Originaire de Concepción au chili, THE POLVOS! commence à se faire un nom bien au-delà de ses lointaines contrées, grâce à un croisement entre un Heavy Stoner Psych puissant et un Space Rock souvent transcendantal. Sous de faux airs de jam, le combo présente au contraire des compositions captivantes, très bien structurées et sur une longueur propice à l’installation d’ambiances aux saveurs multiples et empruntant de nombreuses et sidérales directions.
Il y a presque quatre ans quand il a surgit avec « Darkness Emotion », un premier album étonnamment très abouti, THE POLVOS! m’avait fait forte impression. Dans un Space Rock aux frontières du Stoner et gorgé de Fuzz, le quintet s’était ouvert la voie avec beaucoup d’audace et d’assurance. Aguerri par plusieurs tournées, dont une mexicaine où il a trouvé son label, le groupe réapparaît avec « Floating », un deuxième opus très solide, créatif et qui affirme une personnalité plus cohérente que jamais.
Bien produit, l’opus nous embarque dans un trip cosmique où les références comme celles d’Hawkwind et King Buffalo demeurent présentes. Cependant, THE POLVOS! s’est créé un univers bien à lui dans un Heavy Psych à la fois magnétique et hypnotique. Les cinq morceaux de « Floating » montrent beaucoup de caractère et s’ils puisent chez les pionniers du genre, ils s’inscrivent dans leur temps et livrent même quelques fulgurances futuristes plutôt bien senties, en jouant habillement sur les tessitures.
Grâce à des claviers savamment dosés qui ouvrent sur des sphères oniriques, ces nouveaux titres révèlent des atmosphères particulières, où le travail des guitares contribue à développer des sensations de transe. Lourd et spatial, « Floating » fait la part belle à de somptueuses parties instrumentales (« Fire Dance », « Going Down », « Acid Waterfall »). THE POLVOS! signe ici un disque de haute volée, qui s’inscrit déjà parmi les meilleurs du genre et se pose en fer de lance de la scène sud-américaine.
Marcher dans les pas de l’une de ses plus grandes références n’est pas forcément le plus facile des exercices. Pourtant, c’est avec beaucoup d’enthousiasme et une élégance incroyable que KEVIN BURT & BIG MEDICINE interprète une douzaine de chansons extraites du monumental répertoire de la légende Bill Withers. Si certaines font partie du patrimoine R&B, Soul, Funky et Soul mondial, on en découvre d’autres avec plaisir et dans une douceur relaxante. « Thank You, Brother, Bill, A Tribute To Bill Withers » est de ce genre d’album réjouissant et indispensable.
KEVIN BURT & BIG MEDICINE
« Thank You, Brother Bill, A Tribute To Bill Withers »
(Gulf Coast Records)
Un peu moins de quatre ans après « Stone Crazy », son premier album sur le label de Mike Zito, le virtuose revient avec un disque hommage à Bill Withers. Il fallait bien un artiste de la trempe de KEVIN BURT avec cette fibre Soul unique pour livrer des interprétations aussi majestueuses des douze morceaux extraits de la discographie de l’un des plus populaires représentants R&B américains. Et le natif de l’Iowa déploie une classe, une subtilité et une chaleur incroyable en reprenant quelques standards et d’autres titres moins connus, mais avec une ferveur omniprésente et une flamme rayonnante.
Enregistré chez lui, puis mixé et masterisé à la Nouvelle-Orléans, « Thank You, Brother, Bill, A Tribute To Bill Withers » bénéficie d’une production exemplaire et le feeling du chanteur, guitariste et harmoniciste font le reste. Cette communion est presqu’étonnante entre le musicien et l’héritage laissé par le grand Bill Withers. Accompagné de BIG MEDICINE, son groupe, composé de Scot Sutherland (basse), Ken Valdez (guitare) et Eric Douglas (batterie), KEVIN BURT et son quatuor donnent un bon coup de Blues à la Soul très Rythm’n Blues de leur aîné, tout en montrant un immense respect.
