Jouant sur une personnalité assez énigmatique, puisqu’il est question de l’ici de l’histoire de son protagoniste ‘Johnathan Hadder’, John Evermore entend bien perpétuer la tradition d’un Heavy Metal tranchant, épique et légèrement cinématographique. Sur des mélodies accrocheuses, des parties de guitares dynamiques et brûlantes et des changements de tempos aussi surprenants que véloces, DIAMONDS HADDER se livre à un voyage musical introspectif entre classicisme à la Dio pour la voix et une profondeur progressive héritée notamment de Fates Warning.
DIAMONDS HADDER
« Beyond The Breakers »
(No Remorse Records)
Je ne suis habituellement pas très adepte des one-man-bands, surtout de nos jours où l’informatique fait déjà la loi et où l’IA commence aussi à augmenter les dégâts. Le progrès à la place de la créativité, c’est ce que subit la musique au quotidien. Mais il reste encore quelques artistes étonnants qui osent d’aventurer sur des sentiers déjà bien balisés pour y apporter un petit quelque chose d’autre, un petit grain de folie. Et c’est exactement ce que propose John Evermore, alias DIAMONDS HADDER, avec « Beyond The Breakers ».
Loin justement de remplir l’espace sonore en empilant les pistes instrumentales pour un résultat d’une exemplaire platitude, comme c’est la norme, ce premier album est au contraire très organique, un brin vintage et interprété de main de maître. Le musicien y joue tous les instruments, et même très bien, s’est aussi occupé de l’enregistrement, du mix et de la production, sans oublier bien sûr l’écriture et la composition. Et surtout, DIAMONDS HADDER nous ramène à des sonorités familières entre Heavy Metal et Hard Rock.
Egalement au chant, l’Américain, basé à Los Angeles, a imaginé et réalisé un opus en forme de conte et doté d’une narration riche et dynamique. Et l’on doit ce son si authentique sans doute au fait que « Beyond The Breakers » ait été enregistré dans une usine abandonnée, ce qui lui confère cette atmosphère si particulière. DIAMONDS HADDER ne manque pas non plus de (bonnes) références et nous fait naviguer du côté de chez Rainbow, Savatage, Queensrÿche, voire Iron Maiden. Une belle odyssée classique et progressive.
Italienne et insulaire, EVA CARBONI n’avait, a priori, pas de prédisposition naturelle pour le Blues. Et pourtant, depuis quelques disques maintenant, elle a parfaitement réussi à imposer sa voix, mais aussi un registre qui parcourt sans retenue, et va même parfois au-delà, l’univers des notes bleues. Ce mois-ci est sorti « Blues Siren », un troisième album qui, comme son nom l’indique, est captivant à plus d’un titre et il est même difficile de s’en défaire facilement. Aujourd’hui installée à Londres, la chanteuse multi-culturelle continue de façonner un chant expressif et sincère entourée d’une équipe de haut-vol. L’occasion de revenir avec elle sur son parcours et également sa vision de la musique, de ce qu’elle apporte et aussi ses intentions pour l’avenir.
– Avant de parler de ce nouvel album, « Blues Siren », j’aimerais que l’on revienne sur ton parcours. Tu es née en Sardaigne, qui n’est pas véritablement une terre de Blues. De quelle manière l’as-tu découvert et surtout comment est venue cette envie de le chanter ?
Tout d’abord, je tiens à te dire que mon père est né et a grandi en France. Alors autrefois, je parlais très bien le français. Mais aujourd’hui, je suis très rouillée ! (Sourires) Il chantait beaucoup quand il était jeune, même s’il s’est ensuite consacré à autre chose. Mais enfant, il me faisait chanter des chansons de Gilbert Bécaud et d’Edith Piaf, assise sur la table de la cuisine pendant qu’il faisait la vaisselle. Dans notre maison, on écoutait toujours beaucoup de bonne musique et dans des styles très différents… C’est comme ça que j’ai découvert Janis Joplin. J’ai alors été frappée par la foudre, alors que je n’avais seulement que 11 ou 12 ans.
– Par la suite, tu es partie pour Los Angeles où tu as obtenu ton diplôme de chant à la prestigieuse ‘Vocal Power Academy’ avec la très réputée Elisabeth Howard. En quoi cette école a-t-elle un passage obligé et est-ce là que tu as véritablement trouvé ‘ta voix’ ?
Oui, la ‘Vocal Power Academy’ est arrivée plusieurs années après. J’ai un peu vagabondé, puis j’ai rencontré Elisabeth Howard en Italie dans une masterclass, et j’en suis tombée amoureuse. Ensuite, je l’ai rejointe à Los Angeles où j’ai pu approfondir mes connaissances avec sa super méthode. J’ai aussi beaucoup travaillé sur moi et sur ma voix, en revoyant finalement tout ce que j’avais appris auparavant. Je voulais qu’elle résonne librement, sans tension et qu’elle devienne un instrument qui me permette d’exprimer tout ce que je ressentais à l’intérieur de moi. Je l’ai ensuite cultivée et soignée avec amour et curiosité.
– Étonnamment, c’est ensuite en Angleterre aux côtés du guitariste et compositeur Mick Simpson que tu trouves l’association parfaite, puisque vous travaillez toujours ensemble. On aura pu penser que tu serais restée aux USA, berceau du Blues, et pourtant c’est à Londres, où tu vis aujourd’hui d’ailleurs, que tu t’épanouies. Tu as plus d’affinités avec le British Blues, ou c’est juste un concours de circonstance ?
Ma rencontre avec mon ami, le grand guitariste et auteur-compositeur-interprète Mick Simpson, m’a fait entrer dans une famille britannique fantastique et magique. Il m’a présenté à mon producteur Andy Littlewood, qui est aussi musicien, auteur, interprète et un compositeur incroyable avec qui je collabore depuis 2017. J’adore chanter du Blues britannique et aussi made in USA. J’aimerais d’ailleurs faire une tournée aux Etats-Unis bientôt et pouvoir rendre visite à mes amis américains.
– Tu es également compositrice et tu co-signes plusieurs chansons de « Blues Siren ». Dans quel domaine interviens-tu le plus ? On imagine que les paroles ont une place particulière dans ton univers musical…
Quand j’ai l’inspiration pour écrire une chanson, elle me vient comme une histoire à raconter. La musique et les paroles naissent pratiquement ensemble. Pour moi, c’est comme recevoir un cadeau et j’en suis très reconnaissante. Je me laisse guider par ma voix intérieure. « Blues Siren », par exemple, m’est venue alors que je réfléchissais à ma vie et à celle de tous mes merveilleux amis, qui ont rendu ce monde plus beau avec leur voix. Cette chanson, sérieuse et avec une légère ironie, contient un peu de moi, un peu de toutes les grandes reines du Blues et un peu aussi des moins connues, mais qui n’en sont pas moins de grandes chanteuses de Blues. Elles ont toutes ouvert leur cœur pour donner de douces émotions à travers leur chant.
– « Blues Siren » est ton troisième album après « Italia Square » (2019) et « Smoke And Mirrors » (2022), auxquels il faut ajouter quelques singles et l’EP « In The Name Of The Blues ». Je me suis amusé à écouter ta discographie de manière aléatoire et c’est incroyable de voir à quel point il y a une intemporalité dans ta musique au point que c’est difficile de dater tes chansons. Est-ce que c’est ce que tu cherches avant tout à travers tes disques ? Qu’ils soient hors du temps ?
