVEN est déjà de retour deux petites années après le très bon « Metal City ». Cependant, « Leave ’Em Bleeding » tient plutôt d’une sorte de compilation que d’une nouveauté studio. Concentré sur ces sept dernières années, on retrouve trois titres du dernier opus, deux autres du précédent « ExtermiNation » et six inédits dont deux très bonnes reprises de Thin Lizzy, « Bad Reputation », et de Montrose avec « Space Station #5 ».

RAVEN est un modèle du genre de régularité en termes de créativité, d’envie et d’énergie déployée. Le Metal très athlétique du gang de Newcastle continue sa croisade Metal comme viennent le rappeler « Necessary Evil », « Top Of The Mountain », « Rock This Town » et les versions live de « Crash Bang Wallop » et « Stay Hard ». Si vous êtes passés à côté de ce monument de Heavy Speed britannique, il est grand-temps de s’y mettre !

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France Progressif Stoner Doom

Oaks : une puissance organique sculpturale [Interview]

Fort d’un premier album très réussi, OAKS propose une aventure musicale singulière en évoluant dans des atmosphères progressives et Metal, dominé par un Stoner Doom lourd et épais. Le trio parisien se déploie dans un registre entièrement instrumental avec un travail sur le son très pertinent. Pleine de relief, la musique du groupe se fait aussi envoûtante que percutante, et c’est son guitariste, Thibault, qui nous en dit un peu plus sur cette première réalisation qui en appelle déjà d’autres.

– On vous a entendu pour la première fois en février dernier avec votre premier single « The Void », suivi de « The Chasm » en juillet. Avant de parler de l’album, pouvez-vous revenir sur votre parcours respectif et la création d’OAKS ?

Nous nous connaissons avec Julien (basse) depuis 20 ans. Nous sommes tous les deux de Strasbourg et nous avons joué dans de nombreux groupes avec des potes communs, mais finalement jamais ensemble. Naturellement, quand nous nous sommes retrouvés tous les deux à Paris, on a voulu créer un groupe. Nous voulions qu’il ne soit pas stigmatisé par un style particulier, mais le reflet de tout ce qu’on a pu écouter et digérer musicalement. On a également la chance d’avoir trouvé très rapidement notre propre studio de répétition et d’enregistrement, ce qui nous permet de stocker notre montagne de matos et d’avoir la liberté de répéter autant qu’on le souhaite. OAKS est né de notre envie de jouer ensemble sans se mettre de limite.

– Pourquoi avez-vous laissé passer huit mois entre le premier single et l’album ? De l’accueil de « The Void » dépendait la sortie de « Genesis Of The Abstract » ou est-ce que, plus simplement, tout n’était pas encore prêt ?

Le plan initial était de sortir l’album en autoproduction début 2022. A ce moment-là, nous avons eu un deal avec Argonauta Records et il nous a fallu revoir notre stratégie. Au début, l’album devait sortir en mai, mais notre batteur de l’époque nous a quitté juste après la sortie de « The Void » et l’annonce de la signature avec Argonauta. Nous avons heureusement rapidement trouvé Nathan, mais nous avions quand même besoin de temps pour être prêts pour de la sortie. Nous avons donc décidé de repousser la sortie à septembre.

Photo : Bill Castle

– Vous vous décrivez comme un ‘trio conceptuel’, qu’entendez-vous par là ? C’est une définition globale du groupe, ou cela ne s’applique qu’à ce premier album ?

En tant que groupe instrumental, il est très intéressant de réussir à raconter quelque chose sans mot. Lors de la création du projet, le désir était d’avoir un ensemble cohérent autant musicalement que visuellement. Nous travaillons donc nos titres dans une globalité, comme un projet complet. Nous avons créé un show vidéo pour nos concert afin de renforcer ce côté synesthésique du projet. D’ailleurs en live, nous jouons l’album dans son intégralité comme si c’était un seul long titre.

– Alors que vous évoluez en instrumental, seule une voix féminine se fait entendre en début et en fin d’album. Est-ce que vous pouvez en parler, pour ceux qui ne connaissent pas encore le disque, et en détailler son contenu ?

J’ai écrit un texte qui résume le concept de cet album. Nous voulions une intro et une outro et j’ai toujours eu en tête une voix grave et monocorde de femme pour réciter ce texte très imagé, voire carrément lyrique ! La voix de Fanny Fourquez, que je connais très bien, était parfaite pour ça.

– Musicalement, OAKS déploie un Stoner Doom teinté de Metal et de Prog, qui crée un univers très sombre malgré quelques passages plus lumineux. C’est pour accentuer un peu plus cette atmosphère assez obscure que vous avez opté pour une guitare baryton ?

Nous aimons particulièrement cet accordage, car nous voulions un son lourd. Je joue principalement sur Les Paul, et le diapason court des Gibson donne ce côté bourdonnant et organique à l’ensemble. Et Julien et moi adorons acheter du matos, essayer des nouveaux sons et amasser des amplis et des pédales.