Evidemment assez funky, l’album est un Tribute plutôt joyeux, qui pourrait même faire penser à une sorte de transmission, tant KEVIN BURT interprète ces compositions avec un naturel et une facilité hors du commun. Les grands classiques comme « Just The Two Of us », « Ain’t No Sunshine » et « Lean On Me » sonnent magistralement, tandis que les émotions se télescopent grâce à des parties de guitare aussi relevées que celles de son tourbillonnant harmonica. Et ne se contentant pas de livrer ses propres versions, on a aussi le droit à un « Thank You Brother Bill » inédit, exaltant et composé pour l’occasion. Incontournable !
Hier, vous avez été quelques milliers à découvrir mon modeste classement aléatoire des 20 albums qui m’ont marqué cette année dans notre petit, mais joli, hexagone. Et je vous en remercie, d’autant que j’ai réussi à échapper au(x) scandale(s) ! Il faut aussi reconnaître que la scène française a pris une incroyable dimension et n’a plus à rougir, ni rien à prouver aux pays précurseurs. Voyons donc ce qu’a proposé le reste du monde en 2023…
Bien sûr, et rien qu’aux Etats-Unis, il existe des milliers de Gojira. L’exercice est donc un peu plus délicat, surtout quand de grosses ‘locomotives’ font leur retour. Cela dit, comme je me concentre sur ce qui a été publié sur le site, il y a aussi et heureusement de belles découvertes et plus d’artistes ‘en devenir’, comme on dit. Je vous laisse les (re)découvrir… Et la plus grande surprise vient peut-être aussi de styles qu’on ne trouve que très peu chez nous…
Alors, j’ai décidé de choisir 20 albums, peut-être indispensables selon les goûts, mais en tout cas tous dignes d’intérêt. Selon la maxime du site, c’est donc ‘sans œillères, ni notes’ et surtout sans classement et de manière aléatoire, que je présente aujourd’hui la vingtaine de disques français que je pense incontournable cette année… Mais il en reste bien d’autres ! Voici les chroniques et/ou les interviews :
Certes, si elle les distille au compte goutte, l’Australie a l’habitude depuis longtemps de nous présenter de belles pépites très Rock’n’Roll. Et même si on n’en profite que très peu sur le circuit européen, certaines ont le don pour marquer les esprits. C’est très précisément le cas avec PALACE OF THE KING, dont le style vif, nerveux, mélodique et addictif vient se coincer dans le crâne pour ne plus en sortir. Avec « Friends In Low Places », les Wallabies frappent encore très fort.
PALACE OF THE KING
« Friends In Low Places »
(Reckless Records)
Cinquième album pour les Australiens, auquel il faut ajouter trois EP dont un live enregistré en Espagne. « Friends in Low Places » vient confirmer l’énergie débordante du quintet et le panache dont il fait preuve depuis ses débuts. Durant cette dernière décennie, PALACE OF THE KING a passé une grande partie de son temps en tournée en tête d’affiche chez lui et en partageant la scène avec leurs compatriotes d’Airbourne, Rose Tattoo, The Angels, The Screaming Jets, Baby Animals et quelques autres. Le temps de se faire une place, en somme.
Avec un line-up inchangé depuis sa création, le groupe est un concentré de ce qui se fait de mieux en matière de Rock sur sa grande et lointaine île. Mixant Hard Rock, Pub Rock et Classic Rock avec des saveurs bluesy et southern, PALACE OF THE KING a une incroyable proportion à mettre le sourire et la patate instantanément. Explosif et insaisissable, « Friends Of Low Places » combine cet ensemble bouillonnant à travers une production chaleureuse et équilibrée, qui met parfaitement en valeur des titres flamboyants.
Taillé pour le live, les dix morceaux de cette nouvelle réalisation ne laissent pas un instant de répits. Même lorsque le combo se fait plus tendre et émouvant, il s’en dégage une étonnante puissance aussi musicale qu’émotionnelle (« Down On Your Luck »). Bastonnant à tout va, PALACE OF THE KING balance ses riffs sur un groove d’exception, des refrains entêtants et une façon d’envoyer un fuzz continue (« Children Of The Revolution », « Run For Your Money », « Tear It Down », « I’m Sorry Blues », « Friends Of Low Places »). Robuste !
En plus de 30 ans de carrière et malgré une pause d’une grosse décennie, PORCUPINE TREE a marqué le Rock Progressif, tant il a su l’enrichir en le faisant évoluer, justement, comme aucune autre formation. Aussi impressionnant sur disque que sur scène, le trio emmené par le génial Steve Wilson a cette fois envoûté le Ziggo Dome d’Amsterdam lors d’une soirée magique que l’on retrouve en intégralité sur « Closure/Continuation.Live ».