Oui… Avec Andy, on suit le flux du moment. C’est aussi parce que, pour moi, le temps n’existe pas… Mais là, c’est un peu plus compliqué à expliquer ! (Sourires) Et je suis très contente que tu aies écouté toute ma discographie, merci !
– « Blues Siren » vient donc tout juste de sortir, mais il y a quelques mois tu nous as fait patienter avec l’EP « In The Name Of The Blues », qui est d’ailleurs plus Rock et plus rugueux que ton répertoire habituel. Pour quelles raisons as-tu sorti ce format-court ? Ce sont des chansons que tu avais de côté depuis un moment déjà, ou est-ce peut-être parce qu’elles ne s’intégraient pas vraiment dans ce troisième album ? Car il est assez différent, y compris dans le son…
En fait, « In the Name of the Blues » est arrivé comme un double-single avant la sortie de l’album. Et comme nous avions déjà beaucoup de chansons, c’est devenu un EP. Nous avions un tas d’idées et nous y sommes allés doucement ! Cela dit, même sur « Blues Siren », il y a beaucoup de Rock, des chansons comme « Don’t Get In My Way », « Walking A Tightrope », ou « Alive And Breathing » le sont définitivement. L’album alterne avec des morceaux aux saveurs différentes et qui vivent tous ensembles en harmonie.
– Vocalement, tu t’inscris depuis tes débuts dans la tradition des grandes chanteuses de Blues et de Soul comme Etta James ou Aretha Franklin, grâce à une voix à la fois sensuelle et puissante. Curieusement, tu vas un peu à contre-courant des chanteuses actuelles qui jouent un Blues moderne plus Rock et explosif. Est-ce que, finalement, le secret ne vient-il pas du travail que tu fais sur les atmosphères ?
Comme je te le disais, j’aime beaucoup jouer avec ma voix et c’est souvent la chanson qui m’inspire et m’invite à la suivre. Sur certains titres, je chante ce que je suis, dans d’autres, je raconte une histoire en étant spectatrice. Cela peut se faire de manière plus intime, limpide ou explosive. Dans le monde du Blues, il y a beaucoup de chanteuses et de chanteurs fantastiques et authentiques et chacun suit ce qu’il ressent à ce moment-là. Cette diversité est belle et c’est génial qu’elle existe. Je n’aime pas me coller une étiquette et je ne pense pas que quiconque aime cela d’ailleurs. Beaucoup d’artistes, femmes et hommes, ont toujours aimé parcourir ce style à travers différentes atmosphères et expérimenter en permanence.
– D’ailleurs, si tu évolues dans un registre Blues au sens large du terme, il y a de nombreuses influences Soul et Jazzy avec un côté feutré et une certaine dramaturgie dans ton répertoire. C’est finalement cette chaleur très présente sur tes albums que tu recherches tant dans les textes que musicalement, comme une façon de capter intensément l’attention de l’auditeur ?On a presque le sentiment que tu ne veux rien manquer du vaste monde du Blues. Et en fin de compte, rien ne te résiste, non plus. C’est important pour toi de ne pas te restreindre à un seul courant ?
J’ai eu la chance d’étudier intensément de nombreux styles vocaux et chacun m’a laissé quelque chose. Au départ, le Blues ne nous est pas venu très naturellement, à nous les Européens. C’est une question de culture, bien sûr. Nous ne sommes pas nés noirs, ni en Amérique. Mais nous pouvons nous imprégner, écouter et intégrer en nous ce qui vient de ceux qui ont respiré le Blues depuis leur enfance et nous l’approprier à notre manière. Elisabeth m’avait dit une fois qu’elle avait même dû enseigner le Blues à des élèves noirs, qui avaient été adoptés par des blancs en Amérique.
– Juste avant « Blues Siren », tu as aussi sorti quelques singles comme « Winter Of 51 », « The Magic » et une version étendue incroyable de « Call My Name », toujours avec ton complice Mick Simpson. Ce sont des chansons qui n’étaient pas prévues pour un album, ou est-ce que, dans ce nouveau monde numérique, c’est aussi une façon de rester présente pour tes fans et à travers les réseaux sociaux ?
Parfois, Andy et moi essayons de tenir compagnie à nos amis et aux fans qui nous suivent avec quelques chansons, même en version single ou sur un EP. On le fait en attendant l’arrivée du nouvel album qui, comme tu le sais bien, demande parfois un peu plus de temps que prévu. « Winter Of 51 » et « Call My Name » font toutes deux partie d’un album. Pour « Call My Name », Mick avait joué un très long et très beau solo en studio. C’était si intense et touchant que nous avons décidé de le présenter dans une version augmentée. « The Magic », quant à elle, est une chanson que nous avons sortie à Noël dernier. Elle est pour moi très spéciale et sincère.
– Enfin, 2024 a été une belle et riche année pour toi avec un EP et un album complet. J’imagine que 2025 sera consacrée essentiellement à la scène, à moins que tu ne travailles déjà sur le successeur de « Blues Siren » ?
Oui, je compte désormais me consacrer intensément au live et avec un super groupe anglais. Mais… De nouvelles chansons bourdonnent déjà dans nos têtes. Je vous tiendrai au courant de tout ça plus tard ! (Sourires)
Le nouvel album d’EVA CARBONI, « Blues Siren » est chez Mad Ears Productions et sur le site de l’artiste : https://evacarboni.com/
Dans dix jours sort le très attendu nouvel album du légendaire gang de Los Angeles BODY COUNT. Et après un « Carnivore » sans concession passé malheureusement un peu sous les radars en raison de la pandémie, le groupe n’a pas l’intention de lever le pied et se présente avec « Merciless », qui est probablement l’une de ses meilleures réalisations à ce jour. Comme de coutume, on y retrouve des invités, une reprise et surtout le mordant et l’intacte férocité des Californiens. Après une série de dates en Europe cet été, Ernie C., guitariste en chef et fondateur du combo avec Ice T., nous parle de ce huitième opus. Et puis, c’est aussi une petite exclusivité française, puisque l’interview a été réalisée le 20 octobre dernier…
– « Merciless » devait sortir cet été et le public le découvrira finalement en novembre. A quoi est dû ce retard ? La raison est-elle est la grosse tournée estivale, car j’imagine qu’il n’est pas facile de faire la promotion d’un album en sillonnant l’Europe notamment ?
Oui, c’est vrai et « Merciless » sortira finalement ce 22 novembre ! Il en aura fallu du temps. D’abord, bien sûr, il y a eu la pandémie, alors que nous venions juste de terminer « Carnivore ». Comme il est arrivé au début des confinements, nous nous sommes dit que nous devions commencer à travailler sur un autre disque. Ce que nous avons fait. D’ailleurs, il n’y avait même pas eu de tournée pour défendre « Carnivore ». Les nombreux concerts de cet été ont permis de le présenter enfin au public…
– D’ailleurs, vous nous avez mis l’eau à la bouche avec la sortie de trois singles (« Psychopath », « Fuck What You Heard » et « Comfortably Numb »). C’est une manière de vous faire un peu ‘pardonner’ de ce retard, ou avez-vous succombé aux nouvelles pratiques qui consistent à occuper le terrain sur les réseaux sociaux avec de nouveaux morceaux ?