– « Genesis Of The Abstract » présente une production massive et très organique. Il s’en dégage un aspect très live et spontané. Malgré une lourdeur apparente, l’album reste aussi très vif et véloce. Est-ce que c’est cette formule en trio qui vous permet d’obtenir ce son si particulier ?

Nous avons enregistré l’album dans notre propre notre studio avec Julien Tota aux manettes. Nous voulions ce côté live et organique que tu décris. Nous ne cherchions pas un son trop moderne, ni surproduit. C’est d’ailleurs exactement notre son en live. Julien et moi avons vraiment travaillé pour être complémentaires. Etant un trio, et instrumental de surcroit, chacun doit couvrir un large spectre de fréquence pour éviter que la sauce ne retombe. Les lignes de basse sont régulièrement assimilables à des lignes mélodiques, alors que je martèle la rythmique. C’est très intéressant de sortir des carcans classiques du basse/batterie/guitare/chant, tout en essayant de garder la même dynamique à l’écoute.

– OAKS ayant opté pour un registre instrumental, la question du chant ne se pose donc pas. Mais si vous deviez poser des textes sur votre musique, quelle en serait la teneur ?

Honnêtement, je ne sais pas quoi te répondre. Sur cet album, j’ai écrit un texte qui résume les différentes parties du voyage sonore et conceptuel que nous avons créé. Nous commençons à travailler sur le prochain album et un thème se dégage déjà. J’aime l’idée qu’il y ait un fil rouge dans chacune de nos créations. Sur « Genesis Of The Abstract », c’était celle d’une longue et unique plage musicale. Pour le suivant, j’aimerais intégrer plus de samples, qui seront justement le lien entre chaque titre. On ne se fixe aucune limite, alors peut-être que nous aurons des titres chantés à l’avenir.

– Outre la musique, vous travaillez aussi beaucoup sur le visuel du groupe en collaboration avec des artistes d’autres disciplines. Pouvez-vous en dire un peu plus, car vous abordez OAKS comme une entité aux multiples facettes finalement ?

Nous aimons effectivement intégrer différents aspects artistiques à notre projet. Nous avons, par exemple, la chance de collaborer avec Clément Sautet, qui est réalisateur de film et photographe. Nous travaillons avec lui sur l’aspect visuel du projet ce qui, comme je le disais, est primordial dans notre démarche artistique. J’ai également approché certains artistes visuels pour la création des loops du show vidéo live. Notre envie est de proposer un projet global de l’album au live, en passant par le contenu de nos réseaux et des clips que nous tournons.

L’album d’OAKS, « Genesis Of The Abstract », est disponible depuis le 30 septembre chez Argonauta Records.

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Black Metal Speed Metal Thrash Metal

Venom Inc. : héritier légitime

Depuis 2015, VENOM INC. ne se contente pas seulement de perpétuer un glorieux passé, issu de Venom, institution indétrônable du Metal extrême britannique. Non, il se réinvente et en l’espace de seulement deux albums et grâce à des anciens membres éminents et créatifs, il offre une seconde jeunesse et même une continuité à des fondations posées en 1979. Incorporated, ou pas, la patte du groupe anglais reste une référence avec au final deux faces très actives.

VENOM INC.

« There’s Only Black »

(Nuclear Blast Records)

Alors que BMG célèbre les 40 ans du deuxième album de Venom, « Black Metal », avec un coffret monumental, VENOM INC. sort quant à lui son deuxième opus, « There’s Only Black ». Coïncidence ou pas, le trio composé aujourd’hui de Tony Dolan ‘Demolition Man’ (basse, chant), Jeffrey Dunn ‘Mantas’ (guitare) et Jeramie Kling ‘War Machine’ (batterie) repasse à la charge, cinq ans après le très bon « Ave », avec un deuxième album qui sent le souffre et qui vient remettre certaines pendules à l’heure.

Certes, Conrad Thomas Lant ‘Cronos’ continue l’aventure Venom de son côté et on se passera ici de leurs querelles internes, d’ailleurs dorénavant externes. Fondé par trois anciens membres du groupe, VENOM INC. a enfin acquis ses lettres de noblesse et ce n’est certainement pas ce très bon et redoutable « There’s Only Black », qui va venir contredire une vérité de plus en plus flagrante. Bien plus qu’une extension du combo originel, sa légitimité n’est plus discutable.

Entretemps, le cogneur Anthony Bray ‘Abaddon’ a laissé sa place dans des circonstances assez obscures au jeune Américain Jeramie Kling, qui officie derrière les fûts en apportant d’ailleurs plus de vélocité et de technique sur ce deuxième opus. De fait, les morceaux bastonneurs et féroces ne manquent pas (« How Many Can Die », « Infinitum », « There’s Only Black », « Inferno », « The Dance Macabre » ou « Nine ». VENOM INC. conserve son ADN avec des titres plus travaillés, lugubres et très accrocheurs.