PORCUPINE TREE
« Closure/Continuation.Live »
(Music For Nations/Megaforce Records)
Alors qu’il a sorti il y a quelques semaines seulement le très bon « The Harmony Codex », Steven Wilson réapparait déjà, mais cette fois avec son groupe PORCUPINE TREE et sur scène. Une habitude pour les Anglais qui ont sorti onze albums studio et aujourd’hui avec « Closure/Continuation.Live » autant de live. Et lorsque l’on connait la grande qualité de leurs prestations, on en peut que se réjouir de retrouver leur incroyable sphère musicale avec un son irréprochable. Et ces deux heures et demi de concert sont également disponibles en DVD… Le plaisir est donc total.
C’est lors de leur grand retour en 2022 que « Closure/Continuation.Live » a été capté en Hollande, le 7 novembre précisément, devant 17.000 fans qui en ont pris plein les yeux et les oreilles, tant la qualité du show est impressionnante. PORCUPINE TREE n’a pas fait les choses à moitié et Steven Wilson (chant, guitare, claviers), Richard Barbieri (claviers, synthés) et Gavin Harrison (batterie), accompagnés de Randy McStine (guitare) et Nate Navarro (basse), ont offert une prestation phénoménale et parfaitement rôdée.
Fidèles à eux-mêmes, les Britanniques nous embarquent dans leur univers progressif, où les paysages sonores s’enchainent au fil des 22 morceaux. Rock, Pop, Ambient ou Metal, PORCUPINE TREE semble d’une créativité sans fond et parcourent ses albums comme si le temps n’avait aucune emprise sur leurs compositions. Bien sûr, le dernier opus est joué presque entièrement et l’on retrouve aussi les classiques, dont on ne se lasse pas et que le public accueille avec enthousiasme. Et grâce à une réalisation exceptionnelle, le DVD rend l’ensemble très immersif. Fabuleux !
Activiste de longue date dans le monde du Metal underground, avec une grosse préférence pour les styles extrêmes, Denis Halleux a décidé d’unir ses forces à celles de Serge Manzato et Jean-François Galler pour créer un webstore unique en son genre : M9Music. Le (power) trio belge s’est spécialisé dans le Doom Metal, mais d’autres courants comme le Black et le Death y sont aussi représentés. Egalement à l’œuvre chez Metallian, Meuse Music Records et dans l’organisation de divers festivals, ce propagateur de l’extrême nous en dit un peu plus sur cette nouvelle entreprise. Entretien.
– Tout d’abord, quand et comment est née l’idée de la création du webstore M9Music ? Il y avait un manque de ce côté-là concernant le Metal extrême ?
L’idée est venue autant d’un constat que d’une envie personnelle. Comme tu le sais, je suis aussi fan de Doom… Et bien qu’il existe une multitude de mailorders et de labels spécialisés en Metal extrême, ils sont très souvent orientés Black ou Death, et ils ne proposent conséquemment que quelques disques de Doom ‘accessoires’. Par ailleurs, la guerre a privé les labels Doom russes de leur clientèle européenne (dont je faisais partie), et l’augmentation des frais de douane a rendu très onéreuses les commandes auprès de labels hors-UE comme Aesthetic Death, Weird Truth… J’ai eu envie d’y remédier, tout en croisant les effluves avec Meuse Music Records.
– Dans un certain sens, M9Music est le prolongement de Meuse Music Records. Le label ne pouvait pas gérer cette partie au sein de sa propre structure ?
Cela aurait été possible, bien entendu, mais des structures distinctes ont aussi des avantages, ne fut-ce que dans la gestion quotidienne. M9Music est le webshop officiel de Meuse Music Records, mais pas que. Et ce ‘pas que’ est important à l’heure actuelle. Travailler en parallèle favorise l’autonomie et permet à chacun de se concentrer sur sa partie, en prenant des risques financiers différemment.
De gauche à droite : Serge Manzato, Jean-François Galler et Denis Halleux composent l’équipe de M9Music
– Le webstore met en avant la collaboration entre Meuse Music Records et Tragedy Productions. C’est une manière de peser un peu plus sur le secteur du Metal extrême, et/ou de proposer un catalogue plus conséquent également ?