Tu sais, ça, ce sont des trucs de maisons de disques. Ils sortent les disques lentement, au compte-goutte, c’est comme ça. Avant, c’était souvent comme ça qu’on faisait les disques. Les labels sortaient quelques singles et ensuite, l’album arrivait enfin… J’imagine qu’ils essaient de le faire un peu à l’ancienne.
– Lors de notre dernière interview à la sortie de « Carnivore », tu me disais que tu étais presque surpris par la dimension musicale de BODY COUNT aujourd’hui, par rapport au côté Punk de vos débuts. Tu ajoutais que vous étiez dorénavant un vrai groupe de Metal. C’est d’ailleurs quelque chose qui saute aux oreilles dès l’into de « Merciless »…
Oui, c’est vrai. En fait, c’est tout simplement ce que nous sommes aujourd’hui. Je ne pense pas que nous serons à nouveau un jour ce groupe Punk que nous étions à nos débuts. Mais c’est une progression assez naturelle de notre style musical, à mon avis…
– Pour ce huitième album, on retrouve toujours votre ‘troisième guitariste’ Will Putney à la production et le résultat est toujours aussi impressionnant. Vous n’imaginez pas un album sans lui ? Ne serait-ce que pour essayer une nouvelle approche musicale ? Est-il en quelque sorte le garant du son de BODY COUNT ?
Putney est évidemment un élément important de BODY COUNT. Nous aimons vraiment travailler ensemble. Ce que nous apprécions aussi, c’est que les choses sont très simples avec lui. En fait, nous ne voulons pas nous compliquer la vie, juste être efficace. Et il reste simple dans son approche, ce qui nous convient très bien. Et puis, je ne veux plus produire de disques de BODY COUNT, c’est plus simple de jouer de la guitare… (Sourires)
– Avant de parler des invités qui figurent sur « Merciless », il en est un qui a étonné tout le monde, car on n’aurait jamais imaginé qu’il se joigne à BODY COUNT : c’est bien sûr David Gilmour, ex-Pink Floyd, sur « Comfortably Numb ». De quelle manière deux univers aussi différents se sont-ils retrouvés car, même si Ice T a apporté du texte, on est très loin de South Central ? Et la reprise est magnifique…
Ice est arrivé avec la chanson et il voulait que je puisse la jouer sans aucune limite. Il faut savoir que dans la première version, je joue la première guitare et c’est Richie Sambora qui joue la seconde. Ensuite, nous l’avons donc envoyée à l’entourage de David Gilmour pour obtenir son approbation. Ils nous ont répondu qu’il adorait la version, mais qu’il voulait savoir s’il pouvait jouer dessus… et là, on s’est dit : ‘Oh putain, oui, tu peux !’ (Rires) Ce fut vraiment un honneur et un privilège de l’avoir sur le morceau. Nous l’avons ensuite renvoyée à Roger et son management nous a donné son accord… Le fait que ces deux-là, David et Ice, soient d’accord sur une chanson me donne foi et espoir pour le monde… (Rires)
– D’ailleurs à propos de reprises, sur « Carnivore », vous aviez repris « Ace Of Spades » de Motörhead et donc cette fois, c’est Pink Floyd. Le spectre s’élargit. C’est une manière de dire aussi que BODY COUNT peut surgir là où on ne l’attend pas ?
En fait, on ne l’a pas vraiment imaginé dans cette optique-là. Finalement, c’est juste notre façon de dire que nous écoutons toutes sortes de musique au sein de BODY COUNT. Nous ne nous mettons jamais de limites à ce qu’on peut jouer en termes de style. Et nous ne savons pas non plus ce qui arrivera dans les futurs albums… (Sourires)
– Parlons des guests qui figurent sur l’album, une vieille habitude maintenant. Ici, ils sont tous issus directement de la branche extrême du Metal. On retrouve Max Cavalera de Soufly, Joe Bad de Fit For An Autopsy, Howard Jones de Killswitch Engage et George ‘Corpsegrinder’ Fisher de Cannibal Corpse. C’est assez surprenant compte tenu de leur groupe respectif. C’est ça qui vous a attiré ? De confronter les styles ?
Tu sais, nous avons déjà tourné avec Cannibal Corpse par le passé. On se connait bien maintenant. Quant à Joe Bad, il joue avec Will Putney dans Fit for An Autopsy. Ca nous a donc paru assez évident. A y regarder de plus près, ce n’est pas si incohérent de retrouver ces artistes sur notre disque. Et pour Killswitch Engage, nous avons également fait de nombreux concerts ensemble. Et enfin, Max est un ami et il est à nos côtés depuis les années 90 maintenant…
– A y regarder de plus prêt, et si j’ai de bons yeux, ne serait-ce pas l’ami George Fisher entre les mains d’Ice T sur la pochette de l’album ? Comment se porte-t-il après cette petite séance de relaxation ?
(Rires) Georges va très bien, merci pour lui ! (Rires)
– Parlons un peu de ton jeu, qui est toujours aussi tranchant. Comment as-tu abordé la composition de « Merciless », car l’album est nettement plus sombre encore que « Carnivore » ?
Tu sais, c’est très simple. Avec le reste du groupe, nous avons juste abordé la composition de « Merciless » comme on le fait toujours, de la même manière et comme pour chaque album. Alors maintenant, je ne saurais te dire si ça sonne plus sombre que les précédents. Ce n’est pas vraiment quelque chose que je prends en compte. C’est tout simplement sorti de cette façon. Je n’ai pas vraiment de formule et il n’y a aucun calcul.
– Et enfin, vous venez de faire une grosse tournée en Europe après une longue absence due à la pandémie. J’imagine que les retrouvailles avec votre public ont été incroyables ?
Oh oui, c’était génial d’être de retour en Europe pour cette série de concerts. J’espère que nous pourrons revenir voir tous nos fans l’été prochain, car cette tournée était essentiellement consacrée à l’album « Carnivore ». Donc la prochaine fois, nous pourrons vraiment nous concentrer sur « Merciless ». Et ce qui m’a aussi marqué, c’est que les gens étaient vraiment heureux de nous voir. Tous nos concerts ont affiché complet, ce qui nous fait toujours très plaisir ! Keep rocking and keep rolling ! (Sourires)
Le nouvel album de BODY COUNT, « Merciless », sera disponible le 22 novembre chez Century Media Records.
Retrouvez l’interview d’Ernie C. accordée au site à la sortie de « Carnivore » :
Sorte d’ode à la résilience et à la persévérance, « Hanging On A Still » montre toute la détermination d’un bluesman dans sa volonté d’artiste complet, mais aussi d’homme. Semés d’embûches, l’élaboration et l’aboutissement de cet album exceptionnel n’auront pas été une mince affaire pour STEVE HILL. Reconnu et récompensé pour ses talents de compositeur et d’homme-orchestre, cette nouvelle réalisation est probablement la plus belle de sa carrière, tant la force qui en émane est prodigieuse.
STEVE HILL
« Hanging On A String »
(No Label Records)
Le Canadien, originaire des Trois-Rivières au Québec, offre un retour réjouissant avec « Hanging On A String », un nouvel opus qui vient s’ajouter à la bonne douzaine qu’il a déjà sorti. Avec beaucoup d’authenticité, il revient en musique sur les mésaventures qui ont émaillé sa vie, y compris les plus récentes. Et en 30 ans de musique, STEVE HILL semble les collectionner. Si les ennuis se sont accumulés, il est parvenu à en faire un disque, qui n’est pas si sombre qu’il y paraît. Et cette belle émulation rejaillit dans les chansons, le son et la production.