En réalité, il n’y a pas d’ambition particulière derrière ces partenariats. On a beaucoup parlé de l’augmentation des coûts Bandcamp ou Discogs récemment, mais pour les petits labels, un problème assez similaire se pose avec la distribution. Pour avoir ses produits disponibles en disquaires (même si ceux-ci se raréfient également), cela signifie presser plus de copies, accepter les conditions tarifaires imposées par le distributeur, attendre parfois longtemps les relevés de vente et devoir investir dans des campagnes de promotion de plus en plus coûteuses. Tout cela réduit la marge évidemment, ampute les revenus des artistes et génère le risque de récupérer un stock important d’invendus, parfois abîmés… M9Music n’a pas la prétention de remplacer les distributeurs, mais plutôt de proposer une rémunération correcte pour les labels partenaires, avec un contrôle absolu des quantités, etc. Ce qui permet aussi aux artistes d’avoir une vision claire sur les ventes et une rémunération juste.
– Et il y a aussi ce partenariat avec le magazine Metallian, dont tu es aussi le rédacteur en chef. Au-delà de ce conflit d’intérêt flagrant, en quoi consiste cette belle collaboration ?
Il n’y a pas vraiment de conflit d’intérêt… (Sourire) Je travaille bénévolement pour Metallian depuis 2008. Je n’ai jamais perçu un centime du magazine pour des milliers d’heures de travail… A l’inverse, M9Music me permet de trouver des solutions de financement complémentaires pour le magazine, à une époque où il en a grand besoin, en proposant aux petites structures de trader leurs pubs, comme on le faisait dans les années 90 avec AblaZine. Et je te promets que je ne soudoie pas l’équipe quand je leur soumets des sorties Meuse Music Records à critiquer ou à travailler ! (Rires)
Meuse Music Records et Tragedy Productions font cause commune
– Concrètement, qu’est-ce que l’on trouve chez M9 Music qu’on ne trouve pas ailleurs, car vous n’êtes pas les seuls dans la place ?
Comme évoqué plus tôt, j’essaie de construire un catalogue principalement Doom, et de rassembler/importer les sorties Doom de labels hors-UE ou de labels pour qui le style n’est pas une réelle priorité. Bien sûr, il y a aussi du Black, du Death, de la Dungeon Synth… Mais l’axe principal reste Doom. Mon but n’est pas l’utopie de tout avoir en stock, mais au moins de proposer aux doomers du choix et des prix justes.
– D’ailleurs, M9Music ne distribue que du Metal extrême. Il existait un vrai manque, ou alors c’est peut-être aussi l’envie de pratiquer une politique tarifaire différente des autres sites ?
La politique tarifaire, c’est certain ! A quelques rares exceptions, les albums en digipacks sont à 13€ et à 12€ en jewel cases, au maximum ! Pour l’orientation musicale, c’est une question de goût, mais aussi de logique : quel serait l’intérêt de vendre du Sabaton ou du Powerwolf que tu trouves facilement chez Napalm, Nuclear Blast, Amazon ou même Carrefour ? Sérieusement, qui aurait envie de tenter de concurrencer ces géants sur leur propre terrain ? Cela n’aurait aucun sens. Et puis, je crois qu’on ne peut vendre que ce qu’on aime et ce en quoi on croit. La scène underground a toujours été ma motivation, et j’ai toujours fait de mon mieux pour la soutenir, que ce soit en écrivant (AblaZine, Metallian), en organisant (AZ Live ASBL) ou en produisant et distribuant.
Denis Halleux
– Le webstore propose un large choix de CD, vinyles, tapes, merchandising, ainsi que de l’occasion et pour mon plus grand plaisir, rien en numérique. Alors que c’est le support qui domine le marché, pourquoi vous en priver ? A moins que le public de Metal extrême ne préfère surtout le physique dans sa majorité ?
On pourrait disserter des pages sur l’importance de l’objet, de l’album physique, de l’appréhension complète de tout un travail artistique, jusqu’à sa compréhension et son appréciation. Je pense que les fans de Metal restent attachés à tout cela et ils ont envie de soutenir les artistes, de savoir que leur travail n’est pas vain. C’est dans cette logique-là que je vais en tout cas, on verra si j’ai raison.
– Un petit mot aussi que les nombreuses promos du site. De quel type d’albums s’agit-il ? Des pièces devenues rares ou en fin de stock, car l’idée est vraiment bonne et le choix important ?
Il y a de tout… il y a des fins de stock, des surplus de stocks, des doublons de ma propre collection… Essentiellement des disques qui ne rentreront plus en stock une fois écoulés, parce qu’épuisés définitivement, ou un peu hors scope.
– Enfin, comment envisagez-vous le développement du webstore ? Peut-être dans la production de groupes ou de concerts, voire peut-être même une ouverture vers d’autres styles ?
La production restera aux mains de Meuse Music Records, c’est sa raison d’être, et avec Jean-François et Serge, on essaie de le faire bien. Pour les concerts et festivals, AZ Live ASBL reste pour l’instant le vecteur avec une cinquième édition du ‘Haunting The Castle’ (festival Doom) prévue le 17 février 2024, et une seconde édition du ‘Dark Dungeon Festival’ (festival de Dungeon Synth) prévue les 12 et 13 avril 2024. A chacun son métier dit l’adage… Le développement se fera naturellement, en étoffant le catalogue et en proposant toujours plus de choix aux amateurs de musique sombre…
Pour en découvrir d’avantage, une petite visite du site s’impose : www.m9music.eu
Helllight et Gévaudan, deux belles productions disponibles chez M9Music
Parce qu’ils sont italiens et que leur langue est intimement liée à l’art, les membres de BIKINIMOOD ont naturellement opté pour leur mode d’expression maternel et l’entreprise est plus que réussie, puisqu’on est embraqué dans ce Rock savoureux où les couleurs sont nombreuses et s’entrechoquent avec une spontané attractive. Ce cocktail à l’œuvre sur « Ti Fidi Di Me? » se déguste sans modération au gré des accélérations, des instants plus doux et d’un feeling permanent. Une très belle entrée en matière.
BIKINIMOOD
« Ti Fidi Di Me? »
(Independant)
Ils sont quatre amis, tous originaires de Turin, et c’est en février 2022 qu’ils décident de se lancer dans l’aventure BIKINIMOOD. Ayant pris un peu de bouteille, l’idée est de créer un Rock rassemblant leurs goûts musicaux, regroupés et puisés pour l’essentiel dans les années 90, une décennie tellement vaste artistiquement et d’une richesse qu’on peine à retrouver aujourd’hui. Direct et efficace, le style du groupe est un bon condensé de tous ces styles, où l’on retrouve des saveurs Grunge, Alternative à la Deftones avec même quelques touches Stoner plus appuyées.
Sans prétention, mais avec beaucoup sérieux, le quatuor a fait naître en studio un premier album entièrement autoproduit en mai dernier. Et le résultat est plus que convaincant. Solide et mélodique, « Ti Fidi Di Me? » ne manque pas de consistance, bien au contraire, et c’est sur un chant en italien que BIKINIMOOD livre des compositions très équilibrées avec une liberté directement liée à la poésie et à l’aspect romantique de la langue de Dante. En tout cas, le pari est réussi et les textes se fondent avec beaucoup d’élégance dans un Rock souvent rugueux, mais toujours agréable.
Davide Bruno (chant), Stefano Sungia (basse), Roberto Spiga (batterie) et Dry (guitare) savent très bien où ils vont et ce qu’ils présentent montre d’abord une passion commune, mais aussi et surtout une belle énergie. Bien enregistrés, les morceaux libèrent beaucoup de fluidité, ce qui offre à BIKINIMOOD une grande latitude dans les tempos et les ambiances abordées. Très varié, « Ti Fidi Di Me? » montre l’envie des Transalpins de vraiment se faire plaisir et d’embarquer avec eux les fans de Rock authentique et costaud interprété dans cette langue si musicale et séduisante.
Avec cinq réalisations sur dix ans, les Britanniques tiennent leur rythme de croisière, et à en juger par la qualité proposée encore, le chemin ne paraît pas dissimuler la moindre embûche majeure. Partagé cette fois entre un Southern Hard Rock puissant et rugueux et des refrains peut-être plus accessibles, BAD TOUCH n’entre pas encore tout à fait dans le rang, grâce à une fougue alimentée par des Anglais qui veulent en découdre, tout en séduisant leur auditoire. Et en cela, « Bittersweet Satisfaction » est une belle réussite.