Alors que le multi-instrumentiste se rendait au studio 606 à Los Angeles, c’est un accident de voiture quelques minutes après son arrivée à l’aéroport, qui l’a contraint à reporter l’enregistrement, la faute à quelques côtes cassées. Quelques mois plus tard, au début de cette année, c’est un STEVE HILL réoxygéné et déterminé qui a investit les mêmes studios avec un nouveau challenge : celui de mettre en boîte « Hanging On A Still » en six jours seulement… Il en mettra cinq ! Le résultat est époustouflant et scintillant de vérité. Une persévérance hors-norme.
Pour relever ce défi, ce sont Darrell Throp (Foo Fighters, Radiohead), lauréat de dix Grammy, derrière la console et au mix, et Michael Romanowski au mastering, qui en a emporté six de son côté, qui ont capté l’énergie et toute la substance du Blues Rock de STEVE HILL. Il en ressort des sonorités presque Garage, très roots et sans détour. Il a composé, chanté et joué tous les instruments et, au beau milieu de ces électrisantes chansons, on peut retenir cette dantesque reprise des Doors, « When The Music’s Over », longues de huit intenses minutes. Magique !
Chacune de ses réalisations est toujours surprenante et avec « Mother », ZZ WARD ne déroge pas à la règle. Imprévisible, c’est sur le légendaire label Sun Records qu’elle publie cette fois quelques chansons. Avec beaucoup de vitalité, elle témoigne de ses expériences en tant que mère. Vulnérable et forte, elle n’élude aucun passage et aborde plusieurs domaines de la parentalité en jouant aux montagnes russes. Ca sent le vécu et lorsque tout cela est décliné dans un Blues épuré, où se croisent instants Gospel et envolées de cuivres sur des guitares ardentes, on ne peut que tomber sous le charme.
ZZ WARD
« Mother »
(Sun Records)
Un an tout juste après l’excellent et très éclectique « Dirty Shine », la néo-Californienne originaire de l’Oregon fait un retour express, mais très qualitatif, avec « Mother ». Composé de six titres, ZZ WARD apparait cette fois sur Sun Records et livre ses sentiments sur les sensations que procure la maternité. Et plutôt que de se disperser, ce qu’elle fait d’ailleurs très bien, c’est dans un registre Blues très roots qu’elle a choisi d’évoluer. Et il faut reconnaitre que l’approche très sincère et authentique du style s’y prête à merveille. Avec une attitude totalement décomplexée, on ne peut que succomber à autant de fougue et de vérité.
C’est une sorte de retour à ses premières amours pour ZZ WARD qui renoue avec ses racines musicales dans une version très brute et profonde. D’ailleurs, ce nouveau format court réserve aussi quelques surprises, la songwriter étant pleine de ressources. L’intensité passionnée et l’énergie sans filtre qui émanent de « Mother » nous rappelle à quel point elle est une incroyable chanteuse et une multi-instrumentiste de haut vol. Elle prend beaucoup de plaisir à explorer ses six chansons en les révélant sous un jour nouveau et un son également différent. Directe et sans détour, on brûle avec elle dans ce (trop !) court moment musical.
L’Américaine ouvre son EP avec le morceau-titre, gorgé de riffs épais et sur un ton puissant, histoire de poser l’ambiance. La production très live et Rock’n’Roll de « Mother » et « My Baby Left Me » accentue cette impression d’urgence et ce dynamisme. Puis, ZZ WARD reprend « Put My Gun Down » et « Lil Darling » de son dernier opus en leur offrant un traitement de choc. « I Have No One » est l’instant le plus tendre et sa voix monte encore d’un cran dans l’émotion. Vocalement irrésistible, elle plonge ensuite dans un Chicago Blues vif sur « Cadillac Man », sorte d’hommage appuyé et généreux à l’esprit agité du Blues. Une tranche vie sans far.
SILMARILS représente le son et la fougue de la scène française du milieu des années 90 et début 2000, celle où l’on osait encore fusionner les genres et rassembler au-delà des chapelles. 25 longues années après « 4 Life », le combo remet les gants et revient à la charge avec « Apocalypto ». Histoire de garder intacte cette fraîcheur qui a fait sa réputation, c’est à Los Angeles, et sous la houlette de Segal Huredia, que la plus américanisée des formations de l’hexagone a mixé son explosif cinquième album. Toujours aussi incisif et percutant, il fracasse les codes, se meut en brûlot et promet de renverser les foules dès le printemps prochain. Entretien sans filtre avec David Salsedo, frontman du groupe, à l’œil affûté qu’il s’agisse de sa musique comme de notre société.
– Qu’est-ce qui fait qu’un groupe de votre notoriété dans son pays décide de se mettre tout à coup sur pause ? Vous aviez le sentiment d’avoir été au bout de quelque chose ? Que peut-être l’énergie commençait à manquer, d’autant que le line-up n’a pas changé ?
Ce n’est pas tant une histoire d’énergie. On a démarré ensemble avec ce même line-up quand on avait 15 ans. Ca commençait à faire longtemps et il y a eu une espèce de tourbillon : album, tournée, album, tournée, etc… Et au bout d’un moment, les mecs avaient envie d’essayer autre chose. On s’est dit que plutôt que de faire un mauvais disque, c’était bien que chacun arrive à faire des choses hors du groupe, même si j’avais déjà fait un peu d’écriture et de prod’ de mon côté. C’était donc le bon moment pour le faire avant de ne plus en avoir envie et attendre que ça nous manque à nouveau. Alors, le projet en tant que tel a été mis sur pause.
– Justement en 2008, tu sors « Wine & Pasta » en solo dans un registre différent de SILMARILS. Comment est né le projet à l’époque ? Tu avais des morceaux plus personnels qui ne convenaient pas au groupe et que tu souhaitais vraiment sortir ?
Oui, c’était plus comme un concept-album. Je me suis dit qu’il y avait deux aspects chez moi avec un premier plus rentre-dedans à l’image de SILMARILS, que j’adore au niveau des textes comme de la musique et qui est vraiment mon truc. Et puis, dans mes goûts musicaux, j’ai une autre sensibilité qui est plus Pop indé, plus arrangée. Alors, à un moment donné, je me suis dit que cela faisait longtemps que j’avais envie de faire un truc comme ça. C’était le bon moment et je ne voulais pas avoir de regrets par rapport à mon autre rêve. Je l’ai fait et j’en suis très content. Et une fois que c’était fini, je n’avais pas forcément envie de continuer dans cette voie-là, mais j’étais heureux de l’avoir fait. C’était une très bonne expérience, on y a passé beaucoup de temps et dans un registre totalement différent. Et puis, je ne me voyais pas faire quelque chose qui ressemble de près ou de loin à SILMARILS.
– Et vous avez refait surface en 2020 avec le « Live In Confinement », un EP de quatre titres en digital. On sait que SILMARILS a toujours été un groupe en réaction à la société, c’est la situation sanitaire et politique de l’époque qui y avait poussé ?
En fait, ce qui s’est passé, c’est qu’on a décidé de reformer le groupe trois jours avant le confinement ! (Rires) On s’est un peu retrouvé comme des cons. On est tous partis, pour ceux qui ont pu, se planquer à la campagne et un pote du groupe nous a appelés pour nous dire qu’il montait un gros truc : le « Live In Confinement ». On s’est donc dit qu’avant le Bataclan, c’était une bonne façon de faire quelque chose ensemble pour raccrocher les wagons. Finalement, cela nous a remis le pied à l’étrier et c’était une super expérience. On a tous travaillé séparément et d’arrache-pied. Ca nous servi de déclencheur un peu plus vite que prévu.
– C’est donc en 2022 que vous officialisez vraiment votre retour avec un concert d’anthologie au Bataclan. Là aussi, vous prenez un peu tout le monde à contre-pied, car en général, les groupes sortent un album, puis seulement enchaînent les concerts. Comme vous êtes vraiment un groupe de scène, vous ne pouviez pas imaginer votre retour sans voir si le désir était toujours là et surtout vos fans ?
En fait, le contexte de tout ça était de fêter les 25 ans du premier album et de se retrouver. On y avait d’ailleurs joué « Welcome To America », le premier single d’« Apocalypto ». Ca a aussi été l’occasion de voir si on existait encore et si ça intéressait encore du monde, s’il y avait toujours des gens qui nous suivaient. Finalement, ça a été un concert d’anthologie, comme tu dis, parce que c’était ultra-complet et on a même fait plus de monde que 25 ans avant ! C’était incroyable ! (Rires) Ca nous a donné l’énergie de sortir « Welcome To America », qui était d’ailleurs déjà prêt, puis de repartir.
– Ensuite, au printemps 2023 donc, « Welcome To America » sort et on retrouve le SILMARILS qu’on aime et qu’on connait à savoir rageur, provocateur et surtout fédérateur comme au premier jour. Comment se sent-on à ce moment-là et est-ce que le choix du morceau vous a alors paru évident ?
Pour nous, il était évident, car il contient vraiment d’ADN de SILMARILS. Mais on voulait aussi trouver un nouvel angle. On ne voulait pas arriver avec le son de 1995. Il fallait une évolution dans la production, tout en gardant notre style avec le riff, le texte et le phrasé. On a aussi choisi un parti-pris un peu plus Hip-Hop avec un marqueur évident tout de suite, dès le premier single. Si certains ont trouvé qu’il y avait moins de guitare, le titre a très bien marché. Et pour moi, c’était la façon dont SILMARILS devait se repositionner en 2025 sur un nouvel album. Il fallait reconnaître le groupe tout de suite, sans que ce soit ringard dans le son. En gros, je ne voulais pas sonner comme Limp Bizkit aujourd’hui.
– « Au Paradis », « Oublie-Moi » et « No Pain No Gain » suivent dans la foulée, et force est de constater que vous n’avez pas changé. La fraîcheur est intacte, le son aussi et les textes sont toujours aussi percutants. Le sentiment qui domine alors, c’est qu’en fait, vous étiez simplement sur pause. Alors, qu’est-ce qui a tout réenclenché ?
En ce qui me concerne, c’est lorsqu’on a travaillé sur la réédition du premier album. Je ne l’avais pas écouté depuis sa sortie quasiment. Je me suis replongé dans différentes versions et dans les prises studio, j’ai du vraiment entrer dans les archives. Et en faisant ça, l’ADN du groupe et son identité sont devenus évidents. Notre objectif a toujours été de ne jamais se répéter au fil des albums, c’est notamment pour ça qu’on a fait « Vegas 76 », sans grosses guitares et beaucoup n’ont d’ailleurs pas aimé. Mais on l’assume. Avec le recul, je comprends que les gens aient été un peu perdus. Ils ne sont pas dans nos têtes, ils ne savent pas forcément comment on a envie d’évoluer. Mais, on ne voulait pas servir le même truc pendant 20 ans. Après, il y en a qui le font. Ac/Dc le fait très bien, et c’est très bien ! Au bout d’un moment, on était arrivé au bout de nos expérimentations. En fait, je me suis servi du premier album comme base pour faire le nouveau, tout en faisant évoluer le son, bien sûr, en le rendant plus actuel. On voulait que ça fasse bouger la tête et que ça puisse s’écouter en voiture ! (Sourires)
– Dans ce nouvel album, on retrouve des textes qui collent parfaitement à ce qu’est la société d’aujourd’hui avec des travers aussi variés que nombreux. Vous posez le doigt sur ce qui fâche et ce ne sont pas les dérives qui manquent. Ce qui est plus étonnant, c’est que beaucoup de morceaux ont un fond assez pessimiste. La situation se prête moins aujourd’hui à la dérision qu’il y a quelques années ?
Le nouvel album reste dans la lignée des deux premiers. Alors pessimiste, oui, ce n’est pas très joyeux, en effet. Je trouve que l’époque ne donne pas de place à la dérision. Clairement ! C’est mon point de vue, bien sûr. Sur ces textes, j’ai voulu rester frontal et pas dans la métaphore. Il fallait de la punchline, que ce soit percutant et qu’on comprenne le propos sans passer par des prismes stylistiques. C’est dans ta gueule, voilà ! Je l’ai vraiment écrit avec les tripes et avec ma vision du monde. Je ne suis même pas désabusé. Il y a de la colère, bien sûr, mais pas seulement. C’est une façon de dire : « Arrêtez de nous prendre pour des cons, on a compris ! On vous voit ! ». L’époque est tragique à tous les niveaux et je n’arrive pas à lui trouver des trucs positifs.
– D’ailleurs, puisqu’on parle d’engagement et de revendication : est-ce qu’on peut être de droite et écouter et apprécier SILMARILS ?
(Silence)… C’est une bonne question ! A la base, je dirai non quand même. Tu m’as surpris ! (Rires) Si on veut entrer dans le détail, ce qui me déprime, c’est le positionnement de certains politiques. Quand tu vois le Front National (oui, appelons-le par son nom – NDR) qui prétend faire du social et s’adresse aux prolétaires, ce n’était pas le cas il y a 30 ans. Maintenant, je pense que certaines personnes venant de la droite de la droite et de milieux populaires peuvent se retrouver dans certains textes… malheureusement ! (Rires) Dans « Welcome To America », je parle de poujadisme, ce qui pose le curseur assez haut tout de même. Et aujourd’hui, je pense aussi qu’il y a aussi des réacs de gauche. C’est une bonne question que tu poses là…
J’ai des amis de droite qui se marrent en écoutant mes textes et qui me disent que je suis d’extrême gauche. Mais c’est plus compliqué que ça. Même si j’en viens, je ne peux pas adhérer à celle d’aujourd’hui. Je me définirai plus comme un anarchiste, voilà. Et encore, je ne sais même plus ! (Rires) Maintenant, la tonalité de SILMARILS n’est pas de droite, soyons sérieux. Un titre comme « Oublie-moi » est très clair quand même. Cela dit, les frontières sont de plus en plus floutées. De mon point de vue, avant on savait où étaient les méchants et où étaient les gentils. Aujourd’hui, c’est un peu plus compliqué ! Donc globalement, je ne pense pas que les gens de droite puissent aimer les textes de SILMARILS. Après, on ne va pas se mentir, on vient tous de banlieue et de familles de gauche. Mais, pour conclure et sans dire que c’était mieux avant, est-ce qu’on a le droit de dire qu’il y a une dérive grave, une baisse culturelle aussi sans pour autant qu’on nous foute une étiquette de réacs ? Je ne sais pas… Si pour ne pas l’être, il fait tout trouver magnifique, alors tout est magnifique, ouais…
– « Apocalypto » contient beaucoup de titres forts, fédérateurs et vraiment impactants. On a presque l’impression d’écouter le ‘Best Of’ de 20 ans d’absence. C’est aussi ton sentiment ?