BAD TOUCH
« Bittersweet Satisfaction »
(Marshall Records)
Avec son quatrième album, « Kiss The Sky », enregistré aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles il y a trois ans et qui marquait aussi son engagement avec Marshall Records, BAD TOUCH avait sérieusement commencé à faire parler de lui. Sur « Bittersweet Satisfaction », il enfonce le clou et confirme après une décennie d’exercice qu’il va bien falloir compter sur et avec lui. Entre Classic Hard Rock et Southern Blues Rock, le quintet a trouvé sa voie et même si ses influences sont manifestes, son style et sa musique font tellement de bien.
Ce qui rend les morceaux de ce nouvel album si fluides et évidents vient peut-être aussi du fait que le line-up est le même depuis le début. Cela expliquerait toute cette cohérence. Un brin vintage et old school, BAD TOUCH avance pourtant dans un revival très actuel et des compos intemporelles. Rob Glenndinning et Daniel Seekings forment une véritable machine à riffs capable aussi de produire des solos directs et tout en feeling. Et si les titres de « Bittersweet Satisfaction » sont assez courts et formatés, on le doit surtout à la recherche d’efficacité.
Impérial au chant, Steve Westwood apporte une incroyable chaleur aux dix titres et la rythmique hyper-groovy est implacable et propulse cette nouvelle production dans un Rock à la fois british et très sudiste. BAD TOUCH se nourrit du meilleur et même si le combo du Norfolk se fait plus mainstream qu’auparavant, l’ensemble est toujours aussi réconfortant et addictif (« Slip Away », « This Life », « Bittersweet satisfaction », « Taste This », « Come back Again », « Dizzy For You »). Inutile de dire les ravages que ce nouvel opus devrait procurer sur scène !
Capable de se faire aussi Heavy que terriblement émouvant, ANTHONY ROSANO porte un Blues Rock très Southern, dont les émotions ne trompent pas. Très live dans son approche, le musicien et ses deux CONQUEROOS s’approprient la formule en power trio de la plus belle des manières avec un son d’une authenticité et d’une rugosité dont on savoure chaque note. Une voix emprunte de vérité, une guitare tranchante et une rythmique d’un groove absolu font de « Cheap The Devil » l’un des meilleurs albums de l’année en matière de Blues.
ANTHONY ROSANO AND THE CONQUEROOS
« Cheat The Devil »
(Whiskey Bayou Records)
Persuadé d’en avoir pourtant parlé à sa sortie au début de l’été, ce n’était en fait pas le cas. Alors, petite séance de rattrapage, car passer à côté d’un si bon album serait vraiment un sacrilège. ANTHONY ROSANO AND THE CONQUEROOS a commencé à faire parler de lui en 2017 avec une première réalisation éponyme, qui montrait déjà de très belles choses. Produit par Mike Zito, qui y avait d’ailleurs participé avec Anders Osborne et Johnny Sansone, l’album avait trouvé son public et très bien figuré dans les charts US.
Ensuite, le guitariste, chanteur et songwriter a pris la route et a partagé la scène avec de grands noms : Bob Seger & The Silver Bullet Band, ZZ Top, Gov’t Mule, Samantha Fish et surtout Tad Benoit avec qui il a noué de solides liens d’amitié. ANTHONY ROSANO AND THE CONQUEROOS s’est donc retrouvé au Whiskey Bayou Studio et c’est Benoit lui-même qui s’est occupé de l’enregistrement, du mix et de la production. Et « Cheap the Devil » offre enfin au trio toute la dimension qu’il mérite amplement.
Avec Kyle McCormick à la batterie et Jake Fultz à la basse, le groupe libère un Blues très actuel, respectueux des traditions, dont il est très imprégné et avec un côté Rock rassembleur. Car, en plus de livrer un registre musclé et ausi délicat, ANTHONY ROSANO AND THE CONQUEROOS est un lien direct entre le passé et le présent. Il y a ici du Gallagher et du SRV, mais le frontman s’en démarque habillement (« Cheap The Devil », « Sin City », « Jonesboro Blues », « Rosalita », « Isolation Blues », « Scattered Bones », « Shook »). Incontournable !