Ce n’est pas à moi de le dire, mais puisque tu le fais… (Sourires) Mais je trouve que c’est un excellent disque avec dix bonnes chansons. Il n’y a rien à jeter. J’en suis très fier et j’adore tous les morceaux. Pour avoir commencé à les répéter et en avoir joué quelques uns en festivals, je peux te dire qu’ils défoncent !
– En ce qui concerne l’écriture, tu pars plutôt d’un déroulé qui peut être assimilé à une histoire, ou est-ce que tu construis plutôt autour de punchlines, car ce n’est pas ce qui manque sur l’album ?
En fait, je prends titre par titre et chacun est une épreuve. Pour « Welcome To America », c’était presque miraculeux, parce que c’était comme si j’avais retrouvé une recette que je pensais avoir oublié. Une chanson de SILMARILS ne s’écrit pas comme une chanson Pop. C’est une alchimie, un mélange entre le Metal et le Hip-Hop, c’est-à-dire que ce ne sont pas des trucs forcément mélodiques. Chaque morceau est un combat et je souffre quand j’écris et quand je compose. D’abord avec la musique et une fois que c’est fait, il y a les paroles et ça recommence, c’est même encore pire ! Il n’y a donc pas de déroulé global, je l’ai fait titre par titre. Je me suis beaucoup écouté en termes de textes, en essayant de ne pas trop réfléchir. Au départ, je n’avais pas de thèmes précis, j’ai laissé parler les sentiments. J’ai essayé de capter ce qui m’entourait, de savoir quel était mon feeling, mes ressentis, mes frustrations, ma colère et d’en faire des chansons. Je me suis même dit que je n’avais jamais autant écrit au premier degré qu’ici et j’ai livré la matière aussi brute que possible. J’ai tout fait pour être compris et percutant.
– J’aimerais aussi qu’on évoque cet écart entre vos prestations live et studio. Pour vous avoir vu un nombre incalculable de fois en concert, ils sont toujours plus Rock et Metal, et moins Hip-Hop que les versions du disque. C’est l’énergie de la scène qui donne ce résultat, ou est-ce que ce sont finalement deux exercices que vous aimez séparer ?
On ne se dit pas qu’on va faire des versions différentes. A 95%, les arrangements sont les mêmes que sur le disque. Si tu prends le premier album, c’est juste une captation live de SILMARILS. Il n’y avait pas un gros travail de production. Maintenant avec l’expérience, on a aussi un plaisir à façonner les shows, à avoir de la prod’, des grosses basses, des gros beats… Sur disque, j’ai aussi envie qu’on comprenne ce que je raconte. Après, sur scène, tu es aussi emporter par l’énergie du groupe et du public. Et c’est bien, tant mieux ! C’est vrai que l’expérience est différente.
– Je disais tout à l’heure qu’on vous retrouve comme si on ne vous avait jamais vraiment quitté et avec ce son, qui est la marque de fabrique de SILMARILS. Et « Apocalypto » est aussi passé entre les mains de Segal Huredia (Dr Dre, Eminem, Green Day, …). Il était votre premier choix ? Et lui avez-vous fait écouter vos anciens albums pour garder une certaine continuité dans l’approche et la dynamique, même s’il sonne résolument actuel ?
Non, pas du tout. Je ne sais pas s’il a fait un travail de son côté. On avait déjà travaillé ensemble sur d’autres projets qui n’avaient rien à voir avec SILMARILS. C’est aussi grâce à DJ Swift, notre DJ qui bosse à Los Angeles. Et puis, la façon dont on a fait le disque appelait aussi à ça, en termes de savoir-faire et de son. On a aussi travaillé sur les fréquences. On voulait beaucoup de volume et comme il a aussi œuvré dans le Rock, il cochait toutes cases, en fait. Il a fait du Rock, du Punk Rock et aussi du Metal, car il est proche de Deftones, House Of Pain, Everlast, Linkin Park et Cypress Hill aussi… Il sait tout faire finalement ! En écoutant les maquettes, il m’a dit qu’il n’y manquait que le ‘West Coast Sound’ et c’est ce qu’il nous a apporté. Un son qu’on retrouve aussi chez les Red Hot. Et puis, même si on chante en français et qu’on y tient, je pense que notre musique est aussi très inspirée des Etats-Unis. C’est intrinsèque pour eux et ça lui a paru normal qu’on finisse l’album chez eux. Il m’a dit que le disque devait être mixé en Californie, qu’il n’y avait pas le choix en fait… Et ça nous a fait marrer ! (Sourires) C’est vrai que de se retrouver aujourd’hui avec des mecs comme ça en studio est un rêve.
(David, B-Real & Segal Huredia)
– Un petit mot aussi sur le morceau « No Pain No Gain » avec B-Real de Cypress Hill. Si la surprise est de taille, elle est parfaitement en phase avec SILMARILS et le titre est l’un des moments forts de l’album. Comment se sont effectuées la rencontre et votre collaboration ? Et est-ce qu’on dirige et donne la voie à suivre à B-Real dans un studio ?
En fait, l’album est déjà fini et mixé. L’un d’entre-nous a pensé que ce sera bien d’avoir un featuring et on a tous réfléchi en se demandant qui est-ce qu’on kiffait le plus. On parlait déjà de Cypress Hill dans une chanson de « Vegas 76 ». Comme on était déjà allé à Los Angeles, on les avait vus jouer et on avait aussi croisé du monde de ce milieu. On savait également que Segal avait beaucoup bossé avec lui et qu’il le connaissait. Je lui en ai parlé en lui demandant de faire passer le morceau. J’ai fait une démo où je chante le premier couplet et je lui ai demandé que s’il pouvait écrire un truc pour le second, ce serait mortel ! Il m’a dit que B-Real était très occupé, qu’il produisait beaucoup, qu’il ne l’avait pas vu depuis un petit moment et que le groupe n’arrêtait pas de tourner.
Trois mois après, il me rappelle pour me dire qu’il n’avait rien, aucune réponse positive ou négative. Et début mars, je me lève un matin et je reçois un texto de Segal. C’était une capture d’écran de celui de B-Real. Il disait que c’était fait, qu’il avait déjà écrit le texte et qu’il était prêt à l’enregistrer dans quatre jours ! Ensuite, ça a été un peu le coup de speed pour gérer l’avion, l’hébergement, l’argent… On est parti à plusieurs et tant qu’à être là-bas, on s’est dit qu’on allait faire des images, donc on a pris des caméras. Et quatre jours après, on était en studio avec B-Real !
On s’est fait un petit barbecue mexicain ensemble avant, puisque c’était l’été. C’était vraiment en toute décontraction, entre potes. Il était très pressé, mais il a passé du temps avec nous. On a parlé du morceau bien sûr. Je lui ai demandé si ça lui plaisait et il m’a répondu qu’il ne serait pas là sinon. J’ai écouté ses paroles, j’ai traduit en français, car il était parti sur le même thème et j’ai tout fait d’une traite. Le plus impressionnant a été lorsqu’il a commencé à balancer le flow, car son texte est super fort. Il parle de ses parents, de ses origines. Et là, quand il envoie : tu as des frissons ! Même les Ricains et Segal nous ont dit : « Tu as du grand B-Real aujourd’hui ! ». Il crie avec ses tripes et surtout son flow et la performance ont emmené le morceau ailleurs.
C’était vraiment la cerise sur le gâteau, alors que l’album était fini ! Très belle expérience et beaucoup d’Américains présents, qui travaillent avec Dr Dre, nous ont dit qu’il ne s’était vraiment pas foutu de notre gueule ! Et encore une fois, ce n’est pas un feat pour un feat, il a emmené le morceau à un autre niveau et ça, c’est grâce à lui.
– J’aimerais qu’on dise un mot de « Tu Nous Mérites Pas », dont on comprend évidemment à qui il s’adresse. Je n’ai pas pu m’empêcher d’y voir un clin d’œil à « L’Homme Providentiel » et « Tant Que Parle l’Economie » sur « Original Karma ». Depuis 1997, on a le sentiment que rien n’a changé et que c’est même de pire en pire et que plus c’est gros, plus ça passe… C’est ce que tu avais en tête en l’écrivant ?
C’est exactement le texto que j’ai envoyé à mon manageur il y a deux jours. Et c’est vrai aujourd’hui que plus c’est gros, plus ça passe… Et ça ne dérange plus personne, en fait. C’est quand même un truc de dingue ! « Tu Nous Mérites Pas » vient du fait qu’à un moment donné, on inverse la charge de la preuve. C’est-à-dire qu’on demande aux gens de prouver qu’ils ne sont pas coupables, alors que ça devrait être l’inverse. Et c’est pareil avec le pouvoir. J’ai le sentiment qu’il y a une liquéfaction totale. Avec Macron, on est arrivé à un summum managérial déshumanisé, cynique et ironique de banquier d’affaires. Et intrinsèquement, c’est ce qu’il est. En général, je n’aime pas trop parler de politique, car tout est dans mes textes. Mais, en gros, la vente à la découpe de la France a commencé sous Sarkozy. Hollande a déçu aussi, car l’homme qui lui murmurait à l’oreille était déjà Macron. Et il est arrivé en disant que c’était à nous de le mériter, et non le contraire. Et là, je me suis dit qu’on avait un gros problème ! (Sourires) On demande toujours aux mêmes de faire les efforts, alors qu’ils sont déjà sur la corde raide.
Et c’est vrai, pour en revenir à « Original Karma » qui date quand même de 1997, il y avait déjà « Tant Que Parle L’Economie » et « L’homme providentiel », … Lors des manifs contre la réforme des retraites, sur les camions de la CGT, ils les passaient. On m’avait envoyé une vidéo et j’ai halluciné. Alors il y a peut-être une forme de reconnaissance, c’est vrai, mais surtout on avait quand même mis dans le mille à l’époque. On pointait des choses, car nous ne sommes pas trop dans le jugement. On faisait des constats en chanson et avec le phrasé et les paroles en disant : vous voyez ça ? Et après cet album-là, tout s’est réalisé… en pire ! On avait mis des warnings, j’essaie de me dire ça. Et « Tu Nous Mérites Pas » est une façon de dire : ça suffit ! Il n’y a que juste une symbolique du pouvoir au final. Une ancienne prof de philo m’avait expliqué un jour que si tu enlèves les drapeaux sur la voiture présidentielle, il n’y a plus de symbolique du pouvoir et là, les gens le dévorent. Ils arrêtent la voiture et ils le mangent. C’est aussi ce que veut dire la chanson. A un moment donné, il va falloir arrêter de tirer sur la corde. Depuis sept ans, il y a un cynisme assumé et un tel mépris… Tu vois, là, on est encore à parler de ta question si les gens de droite peuvent aimer SILMARILS, ou pas ! (Sourires)
– Un dernier mot au sujet de la production d’« Apocalypto », qui paraît sur votre propre label et qui sera distribué par PIAS. C’était une évidence, voire une nécessité, pour vous de le sortir vous-mêmes, et ainsi garder le contrôle de ce nouvel album de bout en bout ?
Vu le disque que l’on faisait en termes de format, mais aussi des paroles : on s’est dit qu’il ne pourrait pas avoir sa place en major. Déjà, parce qu’il n’y a plus de Rock en maison-de-disques. On ne signe plus d’artistes, mais on signe des marques. On fait du business avec ça. On rachète un groupe qui marche une fois qu’il tourne bien. Il y a aussi une histoire de cohérence par rapport au propos. On est assez grand, on sait le faire et on va y aller tout seul sans rien demander à personne. Et on ne nous fera pas chier pour une pochette comme cela nous est déjà arrivé. On y va, mais je ne te cache pas que je n’avais pas mesuré la charge de travail et financière que ça représente, si tu veux faire ça bien. Mais nous sommes super contents et très fiers.
Le nouvel album de SILMARILS, « Apocalypto », sortira le 27 septembre.
Avec « In Solstice », c’est un souffle nouveau que vient porter THE MERCURY RIOTS sur le Hard’n Heavy américain incarné à leur belle époque par des formations comme Extreme, Skid Row, voire Dokken et White Lion. A la différence près qu’ici l’ensemble paraît presque revitalisé, réoxygéné, mais sans être forcément réinventé, non plus. Audacieuse et vigoureuse, cette réalisation originelle toute en puissance et accrocheuse va en surprendre plus d’un.
THE MERCURY RIOTS
« In Solstice »
(SAOL)
Enchantés par une prestation enflammée en septembre dernier dans une obscure petite salle du Finistère-Sud, en première partie de vétérans australiens totalement à bout de souffle, les connaisseurs avaient pleinement pu apprécier la fougue et le talent du combo de Los Angeles. Avec un seul single en 2021 (« Save Me A Drink », présent ici) et surtout beaucoup de concerts, THE MERCURY RIOTS présente enfin son premier album et « In Solstice » est une époustouflante réponse aux attentes légitimement placées en lui.
Aguerri par la scène, le quatuor fait des étincelles et a mis toutes les chances de son côté pour réaliser de manière éclatante son premier effort. Pour l’enregistrement, c’est dans les légendaires Armoury Studios de Bruce Fairbairn et chez Bryan Adams au Warehouse que la magie a opéré, et sous la houlette du non moins légendaire Mike Fraser (Ac/Dc, Aerosmith, Metallica) derrière la console. THE MERCURY RIOTS s’est donc donné les moyens avec en prime un mastering signé Ryan Smith (The Black Keys, Greta Van Fleet).
Frais et musclé, le style du groupe doit beaucoup au Heavy californien des 90’s, lequel aurait reçu un furieux coup de boost. Sauvages et virtuoses, Sleaze et mélodiques, les quatre rockeurs font trembler les murs à grands renforts de riffs tranchants et survitaminés. THE MERCURY RIOTS connait la recette, maîtrise tous les rouages et se montre affûté (« Make It », « L.A. Girls », « Light It Up », « Scream It Out », « 99 Degrees »). L’entrée en matière est somptueuse et la spontanéité affichée fait vraiment plaisir à entendre.
Si depuis le début de ce nouveau millénaire, la scène Blues mondiale a vu quelques cartes rebattues avec l’émergence, dans la durée, de grandes blueswomen et bluesmen, il en est un qui surclasse tout le monde et c’est bel et bien JOE BONAMASSA. Sa créativité, en studio comme sur scène, est littéralement le souffle qui manquait à ce style si emblématique. Avec ce « Live At The Hollywood Bowl With Orchestra », il monte encore les curseurs et livre de manière sublime son lot de frissons.
JOE BONAMASSA
« Live At The Hollywood Bowl With Orchestra »
(J&R Adventures)
Alors qu’il vient tout juste de sortir le cinquième album de son supergroupe Black Country Communion, JOE BONAMASSA s’attaque déjà à nos platines et dans son style de prédilection. Et cette fois, c’est dans une configuration époustouflante qu’il interprète une partie de son répertoire. Rarement aussi bon qu’en live, il a investi le magnifique écrin qu’est le Hollywood Bowl de Los Angeles, cultissime amphithéâtre où se produisent depuis 1992 les plus grands noms de l’Histoire de la musique.
Alors que l’homme au costume a sorti presqu’autant de témoignages live que de réalisations studio, c’est de nouveau sur les planches qu’on le retrouve et entouré d’un line-up exceptionnel. Accompagné d’un orchestre de 40 musiciens dirigé par de grands chefs tels que David Campbell et Trevor Rabin, les morceaux de JOE BONAMASSA prennent une ampleur incroyable grâce à des arrangements millimétrés, inédits et audacieux. Et le résultat célèbre littéralement le talent de l’Américain.
Sublimées par l’orchestre symphonique, les compositions du guitariste et chanteur s’élèvent encore un peu plus et la qualité du songwriting original prend une nouvelle dimension. Sur une tracklist parfaitement équilibrée, alternant les titres dynamiques et d’autres purement Blues, JOE BONAMASSA dévoile l’étendu de son répertoire en se faisant virtuose, mais en laissant surtout parler les notes. Enveloppé de cordes, de cuivres, de choristes au diapason, d’une flûte et de son groupe, ce nouveau live est une petite merveille.
Retrouvez les chroniques de ses précédents albums :
Evidemment, le Boogie Blues de CANNED HEAT a pris quelques rides, se montre peut-être moins fougueux et aventureux, mais il demeure toujours aussi enveloppant, chaleureux et surtout on y perçoit sans peine tout le plaisir qu’éprouvent les quatre musiciens à perpétuer un héritage, qui est finalement le leur. Avec « Finyl Vinyl », les Californiens montrent qu’ils sont toujours capables et légitimes à entretenir ce son qui a bercé tant de générations. Et lorsque c’est fait de cette manière, il serait déplacé de cracher sur ces talents si perceptibles.
CANNED HEAT
« Finyl Vinyl »
(Ruf Records)
J’entends déjà les grincheux vociférant au sujet de la chronique d’un nouvel album de CANNED HEAT qui, avant même y avoir posé une oreille, doit forcément être mauvais ou, au mieux, sans intérêt. Et pourquoi ne pas parler d’un nouveau disque des Rolling Stones tant qu’on y est ? Mais il faut bien être un peu taquin au risque de devenir trop consensuel ou carrément chiant, non ? Alors, c’est vrai qu’il n’y a plus aucun membre de la formation originelle fondée à Los Angeles en 1965, car même le batteur Fito de la Parra n’est apparu que sur le légendaire « Boogie With Canned Heat », le seulement deuxième opus du groupe.
Cela dit, Dale Spalding (harmonica, chant), Fito de la Parra (batterie), Jimmy Vivino (guitare, claviers, chant) et Richard Reed (basse) ne sont pas des perdreaux de trois semaines, et autant le dire tout de suite : ça joue et ça joue même très bien. Et la jeune scène actuelle pourrait même prendre quelques notes, tant elle se montre souvent insipide. Mais revenons à CANNED HEAT et ce « Finyl Vinyl », première réalisation depuis une grosse quinzaine d’années. Très bien produit, on retrouve les Américains sur onze morceaux où ils déroulent leur fameux Boogie Blues, guidé par un feeling toujours très présent.
Sans être transcendant pour autant, on se régale surtout de retrouver cet harmonica envoûtant et tellement identifiable, tant il représente à lui seul le son et la chaleur de la mythique formation. De même que la slide, qui emporte quelques titres, CANNED HEAT n’a rien perdu de son ADN, car il y en a un, malgré la presque cinquantaine d’artistes qui s’y sont succédés. De l’oriental instrumental « East/West Boogie » à « One Last Boogie », « Goin’ To Heaven (In A Pontiac) », « Blind Own » dédié à Alan Wilson ou encore « So Sad (The World’s In A Tangle) », « When You’re 69 » ou « Independence Day, » le moment est agréable… très !
Né au pays de Galles, c’est au Canada, puis aux Etats-Unis, que PHILIP SAYCE a passé le plus clair de sa vie et surtout qu’il s’est construit artistiquement en tant que musicien et chanteur. Accompagné par le gratin de la scène californienne devant comme derrière la console, il livre « The Wolves Are Coming », un nouvel opus qui surfe sur une dynamique Blues Rock explosive, souvent saturée et terriblement accrocheuse. Et la finesse du panel de son jeu balaie l’horizon avec un feeling solaire.
PHILIP SAYCE
« The Wolves Are Coming »
(Atomic Gemini/Forty Below Records)
Le parcours de PHILIP SAYCE a quelque chose qui teint du conte de fée, ce qui ne signifie d’ailleurs pas que le Gallois n’ait pas eu à travailler dur, mais il faut avouer que les planètes se sont particulièrement bien alignées. Ayant grandi à Toronto, il a été initié au Blues par ses parents. Adolescent, il brille déjà et le grand Jeff Healey le prend sous son aile, le fait participer à ses enregistrements et à ses tournées. Au début des années 2000, c’est à Los Angeles qu’il pose ses valises, rencontre Melissa Etheridge et joue sur ses disques. Puis, c’est en 2005 qu’il se lance en solo et sort « Peace Machine » et les fans commencent alors à le suivre et à écouter ce Blues si vivant.
Presque 20 ans plus tard, PHILIP SAYCE revient avec un septième album studio, auquel il faut ajouter un EP et un live, et il faut reconnaître que « The Wolves Are Coming » est sa réalisation la plus aboutie à ce jour. Songwriter inspiré et aguerri, le guitariste et chanteur montre une incroyable fraîcheur, qui est due à une technique, un feeling et une énergie présents sur chaque morceau. Entouré d’un groupe de musiciens chevronnés et reconnus, la production est somptueuse, aussi naturelle en apparence que travaillée dans le moindre détail. Quant au Canadien d’adoption, il s’occupe des guitares, du chant, de la basse et du piano.
Pourtant composé en pleine pandémie, « The Wolves Are Coming » révèle l’ambiance ludique et très libre qu’a précisément ressenti PHILIP SAYCE en studio à ce moment-là. Très bruts dans le son, certains titres font l’effet d’un ouragan (« Oh ! That Bitches Brew », « Backstabber »), d’autres sont presqu’apaisants (« It’s Over Now ») et il sait aussi se faire rayonnant (« Lady Love Divine », « Black Moon »). A noter également la délicate reprise de John Lee Hooker, « This Is Hip », et « Blackbirds Fly Alone », qui aurait eu sa place sur le « Mama Said » de Lenny Kravitz. Le Bluesman excelle autant dans la douceur que dans une exaltation frénétique. Génial !